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Les trompettes de la République

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Jérôme Cambon

Deuxième partie. Un enjeu républicain

Introduction

Texte intégral

1Le développement des sociétés instrumentales s’inscrit dans un projet républicain dont l’enjeu dépasse les rivalités politico-religieuses évoquées précédemment. Les élites dirigeantes perçoivent très vite les perspectives idéologiques de ce mouvement musical. Malgré un encadrement juridique contraignant, les autorités politiques, économiques et religieuses encouragent la multiplication des sociétés de musique, y voyant un remarquable outil de diffusion et de promotion de valeurs sociales et éducatives. Qu’elles soient conservatrices ou républicaines, cléricales ou municipales, les sociétés revendiquent une triple vocation : encadrer, éduquer, divertir. Le patronat, comme l’Église d’ailleurs, comprend rapidement le parti qu’il peut tirer de cette dynamique culturelle.

  • 1 Mussat Marie-Claire, La belle époque des kiosques à musique, Paris, Éditions Du May, 1992, p. 110- (...)

2En s’appuyant sur des structures militaires et sociales, les cadres politiques et économiques contrôlent les loisirs de leurs administrés et se prémunissent des revendications salariales. Les sociétés représentent également une opportunité de fraternisation et de promotion sociale, mais aussi un moyen d’édification civique et morale. L’accès à une instruction musicale gratuite confère au musicien amateur une légitimité intellectuelle. La dimension éducative de l’institution orphéonique contribue à l’appropriation des symboles républicains. Enfin, cette forme de pratique musicale apparaît comme un espace récréatif, à la fois pour ceux qui s’y impliquent et ceux qui se rendent, en famille le plus souvent, au kiosque pour entendre des pas redoublés, des danses et des transcriptions d’airs d’opéra et d’opérette à la mode1.

Notes

1 Mussat Marie-Claire, La belle époque des kiosques à musique, Paris, Éditions Du May, 1992, p. 110-125.

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