Chapitre II. Une élite entre oisiveté et hyperactivité

p. 59-88


Extrait

1Le grand monde parisien apparaît comme une élite aristocratique et cosmopolite, qui détient le capital nécessaire à la pratique d’une intense vie mondaine. Cette société élégante, affranchie des contingences matérielles, peut donc être rapprochée de la « classe de loisir », dont Thorstein Veblen a étudié le mode de fonctionnement1. Selon lui, les élites occidentales, qui, dans les sociétés féodales, se distinguaient des autres groupes par des exploits guerriers ou par le service de l’Église, s’affirment dans les sociétés industrielles par la propriété, le mépris du travail productif et les loisirs ostentatoires. La vie oisive devient le signe extérieur de la puissance du groupe parce qu’elle induit un gaspillage de temps et d’argent, qui ne peut être imité par les catégories inférieures, condamnées au travail. Dans ses carnets, Albert de Mun* écrivait en 1907 :

« J’ai l’horreur de l’oisiveté, le goût de l’occupation mais je n’aime pas le vrai travail… Ce qui manque à moi, à com

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