Chapitre X. Les souverains : une destruction créatrice de l’autorité
p. 339-370
Texte intégral
Quel monopole de la guerre et de la paix sur les frontières ?
1Peut-être serait-il temps de revenir à notre prologue et de discuter, pied à pied, la maîtrise absolutiste de la guerre et de la paix telle qu’elle est affirmée, au 22 juin 1659, dans la lettre que le secrétaire d’État de la Guerre, Michel Le Tellier, adresse à « Monsieur de La Contour ». Rappelons-en les termes. Ces ordres engageaient d’abord le lieutenant de roi à suspendre le conflit :
« Je vous avois faict sçavoir comme en consequence de ce qui avoit esté convenu de ma part et de celle du roy catholique qu’il y auroit cessation d’armes entre les deux couronnes j’entendois que vous la fissiez observer en ce qui dépend de vous et presentement ayant esté accordé que lad. cessation seroit continuée et prolongées indéfiniment et jusques à autre ordre de part et d’autre. »
2Ensuite, ils évoquaient une possible rupture, dont l’entière maîtrise devait revenir aux seuls souverains, et imposaient les mesures nécessaires pour contenir le cycle des représailles :
« Et qu’en cas que de la mienne ou de celle du roy catholique il fust pris resolution cy aprez (ce que Dieu ne veuille) de se departir de lad. suspention et la révoquer, que celuy des deux roys qui le voudra faire sera tenu avant que de faire agir ses armes, de faire intimer et dénoncer par ses généraux et officiers, aux généraux et officiers du party contraire la révocation de lad. suspension, et mesmes de laisser passer huict jours complets à compter de celuy de lad. dénonciation avant qu’il se puisse commettre de part ny d’autre aucun acte d’hostilité. »
3Enfin, ils abordaient la question des contacts avec les ennemis, strictement interdits jusqu’à ce que le roi en décide autrement :
« Je vous recommanderay aussi comme j’ay desja faict par ma précédente depesche que vous ne souffriez point qu’il y ayt aucune entrevue, commerce ny communication en quelque manière que ce soit entre les gens de guerre qui sont en garnison en lad. place ou mes autres subjetcs de quelque qualité qu’ils soyent en ce qui pourra dépendre de vous avec les subiects du roy catholique ni aucuns de ceux qui sont employez à son service sans aucune exception sur peine de la vie, faisant saisir et arrester ceux qui ozeroyent contrevenir à la deffense expresse que vous en ferez en faisant publier mad. ordonnance1. »
4Armistice, représailles et étroit cloisonnement des frontières, tels semblent être les trois points évoqués dans ces ordres. Une première question surgit alors : quel est vraiment l’armistice imposé par le roi sur un espace où règne l’absence de la guerre ? Les sauvegardes, leurs engagements comme leurs jurisprudences, établissaient déjà cette « cessation d’armes », non il est vrai « entre les deux couronnes », mais entre les sujets des deux souverains ; non simplement depuis le printemps précédent, mais... depuis plus de quinze ans. De ce fait, la guerre que suspend ainsi le roi en 1659 n’en est plus tout à fait une. Et dans ce cadre général de pacification « entre les deux couronnes », il appartient alors aux frontières de sortir de leur propre suspension du conflit.
5L’armistice ne met pas fin aux mécanismes de la paix achetée. Au cours des premières semaines de 1659, les Messins avaient renouvelé leurs sauvegardes pour six mois2. En juin, suite à la proclamation de l’armistice, ils tentent alors d’éviter le paiement d’un nouveau semestre3. Sans succès : les garnisons françaises persistant à lever leurs contributions sur les territoires des Pays-Bas, les Luxembourgeois maintiennent leurs exigences4. La ville s’engage donc pour six mois supplémentaire ; puis, la paix n’étant toujours pas publiée, elle étend ses protections au premier semestre 16605. En février, officiellement, la guerre s’achève. L’on s’estime alors déchargé de « la contribution d’Espagne6 ». Las, le 26 octobre, le receveur de Luxembourg relance à nouveau ses « protégés » : il entend qu’on honore les derniers termes des contributions. Près d’un an après la signature du traité des Pyrénées (7 novembre 1659), alors même que la paix est officiellement proclamée des deux côtés de la frontière (3 février 1660), et dans un mécanisme argumentaire habituel des traités de sauvegarde, il menace la campagne de « courses des partys de Luxembourg ». La ville s’exécute : elle règle les 23 500 francs messins qui restaient à payer pour les six premiers mois de l’année 16607. Débordant les césures officielles, les sauvegardes, par une force d’inertie financière, poursuivaient ainsi leurs vies propres. Et pour que véritablement le système contributionnaire prenne fin, il faudra attendre le 30 novembre suivant, lorsque le roi de France interdit officiellement de lever aucun argent sur les habitants des frontières8, puis le 20 décembre 1660 pour que les derniers comptes-rendus financiers des contributions messines versées à Luxembourg, et au prince de Condé (!), soient avalisés par le pouvoir urbain9. Les sauvegardes avaient préservé les peuples des frontières des affres de la guerre ; dès lors, elles les avaient intégrés dans une autre temporalité. Logiquement, et de manière infra-étatique, elles ont produit leur propre pacification.
6Second aspect : les représailles. Là encore, la question n’a plus vraiment lieu d’être tant elle fut l’objet de négociations antérieures à la base de modus vivendi empiriques. La relative tranquillité du temps contributionnaire avait en effet amené les décideurs à se méfier d’une entrée dans le cycle incontrôlable et dévastateur des représailles. Tel un équilibre de la terreur, progressivement, personne ne tenta plus vraiment de rompre les sauvegardes. Le tournant avait été pris une dizaine d’années auparavant. À la fin de l’hiver 1650, plusieurs plaintes émanant de communautés luxembourgeoises étaient parvenues à Bruxelles : les troupes du gouverneur français de Mouzon, le comte de Grandpré, pillaient le plat pays, volaient le bétail – la « herde de Bastogne » – et forcaient la population à fuir ses villages pour se réfugier dans les bois10. Les exactions s’intensifièrent dans les mois qui suivirent. Elles provenaient cette fois des garnisons messines et thionvilloises qui violaient « les sauvegardes et la foÿ publicque11 ». Alors les députés de Luxembourg ne virent plus d’autres solutions « que d’user de represailles tant en la prevosté de Thionville que paÿs Messin, affin qu’eux pourvoient aux désordres causez de leurs parts12 ». Le gouverneur, avouant son impuissance, les refusa13. Les récriminations parvinrent jusqu’à Bruxelles. Des mesures de rétorsion furent décidées. Mais les moissons approchant, les députés changèrent alors d’avis. Ils supplièrent d’en différer l’application en expliquant que, sinon, les soldats ennemis mettrons le « pauvre pays [...] en plate ruine, qu’est le fruict que pour le present l’on pouvoir attendre de cest entreprise, sans quil ÿ aÿt aultre qui proffict d’tel [sic] butin que les gouverneurs des places de parts et d’aultre qui ne cherchent que semblables confusions pour leur interest particulier14 ».
7In extremis, le 1er septembre, le gouverneur général des Pays-Bas suspendit les opérations15.
8Ces palinodies successives révèlent l’impossible passage à l’acte. Le « droit de représailles » rétablit l’état juridique originel de la guerre. Il s’appuie sur un droit supérieur, moral et archaïque, celui du talion, celui des intérêts bafoués de la puissance concernée. User de représailles, c’est rompre la paix et revenir à l’application illimitée de toutes les rigueurs du (non)-droit de la guerre. Ce que sur la frontière personne ne souhaite. Ni les bourgeois qui verraient leur commerce suspendu et leurs biens campagnards menacés, ni les paysans qui retomberaient dans les désastres des premières années du conflit, ni les autorités militaires, malgré l’accusation des députés de Luxembourg, qui entreraient dans une escalade sans fin et lourde de conséquences incontrôlables : comment assurer l’approvisionnement et le financement des troupes sans la paix des sauvegardes et l’argent des contributions ? Alors on multiplie de part et d’autre les raids ponctuels, les avertissements et les demandes outrancières ; on menace d’une suspension des passeports et des contributions. Mais très rarement on franchit le Rubicon. Aussi, à partir de 1651, les gouverneurs ennemis inscrivent-ils dans leurs lettres d’attache une clause spécifique : elle interdit que « lesdits habitans [messins], ny ce qui leurs appartien soient subjets à aucun droict de represaille, pour quelque cause où [sic] pretexte que ce puisse estre16 ». En 1652, Pardo va plus loin et précise les conditions de la rupture et le délai alors octroyé : « Entendans aussy de n’ordonner aucuns represailles sur eulx pour quel different on puisse avoir avecq les aultres gouverneur de France, sans ordre expres de son Altesse ou qu’eulx mesme en donnassent l’occasion et sans leur avoir donne advis quinze jours auparavant au cas que pour l’importance du faict y escheat droict de represaille17 ». Le gouverneur de Luxembourg anticipait ainsi les termes et les méthodes évoquées en 1659 par les rois.
9Troisième point : l’interdiction de toute « entrevue, commerce ny communication [...] avec les subiects du roy catholique ». Il faut bien avouer qu’à ce moment précis l’ordre laisse dubitatif. Durant une vingtaine d’années, les habitants avaient entretenus des contact réguliers avec tous les ennemis du roi de France : les Lorrains, les Luxembourgeois ou le prince de Condé révolté. De fait, seule l’activité diplomatique de la ville permit la régulation infra-étatique du conflit. La moindre reconduction de sauvegarde – semestrielle dans les cas luxembourgeois (en janvier et en juillet) et frondeurs (en mars et en septembre), ou annuelle (en janvier) pour les Lorrains – nécessitait une initiative épistolaire. Souvent, des députés partaient même négocier pied à pied les clauses des textes protecteurs. Ces pourparlers répétés conduisirent la ville à parlementer en de multiples endroits : tous, ils se situaient en territoire ennemi et la plupart dans ceux... « du roy catholique ».
10À Bruxelles où se sont réfugiés Charles IV et Louis II de Bourbon, et d’où ils signent la plupart de leurs sauvegardes, les Messins utilisent des points d’appuis leur permettant d’intercéder en leur faveur au cœur de la décision militaro-financière, qu’elle soit espagnole, condéenne ou lorraine. À plusieurs occasions, le maréchal de Schomberg est sollicité pour y jouer de ses amitiés aristocratiques, ici auprès du prince de Condé, là vers le duc de Lorraine18. Pour ce dernier, la ville approche même deux de ses plus fidèles conseillers dans la capitale des Pays-Bas espagnols : monsieur de Saint-Martin, qui assume au cours des années 1650, et aux dires des correspondants messins, l’intérim des décisions lors de l’absence de son maître, et Jean Thiery, l’un de ses secrétaires19. Courtiers de la faveur ducale, ils jouent alors le rôle qu’endosse un Timoléon Le Roy, à Paris et envers Le Tellier : ils interfèrent auprès du duc pour en obtenir les ordres recherchés, ils en font rédiger les instructions adressées aux soldats ou aux intendants des garnisons, instructions dont ils vont jusqu’à transmettre copie à la cité, enfin, ils prennent parfois eux-mêmes les décisions nécessaires pour imposer la soumission des nombreuses garnisons lorraines qui menacent Metz20. Ils deviennent à ce point indispensables que le Magistrat songe un temps à charger officiellement Thiery de la défense de ses droits à Bruxelles : à défaut de devenir un véritable « agent de la ville en Cour », il aurait été alors un « exprès qui prendrait soin de nos intérêts auprès de son Altesse de Lorraine21 ».
11Parcourant les chaînes de commandement, la ville, dans un mouvement inlassablement pendulaire, s’appuie sur les uns – le duc et la Cour Souveraine de Lorraine et Barrois, qui gère, de Luxembourg, les finances d’un État en exil22 – pour amener les autres – garnisons et administrateurs locaux – à résipiscence. Avec, dans ces mouvements erratiques, des permanences déjà soulignées dans le cas des troupes royales : éviter le face-à-face avec le soldat au profit de relations continuées avec les responsables civils. Il apparaît bien plus aisé d’obtenir des ordres impératifs du duc, ou parfois de la Cour souveraine, que d’imposer silence à un colonel ou à un capitaine. Et c’est souvent à Bruxelles ou à Luxembourg que les Messins obtiennent la suspension des raids provenant des garnisons lorraines proches de la ville, à Mussy ou à Bitche.
12Bien évidemment, l’on ne sollicite pas ces personnages sans leur témoigner quelque attention. Au delà des mots – « nous vous en supplions [...] de croire que nous ne demeurerons pas mescognoissans de vos bons offices23 » – la question du remerciement ouvre à nouveau celle de la corruption. Cette dernière occupe le plus souvent le second poste de dépenses après celui de la contribution proprement dite. Elle draine, sur la décennie, plus d’un sixième des sommes totales versées aux ennemis chaque année24. Pour les Luxembourgeois, elle s’intègre officiellement aux versements des contributions. Ainsi, dans le désordre des lignes budgétaires, et pour les seuls six premiers mois de l’année 1654, la ville leur verse-t-elle près de quatre cents pièces d’or : 100 pistoles pour les honoraires semestriels du gouverneur Pardo « suivant l’accord qui en a été fait », 25 louis d’or pour les mêmes raisons à Chaffault, l’administrateur des contributions luxembourgeoises, 2 louis d’or payés à on ne sait qui « pour le droit de la sauvegarde de Bruxelles du mois de janvier 1654 », 12 louis d’or pour remercier les secrétaires du gouverneur des lettres d’attaches expédiées, 12 louis d’or encore pour le membre du Conseil bruxellois qui y a sollicité la sauvegarde, 100 louis d’or pour une reconnaissance de bienvenue envers le prince de Chimay, nouveau gouverneur de Luxembourg depuis le mois de novembre précédent et, dans la foulée, 12 louis d’or à son secrétaire et 25, de nouveau, à Chaffault, complétés de 2 louis d’or à son clerc, son propre neveu, enfin 1 louis d’or à un avocat de Luxembourg (ici de véritables honoraires au sens commun du terme) suivi d’une seconde gratification au prince de Chimay de 100 louis d’or25. Bref, d’un même mouvement, la ville remercie et corrompt toute la chaîne de l’autorité, de son pôle décisionnel au petit monde administratif des clercs et des commis. Dans un rapport de force déséquilibré au profit du soldat, ces présents contribuent à « retenir les esprits remuants avec des chaînes d’or26 » ; ils instaurent entre la ville et l’ennemi un lien, une connivence qui engage à la hauteur du « plaisir, [du] bon office qu’on a receu27 ». Adjoints au texte des protections, ils enserrent ainsi la violence d’un second corset social et financier. En creux, se lit même l’esquisse d’un réseau d’intercession propre à influencer, comme on le fait à Paris, la décision luxembourgeoise.
13Une telle perception réticulaire caractérise aussi les versements financiers. La ville, comme les lignes budgétaires nous le suggèrent, doit s’acquitter de ses protections en bonnes monnaies et dans des lieux éclectiques : Luxembourg et Bruxelles bien évidemment, mais aussi Mussy, Bitche, Damvillers, Homburg, Stenay et d’autres encore. Pour les petites garnisons lorraines, elle le fait discrètement en espèces monétaires28 ; pour les autres contributions, elle utilise les lettres de change. À charge pour elle de trouver les intermédiaires capables, d’abord de les transporter puis, si les effets de commerce ne sont pas acceptés en règlement, de les réaliser sur les lieux du versement.
14Pour cela, les Messins s’appuient sur des marchands, et en particulier sur les frères Dimmersel29. Négociants de Malines, nés dans le royaume du roi très chrétien ou à tout le moins d’origine française, ces deux personnages résident ordinairement à Bruxelles. Le premier, François, tient un entrepôt à Metz. Son frère Rombault, quant à lui, sillonne les routes commerciales des Pays-Bas et du royaume de France. Malgré la guerre, et grâce aux passeports obtenus des gouverneurs français et sans doute des autorités espagnoles, ils réussissent à maintenir puis à développer un commerce méridien « d’Espiceries & Marchandises communes » (miel, harengs et morues) qu’ils poussent à l’occasion jusqu’à Paris. L’entrepôt messin sembla en constituer la plaque tournante30. Or leurs activités les amènent à traverser les lieux où se déroulent les négociations et où se verse l’argent des contributions. Rapidement ils en deviennent de précieux intermédiaires financiers. Dès les années 1640, les frères Dimmersel s’étaient chargés de faire tenir au receveur Chaffault les sommes rassemblées dans les campagnes31 ; au cours des années 1650, ils mettent leurs réseaux d’affaires et leurs disponibilités financières au service des paiements urbains effectués à Luxembourg et à Bruxelles : ils gèrent le déplacement des espèces et endossent les risques des lettres de change32. Grâce à ce rôle financier, ils s’impliquent étroitement dans le fonctionnement des contributions. En aval, l’accès aisé qu’ils ont aux divers pouvoirs ennemis – à Bruxelles, ils logent les députés des États de Luxembourg et participent au financement de leur séjour33 – leur donne les moyens de s’entremettre entre la ville et les gestionnaires des contributions34. En amont, ils ont même un pied dans le pouvoir urbain : l’un des frères Dimmersel siège dans l’assemblée des Trois ordres qui examine en 1642 l’accommodement proposé aux Luxembourgeois35. En compagnie d’autres marchands messins et étrangers, tel Benoist de Ville36, les frères Dimmersel couvrent durant quelques années la totalité du processus contributionnaire, jusqu’à ce qu’une accusation de contrebande ne vienne les en évincer.
15Il ne nous appartient pas ici de remonter ces complexes filières financières. Retenons cependant qu’à l’abri des sauvegardes et de leurs paiements, une part du commerce international s’est maintenu ; mieux, seule l’utilisation de capillaires réseaux financiers, maillant l’espace frontalier et poussant leurs pointes jusqu’en pays ennemi, a permis la mise sur pied des protections. Retenons aussi que la stratégie urbaine envers les Espagnols, les Frondeurs ou les Lorrains ressemble à s’y méprendre, bien que sur un mode mineur, à la tactique déployée pour négocier la décision politique à Paris : mêmes entremises, mêmes appuis, mêmes « cadeaux », mêmes structures diplomatiques ad hoc fondée sur des « amis », des agents et des députés. De fait, l’interdiction de tout contact avec « les subiects du roy catholique », qu’il s’agit en 1659 de simplement maintenir par-delà la suspension des armes, relève d’une profonde méconnaissance de ce qui s’était joué, vingt durant, sur les frontières franco-espagnoles du royaume.
16Peu à peu, les souverainetés attendues s’étaient diluées au contact habituel de l’ennemi. La fiscalité, dont nous avons vu à la fois le pouvoir corrosif et fixateur des frontières dans le cas des villages dits de sauvement, joue ici un rôle moteur. Les contributions, y compris dans leur visage protecteur, s’y apparentent. De fait, elles instaurent un impôt sur les populations adverses. Leurs receveurs gèrent même les levées comme le ferait un collecteur des tailles. Entre autres, ils cherchent à jauger des possibilités de leurs contribuables. Chaffault possède ainsi la liste détaillée des villages protégés, ainsi qu’un calendrier précis des reconductions37 ; il pointe un à un les paiements individuels des communautés38 ; et sans nul doute dispose-t-il d’un outil géographique – des liste de villages constituées au fur et à mesure des rôles de contributions – lui permettant de se repérer dans l’enchevêtrement infini des souverainetés qui caractérise l’espace rural messin39. Sa gestion peut aller jusqu’au suivi pointilleux des déménagements des habitants40, voire à l’enregistrement individuel des paiements effectués dans leurs villages41. Et à plusieurs occasions, il réclamera des dénombrements lui permettant d’adapter, surtout d’augmenter, son imposition aux possibilités respectives des communautés42. Les demandes n’aboutirent officiellement jamais ; elles n’en traduisaient pas moins la substance administrative et fiscale de contributions développées de part et d’autres d’une frontière fragilisée par la guerre.
17Alors, dans ce contexte de suspension des souverainetés, où l’on paye indifféremment au roi de France ou à celui d’Espagne, et où les soldat de l’un ou l’autre camp sont indistinctement sources de danger, de violence et d’accommodements, les Messins perdent parfois pied dans leurs fidélités. Au début des années 1650, certains particuliers déclarant « ne voulloir entrer en ladite contribution generalle », alors même qu’ils parvenaient à obtenir des certificats de paiement de manière indue leur permettant « d’aller à la campagne », sont abandonnés aux dures lois de la guerre : l’assemblée des Trois ordres décide de livrer au receveur des contributions luxembourgeoises une liste précise des noms et qualités de ces fraudeurs messins « indignes » de la protection collective43. Si toute idée de collaboration est sans doute anachronique, il n’en reste pas moins que le complexe administratif, financier et contractuel des sauvegardes avait installé la ville et l’espace frontalier dans une sorte d’apesanteur conjoncturelle entre deux souverainetés.
18Ce no man’s land prit alors un visage particulier. L’action de Pierre Caillet († 1673), le receveur des contributions condéennes, en témoigne. Ce client du prince de Condé, cousin de son secrétaire ordinaire à Bruxelles, Jacques Caillet, entre en fonction à l’automne 1653 au moment où la Fronde s’achève : à Bordeaux, le prince de Conti s’était soumis dans l’année, et à Damvillers, le marquis de Sillery, qui tenait la place en son nom, s’était rendu « à l’obeissance du Roy44 ». Ce recul avait relancé les contributions : avec d’autres palliatifs, elles contribuèrent à maintenir une révolte vaincue. Pierre Caillet mit alors en place un véritable système d’extorsion de fonds. Nommé dans la place de Stenay pour en gérer le financement, puis bientôt dans la petite forteresse de Linchamps dominant la Semoy dans les Ardennes, il voit peu à peu ses attributions s’élargir à la totalité des contributions princières45.
19Ces dernières atteignent à partir des années 1655-1656 une extension impressionnante : en Champagne, Caillet parvient au terme d’un accord cordial avec Fabert, à un échange de neutralité entre Rocroi et la place de Sedan46 ; et il fait contribuer coup sur coup les villes de La Capelle, de Mézières et de Dinan. Il convainc aussi le comte de Grandpré de contribuer pour sa forteresse de Mouzon et pour son gouvernement : à 400 pistoles annuelles, le gouverneur français s’engage en sus à ce que ni sa garnison, ni son régiment de cavalerie ne s’opposent aux partis frondeurs, qu’ils reviennent chargés de butin ou non. Et le receveur de commenter auprès de son cousin Jacques : « Vous voyez que ceux qui ayment le mieux la guerre sont bien aises de faire contribuer leurs terres et de s’accorder aussy pour leurs garnisons47. »
20Parallèlement il pousse son avantage de tout côté : vers le nord, il conseille « que l’on courre tous les jours » sur les terres de l’évêché de Liège pour forcer les derniers récalcitrants à contribuer48 ; vers l’est, Toul et ses faubourgs ont déjà succombé. Plus éloignée encore, la princesse de Phalsbourg sollicite le prince pour que ses terres de Saint-Avold, en Lorraine, soient exemptées de versements et de pillages49. Caillet tente aussi de soumettre l’ensemble des duchés à ses contributions. Il est certain d’y parvenir « si M. du Mont [gouverneur de Linchamps] est aussy meschant qu’il me le promict et si il fais bruler quelques villages50 ». Il y parvient en 1656 : à l’hiver, Sierck et tout le bailliage d’Allemagne placé sous l’autorité de Brisacier y basculent51 ; à l’été, il négocie avec l’intendant de Lorraine une contribution annuelle de 45 000 livres tournois52. Sans doute Mazarin, alors un évêque de Metz toujours attentif au rapport financier de sa charge, y a-t-il lui-même concouru53. De là, l’administrateur espère même avancer ses pions jusqu’en Alsace54. Et à Metz, depuis l’automne 1653 et le retrait du marquis de Sillery, on lui contribue à l’ordinaire, non sans que le changement d’interlocuteur n’ait entraîné quelque augmentation depuis les premières contributions princières de 165055.
21Le receveur crée sur la frontière franco-espagnole, pour quelques années, un espace étrange, structuré autour de la vallée de la Meuse dont la Semoy est un affluent, et situé entre guerre et paix, entre France, Espagne et Empire. À l’intérieur, il semble dominer les plus puissants gouverneurs français. Fidèle serviteur du prince, il risque sa vie sur les chemins vicinaux reliant discrètement les places fortes locales56 ; personnage religieux et cultivé, il y perd son âme. Dans une métaphore délirante, en 1654, il se compare aux divinités de l’antiquité :
« Ma commission est un vray employ de tourments et de tempeste. L’on me pourroit comparer à une puissance purement malfaisante et à un dieux de l’ancien temps, qui n’avoient que le seul pouvoir de tourmenter le genre humain et à qui l’on ne demandoit point d’autres grace que d’estre exemptés de leur persécution, aussy quand il y a des personnes de condition qui m’escrivent des civilitez, il me semble voir ces bonnes gens de l’ancienne Rome qui alloient immoler à la discorde et à la déesse de la peste57. »
22L’année suivante, c’est aux Évangiles qu’il se réfère, et ce sont les apôtres qu’il évoque dans une description dantesque de la frontière :
« Je m’imagine quelque fois que je fais mieux ma cour d’icy que beaucoup d’autres qui sont à Bruxelles, et qui suivent S.A.S. bien réguliérement. Et comme il me semble que les apostres ne faisoient rien de si méritoire en accompagnant Jésus Christ pendant les fêtes de sa vie, et quand ils le suivoient aux jours de triomphe parmy la foule de ses adorateurs et qu’ils prenoient part aux applaudissements et aux bénédictions qu’il recevoit, que quand ils alloients bien loing de là, et au péril de leur vie annoncer son nom aux peuple les plus esloingnés et qu’ils travailloient à la conversion des Infidelles.
Je croy ainsy que ceux qui suivent S.A.S. dans les Cours et dans les Palais et parmy les déclamations, ne méritent pas plus que ceux qui passent leur vie sur cette frontière parmy les mescreans et qui taschent à porter le nom du Seigneur le plus loing qu’ils peuvent, et à l’y faire respecter. Vous estes les compagnons, ou du moings les tesmoings de ses beaux jours, et de ses divertissements, et nous sommes icy les hermites et les vrays martyrs. Vous n’approchés que six mois de l’annëe les infidelles et vous n’estes que ce temps là de l’Eglise militaire, pour moy j’en suis toujours58. »
23Cet administrateur, qui terminera sa vie, comble de l’ironie, comme conseiller au parlement de Metz, jouit de sa toute-puissance59. Dans cet espace interlope, sans foi ni loi, « sur cette frontière parmy les mescreans », il semble prendre une revanche sociale, tant vis-à-vis de son cousin qui suit « S.A.S. [le prince de Condé] dans les Cours et dans les Palais » bruxellois, qu’envers ces « personnes de condition » qui le supplient de les épargner. Au final, ses lettres témoignent de la fascination qui étreint le juriste : celle de la surséance du droit ou, plus précisément, celle d’un lieu en apesanteur, sans souveraineté ni loi positive autre que celles qu’il accepte de reconnaître. Alors, véritablement, dans cette temporalité en suspension, dans cet étrange produit de la guerre et de la frontière, c’est aux « dieux de l’ancien temps, qui n’avoient que le seul pouvoir de tourmenter le genre humain », qu’il peut se comparer.
Les contributions : de l’invisibilité à l’aubaine
24Si, en 1659, Louis XIV réaffirme la suspension de toute relation avec les ennemis, il va de soi que des accords telles les contributions et les sauvegardes rentraient eux aussi dans ces limitations. Dès le début de la guerre, les deux pouvoirs monarchiques avaient imposé une stricte discipline. La « déclaration de Son Altesse [Le Cardinal Infant] touchant la guerre contre la Couronne de France », publiée le 24 juin 1635, ordonnait « à tous subjects et vassaux de Sa Majesté d’exercer les hostilités contre ledicts roi de France, ses pays, ses subjets et vassaux avec défense très expresse de leur payer aucune contribution ou dissimuler qu’elle leur soit payée directement ou indirectement à peine de vie60 ».
25Le pouvoir espagnol réitérera de telles interdictions tout au long du conflit61. Quant aux Français, dès le 16 janvier 1637, un ordre de Louis XIII défendait, et la taxe de violence sur les sujets du roi, et toute autre contribution quelle qu’elle soit62. Assurément, et là s’explique la discrétion originelle des Trois ordres, leur initiative entrait en contradiction avec ces prescriptions énoncées de part et d’autres des frontières.
26Au terme d’un long processus se déroulant de l’automne 1642 au printemps 1643, le Pays messin, nous l’avons vu, bascule dans une double contribution espagnole et lorraine. Le moment interroge. Est-il le produit d’une dégradation soudaine de la situation après sept années de guerre ? C’est en tout cas la posture adoptée à la fin de l’été 1642. Les habitants affrontent alors une difficile soudure céréalière :
« La famine a esté si extraordinaire que d’aage d’homme l’on n’a veu le grain si cher dans la ville » où « on ne pouvoit [le] recouvrir ny pour or, ny pour argent63. »
27Les prix s’envolent : 19 francs messins la quarte de blé froment, selon la taxation du gouverneur, mais au marché noir elle s’écoule, et « encor par prières », à 30 francs64. Et comme si cela ne suffisait pas, « les guerres et armées qui gastent tout partout65 » prolifèrent. En juin, des mercenaires lorrains pillent le pays. En août, « trois cents cavaliers Bourguignons, partie Croates » mènent un puissant raid sur le Val de Metz : ils attaquent plusieurs communautés – Vigneulles, Woippy, Lorry –, tuent quelques paysans, dérobent l’ensemble du bétail et ne se privent pas de fanfaronner aux pieds des murailles urbaines sous le nez de défenseurs passifs66. Au 24 septembre 1642, la ville peut alors tirer le bilan amer d’un été éprouvant :
« Les fréquentes courses des gens de guerre [ont] désolé la campagne et ruyné les habitans du plat pays, en telle sorte qu’il leur est impossible de continuer le labourage et culture de leurs héritages à l’avenir, et la cherté de toutes sortes de vivre y estant sy extreme que plus du tiers des habitans de la ville de Metz et pays messin ont esté contraincts de quitter et habandonner [sic] pour se retirer ailleurs67... »
28Exagération d’une supplique adressée indirectement au roi à travers des instructions délivrées au député de la ville ? Peut-être, car à bien y regarder, nous n’atteignons pas à cette date les plus hauts prix de l’époque, ni les plus grandes tragédies. S’il fallait établir une morbide hiérarchie des cruautés endurées, les premières années « couvertes » du conflit obtiendraient l’accessit, et l’apocalypse de 1635-1636, ou encore la difficile année 1639, le premier prix68.
29Sans doute pourrions-nous alors faire une autre hypothèse : celle de l’opportunisme politique. Cette période 1642-1643, à l’échelle du royaume de France, est pour le moins particulière. Dans une douloureuse transition d’un roi à un autre, elle relie les remous de l’affaire Cinq-Mars (la conspiration est dévoilée le 12 juin 1642) à la mort de Louis XIII (14 mai 1643), via la disparition du cardinal de Richelieu (4 décembre 1642). Les événements messins se déroulent dans un étroit synchronisme : début juin, Jean Bauchez évoque une « promesse » entre Charles IV et le gouverneur de Metz, Lambert ; le 30 août, la ville entame des pourparlers avec le pouvoir espagnol de Luxembourg et, fin septembre, elle intercède en Cour ; la négociation parisienne est achevée dans les derniers jours de novembre, deux semaines avant la mort de Richelieu ; celle de Luxembourg fin décembre. Le basculement des villages s’opère, lui, en mars, deux mois avant le décès du roi.
30Cette époque en demi-teinte, marquée par le retrait progressif du cardinal, a pu sembler offrir une courte fenêtre d’action. Deux ans auparavant, la ville avait en effet demandé à ses députés en Cour de s’informer de l’éventualité « de contribuer quelque chose pour se garentir de leurs incursions [des ennemis] et avoir la liberté de cultiver leurs terres [des paysans] ». La proposition fut sans doute repoussée. Elle resta lettre morte69. Alors, peut-être, la ville a-t-elle jugé possible de tenter à nouveau une initiative formellement interdite depuis l’ouverture du conflit, et repoussée jusque là par un pouvoir sûr de lui. Est-ce ainsi le fruit du hasard si, en Franche-Comté et dans ces mêmes années, l’on négocie des suspensions d’armes ? Ces dernières aboutissent, étonnant parallélisme des dates, des initiatives et des mots, en septembre 1643, à une levée des pillages puis, en 1645, à un accord de neutralité général ponctué de sauvegardes et de contributions couvrant les deux Bourgognes70.
31Dans le cadre d’initiatives endogènes, appuyées ici et là sur un substrat historique de neutralisation des territoires, les négociations messines avec les Luxembourgeois auraient dû rester locales. Certes, les démarches s’effectuaient bien « soubz le bon plaisir du Roy », mais sous les espèces de « monsieur le Gouverneur » ; et la ville consentit pour « plus grande asseurance » à faire « aggréer cest accomodement dans le conseil des roys de France et d’Espagne », du moins, précisait-elle, « si on estime que les accomodements ne se puisse faire autrement71 ». Elle n’aurait vu aucune difficulté à mettre sur pied un petit arrangement entre ennemis, privé et à l’écart des deux souverains. Elle avoue même, avant de se rétracter, ne rechercher que « l’agréation » du roi et non son entière implication72.
32Mais nous l’avons vu, les Luxembourgeois insistèrent pour obtenir l’engagement de la monarchie. D’un autre côté, l’initiative urbaine, bien que discrètement menée, fut rapidement éventée. Quelques opportunes délations, fruit de l’équilibre concurrentiel des pouvoirs au sein de l’espace lorrain, avertirent Paris de ce qui se tramait sur les frontières : au début de l’automne, le gouverneur de Lorraine, du Hallier, informe Sublet des Noyers de l’accord conclu entre Lambert et Charles IV. Sans le condamner, il prend toutefois soin de s’en démarquer. Il refuse aussi, malgré l’insistance du Messin, d’y prendre part73 ; et sans doute que d’autres voix ont porté la nouvelle jusqu’aux oreilles des responsables parisiens.
33Condamnée dès lors à négocier avec le roi, la ville entame ses pourparlers. De prime abord, le contexte apparaît bien inadéquat à l’obtention d’une quelconque décision. Depuis l’été 1642, les différents agents de la cité en Cour décrivaient une « mauvaise conjoncture74 » (8 novembre 1642) et un temps « fort estrange75 » (15 avril 1643). Les ministres ne quittaient plus l’entourage de Richelieu et de Louis XIII, et tous se rendaient, de fait, « quasi invisible » aux sollicitations76. À la tête de l’État, et au-delà des déficiences physiques de ces deux grands malades, le blocage était complet : le cardinal, moribond, multipliait les lettres au roi ; ce dernier refusait d’y répondre77. C’est pourtant ce contexte délétère qui se révéla salvateur pour les Messins.
34Ils confient leur dossier à « monsieur de Lonchamps78 ». L’homme n’est pas aisé à identifier. Peut-être est-il issu d’une vieille famille de munitionnaires impliquée dans les fournitures militaires des garnisons messines au cours du XVIe siècle79. Conseiller du roi, maître ordinaire de son hôtel, de ses camps et armées, capitaine aussi de la vieille garnison de Metz, il apparaît épisodiquement au cours des années 1640 comme un intermédiaire plus ou moins contesté de la ville à Paris80. Suivant une partie de la Cour dans ses pérégrinations, il a accès à plusieurs « ministres d’État ». Et sans qu’il définisse précisément ce qu’il place sous cette dénomination, il cite à plusieurs reprises le titulaire des Affaires étrangères, Chavigny. À travers lui, Lonchamps prétend pouvoir remonter jusqu’à Richelieu81. Par delà la rodomontade, disons qu’il intervient surtout dans le champ élargi de ses « amis » derrière lesquels se distinguent le département des Affaires étrangères et ses commis. Bref, Chavigny, ou quelqu’un qui se revêt de son autorité, lui donne « certaines espérances82 ». Le 22 novembre, Lonchamps peut annoncer à la ville la conclusion, heureuse, de ses démarches, et l’envoi prochain au gouverneur d’une lettre de cachet autorisant la neutralité : à ce jour, nul exemplaire n’en a été retrouvé83. Enfin, si l’agent reste prudemment muet sur le nom de ses interlocuteurs – des personnes puissantes et considérables dont « je ne peux vous en dire plus » –, il évoque sans ambiguïté les récompenses à prévoir84.
35Que faut-il y comprendre ? Ce morbide désarroi à la tête de l’État, exploité par un député ad hoc étroitement intégré au fonctionnement des bureaux ministériels, convient on ne peut mieux, non à une démarche officielle, encore moins à une autorisation des lointaines initiatives messines obtenue de Richelieu, mais à la recherche d’une permission, mieux d’un consentement, mieux encore d’un engagement à ne rien voir, un engagement discrètement acheté au plus haut niveau par des pistoles sonnantes, trébuchantes et bien évidemment espagnoles85. Dans la confusion entourant l’agonie de Richelieu et la paralysie du pouvoir, et par des moyens détournés, la ville obtient de quelque ministre haut placé, sans doute de Chavigny, la non-interdiction de son accommodement.
36Il faut attendre le printemps 1644, et la diffusion de ces pratiques de neutralisation sur les frontières franco-espagnoles, pour voir le pouvoir royal tenter de reprendre la main. Par une ordonnance du 30 avril, le nouveau secrétaire d’État de la Guerre, Michel Le Tellier, entend imposer une « révocation des sauvegardes données pour les bourgs et villages estant dans le Paÿs ennemy86 ». Cette rupture unilatérale des protections françaises suspendrait en représailles celles des Espagnols87. C’est d’ailleurs ce que le secrétaire d’État recherche. Il interdit tout versement de contributions par les habitants du royaume et suspend les multiples levées concomitantes faites au nom des gouverneurs de places. Ce texte, tel qu’il est rédigé, fermerait alors une parenthèse ouverte depuis peu ; il libérerait à nouveau le cycle infernal de la petite guerre88.
37L’initiative découle d’une compréhension assez précise des enjeux. Tous les contractants – les autorités militaires, les villes et les campagnes –, de part et d’autre de la frontière, en tirent avantage. En termes de sécurité pour les uns, sous la forme de levées d’argent pour les autres, cette suspension des hostilités favorise l’ensemble des acteurs ; l’ensemble sauf un : le pouvoir royal qui y perd une part de sa souveraineté et de ses ressources fiscales. C’est ce « préjudice » que le préambule du texte souligne :
« Sa Majesté estant bien informée du préjudice que son service et ses subiectz de ses frontières reçoivent de l’exemption des villages du pais ennemy, par le moien des sauvegardes obtenues tant de sa Majesté et de ses lieutenantz généraux, que de plusieurs gouverneurs particuliers de ses places, moiennant les contributions qu’ilz en retirent, dont l’avantage est si grand qu’il leur fait fermer les yeulx à tous les inconvenientz qui en arrivent. »
38Bien que se refusant à voir l’apport qu’en obtiennent « ses subiectz », le roi retrace ainsi, en quelques termes cinglants, l’esprit tout de rapacité qui préside aux contributions et qui permet aux gouverneurs de s’enrichir. Il évoque ensuite les raisons tactiques l’ayant amené à suspendre ces accords :
« Les ennemis aiant retraicte & passage dans les villages dependant de leurs gouvernementz, tout ainsi qu’en ceux où ils sont les maistres, et par ce moien entrant sans donner aucune allarme jusques dans le cœur desdictes provinces où ils pillent & ravagent partout où bon leur semble, & font contribuer de leur costé beaucoup plus de lieux que les gouverneurs des places de sa Majesté n’en font contribuer du leur, & peuvent faire des entreprises bien plus prejudiciables à l’estat si le cours de ce mal n’est arresté... »
39Dans ces zones neutralisées, de petites troupes de soldats transitent sans être inquiétées. La surveillance quotidienne des paysans s’émousse. Elle disparaît même sous l’effet des sauvegardes. Il ne s’agit nullement d’y voir un relâchement dû au confort précaire de la protection, mais bien plus l’effet paradoxal d’un contrat que les communautés rurales ont accepté, et qui les enferme dans des engagements précis. Les accords avec l’ennemi gagent la non-agression octroyée aux paysans sur celle qu’ils assurent, eux-mêmes, aux soldats adverses : « prendre les armes, sonner les cloches et se mectre en deffence [alors] que la plusparts du paÿs estant desia soubmis aux contributions, c’est l’exposer aux bruslements et dernieres ruines », explique le duc d’Havré, gouverneur de Luxembourg, à ses paysans menacés par les pillages des troupes françaises89. Attaqués, ces derniers ne peuvent riposter sous peine d’une rupture de la sauvegarde et du déchaînement des représailles. Ils préfèrent abandonner leurs villages et y revenir une fois le danger écarté. Alors l’immunité dont jouit le soldat ennemi, miroir de celle qu’il accorde au paysan, lui permet de se déplacer plus facilement dans les terres de contributions ; et d’y attaquer courriers et autres militaires que les accords n’englobent pas90. Pire, dans une sorte de coexistence pacifique, les partis de garnisons adverses s’entendent pour ne pas s’attaquer entre eux. Ils peuvent alors impunément pousser leurs raids jusque dans l’intérieur du royaume, sur les communautés qui ne contribuent pas encore, et revenir sans risque chargés de butin91. Paradoxalement, comme l’explique l’ordonnance, la sauvegarde facilite les pillages en profondeur. La paix achetée préserve le libre exercice de la petite guerre. C’est cet engrenage que le ministre entend suspendre.
40Pour Metz, Sérignan, son lieutenant de roi, reçoit à Paris l’ordonnance dans les premiers jours de mai92. Sans doute l’obtient-il des mains de Le Tellier lui-même juste avant son départ de la capitale. De retour, il la transmet au pouvoir urbain complétée de quelques précisions glanées à la Cour. Ainsi la version qu’en donne la délibération des Trois ordres, au 17 mai, indique les régions concernées : le duché de Luxembourg et l’évêché de Trèves93. Du débat aussitôt ouvert naissent des arguments identiques à ceux qui avaient été avancés en 1642 : on souligne la position enclavée du territoire ; on insiste sur les pillages incessants qui avaient ruiné le pays par le passé, avant l’accord conclu ; on rappelle les pratiques d’un Henri IV « d’heureuse mémoire ». À cette occasion, les Messins n’en manifestent d’ailleurs que bien peu : la délibération ne précise plus la date de 1596 ; peut-être a-t-elle été oubliée ; sans doute ne tient-on pas plus en 1644 que deux ans auparavant, à évoquer des détails précis qui pourraient engager la ville sur une voie par trop aventureuse.
41Par chance, la réouverture de cette question s’inscrit dans un contexte favorable. Quelques semaines auparavant, le gouverneur Lambert avait quitté la région pour rejoindre la Cour, puis y résigner sa charge en faveur du maréchal de Schomberg94. Le personnage est d’importance. Dom Cassien Bigot ne s’y trompe pas :
« Il y [Metz] fut receu au contentement de tout le monde, soub la croyance qu’il conceut incontinent qu’il ne pouvoit que bien arriver à la ville et au païs d’avoir un tel gouverneur95. »
42Le 8 mai, la fine fleur du Magistrat et de la noblesse messine – le maître-échevin Henri de Gournay et son conseiller Paul Boudaine, seigneur d’Urville – partent vers Paris accueillir leur nouveau maître96. Ils s’y installent au moment même où l’ordonnance interdisant les contributions parvient à Metz. Rien de plus opportun alors pour un gouverneur prompt à s’attacher les populations que d’inaugurer sa nouvelle charge par son aide et l’appui d’un crédit au faîte de sa puissance.
43Ses premières paroles, en réponse au compliment du maître-échevin, confirment cet espoir :
« Messieurs, je vous remercie des premiers tesmoignages d’affection que vous me rendés, sy jestois aussy puissant que jay de bonne volonté je contribuerois volontiers à vostre restablissement et de vos privileges, et tant et sy longtemps que j’auray l’honneur de vous commander je prendray plaisir à vous servir97. »
44Les députés, avertis par la ville des derniers événements, s’autorisent alors à multiplier dans les jours qui suivent les rencontres avec lui. Ils sollicitent son aide pour obtenir la suspension de l’interdiction. La lettre que Schomberg reçoit des autorités urbaines se restreint à quelques mots. Elle s’attache surtout à confirmer la légalité du traité et assure que Lambert a eu la « permission » et le « pouvoir » du roi pour négocier98. Elle renvoie l’essentiel aux explications des députés. Ils précisent qu’une rupture des traités déboucherait sur la « désolation entiere de la campagne qui demeurera en proye aux ennemis sans qu’on les en puisse empecher quelque puissante garnison que Sa Majesté entretienne en cette ville99 ».
45Dirigeant jusqu’à cette date une autre province frontière – le Languedoc –, le maréchal avait pu mesurer l’ampleur des souffrances endurées ainsi que, peut-être, des pratiques approchantes100. Il interfère alors jusqu’aux plus hauts niveaux. Accompagné des députés qu’il transporte avec lui dans son carrosse, il s’informe et négocie auprès de Le Tellier et de Mazarin101. C’est finalement de l’autorité de la reine elle-même qu’il semble obtenir un ajournement de l’ordonnance. Et lorsqu’au 28 août, la ville présente au nouveau gouverneur l’article premier de son cahier de remontrances, qui demande d’entretenir la neutralité avec le pays de Luxembourg et le bailliage d’Allemagne, le maréchal de Schomberg peut l’accorder « sous le bon plaisir du roi102 ».
46Anne d’Autriche avait en effet renvoyé la question dans l’espace lorrain103. Elle chargea les autorités locales d’étudier ensemble les conséquences d’une rupture des sauvegardes. Elle leur recommandait d’en aviser au mieux des intérêts royaux. Du gouverneur et de l’intendant de Lorraine au maréchal de Schomberg, tous se déclarèrent favorable « à l’entretien » des contributions104. Ils avaient alors pleinement conscience des difficultés qui naîtraient de leurs suspensions, non seulement pour les populations, mais surtout pour l’effort militaire de la monarchie dans la région. Sans ce soutien versé par les ennemis du royaume, les garnisons françaises installées dans l’espace lorrain peineraient un peu plus encore à se maintenir. De toutes façons, le temps n’était pas à trop de pudeurs. Alors qu’au cours des troubles marquant le début de la régence, le pouvoir royal tendait à tolérer de plus en plus une taxe de violence levée sur ses sujets, perçue comme un mal nécessaire, en lever une sous le nom de contribution, et sur des ennemis, put apparaître comme un pis-aller plus avantageux105. Dans la balance des intérêts financiers et des inconvénients tactiques, bien moins que stratégiques au demeurant, la royauté choisit d’accepter le fait accompli.
47Ce choix libère les forces qui s’étaient jusque là discrètement déployées. L’ordonnance en effet ne s’attachait pas exclusivement au cas messin. Elle renvoyait à la périphérie du royaume et rien n’indique que la ville, qui n’y est pas mentionnée, y occupât une place centrale. Sans doute qu’un système contributionnaire, émietté et empirique, couvrait dès avant 1644 une part non négligeable de l’espace frontalier : de tradition dans le nord du royaume depuis le XVIe siècle, attestées en Champagne, de telles pratiques de neutralisation caractérisaient déjà, nous venons de le voir, la Franche-Comté comme les frontières des Pyrénées106. C’est ce que les Messins suggéraient dès 1640 lorsqu’ils s’informaient en Cour de l’éventualité d’un accord « ainsi qu’il se fait es autres frontières de la France, et que les ennemis eulx mesmes le pratiquent ailleurs107 ». Quoiqu’il en soit, en 1650, au terme d’une décennie de réflexion, et de contributions qui avaient prouvé leur efficacité, Le Tellier laisse entière liberté aux gouverneurs de lever les sommes nécessaires à l’entretien de leurs troupes108. Il ne fait alors qu’avaliser une situation existante reconnue par son ordonnance du 4 novembre de l’année précédente. Elle indiquait que les garnisons devaient attendre qu’il y ait « un fond suffisant de deniers provenans » des villages ennemis pour pouvoir verser aux soldats deux maigres sols journaliers109. Aussi, dans ces mêmes années, quand la ville de Metz cherchera à faire avaliser l’élargissement de ses protections en une « contribution générale », le secrétaire d’État des Affaires étrangères réprouvera, par réflexe absolutiste, une initiative convenue « sans n[ost]re permission avec nos ennemis » ; mais bientôt il renverra l’examen de la question au maréchal de Schomberg110. Et ce dernier, qui s’était lui-même offusqué de la conclusion de ce traité quelques mois auparavant111, se contentera de l’avaliser à l’automne112. Bref, au cours des années 1640-1650, et en contradiction avec les textes qui avaient ouvert le conflit, la contribution des territoires ennemis, sur leurs frontières communes, devient l’adjuvant inéluctable du financement de l’effort militaire des monarchies françaises et espagnoles.
48Un exemple précis, et quelque peu exceptionnel, nous permet d’en voir la mise en œuvre en soutien d’une garnison désargentée. En 1655, suite au décès de son gouverneur, le marquis de Marolles, les soldats de Thionville, excédés par les retards de paiement, se révoltent113. Mazarin envoie Abraham Fabert réduire pour un temps les tensions : il emprisonne les meneurs et dégage quelques paiements114. Mais ce sont des sommes imposées sur les villages adverses que l’on attend une réelle solution. Paris affecte un nouvel administrateur destiné à « la direction et intendance de la levée, recepte et despense, employ et distribution des contributions dudict gouvernement de Thionville » : Thomas de Grouchy, seigneur de Robertot, un fidèle de Mazarin déjà croisé dans l’espace lorrain au cours de ces mêmes années. Sa lettre de nomination lui demande d’étendre la collecte des contributions « le plus avant qu’il se pourra dans le pays ennemy », afin que les « deniers et denrées provenantz des dites contributions » soient employées « au payement des appointements et de la solde et subsistance des officiers-majors de la place et des autres officiers, cavaliers et soldats, présents et effectifs de la garnison » de Thionville115. Son action nous dévoile alors la logistique proprement militaire du processus contributionnaire.
49Robertot l’appuie sur une pragmatique analyse géopolitique : les territoires impériaux sont sortis du conflit depuis 1648, on ne peut donc les piller bien qu’on puisse toujours les traverser ; les villages luxembourgeois s’acquittent déjà d’une lucrative « grande contribution » envers la garnison ; le Hainaut, le Brabant ou les Flandres sont trop loin, séparés qui plus est de Thionville par l’évêché de Liège et, sans doute, déjà ponctionnés par les garnisons françaises de Champagne ou de Picardie. Dans cet avant-pays contributionnaire, ne demeurent plus, comme possibles proies, que les étroits duchés espagnols de Limbourg et de Gueldre dont les premiers villages se situent... à près de 200 kilomètres de Thionville116.
50De concert avec ses cavaliers, ses partis de pillards, il établit la stratégie. Elle consiste à conquérir un double rideau de points d’appui, des petites forteresses ou des châteaux : les premiers, et les plus proches, couvriront la retraite des partis alourdis par le butin et les prisonniers, tout en contrôlant les sites de franchissement des rivières (la Nied, La Sarre et la Moselle) ; les seconds, ceinturant les territoires ennemis convoités, tiendront lieux de « nids d’aigles » à partir desquels ses cavaliers pourront lancer leurs raids en profondeur. Il leur faudra en effet, d’abord forcer les populations à entrer en contribution par l’intermédiaire d’un chantage à l’incendie, puis veiller aux paiements réguliers, récolter l’argent mais aussi, ponctuellement, infliger des représailles aux récalcitrants ou aux retardataires.

Carte 10 – Les contributions levées par la garnison de Thionville en 1655.
51Robertot envisage ainsi de prendre possession de quelques territoires lorrains appartenant au beau-frère de feu le gouverneur de Marolles : M. de Cronberg. Vouant une animosité particulière au jeune homme, un trait agressif de caractère commun à la plupart des « créatures » de Mazarin dans la région, il l’accuse d’avoir évincé la garnison française installée dans son château de Schaumbourg – les hommes en provenaient de Thionville – et propose, pour le punir d’avoir « offensé le Roy en surprenant une place où Sa Majesté avoit garnison », de lui reprendre sa forteresse. Il convoite surtout un autre de ses châteaux, celui de Siersburg qui, sis au confluent de la Sarre et de la Nied, en contrôle le franchissement. De là, les partis thionvillois pourraient remonter la rive droite de la Moselle vers le nord, en restant ainsi à l’abri des soldats luxembourgeois. La possession de ces deux places permettrait aussi de contrer l’alliance des partis luxembourgeois et lorrains – alors installés à Landstuhl, Homburg et Bitche – toujours prêts à traverser, eux aussi, la Sarre afin d’en descendre le cours pour attaquer – toujours ces mises en contributions ou ces représailles – le Pays messin et son évêché dont Mazarin, le maître de Robertot, occupe... le siège épiscopal. Enfin, l’intendant espère prendre possession du château de Trarbach qui appartient au marquis de Baden : ce proche des intérêts français accepterait, espère-t-il, de le céder contre argent. De là, les pillards pourraient aisément franchir la Moselle vers le Limbourg et la Gueldre.
52Ne resterait plus qu’à conquérir militairement – au terme d’un accord passé avec les chefs de partis – quelques nids d’aigles entourant les terres convoitées. Robertot en établit une liste précise : dans le Saint-Empire, Kerpen, « Rhimbourg » et Erkelens (entre Aix-la-Chapelle et Cologne) et aux Pays-Bas espagnols, Argenteau (dans le duché de Limbourg) et Vianden (dans celui de Luxembourg). Enfin, dans cette compétition généralisée pour les contributions déjà évoquée, il faudrait s’arranger avec les autres garnisons françaises que Thionville concurrencerait. La lettre de commission de Robertot lui demandait notamment de ne pas empiéter sur les contributions « qui se lèvent pour les gouvernements voisins des places estantes en l’obéissance de Sa Majesté. » En effet, à cette date, le pays de Limbourg achète depuis longtemps des sauvegardes aux garnisons de Mézières et de Charleville. Même, en 1648, l’intendant de Champagne, Nicolas d’Osny, avait cédé certaines de ses contributions, un « département », au gouverneur de Thionville pour lui assurer des moyens de subsistances supplémentaires117. En 1655, Robertot propose une solution inverse :
« Leurs passeports [ceux de Mézières et de Charleville] qui sont très connus en ce pais la, nous empeschent de traiter avec ledit pais, mesme avec la ville de Limbourg en général. Nous leur pairons [aux garnisons françaises] plustost par advance la contribution qu’ils tirent de ce pais là, si Votre Éminence le trouve bon pour les désintéresser. »
53Il entend ainsi monopoliser les contributions sur un vaste espace en avant de la forteresse thionvilloise et au besoin en subtiliser le produit – contre dédommagement – aux places ainsi frustrées. Le projet, rapidement dessiné auprès de Mazarin, tracerait ainsi une aire de spoliation élargie à un rayon de plus de 300 kilomètres. Il laisserait aussi espérer, à terme, un doublement des contributions si points d’appuis, étapes et nids d’aigles pouvaient être occupés. Dans l’immédiat, Robertot escompte augmenter d’un tiers les 2 000 pistoles déjà amassées depuis sa récente nomination.
54À la vérité, nous ne savons pas si cette soigneuse planification fut mise en œuvre. Dans les mois qui suivirent, le maréchal de Grancey obtint le commandement de la ville118. Peu au fait vraisemblablement de ce système de contributions, il mena alors de nombreux raids dans le duché de Luxembourg au risque de ruiner les accords transfrontaliers laborieusement mis en place depuis plusieurs années119. Quant à Robertot, Mazarin le chargea bientôt de la gestion des quartiers d’hiver des troupes royales envoyées se reposer dans l’évêché de Metz. L’essentiel est ailleurs. Il tient à une évidence. Ce que le roi s’attachait à considérer comme de simples abus provenant des difficultés à solder l’armée, fait en réalité partie intégrante du système militaire. Il ne s’agit pas d’un simple écart, comme les velléités d’interdiction tentent de le faire accroire, mais du seul moyen de maintenir sur pied le « géant du Grand siècle » dépassant de loin les capacités de l’État120. La contribution soutient les garnisons que l’on ne peut maintenir ; la petite guerre nourrit la grande121. L’idéal du contrôle absolutiste cède ainsi la place à un pragmatisme de bon aloi : faire d’une faiblesse une force en y perdant, momentanément, une part de sa souveraineté.
55Mais l’exemple de Thionville témoigne aussi d’une évolution : Robertot est un fidèle de Mazarin ; il obtient commission du roi pour étendre les contributions ; il en rend précisément compte à son maître. Le pouvoir royal n’est plus court-circuité dans l’opération : il en est même le moteur et le ressort. S’annonce, dans ce contrôle encore lointain des contributions thionvilloises, le retour du pouvoir monarchique sur les frontières et dans les mécanismes de la paix achetée.
Le retour des pouvoirs centraux
56Après le traité des Pyrénées (1659), puis celui de Vincennes (1661) pour l’espace lorrain, la paix revient enfin sur les frontières. Pour peu de temps. Suite à la mort du roi d’Espagne Philippe IV (1665), Louis XIV ouvre le premier conflit de son règne personnel : la guerre de Dévolution (mai 1667-mai 1668). Revendiquant au nom de sa femme, l’infante Marie-Thérèse, une part de l’héritage de son beau-père – quatorze provinces des Pays-Bas espagnols –, il envahit aisément la Flandre dans les premiers mois du conflit, puis conquiert la Franche-Comté à l’hiver suivant122. De fait, il réinscrit Metz dans ce temps bien connu d’absence de la paix : les Pays-Bas redeviennent des ennemis, et bien que les batailles se déroulent loin de la ville, et que la guerre n’y soit pas « encore bien eveillée », les premiers pillages luxembourgeois touchent le plat pays dès le début des opérations123.
57S’ouvre alors, de nouveau et dans la fièvre, la question contributionnaire124. Le 31 mai 1667, Metz demande à l’intendant des Trois-Évêchés, Jean-Paul de Choisy, le fils de l’intendant d’armée des années 1630, « son advis de la maniere qu’il faut agir pour avoir la permission de se mettre en contribution avec les ennemys si on fait la guerre125 ». Et au-delà de la ville, ce sont toutes les communautés de son « département » qui le pressent de pouvoir « se rachepter du pillage par quelque légere contribution126 ». Choisy tente de les en retenir dans l’attente des instructions de la Cour127. Au début de l’été, les ordres lui parviennent ; clairs et... négatifs : « j’ay fort affligé le monde sur ceste frontiere quand je leur ay dit que l’intention du roy n’estoit pas que l’on payast aux ennemis aucun contribution128 ».
58Pourtant ce refus freine à peine le mouvement. En août, la ville intervient elle-même auprès des secrétaires d’État des affaires étrangères – Hugues de Lionne – et de la guerre – le marquis de Louvois129. Face aux dangers qui la menacent – « le bruit est si grand en cette ville qu’il ÿ a ordre à Luzembourg de faire des courses sur le pais messin » –, et forte d’une longue expérience clairement évoquée – « les plus grandes pertes que le pais ayt souffert dans les dernieres guerres proviennent du retardement qu’on avoit apporté d’entrer dans un accomodement » – elle leur demande d’obtenir « de S. M. l’aggrement d’entrer en accomodement par quelque eschange de la ville et pays messin avec partie de celuy du Luzembourg130 ». L’intendant lui-même revient à la charge131 : il décrit des communautés qui « bruslent d’envye d’y [à Luxembourg] envoyer » ; il évoque aussi les difficultés qu’il a à les y retenir132. Les ministres lâchent alors du lest et autorisent les territoires les plus exposés à traiter avec l’ennemi : pour 14 000 et 6 000 livres tournois annuelles, Thionville puis Sierck obtiennent leurs sauvegardes133. Quant aux duchés lorrains, leur duc Charles IV, un vieil habitué des pratiques contributionnaires, avait conclu dès l’été un traité de « neutralité » qui, pour 40 000 écus annuels, les soustrayait aux pillages luxembourgeois134. Dès lors, la dynamique, enclenchée, déborde les représentants du roi : en décembre, le marquis de Créquy dénonce « l’enragerie que tout le pays a de porter son argent à Luxembourg135 ». Et seule la prompte conclusion de la guerre (la paix d’Aix-la-Chapelle le 2 mai 1668) en suspendra le mouvement. Assurément, et même si la ville de Metz elle-même ne semble pas avoir conclu d’accord contre la volonté du roi – on lui proposait... 16 000 pistoles136 ! –, la contribution appartient aux réflexes acquis de populations qui y voient l’unique moyen de juguler la violence de la guerre.
59Or, une fois encore, ce mouvement local ne constitue que la pointe d’un phénomène diffusé sur l’ensemble de la frontière. Le 20 juillet 1667, le gouverneur général des Pays-Bas, le marquis de Castel Rodrigo, engage ses « gouverneurs de province, de faire establir et lever réciproquement des contributions sur la France et ses sujets137 ». Dès septembre, après plusieurs menaces et quelques pillages, le prince de Chimay, gouverneur de Luxembourg, met en demeure les communautés françaises de traiter avec lui. Ses messagers, dont certains sont arrêtés, diffusent ses ordres dans le plat pays thionvillois et jusque dans les évêchés de Verdun, de Metz et de Toul138. Ils y pénètrent d’autant plus facilement que l’accord conclu avec Charles IV, à l’été, leur permettait, à eux et aux partis de pillards, de trouver aisément des abris en utilisant l’enchevêtrement géographique des souverainetés de l’espace lorrain139. Ce sont ces pressions, un clair chantage à l’incendie, qui expliquent l’empressement des communautés à se précipiter à Luxembourg. Mais le mouvement n’est en rien unilatéral. Le texte espagnol insiste sur le caractère réciproque des exigences : il les prévoit « tant et si-longtemps, que les gouverneurs, commandans et intendans de France en feront de si exorbitantes aux sujets de Sadite Majesté ». Et de fait, au cours du conflit, plusieurs villages luxembourgeois se placent sous la protection, onéreuse et brutale, des garnisons françaises140. Après deux décennies de paix achetée, la guerre de Dévolution relance ainsi les pratiques contributionnaires : elles émanent tout autant des militaires que des civils.
60Rien que de connu donc ; si ce n’est l’omniprésence des pouvoirs centraux. Cette guerre leur fournit l’occasion de s’accaparer le processus. Le 29 mai 1667, soit dans les premières semaines du conflit, le gouverneur général des Pays-Bas défend à ses sujets « de chercher, prendre ou recevoir aucunes sauvegardes de la France141 ». Il reconduit ici les interdictions absolues proclamées dans les années 1630 par les deux belligérants, interdictions qui avaient été suivies de peu d’effet sous les coups de boutoir des réalités financières de la guerre. Pourtant une différence essentielle se profile. Tout en reprenant des ordres répétés depuis 1635, le même texte les tempère. Il conditionne toute initiative à la « permission » du gouverneur général, « à peine d’estre tenus et punis comme criminels de lèze Majesté ». Aussi, c’est moins le principe d’une entente avec l’ennemi que l’on condamne, qu’une diffusion anarchique et incontrôlée par l’autorité centrale. De l’observatoire messin, et du côté français, une volonté identique s’affirme : l’entrée en contribution dépend de l’autorisation royale. Et les secrétaires d’État ne l’accordent que pour les territoires qu’ils ne parviennent pas à défendre : ceux de Thionville et de Sierck limitrophes des Pays-Bas espagnols. Pour les autres, et même si cela se révèlera illusoire dans les dernières semaines du conflit142, la surveillance attentive des passages sur la Moselle entre Metz et Trèves devrait les protéger143. Ainsi, en réaction à ce qui « c’est pratiqué par le passé » où chacun avait été libre « de faire son traicté144 », Paris et Bruxelles tentent de contrôler la diffusion des contributions payées à l’ennemi par leurs propres communautés. À Metz, nulle construction endogène de la paix ne transparaît, mais une humble demande transmise au roi par son représentant dans la province : l’intendant de justice, police et finance, Jean-Paul de Choisy.
61Mais l’affirmation pleine et entière de la souveraineté monarchique dépasse cette seule autorisation préalable. Si les rois d’Espagne et de France peuvent légitimement s’inquiéter des sommes versées par leurs sujets à leurs ennemis, il leur importe d’abord de contrôler ce qui se donne et ce qui se lève en leurs noms. En écho l’un de l’autre, les deux pouvoirs s’y emploient à l’automne 1667. Le 30 septembre, une longue ordonnance du marquis de Castel Rodrigo s’essaie à remédier aux « confusions, inconveniens et préjudice qui ont esté recognuz pendant la dernière guerre dans la despesche des sauve-gardes et passeports, establissement et levée desdites contributions, et dans l’employ et distribution des deniers en provenus ». En creux, le préambule trace l’ampleur des ambitions : replacer les diverses protections octroyées, et les levées d’argent concomitantes, détournées par les gouverneurs durant la guerre précédente, sous le regard de la seule administration centrale. Ainsi, dans chacun des districts des Pays-Bas, un receveur est « establi de la part du Conseil des Finances » : face à Metz, Antoine Baillet, « receveur général du Pays et Duché de Luxembourg », remplace ainsi un Jacob Chaffault que nous avions vu étroitement attaché au gouverneur. Enfin, comme une suite logique et attendue, la conclusion de l’ordonnance interdit « au nom et de la part de Sadite Majesté à tous généraux, gouverneurs de province, lieutenants généraux [...] capitaines et officiers des gens de guerre [...] de donner aucunes sauvegardes, passeports, permissions, ou licence, recevoir, permettre, ou faire recevoir aucuns deniers provenans des ennemys [...] à titre de contribution145 ». C’est clairement afficher l’autorité du roi et la stricte volonté de rompre avec les abus de la guerre franco-espagnole ouverte en 1635.
62En France, c’est une ordonnance, détaillée là encore, qui le 10 novembre 1667 règle « la manière et la forme selon laquelle les sauvegardes et passeports seront doresnavant expédiez aux habitants des villes et lieux de Flandre, Artois, Hainault et Luxembourg146 ». Louvois, le secrétaire d’État de la Guerre de Louis XIV, s’attache à en contrôler étroitement la délivrance. Bien que toujours octroyés par les lieutenants généraux, ici les gouverneurs de provinces, ce sont sans surprise des intendants « ayant la direction des contributions » qui les signent. Et leurs commissions, délivrées en septembre, place la levée des contributions sous leur responsabilité :
« Nous vous avons commis [...] pour avoir l’intendance et direction des levées que nous voullons et entendons estre doresnavant faites, tant en argent qu’en espèces [...] [pour] prendre une connoissance la plus exacte que vous pourrez [sur le territoire ennemi !] de la force et faculté tant des habitants des dites villes que des bourgs [...], pour avec justice et équité faire les taxes de ce qu’ils debvront payer, [...] expédier vos mandements sur iceux, [...] tenir la main à ce que les habitans y satisfassent ponctuellement et conformément aux dits mandements, et en cas de refus, délay ou difficulté, les y faire contraindre par toutes voyes, demander pour cette fin, aux gouverneurs des places voisines [des] refusants, l’assistance dont vous aurez besoin et qui sera nécessaire pour les réduire à la raison147. »
63Ainsi, les deux monarchies s’emploient avec précision à établir le monopole de l’État sur le système contributionnaire, partant, à limiter le pouvoir des gouverneurs et à diriger les finances ainsi dégagées, d’abord vers la subsistance des troupes en opérations, ensuite vers le Trésor royal148. Elles déploient une grande activité normative destinée à contrôler le système bipolaire des contributions-sauvegardes : seuls les représentants nommés par les souverains, des intendants (à partir de 1668 en Espagne), en accord avec les gouverneurs et lieutenants généraux, gèrent les levées (contributions) et délivrent les protections (sauvegardes). Sur les frontières lorraines, l’organisation se clarifie : lors de la guerre de Dévolution, le sieur Carlier en détient la responsabilité en étroite collaboration avec le marquis de Créquy149 ; lors de la guerre de Hollande (1672-1678), c’est Jacques Charruel, intendant de justice, police et finance à la suite de Jean-Paul de Choisy (1673) qui endossera aussi, dès 1676, la fonction d’intendant des contributions du duché de Luxembourg150. Et au cours de ce dernier conflit, entre 1676 et 1678, Français et Espagnols conviendront d’une organisation plus détaillée encore. La conférence qu’ils tiendront à Deynze, une petite ville au sud-est de Gand, définira les pays de contribution respectifs, ainsi que leurs limites fixées par des obstacles naturels, le montant des levées ou encore les conditions des ruptures et représailles151 ; le tout, afin de « réduire les contributions sur un pied plus modéré et plus supportable aux peuples qu’elles n’avoient esté jusques alors152. » La guerre de Dévolution ne constitue donc pas un point de départ du phénomène, mais le moment où l’État cherche à le dominer avant de le relancer153.
64Certes, pas plus que les systèmes contributionnaires mis en place pendant la guerre franco-espagnole, ceux de Louis XIV ne seront exempts des excès consubstantiels au phénomène : exécutions, représailles, demandes exorbitantes se maintiendront, en particulier durant les années 1683-1684154. Mais cette dynamique n’en souligne pas moins le réel recul de la brutalité155. De cette première guerre post-1659 à celle de Hollande, une logique irrésistible se déploiera sur les frontières nord du royaume : un processus croissant de régulation de la violence ; il constituera l’une des bases de la « guerre réglée » du XVIIIe siècle156. Et comme cela avait été empiriquement créé dans le modus vivendi contributionnaire messin, l’on tentera de mettre le commerce en marge de la guerre :
« Il est vray [comme l’explique le secrétaire d’État Phélypeaux, au début de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697)] que les déclarations de guerre entre les Princes, quand elles se font par écrit, défendent tout commerce avec les ennemis, la clause « à peine de la vie » y a toujours esté insérée, et on ne sçait comment on a pu en douter à Bruxelles. [...] Mais parce que tous les sujets d’un Prince ne sont pas propres à porter les armes, et à le servir à la guerre, que les habitans de la campagne y sont nécessaires pour cultiver les terres, et que les marchands dans les villes se servent des correspondances qu’ils ont dans les pays étrangers pour en tirer les marchandises, et pour y envoyer celles de leur pays, il seroit inutile et mesme injuste que les uns et les autres demeurassent sans occupation pendant la guerre et que, leur profession ne leur permettant pas d’exercer des hostilitez, ils y fussent exposez157. »
65Aussi, dans ce contexte où le pouvoir absolu place sous son autorité unique le processus contributionnaire, l’une des faces du monopole plus large de la violence, la ville de Metz se trouve-t-elle progressivement séparée de ses ennemis longtemps si proches. Lors de la guerre de Hollande, au moment où basculeront les alliances contre la monarchie (1673-1674), Metz, comme à son habitude, négociera une sauvegarde avec le Luxembourg : 72 600 livres tournois annuelles, soit près du double des impositions royales158, permettront « la conservation du pais messin159 ». Une seconde sera même conclue avec l’électeur palatin de Mannheim afin de préserver les villages à l’est de la Nied des pillages de la garnison de Kaiserslautern ; soit 10 800 écus supplémentaires par an à partir de l’automne 1676160.
66Tout cependant s’établit « soubs le bon plaisir de Sa Majesté », avec l’autorisation explicite, et l’étroit contrôle, des pouvoirs royaux, civils et militaires161. Surtout, il n’est plus question d’initiatives diplomatiques, d’intercessions variées ou de délibérations sans fin. L’essentiel semble avoir été convenu à un autre niveau, celui de l’intendant, et il ne reste à la ville, dans une subsidiarité pragmatique, qu’à régler les derniers détails des paiements et à lever l’argent sur les habitants. Au reste, ce sont les dernières contributions révélées par les archives urbaines. L’affermissement de la frontière, le poids toujours croissant des représentants du roi et la vigilance des compagnies franches, éloigneront définitivement l’ennemi162. Non toujours de la ville ou de la campagne – le Pays messin subit encore quelques raids durant la guerre de Succession d’Espagne163 et l’évêque y négocie même un traité de sauvegarde pour son temporel164 –, mais bien du pouvoir urbain. Se ferme alors, pour cette forteresse qui s’apprête à défendre l’État, le temps rigoureux de la paix achetée.
67Sans aucun doute, d’ailleurs, à son très grand soulagement. Trente ans durant, la ville de Metz avait construit, dans l’empirisme des négociations, une vaste protection de papier. Faite d’engagements et de jurisprudence, elle avait permis la mise en sommeil de la guerre en un temps de conflit déclaré par son souverain. Pour l’appareil politique messin, l’effort avait été gigantesque. Et pour les habitants, le prix de cette paix dépassait de très loin les taxes qu’ils seront amenés à verser par la suite à la monarchie. Alors, le temps de la paix achetée, s’il possédait la saveur des romans de cape et d’épée, ne serait-ce que pour ces messagers urbains parcourant les grands chemins pour délivrer les contributions jusque dans les camps des soldats, avait été, pour ses acteurs, épuisant. Tous disparaissent d’ailleurs de la scène urbaine dans les années qui suivent. Cette liberté, bien chère payée et peu revendiquée, laissait la place, au travers de la médiatisation de l’intendant, au seul pouvoir du roi. Dans sa souveraineté reconstruite au bord de l’abîme, il lui appartenait de prendre dorénavant en main les relations avec l’ennemi.
Notes de bas de page
1 Ibid., fol. 259-260, lettre du roi à La Contour, le 22 juin 1659 reproduite dans Longuemar M. de, Coup d’œil sur une correspondance inédite, op. cit., p. 106-108.
2 AMM, CC 684, liasse 10, p. 1, comptes rendus le 11 juin 1659 pour deux voyages à Luxembourg en février.
3 AMM, BB 61, fol. 54, délibération du 20 juin 1659.
4 Ibid., fol. 58-59 r°, délibération du 7 juillet 1659.
5 AMM, CC 683, liasse 13, p. 21.
6 AMM, BB 61, fol. 116 v°-117 r°, délibération du 29 juillet 1660.
7 Ibid., fol. 125, délibération du 26 octobre 1660 et copie dans AMM, CC 683, liasse 3, p. 23.
8 AD Moselle, J 6350, p. 319, lettre de Le Tellier à La Contour.
9 AMM, CC 684, liasse 10, p. 2.
10 ANL, A IV, 39, fol. 420 r°, le 15 mars 1650.
11 Ibid., fol. 439, 446 r° et 448 r°, lettres des députés aux autorités militaires du Luxembourg et des Pays-Bas, les 29 mai, 4 juin et 2 juillet 1650.
12 Ibid., fol. 439, lettre des députés au duc d’Havré, le 29 mai 1650.
13 Ibid., fol. 442, lettre du duc d’Havré aux députés, le 12 juin 1650.
14 Ibid., fol. 472-473 r°, lettre des députés, le 19 août 1650.
15 Ibid., fol. 477 v°, lettre de Léopold-Guillaume aux députés, le 1er septembre 1650.
16 BNF, NAF 22671, fol. 2-3, lettre d’attache luxembourgeoise, le 22 août 1651.
17 AMM, EE 5, liasse 7, p. 8, lettre d’attache de Pardo, le 16 mai 1652.
18 Gantelet M., « La politique, de la pratique à la théorie : Bossuet dans les derniers feux de la Fronde condéenne (Metz, octobre 1653) », XVIIe siècle, no 216, 2002, p. 485-510.
19 AMM, BB 56, non folioté, délibération du 18 septembre 1652. En 1656-1657, Monsieur de Saint-Martin représente le duc à Paris auprès de Mazarin (Braun P., « le siège, la prise et la ruine du fort du château de Mussy », art. cit., p. 338). Pour Jean Thiery, voir Mahuet H. de, La Cour Souveraine de Lorraine et Barrois (1641-1790), Nancy, Société d’Impressions Typographiques, 1959, p. 236.
20 AMM, AA 41, liasse 3, p. 72-73, lettres de Thiery, de Bruxelles, les 15 février et 10 mai 1653.
21 AMM, BB 56, non folioté, délibération du 9 février 1652. Un « exprès » est, selon le Dictionnaire de l’Académie française (op. cit.), « un homme envoyé à dessein à certaine fin. »
22 Mahuet H. de, La Cour souveraine de Lorraine et Barrois, op. cit.
23 AMM, AA 39, p. 167, lettre de la ville à l’intendant lorrain Mahuet qui gère, de Mussy (place lorraine) ou de Montmédy (place espagnole), l’argent levé pour les garnisons ducales frontalières du Luxembourg, le 27 mars 1655.
24 Nous utilisons, pour cette ventilation des dépenses, les comptes rendus par les différents administrateurs à chaque clôture d’exercice (AMM, CC 683-684), plutôt que les répartitions, le plus souvent allusives et dans tous les cas prévisionnelles, inscrites dans les registres des délibérations du pouvoir urbain.
25 AMM, CC 684, liasse 6, p. 4, comptes des contributions luxembourgeoise (pour les six premiers mois de l’année 1654) et lorraine (pour l’année entière, du moins en ce qui concerne la somme centrale), rendus le 14 janvier 1655.
26 C’est ainsi que Richelieu conçoit pensions et gratifications (Solnon J.-Fr., « Pensions et Gratifications », L. Bély, Dictionnaire de l’Ancien Régime, op. cit., p. 982-983).
27 Dictionnaire de l’Académie française, op. cit., art. « Obligation ».
28 AMM, BB 57, non folioté, délibération du 13 novembre 1653, envoi de 240 pistoles « par voye secretes » de Metz à Verdun.
29 L’orthographe du nom varie à de très nombreuses occasions : Dimercel, d’Immersel, Dimarcel, etc. Ces hésitations traduisent le caractère étranger, et du personnage, et de la prononciation de son nom. Nous suivons ici la version qui semble la plus diffusée.
30 Pour l’ensemble du paragraphe, voir Responses du Sieur de la Contour Lieutenant general des Armées du Roy & Commandant pour Sa Majesté dans la Ville de Metz & Pays Messin : Aux calomnies de Rombault Dimmersel, bourgeois de Bruxelles, contenues dans les Escritures qu’il a produites au Grand Conseil, contre ledit Sieur de la Contour, s. l., s. d. [BNF, Z Thoisy, fol. 195-204].
31 AMM, BB 44, fol. 67 et 68 r°, délibération du 28 mai 1646.
32 Nombreuses délibérations dont AMM, EE 5, liasse 7, p. 6, attestation de paiement de 200 pistoles datée de Bruxelles, le 1er février 1652 ou AMM, BB 56, non folioté, délibération du 7 janvier 1652, pour une lettre de change de 625 pistoles.
33 ANL, A IV, 40, registre 1651-1653, fol. 64 v°-65 r°, lettre des députés aux États de Luxembourg, le 29 mars 1653 et ibid., fol. 72 r°-73 r°, lettre du 29 avril 1653.
34 De nombreux exemples de négociations directes entre le pouvoir lorrain et Rombault Dimmersel dans AMM, BB 56, non folioté, délibération du 25 janvier 1652, AMM, BB 57, non folioté, délibération du 9 octobre 1653, ibid., délibération du 30 octobre 1653, etc.
35 AMM, BB 52, fol. 6 r°, délibération du 30 août 1642.
36 Poirier J.-Fr., Metz. Documents généalogiques, op. cit., p. 637, art. Ville (de), VI.
37 AMM, AA 41, liasse 3, p. 62, lettre de Sérignan au marquis de Strossy, le 23 août 1646.
38 Ibid., liasse 2, p. 39, lettre de Chaffault, de Luxembourg, le 3 février 1654. Le courrier est évoqué dans la délibération municipale du 5 février 1654 (AMM, BB 57, en partie non folioté).
39 Voir le débat sur le statut de plusieurs villages du Ban Saint-Pierre dans AMM, BB 58, fol. 68 v°-69 r°, délibération du 23 février 1655. Voir aussi les contestations luxembourgeoises de souveraineté sur certains villages comme Servigny-lès-Raville à partir de 1657 (AMM, BB 60, fol. 144, délibération du 22 janvier 1658). Au point que Le Tellier doit intervenir pour en affirmer la possession messine, donc française en... 1662 (AD Moselle, J 6350, fol. 423, ordres adressés à La Contour, le 25 octobre 1662).
40 AMM, BB 50, fol. 48, délibération du 16 octobre 1648, pour un déménagement de Domangeville à Sanry-sur-Nied et, AMM, AA 41, liasse 2, p. 56, pour le village de Maizeroy, dans le Saulnois.
41 AMM, BB 58, fol. 14, délibération du 22 août 1654.
42 En 1646 (entre autres, AMM, AA 39, p. 2, copie d’une lettre de Fabert, gouverneur de Sedan, s. d., vers juin) et encore en 1652 (entre autres, AMM, BB 56, non folioté, délibérations du 26 avril et du 10 mai).
43 AMM, BB 56, non folioté, délibération du 7 janvier 1652.
44 AMM, BB 57, non folioté, délibération du 22 septembre 1653.
45 AC, P, vol. XIV, fol. 111-112, lettre de Pierre Caillet à Jacques Caillet, le 8 mai 1654.
46 AC, P, vol. XV, fol. 69-70 et fol. 82, lettre de Fabert à Montsaulnin du Montal, le 9 avril 1655.
47 AC, P, vol. XVI, fol. 52 r°, lettre de Caillet à Caillet, le 10 février 1656.
48 ibid., fol. 55, lettre de Caillet à Caillet, le 11 février 1656.
49 AC, P, vol. XV, fol. 375-376, lettre d’Henriette de Lorraine à Condé, le 29 octobre 1655.
50 AC, P, vol. XVI, fol. 49 v°, lettre de Pierre Caillet à Jacques Caillet, le 7 février 1656.
51 ibid. De nouveau, l’accord prévoit que la forteresse française « ne doit point empescher les partis de Linchamps ».
52 MAE, CP Lorraine, 37, fol. 296-297, le 20 août 1656.
53 Un mémoire (ibid., fol. 296-297) transmis au cardinal en début d’année lui conseillait de traiter avec le gouverneur de Linchamps pour la Lorraine et le Barrois, et d’y faire comprendre l’évêché de Metz « sans qu’il [l’évêché] paie aucune chose de cette contribution ». Ce qui semble suivi à la lettre puisque Vic et Moyenvic sont inclus explicitement dans l’accord ultérieur. Quelques semaines plus tard, Mazarin approuvera ingénument les « raisons qui doivent obliger » le roi à approuver le traité conclu entre Le Jay et le gouverneur de Linchamps (MAE, CP Lorraine, 37, fol. 330, lettre de Mazarin au comte de Brinon, le 6 novembre 1656).
54 AC, P, vol. XVI, fol. 49 v°, lettre de Caillet à Caillet, le 7 février 1656.
55 Pour l’ensemble du paragraphe, voir Béguin K., Les Princes de Condé, op. cit., p. 133-134.
56 AC, P, vol. XV, fol. 96-97, lettre de Pierre Caillet à Jacques Caillet, le 4 mai 1655. Il y relate son arrestation avortée aux environs de Revin, à la traversée de la Meuse, par un parti français de Château-Regnault.
57 AC, P, vol. XIV, fol. 111-112, lettre de Caillet [Pierre] à Caillet [Jacques], le 8 mai 1654.
58 AC, P, vol. XV, fol. 96-97, lettre de Pierre Caillet à Jacques Caillet, le 4 mai 1655.
59 Michel E., Biographie du Parlement de Metz, op. cit., p. 69 et Emmery J.-L.-Cl., Recueil des édits, op. cit., t. 4, p. 367.
60 Placcaerten van Brabant, vol. 2, Anvers, 1648, p 356, cité dans Baes Chr., « Prendre l’argent plutôt que le sang : la contribution de guerre au XVIIe siècle », Revue belge de philologie et d’histoire, vol. 85, no 3-4, 2007, p. 663-684. Avec mes remerciements à l’auteur.
61 En 1637, (ordonnance du 28 août citée par Schiltz P., « Les répercussions de la Guerre de Trente Ans », art. cit., no 2, p. 152) et chaque année après 1641 (id., p. 160).
62 Lynn J. A., Giant of the Grand Siècle, op. cit., p. 198.
63 Dans l’ordre, Journal de Dom Cassien Bigot, op. cit., p. 119 et Journal de Jean Bauchez, op. cit., p. 430.
64 Journal de Jean Bauchez, op. cit., p. 431.
65 Journal de Dom Cassien Bigot, op. cit., p. 120.
66 Journal de Jean Bauchez, op. cit., p. 435.
67 AMM, BB 52, fol. 7 v°, commission donnée à « monsieur de Lonchamps » pour solliciter en Cour.
68 Voir Martin Ph., Une Guerre de Trente ans en Lorraine, op. cit., « L’année terrible 1636 », p. 128-131 et « 1639 : la guerre redevient générale », p. 137-142.
69 AMM, AA 43, p. 66, lettre des Trois ordres aux députés en Cour du 5 janvier 1640. Les lettres suivantes n’abordent plus le sujet.
70 Windler Chr., « De la neutralité à la relation tributaire : la Franche-Comté, le duché de Bourgogne et le royaume de France aux XVIe et XVIIe siècles », J.-Fr. Chanet et Chr. Windler, Les Ressources des faibles, op. cit., p. 163-185, p. 180-181.
71 AMM, BB 52, fol. 6 r°, délibération du 30 août 1642.
72 AMM, AA 44, p. 64 et copie p. 66, lettre du Magistrat à Lonchamps, le 27 octobre 1642. Conscient sans doute de l’incongruité de l’expression, le Magistrat la fait supprimer dans sa lettre d’instructions au sieur de Lonchamps.
73 MAE, CP Lorraine, 33, fol. 129-130, lettre de du Hallier à Sublet des Noyers, le 3 novembre 1642.
74 AMM, AA 45, p. 64 bis, lettre de Cornier au Magistrat.
75 Ibid., p. 80, lettre de Cornier au Magistrat.
76 Ibid., p. 81, lettre de Cornier au Magistrat. Il désigne ici Chavigny.
77 Carmona M., Richelieu, op. cit., p. 689-691 et Hildesheimer Fr., Richelieu, op. cit., p. 470.
78 AMM, BB 52, fol. 6 r°, délibération du 30 août 1642. Voir sa commission du 24 septembre 1642 dans BNF, NAF 22670, fol. 88-91, copie dans AMM, BB 52, fol. 7 v°, reprise en partie dans Klipffel L., « La dépopulation et l’émigration dans le Pays Messin au XVIIe siècle », Le Pays Lorrain, 1927, p. 329-332). Soulignons toujours le caractère conjoncturel de ces « réseaux » d’intercession. Le Magistrat, sur les conseils d’un de ses échevins, Philippe Laurent, contacte aussi le père jésuite Le Lorrain, recteur du collège de Metz, afin qu’il « emploie le crédit et les bonnes cognoissances [qu’il] a à la Cour pour procurer ce repos à nostre communauté » (échange de lettres des 8 et 19 novembre 1642 dans AMM, AA 39, p. 161-162).
79 Cette identification s’appuie sur une référence unique : Poirier J.-Fr., Metz. Documents généalogiques, op. cit., indique, p. 448 à l’article Milot de la Perrière (no 2, au 20 avril 1646), le parrainage d’un Antoine Regnauld de Gorze, que l’auteur s’attache à identifier à la famille de Goz (hypothèse reprise p. 670), seigneur de Lonchamps, conseiller du roi, maître ordinaire de son hôtel et de ses camps et armées, et capitaine de la vieille garnison de Metz. Ce grade est confirmé par ailleurs (compagnie du régiment de Picardie, dont il démissionne avant le 13 octobre 1651, AD Moselle, J 6350, fol. 62). Voir pour ces personnages au XVIe siècle, le travail de Zeller G., « Marchands-capitalistes de Metz et de Lorraine au XVIe siècle », Éventail de l’histoire vivante offert par l’amitié d’Historiens, Linguistes, Géographes, Économistes, Sociologues, Ethnologues. Hommage à Lucien Febvre, Paris, A. Colin, 1953, p. 273-281, p. 276 et suiv. Il reconstitue l’impulsion donnée à la famille de Goz par ses fondateurs, Antoine et Regnault, dont les prénoms sont repris par le seigneur de Lonchamps.
80 Voir plusieurs échanges de lettres dans AMM, AA 44 et 45, pour les années 1642, 1645 et 1647. Pour sa contestation, voir en particulier la lettre qu’il adresse au Magistrat, le 10 novembre 1645 dans AMM, AA 44, p. 105.
81 AMM, AA 44, p. 59, lettre de Lonchamps au Magistrat, de « Cormail » (peut-être Cormeille-en-Parisis, proche de la résidence de Richelieu, Rueil), le 7 octobre 1642. Dans cette première lettre il déclare rejoindre Richelieu en compagnie de Chavigny vers Briare. Le cardinal s’y arrête en effet le jour même (Hildesheimer Fr., Richelieu, op. cit., p. 547, au 7 octobre 1642).
82 AMM, AA 45, p. 65 bis, lettre de Cornier au Magistrat, le 2 décembre 1642.
83 Le 29 novembre 1642, l’archidiacre de Metz contacte l’agent de la ville en Cour, Veillart, pour qu’il obtienne cette lettre de cachet permettant « la liberté du labourage » dans le Pays messin (BNF, NAF 22668, fol. 78-87, mémoire de Veillart, s. d.).
84 AMM, AA 44, p. 62 et 63, échange de lettres entre Lonchamps et le Magistrat, des 22 novembre et 2 décembre 1642.
85 Lonchamps est remboursé, en mars 1643, de 40 pistoles d’Espagne pour ses dépenses faites à la « poursuitte de l’obtention de la permission du Roy de traicter pour un accomodement du labourage et des habitants du Pays messin » (AMM, CC 54, fol. 80 v°, ordonnance de paiement du 16 mars 1643). Il serait étonnant qu’une telle somme (aux environs de 441 livres tournois) ne serve qu’à couvrir ses dépenses de bouche.
86 AMM, EE 5, liasse 8, p. 7.
87 AMM, AA 41, liasse 3, p. 59, lettre du Magistrat au gouverneur de Thionville, Marolles (pour la contribution luxembourgeoise), et au gouverneur de Sierck, Brisacier (pour la neutralité lorraine), les deux du 18 mai 1644. La cité les supplie de suspendre jusqu’à l’arrivée du maréchal de Schomberg l’application des ordres royaux afin de ne pas fournir prétexte « aux ennemis de révoquer les sauvegardes qu’ilz ont données à nos pauvres paisans ».
88 La ville s’adresse aux deux gouverneurs français de Sierck et de Thionville le lendemain de la réception des ordres royaux (17 juin). Paniquée, elle contacte une nouvelle fois Marolles, en des termes identiques, quelques jours après (AMM, AA 41, liasse 3, p. 58, lettre du 21 juin 1644).
89 ANL, A IV, 39, fol. 442, le 12 juin 1650.
90 Ce que la ville elle-même reconnaît (AMM, BB 57, non folioté, délibération du 17 octobre 1653).
91 En 1655, ce type d’accord lie la garnison française de Château-Regnault avec la place frondeuse de Rocroi. Le receveur des contributions pour le prince de Condé, arrêté par un parti du roi, s’entretient avec son chef « le nommé La Broye, le plus célèbre voleur du pays » ; il lui rappelle, pour obtenir son élargissement, « la facilité qu’ils avoient à courir despuis qu’ils sont d’accord avec Rocroy » (AC, P, vol. XV, fol. 96-97, lettre de Pierre Caillet à Jacques Caillet, le 4 mai 1655).
92 AMM, AA 45, p. 122, lettre de Cornier au Magistrat, du 4 mai 1644, et BB 42, fol. 26, délibération du 17 mai 1644.
93 AMM, BB 42, fol. 26.
94 AMM, BB 45, fol. 19, délibération du 23 mars 1644.
95 Journal de Dom Cassien Bigot, op. cit., p. 133.
96 AMM, BB 39, fol. 49-50 r°-v°, délibération du 4 mai dont une apostille retrace la chronologie de cette députation.
97 AMM, AA 43, p. 154, lettre des députés de la ville en Cour aux conseillers échevins, le 21 mai 1644.
98 AMM, EE 19, liasse 4, p. 7, lettre des Trois ordres, le 17 mai 1644.
99 AMM, AA 43, p. 152, lettre des Trois ordres aux députés en Cour, le 17 mai 1644.
100 Les troupes françaises que commandent le maréchal de Schomberg lèvent en 1649 des contributions en Catalogne lors de l’occupation du pays (Lynn J. A., Giant of the Grand Siècle, op. cit., p. 198).
101 AMM, AA 43, p. 156, lettre des députés en Cour aux conseillers échevins, le 28 mai 1644.
102 BNF, NAF 22670, fol. 150-164.
103 AMM, AA 41, liasse 3, p. 58, lettre du Magistrat au gouverneur de Thionville, Marolles, le 21 juin 1644. La ville y précise que le maréchal doit décider de la continuation ou non des contributions « suivant l’authorité » qu’il en a reçue de la régente.
104 AMM, AA 45, p. 134, lettre de Cornier au Magistrat, le 13 juillet 1644, qui rapporte un échange de courrier entre le gouverneur de Metz et les intendant (Nicolas Vignier) et gouverneur (le maréchal de la Ferté-Sénectère) de Lorraine.
105 Lynn J. A., Giant of the Grand Siècle, op. cit., p. 198-199.
106 Sur ces différentes régions, voir les articles rassemblés par Chanet J.-Fr. et Windler Chr., Les Ressources des faibles, op. cit.
107 AMM, AA 43, p. 66, lettre des Trois ordres aux députés en Cour, le 5 janvier 1640.
108 Lynn J. A., Giant of the Grand Siècle, op. cit., p. 198-199, lettre du 7 juillet 1650.
109 André L., Michel Le Tellier, op. cit., p. 281-282. La solde du fantassin en opération s’élève tout compris à 6 sols.
110 MAE, CP Lorraine, 35, fol. 582, ordres du roi, le 30 juin 1650 [minute] et AD Moselle, J 6350, fol. 31 r°-v° [original].
111 MAE, CP Lorraine, 34, fol. 608-613, mémoire du maréchal de Schomberg au roi, s. d. [vers l’été 1650].
112 AMM, BB 54, non folioté, délibération du 20 septembre 1650. Par la suite le maréchal de Schomberg acceptera la reconduction des différentes sauvegardes.
113 Voir le récit de ce soulèvement ainsi que l’action du maréchal de Schomberg dans la lettre d’Isabelle de Cronberg, l’épouse de Marolles, adressée au cardinal Mazarin dans AD Moselle, 4 E 549, non folioté [p. 3], Thionville, le 26 août 1655.
114 Roth Fr., Histoire de Thionville, Thionville, Éditions Serpenoise, 1995, p. 214-215.
115 Lettre de nomination reproduite dans Marsy A.-Ch.-A. de et Grouchy E.-H. de, Un Administrateur au temps de Louis XIV, op. cit., p. 91-93.
116 an, KK 1074, fol. 243-247, lettre de Robertot à Mazarin, de Thionville, le 19 octobre 1655.
117 AMM, AA 41, liasse 3, p. 65, lettre de Chaffault, le 20 août 1648.
118 Service Historique de la Défense, A1 147, p. 298, brevet du 22 mars 1656.
119 AMM, AA 41, liasse 2, p. 54, lettre de Chaffault à l’assemblée des Trois ordres, le 11 avril 1656.
120 Lynn J. A., Giant of the Grand Siècle, op. cit., p. 189-190.
121 Peschot B., « Les “lettres de feu” », art. cit., p. 129.
122 Bluche Fr., Louis XIV, Paris, Fayard, 1986, p. 350-359.
123 AD Moselle, J 6437, fol. 193-194, lettre de l’intendant Choisy à Louvois, le 29 mai 1667.
124 Kaypaghian N., Jean-Paul de Choisy, intendant des Trois-évêchés : 1663-1673, Mémoire de Maîtrise, Metz, 1979, p. 109-111.
125 AMM, BB 86, fol. 33 v°.
126 AD Moselle, J 6437, fol. 193-194, lettre de Choisy à Louvois, le 5 juin 1667.
127 Ibid., fol. 195-199, lettre de Choisy à Colbert, le 23 juin.
128 Ibid., fol. 199-200, lettre de Choisy à Louvois, le 26 juin.
129 Si Michel Le Tellier est le titulaire en titre, il y associe étroitement son fils à partir de 1662. L’économie de la correspondance de l’intendant Choisy le démontre : Louvois apparaît en 1663 ; en 1664, le père et le fils se partagent le travail ; en 1665, Louvois s’occupe de l’essentiel (Kaypaghian N., Jean-Paul de Choisy, op. cit., p. 18).
130 AMM, BB 86, fol. 48, délibération du 17 août 1667, reprise en partie dans Klipffel L., « La dépopulation et l’émigration dans le Pays Messin au XVIIe siècle », art. cit., p. 332.
131 AD Moselle, J 6437, fol. 226-229, lettre de Choisy à Louvois, le 11 septembre 1667.
132 Ibid., fol. 249-250, lettre de Choisy à Le Tellier, le 23 octobre 1667.
133 Ibid., fol. 266-268, lettre de Choisy à Colbert, le 4 décembre 1667.
134 Ibid., fol. 210-211, lettre de Choisy à Turenne, le 31 juillet 1667.
135 Ibid., fol. 271-272, lettre de Choisy à Lionne, le 11 décembre 1667.
136 Ibid., fol. 266-268, lettre de Choisy à Colbert, le 4 décembre 1667 : peut-être l’intendant s’est-il trompé de monnaie de compte. Le chiffre paraît vraiment gigantesque et celui de 16 000... livres tournois serait plus vraisemblable.
137 Lettres citées dans l’ordonnance du 30 septembre 1667 reproduite par Van Houtte H., Les Occupations étrangères en Belgique, op. cit., t. I, p. 157-161.
138 AD Moselle, J 6437, fol. 226-229, fol. 259-260, lettre de Choisy à Louvois, le 9 novembre 1667.
139 Ibid., fol. 226-229, lettre de Choisy à Louvois, le 11 septembre 1667.
140 ANL, Fonds Van Werveke, Varia, Contributions ennemies et contributions de guerre. L’érudit local recense les communautés luxembourgeoises concernées qu’il a pu rencontrer dans les archives. Il s’agit, pour la guerre de Dévolution, des villages de Burange (01/01/1668), Ell (28/03/1668), Hellange (09/04/1668), Bivange (25/05/1668), Roeser [?] (28/05/1668) et Differdange (30/05/1668). Je tiens à remercier ici la conservatrice des archives nationales de Luxembourg, Nadine Zeien, qui m’a très aimablement orienté vers ce fonds.
141 Van Houtte H., Les Occupations étrangères en Belgique, op. cit., t. I, p. 149.
142 AD Moselle, J 6438, fol. 64-65, lettre de Choisy à Louvois, le 27 mai 1668.
143 Ibid., fol. 21-22, lettre de Choisy à Louvois, le 16 février 1668.
144 AD Moselle, J 6437, fol. 259-260, lettre de Choisy à Louvois, le 9 novembre 1667.
145 Ordonnance reproduite dans Van Houtte H., Les Occupations étrangères en Belgique, op. cit., t. I, p. 157-161.
146 Ibid., t. II, p. 253-256.
147 Ibid., t. II, p. 8-11, commission d’intendant des contributions des châtellenies d’Audenarde et d’Alost pour M. Talon.
148 Lynn J. A., Giant of the Grand Siècle, op. cit., p. 208-211.
149 AD Moselle, J 6437, fol. 268-269, lettre de Choisy à Louvois, le 4 décembre 1667.
150 Duvernoy Ém., « Gouverneurs et Intendants de la Lorraine au XVIIe siècle », art. cit., p. 30-31.
151 Van Houtte H., « Les conférence » franco-espagnoles de Deynze », Revue d’histoire moderne, t. II, 1927 et Peschot B., « Les “lettres de feu” », art. cit., p. 137.
152 « Théorie de la contribution d’après le commissaire français de Valicourt », le 9 décembre 1678, reproduite dans Van Houtte H., Les Occupations étrangères en Belgique, op. cit., t. II, p. 44-45.
153 Rooms E., « L’humanisation de l’art de la guerre dans les Pays-Bas dans la seconde moitié du XVIIe siècle », Actes du symposium 2000. Guerre totale. Clés pour une mutation au seuil du XXIe siècle, Pully, Centre d’Histoire et de Prospective Militaires, 2000, p. 206-218.
154 Peschot B., « Les “lettres de feu” », art. cit., p. 138.
155 Corvisier A., « Guerre et mentalités au XVIIe siècle », XVIIe siècle, « Présence de la guerre au XVIIe siècle », 1985, no 148, p. 219-231, p. 230-231.
156 Corvisier A. et Jacquart J., Les Malheurs de la guerre, op. cit.
157 Reproduit dans Van Houtte H., Les Occupations étrangères en Belgique, t. II, p. 61-67, citation p. 61-62.
158 En 1666, la subvention – alias la taille – et le nouvel impôt des étapes se montent à la somme de 40 800 livres (AMM, BB 91, pièces 2 à 5).
159 AMM, BB 63, fol. 7 v°-14, délibérations des 13 et 24 juillet, et du 6 août 1674.
160 Ibid., fol. 133, 144, 150 et 156, délibérations des 7 mai, 16 juin, 14 août et 7 septembre 1676.
161 Ibid., fol. 10 v°, délibération du 24 juillet 1674 : « du consentement de M. de Rochefort [gouverneur de Lorraine], de M. de Lavogarde [le lieutenant de roi d’Avogadre] et de M. l’Intendant au suiet de la contribution généralle du pais messin ».
162 Voir le rôle des compagnies franches souligné par le secrétaire d’État de la Guerre, Daniel-François Voysin dans AMM, AA 39, p. 95, lettre au Magistrat, le 27 septembre 1710.
163 Ibid., p. 96, lettre de Voysin aux Trois ordres, le 23 juin 1712.
164 AMM, CC 684, liasse 13, p. 17, traité du 13 avril 1706 repris dans Fleur E., « Essai sur la vie et les œuvres de Henry-Charles du Cambout, duc de Coislin, évêque de Metz (1696-1732) », Mémoires de l’Académie Nationale de Metz, 1933, p. 39-260, p. 117-125.
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