Version classiqueVersion mobile

Les bourgeois et la terre

 | 
Philippe Jarnoux

Conclusion générale

Texte intégral

1Au musée des Beaux-Arts de Rennes est exposé un tableau de Jean Loyer intitulé « Vue de Rennes prise du Champ de Mars en 1800 ». On y voit au premier plan deux couples bourgeois et trois jeunes enfants, vêtus à la dernière mode - celle du Directoire et du Consulat - qui annonce déjà les costumes du xixe siècle. Arrêtés au bord d'un chemin, dans un cadre presque romantique, ils discutent, lisent le journal, jouent... comme indifférents à ce qui les entoure. Leurs vêtements de couleurs vives les détachent du reste du tableau où dominent les tons gris et sombres. Autour d'eux pourtant, l'animation est vive. On distingue quelques paysans dans des champs, des charrettes sur les routes, la foule sur le Champ de Mars bordé de baraques et de tentes ; tout près, un gamin aux habits rapiécés suit son troupeau de moutons... Au fond, à quelques centaines de mètres, la ville est minutieusement représentée.

2L'image est symbolique à bien des égards. Elle révèle tout d'abord le paysage de la cité et de ses abords immédiats. Elle montre comment s'opère, dans l'espace, le passage entre la ville, encore partiellement close, et la campagne. Elle dévoile les relations, les liens qui unissent l'ensemble, tout aussi bien que les coupures qui le divisent. Au milieu d'une campagne active mais qui ne paraît pas particulièrement prospère, nos bourgeois seraient bien incongrus si les clochers et les toits de la grande ville n'apparaissaient pas à l'arrière-plan. Immobiles au milieu du tableau, éclairés par un rayon de soleil qui fait ressortir encore les couleurs vives de leurs costumes, ils semblent ne pas participer à l'activité générale. Spectateurs de leur ville, profitant de ses activités, ils représentent à la fois la richesse et la nouveauté dans un cadre rural qui eut pu être peint de la même manière un siècle plus tôt. Il existe de nombreuses autres vues de la ville de Rennes qui la représente ainsi, depuis les campagnes environnantes, dans un cadre champêtre, insistant sur les liens qui unissent toute ville à son terroir proche. Mais celle-ci est une des rares qui isole au premier plan des personnages typiquement citadins et riches. Sans doute l'époque du tableau - la fin des grands bouleversements révolutionnaires - n'est-elle pas sans intérêt pour expliquer ce choix. Mais on ne peut s'empêcher d'y voir aussi une image représentative de la bourgeoisie de Rennes. Bourgeoisie riche, moderne et suivant de près les évolutions des goûts, des modes ou des idées ; mais aussi bourgeoisie vivant en liaison avec le monde rural environnant.

3Elle s'en distingue dans ses modes de vie mais en tire une partie de ses ressources, l'observe peut-être, s'en inquiète parfois ou tente de l'utiliser ou de l'attirer à elle. La Révolution est, à cet égard, le meilleur révélateur possible.

4La bourgeoisie rennaise est, en effet, un groupe riche et nombreux. Dans l'acception assez étroite que nous avons choisie, on retrouve tout au long du siècle de 600 à 700 individus dont les cotes de capitation sont suffisamment élevées pour qu'on puisse les considérer comme riches. Rares sont les autres villes de la province où le Tiers État riche atteint un tel nombre. Dans la ville, la proportion de gens riches n'est donc pas insignifiante et le serait encore moins si l'on descendait jusqu'à des impositions moins élevées (15 ou même 10 livres).

5Parmi ces quelques centaines de bourgeois, certains s'élèvent jusqu'à des niveaux remarquables de richesse. Rennes est une des villes de Bretagne qui compte le plus grand nombre de familles anoblies au xviiie siècle. Même si certaines de ces familles ne sont installées que depuis quelques années à Rennes, la plupart d'entre elles se sont enrichies sur place et témoignent donc de la possibilité de se constituer des fortunes considérables dans une ville où pourtant, tous les contemporains le signalent, les activités économiques ne semblent pas florissantes.

6C'est bien là, l'un des paradoxes de la ville. Son commerce, ses activités productives paraissent médiocres. Rennes ne dispose pas des avantages commerciaux des grands ports ; elle ne réussit pas à développer de manufacture importante et durable. En réalité, ses fonctions sont ailleurs. C'est vers l'administration, le politique qu'il faut se tourner quand on veut saisir la spécificité de la cité. Tout au long du siècle, ses prérogatives de « capitale » politique de la province se renforcent. Intendance, États, Parlement, bureaux de toute sorte s'y concentrent et font l'essentiel des activités spécifiques de la ville. Il n'est pas étonnant, dès lors, que la bourgeoisie qui profite de ces activités, reproduise en son sein, cette domination de la « robe ». Magistrats, hommes de loi, procureurs, officiers constituent la majorité de la bourgeoisie rennaise. Le commerce ne vient qu'en second dans la hiérarchie de la bourgeoisie locale. Il pourvoit au ravitaillement d'une ville de 40 000 habitants dont une assez forte minorité est riche et probablement fortement consommatrice. Mais il n'est pas strictement réduit à cet approvisionnement urbain. Progressivement au cours du siècle, on voit apparaître un certain nombre de négociants dont l'activité se dégage des simples opérations locales ou régionales pour s'intégrer au grand commerce international et colonial, par l'intermédiaire des grands ports voisins. Quoique secondaire, le commerce rennais n'est pas insignifiant et sa place ne paraît peut-être modeste que parce que le monde de la robe est hypertrophié.

7Cette bourgeoisie rennaise n'est pas un groupe immobile, sclérosé, mais elle semble au contraire assez ouverte et sujette à un renouvellement assez fort, à des évolutions sensibles au long du xviiie siècle.

8Certes, le monde de la robe reste dominant dans la ville. Il constitue toujours, à la fin du siècle, le groupe le plus nombreux parmi les Rennais les plus imposés. Mais sa domination n'est plus aussi sensible qu'elle l'était vers 1710. Les hommes de loi en particulier voient leur nombre stagner et leurs impositions restent assez stables. À leur côté, les plus grosses fortunes sont apparemment celles des officiers, principalement ceux qui manient les deniers publics mais, au cours du siècle, disparaît des premiers rangs, tout un monde intermédiaire d'officiers moyens, de greffiers, de notaires, qui ne peuvent se maintenir dans les catégories supérieures des imposés. Parallèlement, le grand commerce se porte assez bien. Ses cotes de capitation ne le placent qu'exceptionnellement au premier rang mais les contrats de mariage et les inventaires après décès révèlent des fortunes très importantes même si elles ne sont pas immobilisées dans des placements plus ou moins spéculatifs mais investies régulièrement dans le négoce. La part croissante que le monde du commerce occupe dans la capitation de la ville est un autre indice de ce rééquilibrage de la bourgeoisie rennaise.

9Cette bourgeoisie qui évolue dans sa structure interne est aussi un groupe assez ouvert sur l'extérieur. Le prestige et le rayonnement administratif de Rennes attirent les robins du reste de la province et les poussent à chercher ici un office, une fonction ou une alliance matrimoniale. Il y a donc un renouvellement régulier par des apports géographiques extérieurs, venant des autres villes de la province ou d'un bassin d'attraction démographique plus réduit, mais aussi renouvellement par ascension sociale.

10La bourgeoisie n'est pas un groupe social défini comme la noblesse par une quelconque barrière juridique et l'intégration, l'assimilation s'y font par une réussite professionnelle et financière. Or celle-ci n'est pas absente dans la ville du xviiie siècle. Les exemples d'artisans enrichis dont les fils deviennent procureurs, de gros fermiers qui s'installent en ville pour être commerçants, sans être monnaie courante, ne sont pas tout à fait exceptionnels et de nombreuses familles de la bourgeoisie rennaise n'auraient pas à remonter bien loin leur généalogie pour y retrouver un ancêtre travaillant dans un atelier de teinturier ou de menuisier.

11Certes, l'intégration véritable à la bourgeoisie n'est pas seulement une affaire d'argent. Il faut souvent ajouter à l'enrichissement, préalable nécessaire mais pas suffisant, une stratégie matrimoniale adaptée. Mais, de ce point de vue également, la bourgeoisie rennaise n'apparaît pas comme un groupe totalement fermé. On y note, bien sûr, une endogamie relative mais elle n'est jamais exclusive. Il existe des choix préférentiels qui privilégient apparemment la respectabilité de l'emploi sur le niveau de richesse mais ils ne sont en aucun cas impératifs et une partie de la petite bourgeoisie s'accommode très bien d'alliances avec les artisans riches. De même, à l'intérieur de la bourgeoisie, les différences socio-professionnelles entre la robe et le commerce ne créent pas de véritables barrières. Rennes étant avant tout une ville aux fonctions administratives et politiques dominantes, c'est vers ce milieu qu'on se tourne ; c'est celui qui symbolise le mieux la réussite sociale locale. Les commerçants ont donc tendance à y diriger leurs fils, à y rechercher leurs épouses... Mais c'est tout de même par le commerce qu'ils ont acquis leur richesse initiale et c'est par son intermédiaire, probablement, que se font les ascensions les plus notables.

12Il n'y a pas de coupure totale entre les grandes catégories de la bourgeoisie rennaise mais il semble au contraire qu'on puisse y voir une complémentarité, une succession d'étapes dans l'évolution des lignées bourgeoises. De par ses activités dominantes, de par la présence du Parlement et de la haute noblesse provinciale, Rennes est soumise à un véritable « tropisme » de la robe qui fait que les familles de commerçants se tournent à un moment ou un autre vers les offices, à quelques niveaux qu'ils soient. Cela peut expliquer aussi le faible développement du commerce, ou du moins, sa faible influence puisque, régulièrement, on en détourne vers les offices les capitaux et les savoir-faire. Pour qui veut continuer une activité marchande, la tentation est grande, passée un certain stade, de s'installer dans un des grands ports voisins avec lequel on avait déjà des contacts. Pour les autres, le passage progressif dans le monde de la robe ou de l'office s'accompagne souvent d'une redistribution, d'une réorganisation des fortunes. Les fortunes marchandes sont, on l'a vu, massivement investies dans les affaires. En revanche, celles des officiers se retrouvent plus fréquemment dans des placements somptuaires, rentiers ou surtout terriens.

13On ne peut en effet envisager la ville sans observer aussi le terroir qui l'entoure tant les liens sont étroits. C'est de là que vient une partie de la population, c'est là qu'on a une partie de ses activités, c'est là qu'on investit une partie de ses revenus.

14De ce point de vue, Rennes peut, à priori, paraître défavorisée en Bretagne puisqu'elle représente un type presque unique de grande ville éloignée de toute façade maritime. Mais, en revanche, les abords immédiats de la ville sont assez riches. Le bassin de Rennes a la réputation, globalement justifiée, de posséder de bonnes terres. De plus la population y est assez nombreuse et les activités économiques variées. Localement, le textile peut y jouer un rôle important et représenter un revenu et source d'activités comparable aux activités maritimes sur les côtes. Mais la région est aussi divisée, découpée, en une multitude de petits pays aux capacités et aux aptitudes très diverses. Leur point commun est toutefois la proximité relative de Rennes. La grande ville contribue largement à modifier son environnement local par une intervention directe ou indirecte.

15Son intervention sur les structures foncières en est un exemple. La Haute-Bretagne est une région de micro-propriété très dominante. Presque partout dans les campagnes, domine un émiettement parcellaire et foncier considérable. Les ruraux sont très majoritairement propriétaires mais ils ne possèdent pas toujours suffisamment de terres pour pouvoir en vivre de façon autonome. Il leur faut donc louer des terres, parcelles isolées ou exploitations entières, appartenant à des catégories sociales extérieures à l'agriculture.

16Sauf exceptions locales, le clergé n'occupe qu'une place secondaire parmi les propriétaires non exploitants. La noblesse est beaucoup plus présente mais ses biens sont proportionnellement beaucoup plus réduits qu'en aucune autre partie de la province. Constitués principalement de métairies et de closeries ou de « lieux » de taille moyenne, ses domaines ont même tendance à diminuer au cours du siècle. Globalement les biens fonciers des deux ordres privilégiés représentent sans doute environ le tiers des terres de la région (un peu moins dans le diocèse de Rennes, un peu plus ailleurs).

17Restent à examiner les biens fonciers des deux autres groupes extérieurs à l'agriculture : les bourgeois et les citadins. On aurait tort d'assimiler les deux expressions ; il existe des bourgeois à la campagne et tous les citadins qui possèdent des terres ne sont pas des bourgeois.

18Une bonne partie du petit peuple des villes et des artisans est propriétaire dans les campagnes. Deux cas de figure peuvent se présenter. Les artisans cherchent parfois à investir leurs quelques économies dans la terre. C'est un placement sûr et stable qui confère une assise sociale certaine et peut servir de base de départ dans un éventuel processus d'ascension sociale. À proximité immédiate de Rennes (dans les parties rurales des paroisses rennaises par exemple), cette présence des artisans est sensible et c'est probablement le cas autour des autres villes aussi. Mais les investissements des artisans ne leur sont pas spécifiques ; ils s'apparentent, à une échelle plus modeste, à ceux de la bourgeoisie.

19Plus particuliers sont les biens du petit peuple des villes dans un rayon géographique plus large. Il s'agit ici de la manifestation dans la structure foncière de l'attraction démographique des grandes villes sur les campagnes. Les ruraux qui quittent la terre pour s'installer en ville ne sont pas nécessairement des misérables, des mendiants ou des vagabonds sans le moindre bien. On trouve aussi parmi eux des fils et filles de petits paysans dont la modeste exploitation ne laisse pas d'espoir de survie pour les enfants après partage des biens des parents. Partis en ville, ces ruraux fraîchement déracinés gardent très fréquemment quelques lopins de terre (ou bien ils en héritent après leur installation en ville). Ces modestes parcelles se trouvent alors offertes sur le marché des locations de terre et contribuent à agrandir quelque peu les exploitations des petits paysans. Souvent aussi, en fonction des difficultés rencontrées en ville, elles sont mises en vente par leur propriétaire pour solder quelques dettes ou aider à passer un hiver de chômage, une soudure printanière hésitante. Ce phénomène de micro-propriété des catégories populaires urbaines est surtout sensible avec les grandes villes. Il faut en effet que l'attraction démographique soit suffisamment forte et suffisamment étendue pour qu'on puisse le repérer. Dans les petites villes et les bourgs, il existe aussi mais son ampleur est bien moindre d'autant plus que le déracinement est aussi plus modeste. Contrairement aux catégories plus aisées, il n'y a pas ici de volonté d'investissement mais, au contraire, ces petits biens se retrouvent plus fréquemment vendus et ces ventes ne sont pas compensées par des achats équivalents. Pourtant, tant que l'attraction démographique continue, le courant de ces ventes ne peut se tarir.

20Avec la bourgeoisie commence la volonté d'investissement, de placement. La bourgeoisie rurale (officiers seigneuriaux, petits marchands, gros paysans ou... tout cela à la fois) est sans doute particulièrement présente mais elle est difficile à observer tant elle est parfois proche, mêlée au monde paysan dont elle partage partiellement les activités et les modes de vie. Mais la très grande fréquence des « Sieurs », des « Demoiselles », des « Maîtres » ou simplement des habitants des bourgs paroissiaux dans les registres du Centième Denier ou dans les rôles d'imposition du Dixième et du Vingtième atteste de leur voracité terrienne. Dans la seconde moitié du siècle, ce sont sans doute ces bourgeois des champs qui acquièrent le plus de terres, aux dépens des paysans mais aussi des citadins riches.

21Les bourgeois des villes sont en effet leurs concurrents immédiats car les deux groupes recherchent les mêmes types de domaines, c'est-à-dire des exploitations moyennes, petites métairies ou closeries de quelques centaines de livres de revenu, de quelques milliers de livres à l'achat. Les très gros domaines nobles, les seigneuries, leur restent généralement inaccessibles. La bourgeoisie des villes présente cependant des visages bien diversifiés en fonction de la situation particulière des différentes cités. Les plus petites ne peuvent étendre leur domaine foncier que sur quelques paroisses qui suffisent amplement à satisfaire l'appétit foncier de bourgeoisies très réduites en nombre. Au-delà, l'aire d'implantation des villes moyennes s'étend jusqu'à une dizaine de kilomètres et le domaine foncier total de villes comme Vitré ou Fougères représente 200 à 300 métairies.

22Pour Rennes, ce domaine est beaucoup plus important. Toute la région environnante est largement investie par les domaines fonciers des Rennais jusqu'à une vingtaine de kilomètres mais cela ne suffit pas car les acheteurs, les possesseurs potentiels sont plus nombreux. Les limites géographiques de l'aire d'implantation foncière sont donc repoussées plus loin et recouvrent partiellement les aires des villes voisines. Puisqu'on ne peut pourtant les déposséder totalement, la présence rennaise est alors plus diffuse dans ces zones lointaines. Mais elle se nourrit aussi des flux migratoires qui attirent vers la grande ville notables des campagnes et bourgeois des petites villes apportant avec eux leurs biens fonciers antérieurs. De plus, la bourgeoisie rennaise, souvent plus riche que celle des petites villes ou des campagnes, peut aussi intervenir pour acquérir des domaines plus importants et plus chers. Son champ d'investigation potentiel est doublement élargi : dans l'espace et dans la valeur des propriétés.

23Dans l'ensemble, l'intervention de la bourgeoisie rennaise dans les campagnes s'accroît au cours du siècle. De quelque 5 à 6 % des terres du diocèse en 1735, les propriétés des Rennais passent à plus de 10 % à la fin du siècle. Cet accroissement, surtout marqué dans les bonnes années qui vont de 1720 à 1760, n'est pourtant pas le fait de tous. Parmi les propriétaires fonciers rennais, plusieurs attitudes se dégagent. Les uns se contentent de domaines assez réduits mais stables alors que quelques-uns rassemblent des biens beaucoup plus vastes. La possession de terre est un phénomène très répandu - quoique pas général - mais l'attitude vis-à-vis de ces biens fonciers reste variable. On retrouve en effet une distinction sensible entre la bourgeoisie de robe et le monde du commerce. La première n'est pas nécessairement plus riche mais elle est plus systématiquement propriétaire en campagne et possède des domaines plus étendus. À l'image de la noblesse (le mimétisme est souvent frappant), elle tient à marquer sa préséance sociale par de telles acquisitions. À l'opposé, le monde du commerce, même s'il se tourne régulièrement vers les offices, reste plus attaché à des investissements plus directement productifs (l'immobilier urbain par exemple) et il paraît un peu plus réticent devant les investissements fonciers.

24Dans la deuxième moitié du siècle, toutefois, il semble peu à peu aligner ses comportements sur ceux des robins. Est-ce une manifestation du rééquilibrage interne de la bourgeoisie que nous avons noté plus haut ou un indice d'une plus grande frilosité, d'une crainte du monde du commerce ? Ou bien une trace d'une modification de comportement des robins ? À la fin du siècle, en tout cas, les comportements de la bourgeoisie rennaise sont assez semblables, quels que soient ses secteurs d'activité. D'ailleurs, de nombreuses familles se partagent entre les activités marchandes, les offices et la justice.

25La ville joue incontestablement un rôle économique moteur dans les campagnes proches et elle a contribué à en remodeler partiellement le paysage (exploitations plus grandes, culture du froment plus importante, prix des terres plus élevé à proximité de Rennes). La bourgeoisie est un des vecteurs, un des agents (inconscient ?) de ces changements. Mais sans doute regarde-t-elle aussi plus loin. Maîtrisant partiellement l'espace local, elle tourne aussi les yeux vers l'océan (à l'origine de la fortune de sa voisine nantaise) ; elle installe des négociants à Cayenne, vend des faïences à Saint-Domingue ou à Philadelphie, des toiles à la Martinique ; elle regarde vers l'Amérique, source de la richesse et de la prospérité commerciale. C'est aussi une image symbolique de la liberté depuis 1783, d'une liberté à laquelle on peut être particulièrement sensible dans une ville où la noblesse et le Parlement restent tout puissants et où la fonction politique reste hypertrophiée.

Carte de repérage : Rennes avant l'incendie de 1720

Carte de repérage : Rennes avant l'incendie de 1720

Carte de repérage : Rennes après l’incendie de 1720

Carte de repérage : Rennes après l’incendie de 1720

Carte de repérage : Les paroisses de Bretagne au xviiie siècle

Carte de repérage : Les paroisses de Bretagne au xviiie siècle

Localisation des paroisses citées (avec diocèse, département, initiales et position dans le quadrillage)

26ACIGNÉ : d. Rennes, I-V, Ac, V 8

27AMANLIS : d. Rennes, I-V, Am, V 9

28ANDOUILLÉ-NEUVILLE : d. Rennes, I-V, AN, V 7

29ANTRAIN : d. Rennes, I-V, A, V 5

30AUBIGNÉ : d. Rennes, I-V, A, U 7

31AURAY : d. Vannes, Morb, A, M 12

32AVAILLES : d. Rennes, I-V, Av, X 10

33AVESSAC : d. Nantes, L-A, Av, S 12

34BAIN : d. Rennes, I-V, Ba, U 11

35BAINS : d. Vannes, I-V, Ba, S 12

36BAIS : d. Rennes, I-V, Ba, W 9

37LA BAZOUGE-du-DÉSERT : d. Rennes, I-V, BD, X 5

38BAZOUGES-sous-HÉDÉ : d. Rennes, I-V, BH, U 7

39BAZOUGES-la-PÉROUSE : d. Rennes, I-V, BPé, V 5

40BEAUCE : d. Rennes, I-V, Be, X 6

41BÉCHEREL : d. Saint-Malo, I-V, B, T 7

42BEDÉE : d. Saint-Malo, I-V, Bé, S 7

43BEIGNON : d. Saint-Malo, Morb, B, R 9

44BETTON : d. Rennes, I-V, Be, U 8

45BILLÉ : d. Rennes, I-V, Bi, X 7

46LA BOUËXIÈRE : d. Rennes, I-V, Bo, W 8

47BOURGBARRÉ : d. Rennes, I-V, Bb, U 9

48BOURG-des-COMPTES : d. Rennes, I-V, BC, U 10

49LA BOUSSAC : d. Dol, I-V, Bo, U 5

50BRAINS : d. Vannes, I-V, Br, T 12

51BRÉAL-sous-MONTFORT : d. Saint-Malo, I-V, BM, T 9

52BREST : d. Léon, Fin, B, E 5

53BRETEIL : d. Saint-Malo, I-V, Bt, T 8

54BRIE : d. Rennes, I-V, B.V10

55BRIELLES : d. Rennes, I-V, Br, Y9

56BROONS-sur-VILAINE : d. Rennes, I-V, Bro, W 8

57BRUZ : d. Rennes, I-V, Br, U 9

58CAMPEL : d. Saint-Malo, I-V, Ca, S 10

59CAMPÉNÉAC : d. Saint-Malo, Morb, Cp, Q9

60CANCALE : d. Saint-Malo, I-V, C, T 3

61CARO : d. Saint-Malo, Morb, Ca, Q 10

62CESSON : d. Rennes, I-V, Cs, U 8

63CHAMPEAUX : d. Rennes, I-V, Cp, W 8

64CHANCÉ : d. Rennes, I-V, Cé, W 9

65CHANTELOUP : d. Rennes, I-V, Ct, U 10

66CHANTEPIE : d. Rennes, I-V, Cp, U 8

67LA CHAPELLE-des-FOUGERETZ : d. Rennes, I-V, CF, U 8

68CHARTRES : d. Rennes, I-V, Ct, U 9

69CHATEAUBOURG : d. Rennes, I-V, Cb, X 8

70CHATEAUBRIANT : d. Nantes, L-A, Cht, W 12

71CHATEAUGIRON : d. Rennes, I-V, G, V 9

72CHATEAUNEUF-du-FAOU : d. Quimper, Fin, CF, H 7

73CHATILLON-sur-SEICHE : d. Rennes, I-V, CS, U 9

74CHATILLON-en-VENDELAIS : d. Rennes, I-V.CV, X7

75CHAUMÈRE : d.Rennes, I-V, Cm, W 9

76CHAVAGNE : d. Rennes, I-V, Cv, T 9

77CHEVAIGNÉ : d. Rennes, I-V, Cvg, U 7

78CINTRÉ : d. Rennes, I-V, C, T 8

79COMBOURG : d. Saint-Malo, I-V, Co, U 6

80COMBOURTILLÉ : d. Rennes, I-V, C, X 7

81CONCORET, d. Saint-Malo, Morb,Ce, R9

82CORNILLÉ : d. Rennes, I-V, Co, W 8

83CORPS-NUDS : d. Rennes, I-V, CN, V 9

84DINAN : d. Saint-Malo, C. Arm, D, S 5

85DINGÉ : d, Saint-Malo, I-V, D, U 6

86DOL : d. Dol, I-V, D, U 4

87DOMAGNÉ : d. Rennes, I-V, Dm, W 9

88DOMALAIN : d. Rennes, I-V, Do, X 9

89DOMLOUP : d. Rennes, I-V, Dl, V 9

90ERCÉ-en-LAMÉE : d. Rennes, I-V, EL, V11

91ERGUE-ARMEL : d. Quimper, Fin, EA,

92ESSÉ : d. Rennes, I-V, Es,W 10

93ETRELLES : d. Rennes, I-V, Et, X 9

94FERCÉ : d. Rennes, L-A, Fe, W 11

95FEINS : d. Rennes, I-V, F, U 6

96FLEURIGNÉ : d. Rennes, I-V, FI, X 6

97FOUGERAY : d. Nantes, I-V, Fo, U 11

98FOUGÈRES : d. Rennes, I-V, Fo, X 6

99GAHARD : d. Rennes, I-V, Ga, V 7

100GENNES : d. Rennes, I-V, Ge, X 9

101GÉVEZÉ : d. Rennes, I-V, Gv, T 7

102GOVEN : d. Saint-Malo, I-V, Go T 9

103GUÉMENÉ : d. Vannes, Morb, GS, L 8

104GUER : d. Saint-Malo, Morb, G, R 10

105GUÉRANDE, d. Nantes, L-A, Gu,

106LA GUERCHE : d. Rennes, I-V, G, X 10

107GUICHEN : d. Saint-Malo, I-V, Gc, T 9

108GUIGNEN : d. Saint-Malo, I-V, Gg, T 10

109GUIPEL : d. Rennes, I-V, Gp, U 7

110HÉDÉ : d. Rennes, I-V, H, T 7

111L'HERMITAGE : d. Rennes, I-V, H, T 8

112IFFENDIC : d. Saint-Malo, I-V, Id, S 8

113IZÉ : d. Rennes, I-V, I, W 8

114JANZÉ : d. Rennes, I-V, Ja, V10

115JAVENÉ : d. Rennes, I-V, J, X 6

116JOSSELIN : d. Saint-Malo, Morb, J, P 9

117JUGON : d. Saint-Brieuc, C.Arm, J, Q6

118KERNILIS : d. Léon, Fin, Knl, E 4

119LAILLÉ : d. Rennes, I-V, Li, U 9

120LALLEU : d. Rennes, I-V, La, V10

121LAMBALLE : d. Saint-Brieuc, C.Arm, L, P 5

122LANDERNEAU : d. Léon, Fin, Ld, F 5

123LANHELIN : d. Dol, I-V, Lh, T 5

124LANMEUR : d. Dol, C. Arm, Lm, I 3

125LASSY : d. Saint-Malo, I-V, Ls, T 9

126LECOUSSE : d. Rennes, I-V, Lé, X 6

127LIEURON : d. Saint-Malo, I-V, Li, T 10

128LIFFRÉ : d. Rennes, I-V, Lf, V 7

129LOHÉAC : d. Saint-Malo, I-V, L, T 10

130LORIENT : d. Vannes, Morb, Pm, K 11

131LE-LOU-du-LAC : d. Dol, I-V, L, S 7

132LOUVIGNÉ-de-BAIS : d. Rennes, I-V, LB, W9

133LOUVIGNÉ-du-DÉSERT : d. Rennes, I-V, LD, X 5

134MALESTROIT : d. Vannes, Morb, Ma, Q11

135MARCILLÉ-ROBERT : d. Rennes, I-V, MR, W10

136MARPIRÉ : d. Rennes, I-V, Ma, W 8

137MARTIGNÉ-FERCHAUD : d. Rennes, I-V, MF.Wll

138MASSERAC : d. Nantes, L-A, Mas, T 12

139MAURE : d. Saint-Malo, I-V, Ma, S 10

140MELESSE : d. Rennes, I-V, Me, U 7

141MERNEL : d. Saint-Malo, I-V, Mn, S 10

142MESSAC : d. Rennes, I-V, Ms, T 11

143LA MÉZIÈRE : d. Rennes, I-V, Mz, U 7

144MÉZIÈRES-sur-COUESNON, d. Rennes, I-V, MC, W7

145MOIGNÉ, d. Rennes, I-V, Mo, U 8

146MONTAUBAN : d. Saint-Malo, I-V, Mo, S 7

147MONTAUTOUR : d. Rennes, I-V, Mt, X 7

148MONTFORT : d. Saint-Malo, I-V, Mf, S 8

149MONTGERMONT : d. Rennes, I-V, Mg, U 8

150MONTREUIL-le-GAST : d. Rennes, I-V, MG, U 7

151MONTREUIL-sur-ILLE : d. Rennes, I-V, MI, U 7

152MONTREUIL-sous-PÉROUSE: d. Rennes I-V, MP, X8

153MORDELLES : d. Rennes, I-V, Mo, T 8

154MORLAIX : d. Tréguier, Fin, M, H 4

155MOULINS : d. Rennes, I-V, Mo, W 9

156MOUTIERS : d. Rennes I-V, Mo, X 9

157NANTES : d. Nantes, L-A, N, V 16

158NORT-sur-ERDRE : d. Nantes, L-A, No, V14

159NOUVOITOU : d. Rennes, I-V, Nv, V 9

160LA NOUAYE : d. Dol, I-V, N, S 8

161NOYAL-sur-SEICHE : d. Rennes, I-V, NS, U9

162NOYAL-sur-VILAINE : d. Rennes, I-V, NV, V8

163NOZAY : d. Nantes, L-A, No, V 13

164ORGÈRES : d. Rennes, I-V, O, U 9

165OSSÉ : d. Rennes, 1-V, OS, V 9

166PACÉ : d. Rennes, I-V, Pa, T 8

167PAIMPONT : d. Saint-Malo, I-V, P, R 9

168PARCÉ : d. Rennes, I-V, Pa, X 7

169PARIGNÉ : d. Rennes, I-V, Pa, X 5

170LE PELLERIN : d. Nantes, L-A, Pe,

171PIPRIAC : d. Saint-Malo, I-V, Pi, T 11

172PIRÉ-sur-SEICHE : d. Rennes, I-V, Pi, W9

173PLANCOËT : d. Saint-Brieuc, C. Arm, Pc, R5

174PLÉCHATEL : d. Rennes, I-V, Pc, U10

175PLÉLAN-le-GRAND : d. Saint-Malo, I-V, PG,S9

176PLOËRMEL : d. Saint-Malo, Morb, Pm, Q 10

177PLOUASNE : d. Saint-Malo, C. Arm, Q 10

178PLOUGONVEN : d. Tréguier, Fin, Pgv, 14

179POCÉ : d. Rennes, I-V, Po, X 8

180POILLEY : d. Rennes, I-V, Po, X 5

181PONTIVY : d. Vannes, Morb, P, M 8

182QUEBRIAC : d. Saint-Malo, I-V, Qb,

183QUIMPER : d. Quimper, Fin, Q, G 9

184QUINTIN : d. Saint-Brieuc, C. Arm, Qt, N 5

185REDON : d. Vannes, I-V, Rd, S 12

186RENAC : d. Vannes, I-V, Rn, S 12

187RENNES : d. Rennes, I-V, R, U 8

188RETIERS : d. Rennes, I-V, Re, W 10

189LE RHEU : d. Rennes, I-V, Rh, T 8

190RIMOU : d. Dol, I-V, Ri, V6

191LA ROCHE-BERNARD : d. Nantes, Morb, RB, Q13

192ROMAZY : d. Rennes, I-V, Rz, V 6

193SAINT-ARMEL : d. Rennes, I-V, SA, V 9

194SAINT-AUBIN-d'AUBIGNÉ : d. Rennes, I-V, SAA, V 7

195SAINT-AUBIN-du-CORMIER : d. Rennes, I-V, SAC, W 7

196SAINT-AUBIN-des-LANDES : d. Rennes, I-V, SA, W 8

197SAINT-AUBIN-du-PAVAIL : d. Rennes, I-V, SAP, V 9

198SAINT-BRIEUC : d. Saint-Brieuc, C. Arm, SB, 0 4

199SAINT-DOMINEUC : d. Saint-Malo, I-V, SD, T 6

200SAINT-ERBLON : d. Rennes, I-V, SE, U 9

201SAINT-ÉTIENNE-en-COGLÈS : d. Rennes, I-V, SE, W6

202SAINT-ÉTIENNE-de-MONTLUC : d. Nantes, L-A,

203SEM, T 16 SAINT-GERMAlN-sur-ILLE : d. Rennes, I-V, SGe, U 7

204SAINT-GERMAIN-du-PINEL : d. Rennes, I-V, SGP, X 9

205SAINT-GILLES : d. Rennes, I-V, SGi, T 8

206SAINT-GRÉGOIRE : d. Rennes, I-V, SGr, U 8

207SAINT-HILAIRE-des-LANDES : d. Rennes, I-V, SH, W 6

208SAINT-JACQUES-de-la-LANDE : d. Rennes, I-V, SJL, U 9

209SAINT-JFAN-sur-COUËSNON : d. Rennes, I-V.SJ.W7

210SAINT-JEAN-sur-VILAINE : d. Rennes, I-V, SJ, W 8

211SAINT-MALO : d. Saint-Malo, I-V, SM, S 3

212SAINT-MALO-de-BEIGNON : d. Saint-Malo, Morb, SM, R 10

213SAINT-MÉDARD-sur-ILLE : d. Rennes, I-V, SMI, U 7

214SAINT-MÉEN-le-GRAND : d. Saint-Malo, I-V, SMG, R 7

215SAINT-MELAINE : d. Rennes, I-V, SM, W 8

216SAINT-SAUVEUR-des-LANDES : d. Rennes, I-V, SS.W6

217SAINT-SEGLIN : d. Saint-Malo, I-V, SSg, S 10

218SAINT-SENOUX : d. Saint-Malo, I-V, SS. T 10

219SAINT-SYMPHORIEN : d. Saint-Malo, I-V, SS, T 7

220SAINT-SULPICE-l'ABBAYE : d. Rennes,

221SAINT-SULPICE-des-LANDES : d. Rennes, I-V, SSL, V 1l

222SAINTE-COLOMBE : d. Rennes, I-V, SC, V 10

223LE SEL : d. Rennes, I-V, Se, U 9

224LA SELLE GUERCHAISE : d. Rennes, I-V, SG.X 10

225SENS : d. Rennes, I-V, Se, V 6

226LE THEIL : d. Rennes, I-V, Th, W 10

227THORIGNÉ : d. Rennes, I-V, Th, V 8

228THOURIE : d. Rennes, I-V, Th, V 11

229TINTÉNIAC : d. Saint-Malo, I-V, Ti,

230TORCÉ : d. Rennes, I-V, To, X 9

231TRÉGUIER : d. Tréguier, C. Arm, Tg, L 2

232TREMBLAY : d. Rennes, I-V, Tb, V 6

233TRESBŒUF : d. Rennes, I-V, Tb, V 10

234LA VALETTE : d. Rennes, I-V, Va,

235VANNES : d. Vannes, Morb, V, N 12

236VENÈFFLES : d. Rennes, I-V, Vf, V 9

237VERGEAL : d. Rennes, I-V, Ve, X 9

238VERN : d. Rennes, I-V, Vr, V 9

239VEZIN : d. Rennes, I-V, Vz, U 8

240VIEUX-VY : d. Rennes, I-V, Wy, V 6

241VIGNOC : d. Rennes, I-V, V, U 7

242VILLEPOT: d. Rennes, L-A, Vil, W 11

243VITRÉ : d. Rennes, I-V, Vit, X 8

Table des illustrations

Titre Carte de repérage : Rennes avant l'incendie de 1720
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/11587/img-1.png
Fichier image/png, 1,3M
Titre Carte de repérage : Rennes après l’incendie de 1720
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/11587/img-2.png
Fichier image/png, 1,2M
Titre Carte de repérage : Les paroisses de Bretagne au xviiie siècle
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/11587/img-3.png
Fichier image/png, 2,4M

© Presses universitaires de Rennes, 1996

Licence OpenEdition Books

Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractères.
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search