1Traversant la Bretagne peu avant la Révolution, Arthur Young s'étonne : « Dans ce que j'ai vu de cette province, un tiers semble inculte et la presque totalité dans la misère » dit-il. Il parle de « pays à moitié sauvage, à moitié civilisé », « de misérables huttes de boue », « des landes, des landes, des landes ». Pourtant, les villes échappent à ce triste sort. Lorient « est moderne et régulièrement construite... beaucoup de maisons ont un bel aspect » ; Brest a « beaucoup de rues régulières et agréables » ; « Rennes est bien bâti » ; Nantes « a ce signe de prospérité qui ne trompe jamais ». C'est à Nantes précisément que son étonnement culmine. « Par quel miracle se fait-il que toute cette splendeur et cette richesse des cités de France n'aient aucune liaison avec la campagne ? Il n'y a pas de douce transition de l'aisance au confort, du confort à la richesse ; vous passez d'un coup de la misère à la profusion1 ».

2Pour un voyageur étranger n'ayant qu'une vision rapide et superficielle de la province, la surprise est compréhensible. Et même si Arthur Young n'a pas compris le système agraire local et, en particulier, la place que la lande y occupe, ses impressions sont fréquemment confirmées par nombre d'autres observateurs contemporains. Les campagnes bretonnes sont souvent misérables même si leurs productions ne sont pas toujours négligeables. En revanche, quelques villes voient éclore et s'épanouir des fortunes colossales. Les prodigieuses aventures malouines du xvii^e et du début du xviii^e siècle, bâties souvent sur la course et l'interlope2 ont progressivement laissé la place à l'opulence des grands négociants nantais, sans disparaître tout à fait. À Lorient, les ventes de la Compagnie des Indes portent chaque année sur plusieurs millions de livres tandis qu'à Brest se retrouve une partie de la haute société militaire maritime du royaume. Les plus petites villes, Dinan, Morlaix, Vannes ou Vitré ne sont pas non plus à l'écart des fortunes rapides et des enrichissements importants3. La richesse de la Bretagne - en ses villes tout au moins — apparaît souvent liée au domaine maritime, au commerce qu'on peut y pratiquer. Mais l'influence apparente des activités maritimes ne s'écarte guère des grands ports, des régions immédiatement côtières, ou de quelques centres « manufacturiers4 » qui exportent leurs productions par les façades océaniques. De plus, ces activités maritimes n'expliquent pas totalement la concentration - relative - de richesse dans les villes.

3Arthur Young explique cette situation par l'attitude et « les préjugés également détestables de la noblesse féodale5 ». « La campagne est abandonnée, ou si un gentilhomme y réside, vous le trouvez dans quelque méchant trou, en train d'épargner cet argent qui est prodigué avec profusion dans les plaisirs d'une capitale6 ». La nombreuse noblesse bretonne partage son temps entre ses seigneuries rurales qui la font vivre et ses appartements en ville où elle dépense l'argent amassé dans les campagnes. L'image est un peu caricaturale mais elle n'est pas totalement fausse. Le système seigneurial reste fort dans la province et les droits seigneuriaux pèsent encore parfois lourdement sur le paysan, fournissant au seigneur des revenus non négligeables7. La rente seigneuriale s'ajoute au profit commercial pour expliquer la prospérité d'une minorité de citadins.

4Ces deux éléments sont importants mais ils ne sont peut-être pas prépondérants. Rares sont les seigneuries où le revenu proprement féodal domine. Généralement, la part la plus importante du revenu des nobles provient de la possession de la terre elle-même. C'est avant tout la rente foncière qui forme la base de la richesse. Et les nobles ne sont pas seuls à en profiter. À leurs côtés, beaucoup de roturiers plus ou moins riches tirent une part de leurs revenus de la possession de domaines ruraux8. Le phénomène n'est pas nouveau ; on le connaît depuis le Moyen Âge. La propriété de la terre est un enjeu économique considérable car, dans les sociétés occidentales traditionnelles, elle est à l'origine de la création de richesse et de la sécurité des revenus, étant donnée la position prépondérante de l'agriculture dans l'économie. Elle est aussi un enjeu social, source potentielle d'assimilation à la noblesse, base nécessaire d'intégration au second ordre.

5Profits commerciaux, rente seigneuriale et rente foncière forment une trilogie qui explique en partie la pauvreté des campagnes face aux villes. Avec les prélèvements ecclésiastiques (la dîme surtout) et ceux liés à la fiscalité royale et aux modalités de la redistribution des ressources de l'État, ils provoquent une translation et une concentration de la richesse créée par l'agriculture vers les centres urbains. Mais le phénomène n'est pas à sens unique. L'appel urbain contribue à motiver, à mobiliser les activités rurales, à les organiser dans des cadres ou des schémas plus productifs ou plus diversifiés. Il n'est guère de villes prospères au milieu de campagnes en déséquilibre économique constant. L'économie d'Ancien Régime suppose une interdépendance permanente entre ville et campagne, une interpénétration des espaces économiques réciproques.

6C'est dans cette problématique que nous nous sommes situés, à travers l'exemple de Rennes. La question des rapports ville-campagne dans les sociétés modernes n'est pas nouvelle. Elle a permis de mieux comprendre les circuits et les structures économiques mais a aussi rendu nécessaire une définition et une appréhension plus précise des fonctionnements sociaux et des hiérarchies, au sein des villes comme dans l'espace rural. Très souvent, elle a abouti à des interrogations d'ordre politique, en particulier à propos des événements révolutionnaires. C'est donc un champ de recherche qui n'est pas limité à l'économie mais intègre aussi, inéluctablement, des phénomènes sociaux et politiques et des questionnements culturels.

7Dans la France de l'Ouest, où les cassures de la Révolution seront particulièrement violentes et où les structures agraires présentent, jusqu'à nos jours, d'incontestables originalités, beaucoup d'auteurs se sont intéressés à ces phénomènes. P. Bois dans la Sarthe9, ou T. Le Goff à Vannes10 ont dressé des tableaux passionnants et suggestifs, à l'origine de débats et de controverses fructueuses. Les nombreux travaux de R. Dupuy11, s'ils privilégient les questionnements politiques révolutionnaires, ne négligent jamais non plus de s'interroger sur ces problèmes, tels qu'ils peuvent se présenter dans les décennies pré-révolutionnaires.

8Notre but n'est pas d'aborder globalement la question des rapports entre ville et campagne mais de mettre l'accent, à travers le prisme rennais, sur le problème spécifique de la propriété des terres et de l'attitude de la bourgeoisie.

9En Bretagne, Rennes est un cas bien particulier. Capitale administrative indiscutable au xviii^e siècle, elle est la seule grande ville (environ 40 000 habitants) de l'intérieur des terres et, à ce titre, elle ne bénéficie pas de courants commerciaux importants. « Son commerce n'est pas fort étendu... il consiste surtout en importation et exportation des denrées nécessaires à la vie », écrit Ogée vers 177012. À Rennes, le marchand est un personnage secondaire. Certes, quelques-uns participent au grand commerce colonial, prennent des parts d'armements à Nantes ou à Saint-Malo, achètent des produits exotiques lors des ventes de la Compagnie des Indes à Lorient, mais ils ne forment qu'une petite minorité dans le monde du négoce. La plupart des marchands ne s'occupe que d'un modeste commerce local ou régional. Plus encore, ce monde du négoce ne constitue lui-même qu'un groupe peu important au sein des riches Rennais.

10À Rennes, la richesse est avant tout nobiliaire ; les grandes familles parlementaires tiennent le haut du pavé. Elles occupent les meilleurs appartements, les hôtels particuliers, font vivre un important artisanat du luxe, animent la vie culturelle et intellectuelle, dominent la vie économique de la ville par leurs dépenses, leurs placements et leurs investissements. À l'image de son Parlement, Rennes est une ville où animation politique, activité administrative et fonctionnement de la justice cohabitent et structurent les évolutions de la cité. Autour du Parlement et de ses multiples organes administratifs, tout un mode de « robins » s'est développé. Avocats, procureurs, greffiers, officiers de toute sorte, financiers ou employés de bureaux administratifs sont présents partout. À l'ombre des immenses fortunes nobiliaires, ils vivent souvent dans une honnête aisance ; certains parviennent à s'enrichir suffisamment pour accéder à la noblesse mais, généralement, ils ont une conscience nette et immédiate de l'impossibilité de leur ascension sociale. La toute puissance de l'aristocratie parlementaire est trop évidente ; on ne peut guère s'élever que grâce à elle ou... contre elle. C'est peut-être en partie ce qui explique le radicalisme de la bourgeoisie rennaise aux premiers temps de la Révolution.

11Rennes ne vit donc pas de profits commerciaux importants ; elle ne bénéficie pas non plus d'une quelconque plus-value industrielle. On a tenté à plusieurs reprises d'y établir des manufactures mais les résultats n'ont jamais été très probants13. En revanche, elle profite de la présence d'une nombreuse population noble et donc, d'une redistribution, d'une réorganisation des gains et des surplus du système seigneurial. Une part non négligeable de la rente seigneuriale prélevée sur les paysans de la province se retrouve à Rennes et contribue à y animer les circuits économiques. Parallèlement, l'investissement nobiliaire ou bourgeois dans la terre y supplée la faiblesse des profits commerciaux. À Rennes, la translation des richesses passe très largement par le canal de l'agriculture. Rente seigneuriale et rente foncière y jouent un rôle sans doute plus important qu'ailleurs dans la constitution des fortunes, dans leur développement et leur restructuration potentielle. Cela, d'autant plus que la ville bénéficie d'un terroir proche assez favorisé et plus fertile que la majorité des terres de la province.

12Est-il possible de mesurer cette importance de la rente foncière pour la bourgeoisie locale et la place de Rennes dans les structures foncières et agraires de la région ? C'est la question que nous nous sommes posée. Depuis la thèse de J. Meyer sur la noblesse, on connaît assez bien la structure et l'évolution des revenus nobiliaires dans la province14. D'autres travaux nous ont éclairés plus récemment sur les fortunes des bourgeoisies nantaises ou malouines15. Mais la bourgeoisie rennaise a surtout été étudiée dans ses activités politico-juridiques, plutôt que dans les fondements de sa puissance économique16. La situation administrative de la capitale bretonne et ses prises de position politiques marquantes justifient cet intérêt. Mais il n'est pas le nôtre ici.

13En premier lieu, il faut retrouver les structures socio-économiques internes à Rennes et, en particulier, définir ce qu'est cette abstraite « bourgeoisie » rennaise. Quelles sont ses activités professionnelles ? Quelle est sa place dans l'ensemble de la population de la ville, face au petit peuple ou face à la noblesse ? Il faut savoir aussi comment elle se hiérarchise, se divise, s'identifie. Quels sont, à l'intérieur même de la ville, ses quartiers et ses cadres de vie, ses intérêts et ses sources de revenus ?

14La définition, l'isolement méthodologique d'une catégorie bourgeoise restent problématiques et soumis à bien des remises en cause. Les limites supérieures et inférieures de la bourgeoisie sont floues, souvent variables, parfois juridiquement indécises, toujours discutables voire indéfinissables quant aux modes de vie et de pensée. Ses découpages internes sont tout aussi complexes. « La bourgeoisie, écrit A. Daumard, contrairement à d'autres groupes sociaux qui peuvent être dénombrés avec précision grâce à des caractères de type institutionnel, professionnel ou autres, est un groupe qu'on ne peut définir à priori sauf à admettre un postulat, par essence indémontré et indémontrable17 ». G. Chaussinand-Nogaret va plus loin encore, parlant de « nébuleuse diffuse », de « concept incertain » et propose de lui substituer celui d'« establishment ». Mais il admet aussi qu'il existe des « bourgeois en tant que personnalités distinctes et socialement définies, toutefois avec incertitude et de trop nombreuses distinctions », avant de s'interroger pour savoir s'ils ont « en commun même revendication d'une identité de classe18 ». Plutôt que du groupe, de la classe sociale, concepts peut-être trop rigides, c'est des individus qu'il faut partir afin de déterminer si des niveaux de richesse, des types d'activités, des degrés de respectabilité et de pouvoir, des modes de vie et de pensée assez proches, conduisent effectivement à des comportements identiques, voire identitaires. Le bourgeois n'est pas un ; il est multiple et protéiforme et cette diversité explique les difficultés de définition du groupe social. Mais, au-delà des oppositions internes, et malgré une ouverture sociale très large, il n'en reste pas moins qu'il existe dans la France d'Ancien Régime une réalité sociale intermédiaire entre le petit peuple et l'artisanat (définis par des critères économiques), et la noblesse (définie sur des bases juridiques et politiques). C'est ce déplacement qualitatif des critères de définition qui rend délicate la perception de la bourgeoisie. Si on s'efforce de distinguer clairement les deux axes, on doit considérer, d'une part, que la bourgeoisie commence aux limites supérieures du travail manuel et suppose que les conditions de vie matérielle soient assurées en toutes circonstances, et peut atteindre ensuite les niveaux de richesse les plus élevés. D'autre part, elle est limitée par le statut juridique privilégié de la noblesse qui, en Bretagne plus qu'ailleurs, continue de distinguer le Second Ordre du reste de la population19. Nous en resterons donc à une définition négative de la bourgeoisie, une approche partielle, incomplète et probablement insatisfaisante, d'autant plus qu'il faut envisager l'ensemble dans une optique dynamique. La société d'Ancien Régime n'est pas figée même si la division par ordre tend à imposer une image immobile ; il y a ouverture, renouvellement, glissements et mutations sociales permanentes, en particulier au xviii^e siècle, en particulier dans les villes.

15En ville, les riches dépensent, placent, investissent des fortunes, en partie constituées grâce aux campagnes. Il faut donc, dans un deuxième temps, replacer Rennes dans son environnement rural. Milieux naturels, intégration aux circuits commerciaux, état des voies de communications, importance et activité des centres urbains contribuent à modeler des situations très variables sur des régions parfois très proches. La Haute-Bretagne du xviii^e siècle apparaît comme une juxtaposition de nombreux petits « pays » où - nonobstant des caractères généraux identiques - les différences locales peuvent être très affirmées. Ils s'intègrent tous, à des degrés divers, dans un schéma économique régional, voire national, mais y participent en fonction de conjonctures et de disponibilités locales qui leur sont propres.

16L'intervention rennaise dans les campagnes reproduit dans une certaine mesure ces particularismes quant à ses modalités, son intensité, son évolution. Elle répond à des incitations purement urbaines (structure sociale de la ville), nationales (conjoncture économique ou évolution sociale du royaume) mais aussi à des facilités ou à des résistances locales. Cette intervention passe par plusieurs canaux : les activités commerciales, la pratique du crédit, la participation aux « administrations » seigneuriales, provinciales ou royales, et la possession de domaines fonciers. C'est ce dernier aspect que nous avons voulu privilégier tout en n'oubliant pas qu'il n'est qu'un des points de l'intervention des citadins riches dans le milieu rural.

17L'étude des structures foncières de l'Ancien Régime a souvent été abordée à partir des crises révolutionnaires. Ceci afin de saisir et de comprendre les comportements paysans ou les attitudes des différents groupes sociaux, lors des ventes des biens nationaux en particulier. Localement, de nombreux travaux ont déjà étudié ces problèmes de propriété et ont dressé des tableaux des structures foncières autour de Fougères, dans le Coglès ou près de Vitré20. Ailleurs en France, des études semblables ont été faites, en Beauce par G. Béaur par exemple21. Mais les enquêtes sur la propriété des citadins, à la jonction des ambitions rurales et urbaines, restent rares, localisées, peu étendues dans le temps, et touchent souvent des petites villes. Il fallait donc tenter une approche approfondie pour une ville importante et sur une durée quasi séculaire. Ville où, de plus, les enjeux politiques sont particulièrement importants et où les rapports entre noblesse et bourgeoisie s'avèrent complexes.

18Quelle est la part des biens fonciers que contrôlent les Rennais ? Vers quels types de terres orientent-ils leurs préférences ? Comment se constituent ou se désagrègent leurs domaines ? Quelle est la part de la bourgeoisie qui tourne ses regards vers l'agriculture et quels sont les rapports qu'elle entretient avec les autres catégories sociales dans les campagnes ? Quelle est la part représentée par les revenus fonciers dans l'ensemble des revenus bourgeois ? Peut-on discerner une évolution au cours du siècle ? Telles sont les principales questions posées.

19Restait à définir un territoire d'observation. En fonction de l'état des voies de communication et des moyens de transport dont dispose le xviii^e siècle, les limites de l'influence effective des villes sont alors assez étroites. Une distance de 20 kilomètres est déjà considérable, un déplacement de 50 kilomètres devient presque exceptionnel. Pourtant, le rôle de Rennes à l'échelle provinciale, l'importance de sa population et le rayonnement du réseau routier qui la relie au reste de la Bretagne interdisaient à priori une observation sur un espace trop réduit et trop strictement délimité.

20La seule limite qui paraisse véritablement opératoire est la limite provinciale de la Bretagne. La Normandie, le Maine et l'Anjou sont à une cinquantaine de kilomètres de Rennes mais il semble bien - de nombreux détails l'indiquent - que les coupures économiques soient assez nettes entre la Bretagne et les provinces voisines. Certes, on commerce, on échange des produits (vin, bétail, sel, bois...) mais les réseaux commerciaux des villes se distendent à l'approche des limites provinciales. La Bretagne reste une province réputée étrangère en matière de commerce, et des droits de douane l'isolent des provinces voisines et du reste du royaume. On voit assez peu de commerçants lavallois à Vitré, pas plus que de Normands au-delà de Dol et Fougères. Les Vitréens n'interviennent que modestement dans le Bas-Maine, pourtant voisin, et les Rennais y ont probablement un rôle encore plus secondaire.

21Vers l'ouest, les choix sont plus délicats. Rennes a une influence politico-administrative évidente sur l'ensemble de la Bretagne, influence qui se traduit souvent par une attirance économique, professionnelle ou matrimoniale. Pour beaucoup de familles de robins, Rennes peut apparaître comme le couronnement d'une carrière réussie ; pour nombre de marchands et de négociants, les alliances familiales avec des magistrats, des officiers ou des hommes de loi rennais confèrent un prestige social que la fortune du commerce n'apporte pas toujours. Les limites administratives sont ici d'une utilité plus réduite et il serait anormal de restreindre l'étude au seul diocèse de Rennes22. Si les limites diocésaines sont effectivement ressenties par la population et génèrent des sentiments d'appartenance éventuels, elles ne constituent pas des barrières socio-économiques. L'étude inclut donc les deux diocèses de Saint-Malo et de Dol, mais aussi l'extrême nord-est du diocèse de Saint-Brieuc (à l'est de Lamballe), l'est du diocèse de Vannes (selon un axe Malestroit-La Roche-Bernard) et le nord de celui de Nantes. Le territoire d'observation recouvre donc la plus grande partie de la Haute-Bretagne, excluant seulement les zones éloignées où l'influence d'une autre ville est suffisamment forte pour réduire notablement la présence rennaise (Saint-Brieuc, Vannes et surtout Nantes dont la présence est très sensible dès le sud du diocèse de Rennes).

22Mais, au sein de ce vaste ensemble, dans un rayon de 70 à 80 kilomètres autour de la ville, l'intervention rennaise n'est pas toujours aussi sensible ; bien au contraire, elle décroît régulièrement à mesure que la distance augmente. Il est donc logique de privilégier les terroirs les plus proches de Rennes. C'est dans une zone de 30 à 40 kilomètres autour de la ville que l'influence rennaise est la plus évidente et c'est cette zone que nous avons observée le plus attentivement.