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Les cisterciens en Bretagne

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André Dufief

3e partie. Le temps des compromis (vers 1180-vers 1300)

Chapitre VII. Fidélité et compromis. Les aspects particuliers de l’expansion

Entrées d'index

Géographique :

France

Texte intégral

1Au xiiie siècle on peut ainsi distinguer trois groupes d’abbayes. Au premier appartiennent celles qui cherchent essentiellement à acquérir des rentes. C’est le cas des deux dernières nées, Notre-Dame de La Joie et Notre-Dame de Prières ; c’est le cas surtout de Villeneuve et de Melleray. Font partie du second groupe les abbayes qui visent principalement à consolider leur patrimoine foncier : La Vieuville, Bonrepos. Le troisième groupe, enfin, comprend les abbayes de Boquen, de Buzay et de Saint­Aubin-des-Bois où la dilatation de l’assise foncière du temporel, les acquisitions de rentes et de dîmes vont de pair.

La recherche prioritaire des rentes

Les faits

Melleray

  • 1 Cf. supra, p. 176-177.

2À Melleray, l’évolution amorcée durant les années 1180-1210 se poursuit au xiiie siècle1.

  • 2 Don de Geoffroy de Châteaubriant (1220), ADLA, H 75.
  • 3 Don de Brient de Joué (1226), H 75, 19 don de l’hébergement Pelloquin en Mésanger (1235), H 75/24. (...)
  • 4 1230, ADLA, H 75.
  • 5 1242, ADLA, H 75.

3L’assise territoriale du temporel évolue peu. Sur les quarante-huit acquisitions que nous avons recensées pour cette période, sept seulement concernent des biens-fonds qui n’apportent que de médiocres parcelles au domaine de l’abbaye : une tenure à Châteaubriant2, trois hébergements3 à Mésanger et à Joué, quelques terres en Abbaretz4, une platée à Teillay5.

  • 6 En 1270, le recteur d’Abbaretz voulut s’opposer à cette levée de dîmes. Le pape chargea l’official (...)
  • 7 H 75.
  • 8 H 75/20.
  • 9 H 75/40.

4Par ailleurs, les religieux reçoivent des dîmes ou des traits de dîmes. Vers 1240, notamment, Geoffroy de Trent leur cède les deux tiers de toutes ses dîmes d’Abbaretz, donation confirmée en 1242 par Guégon La Grue et Agathe de Trent, nièce de Geoffroy6. Enfin, ils acquièrent trente-et-une rentes dont vingt-cinq en espèces. Si la plupart sont modestes, certaines, assises sur des recettes seigneuriales, sont d’un apport non négligeable. En 1238, Geoffroy, baron de Châteaubriant, donne quarante sous in venda panis, leguminum et fructuum, sur le chemin de Châteaubriant, à prendre lors de la foire de la Saint-Denis7. Pierre de Chemillé concède une rente de huit livres sur le péage du Lion-d’Angers8. Geoffroy V de Châteaubriant, désireux de fonder deux chapellenies pour le repos de son âme et de celle de Sybille sa femme, réserve l’équivalent d’une rente de trente-sept livres et demie à prendre également sur les tonlieux et péages de Châteaubriant9.

  • 10 Cf. Canivez, Statuta, 1249.
  • 11 Cf. supra.

5Cette longue énumération de biens, rentes et dîmes donne toutefois une image un peu trompeuse de la situation économique de l’abbaye. Son équilibre en effet devait être assez fragile. En 1249, par exemple, en raison de la pénurie de blé et de la mauvaise récolte de l’année, l’abbé de Melleray doit solliciter du Chapitre Général l’exemption d’accueillir des hôtes ad commorandum10. De même, la rente accordée en 1200 par Geoffroy de Châteaubriant vise à permettre aux religieux d’acheter les cinquante setiers de blé nécessaires à la fabrication du pain conventuel11.

Villeneuve

  • 12 Cf. tableau n° 13.
  • 13 1216, don d’Aimery de Saint-Mars-de-Coutais : ADLA, H 86/15.
  • 14 1223, don de Sylvestre de Rezé, H 86/10.
  • 15 Don de Guillaume d’Apremont, H 86/13.
  • 16 1256, don de Pierre Caphin et de sa femme, H 86/19.
  • 17 ADLA, H 86/11 « Vente faite par devant Henri, évêque de Nantes, par Martin Coyle, d’un four au pro (...)

6Les religieux de Villeneuve suivent la même politique que ceux de Melleray12. Leurs acquisitions de biens-fonds demeurent limitées : une vigne à Saint-Léger13, deux journaux de pré dans la vallée de la Loire, aux environs de Rezé14, un tiers de jardin en Apremont15, quelques terres, La Vincée et La Ménautie, situées au nord de la rivière l’Ognon16. Enfin l’abbaye achète en 1231 un four à Martin Coyle17.

  • 18 H 86/10.
  • 19 H 86/8.
  • 20 H 86/20.
  • 21 1230, H 86/11.
  • 22 H 86/27.
  • 23 H 86/29.
  • 24 H 86/33.

7Par ailleurs, l’abbaye acquiert quelques rentes en nature (cinq) et surtout en espèces (dix). En 1215, Guillaume de Rezé lui concède ainsi quinze lamproies sur l’écluse d’Étiveau18. Renaud Boureau, bourgeois de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, donne en 1253 une rente d’une mine de froment assise sur la terre qu’il possède à Saint-Étienne-de-Mer-Morte19. En 1256, Guillaume de Rezé, fils du précédent, fait une donation de deux setiers de seigle20. Les dons en argent sont dans l’ensemble peu élevés : dix sous sur la saline d’Olivier Millot à Prigny21, quatorze sous cédés par des paysans, Stéphane Roulor et son épouse Jeanne22, dix sous donnés par un chevalier, Guillaume de Rochefort23, etc. La rente la plus importante est celle concédée par Olivier de Machecoul, seigneur de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu et de La Bénate. En 1272, celui-ci remplace les vingt livres de rente qu’il donnait jusqu’ici à l’abbaye et qui étaient assises sur son domaine de Maruel-sur-Marne en Champagne, par quarante livres de rentes assises sur le marais Fauchier24.

Tableau n° 12. ÉVOLUTION DU TEMPOREL DE L’ABBAYE DE MELLERAY AU xiiiE SIÈCLE

I – Acquisition de biens-fonds

I – Acquisition de biens-fonds

D = don - E = échange - A = achat

II – Acquisitions de rentes

II – Acquisitions de rentes

III – Acquisitions de dîmes

III – Acquisitions de dîmes

Tableau n° 13. ÉVOLUTION DU TEMPOREL DE L’ABBAYE DE VILLENEUVE (xiiiE SIÈCLE)

I – Acquisitions de biens-fonds

I – Acquisitions de biens-fonds

II – Acquisitions de rentes

II – Acquisitions de rentes

Tentatives d’explication

8La politique d’expansion poursuivie par les religieux de Melleray et de Villeneuve obéit à des considérations diverses que nous tenterons brièvement de résumer.

Les considérations géographiques et économiques

9Les facteurs d’ordre géographique et économique semblent avoir été déterminants. Les terroirs les plus riches étaient en effet occupés et mis en valeur, depuis longtemps déjà, par les prieurés bénédictins vers lesquels l’élan des donations, dû à la piété populaire, ne cesse de se manifester au xiiie siècle.

Les considérations ecclésiastiques

  • 25 Quand des transactions sont passées en faveur de Buzay dans les régions marginales, des délégués d (...)
  • 26 Exception faite pour la donation d’Olivier Maillat et celle d’Olivier de Machecoul. Cf. notes 21 e (...)

10Buzay, d’autre part, bloquait l’expansion des deux abbayes vers les terres nouvellement mises en valeur au voisinage de la baie de Bourgneuf. Melleray ne s’aventure jamais dans la partie sud-ouest du comté de Nantes et il est fort probable qu’un accord tacite réglait ses rapports avec Buzay au sujet du partage des zones d’influence des deux abbayes25. Pareillement, Villeneuve se cantonne dans la partie orientale du lac de Grand-Lieu26.

  • 27 Points de passage, marchés, pour Melleray.
  • 28 Cf. supra.

11On comprend mieux, ainsi, que les moines de Melleray et de Villeneuve aient avant tout cherché à acquérir des rentes et des ressources susceptibles de s’accroître27 pour faire face aux années difficiles28.

La consolidation du patrimoine foncier : La Vieuville, Bonrepos

12À l’opposé de Melleray et de Villeneuve, certaines abbayes semblent avoir eu pour objectif principal de consolider leur patrimoine foncier en y acquérant une autonomie totale. C’est le cas de La Vieuville et de Bonrepos.

La Vieuville

  • 29 Cf. tableau n° 14.
  • 30 L’évolution précise du temporel de l’abbaye de La Vieuville au xiiie siècle nous échappe partielle (...)

13La répartition géographique des biens de La Vieuville, par exemple, n’évolue guère au xiiie siècle. Les moines acquièrent seulement quelques terres sises à Combourg ou dans le Clos-Poulet, autour de Saint-Ideuc. Leur poussée vers les rivages de la baie du Mont-Saint-Michel s’essouffle et ils n’obtiennent là que de médiocres parcelles : deux acres de terre en Hirel (1242), un champ à Cherrueix (1244), un clos et une grange à La Fresnais (1139-1267). Par contre, ils veillent à accroître le domaine proche de l’abbaye dans la paroisse d’Épiniac, achetant ou se faisant concéder des terres, des prés, un moulin, deux maisons29. Partout ils veillent à libérer leurs terres de toute sujétion et à en percevoir les dîmes30.

Bonrepos

  • 31 Cf. tableaux n° 10 et 15.
  • 32 En Bretagne, le terme de villa désigne des unités domaniales de superficie modeste.
  • 33 Cf. Geslin, t. VI, p. 158.
  • 34 Cf. tableau n° 15.
  • 35 Cf. Dom Morice, Preuves, I, 951. Geslin, t. VI, p. 183.
  • 36 Cf. ADCdA, H (sans cote), inventaire de 1743.
  • 37 Ibid.

14C’est apparemment la même politique qu’adoptent les moines de Bonrepos. La majeure partie de leurs acquisitions (44,3 %)31 concerne des biens-fonds situés dans les paroisses proches de l’abbaye : Saint-Igeaux, Plussulien, Corlay, Laniscat, Saint-Mayeux, Gouarec et Saint-Martin-des-Prés. Dans cette dernière notamment, Henri d’Avaugour leur cède, en 1217, les villae32 de Guenbourg et de Kerverbel33 où ils constituent peu à peu une grange34, attestée en 1249 et 125135. Leurs efforts principaux toutefois portent sur l’acquisition de terres et de prés en bordure du Blavet près de Gouarec, à trois kilomètres environ de l’abbaye. En 1254, Alain Bastard, écuyer, leur cède Rosquelfen avec ses bois, ses terres et ses dépendances36. En 1265, ils achètent à Guillaume, fils de Geoffroy Bertaux, des prés situés dans la vallée du Blavet37.

  • 38 Ibid.
  • 39 Cf. tableau n° 15.

15En 1286, enfin, Hamon, fils de Restou, leur cède, toujours à Rosquelfen, quarante-quatre journaux de terre arable et deux journaux de prés de fauche38. Dans les dernières années du xiiie siècle, en outre, l’abbaye étend ses possessions dans des paroisses plus éloignées, Seglien et Plouguernevel39 notamment.

  • 40 Signalons notamment la donation de 10 livres sterling faite par Alain V (ADCdA, H, inventaire de 1 (...)
  • 41 Cf. tableau n° 11.

16Les moines de Bonrepos, par ailleurs, ne négligent pas les acquisitions de rentes en espèces (12,2 %)40 ou en nature (18,8 %). Sept sur vingt-deux ont pour assise les revenus de moulins à vent, apparemment nombreux sur les hauteurs qui environnent l’abbaye41.

Tableau n° 14. ÉVOLUTION DU TEMPOREL DE L’ABBAYE DE LA VIEUVILLE (xiiiE SIÈCLE)

I - Acquisitions de biens-fonds

I - Acquisitions de biens-fonds

D = don - E = échange - A = achat

II – Acquisitions de dîmes ou de traits de dîme

II – Acquisitions de dîmes ou de traits de dîme

III – Acquisitions de rentes

III – Acquisitions de rentes

Tableau n° 15. ÉVOLUTION DU TEMPOREL DE L’ABBAYE DE BONREPOS (xiiiE SIÈCLE)

I – Acquisitions de biens-fonds

I – Acquisitions de biens-fonds

II - Acquisitions de rentes

II - Acquisitions de rentes

III – Acquisitions de dîmes ou de traits de dîmes

III – Acquisitions de dîmes ou de traits de dîmes

Dilatation de l’assise foncière du temporel et acquisitions de rentes : Buzay, Boquen, Saint-Aubin-des-Bois

17À Buzay, Boquen et Saint-Aubin-des-Bois, la dilatation de l’assise foncière du temporel et l’acquisition de rentes vont de pair. Au xiiie siècle les religieux de ces trois abbayes se trouvent désormais à la tête de seigneuries rurales plus ou moins vastes. Ils disposent de numéraire et de surplus de céréales. Comment, dans ces conditions, rester absolument fidèles aux exigences de la règle cistercienne ? Les moines de Buzay réalisent un compromis plus ou moins habile entre l’exploitation directe de leur patrimoine et l’accensement. Ceux de Boquen et de Saint-Aubin-des-Bois effectuent de fructueux placements de capitaux.

Buzay

La dilatation du temporel

18Entre 1220 et 1300, le temporel de Buzay ne cesse de s’étendre suivant les mêmes directions géographiques qu’au xiie siècle : les rivages de l’Océan, de Pornic à Beauvoir, les vallées de la Loire et de l’Acheneau.

19La poussée vers l’Océan

20Le phénomène essentiel demeure la poussée de l’abbaye vers les rivages de la baie de Bourgneuf où elle acquiert des fonds de terre (salines, « terres », pré, pâturages), des maisons et des moulins, des animaux, des droits divers et des rentes.

  • 42 ADLA, H 32.
  • 43 D’après Dugast-Matifeux (M.), Nantes ancien et le pays nantais, Nantes, 1879, l’aire serait une su (...)
  • 44 ADLA, E 80, copie papier du xve siècle (sentence condamnant à restituer aux moines de Buzay le leg (...)
  • 45 H 72, copie de l’inventaire de 1693.
  • 46 Cf. tableau n° 16.
  • 47 H 26/27.

21Les salines occupent la première place. Aux Moutiers, un chevalier, Pierre du Val, leur cède la saline Harscouët en 122242. Renaud du Collet y ajoute, avant 1253, soixante aires43 de salines44. À Machecoul, Tiphaine, épouse de G. Geneure, leur abandonne, en 1244, seize aires salantes dans le marais de Moreil45. C’est à Bouin, toutefois, que les religieux font le plus d’acquisitions. Trois dons leur apportent cent soixante-douze aires. Entre 1279 et 130046, six achats, qui traduisent leur volonté systématique d’arrondir leur patrimoine dans la région, leur procurent cent soixante-quatre nouvelles aires auxquelles il faut ajouter un retrait de mer également acheté en 128447. À Beauvoir enfin ils obtiennent, avant 1250, vingt-trois aires salantes.

  • 48 H 54.
  • 49 H 24/3.
  • 50 H 24. Preterea triginta et sex areas salinarum cum omnibus pertinenciis suis de novo datas et conc (...)
  • 51 H 24.

22Buzay obtient également des marais. Certains sont indiscutablement transformés en salines par les moines. En 1222, Geoffroy Trousseau et Alix son épouse, cèdent, par exemple, tous leurs droits de propriété sur les salines de l’abbaye sises dans le marais de Beauvoir quod vocatur Buzeium sive jam edificato vel non edificato48. En juin 1239, Aurède, recteur de Bouin, leur donne une partie du marais de La Plate49. L’année suivante, Marguerite de Montaigu, dame de La Garnache, ratifiant les donations faites à Buzay dans son fief, signale, à cet endroit, l’existence de trente-six aires de salines50. L’accroissement de l’espace consacré au sel dans l’île de Bouin est encore attesté en 1284 quand Guillaume Garnier cède trente-six aires de salines dans le « nouveau marais » de La Picassière51.

  • 52 H 24.
  • 53 H 26.

23Tous les marais, cependant, n’étaient pas salants et certains étaient transformés en prés destinés à l’élevage du mouton. Buzay obtient ainsi, avant 1257, six « hommées » de prés aux Moutiers. En 1221, Olivier de Zoche lui donne tout ce qu’il percevait en Bouin sur la laine, les agneaux et le vin52. En 1258, Guillaume de Salins lui remet, contre vingt-cinq sous de rente tous les droits qu’il percevait sur les biens des religieux dans l’île de Bouin videlicet salinis cum pertinentiis suis, terris, pratis, pascuis, domibus, molendinis, et cujuslibet generis animalibus que videlicet animalia in presenti in dicta insula habent vel in posterum in eadem habituri sunt ; et preterea quicquid habebam et percipiebam vel habere et percipere debebam in memorata insula, ratione servientie et septimi mei in decimis lanerum et agnorum53.

  • 54 H 24/1.
  • 55 H 24 ; avant 1257.

24Par ailleurs, Buzay obtient, toujours le long du littoral, quelques pièces de vigne, des tènements54, des maisons, un moulin à vent situé à La Coupelace55, des moulins à eau dans le port de Bouin.

  • 56 Cf. tableau n° 16, II.
  • 57 H 24.

25Elle acquiert enfin des rentes, modestes et nombreuses, assises sur des possessions foncières et notamment sur des salines56. La plus lucrative est octroyée en 1266 par Eustachie, épouse de Gérard Chabot, sire de Retz. D’un montant de dix livres, elle est assignée sur les droits perçus par les sires de Retz sur les navires touchant le port de Bouin57.

26Le regroupement des possessions continentales

27La physionomie des possessions continentales de l’abbaye évolue sensiblement au xiiie siècle. Le phénomène principal, là, consiste dans le regroupement de ses biens autour de deux axes principaux : la vallée de la Loire et celle de l’Acheneau.

  • 58 Cf. infra.
  • 59 ADLA, H 23/1.

28Au nord-ouest du comté de Nantes, en effet, les religieux avaient établi au xiie siècle, une grange à Bolhet. Ils possédaient des terres au Bran, des droits d’usage dans la forêt du Gâvre. Ils percevaient des rentes sur le marché de Pontchâteau. Ces biens isolés, trop éloignés du monastère, ne s’accroissent guère au xiiie siècle. Les moines semblent s’en désintéresser. Ils arrentent leur domaine de La Moire en Savenay58 ; Bolhet n’est plus mentionnée comme grange dans la bulle d’Innocent IV de 124959.

  • 60 Ibid.
  • 61 H 46.
  • 62 Cf. ADLA, H 47 et H 71. ADIV, 1 F 458. Cet échange fut d’autre part confirmé en 1251 par Jean Ier (...)
  • 63 Ibid.
  • 64 H 56.
  • 65 ADLA, H 23/1.

29Par contre, ils consolident leur implantation au confluent de la Loire et de l’Acheneau. Ils y fondent de nouvelles granges : L’Agnelière, Quiriole, Chalières, Redefou, Le Tenu sur la rive gauche60. Sur cette même rive, ils constituent d’importantes exploitations à Launay, Lunière et L’Angle. À L’Angle, notamment, ils acquièrent un pré en 123761 ; en 1250, ils échangent avec Silvestre de Rezé le quart de La Haie-Durand et une maison contre des terres, des prés de fauche, des pâturages, des pêcheries, des rentes acquises par le même Silvestre sur cette terre62 ; ils achètent enfin, en 1259 et 1260, les droits que possédaient Jean Bonenfant, Pierre Pélerin, et leurs épouses, Agnès et Orguen63. Dans la paroisse de Vue, ils arrondissent lopin par lopin64 leur domaine autour de la grange de Chereau65.

  • 66 Cf. tableau n° 17, II.

30Le long de l’Acheneau, les religieux ont des rentes à Cheix, au Pilon ; le long de la Loire des revenus variés à Frossay, à Cordemais, au Pellerin, à Bouguenais, à Couëron, à Rezé… Ils perçoivent des rentes sur des maisons et sur des vignes à Nantes, Clisson et Montaigu66.

31Entre les deux rivières enfin, ils exploitent la grange de Bois-Benoît en forêt de Nantes.

Les nouvelles orientations économiques

32La dilatation de leur patrimoine côtier en même temps que l’accroissement de leurs possessions continentales posaient un problème délicat aux Cisterciens de Buzay : comment exploiter leur temporel, comment le faire valoir ?

33La mise en valeur du patrimoine côtier

  • 67 H 24/2.
  • 68 H 26/16.

34Sur leurs possessions côtières, ils semblent être restés fidèles à la pratique du faire-valoir direct. Les textes, en effet, mentionnent la présence de convers67 parmi lesquels certains exploitent des tènements à Bouin68.

  • 69 ADLA, H 24.
  • 70 ADLA, H 24. Ce type de tenure en précaire est également utilisé par les religieux de Buzay pour la (...)
  • 71 ADLA, H 26.
  • 72 Ibidem.
  • 73 Ibidem.
  • 74 Comme on le voit ce contrat réalise un compromis entre l’affermage, l’accensement et le bail à pré (...)

35Parfois cependant les religieux n’hésitent pas, comme dans les années 1180-1210, à confier à d’autres le soin de mettre en valeur leurs terres ou leurs salines. En 1224, lors de la confirmation de la donation faite par Orguen, femme de Pastiz de Bouin69, de cent vingt aires de salines, du marais de La Robardière, de la terre voisine de l’enclos de La Guimardière, du clos de La Boce et de la troisième part des revenus du moulin de Bouin, Jean Reujart et sa femme, parents d’Orguen, acceptent un nouveau bail à précaire par lequel ils s’engagent à verser trente sous de cens annuel, payables à l’Assomption pour continuer à jouir du patrimoine de leurs parents70. Les moines de Buzay utilisent également le système du fermage. En 1255, ils concèdent pour deux vies à Jean Moreau, prévôt de Bouin, un clos avec son moulin à vent à La Boce. Ils obtiennent en échange quinze livres de rente de loyer payables en trois termes : cent sous à la Sainte-Marie-Madeleine, cent sous le dimanche suivant la mi-août, cent sous à la Saint-Michel. Jean Moreau, de son côté, s’engage à maintenir le clos en bon état. Dans le cas contraire et s’il ne paie pas les quinze livres promises, les moines pourront saisir, outre le clos, quatre-vingt-dix aires salantes. Jean Moreau s’engage enfin à bien recevoir les religieux qui viendront au clos en leur fournissant « foin, chandelles, bois et repas ». À sa mort le clos reviendra à Buzay71. C’est évidemment ce qui arrive. En 1287, en effet, La Boce, agrandi en 1283 par l’achat d’un retrait de mer72, est baillé à Pierre le Chapelain, pour deux vies, contre un loyer qui passe de quinze à vingt-cinq livres73. C’est un contrat d’un même type qui unit Guillaume Médecin et Rose, sa femme, aux religieux. En 1257, ces derniers leur cèdent deux marais situés, l’un au pied du château de Prigny, l’autre entre Prigny et les Moutiers, pour quarante sous de redevance annuelle, payable à l’Assomption. Interdiction leur est faite de les vendre ou de les aliéner. Cependant il n’est pas prévu que les marais feront retour à Buzay à leur mort. Guillaume et Rose en outre peuvent continuer à jouir de six hommées de pré dont ils avaient cédé la nue-propriété à Buzay74.

36Toutes ces conventions témoignent en faveur d’une gestion extrêmement avisée. Quand ils ne peuvent l’exploiter eux-mêmes, les religieux de Buzay font fructifier leur patrimoine par des associés, sans l’aliéner d’une manière définitive.

37La mise en valeur des possessions continentales

  • 75 Cf. Lebigre (A.), op. cit., p. 474-475.
  • 76 Cf. ADLA, H 54.
  • 77 H 71.
  • 78 H 54.
  • 79 H 56.

38La même évolution caractérise la mise en valeur des possessions continentales de l’abbaye. Le phénomène de l’arrentement y revêt toutefois une forme plus systématique, « les revenus réguliers étant là, préférés à l’ancienne formule du faire-valoir direct »75. En 1226, une platée sise à Beauvoir est arrentée pour dix sous de cens à Geoffroy Guillot76. Le droit de pêche à la senne dans le lac de Grand-Lieu qui faisait partie de la donation initiale du duc de Bretagne, est arrenté pour trente-quatre sous de cens en 1236 à Guillaume Seuzille, P. Juquel, Daniel de Bouaye et Élie Renou77. Une maison et une vigne à Beauvoir sont arrentées en 1267 à Étienne Fourquier de Noirmoutier78. Arrentées également les vignes que l’abbaye possédait à Vue contre quinze sous de rente79.

  • 80 H 55.

39L’opération la plus caractéristique porte sur le domaine de La Moire en Savenay. En 1237, Barthélemy, abbé de Buzay, l’arrente à Geoffroy de Lavau, descendant du donateur, pour trente sous de cens annuel. Les conditions posées sont assez dures pour le tenancier : il est tenu de surveiller les forêts du domaine, ne doit ni vendre ni laisser prendre le bois dont il ne peut user que pour son « chauffage et son usage » tandis que les religieux peuvent se l’approprier, le donner ou le vendre à leur gré. En 1245, La Moire est concédée à un nouvel intéressé, Méen de Derval, pour quatre-vingt-dix sous de rente annuelle, augmentée de cinq sous pro recognitione domini et assortie de l’astreinte de trois sous par semaine si les sommes ne sont pas versées aux échéances prévues80.

  • 81 Cf. ADLA, H 51.
  • 82 Cf. ADLA, H 57.

40Enfin, l’un des plus anciens domaines de l’abbaye, la grange de Buzon est arrentée en 1245 à un chevalier, Raoul Larchet, moyennant dix livres tournois81 ; celle de Bois-Benoît est abandonnée en 1296 au duc de Bretagne, Jean II, qui assigne en échange aux religieux vingt-cinq livres de rentes annuelles sur les revenus de la Prévôté de Nantes82.

41Les Cisterciens de Buzay ont donc abandonné, au xiiie siècle, sur une partie de leurs biens, la pratique du faire-valoir direct. Excellents gestionnaires, ils veillent cependant à ne pas aliéner de manière définitive les plus belles portions de leur domaine : la grange de Buzon, par exemple, doit leur revenir, avec toutes les améliorations apportées, à la mort de Raoul Larchet. Un fait paraît certain : vers 1300, leur seigneurie rurale n’est pas une seigneurie rentière.

Tableau n° 16. ÉVOLUTION DU TEMPOREL DE L’ABBAYE DE BUZAY (xiiiE SIÈCLE)

I – Acquisitions de biens-fonds

I – Acquisitions de biens-fonds

D = don - E = échange - A = achat

II – Acquisition de rentes

II – Acquisition de rentes

III – Acquisitions de dîmes ou de traits de dîmes

III – Acquisitions de dîmes ou de traits de dîmes

Boquen et Saint-Aubin-des-Bois

42C’est une politique différente qui est poursuivie à Saint-Aubin-des-Bois et à Boquen. Ces deux abbayes voient au xiiie siècle s’élargir l’assise de leur patrimoine foncier en même temps qu’affluent vers elles les donations en revenus. Elles n’en restent pas moins fidèles au faire-valoir direct et préfèrent réaliser avec les surplus dont elles disposent, tant en numéraire qu’en nature, de fructueux placements.

La dilatation des patrimoinesBoquen

  • 83 Cf. Geslin, t. III, XIX, p. 231.
  • 84 Carbéhaut apparaît pour la première fois dans la bulle du pape Alexandre III confirmant les biens (...)
  • 85 C’est d’elle qu’il s’agit sans aucun doute dans la confirmation d’Alexandre III (cf. note précéden (...)
  • 86 Confirmant à la demande de B. abbatis et tocius conventus Sancte Marie de Boquiam les biens de l’a (...)

43Vers 1200, l’abbaye de Boquen avait déjà acquis un important patrimoine foncier. Le domaine proche, comme le montre la confirmation d’Alain de Penthièvre, datée de 121183, s’étendait essentiellement sur la forêt de Boquen entre le monastère au nord, la paroisse de Langourla à l’est, la Rance au sud. Deux et peut-être trois granges avaient vu le jour : celle de Carbéhaut84 en Plénée-Jugon, celle de Saint-Cado en Sévignac85, celle de L’Hermitage en Broons86.

  • 87 Geslin, t. III, XXIII, p. 232.
  • 88 Geslin, t. III, CXVI, p. 266 (1271).
  • 89 Geslin, t. III, CXX, p. 268 (1271) ; CXXXVIII, p. 273-274 (1273).
  • 90 Échange avec Alain du Parc, 1271. Geslin, t. III, CXVIII, p. 266, cf. aussi la carte d’État Major (...)
  • 91 Geslin, t. III, LIII (1248).
  • 92 Accords avec Alain Prigent, Geslin, t. III, LXVI (1257), et Thomas Malostre « lépreux de la lépros (...)
  • 93 « Il y avait quatre petits étangs aux environs de la dite abbaye lesquels ne sont presque d’aucune (...)
  • 94 Ce dernier était situé à environ 5 km au N.O. de l’abbaye. Les crues de l’étang situé derrière la (...)
  • 95 Geslin, III, XXIV.
  • 96 Ibid., CXI, p. 264.
  • 97 Ibid., CXIV, p. 265.
  • 98 Ibid., CXXII, p. 271.
  • 99 Ibid., CXXXVI, p. 273.
  • 100 Ibid., CLV.
  • 101 Ibid., CLXXIII.
  • 102 Ibid., CLV.
  • 103 Ibid., CXXIV, p. 269.
  • 104 Ibid., CXXXVII, p. 273.
  • 105 Ibid., LXXVII.

44Au cours du xiiie siècle, les moines arrondissent patiemment leurs domaines autour de ces deux dernières granges et au voisinage de l’abbaye dans la paroisse du Gouray. Là, ils acquièrent des biens-fonds : Le Ranlatre, cédé en 1216 par le duc Pierre de Dreux87, quelques prés, cédés en pure aumône88 ou parfois achetés89. Ils n’hésitent pas à abandonner des terres relativement éloignées comme celles de La Boulaie, situées sur la rive droite de la Rance au profit de rentes et de dîmes portant sur des biens plus proches du monastère, La Ruais et La Tiolais, sises sur la rive gauche90. Ils veillent surtout à préserver leurs droits d’usage dans la forêt de Boquen les disputant âprement au duc de Bretagne Jean Le Roux et aux châtelains de Jugon91, désintéressant les autres possesseurs de droits92. Ils veillent enfin à entretenir leurs étangs93 et leurs moulins, notamment celui de Quilloury94. À Sévignac, leurs possessions ne cessent de s’accroître autour de la grange de Saint-Cado ; ils y possèdent des vignes, comme l’atteste un accord passé en 1218 avec Geoffroy Batelle95. En 1271, Gautier Lemoine, Théophanie, sa femme, Jeanne la Bourdaise, sa sœur, Pétronille la Bricheste et son fils Jean, leur aumônent le champ de La Moinerie situé prés de leur « manoir » ainsi qu’un pré adjacent sis en bordure de la Rieule96. Toujours en 1271, Robert Meunier, leur donne un hébergement et un pré voisins de leur propre « hébergement »97. Un an après, Geoffroy Thibaud leur abandonne ses droits sur un terrain situé entre la villa de Pengly et leur « grange »98. D’autres dons leur sont faits en 127399, 1276100, 1283101, qu’ils complètent par un achat102. Autour de la grange de L’Hermitage à Broons, par contre, les possessions des religieux ne s’accroissent guère. Un pré leur est cédé en 1272103 ; des terres, des bois, des landes, leur sont aumônés en 1273104. On sait par ailleurs qu’ils y possèdent un moulin : en 1262 Jean Pilort et son épouse abandonnent tous leurs droits sur un canal qui y conduisait l’eau105.

  • 106 Ibid., XLVIII, p. 245.
  • 107 Geslin, t. III, XLVIII, p. 245.

45En dehors de ces biens, tous concentrés dans des paroisses proches de l’abbaye, Sévignac, Le Gouray, Langourla, Broons, les Cisterciens de Boquen ne font que de médiocres acquisitions. Une seule mérite quelque attention, celle de la chapelle Saint-Maurice en Morieux située près du rivage de la Manche. Elle est cédée en 1244 par l’évêque de Saint-Brieuc avec l’accord du recteur de Morieux106. Les moines d’ailleurs y possédaient déjà une pêcherie située à l’embouchure du Gouessant107. Ils y ajoutent au xiiie siècle quelques parcelles de terre.

  • 108 Cf. le privilège accordé à Boquen par le pape Innocent III en 1207 ; Geslin, t. III, XV, p. 229-23 (...)
  • 109 Cf. tableau n° 17 III.
  • 110 Ibid., III.
  • 111 Geslin, III, XLIX, p. 241-242.
  • 112 Cf. tableau n° 17, IV.

46À côté de cette volonté patiente et, sans aucun doute, délibérée d’arrondir l’assise foncière de leur temporel, d’y obtenir les exemptions les plus nombreuses et la plus grande liberté d’action possible108, on perçoit chez les religieux de Boquen une volonté non moins grande d’acquérir des rentes et des dîmes. Certaines, parmi ces dernières, concernent vraisemblablement des biens appartenant à l’abbaye telles celles qu’elle acquiert au Gouray, à Sévignac ou à Broons. Il est plus douteux qu’il en soit de même pour les dîmes obtenues dans des paroisses plus éloignées : Tréméloir, Plouasne, Trébédan, Plessala, Caulnes, Saint-Vran, Goméné, Bourseul109. Quant aux rentes, assises le plus souvent sur des revenus fonciers ou des droits seigneuriaux, elles sont pour la plupart en nature et, elles aussi très dispersées110. Elles procurent aux moines des surplus qu’ils commercialisent : par une bulle datée de 1245, Innocent IV les dispense en effet de tout droit de « péage, vinage, rotage pour l’acquisition ou la vente de vin, de laine ou d’animaux »111. Ils peuvent ainsi, comme nous le verrons ultérieurement, réaliser d’intéressants placements de capitaux112

Tableau n° 17. ÉVOLUTION DU TEMPOREL DE L’ABBAYE DE BOQUEN (xiiiE SIÈCLE)

I – Acquisition de biens-fonds

I – Acquisition de biens-fonds

D = don - E = échange - A = achat

II – Acquisitions de rentes

II – Acquisitions de rentes

III – Acquisitions de dîmes ou de traits de dîmes

III – Acquisitions de dîmes ou de traits de dîmes

IV – Prêts

IV – Prêts

M.C. = monnaie courante

47Saint-Aubin-des-Bois

  • 113 Cf. Geslin, t. III, V, p. 37. L’existence de la grange de Saint Sulien est également attestée en 1 (...)

48À la fin du xiie siècle, les possessions de l’abbaye de Saint-Aubin-des-Bois étaient assez étroitement localisées autour de la forêt de Lamballe. Au sud-ouest de celle-ci elle avait même fondé une grange, à Saint-Sulien, dans la paroisse de Saint-Rieul113.

  • 114 Cf. tableau n° 11. L’abbaye acquiert des biens-fonds (34,2 %), des rentes (34,2 %), et des dîmes ( (...)
  • 115 Cf. tableau n° 18.
  • 116 Cf. Geslin, III, XXXIV, p. 52 (1219) ; XLII, p. 56 (1223) ; L, p. 60 (1226) ; CCLVII, p. 148 (1268 (...)
  • 117 Pour le détail des acquisitions cf. notre tableau n° 18. Les documents relatifs à l’abbaye de Sain (...)
  • 118 Cf. Geslin, III, XXII, (don du prieuré de Saint-Gallery à l’abbaye de Saint-Valéry par Olivier de (...)
  • 119 Geslin, CCCXXXIV, p. 196-197. Don d’une pièce de terre située dans la paroisse de Saint- Germain-d (...)
  • 120 Cf. tableau n° 18 et Geslin, t. III, CCCIII, 1285, confirmation des biens de l’abbaye en Saint- Su (...)

49Le phénomène marquant du xiiie siècle est, outre la dilatation de son patrimoine114, la modification de son assise géographique. Ce sont désormais les riches terres limoneuses des paroisses maritimes, Plévenon, Pléhérel, Pléboulle, Erquy, ou proches de la mer, Hénansal, Hénanbihen, Matignon, qui attirent les moines115. Avant 1219, une nouvelle grange voit le jour en Saint-Quéruc dans la villa de Saint-Cano116. Les religieux acquièrent petit à petit des terres arables, des champs, des prés, des « hébergements » au sud de la paroisse de Hénanbihen, à La Ville-Gestin, Villeorin, Villepoissin, La Guichousais, Quineleux, dans celle de Saint-Denoual à La Pâquerie, La Guyomarais, La Gourhandais, dans l’est de la paroisse à Gueltas et Saint-Maleu. Aussi peuvent-ils édifier là une troisième grange, avant 1260117. Leur principale acquisition toutefois reste celle du prieuré de Saint-Gallery acheté en 1259 pour cent livres parisis et vingt livres tournois de rente à l’abbaye de Saint-Valéry-sur-Mer qui le jugeait trop éloigné118. Ce prieuré est lui aussi transformé en grange comme l’atteste un accord passé en 1297 avec Alain de La Roncière119. Saint-Aubin enfin possède quelques vignes, des clos, des prés, en bordure de la Rance, entre Saint-Suliac et la Ville-ès-Nonais120.

  • 121 Geslin, t. III, LXXXVIII, p. 77-78.
  • 122 Ibid., III, CCCIII (1291) et CCCXV (1292).
  • 123 Ibid.
  • 124 Geslin, III, LXXVIII, p. 72-73.
  • 125 Cf. tableau n° 18, II, III.
  • 126 En 1243, Alain de La Roche abandonne aux religieux son droit sur les étaux dans la grange de Saint (...)

50Malgré les apparences toutefois, les moines de Saint-Aubin ont parfois abandonné, sur une partie de leurs possessions, généralement les plus ingrates ou les plus éloignées du monastère, le système de mise en valeur directe. Un accord passé avec le recteur de Noyal en 1232121 nous apprend, par exemple, que les religieux qui, jusqu’alors, avaient l’habitude d’exploiter eux-mêmes leurs terres situées près de la grange de Saint-Sulien, envisagent désormais d’en confier l’exploitation à des tenanciers. Ils accensent à Pierre du Val un « hébergement » et un champ sis en Dolo122 avant de l’affermer à un certain Robert Lamire, bourgeois de Jugon123. En 1231, Geoffroy le Charpentier leur cède sa terre de La Planche-Thibault qu’il continuera cependant à exploiter, toute sa vie durant, contre six deniers de rente payables à la Saint-Michel124. Ces transactions, trop limitées et trop peu nombreuses, ne permettent pas cependant d’affirmer qu’il y a eu à Saint-Aubin, une politique systématique de restructuration du domaine et de modification du faire-valoir de ce dernier. Comme à Boquen, les religieux veillent surtout à acquérir des rentes ou des dîmes125 qui leur offrent des surplus commercialisables126.

Tableau n°18. ÉVOLUTION DU TEMPOREL DE L’ABBAYE DE SAINT-AUBIN-DES-BOIS (xiiiE SIÈCLE)

I – Acquisition de biens-fonds

I – Acquisition de biens-fonds

II – Acquisitions de rentes en nature

II – Acquisitions de rentes en nature

III - Acquisitions de rentes en espèces

III - Acquisitions de rentes en espèces

IV – Acquisitions de dîmes ou de traits de dîmes

IV – Acquisitions de dîmes ou de traits de dîmes

Les moines blancs et l’argent : le rôle de Boquen et de Saint-Aubin-des-Bois comme établissements de crédit.

  • 127 Cf. Geslin, t. IV, CCXXVIII, p. 147.

51Disposant ainsi, sans aucun doute, de capitaux, les religieux de Saint-Aubin-des-Bois et, à un degré moindre, ceux de Boquen vont peu à peu se lancer dans de véritables activités bancaires. C’est là une pratique courante en Bretagne à laquelle ont recours les Prémontrés de Beauport eux-mêmes. Au xiiie siècle, ces derniers se mettent à prêter de l’argent à leurs voisins et cela sans aucun intérêt. Henri d’Avaugour, seigneur de Goëllo, par exemple, vient leur emprunter trois cents livres pour huit ans contre cent rais de froment à prendre sur ses dîmes de Plouha, chaque rais valant chacun sept sous et demi. En huit ans, les chanoines auront ainsi récupéré la valeur de leurs trois cents livres, ni plus ni moins127.

  • 128 Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, toutefois, les emprunts à Beauport se multiplient et sont (...)
  • 129 Alexandre III notamment avait interdit le mort-gage comme entaché d’usure.
  • 130 Cf. Genestal (R.) Rôle des monastères comme établissements de crédit, étudié en Normandie du xie à (...)
  • 131 Cf. tableau n° 19.
  • 132 Geslin, t. III, XCVII, p. 81. Cf. aussi ADM, 2H30, 1233, fonds de Lanvaux.
  • 133 Ibid., t. III, CCCXXXIII, p. 195-196 (1297). Les religieux remboursent à « Étienne Auber et Léon m (...)
  • 134 Ibid., t. III, Prolégomènes, CXCI.
  • 135 En 1232 par exemple, il est prévu que Pierre Boden, chevalier, empruntant 40 sous à St-Aubindes- B (...)
  • 136 Cf. Berthold-Mahn, op. cit., chapitre IV : au xiiie siècle, les Cisterciens sont reconnus comme dé (...)

52Les Cisterciens de Boquen et de Saint-Aubin-des-Bois sont moins généreux128. Contrairement aux exigences de leur règle et aux décisions pontificales129, ils utilisent largement le prêt à intérêt par le système du mort-gage. R. Genestal a parfaitement analysé la nature de celui-ci et ses différences avec le vif-gage130. Ce dernier ne donne normalement aucun bénéfice « puisque l’emprunteur continue à percevoir les revenus des biens qu’il a engagés ; c’est une opération purement charitable ». Le mort-gage constitue au contraire un excellent placement puisqu’en attendant le remboursement de son capital le prêteur perçoit les revenus des biens engagés. Or les prêts consentis par Boquen et Saint-Aubin-des-Bois sont tous des prêts de mort-gage131. Les emprunteurs appartiennent généralement à la classe seigneuriale. Leurs motifs nous échappent le plus souvent. Cependant, en 1234, Roland de Hilion reçoit soixante livres de Saint-Aubin « pour se libérer des Juifs »132, nombreux et actifs en Bretagne de même que les Lombards133. Pour Geslin de Bourgogne, les Cisterciens « en prêtant à un taux relativement doux auraient permis à l’agriculture d’échapper à la rapacité insatiable des usuriers »134. En fait, nous ignorons les taux d’intérêt pratiqués. Les moines prêtent sur des dîmes et la quantité de grains de la dîme engagée de même que le prix du grain n’apparaissent jamais dans les documents. Par contre, ils veillent à fixer des termes dans l’intervalle desquels le rachat ne pourra avoir lieu, n’ayant aucun intérêt à ce qu’il soit effectué trop rapidement135. Leur but essentiel est de réaliser de fructueux placements tout en échappant à l’accusation d’usure, des dérogations étant permises pour l’acquisition de dîmes qui appartenaient et donc devaient revenir à l’Église136.

Tableau n° 19. PRÊTS

II – Saint-Aubin-des-Bois

II – Saint-Aubin-des-Bois

Notes

1 Cf. supra, p. 176-177.

2 Don de Geoffroy de Châteaubriant (1220), ADLA, H 75.

3 Don de Brient de Joué (1226), H 75, 19 don de l’hébergement Pelloquin en Mésanger (1235), H 75/24. Le mot hébergement désigne tantôt une tenure avec la maison du tenancier, tantôt la maison seule.

4 1230, ADLA, H 75.

5 1242, ADLA, H 75.

6 En 1270, le recteur d’Abbaretz voulut s’opposer à cette levée de dîmes. Le pape chargea l’official de Vannes de régler le conflit, mais c’est l’évêque de Vannes, Guillaume de Vern, qui réussit à mettre les deux parties d’accord. ADLA, H 75.

7 H 75.

8 H 75/20.

9 H 75/40.

10 Cf. Canivez, Statuta, 1249.

11 Cf. supra.

12 Cf. tableau n° 13.

13 1216, don d’Aimery de Saint-Mars-de-Coutais : ADLA, H 86/15.

14 1223, don de Sylvestre de Rezé, H 86/10.

15 Don de Guillaume d’Apremont, H 86/13.

16 1256, don de Pierre Caphin et de sa femme, H 86/19.

17 ADLA, H 86/11 « Vente faite par devant Henri, évêque de Nantes, par Martin Coyle, d’un four au profit de l’abbaye de Villeneuve, de l’an 1231 ». Nous n’en savons pas plus.

18 H 86/10.

19 H 86/8.

20 H 86/20.

21 1230, H 86/11.

22 H 86/27.

23 H 86/29.

24 H 86/33.

25 Quand des transactions sont passées en faveur de Buzay dans les régions marginales, des délégués de la communauté de Melleray y assistent. Cf. ADLA, H 61 (1192-1198), H 34 (1211), H 71, H 46, etc.

26 Exception faite pour la donation d’Olivier Maillat et celle d’Olivier de Machecoul. Cf. notes 21 et 24.

27 Points de passage, marchés, pour Melleray.

28 Cf. supra.

29 Cf. tableau n° 14.

30 L’évolution précise du temporel de l’abbaye de La Vieuville au xiiie siècle nous échappe partiellement en raison de l’indigence de nos sources qui sont constituées principalement par de brèves et courtes notices tirées des manuscrits n° 22325 et 22327 de la Bibliothèque Nationale de France.

31 Cf. tableaux n° 10 et 15.

32 En Bretagne, le terme de villa désigne des unités domaniales de superficie modeste.

33 Cf. Geslin, t. VI, p. 158.

34 Cf. tableau n° 15.

35 Cf. Dom Morice, Preuves, I, 951. Geslin, t. VI, p. 183.

36 Cf. ADCdA, H (sans cote), inventaire de 1743.

37 Ibid.

38 Ibid.

39 Cf. tableau n° 15.

40 Signalons notamment la donation de 10 livres sterling faite par Alain V (ADCdA, H, inventaire de 1743).

41 Cf. tableau n° 11.

42 ADLA, H 32.

43 D’après Dugast-Matifeux (M.), Nantes ancien et le pays nantais, Nantes, 1879, l’aire serait une subdivision de marais salant valant environ 5 pieds carrés dans le Pays de Retz et en Bouin.

44 ADLA, E 80, copie papier du xve siècle (sentence condamnant à restituer aux moines de Buzay le legs de Renaud du Collet : 60 aires de saline, 1/2 maison, 1 cellier).

45 H 72, copie de l’inventaire de 1693.

46 Cf. tableau n° 16.

47 H 26/27.

48 H 54.

49 H 24/3.

50 H 24. Preterea triginta et sex areas salinarum cum omnibus pertinenciis suis de novo datas et concessas eisdem fratibus ab Auredo defuncto, persona quondam ecclesie de Bugneio que sita sunt in maresio quod vocatur La Plata.

51 H 24.

52 H 24.

53 H 26.

54 H 24/1.

55 H 24 ; avant 1257.

56 Cf. tableau n° 16, II.

57 H 24.

58 Cf. infra.

59 ADLA, H 23/1.

60 Ibid.

61 H 46.

62 Cf. ADLA, H 47 et H 71. ADIV, 1 F 458. Cet échange fut d’autre part confirmé en 1251 par Jean Ier Le Roux (ADLA, H 46).

63 Ibid.

64 H 56.

65 ADLA, H 23/1.

66 Cf. tableau n° 17, II.

67 H 24/2.

68 H 26/16.

69 ADLA, H 24.

70 ADLA, H 24. Ce type de tenure en précaire est également utilisé par les religieux de Buzay pour la mise en valeur de leurs possessions continentales. En 1249, Pétronille, veuve Gaudin, leur cède deux vignes au clos de Redon et au clos Seron en Frossay dont elle jouira sa vie durant contre un cens de 28 deniers (ADLA, H 35). En 1249 également, Agnès, veuve Nasille, leur fait don de la terre et des vignes de la Vallée, d’une maison au bourg de Frossay près de l’église Saint-Pierre dont elle jouira sa vie durant contre un cens de 2 sous (H 35).

71 ADLA, H 26.

72 Ibidem.

73 Ibidem.

74 Comme on le voit ce contrat réalise un compromis entre l’affermage, l’accensement et le bail à précaire. ADLA, H 31.

75 Cf. Lebigre (A.), op. cit., p. 474-475.

76 Cf. ADLA, H 54.

77 H 71.

78 H 54.

79 H 56.

80 H 55.

81 Cf. ADLA, H 51.

82 Cf. ADLA, H 57.

83 Cf. Geslin, t. III, XIX, p. 231.

84 Carbéhaut apparaît pour la première fois dans la bulle du pape Alexandre III confirmant les biens et privilèges de Boquen : Caerberahaut, Le Champ Lamelec, Santad… in, Keiliolu, Mendrennac, grangiam… gnac cum appendiciis eorum (Geslin, t. III, IV, p. 224). Par la suite il faut attendre 1279 pour y voir la présence d’une grange explicitement mentionnée. Ruellan de Langaniel en effet abandonne à cette date tous ses droits d’archage sur « la grange de Carbéhaut et ses dépendances en terres et prés ». L’archage était une redevance payée pour entreposer des céréales dans un grenier. En fait le terme de « grange » est souvent utilisé dans les textes pour désigner un bâtiment où l’on entreposait les céréales. Il nous paraît improbable que Carbéhaut ait jamais constitué une grange cistercienne au sens strict. Les religieux de Boquen y disposaient tout au plus d’un bâtiment et de quelques pièces de terre (cf. Geslin, t. III, CLXX, p. 286 et tableau n° 17).

85 C’est d’elle qu’il s’agit sans aucun doute dans la confirmation d’Alexandre III (cf. note précédente).L’existence de la grange de Saint-Cado est attestée à plusieurs reprises au xiiie siècle comme nous le verrons ci-après.

86 Confirmant à la demande de B. abbatis et tocius conventus Sancte Marie de Boquiam les biens de l’abbaye situés dans son fief, Juhel de Mayenne, sénéchal de Bretagne mentionne : grangiam de Heremo de Broons, cum villa Boissel et cum aliis pertinentiis (Geslin, t. III, XIV, p. 228-229).

87 Geslin, t. III, XXIII, p. 232.

88 Geslin, t. III, CXVI, p. 266 (1271).

89 Geslin, t. III, CXX, p. 268 (1271) ; CXXXVIII, p. 273-274 (1273).

90 Échange avec Alain du Parc, 1271. Geslin, t. III, CXVIII, p. 266, cf. aussi la carte d’État Major au 1/50 000e, feuille X-17, Broons.

91 Geslin, t. III, LIII (1248).

92 Accords avec Alain Prigent, Geslin, t. III, LXVI (1257), et Thomas Malostre « lépreux de la léproserie du Gouray », Geslin, t. III, CX (1271).

93 « Il y avait quatre petits étangs aux environs de la dite abbaye lesquels ne sont presque d’aucune valeur tant à cause de leur médiocrité et fraîcheur du terrain qu’à cause des chiens d’eau et des oiseaux de proye : pour quoy ils ne sont entretenus que pour procurer de l’eau aux moulins ». (Geslin, t. III, p. 227 note 1 et charte IX (1205), p. 226-227).

94 Ce dernier était situé à environ 5 km au N.O. de l’abbaye. Les crues de l’étang situé derrière la chaussée qui barrait le cours d’un affluent de l’Arguenon sur lequel il était établi provoque de nombreuses contestations avec les voisins de l’abbaye en 1241. (Geslin, III, XLII) 1248 ; (Geslin, III, LII) 1261 ; (Geslin, III, LXXV).

95 Geslin, III, XXIV.

96 Ibid., CXI, p. 264.

97 Ibid., CXIV, p. 265.

98 Ibid., CXXII, p. 271.

99 Ibid., CXXXVI, p. 273.

100 Ibid., CLV.

101 Ibid., CLXXIII.

102 Ibid., CLV.

103 Ibid., CXXIV, p. 269.

104 Ibid., CXXXVII, p. 273.

105 Ibid., LXXVII.

106 Ibid., XLVIII, p. 245.

107 Geslin, t. III, XLVIII, p. 245.

108 Cf. le privilège accordé à Boquen par le pape Innocent III en 1207 ; Geslin, t. III, XV, p. 229-230.

109 Cf. tableau n° 17 III.

110 Ibid., III.

111 Geslin, III, XLIX, p. 241-242.

112 Cf. tableau n° 17, IV.

113 Cf. Geslin, t. III, V, p. 37. L’existence de la grange de Saint Sulien est également attestée en 1298, Geslin, t. III, CCCXXXVIII, p. 199.

114 Cf. tableau n° 11. L’abbaye acquiert des biens-fonds (34,2 %), des rentes (34,2 %), et des dîmes (18 %).

115 Cf. tableau n° 18.

116 Cf. Geslin, III, XXXIV, p. 52 (1219) ; XLII, p. 56 (1223) ; L, p. 60 (1226) ; CCLVII, p. 148 (1268) ; C, p. 82 (1235). Le hameau de Saint-Cano se trouve au sud – sud-ouest de la paroisse d’Erquy, cf. ADCdA. P (calques de plans cadastraux, Erquy, S/K, section dite de Bienassis, 1/2 500e, 1811).

117 Pour le détail des acquisitions cf. notre tableau n° 18. Les documents relatifs à l’abbaye de Saint- Aubin-des-Bois ayant été publiés par Geslin de Bourgogne, il suffit de s’y rapporter à l’année indiquée. Pour la localisation géographique des acquisitions cf. carte d’État-Major au 1/25 000e Lamballe, n° 1 et 2. La grange de Saint-Maleu apparaît en 1200, Geslin, t. III, CCXXI, p. 135.

118 Cf. Geslin, III, XXII, (don du prieuré de Saint-Gallery à l’abbaye de Saint-Valéry par Olivier de Matignon 1208) ; CCIX (achat de Saint-Gallery par les religieux de Saint-Aubin, 1259) ; CCX, CCXI, CCXII, CCXIII, CCXIV, CCXV, CCXVI (précisions de l’accord réalisé et confirmation par le pape, l’évêque et le chapitre de Saint-Brieuc).

119 Geslin, CCCXXXIV, p. 196-197. Don d’une pièce de terre située dans la paroisse de Saint- Germain-de-Matignon inter grangiam Sancti Walerici, ex una parte et herbergamentum Johannis Hamonis ex altem.

120 Cf. tableau n° 18 et Geslin, t. III, CCCIII, 1285, confirmation des biens de l’abbaye en Saint- Suliac par Raoul, vicomte de Dinan, seigneur de La Bellière.

121 Geslin, t. III, LXXXVIII, p. 77-78.

122 Ibid., III, CCCIII (1291) et CCCXV (1292).

123 Ibid.

124 Geslin, III, LXXVIII, p. 72-73.

125 Cf. tableau n° 18, II, III.

126 En 1243, Alain de La Roche abandonne aux religieux son droit sur les étaux dans la grange de Saint-Sulien. On peut penser que les moines commercialisaient ainsi une partie de leurs surplus devant leur grange, cf. Geslin, III, CXLIII, p. 100-101.

127 Cf. Geslin, t. IV, CCXXVIII, p. 147.

128 Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, toutefois, les emprunts à Beauport se multiplient et sont désormais gagés sur des terres. Ibid., t. IV, CCCXXIX, CCCXXXIII, CCCLVI.

129 Alexandre III notamment avait interdit le mort-gage comme entaché d’usure.

130 Cf. Genestal (R.) Rôle des monastères comme établissements de crédit, étudié en Normandie du xie à la fin du xiiie siècle, Paris, 1901.

131 Cf. tableau n° 19.

132 Geslin, t. III, XCVII, p. 81. Cf. aussi ADM, 2H30, 1233, fonds de Lanvaux.

133 Ibid., t. III, CCCXXXIII, p. 195-196 (1297). Les religieux remboursent à « Étienne Auber et Léon marchenz de Florance, frères Lombards, demeurant au Chastel nof de Lanoe » (Châteauneufd’Ille- et-Vilaine) 21 livres que leur avait emprunté Jean Lefebvre de La Ville-ès-Nonais et engagées sur la vigne de La Ville-Madeuc qui revient aux moines.

134 Ibid., t. III, Prolégomènes, CXCI.

135 En 1232 par exemple, il est prévu que Pierre Boden, chevalier, empruntant 40 sous à St-Aubindes- Bois ne pourra les rembourser avant 4 ans, Geslin, t. III, LXXXIX.

136 Cf. Berthold-Mahn, op. cit., chapitre IV : au xiiie siècle, les Cisterciens sont reconnus comme décimateurs.

Table des illustrations

Titre I – Acquisition de biens-fonds
Légende D = don - E = échange - A = achat
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Titre II – Acquisitions de rentes
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Titre III – Acquisitions de dîmes
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Titre I – Acquisitions de biens-fonds
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Titre II – Acquisitions de rentes
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Titre I - Acquisitions de biens-fonds
Légende D = don - E = échange - A = achat
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Titre II – Acquisitions de dîmes ou de traits de dîme
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Titre III – Acquisitions de rentes
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Titre I – Acquisitions de biens-fonds
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Titre II - Acquisitions de rentes
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Titre III – Acquisitions de dîmes ou de traits de dîmes
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Titre I – Acquisitions de biens-fonds
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Légende D = don - E = échange - A = achat
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Titre II – Acquisition de rentes
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Titre III – Acquisitions de dîmes ou de traits de dîmes
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Titre I – Acquisition de biens-fonds
Légende D = don - E = échange - A = achat
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Titre II – Acquisitions de rentes
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Titre III – Acquisitions de dîmes ou de traits de dîmes
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Titre IV – Prêts
Légende M.C. = monnaie courante
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Titre I – Acquisition de biens-fonds
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Titre II – Acquisitions de rentes en nature
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Titre III - Acquisitions de rentes en espèces
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Titre IV – Acquisitions de dîmes ou de traits de dîmes
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Titre I – Boquen
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Titre II – Saint-Aubin-des-Bois
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© Presses universitaires de Rennes, 1997

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