Les cisterciens en Bretagne
|3e partie. Le temps des compromis (vers 1180-vers 1300)
Chapitre VI. L'expansion du xiiie siècle : conditions et caractères d’ensemble
Entrées d'index
Géographique :
FranceTexte intégral
1Le fait essentiel qui, par son ampleur et son caractère domine le xiiie siècle, est, en effet, la poursuite de l’extension du temporel des abbayes et ses transformations. Les conditions de cette expansion, ses modalités de même que la nature des acquisitions réalisées durant cette période sont, dans l’ensemble, celles des années 1180-1210.
Les conditions de l’expansion
Le maintien de la réceptivité du milieu local
2Tout d’abord le milieu local reste largement favorable aux Cisterciens.
Poursuite de l’appui ducal
3Ducs et duchesses de Bretagne en particulier continuent à participer activement à l’élan de générosité à leur égard et, grâce à leur action, deux nouvelles abbayes voient le jour au xiiie siècle : Notre-Dame-de-Prières et La Joie Notre-Dame en Hennebont.
- 1 Cf. Dom Morice, Preuves, I, 947-948, 951, 952-953, 954 ; ADM, 2H46, chap. I, p. 5-15. - Aubert (M. (...)
- 2 Si cui locus ad abbatiam construendam aptus fuerit, non presumat accipere, nisi prius distare a ce (...)
- 3 Ibid., p. 45-46.
- 4 Cf. M. Aubert, op. cit., p ; 85-86.
4L’histoire de la fondation de l’abbaye de Prières nous est bien connue1. Elle est aussi particulièrement intéressante. Dans la première moitié du xiie siècle, en effet, les fondations s’effectuaient le plus souvent d’une manière empirique. Des pionniers partaient à l’aventure, défrichaient un terrain souvent encombré de ronces et de broussailles, construisaient des baraques de planches pour s’abriter, une chapelle provisoire pour prier. Un temps souvent très long s’écoulait avant que les moines puissent élever les bâtiments réguliers indispensables et l’église abbatiale. Les premières années des abbayes cisterciennes étaient ainsi extrêmement difficiles. Les moines d’autre part négligeaient le plus souvent de faire mettre par écrit les donations primitives dont ils avaient bénéficié, d’où les conflits ultérieurs avec les voisins. Enfin, à l’origine, toute liberté était laissée à l’abbé pour choisir l’emplacement de son abbaye, le modifier à sa guise, accepter les donations qui lui étaient faites pour la création d’une abbaye-fille, à condition que celle-ci soit éloignée d’au moins dix lieues de Bourgogne de toute autre abbaye de l’Ordre2. Là encore, l’absence de règles pouvait donner lieu à des initiatives dangereuses. C’est pour remédier aux difficultés nées de cet empirisme que le Chapitre général de l’Ordre en imposa peu à peu d'assez strictes, concernant les fondations d’abbayes nouvelles. Celles-ci tout d’abord furent soumises à son autorisation3. Dès la fin du xiie siècle d’autre part, « il prit l’habitude d’envoyer deux abbés inspecter les lieux offerts à Cîteaux pour de nouvelles fondations, avec mission de vérifier s’ils se présentaient dans les conditions requises par la Règle, si la donation était suffisante pour assurer la vie de la communauté, s’il n’y avait pas d’obstacle de la part de l’Ordinaire, ni de la part des voisins, pour se renseigner enfin sur la disposition des bâtiments si ceux-ci étaient déjà construits ou en cours de construction »4. Dès la fin du xiie siècle également, les Cisterciens prirent soin de faire consigner par écrit les donations primitives dont ils bénéficiaient. Au xiiie siècle, on s’entourait ainsi de multiples précautions. L’histoire de la fondation de l’abbaye de Prières le montre bien.
- 5 La Borderie, op. cit., t. III, p. 340-345 présente une version très édulcorée des démêlés de Jean (...)
- 6 Ibid., p. 138.
- 7 Dom Morice, Preuves, t. I, 928.
- 8 Ibid., p. 142. En mai 1247, Innocent IV avait provisoirement absout Jean Le Roux ; un mois plus ta (...)
- 9 Quandam abbatiam antiquam apud Suceniou existentem, demolavit idem Dux, et aliud monasterium, loco (...)
- 10 Blanche de Champagne, mariée en 1235 à Jean Le Roux, était fille de Thibaud IV, roi de Navarre. So (...)
- 11 Cf. Dom Morice, Preuves, I, 948 : lettre de Cadioc, évêque de Vannes, au chapitre de Cîteaux, janv (...)
- 12 Inspectio abbatiae monachorum quam vir nobilis comes Britanniae se fundaturum et bene dotatarum pr (...)
- 13 Cf. Dom Morice, Preuves, I, 954. Visite des lieux réguliers de l’abbaye de Prières, faite par deux (...)
- 14 Cf. ADM, 2H46/2. Par ailleurs, Jean Le Roux abandonna aux religieux les dîmes de Bagan, Brebaudan (...)
- 15 Au xiiie siècle, le premier passage que l’on rencontrait sur la Vilaine était celui de La Roche-Be (...)
- 16 Prières est la seule abbaye bretonne dont nous pouvons chiffrer les effectifs. À la veille de sa m (...)
- 17 In vigilia Omnium Sanctorum anno gratiae 1252. Cf. Dom Morice, Preuves, I, 952.
- 18 Cadioc opposa semble-t-il des réticences à la fondation de Prières en raison de l’excommunication (...)
- 19 Cf. Dom Morice, I, 952.
- 20 13 livres en 1276 pour la décharge des sommes qu’elle devait au recteur de Billiers en échange des (...)
5L’initiative de celle-ci appartient au duc de Bretagne Jean Ier dit Le Roux, fils de Pierre Mauclerc. Depuis son avènement toutefois il avait maille à partir avec l’Église au sujet du tierçage des dîmes inféodées et de la régale du diocèse de Nantes5. Cela lui avait valu d’être excommunié à plusieurs reprises, en 1242 par l’archevêque de Bourges, délégué apostolique6, en 1245 par l’évêque du Mans, commissaire apostolique7, en avril 1247 et en 1249 par le pape Innocent IV8. À vrai dire les foudres pontificales atteignaient peu le duc, procédurier entêté et tenace. En 1250, toutefois, il se trouvait sous le coup des sentences fulminées contre lui. Selon le Chronicon Briocense il décida alors de fonder Prières pour compenser la destruction d’une abbaye vétuste qui se trouvait près de son château de Suscinio9. Aussi chargea-t-il sa femme la duchesse Blanche de Navarre10, de lui servir d’intermédiaire dans son projet. À la fin de l’année 1249 ou au début de l’année suivante, celle-ci dépêcha son chapelain, Daniel auprès de l’évêque de Vannes Cadioc. Il lui fit part du dessein du duc Jean de contribuer à la création d’une abbaye cistercienne qui serait fille de Buzay, dans la paroisse de Billiers. Cadioc écrivit alors au chapitre général de l’ordre de Cîteaux pour lui signifier qu’il donnait volontiers son consentement à la nouvelle fondation. Il tenait cependant à ce que soient préservés les droits de l’église de Billiers et le pouvoir de juridiction des évêques de Vannes11. Les travaux commencèrent au plus tard en 1251. Cette année-là en effet, le chapitre de Cîteaux délégua les abbés de Moreilles et des Châtelliers pour voir si le duc de Bretagne avait tenu ses promesses, et si la maison était à la fois bien bâtie et suffisamment dotée12. Ils s’acquittèrent de leur mission, en compagnie de l’abbé de La Valence au tout début de l’été 1252. Le 7 juillet en effet, ils rendirent compte par lettre de leurs observations à l’abbé de Buzay13. Ils lui signifiaient qu’ils avaient trouvé un couvent convenablement bâti, équipé des livres liturgiques nécessaires et doté des possessions que Jean Le Roux avait promis d’offrir14 : les villae de Bagan, de Duen, de Brebaudan et du Loch en Billiers, le passage de La Roche-Bernard15, des vignes et un pressoir à Port-Thibault en Anjou, des terres vagues et incultes à Guérande et Batz-sur-Mer pour faire des marais salants ou planter des vignes. Ils lui demandaient en outre d’envoyer des religieux sous la conduite d’un abbé comme l’exigeaient les règlements de l’ordre cistercien16. Les moines arrivèrent effectivement le 31 octobre 125217. Ce jour-là, l’évêque de Vannes, à la demande expresse du Saint-Siège18, intronisa le premier abbé de Prières, Geoffroy, qui lui avait été présenté par Gilles, abbé de Buzay19. Par la suite, et jusqu’à sa mort, Jean Le Roux ne cessa de prodiguer ses bienfaits à Prières lui octroyant à plusieurs reprises des rentes assises sur les revenus du domaine ducal20.
- 21 Blanche de Castille, Marguerite de Luxembourg, la comtesse de Chartres, etc. Cf. aussi supra, note (...)
- 22 ADM, H 1, 265-275. BN, ms. fds. fr. n° 16817, f° 55.
- 23 Cf. A. Bouchart, Les grandes chroniques de Bretagne, 4e livre, feuillet 107.
- 24 Statut 30 : Inspectio loci quem intendit fundare comitissa Britannia (1273). Statut 65 : Inspectio (...)
6Sa femme, la duchesse Blanche de Navarre, suivant en cela l’exemple de nombreuses grandes dames de son temps21, voulut quant à elle fonder une autre abbaye réservée aux femmes, à la porte de la ville d’Hennebont. On ne sait pas en quelle année elle jeta les bases de cette maison. L’acte primitif de donation a disparu au xve siècle et nous ne savons rien sur l’abbaye avant 127422. Dom Cottineau donne la date de 1250 ; Alain Bouchart avance celle de 125423, quant aux statuts de l’Ordre Cistercien, ils n’en font mention qu’en 127324. Finalement, le document le plus ancien qui ait trait à la fondation de la Joie reste l’épitaphe de Blanche :
- 25 Cf. Dom Morice, Preuves, I, 979.
« Cy gist haulte et puissante dame, Blanche de Navarre, femme de Jehan premier duc de Bretagne, qui fonda cette abbaye en l’an MCCLX et y fut inhumée dans l’habit de l’ordre de Cîteaux en l’an MCCLXXXIV »25.
- 26 Cf. Le Mené, Abbayes et prieurés du diocèse de Vannes, p. 254.
- 27 Cf. ADM, H 265.
7La nouvelle abbaye fut, elle aussi, convenablement dotée. D’après des aveux de 1680 et de 1725, la clôture renfermait à cette époque 40 journaux. Une abbesse ayant en 1650 annexé 16 journaux à l’enclos primitif, on peut estimer la superficie du parc initial à environ 7 hectares26. En 1278, pour accroître ce domaine jugé trop exigu, le duc Jean Le Roux acheta un terrain mitoyen appartenant à Alain de Spinefort. Ce terrain s’étendait « entre le grand chemin qui conduit d’Hennebont à Lochrist et l’eau qui descend des moulins appelés moulins de Saint-Piaux et la rivière nommée Blavet avec ses prés, étangs, bois, pour une rente viagère de 140 livres »27.
8Ainsi, d’Ermengarde à Blanche de Navarre, de Conan IV à Jean Le Roux, les milieux dirigeants du duché ont toujours apporté un appui constant au mouvement cistercien.
Tableau n° 8. FORMATION DU TEMPOREL DE L’ABBAYE DE LA JOIE
Tableau n° 9. FORMATION DU TEMPOREL DE L’ABBAYE DE PRIÈRES
Les bienfaiteurs du xiiie siècle
- 28 Ces bourgeois sont d’ailleurs des gens de condition modeste, charpentier (Geslin, t. III, LXXVIII, (...)
- 29 Cf. tableau n° 10.
- 30 Cf. Geslin, III, CXV, p. 266.
- 31 Cf. Geslin, III, CCXXX, p. 138.
- 32 Ibid., CCXXIX, p. 141-142.
- 33 Cf. ADLA, H 24.
- 34 Cf. Geslin, III, p. 79.
- 35 Cf. Geslin, III, XCII, XCIII, p. 79.
- 36 Cf. Geslin, III, CVIII, p. 85-86 et Sée (H.), Étude sur les classes rurales en Bretagne, Paris-Ren (...)
- 37 Cf. Ibid., et Geslin, III, CLVII, CLVIII, CLIX, CLXVIII.
- 38 Cf. ADLA, H 24.
9Les bienfaiteurs qui contribuent au xiiie siècle à son essor se recrutent comme au xiie siècle dans toutes les catégories sociales. Les gens d’Église et les bourgeois, ces derniers encore trop peu nombreux dans une Bretagne qui s’éveillait tout juste aux échanges28, se montrent dans l’ensemble fort discrets. L’essor du temporel des abbayes est dû, essentiellement, à la bienveillance des membres de la petite et de la moyenne aristocratie29 et à une catégorie sociale qui n’est désignée dans les textes par aucun terme permettant de la situer dans la hiérarchie sociale de l’époque. Ni milites ni sacerdotes ni clerici, ses membres sont des paysans parfois propriétaires de leurs biens tels ces Pierre Fabri, Jean Hodiern, Jacques Lombart… à qui Buzay, continuant son expansion vers les rivages de l’Atlantique, doit l’essentiel de son patrimoine côtier. Parmi ces paysans, toutefois, une place particulière doit être accordée à ceux qui, dans les documents, portent le nom d’homines dictorum fratrorum ou d’homines religiosorum. Ils peuvent être divisés en deux groupes. Au premier appartiennent des hommes qui se donnent aux religieux avec tous leurs biens. Ainsi, en 1271, Havoise, veuve de Guillaume Bedou, se donne avec tous ses biens mobiliers et immobiliers à l’abbaye de Boquen30. Celle de Saint-Aubin-des-Bois reçoit en 1261 Gilles Leporc avec son cheval, sa jument, son lit, sa terre de Trégladen en Ploubalay31. En 1263 c’est au tour de Jeanne, fille de Geoffroy Le Coz, épouse d’Anfroy, de se donner à l’abbaye32. Au second groupe se rattachent des hommes qui sont donnés par leur seigneur. Buzay accepte ainsi des sires de La Garnache et de Retz, seigneurs conjoints de l’île de Bouin, Renier Bardou et ses héritiers33. En 1233, Gervaise de Dinan donne à Saint-Aubin une femme nommée Avicie, veuve de Renaud le Sellier, avec sa maison qui abritait les tanneurs et les pelletiers de Dinan lors des foires de la ville34. En 1237, Marguerite de Plancoët cède à la même abbaye, Guillaume Bourdon35. Le statut de ces paysans nous échappe partiellement car nous ignorons l’étendue des charges qui pesaient sur eux. Certains semblent absolument libres de leur personne telle Avicie qui, en 1239, figure comme partie dans un contrat par lequel elle s’engage à payer chaque année dix sous à Saint-Aubin pour sa maison36. Guillaume Bedou par contre est étroitement assujetti à son seigneur, le sire de Plancoët qui spécifie d’une manière très nette la domination qu’il exerce sur lui et n’y renonce qu’après bien des difficultés avec les moines de Saint-Aubin37. Renier Bardou et ses héritiers enfin sont des « estagiers » attachés à la terre de leur seigneur. En effet, la confirmation, en 1279, par Gérard Chabot, sire de Retz et de Machecoul, de la donation de son ancêtre Harscouët n’est en réalité qu’un accord conclu avec les moines de Buzay au sujet de la fuite de ces « estagiers ». Gérard garantit en effet que si « aucuns estagiers d’iceux fiez ou aucuns autres meffetours feissent aucuns meffez en iceux fiez… et s’enfuissent en nostre terre, nous ne noz heirs ne les porrions retenir ne recetier en manière que nous ce les rendissons au davant diz religiouz… por en fere lor justice ou ce que il verroient que il en auroient à fere ». Les religieux s’engagent à des obligations analogues envers Girard et ses héritiers. En outre, ils promettent de ne pas « recevoir ne recetier a estage en lor fiez » les hommes du sire de Retz sans son consentement, « si ce n’estoit por eschiete de lignage ou por cause de mariage », ce qui laisse supposer que le mouvement de fuite s’effectuait alors des terres des sires de Retz vers celles des moines38.
10Les membres des grandes familles enfin, comme dans les années 1180-1210, jouent un rôle non négligeable dans l’élan d’aumônes dont bénéficient les Cisterciens au xiiie siècle. C’est le cas des sires de Retz et de La Garnache pour Buzay, des vicomtes de Rohan pour Bonrepos, des seigneurs de Dol-Combourg pour La Vieuville, des membres de la famille de Dinan pour Boquen et Saint-Aubin-des-Bois, des barons d’Ancenis pour Melleray. Leur générosité toutefois est souvent plus ostentatoire que réelle et la plupart du temps ils se contentent d’exempter les abbayes de redevances, coutumes ou exactions sur des biens concédés par d’autres bienfaiteurs. Il n’est pas rare non plus de les voir chercher des tracasseries aux moines. Ceux-ci, fort heureusement pour eux, bénéficient de l’amélioration des institutions judiciaires qui accompagne la poursuite de l’affermissement du pouvoir ducal.
La poursuite de l’affermissement du pouvoir ducal et ses conséquences
- 39 Cf. La Borderie (A.), « Nouveau recueil inédit des ducs de Bretagne et de leur gouvernement », dan (...)
11La reconstitution politique du duché, amorcée par les Plantagenêts, ne cesse en effet de se poursuivre en Bretagne au xiiie siècle sous les règnes de Pierre de Dreux et de Jean Le Roux. Certes les Cisterciens ont parfois à souffrir des efforts du premier pour imposer sa volonté à des seigneurs bretons individualistes, ombrageux et jaloux de leur indépendance. Ainsi, lors de la seconde révolte de ces derniers (1231-1234), quand Jean de Dol, seigneur de Combourg rejoint le camp des insurgés aux côtés, entre autres, d’Olivier de Coëtquen, de Raoul de Fougères, d’Henri d’Avaugour et de Guiomarch VII de Léon, les troupes du maréchal Normand de Québriac ravagent ses terres. L’abbaye de La Vieuville se trouvant sur leur passage, elles l’occupent pendant une semaine, pillant et rançonnant les moines. Lorsqu’en 1235 saint Louis institue une série d’enquêtes destinées à évaluer le montant total des dommages causés, certains témoins, cités par l’abbé de La Vieuville, les évaluent à environ 1000 livres39.
- 40 Cf. Levron (J.), « Pierre Mauclerc, duc de Bretagne », dans MSHAB, 1933, p. 200-295, 1934, p. 200- (...)
12Toutefois, complétant les efforts des Plantagenêts, Pierre Mauclerc met en place les organes centraux et les représentants locaux d’une administration efficace. La cour ducale qui ne comprenait avant lui que les officiers ducaux et quelques seigneurs au hasard de leurs périgrinations se subdivise alors en Curia ducis composée des seuls officiers ducaux et dont le rôle est de rendre la justice, et en « Parlement général » quand, aux officiers, viennent se joindre les neuf évêques de Bretagne et les vassaux directs du duc. Apparaissent également un certain nombre de grands officiers : chancelier, sénéchal, chambellan, maréchal, sergents divers. Enfin, grâce à la création d’un corps de sénéchaux choisis avec soin, le pouvoir ducal s’insinue partout. « La Bretagne cesse d’être cet état cahotique du début du siècle. Elle est maintenant hiérarchisée, unifiée. Le petit-fils de Louis Le Gros l’a fait entrer dans l’axe du système féodal français »40.
- 41 Notons toutefois à titre d’exemple l’intervention de Juhel de Mayenne, sénéchal de Bretagne, pour (...)
- 42 Il serait vain et fastidieux de vouloir toutes les énumérer. A. Lebigre, art. cité, p. 476-478 ana (...)
- 43 Là encore, nous nous contenterons de donner quelques exemples. En 1237, c’est le prieur de Notre- (...)
- 44 Chevalier (ADLA, 1244, H 39), cour féodale du sire de La Garnache avec les hommes liges du châtela (...)
13Une justice plus proche est le résultat de cette réorganisation administrative du duché et des seigneuries de moindre importance. Les Cisterciens vont en bénéficier. Certes, ils ne s’adressent que rarement aux cours laïcs pour authentifier leurs actes ou faire confirmer leurs possessions et préfèrent, comme au siècle précédent, la garantie des évêques locaux41. Cependant, toutes les contestations – elles restent nombreuses42 – sont réglées désormais devant des instances judiciaires régulièrement établies. Les moines blancs, là encore, s’adressent de préférence aux juges ecclésiastiques, évêques, officiaux, archidiacres, arbitres spécialement délégués par le Pape43, mais aussi et de plus en plus fréquemment à des juges laïcs44. Les sentences prononcées par les uns et les autres semblent toujours suivies d’effet.
La sollicitude constante de la papauté
- 45 Cf. ADLA, H 19 ; ADM, H 8, f° 80-93, Caput octavum : Privilegia a Summis Pontificibus huic monaste (...)
- 46 La plupart ne font qu’appliquer à Buzay les règles générales édictées par Innocent IV pour l’ordre (...)
14Les moines blancs enfin bénéficient toujours de la bienveillante sollicitude de la Papauté comme en témoignent les bulles45 promulguées par Innocent IV en faveur de Buzay et de Prières46.
15Celles-ci confirment tout d’abord l’ensemble des libertés, immunités et privilèges visant à assurer l’indépendance des religieux à l’égard des autorités laïques et ecclésiastiques.
« Les règles sur l’élection de l’abbé devront être observées, aucune intervention contraire aux statuts de l’ordre n’étant admise pour sa désignation et sa destitution. Nul, fût-il l’évêque, ne pourra convoquer l’abbé et ses religieux à des synodes ou toute autre assemblée. Dans le cas précis d’une fondation de paroisse sur les terres de l’abbaye l’abbé devra… permettre à l’évêque l’accomplissement de toutes les prérogatives inhérentes à sa charge tout en conservant ses droits propres. Le pape accorde l’exemption de toutes mesures d’interdit, de suspension ou d’excommunication, qui seraient prononcées par un quelconque émissaire du siège apostolique si cet envoyé ne peut produire un mandat spécial du pape l’habilitant à cette fin ».
16Par ailleurs, les bulles visent, comme au xiie siècle, à renforcer l’autorité de l’abbé.
« Elles rappellent que lui seul peut autoriser l’un de ses moines à quitter le monastère. Il se voit reconnaître également les droits d’absoudre lui-même ses religieux pour les cas réservés et de refuser la collation des bénéfices à tous ceux qui ne présenteront pas un titre exprès du Saint-Siège. Les textes précisent même que de simples lettres émanant du Siège apostolique seraient insuffisantes pour l’impétrant ».
17Enfin,
« les possessions et droits des abbayes sont à nouveau confirmés pour les préserver à la fois des exactions de personnes étrangères à la communauté et des initiatives imprudentes qui pourraient être prises par l’un ou l’autre des religieux. Interdiction est faite à toute personne d’obliger les abbayes à comparaître devant une juridiction séculière dans les causes intéressant ses biens… Nul moine, nul convers ne pourra s’engager pour autrui sans autorisation de l’abbé et de la majorité du chapitre. Des conditions identiques sont exigées en matière d’emprunt : le montant de celui-ci ne devra pas dépasser la somme fixée par le chapitre. L’inobservation de ces règles entraînerait inopposabilité de l’emprunt à l’abbaye… Les aliénations à titre onéreux ou à titre gratuit seront, à peine de nullité, soumises aux mêmes restrictions relatives à l’autorisation du chapitre ».
18Enfin Innocent IV, comme jadis Alexandre III, dénombre les possessions de Buzay, exploitations rurales situées dans un périmètre assez restreint autour du monastère, moulins, salines de la côte atlantique entre Moûtiers et Bouin, rentes qui jouent au xiiie siècle un rôle important dans l’économie de l’abbaye et témoignent des changements de ses biens à la suite de la dilatation de son temporel. Ce fait est d’ailleurs commun à tous les monastères.
Caractères d’ensemble de l’expansion du xiiie siècle
- 47 Cf. tableau n° 11.
19Au xiiie siècle, en effet, le temporel des abbayes ne cesse de s’accroître par le jeu des achats des donations et des échanges47.
Les échanges
20Les échanges sont, dans l’ensemble peu nombreux (50 sur les 740 acquisitions que nous avons dénombrées) et n’ont souvent d’autre but, comme nous le verrons ultérieurement, que de permettre des remembrements fonciers.
Les donations
21Les donations par contre restent plus nombreuses que jamais (611), et sont beaucoup plus diversifiées qu’au siècle précédent. Les biens-fonds (30,7 % du total des acquisitions) n’ont plus rien à voir, sauf exception, avec les solitudes boisées, les friches ou les bas-fonds marécageux cédés aux moines au xiie siècle. D’autre part, les bienfaiteurs des abbayes se séparent plus difficilement de la terre et préfèrent donner de l’argent, constituer des rentes parfois très importantes. Les religieux n’hésitent plus à accepter non seulement des rentes en nature (13,2 %) mais aussi des rentes en espèces (20,1 %) assises sur des biens fonciers, des maisons, des droits de coutume et autres recettes seigneuriales. Ils acquièrent des dîmes. Autant de faits qui ne sont guère en accord avec les règles primitives de la vie cistercienne.
Les achats
22Enfin, les temporels ne s’accroissent plus seulement grâce aux donations. Les moines qui semblent avoir davantage de numéraire à leur disposition contribuent à les élargir par des achats. Certes, la législation du chapitre général de l’Ordre reste assez flottante à l’égard de cette pratique. Certes, seules les abbayes de Saint-Aubin-des-Bois et de Buzay semblent l’utiliser de manière systématique, dans les dernières décennies du xiiie siècle, celle-ci pour accroître son domaine maritime, celle-là pour consolider ses possessions en bordure de la Rance. Elle n’en révèle pas moins là encore une volonté certaine de prendre quelque distance avec les principes posés par les fondateurs de Cîteaux.
23Cette évolution, toutefois, est plus ou moins marquée suivant les abbayes, et certaines, dans leur politique d’expansion, restent plus fidèles que d’autres à l’idéal cistercien.
Notes
1 Cf. Dom Morice, Preuves, I, 947-948, 951, 952-953, 954 ; ADM, 2H46, chap. I, p. 5-15. - Aubert (M.), L’architecture cistercienne en France, t. I, 1947, p. 85-86.
2 Si cui locus ad abbatiam construendam aptus fuerit, non presumat accipere, nisi prius distare a ceteris abbatiis nostri ordinis decem leudis Burgundiae pro certo cognoverit. Si tamen ibi congregatio fuerit per assensum generalis capituli recipi poterit.
3 Ibid., p. 45-46.
4 Cf. M. Aubert, op. cit., p ; 85-86.
5 La Borderie, op. cit., t. III, p. 340-345 présente une version très édulcorée des démêlés de Jean Le Roux avec l’Église. Il est préférable de consulter sur ce sujet Pocquet du Haut-Jussé (B.-A.), Les papes et les ducs de Bretagne, t. I, 1928, p. 130-165.
6 Ibid., p. 138.
7 Dom Morice, Preuves, t. I, 928.
8 Ibid., p. 142. En mai 1247, Innocent IV avait provisoirement absout Jean Le Roux ; un mois plus tard il lui signifiait cependant qu’il retomberait sous le coup de l’excommunication s’il occupait le temporel épiscopal de Nantes en dehors d’une vacance ; le duc de Bretagne ne respectant pas ses engagements fut de nouveau excommunié en décembre 1249. Cf. Pocquet du Haut-Jussé, op. cit., p. 147.
9 Quandam abbatiam antiquam apud Suceniou existentem, demolavit idem Dux, et aliud monasterium, loco et in recompensatione ejusdem abbatiae destructae, apud Preces in honore Virg. Mariae fundavit et dotavit, qui conventum monachorum juxta suum manerium habere nolebat. Dom Morice, Preuves, I, 41.
10 Blanche de Champagne, mariée en 1235 à Jean Le Roux, était fille de Thibaud IV, roi de Navarre. Son père avait lui-même fondé en 1211 l’abbaye de moniales cisterciennes d’Argensolles. Sa cousine, Sybille de Beaugency était religieuse au monastère cistercien de Saint-Antoine-des-Champs à Paris.
11 Cf. Dom Morice, Preuves, I, 948 : lettre de Cadioc, évêque de Vannes, au chapitre de Cîteaux, janvier 1250 ; ADM, 2H46.
12 Inspectio abbatiae monachorum quam vir nobilis comes Britanniae se fundaturum et bene dotatarum promittit, committitur de Moralia et de Castellariis abbatibus ut ad locum, etc., Statuta ord. Cisterciencis, 1251, édit. Canivez, p. 367. Le chapitre de Cîteaux se tenait en septembre (cf. Berthold-Mahn, L’ordre cistercien et son gouvernement, des origines au milieu du xiiie siècle, Paris 1945, p. 174). Il est curieux que celui de 1250 n’ait pas inscrit la fondation de Prières à son ordre du jour.
13 Cf. Dom Morice, Preuves, I, 954. Visite des lieux réguliers de l’abbaye de Prières, faite par deux abbés de l’Ordre de Cîteaux, « datum in octavis BB. Apost. Petri et Pauli, anno Dom. MCCLII ».
14 Cf. ADM, 2H46/2. Par ailleurs, Jean Le Roux abandonna aux religieux les dîmes de Bagan, Brebaudan et du Loch (2H46/8).
15 Au xiiie siècle, le premier passage que l’on rencontrait sur la Vilaine était celui de La Roche-Bernard. Ceux de l’Ile et de Tréhiguier ne furent établis, en effet, qu’au xve siècle (cf. ADM, 2H46, K 69 et K 70).
16 Prières est la seule abbaye bretonne dont nous pouvons chiffrer les effectifs. À la veille de sa mort, en effet, Jean Le Roux lui octroya 60 livres de rente afin de fournir le vin nécessaire aux 30 religieux qui s’y trouvaient.
17 In vigilia Omnium Sanctorum anno gratiae 1252. Cf. Dom Morice, Preuves, I, 952.
18 Cadioc opposa semble-t-il des réticences à la fondation de Prières en raison de l’excommunication qui frappait Jean Le Roux. Par une bulle du 1er avril 1251, Innocent IV avait, en effet, approuvé cette fondation et demandé à l’évêque de Vannes de ne pas s’y opposer (Dom Morice, Preuves, I, 954). Craignant d’avoir été dupé en Cour de Rome par un partisan du duc de Bretagne, Cadiocfit part de son émotion au souverain pontife. Il ne consentit à introduire les moines de Buzay à Prières qu’après avoir obtenu d’Innocent IV l’assurance que la sentence d’excommunication ne serait pas levée (Dom Morice, I, 954-955).
19 Cf. Dom Morice, I, 952.
20 13 livres en 1276 pour la décharge des sommes qu’elle devait au recteur de Billiers en échange des dîmes de la paroisse (ADM, 2H46/8). 60 livres en 1280, 150 livres un peu plus tard (ADM, 2H46/R1 et R2) et surtout, comme nous l’apprend une bulle du pape Alexandre IV de 1457, 200 livres sur les dîmes novales provenant des forêts défrichées par le duc dans la presqu’île de Rhuys et à Liffré, près de Rennes (cf. 2H46/Q8).
21 Blanche de Castille, Marguerite de Luxembourg, la comtesse de Chartres, etc. Cf. aussi supra, note 10.
22 ADM, H 1, 265-275. BN, ms. fds. fr. n° 16817, f° 55.
23 Cf. A. Bouchart, Les grandes chroniques de Bretagne, 4e livre, feuillet 107.
24 Statut 30 : Inspectio loci quem intendit fundare comitissa Britannia (1273). Statut 65 : Inspectio abbatiae monialium quam fundavit ducisse Britanniae (1274).
25 Cf. Dom Morice, Preuves, I, 979.
26 Cf. Le Mené, Abbayes et prieurés du diocèse de Vannes, p. 254.
27 Cf. ADM, H 265.
28 Ces bourgeois sont d’ailleurs des gens de condition modeste, charpentier (Geslin, t. III, LXXVIII, p. 72-73), artisan de Broons (ibid., III, CXXXVI, p. 273), etc.
29 Cf. tableau n° 10.
30 Cf. Geslin, III, CXV, p. 266.
31 Cf. Geslin, III, CCXXX, p. 138.
32 Ibid., CCXXIX, p. 141-142.
33 Cf. ADLA, H 24.
34 Cf. Geslin, III, p. 79.
35 Cf. Geslin, III, XCII, XCIII, p. 79.
36 Cf. Geslin, III, CVIII, p. 85-86 et Sée (H.), Étude sur les classes rurales en Bretagne, Paris-Rennes, 1896, p. 48-49.
37 Cf. Ibid., et Geslin, III, CLVII, CLVIII, CLIX, CLXVIII.
38 Cf. ADLA, H 24.
39 Cf. La Borderie (A.), « Nouveau recueil inédit des ducs de Bretagne et de leur gouvernement », dans BMSAIV, t. XXI, 1892, VI, 174, p. 129-131. Ajoutons que les plaintes formulées par l’abbé de La Vieuville comme d’ailleurs celles d’Henri d’Avaugour ou de Jean de Dol, longuement exposées devant les enquêteurs royaux, ne furent suivies d’aucun effet : les procès ne furent jamais plaidés et les dommages nullement réparés.
40 Cf. Levron (J.), « Pierre Mauclerc, duc de Bretagne », dans MSHAB, 1933, p. 200-295, 1934, p. 200-329. Sur le règne de Pierre Mauclerc on consultera également Pocquet du Haut-Jussé (B.), « Pierre Mauclerc et l’esprit du xiiie siècle », dans AB, 1949 ; Painter (Sidney) The Scourge of clergy, Peter of Dreux, duke of Britanny, Baltimore, 1937 ; Montigny, Essai sur les institutions du duché de Bretagne à l’époque de Pierre de Dreux et sur la politique de ce prince, Paris, 1961.
41 Notons toutefois à titre d’exemple l’intervention de Juhel de Mayenne, sénéchal de Bretagne, pour confirmer, à leur demande, les possessions des moines de Boquen dans son « fief » (Geslin, III, XVI, p. 228-229). Le même Juhel de Mayenne authentifie à plusieurs reprises des dons faits à l’abbaye de La Vieuville. (BN, ms. n° 22325, f° 516, 517, 540 ; ms. n° 22337, f° 88).
42 Il serait vain et fastidieux de vouloir toutes les énumérer. A. Lebigre, art. cité, p. 476-478 analyse les principales pour l’abbaye de Buzay. Dans l’ensemble ces contestations viennent surtout d’héritiers mécontents qu’il faut désintéresser : affaires des héritiers d’Orguen, épouse de Pastiz, (ADLA, H 24), de Geoffroy de Pannecé (ADLA, H 59), de David de l’Angle (ADLA, H 46), etc. pour Buzay, de Guillaume Thorent (Geslin, 3 CXXVII), de Geoffroy Tournemine (Geslin, 3, CLXI), d’Étienne Rabain (Geslin, 3, CCCXXV), de Guillaume Duvignot (Geslin, 3, CCCXXVII) ; pour Saint-Aubin-des-Bois de Geoffroy de Trans (ADLA, H 75/25) ; pour Melleray, de Jean de Caurel et de ses héritiers (Geslin, 6, p. 160, 178, 184, 189, 190, 194. D.Morice, Preuves, I, 829, I, 844. ADCdA, H sans cote, Inventaire de 1743) pour Bonrepos. Les dîmes sont matière à querelles entre les moines de Melleray et Guéguen La Grue (1242) ou le recteur d’Abbaretz (1270) ; les dîmes de Teillé, celles de Maumusson (1274), provoquent des procès. De même, les moines de La Vieuville s’opposent à Guillaume de Bourgneuf au sujet des dîmes de Meillac (ADIV, 15 H/4) ; ceux de Saint-Aubin-des-Bois à Olivier Burel au sujet des dîmes de Lanjugon à Dolo (Geslin, 3, CLXII), à Orguen pour celles de La Bégassière (Geslin, CLXI), à Roland de La Roncière pour celles de Saint-Germain (CCXC). Enfin les abbayes sont parfois victimes des exactions des officiers seigneuriaux tels les alloués du duc Jean Ier Le Roux qui s’emparent, pour le chauffage d’un four, des bruyères sur une lande des moines (ADLA, H 51).
43 Là encore, nous nous contenterons de donner quelques exemples. En 1237, c’est le prieur de Notre- Dame de Beaulieu qui arbitre un différend entre les moines de Saint-Aubin et Alain Le Bec (Geslin, III, CXIV). En 1288, c’est l’official d’Avranches qui enquête sur les spoliations commises par un certain nombre de chevaliers dont Geoffroy de La Sorraie, Pierre Tournemine et Guillaume de La Roche (Geslin, III, CCCVII). De même c’est l’official de Vannes, judex a domino papa delegatus qui règle un différend opposant les moines de Melleray à Geoffroy de Trent (ADLA, H 45/25). En 1247, à la suite d’une plainte de Gilles, abbé de Buzay contre le sénéchal d’Olivier de Clisson qui percevait indûment une rente de 60 sous sur les moulins à drap de Clisson, c’est Inizan, « maître des écoles de Nantes » et Alain de La Forest, chevalier, qui règlent l’affaire en présence de l’official. Leur sentence, favorable aux moines, est, de surcroît, enregistrée par l’archidiacre de la cathédrale (ADLA, H 32).
44 Chevalier (ADLA, 1244, H 39), cour féodale du sire de La Garnache avec les hommes liges du châtelain autour de son sénéchal et après enquête auprès des hommes du pays, production par l’abbé de Buzay des preuves établissant ses droits, traduction en français et lecture des pièces à l’audience (ADLA, 1246, H 26 et A. Lebigre, op. cit.).
45 Cf. ADLA, H 19 ; ADM, H 8, f° 80-93, Caput octavum : Privilegia a Summis Pontificibus huic monasterio collata.
46 La plupart ne font qu’appliquer à Buzay les règles générales édictées par Innocent IV pour l’ordre de Cîteaux entre 1245 et 1254. Cf. J. Berthold-Mahn, L’ordre Cistercien et son gouvernement, des origines au milieu du xiiie siècle, Paris, 1945, p. 163, note 2. A. Lebigre a par ailleurs parfaitement analysé les privilèges accordés à Buzay par Innocent IV et nous ne pouvons que renvoyer à son article (p. 478-482) que nous résumons ici.
47 Cf. tableau n° 11.
Table des illustrations
![]() | |
---|---|
Titre | I – Acquisitions de biens-fonds |
URL | http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/11508/img-1.png |
Fichier | image/png, 160k |
![]() | |
Titre | II – Acquisitions de rentes |
URL | http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/11508/img-2.png |
Fichier | image/png, 167k |
![]() | |
Titre | III – Acquisitions de dÎmes |
Légende | D = don - E = échange - A = achat |
URL | http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/11508/img-3.png |
Fichier | image/png, 121k |
![]() | |
Titre | I – Acquisition de biens-fonds |
URL | http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/11508/img-4.png |
Fichier | image/png, 669k |
![]() | |
Titre | II – Acquisitions de rentes |
URL | http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/11508/img-5.png |
Fichier | image/png, 352k |
![]() | |
Titre | III – Acquisitions de dÎmes ou de traits de dÎmes |
URL | http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/11508/img-6.png |
Fichier | image/png, 256k |
![]() | |
Titre | Tableau n° 10. BIENFAITEURS DES ABBAYES CISTERCIENNES AU xiiE SIÈCLE |
URL | http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/11508/img-7.png |
Fichier | image/png, 648k |
![]() | |
Titre | Tableau n° 11. ÉVOLUTION DU TEMPOREL DES ABBAYES AU xiiiE SIÈCLE |
URL | http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/11508/img-8.png |
Fichier | image/png, 769k |
© Presses universitaires de Rennes, 1997