Les évêques français face à la guerre franco-prussienne : étude comparée des actes épiscopaux du temps de guerre (juillet 1870-mai 1871)
p. 161-174
Texte intégral
1La guerre franco-allemande de 1870 se caractérise par sa brièveté – moins d’une année entre la déclaration de guerre du 19 juillet 1870 et la signature du traité de Francfort le 11 mai 1871 –, la violence et la géographie de ses combats, qui se concentrent exclusivement sur le territoire national, la rapidité de l’effondrement français enfin1. L’impact de ce bref épisode militaire, vécu par les Français comme une blessure et une humiliation, est sur le moment à la fois amplifié et quelque peu occulté par les événements collatéraux que représentent au niveau national, d’un côté l’effondrement du Second Empire et la proclamation de la IIIe République le 4 septembre 1870, de l’autre le soulèvement de la Commune (mars-mai 1871) ; au niveau international la prise de Rome (20 septembre 1870) et la disparition des États du pape, incorporés au royaume d’Italie. L’entremêlement du politique, du militaire et du religieux au cours des années 1870-1871 conditionne pour une grande part le positionnement des évêques français dans cette période troublée.
2S’il fallait dresser en quelques lignes un portrait de l’épiscopat français en 1870, on pourrait dire qu’il se caractérise par sa fidélité au régime en place et par une adhésion de plus en plus nette aux doctrines intransigeantes ou ultramontaines2. Le concile de Vatican I qui se clôt précipitamment au moment où la France entre en guerre contre la Prusse, a divisé les évêques entre partisans et adversaires de l’infaillibilité pontificale. Quelques jours après le vote de la constitution Pastor Æternus, le 13 juillet, les premiers évêques de la minorité, tels Dupanloup et Darboy, quittent Rome, bientôt suivis par leurs confrères de toute tendance. C’est un épiscopat divisé par des questions ecclésiologiques, fatigué par des mois de discussions et de délibérations conciliaires, affaibli aussi sur le plan hiérarchique par des mois d’absence de leurs diocèses, qui regagne la patrie menacée.
3Sur le plan historiographique, plusieurs ouvrages parus dans les dernières décennies du XIXe siècle ont valorisé, sur un ton proche de l’hagiographie, le patriotisme et le rôle du clergé pendant cette guerre, que ce soit sur le front, au chevet des soldats blessés ou dans les diocèses pour organiser les secours aux prisonniers, l’aide aux veuves et aux orphelins ou la résistance face à l’ennemi dans les villes assiégées3. L’épiscopat ne déroge pas à cette règle et se signale par des actes de résistances auxquels les images d’Épinal font la part belle : on évoque ainsi l’héroïque Mgr Raess qui, malgré ses 80 ans, se rend au quartier général de l’armée ennemie après les bombardements de Strasbourg ; Mgr Dupont des Loges, qui refuse la sentinelle que le gouverneur prussien fait placer devant l’évêché de Metz et se trouve privé de traitement après l’annexion ; Mgr Guibert, qui accueille pendant quatre mois dans son palais archiépiscopal de Tours les membres du gouvernement de la Défense nationale, puis négocie avec le prince Fritz, à la veille de la conclusion de l’armistice, pour réduire le montant de la contribution imposée à la métropole tourangelle ; Mgr Dupanloup, détenu prisonnier dans son palais d’Orléans en punition des mandements patriotiques qu’il publie à l’occasion des premiers succès de l’armée de la Loire ; ou encore Mgr Freppel à Angers, qui organise à ses frais des ambulances, préside la société internationale de secours aux blessés, lance des quêtes et des ateliers de charité pour distribuer des vêtements aux bataillons en campagne, fait souscrire les établissements religieux de son diocèse aux emprunts municipaux et départementaux destinés à l’achat d’armes, s’occupe enfin des orphelins de la guerre4. On pourrait poursuivre l’énumération de ces actes patriotiques en passant en revue les diocèses les uns après les autres.
4Mais au-delà de ces faits, je voudrais m’intéresser à un aspect moins connu de l’engagement et du positionnement épiscopal dans la guerre : celui du discours pastoral. À partir de l’étude d’une soixantaine d’actes épiscopaux – mandements, lettres pastorales, circulaires à l’intention du clergé – puisés dans les collections de la Bibliothèque nationale de France et des Archives historiques de l’archevêché de Paris, je souhaiterais préciser la vision qu’ont les évêques de la guerre qui oppose la France à la Prusse, puis mettre en évidence l’évolution de leur discours entre le début du conflit en juillet 1870 et la signature du traité de paix avec l’Allemagne en mai 1871. L’analyse des écrits épiscopaux respectera la trame chronologique et les grandes césures de la guerre franco-allemande, à savoir la période de la déclaration de guerre et des batailles rangées (juillet et août 1870), la rupture politique de septembre 1870, et enfin l’occupation du pays qui débouche sur la signature de l’armistice et du traité de paix.
Un patriotisme au service du régime
5Les premiers mandements du temps de guerre répondent à une circulaire du ministre de la Justice et des Cultes5, qui demande aux évêques en date du 26 juillet 1870 d’ordonner dans chaque diocèse des prières publiques pour l’empereur :
« Mettez la France et son Chef, et le noble Enfant qui va combattre avant l’âge, sous la protection de Celui qui tient dans ses mains le sort des batailles et la destinée des Peuples. Au moment où notre héroïque armée se met en marche, demandez à Dieu de bénir nos armes, de permettre qu’une paix glorieuse et durable succède bientôt aux douleurs et aux déchirements de la guerre. »
6Les plumes épiscopales, d’une docilité exemplaire, se calent sur le ton de cette circulaire avec des élans dignes des mandements du Premier empire6. Mgr Darboy, archevêque de Paris et Grand Aumônier de l’Empereur, évoque ainsi la figure des « aigles [de France qui] reprennent leur vol triomphant » et espère que « les fils sauront retrouver le chemin d’Iéna7 » ; Mgr Lyonnet, l’archevêque d’Albi, rappelle le plébiscite qui vient de consacrer, encore une fois, la popularité de Napoléon III8, quand Mgr de Marguerye souligne le dévouement de l’empereur :
« Notre cœur d’évêque et de Français ne peut que répondre avec empressement aux pieux désirs de l’auguste Monarque qui nous gouverne, et qui se met lui-même à la tête de notre vaillante armée pour la conduire à la victoire, en affrontant courageusement toutes les fatigues et tous les dangers des combats9. »
7Malgré les flatteries et les formules conventionnelles, les évêques n’esquivent pas la question principale. Lorsque Mgr Bravard s’adresse à ses diocésains, il leur parle de souffrance et de mort :
« Nous venons vous parler de la guerre, et Nous le ferons, en Ministre de l’Évangile ; car, ne croyez pas que la Religion soit désintéressée dans un tel et si grand événement. Elle y a sa part, une part immense : elle a des droits à tracer à tous : aux parties belligérantes, pour leur rappeler la justice, l’ordre et l’humanité, – aux vainqueurs futurs, pour leur dire de ne pas abuser de leurs victoires, – aux vaincus, pour leur enseigner la résignation et le pardon, – aux soldats, pour les fortifier dans leur valeur, pour leur apprendre à sanctifier leurs blessures, à se préparer saintement à la mort, à garder dans les camps et sur les terres ennemies la probité, le respect des hommes inoffensifs, des veuves, des orphelins et des édifices sacrés10. »
8Certes, la guerre est comparée à un « fléau douloureux et terrible », une « tempête sociale », une « immense calamité », un « châtiment » et, comme le rappelle l’évêque de Pamiers, Mgr Bélaval, « la Religion [...] s’attriste et gémit de ces luttes sanglantes, fussent-elles les plus populaires et les mieux motivées11 ». Mais tout en souhaitant un retour rapide de la paix en Europe – à cette date, tous sont convaincus que le conflit sera de courte durée –, les évêques justifient le bien fondé de ce conflit qu’ils qualifient de « nécessaire », de « juste », voire de « saint », parce qu’il oppose la France, fille aînée de l’Église catholique à la Prusse luthérienne :
« C’est la fille aînée de l’Église, la vieille nation très-chrétienne, qui lutte en ce moment contre une nation née d’hier de l’hérésie et du sacrilège, qui n’a grandi que par l’injustice, qui s’est faite depuis un siècle le principal arsenal de l’athéisme en Europe, à tel point que nos docteurs d’impiété ont dû aller chercher chez elle les armes dont ils ont blessé parmi nous tant de jeunes intelligences. Ces beaux esprits de Paris n’étaient que les vulgarisateurs [...] de la science de Berlin. Sans doute la Prusse, qui les leur a fournies, peut être aujourd’hui choisie de Dieu pour être la verge de notre châtiment12... »
9Face aux Prussiens « ambitieux13 », « orgueilleux14 », « rus[és] et violen[ts]15 », les buts de la France sont si nobles et légitimes (« venger son honneur blessé16 », « rétablir l’équilibre de l’Europe » et « rendre possible un désarmement dont tout le monde sent le besoin17 »), qu’il semble impossible qu’elle ne reçoive pas les secours du Ciel.
10Le ton est ferme et déterminé. À aucun moment on ne sent l’ombre d’une hésitation, car ce qui doit être premier à ce stade du conflit, c’est la défense de la patrie, comme le rappelle Mgr Grolleau, l’évêque d’Évreux :
« Des événements imprévus se sont précipités ; la patrie a paru en danger ; le deuil plane sur la France et l’angoisse est partout. Des pensées et des discours d’autres temps n’ont plus leur place ; il n’y a plus dans les cœurs qu’un seul et même sentiment ; il n’y a plus sur toutes les lèvres qu’une seule et même parole, et notre plume, à cette heure solennelle où nous venons à vous, ne peut tracer que ces seuls mots : le salut de la patrie18... »
11S’il fallait trouver un dénominateur commun à ces premiers mandements de guerre, ce serait assurément leur patriotisme. La patrie, définie comme « fille de Dieu » par Mgr Grolleau dans son mandement d’août 1870, ne semble prendre son sens véritable qu’associé à la foi et à la religion. On pourrait citer ce passage de l’évêque de Valence, Mgr Gueulette : « Rien de ce qui nous touche ne reste étranger à la religion. Divinement soucieuse du bonheur de chacun de ses enfants, si, du sein des familles elle porte ses regards vers le pays tout entier, elle nous parle avec la même tendresse du culte de la Patrie19 », auquel répond comme en écho cette exhortation de Mgr Foulon : « Prions pour que nos généreux soldats soient aussi Chrétiens que braves et qu’ils comprennent de plus en plus que le patriotisme et la foi doivent être inséparables dans leur cœur20. » Loin d’affaiblir cette fièvre patriotique, les premiers revers militaires d’août 1870 semblent la renforcer. Ainsi le 12 août, l’évêque de Troyes, Ravinet, rassure ses diocésains et les appelle à former une Union Sacrée avant l’heure :
« Ne nous laissons pas abattre par quelques revers occasionnés par la surprise et par le nombre écrasant de nos ennemis, mais dans lesquels l’héroïsme de nos troupes ne s’est pas démenti un instant. [...] Le découragement est indigne d’un cœur français. Que de fois notre Patrie a dû passer à travers des fortunes diverses, avant d’arriver au triomphe ! Dans le recueillement de la prière nous trouverons la consolation de nos douleurs, l’énergie du courage, la force contre les mauvais conseils de l’hésitation et du découragement. Nous y trouverons surtout l’union des cœurs, le rempart le plus invincible de la Patrie21. »
12Ce mélange des genres, défense de la patrie/défense de la foi catholique, explique que cette catéchèse patriotique passe aussi par une apologie du sacrifice, au sens christique du terme. Mgr Cousseau évoque ainsi « le grand devoir du sacrifice » :
« L’heure en est venue pour tous ceux que la patrie appelle à son secours. Pour un grand nombre, c’est le sacrifice de la vie elle-même qu’on leur demande. Je dis sacrifice, NTCF, et je l’entends dans le sens élevé que donne à ce mot la piété chrétienne, c’est-à-dire l’offrande volontaire de sa vie faite à Dieu, en vue de lui plaire et en union avec le sacrifice de son fils22. »
13Son confrère de La Rochelle, Mgr Thomas va dans le même sens :
« Considérée à ce point de vue, la guerre elle-même est un sacrifice qui apaise la justice de Dieu. Mourir sur le champ de bataille, pour le devoir, pour l’honneur, pour son pays, c’est une immolation noble et généreuse ; et lorsque, avant de marcher à l’ennemi, le soldat a prié et demandé pardon à Dieu, lorsqu’il s’est nourri du pain des forts au banquet eucharistique, il y a dans sa mort une grande puissance d’expiation ; c’est un holocauste digne d’être offert au ciel23. »
14Quant à Mgr Foulon, il quitte résolument le terrain militaire et invite l’ensemble de ses diocésains à se laisser éduquer par cette « école de sacrifice », ouverte à tous :
« C’est par ce côté élevé et chrétien que nous aimons surtout à la considérer [...]. Que personne donc ne refuse de prendre sa part de l’épreuve commune : ce serait manquer de patriotisme et de foi24. »
15Les évêques puisent dans l’histoire nationale de quoi galvaniser les énergies et ranimer la confiance dans la protection divine. À grand renfort de figures historiques – Clovis, Charlemagne, Napoléon, dont les épées furent « béni[es] jadis par la religion25 » –, ils invoquent la tradition de défense de la civilisation chrétienne qui incombe à la France depuis des siècles. Ce n’est certes pas un hasard si, à la veille de la fête de l’Assomption, de nombreux pasteurs, tels Mgr Darboy ou Mgr Foulon, rappellent le vœu solennel que fit Louis XIII de consacrer son royaume à la Vierge Marie et renouvellent cet acte de consécration au nom du lien indéfectible qui unit patriotisme et dévotion mariale :
« Il est vrai que le passé chrétien et glorieux de la France a toujours associé deux choses inséparables dans son histoire : le dévouement au pays et la dévotion à la Sainte Vierge26. »
16S’il fallait résumer le rôle de la hiérarchie catholique à l’été 1870, on pourrait dire qu’il consiste d’abord à justifier une guerre à laquelle les pasteurs donnent volontiers des allures de guerre de religion. La certitude que les combats cesseront rapidement pour laisser place à une paix durable ne dispense pas d’appeler la bénédiction et la protection divines sur l’empereur et l’armée française afin que, par delà leur victoire, la religion soit glorifiée. Reste à s’interroger sur les raisons de l’aveuglement épiscopal quant à la situation militaire de la France : à ce stade du conflit, les évêques sous-estiment-ils, comme la plupart de leurs contemporains, la suprématie prussienne ou sont-ils prisonniers d’un discours officiel que le régime impérial leur somme de relayer auprès de leurs diocésains ? Les deux hypothèses sont vraisemblables et rien ne permet de trancher en faveur de l’une ou de l’autre à ce stade de l’étude.
Résister sur tous les fronts
17À partir du mois de septembre 1870, les revers militaires français, la déchéance de Napoléon III, la proclamation de la République et l’invasion du territoire, modifient l’orientation du discours épiscopal qui gagne en liberté de ton et, tout en restant franchement patriotique, se démarque du politique. Deux événements expliquent ces ajustements : le changement de régime d’abord, puis l’entrée des troupes italiennes dans Rome, secousse lointaine du séisme de Sedan.
18Sur le premier point, le renversement de l’Empire fait tomber les masques. Certains évêques, même parmi les plus fervents partisans de l’empereur, n’hésitent pas à juger sévèrement le régime déchu et à le rendre responsable des échecs militaires de la France. À ceux qui envisagent un relèvement de l’empereur, l’évêque de Nancy pronostique une chute irrémédiable le 12 septembre 1870 :
« Eh bien non, [l’empereur] n’est pas tombé, mais il s’est mis à genoux, et ce n’est pas sur le champ de bataille et ce n’est pas après s’être battu. Croyez que ces chutes-là sont définitives. En vous disant ceci, je ne suis pas suspect. Vous savez mes opinions impérialistes, mais jamais la France ne pardonnera à l’homme de Sedan27. »
19La précipitation de l’entrée en guerre, l’impréparation militaire de la France et l’incompétence du commandement ne tardent pas à être stigmatisées. Mgr Pie déplore en novembre 1870 le manque de discernement de la diplomatie française :
« Qu’il faille attribuer à une rare impéritie, à une impardonnable témérité des hommes préposés aux destinées de la France, les revers sans noms qui viennent de l’atteindre : cela est écrit dans les paroles mêmes de notre texte [...]. Que la France eût de graves sujets de plainte, de sérieux motifs de rupture, que les intérêts les plus élevés fussent compromis, et avec eux les intérêts généraux de la société chrétienne : nous ne chercherons pas à le contester. Mais plus l’entreprise était réputée nécessaire, plus la prudence exigeait qu’elle ne fût pas engagée légèrement. Notre rival, on le savait de vieille date, n’avait plus d’autres pensées ni d’autres soins, sinon de se préparer à la lutte. Depuis longtemps, ses institutions, ses lois, son gouvernement ne tendaient guère qu’à la formation et à l’éducation militaire des citoyens ; initiés, dès le premier âge, aux ambitions et projets de la patrie allemande, l’école obligatoire est pour eux le prélude de la caserne, et l’on peut dire que le militarisme est devenu le dernier mot de leur civilisation. Assurément, se mesurer avec un tel peuple n’est pas au-dessus du génie et des forces de la France. Mais encore fallait-il que la France fût prête. Et si les brèches mal refermées de quelques-unes de nos expéditions précédentes, si des charges arriérées et non encore couvertes, si d’autres causes plus ou moins connues ou ignorées avaient mis obstacle à la réorganisation sérieuse de nos armées, comme notre adversaire, après tout, ne nous menaçait encore que dans le lointain [...] la nécessité de l’heure présente voulait que la diplomatie travaillât dans le sens de la paix [...]. Il en a été autrement et nous en portons cruellement les conséquences28. »
20Le cardinal de Bonnechose estime, pour sa part, qu’il y a eu de graves défaillances dans le commandement militaire et que le pays n’était pas prêt à assumer une guerre :
« Si nos armées ont été défaites, c’est la faute de nos chefs. Ils ont manqué d’habileté et de prévoyance ; ils ont négligé les préparatifs nécessaires ; ils n’ont pas su se concerter ; ils ont provoqué imprudemment avec des forces insuffisantes un ennemi redoutable, prêt à la lutte et armé d’une puissance bien supérieure à la nôtre29. »
21Ces écrits trahissent un jugement sans concession du régime impérial en la personne de l’empereur et de ses généraux, qui contraste avec le ton obséquieux des premiers mandements.
22Sur la forme républicaine du nouveau régime qui avait tout lieu d’effrayer le corps épiscopal, on lit peu de choses dans les lettres pastorales. Certains évêques ordonnent simplement que soit chanté dans les églises le Domine salvam fac Rempublicam. L’évêque de Quimper, Mgr Sergent, implore l’assistance divine sur les membres du gouvernement pour « qu’ils puissent donner la paix au peuple et ramener dans [les] cités l’ordre et la prospérité30 », quand Mgr Darboy invite à s’abandonner au gouvernement de la Défense nationale pour le salut du pays31. L’union patriotique prédomine, tant il importe de ne pas briser la cohésion nationale à l’heure où le territoire est envahi. Mgr Freppel, dont les sympathies monarchistes sont connues, salue ainsi avec chaleur les efforts de la nouvelle république, soulignant que « les partis s’effacent devant l’ennemi commun32 ». S’ils semblent se rallier à la nouvelle forme de régime, la plupart des prélats ne prennent pourtant pas la peine de commenter cette passation de pouvoir forcée.
23La prise de Rome par les troupes italiennes, le 20 septembre 1870, retient bien davantage l’attention des pasteurs français. Le sort de Pie IX, qu’ils ont quitté à peine deux mois auparavant, devient pour les évêques un sujet de préoccupation majeur, d’autant qu’on sent poindre sous leur plume un sentiment de culpabilité : écrasée, défaite, la France a failli à sa mission de défense de la papauté. Mgr Pie qualifie de « péché » cet abandon de la cause pontificale :
« C’est le crime et c’est le malheur que nous a légué le régime qui vient de disparaître aux débuts de cette guerre, tombant ainsi dans la fosse qu’il avait ouverte. En mettant le concours de la France au service des passions impies d’un voisin insatiable et malhonnête, le pouvoir impérial coopérait d’une façon indirecte, mais pourtant décisive, au détrônement du chef de l’Église, ce qui est l’acte le plus antifrançais comme le plus antichrétien33... »
24En guise d’expiation, les pasteurs multiplient les invitations à prier pour le Saint-Père et les oraisons pro papa sont ajoutées aux oraisons pro pace que l’on récite dans les églises depuis la fin juillet. À l’instar du cardinal de Bonnechose, ils exhortent les Français à intensifier la lutte contre l’envahisseur pour pouvoir venir en aide au Souverain Pontife :
« Français, nous sentons que l’honneur national et la postérité de notre patrie sont engagés dans cette question. Nos aïeux, dès le berceau de la monarchie française, ont été prédestinés à soutenir le Saint-Siège. La puissance temporelle nécessaire au gouvernement libre de l’Église a été en quelque sorte fondée par nous. C’est à nous que depuis mille ans, Dieu a confié le soin de la consolider, de la conserver, de la défendre ; et nous ne pourrions aujourd’hui l’abandonner à l’avidité d’un peuple étranger, sans nous couvrir de honte34. »
25Certains prélats, tel Mgr Thomas, interprètent avec espoir les déboires romains comme une promesse de victoire française : « plus que jamais, Dieu a besoin, pour son service, de la grande nation catholique, et il ne brisera pas l’instrument le plus dévoué de ses desseins, au moment où l’Église traverse de redoutables épreuves35 », « aucune nation n’étant digne de la remplacer au service de la Papauté et à l’avant-garde du Catholicisme, son triomphe définitif est certain36. » L’idée selon laquelle le sort de la France et celui de l’Église seraient irrémédiablement liés affleure dans tous les mandements sans exception à partir du mois d’octobre 1870. La plus jolie formule, qui consacre l’union des deux destins, revient sans doute à Mgr de Dreux-Brézé en octobre 1870 :
« Car, puisque [Dieu] a voulu unir à ce point la cause de l’Église et de notre patrie qu’elles semblent n’en former qu’une seule, prier pour la France, c’est prier pour l’Église. Les jaloux de toutes deux le savaient bien, et si quelques-uns l’ignoraient encore, ils n’en doutent plus aujourd’hui. Ainsi nous sommes blessés à la fois dans nos deux patries, et nous ne pouvons jamais souffrir à demi37. »
26Cause de souffrance, ce lien justifie aussi la poursuite de la lutte. Dans son mandement de Noël, l’évêque de La Rochelle invite ainsi ses diocésains à résister sur le sol national pour assurer le triomphe du catholicisme :
« L’Église est invincible et immortelle. Mais, par un côté de son existence, elle touche à la terre, et les sociétés temporelles doivent lui prêter leur appui. Or, dans l’état présent des choses humaines, quoique la France ait laissé altérer le caractère divin de sa mission, elle est néanmoins la seule nation catholique assez forte et assez dévouée pour servir l’Église et défendre la civilisation [...]. Cette fois encore, les destinées de la France sont mystérieusement entrelacées avec celles du Catholicisme. En combattant pour la patrie terrestre, nous défendons l’honneur et l’indépendance de la patrie des âmes. Notre cause est donc juste et sainte38. »
27Au cours de l’automne 1870, les évêques français adoptent donc un ton plus libre, qui n’a rien perdu de ses accents patriotiques du début, mais qui se veut plus virulent pour dénoncer les défaillances du régime déchu, condamner l’opportunisme des nationalistes italiens, soutenir le gouvernement de la Défense nationale dans sa poursuite des combats et organiser localement la résistance, notamment dans les villes assiégées, comme Paris, Orléans, Tours ou Amiens.
Un appel au repentir national
28L’affaiblissement de la population et les nouveaux échecs militaires au tournant de l’hiver 1870 conduisent au constat d’une capitulation inéluctable. Les évêques insistent désormais sur les raisons de l’effondrement qui, étant donné leur discours des premiers mois, ne peut manquer d’être interprété comme le signe d’un abandon divin. Le ton patriotique laisse alors place aux appels de conversion, de régénération morale, de pénitence. Les termes de « punition divine », de « fléau », de « châtiment » fleurissent sous les plumes, comme si la France expiait par ses épreuves présentes ses erreurs passées. Le spectre de la Révolution française domine un XIXe siècle qui ne trouve aucune grâce aux yeux des pasteurs :
« Quand l’esprit consterné repasse sur cette série d’attentats contre Dieu, attentats soufferts, si ce n’est encouragés, depuis près d’un siècle, on se demande, même sous le coup des terribles événements qui se sont succédés pendant cette époque, si Dieu n’a pas été trop patient39... »
29Le cardinal Donnet dénonce « cette sorte d’apostasie publique », « cette perversion du sens moral40 » qui a fait perdre à la France son âme, tandis que Mgr de Dreux-Brézé stigmatise le manque de foi :
« [Il faut] reconnaître que nous nous trompons, surtout parce que nous ne croyons qu’à nous seuls, parce que, depuis bientôt un siècle, par nos principes, par nos lois, par nos systèmes, nous volons à Dieu sa gloire [...]. Cependant, reconnaissons-le, ou non, c’est là le péché national ; or, en ce moment, c’est la nation que Dieu châtie [...]. Le péché surnaturel, le péché qui met Dieu dehors pour se substituer à lui, le péché qui supplante la raison divine pour la remplacer par la raison humaine, veut un châtiment surnaturel41. »
30Les lettres et mandements de carême de 187142 qui, comme le veut le genre, insistent sur la notion de repentir, invitent les Français à revenir aux valeurs essentielles et à retrouver le chemin des églises :
« La victoire que nous demandions n’a pas été donnée à nos armes ; mais Dieu ne nous refusera point la grâce de supporter courageusement nos revers et d’en tirer parti pour la correction des mœurs publiques et pour notre progrès individuel dans les vertus chrétiennes43. »
31Pour aider la France à expier son impiété, les pasteurs suggèrent deux voies de salut. La première suppose un esprit de dévouement et de charité. La seconde passe par la prière. Plusieurs évêques lancent l’idée d’une consécration de leurs diocèses au Sacré-Cœur de Jésus, tels Mgr Gros, Mgr Pie ou les cardinaux Mathieu et Donnet dès le mois de novembre 1870, conviant les Français à offrir les souffrances de l’Église et de la patrie en signe de pénitence :
« La France a commis un crime qui est un crime public, national, social : faisons donc au Cœur de Jésus une consécration qui soit une réparation nationale, publique ; et faisons-le régner dans cette terre de France, qui ne serait plus la France le jour où elle ne serait plus la nation chrétienne44. »
32Ce projet de consécration en guise d’expiation donne naissance, le 8 décembre 1870, à « l’Œuvre du Vœu national au Sacré Cœur de Jésus pour la délivrance du Souverain Pontife et du Salut de la France » qui gagne bientôt l’ensemble des diocèses.
33Dès la fin du mois de décembre, les évêques s’efforcent de préparer les Français à accepter la défaite pour obtenir la paix et engager leur conversion. Mgr Pie constate ainsi dans son mandement de carême 1871 qu’il n’y a plus lieu de prier pour le triomphe des armes :
« La dure loi des circonstances nous commande aujourd’hui d’implorer du ciel une paix nécessaire, et nous avons grand besoin de l’intervention toute-puissante de Dieu pour l’obtenir dans des circonstances qui la rendent acceptable à notre patriotisme. Rien n’est perdu si, comprenant la cause d’une ruine dont la soudaineté et l’étendue tiennent du prodige, nous avons hâte de recourir au principe efficace de la régénération. La France a reçu d’en haut une mission à laquelle elle ne peut se soustraire sans renoncer à sa propre existence : elle est condamnée à n’être rien, si elle n’est pas la première des nations catholiques45. »
34Désormais, le thème principal des actes épiscopaux est celui du redressement moral du pays. Peu importe l’issue de la guerre ou les conditions de la paix46 ; seul compte de donner à la France les moyens de se racheter. Comme le rappelle Mgr Thomas, « la guerre [...] est autre chose que la destruction et la mort. Elle est aussi, et plus souvent, le rajeunissement, la renaissance des sociétés47 ».
35Après l’épisode traumatisant de la Commune de Paris, vécue comme une prolongation interne du conflit contre la Prusse, l’impression de chaos est telle que les autorités dirigeantes elles-mêmes encouragent le retour aux valeurs morales et à la religion. L’Assemblée conservatrice de février 1871, victorieuse de l’insurrection parisienne, récupère à son compte le discours épiscopal, prescrivant que des prières publiques soient dites dans toute la France « pour supplier Dieu d’apaiser les discordes civiles et de mettre un terme aux maux qui affligent le pays48 ». Par une sorte de jeu de miroirs, la chaire épiscopale, qui servait en juillet 1870 de tribune à la propagande impériale, reçoit en mai 1871 la caution du nouveau régime pour mener à bien son œuvre de redressement moral du pays. Mgr Foulon se félicite de la « religieuse détermination » de l’Assemblée nationale sur laquelle il appelle les bénédictions de Dieu :
« De tels actes honorent un pays : ils sont déjà une réparation des scandales que donne aujourd’hui l’impiété, l’affirmation solennelle de la foi de la France en même temps qu’un hommage rendu à la nécessité de la prière qui est en ce moment notre plus puissant secours. Félicitons-nous du retour de notre pays aux traditions chrétiennes qui ont fait sa gloire et qui feront son salut49. »
36Il importe de revenir en conclusion sur le sens de l’évolution du discours épiscopal entre l’été 1870 et le printemps 1871. Discours de propagande dans les premiers mois de la guerre, il se fait tour à tour mobilisateur et accusateur, avant de se recentrer sur des considérations plus spécifiquement pastorales pour se muer en appel de conversion, immédiatement récupéré par l’Assemblée nationale de la toute jeune république, soucieuse d’assurer le redressement moral du pays. Étant donné la rapidité de leur revirement à la chute de l’empire, le soutien que les évêques manifestent au régime impérial à l’été 1870 semble bien fragile. L’optimisme affiché dans les premiers mandements doit être apprécié à l’aune des actes de l’automne et de l’hiver, qui témoignent d’une lucidité troublante quant au sort de la France. Assurément, les mois d’anarchie qui suivent la naissance de la Troisième République constituent un moment privilégié de libération et de prise de distance des plumes épiscopales par rapport au pouvoir politique.
37Les inflexions du discours pastoral au cours de la guerre expliquent d’autre part les orientations de la catéchèse épiscopale pendant la décennie 1870. La guerre franco-prussienne et la Commune constituent des traumatismes qui accélèrent la volonté d’insuffler une réforme en profondeur des consciences. Les appels de conversion du printemps 1871 résonnent inlassablement dans les années qui suivent la fin de la guerre, tandis que les évêques insistent sur les thèmes structurants et constitutifs de l’identité chrétienne que sont le respect du Décalogue, le culte de l’autorité parentale et de la famille, ou encore la sanctification du dimanche50.
38Il convient enfin de mesurer l’incidence de la guerre sur l’évolution du corps épiscopal français dans le champ de l’ecclésiologie. Au-delà des dissensions qui ont divisé ses membres pendant le concile œcuménique, le conflit contre la Prusse a permis de reconstituer une certaine unité dans l’adversité. À l’union de l’épiscopat pour défendre la patrie, répond dès le mois de septembre 1870 sa volonté de faire corps derrière le pape prisonnier, si bien que la guerre franco-allemande contribue à étouffer, en les faisant passer au second plan, les désaccords ecclésiologiques qui opposent les membres de l’épiscopat. Les représentants de la hiérarchie catholique endossent collectivement une part de la responsabilité des malheurs du Saint-Père lorsqu’ils affichent leur honte du forfait français, à tel point que plusieurs évêques de la minorité adressent à Pie IX dans sa captivité leurs lettres d’adhésion aux décisions du concile en guise de réconfort51. S’il faut encore du temps pour que s’effacent les divisions, la guerre de 1870 contribue sans doute, par ses résonnances italiennes, à rapprocher de Rome les derniers adversaires de la primauté pontificale.
Notes de bas de page
1 Un mois et demi après la déclaration de guerre, les troupes françaises sont faites prisonnières à Sedan le 2 septembre 1870.
2 Voir Jacques Gadille, La Pensée et l’Action politiques des évêques français au début de la IIIe République (1870-1883), Paris, Hachette, 1967, 2 t., 351 et 334 p.
3 H.-R. Blandeau, Patriotisme du clergé catholique et des ordres religieux pendant la guerre de 1870-1871, Paris, Lecoffre, 1873, 367 p. ; François Bournand, Le clergé pendant la guerre, 1870-1871, Paris, Tolra, 1891, 366 p. ; Les Sœurs martyres, les sœurs augustines, les sœurs des hôpitaux pendant la guerre (1870-1871). Dévouement, témoignages des contemporains, les sœurs récompensées, Tours, A. Cattier, 1894, 131 p.
4 H. R. Blandeau, op. cit., p. 53-196.
5 Le ministre de l’époque est Émile Ollivier, mais la circulaire est signée du directeur des Cultes, Victor Hamille.
6 Les mandements de Mgr de Belloy portent la trace d’une collaboration étroite avec le pouvoir civil, que l’on retrouve dans une bonne partie des actes épiscopaux du premier tiers du XIXe siècle. Voir Claude Savart, « Deux siècles d’enseignement épiscopal. Les lettres pastorales des archevêques de Paris, 1802-1966 », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 86 (no 216), 2000, p. 130-134.
7 Lettre de Mgr Darboy aux curés de Paris (27 juillet 1870).
8 Il s’agit du plébiscite du 8 mai 1870. Voir le Mandement de Monseigneur l’archevêque d’Albi prescrivant des prières pour le succès de nos armes (29 juillet 1870). Mgr Lyonnet appelle la bénédiction et la protection de la Vierge Marie sur l’Empereur : « Veillez en particulier sur notre magnanime Empereur et le jeune sous-lieutenant, le Prince Impérial, qui l’accompagne ; ils sont dignes l’un de l’autre, tant par les sentiments qui les animent que par le dévouement dont ils sont remplis, de votre haute protection ; il y a peu de jours que la France, cette nation qui se fait gloire de vous appartenir d’une manière si particulière, vient de les acclamer pour la troisième fois par un vote qui restera écrit en caractères ineffaçables dans les annales de notre pays. »
9 Lettre pastorale et mandement de Monseigneur l’évêque d’Autun, Chalon et Macon, ordonnant des prières publiques pour l’heureux succès de nos armes (29 juillet 1870).
10 Mandement de Monseigneur l’évêque de Coutances et d’Avranches prescrivant des prières publiques à l’occasion de la guerre avec la Prusse et de la fête de l’Empereur (29 juillet 1870).
11 Mandement de Monseigneur l’évêque de Pamiers prescrivant des prières publiques pour le succès des armes françaises (29 juillet 1870).
12 Lettre pastorale de l’évêque d’Angoulême, Mgr Cousseau, au clergé et aux fidèles de son diocèse avec mandement prescrivant une quête pour les blessés de l’armée (16 août 1870).
13 Mandement de Mgr Bélaval (29 juillet 1870), op. cit.
14 Mandement de Mgr Lyonnet (29 juillet 1870), op. cit.
15 Mandement de Mgr Darboy (27 juillet 1870), op. cit.
16 Mandement de Mgr Jordany, évêque de Fréjus et Toulon, au clergé de son diocèse prescrivant des prières à l’occasion de la guerre (28 juillet 1870) : « Et cependant quelquefois, comme aujourd’hui, la guerre devient nécessaire pour un peuple qui se sent insulté et menacé dans sa paix et dans son honneur [...] ».
17 Mandement de Mgr Darboy (27 juillet 1870), op. cit.
18 Lettre pastorale et mandement de Monseigneur l’évêque d’Évreux à l’occasion de la prise de possession de son siège et de la situation présente de la France (15 août 1870).
19 Lettre-circulaire de Monseigneur l’évêque de Valence prescrivant des prières pendant la durée de la guerre (1er août 1870).
20 Lettre-circulaire de Monseigneur l’évêque de Nancy et de Toul (28 juillet 1870).
21 Mandement de Monseigneur l’évêque de Troyes à l’occasion de la solennité du 15 août (12 août 1870).
22 Lettre pastorale de Mgr Cousseau (16 août 1870), op. cit.
23 Lettre pastorale et mandement de Monseigneur l’évêque de La Rochelle et Saintes à l’occasion de la guerre (8 septembre 1870).
24 Lettre-circulaire de Monseigneur l’évêque de Nancy et de Toul à l’occasion de la Fête de la Très-Sainte Vierge (10 août 1870).
25 Lettre-circulaire de Mgr Gueulette (1er août 1870), op. cit.
26 Lettre-circulaire de Mgr Foulon (10 août 1870), op. cit.
27 Archives historiques de l’archevêché de Paris (AHAP), 4B1 8a, Correspondance Tapie-Foulon, année 1870, lettre de Mgr Foulon à l’abbé Tapie (12 septembre 1870).
28 Homélie prononcée dans la solennité du 21e anniversaire de la consécration épiscopale de Mgr Pie sur la guerre actuelle jugée d’après les principes de l’Évangile (25 novembre 1870), publiée dans les Œuvres de Monseigneur l’évêque de Poitiers, Paris, H. Oudin, 1887 (9e édition), 8 vol., t. VII, p. 20-22.
29 Mandement de son Éminence le cardinal de Bonnechose, archevêque de Rouen, au clergé et aux fidèles de son diocèse, pour le carême de 1871 sur les temps présents : souffrances de la France et de l’Église (18 janvier 1871).
30 Mandement de Monseigneur l’évêque de Quimper et de Léon pour prescrire des prières publiques à l’occasion de la guerre (6 septembre 1870).
31 Lettre de Mgr Darboy aux curés de Paris (8 septembre 1870).
32 Lettre pastorale et mandement de Monseigneur l’évêque d’Angers prescrivant des prières publiques pour le succès de la défense nationale et à l’occasion de l’invasion des états pontificaux par les troupes italiennes (14 septembre 1870).
33 Homélie prononcée dans la solennité du 21e anniversaire de la consécration épiscopale de Mgr Pie (25 novembre 1870), op. cit., p. 25-26.
34 Lettre pastorale de son Éminence le cardinal de Bonnechose, archevêque de Rouen, protestant contre l’invasion de Rome et des États pontificaux par les troupes italiennes (21 octobre 1870).
35 Lettre pastorale et mandement de Monseigneur l’évêque de La Rochelle et Saintes à l’occasion de la guerre (8 septembre 1870).
36 Deuxième lettre pastorale et mandement de Monseigneur l’évêque de La Rochelle et Saintes à l’occasion de la guerre (25 décembre 1870).
37 Lettre pastorale et mandement de Monseigneur l’évêque de Moulins ordonnant des prières pour les besoins actuels de la France (28 octobre 1870).
38 Deuxième lettre pastorale et mandement de Mgr Thomas à l’occasion de la guerre (25 décembre 1870), op. cit.
39 Instruction pastorale et mandement de son Éminence le cardinal Mathieu, archevêque de Besançon, pour le saint temps du Carême 1871 (26 janvier 1871).
40 Lettre pastorale de son Éminence le cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux, sur les épreuves actuelles de la France et de l’Église et mandement pour la consécration solennelle de son diocèse au Sacré Cœur de Jésus (20 novembre 1870).
41 Lettre pastorale et mandement de Mgr de Dreux-Brézé (28 octobre 1870), op. cit.
42 Pour un aperçu global de ces actes, voir Jean-Marie Mayeur, Marie Zimmermann, Lettres de carême des évêques de France. Répertoire 1861-1959, Strasbourg, 1981.
43 Lettre de Mgr Darboy aux curés de Paris (30 janvier 1871).
44 Homélie de Mgr Pie prononcée dans sa cathédrale le 6 octobre 1870, publiée dans Mgr Louis Baunard, Histoire du cardinal Pie, évêque de Poitiers, Poitiers-Paris, Oudin-Poussielgue, 1886, 2 t., XV-682 et 729 p., t. 2, p. 430-431.
45 Instruction pastorale de Monseigneur l’évêque de Poitiers sur les malheurs actuels de la France (carême 1871).
46 Très peu de mandements ou de lettres pastorales les commentent.
47 Deuxième lettre pastorale et mandement de Mgr Thomas, évêque de La Rochelle et Saintes, à l’occasion de la guerre (25 décembre 1870), p. 12.
48 Résolution prise par l’Assemblée nationale dans sa séance du 16 mai 1871, communiquée aux évêques de France par le ministre de l’Instruction publique et des Cultes, Jules Simon (circulaire du 20 mai 1871).
49 Lettre pastorale de Monseigneur l’évêque de Nancy et de Toul (24 mai 1871).
50 Voir Séverine Blenner-Michel, « Des évêques leplaysiens, relais institutionnels d’une pensée sociale (1860-1900) », dans Les Études sociales, no 149-150, 2009, p. 57-78. Claude Savart a mis en évidence, pour le diocèse de Paris, le primat des actes épiscopaux consacrés à la discipline des fidèles et aux activités caritatives pendant la période 1871-1886. Voir C. Savart, op. cit., p. 130-131.
51 Quatorze évêques de la minorité (sur vingt-six) adressent au pape leur acte d’adhésion à la constitution Pastor Aeternus ou proclament publiquement leur adhésion dans les semaines et les mois qui suivent la prise de Rome ; certains d’entre eux, tels Hacquard, Cuttoli ou Foulon, publient les constitutions apostoliques avant la fin du conflit. Sur la chronologie de ces adhésions, voir J. Gadille, La Pensée et l’Action politiques des évêques français, op. cit., t. I., p. 114.
Auteur
-
Séverine Blenner-Michel
Maître de conférence à l’École nationale des Chartes.
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