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Les cisterciens en Bretagne

 | 
André Dufief

1re partie. Le cadre local

Chapitre I. Le milieu

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Géographique :

France

Texte intégral

  • 1 Exordium parvum, chap. XV, Instituta monachorum cisterciensium de Molismo venientium, éd. Guignard(...)

« Ces saints hommes savaient que le bienheureux Benoît n’avait pas établi ses monastères dans des châteaux, dans des cités ou dans des villes, mais dans des lieux éloignés de la fréquentation des humains ; ils promettaient d’agir de même »1.

  • 2 Recueil montrant le but de la réforme cistercienne et exposant les règlements adoptés par les prem (...)
  • 3 Constitution de l’ordre cistercien organisant les rapports mutuels des abbés et traitant du Chapit (...)

1C’est en ces termes que le Petit Exorde2 qui représente avec la Charte de Charité3 la tradition cistercienne primitive, fixe les règles relatives aux fondations et au choix de l’emplacement des abbayes. Apparemment les cisterciens les ont respectées et se sont le plus souvent implantés dans des régions déshéritées. La Bretagne à cet égard constituait pour eux une zone éminemment attractive. Vers 1130, en effet, les traits dominants y étaient la sous-urbanisation, l’isolement, la faiblesse de l’emprise humaine sur le milieu naturel.

La sous-urbanisation

  • 4 Cf. infra, les témoignages de Baudry, archevêque de Dol (1107-1130), d’Orderic Vital et de Guillau (...)
  • 5 La Borderie (A. de), Histoire de Bretagne, t. IV, p. 148-152.

2Nous savons assez peu de choses sur le fait urbain en Bretagne au Moyen Âge, et particulièrement au début du xiie siècle. Voulant réhabiliter une contrée que les chroniqueurs contemporains se plaisent à dépeindre comme sauvage, inculte et occupée par des barbares grossiers et ignorants4, La Borderie a utilisé le témoignage du géographe arabe Idrisi5.

  • 6 « Les maisons y sont contiguës, les ressources de toute espèce et les céréales abondantes » ; Idri (...)
  • 7 Lannion, ch. 1. arr., Côtes-d'Armor. Toutefois, cette identification est incertaine.
  • 8 Quimper, ch. 1, départ., Finistère.
  • 9 Quimperlé, ch. 1, arr., Finistère.
  • 10 Vannes, ch. 1, départ., Morbihan
  • 11 Le Croisic, ch. 1, cant., arr. Saint-Nazaire, Loire-Atlantique.
  • 12 Idrisi, Géographie, trad. cit., p. 353.
  • 13 Ibid.
  • 14 Ibid., p. 354.
  • 15 Idrisi, Géographie, trad. cit.
  • 16 Ibid.
  • 17 Leguay (J.-P.), Un réseau urbain au Moyen Âge : Les villes du duché de Bretagne aux xive et
  • 18 Bourde de La Rogerie (H.), « Les fondations de villes et de bourgs en Bretagne du xie au xiie sièc (...)

3Se fiant aux dires de ses contemporains qui voyageaient en Europe, ce dernier décrit la Bretagne d’alors comme prospère6 et peuplée de quatorze villes principales : Nantes, Rennes, Saint-Michel, Dol, Dinan, Saint-Malo, Saint-Mathieu, Saint-Brieuc, Laïounes7, Kirembin8, Kimberlik9, Faînes10, Redon, Rais11. Nantes est « grande, bien bâtie, bien peuplée »12, Rennes « considérable, peuplée, abondante en ressources »13, Quimperlé « remarquable par ses marchés et son industrie »14, Saint-Malo a « des ressources nombreuses, une population considérable, un commerce riche, une industrie active »15 ; « Dinan, ceinte de murs de pierres, commerçante, est un port d’où l’on expédie de tous côtés des marchandises »16. Ce tableau, souvent idyllique, beaucoup trop laconique, ne mérite pas l’intérêt excessif que lui a porté La Borderie. Il est préférable de se fier à la thèse de J.-P. Leguay17, ainsi qu’à l’étude ancienne de Bourde de La Rogerie qui démontrent avec pertinence la sous-urbanisation de la Bretagne au xie et au début du xiie siècle18.

  • 19 Le site d’Alet se trouve actuellement à Saint-Servan, commune de Saint-Malo, Ille-et-Vilaine.
  • 20 La déchéance d’Alet au profit de Saint-Malo fut consacrée en 1145-1156 quand Jean de Châtillon, év (...)
  • 21 Cf. Le Lannou (M.), Géographie de la Bretagne, Rennes, 1950, t. I, p. 191-192.
  • 22 Cf. Bourde de La Rogerie (H.), 1950, op. cit.
  • 23 Cf. Le Lannou (M.), op. cit.

4Seules méritaient alors le nom de ville Nantes, Rennes et Vannes, anciens chefs-lieux de cités gallo-romaines qui avaient gardé une relative importance grâce à la permanence d’un siège épiscopal. On ne pouvait en dire autant d’Alet19 – elle aussi pourvue d’un évêché – dépeuplée au profit de l’île voisine d’Aaron qui gardait les reliques de saint Malo et attirait marchands, commerçants et aventuriers20. Quant à Carhaix, l’antique Vorgium, carrefour remarquable de voies romaines, elle avait peut-être gardé une physionomie urbaine mais elle était très déchue21. À Nantes, Rennes et Vannes, on peut joindre les centres religieux établis aux vie et viie siècles par les Bretons venus des Iles Britanniques : Dol, Saint-Brieuc, Tréguier, Saint-Pol-de-Léon, Quimper22 ; la plupart s’étaient d’ailleurs établis sur des sites gallo-romains plus ou moins importants, tel Quimper qui avait succédé à Aquilonia23.

  • 24 Bourde De La Rogerie (H.), donne la liste suivante :
    Ille-et-Vilaine : Saint-Malo, Fougères, Montfo (...)
  • 25 Quimperlé, Redon, Saint-Méen.

5Un certain renouveau urbain se manifesta cependant en Bretagne, comme dans tout l’Occident, à la fin du xie siècle et au début du xiie siècle. Mais les soixante « villes »24, qui naquirent alors ne furent en fait que de simples bourgades, blotties le plus souvent au pied d’un château, ou, dans un très petit nombre de cas25, auprès d’une abbaye.

  • 26 Cf. Le Lannou (M.), Géographie de la Bretagne, t. I, p. 193-195.
  • 27 Vallaux (C.), La basse Bretagne, étude de géographie humaine, 1907.

6Les plus favorisées parmi les villes ou bourgades que nous venons d’énumérer étaient celles qui étaient installées sur les estuaires des fleuves côtiers, au point, gué ou pont, où les routes terrestres franchissent encore facilement les profondes vallées fluviales26. C. Vallaux leur a donné le nom de villes fluvio-maritimes27. L’expression n’est pas très heureuse car elle laisse supposer que ces villes durent leur naissance à la rencontre d’une navigation fluviale et d’une navigation maritime. En réalité, ce fut le passage du fleuve qui détermina leur établissement et non le commerce maritime fort peu important au xiie siècle.

L’isolement

  • 28 Vidal de La Blache (P.), Tableau de la géographie de la France, t. I de l’Histoire de France…sous (...)

7La Bretagne, en fait, vivait à l’écart du monde occidental. Repliée sur elle-même, elle avait acquis un des traits essentiels de sa physionomie – l’isolement – et constituait un bout du monde qui « expirait à demi noyé dans l’Océan »28.

  • 29 Cf. Histoire féodale des marais, territoires et Église de Dol. Enquête par tourbe ordonnée par Hen (...)
  • 30 Cf. Raison (chanoine L.) et Niderst (R.), « Le mouvement érémitique dans l’ouest de la France à la (...)
  • 31 Cf. Le Lannou (M.), op. cit., p. 79-94.

8C’est qu’elle communiquait mal tout d’abord avec les provinces voisines. Entre celles-ci et celle-là s’interposait une zone mal aisée à franchir ; du côté de la Normandie, le marais de Dol péniblement gagné sur la mer et encore à demi-noyé29, le long du Maine et de l’Anjou, de vastes solitudes boisées, refuges pour les ermites en quête d’une nouvelle Thébaïde30. La péninsule bretonne, d’autre part, était éloignée des principales routes terrestres le long desquelles marchands et pélerins, en nombre toujours croissant, commençaient à circuler dans tout l’Occident. Nulle place importante, nul sanctuaire renommé, ne marquaient le terme de ses grands chemins. Ces derniers étaient d’ailleurs impraticables la plus grande partie de l’année en raison de l’humidité d’un climat qui transforme les sols en boue gluante dans laquelle les charrettes s’embourbent jusqu’au moyeu, creusant de profondes et persistantes ornières31. Les choses n’avaient pas changé au xviie siècle, lorsque la marquise de Sévigné écrivait à sa fille (31 nov. 1680) :

  • 32 Madame de Sévigné, Lettres, éd. Gérard Bailly, P. Gallimard, 1955 (Bibliothèque de la Pléiade) t. (...)

« Nous avons trouvé les chemins fort raccommodés de Nantes à Rennes par l’ordre de Monsieur de Chaulnes ; mais les pluies ont fait comme si deux hivers étaient venus l’un sur l’autre. Nous avons toujours été dans les bourbiers et dans les abîmes d’eau : nous n’avions osé traverser par Châteaubriant parce qu’on n’en sort point... Nous arrivâmes à Rennes la veille de l’Ascension... Nous partîmes à dix heures, et tout le monde me disait que j’avais trop de temps et que les chemins étaient comme dans cette chambre, car c’est toujours la comparaison ; ils étaient si bien comme dans cette chambre que nous n’arrivâmes ici qu’après douze heures du soir, toujours dans l’eau, car, de Vitré ici où j’ai été mille fois, nous ne les reconnaissions pas : les pavés sont devenus impraticables, les bourbiers sont enfoncés, les haut et bas plus hauts et bas qu’ils n’étaient ; enfin, voyant que nous ne voyions plus rien nous envoyâmes demander du secours à Dilois ; il vint avec une douzaine de gars ; les uns nous tenaient, les autres nous éclairaient avec plusieurs bouchons de paille et tous parlaient si extrêmement breton que nous nous pâmions de rire »32.

  • 33 Cf. Le Lannou (M.), op. cit.
  • 34 Cf. Le Lannou (M.), op. cit.

9La Bretagne, on le voit, était difficile à pénétrer d’autant plus que le relief s’ajoutait au climat pour rendre difficile la circulation intérieure33. Bloc tabulaire, le massif armoricain est pourtant le moins élevé des massifs anciens français. Le plateau, d’une rectitude monotone, constitue l’élément dominant du panorama que l’œil peut découvrir à travers les frondaisons du bocage. Cependant, ce massif, surgi à la fin des temps primaires, pénéplané à l’ère secondaire, a été rajeuni au tertiaire à la suite d’une reprise assez vigoureuse de l’érosion qui a mis en saillie les roches dures, déblayé les roches tendres et creusé de profondes vallées. Ainsi, les surfaces planes ne se retrouvent vraiment que le long du littoral ; au nord-ouest, dans le Trégorrois et dans le Léon, tables cristallines assez uniformes ; au nord-est, au-delà de la baie de Saint-Brieuc, où elles s’élargissent et se diversifient ; au sud enfin, dans la Cornouaille et dans le Vannetais, où elles forment une frange beaucoup plus étroite que dans le nord. Partout, elles sont entaillées et fragmentées par les vallées des nombreuses rivières bretonnes. Sinueuses, encaissées, aux versants d’une rigueur extrême, ces vallées constituent un obstacle majeur aux communications entre l’est et l’ouest du pays. Ces dernières ne sont guère plus faciles entre le nord et le sud. Vers l’intérieur, en effet, les plateaux littoraux sont bordés par des alignements de hauteurs qui les isolent de la Bretagne centrale : Monts d’Arrée prolongés par les Landes du Méné au nord ; Montagne Noire, Landes de Lanvaux et Sillon de Bretagne au sud. Quant à la Bretagne centrale, « pâté confus d’arêtes gréseuses, de croupes granitiques et de bassins schisteux »34 où les fleuves, tel le Blavet dans la région de Mur, s’enfoncent en gorges profondes, elle oppose à la route des difficultés redoutables. Finalement, les déplacements ne sont relativement aisés que dans la Bretagne orientale, vaste zone déprimée qui s’étend de la baie du Mont-Saint-Michel à la Loire. La vallée de la Vilaine qui serpente entre les vallonnements monotones du bassin de Rennes, cœur de la Bretagne orientale, ne constitue pas un obstacle majeur. Là encore, cependant, les anciens itinéraires ont eu beaucoup de mal à franchir les minces rubans appalachiens, d’orientation nord-ouest – sud-est, des plateaux de Bain et de Guichen.

  • 35 Les exceptions sont rares. Au xie siècle, un seigneur de Dinan fait don aux moines de Saint-Floren (...)
  • 36 Batz, île et comm., arr. Morlaix, Finistère.
  • 37 Ouessant, île et ch. 1. cant., arr. Brest, Finistère.
  • 38 Sein, île et comm. arr. Brest, Finistère.
  • 39 Landévennec, cant. Crozon, arr. Châteaulin, Finistère.
  • 40 Les Glénans, archipel, comm. Fouesnant, arr. Quimper, Finistère.
  • 41 Houat, île et comm. arr. Vannes, Morbihan.
  • 42 Hoedic, île et comm. arr. Vannes, Morbihan.
  • 43 Saint-Gildas-de-Rhuys, cant. Sarzeau, arr. Vannes, Morbihan.
  • 44 Groix, île et canton arr. Lorient, Morbihan.
  • 45 Belle-Île, île et canton arr. Lorient, Morbihan.
  • 46 Quimperlé, ch. 1. cant arr. Quimper, Finistère.
  • 47 Cf. Largillière (R.), Les saints et l’organisation chrétienne primitive dans l’Armorique, Rennes, (...)
  • 48 Loguivy, cant. Paimpol, arr. Saint-Brieuc, Côtes-d'Armor.
  • 49 Locmiquel, aujourd’hui Saint-Michel-en-Grève, cant. Plestin, arr. Lannion, Côtes-d'Armor.
  • 50 Locquémeau, cant ; et arr. Lannion, Côtes-d'Armor.
  • 51 Locquirec, cant. Lanmeur, arr. Morlaix, Finistère.
  • 52 Locquénolé, cant. et arr. Morlaix, Finistère.
  • 53 Loctudy, cant. Pont-L’Abbé, arr. Quimper, Finistère.
  • 54 Cf. D. Morice, Preuves, I, 554.
  • 55 En 1235 en effet, Guyomar du Léon se vantait de posséder une pierre plus précieuse que toutes les (...)

10La mer, dans ces conditions aurait pu jouer un rôle décisif pour rompre l’isolement de la contrée. Mais, en dépit de la longueur de ses côtes et de sa triple façade maritime, la péninsule bretonne était, encore, au xiie siècle, une contrée terrienne. Les Bretons, à la différence de leurs voisins normands alors en relation constante avec l’Angleterre, étaient des sédentaires qui ignoraient le commerce international. Cette absence de vie maritime est reconnaissable à de multiples indices, tous concordants. Les documents contemporains, en particulier les privilèges accordés aux abbayes, aux prieurés et aux desservants des nouveaux bourgs « fluvio-maritimes » ne font jamais mention de marins ou de navires35. Les îles étaient désertes et abandonnées aux abbayes : Batz36, Ouessant37, appartenaient à Saint-Melaine de Rennes ; Sein38 à Landévennec39 ; les Glénans40, Houat41, Hoëdic42 à Saint-Gildas-de-Rhuys43 ; Groix44, Belle-Île45 à Sainte-Croix de Quimperlé46. Les rivages, enfin, n’étaient guère fréquentés. Déchiquetées, hérissées d’écueils et d’îlots sans nombre, battues par les vents et les tempêtes, les côtes bretonnes n’offraient pas d’escales faciles, à l’exception peut-être de Saint-Malo et de Nantes. Sans doute les noms en (Loc-) de quelques petits ports semblent-ils attester qu’ils furent fondés aux xie et xiie siècles47 : ainsi Loguivy48, Locmiquel49, Locquémeau50, Locquirec51, Locquénolé52, Loctudy53. Mais ce n’étaient encore que de simples hameaux de pêcheurs. La principale activité maritime des Bretons résidait en fait dans le pillage des épaves que la mer rejetait sur leurs rivages à la suite des tempêtes ou de leurs pièges. Ce cruel droit de bris ou de « lagan » qui dépouillait les naufragés de tous leurs biens fut aboli à la suite d’un synode tenu à Nantes en 1127. À la demande des évêques présents, le duc Conan III y renonça solennellement, sollicitant les anathèmes de l’assemblée contre les seigneurs qui continueraient à l’exercer54. Bien peu, malheureusement, suivirent l’exemple du duc55 : le droit de bris subsista et devint une coutume qui, au xixe siècle, effrayait encore Michelet :

  • 56 Michelet (J.), Tableau de la France, éd. Lucien Refort, Les textes français, Paris, 1934, p. 12-13

« C’est qu’en effet, disait-il, il y a là pis que les écueils, pis que la tempête. La nature est atroce, l’homme est atroce et ils semblent s’entendre. Dès que la mer leur jette un pauvre vaisseau, ils courent à la côte, hommes, femmes et enfants, ils tombent sur cette curée. N’espérez pas arrêter ces loups, ils pilleraient tranquillement sous le feu de la gendarmerie. Encore, s’ils attendaient toujours le naufrage, mais on assure qu’ils l’ont souvent préparé. Souvent, dit-on, une vache, promenant à ses cornes un fanal mouvant a mené les vaisseaux sur les écueils. Dieu sait alors quelles scènes de nuit ! On en a vu qui, pour arracher une bague au doigt d’une femme qui se noyait, lui coupait le doigt avec les dents »56.

11Ainsi, isolée à la pointe de l’Occident, la Bretagne au début du xiie siècle, était bel et bien un bout du monde malgré les dires d’Idrisi.

Faiblesse de l’emprise humaine sur le milieu naturel

12C’était également un pays où l’emprise de l’homme sur le milieu naturel restait faible. Certes ce n’est là qu’une hypothèse et les éléments objectifs nous manquent pour la confirmer : faute de documents statistiques, il est impossible de chiffrer la population bretonne à cette époque et le décor naturel ne nous est connu qu’à travers des légendes nées dans les Iles Britanniques et transportées en France à la fin du xie siècle. Si nous l’avançons, c’est parce que les travaux d’érudition consacrés, soit au peuplement de la péninsule armoricaine, soit au paysage rural, nous semblent la confirmer.

Les contrastes du peuplement

  • 57 Cf. Le Lannou (M.), Géographie de la Bretagne, Rennes, 1950, t. II, p. 165-191.

13La mise en place du peuplement notamment a été relativement bien éclaircie57.

  • 58 Cf. Giot (P.-R.), L’Helgouach (J.), Briard (J.), La préhistoire dans Histoire de Bretagne, sous la (...)
  • 59 Pape (L.), L’Armorique gallo-romaine, ibid., p. 89-109.

14Évoquons brièvement la préhistoire. Au paléolithique, des groupes peu nombreux de chasseurs ou de coureurs de grèves, ignorant l’agriculture, parcouraient une région peu éloignée des grands glaciers d’Europe et soumise à un climat pré-glaciaire. Un vif essor se produisit à la fin du néolithique, entre 2000 et 1800 av. J.-C. environ, quand la Bretagne sortit de son isolement pour entrer en contact avec les peuples méditerranéens à la recherche du cuivre et surtout de l’étain. L’Âge du fer vit la Bretagne se replier sur elle-même, se détournant des pays continentaux et ne gardant que ses relations maritimes. Elle connut alors les invasions celtiques, mais les immigrants demeurèrent sans doute en nombre assez limité58. À la suite des conquêtes de César, l’Armorique fut romanisée. Un réseau assez dense de voies romaines s’étendit sur le pays tandis qu’y étaient établis de nombreux fundi59.

  • 60 Riché (L.), Devailly (G.), De L’Armorique à la Bretagne, ibid., p. 117-139.
  • 61 Cf. Loth (J.), L’émigration bretonne en Armorique du Ve au vie siècle de notre ère, thèse de Lettr (...)
  • 62 La Borderie, op. cit., t. II.
  • 63 Largillière (R.), Les saints et l’organisation chrétienne primitive dans l’Armorique, Rennes, 1925

15À partir du milieu du ve siècle60, les Bretons venus d’Outre-Manche commencèrent à s’installer dans la péninsule armoricaine. Cette nouvelle immigration, qui a soulevé maintes polémiques61, ne s’arrêtera que vers l’an 600. Les nouveaux venus s’installèrent surtout le long du littoral, au nord, dans une zone comprise entre Dol et Plougastel, à l’ouest dans la Cornouaille maritime, au sud, entre l’Ellé et la ville de Vannes, dans le pays qui s’appellera plus tard le Broerec. C’est au ixe siècle que, conduits par Nominoë, les Bretons conquirent les territoires de Rennes et de Nantes où dominaient les éléments gallo-romains et francs62. Quelque temps après la mise en place des premières immigrations, un clergé, venu lui aussi d’Outre-Manche, créa des paroisses – les plous – dont les limites furent fixées suivant les besoins du ministère religieux et la commodité des prêtres desservants63. À peu de chose près, la création de ces nouvelles paroisses était achevée au xiie siècle.

  • 64 Ibid.

16S’opposaient alors les immenses paroisses de l’Argoat et celles beaucoup plus restreintes de l’Armor. Très tôt, en effet, les « plou » de l’Armor avaient été morcelés en « tré », « lan » ou « loc ». Le « tré », à l’origine était un hameau excentrique ; la nécessité de le desservir religieusement conduisit à y construire une chapelle dont l’érection en église permit la constitution d’une nouvelle paroisse. Quand la chapelle était celle d’un monastère ou d’un simple oratoire religieux, le nouveau groupement prit le nom de « lan », avant la fin du xe siècle, de « loc », ensuite. « Tré » et « lan » sont ainsi très nombreux et souvent très anciens dans le Trégorrois, le pays de Guingamp, la haute Cornouaille, tandis que les « loc » l’emportent dans le Vannetais. Ils sont beaucoup moins nombreux dans l’Argoat où le morcellement des « plou » a été moins poussé malgré l’énormité des paroisses primitives64. Assurément, ce contraste ne peut correspondre qu’à une évolution très différente du peuplement : l’Armor connut sans nul doute un essor démographique précoce, antérieur en tout cas au xiie siècle, tandis que l’Argoat évoluait peu.

Les paysages

17Sans tomber dans un déterminisme trop strict, on peut affirmer que cette situation découlait des conditions offertes par le milieu. Les platitudes de l’Armor, balayées par les vents étaient peu propices à l’arbre tandis que l’agriculture y trouvait des conditions favorables en raison de la douceur du climat océanique et de la fertilité, accentuée par les amendements et engrais fournis par la mer, d’un revêtement limoneux. L’Argoat, au contraire, pays de plateaux et de « montagnes », de terres froides, siliceuses ou argileuses, aurait été un pays essentiellement forestier.

Mythe et réalité de Brocéliande

  • 65 La Borderie, op. cit., t. I, p. 48.
  • 66 Cf., carte n° 1.
  • 67 Id.
  • 68 Région centrale de la Bretagne. Cf. infra.
  • 69 Cant. Maël-Carhaix, arrond. Guingamp, Côtes-d’Armor. Une déclaration de la seigneurie de Paule en (...)
  • 70 Cant. Le Faouêt, arrond. Pontivy, Morbihan.
  • 71 Cette vision apocalyptique des invasions barbares des iiie-ive siècles ap. J.-C. évoque bien le st (...)
  • 72 Ibid.

18On a répété, en effet, à la suite de La Borderie, que le centre de la Bretagne aurait été occupé depuis l’époque gauloise jusqu’au xie ou au xiie siècle de notre ère, par une immense forêt impénétrable, « véritable muraille de la Chine, verdoyante, arborescente, longue de trente lieues, large de quinze, isolant le Nord du Sud, l’Est de l’Ouest, empêchant les communications par l’intérieur entre les diverses peuplades, les diverses principautés, les divers fiefs qui ont successivement occupé la péninsule »65. Cette forêt aurait été limitée : au nord, par les landes du Méné et leurs prolongements, entre Bécherel et Bourbriac, à l’ouest par la Montagne Noire et par le haut Ellé, au sud par les landes de Lanvaux, à l’est par les cours de la Vilaine, du Meu et de la Flume jusqu’aux collines de Bécherel66. De cette immense forêt, il ne resterait aujourd’hui que des épaves : forêts de Montauban, de Boquen, de Lorge et de Beffou, sur son front nord ; forêts de Duault et de Camors sur son front sud ; forêts de Paimpont, Quénécan et La Nouée en son centre67. La Borderie complétait sa démonstration par une vague étude toponymique et justifiait l’extension ancienne et considérable de Brocéliande par la présence de lieux-dits « Brécélien » ou « Brécilien » à l’extrémité ouest du Porhoët68, dans la paroisse de Paule69 et dans un village voisin du bourg de Priziac70. Ainsi, sa grande forêt centrale recouvrait-elle, jadis, la plus grande partie des territoires des Coriosolites et des Vénètes, les séparant de ceux des Namnètes et des Riedones. À peine entamée par la colonisation sous le Haut-Empire, elle recommença à reverdir à l’occasion des troubles violents suscités par les différentes poussées barbares des iiie et ve siècles ap. J.-C. En cette dernière occasion, notamment, les Alains et surtout les Saxons, « les plus cruels, les plus rusés des barbares, vraies bandes de chats-tigres fluviatiles et maritimes », appartenant à une « race pillarde, voleuse et malfaisante », ravagèrent « telles les hordes de l’Antéchrist » toutes les villes, stations et établissements gallo-romains de la Péninsule71. Ainsi, quand les Bretons insulaires vinrent chercher refuge en Armorique à partir de la seconde moitié du ve siècle ap. J.-C., ils trouvèrent une « zone littorale dévastée, anéantie, brûlée, un rivage sans habitants et sans culture, devenu un désert ; à l’intérieur, entre les forêts, la vue courait sur de grands espaces vides, incultes, pleins de lianes et de ronces... l’habitation humaine, en Armorique, était un accident, la règle générale, la ronce, le buisson, la forêt et son hôte la bête féroce » ; les Vies des saints bretons nous les montrent d’ailleurs déambulant à travers des « déserts » avant de s’établir au plus profond d’épaisses forêts ; saint Suliac s’installe « dans une forêt au bord de la Rance », saint Lunaire « dans une forêt, de l’autre côté de ce fleuve, au bord de la mer », saint Paul Aurélien aborde « sur la côte nord du Léon qui n’était que bois » ; « Quiberon, Ruis, toutes ces pointes, toutes ces presqu’îles émergeaient des flots décorées de lourdes frondaisons silvestres ». Par la suite, les immigrés remirent en valeur les zones littorales et ne s’attaquèrent à la grande forêt centrale, bien timidement d’ailleurs, qu’au ixe siècle. Ainsi put-elle résister victorieusement jusqu’au xiie siècle, « moment où elle allait disparaître du sol et où elle reprit une nouvelle vie, faite de mystère et d’effroi, dans les poèmes des trouvères »72.

  • 73 Duine (F.), Origines bretonnes, études des sources, questions d’hagiographie et Vie de saint Samso (...)

19Aussi grande que soit la valeur d’ensemble des travaux de La Borderie, il faut bien voir que ce dernier, porte-drapeau du régionalisme breton pendant plus de cinquante années, a tout fait pour minimiser les résultats de la colonisation romaine en Armorique ; on ne peut éviter non plus de reconnaître avec F. Duine qu’il appartenait « à l’école du pittoresque et de l’outrance » et que « s’il nous a préservés des pires excès de la marée romantique »73, il n’en a pas moins été fortement influencé par elle.

  • 74 C’est le cas en particulier de Baron du Taya (A.), Brocéliande et ses chevaliers, Rennes, 1839. L’ (...)

20Il semble en effet que La Borderie ait été amené à formuler son hypothèse sur l’extension ancienne et considérable de Brocéliande à partir de témoignages bien peu probants : les récits des trouvères des xie et xiie siècles, rassemblés au xixe par des érudits locaux eux-mêmes imprégnés de la matière de Bretagne74. Or, les indications topographiques sont fort réduites dans leurs récits empreints de merveilleux. Elles se résument à quelques vers ou citations de Wace et de Chrestien de Troyes :

  • 75 Wace, Le roman de Rou.

« Alain Felgan vint el passage
« Ki des Bretunz ont grant bornage
« De Peluit le filz Bertran,
« Et li Sire i vint de Dinan,
« E Raoul i vint de Gaël,
« E maint Breton de maint chastel,
« E cil de vers Brecheliant
« Donc Bretunz vont souvent fablant,
« Une forest mult longue et lée
« Ki en Bretagne est mult loée
« E ce fut à Brocéliande,
« Une forest en une lande »75.

21On peut seulement en déduire qu’aux xiie et xiiie siècles, il y avait au milieu des landes bretonnes une longue, large et épaisse forêt, du nom de « Brecheliant » ou de « Brocéliande ».

  • 76 Miln (J.), Fouilles faites à Carnac, Paris, 1877.
  • 77 Loth (J.), op. cit.
  • 78 Couffon (R.), « Toponymie bretonne, la forêt centrale, les plous », dans MSHAB, t. XXVI, 1946, p. (...)
  • 79 Toberne (A.), « Toponymie forestière des Monts d’Arrée », dans AB, 1954.
  • 80 Pape (L.), L’Armorique gallo-romaine, op. cit.
  • 81 Sanquer (R.), « La villa romaine en Armorique, sites et époques », dans Archéologia, n° 74, septem (...)
  • 82 Ibid.
  • 83 Cf. supra.

22Au demeurant, James Miln76, J. Loth77, R. Couffon78, A. Toberne79, Louis Pape80, R. Sanquer81, ont fait justice du mythe de la grande forêt centrale. Il ressort de leurs études que, si la proximité de la mer a attiré l’habitat rural à l’époque gallo-­romaine82, le cœur de la péninsule armoricaine était loin d’être déserté, malgré les difficultés de pénétration83. Le long des nombreuses routes qui reliaient entre eux les chefs­-lieux de cités, le long des fleuves côtiers, la Rance, le Blavet, la Vilaine, et de leurs affluents, l’Oust, le Lié, l’Aff, l’Arz, le Ninian, J. Loth a même pu dénombrer l’existence de plusieurs centaines de fundi gallo-romains, reconnaissables à leurs noms formés du gentilice en « ius » du propriétaire et du suffixe « acum ». Seules des prospections futures pourront confirmer son hypothèse mais, dès la fin du xixe siècle, J. Miln notait :

  • 84 Cité par L. Pape, Documents d’histoire de la Bretagne, ouvrage publié sous la direction de Jean De (...)

« Partout en Bretagne, on trouve des vestiges de constructions gallo-romaines qui attestent que l’Armorique fut occupée par les Romains aussi fortement que le reste de la Gaule »84.

  • 85 Sanquer (R.), op. cit.
  • 86 Il faut ajouter que l’installation dans un « désert » sans organisation religieuse est un cliché q (...)
  • 87 Riche (P.) et Devailly (G.), op. cit., p. 121.
  • 88 Cf. Couffon (R), op. cit. Citons l’exemple de saint Méen, disciple de Samson qui s’établit entre D (...)
  • 89 Cf. Ermold le Noir, Poème sur Louis le Pieux et Épîtres au roi Pépin, éd. E. Faral, Paris, Champio (...)
  • 90 Abbaye fondée vers 832-833 par Conwoion, ch. 1. arrond. Ille-et-Vilaine. Cf. Aurélien de Courson, (...)
  • 91 C’est le nom donné à la Bretagne centrale.
  • 92 Citons, parmi les établissements religieux le prieuré de Paimpont (cant. Plélan, arrond. Rennes, I (...)
  • 93 Cf. La Borderie, Histoire de Bretagne, t. II, p. 230-235.
  • 94 Nous en avons relevé trois concernant tous la paroisse de Pleucadeuc. Vers 800-826, le machtiern J (...)
  • 95 A. de Courson, op. cit., ch. CCCLXXX, VIII, 1089-1128 ; appendice LXIV, 1092-1105.
  • 96 Ibid., ch CCCXXXIII, 1072.

23Tout fut-il détruit à la suite de la tornade barbare de 275 ? Y eut-il à l’époque constantinienne, entre 310 et 350, une « renaissance » marquée par l’installation de l’aristocratie gallo-romaine au milieu de ses terres dans de grandes et somptueuses villae ? Il n’est pas possible, en l’état actuel de la recherche, de répondre à ces questions. De même l’ampleur des ruines causées, dans la première moitié du ve siècle par les raids maritimes des Saxons, dépeints en termes apocalyptiques par La Borderie, nous échappe. Il se peut, qu’entre la fin de la « renaissance constantinienne » et le début de l’immigration bretonne, la nature ait repris ses droits et qu’à la place des confortables villas des siècles précédents, les Bretons ne trouvèrent que « des monticules recouverts d’herbe qu’ils baptisèrent « Moguer », « Vuzit », ou « Castel »85. L’indigence des sources en ce qui concerne la Bretagne du Haut Moyen Âge rend toute précision aventureuse. Aucun texte contemporain ne nous éclaire sur la manière dont les Bretons s’implantèrent et les Vies de leurs saints sont d’une utilisation malaisée. Ces derniers recherchaient en effet le « désert » c’est-à-dire, en Occident, la forêt. Que ces « déserts » aient fleuri en Bretagne du vie au viiie siècle ne signifie nullement que le pays était vide d’habitants et livré à la végétation naturelle, mais qu’il offrait de grandes possibilités aux moines et aux ermites venus d’Outre-Manche86. D’ailleurs, la survivance des noms en « ac », très nombreux précisément dans le centre et le sud de l’Armorique semble montrer que les « implantations domaniales gallo-romaines existaient toujours lors de l’immigration87, et que les Bretons trouvèrent à leur arrivée un pays déjà en partie humanisé où la forêt centrale était coupée de vastes et nombreuses clairières88. Ils s’installèrent eux-mêmes de préférence le long du littoral : les toponymes bretons, nombreux de Dol à Plougastel, sont en effet très rares en Bretagne centrale et à peu près inexistants dans le bassin de la Vilaine. Leurs moines et leurs ermites, cependant, pénétrèrent à leur tour la Bretagne centrale aux vie, viie, viiie siècles. Deux siècles plus tard cette dernière était ainsi tout à la fois boisée et humanisée. D’un côté, les annalistes carolingiens, narrant les « guerres bretonnes » de Louis le Pieux (818 et 824) et de Charles le Chauve (845) nous dépeignent les Bretons vivant comme des sauvages au milieu de leurs bois, de leurs landes et de leurs forêts89 ; de l’autre, les actes du Cartulaire de Redon90 témoignent de l’existence dans le « Pagus trans sylvam », « le pays situé à l’intérieur de la forêt », en breton Poutrocoët et par contraction Porhoët91, de nombreux monastères, châteaux, plous et villages dont beaucoup d’ailleurs avaient été fondés antérieurement au ixe siècle92. Là encore, il faut se démarquer de La Borderie qui place à cette époque le début de la « lutte de l’homme contre la grande forêt centrale », lutte interrompue de nouveau par les invasions normandes (fin ixe, début xe siècle) qui auraient permis à la forêt de résister victorieusement93. Cette lutte, en fait, avait commencé bien avant et son ampleur, au ixe siècle, est fort discutable : le Cartulaire de Redon ne mentionne, pour cette période, qu’un très petit nombre de défrichements, portant sur des surfaces limitées du terroir, gagnées de surcroît sur les friches et non sur les forêts94. La même impression se dégage de la lecture des actes du xie siècle et de la première moitié du xiie siècle, postérieurs aux invasions normandes dont les effets catastrophiques dans les territoires bretons restent à démontrer. On n’y trouve que deux mentions de terres « novales »95 et une mention seulement « d’hôtes »96.

  • 97 Cf. infra.
  • 98 Cremantur multae heremitarum mansiones in Brescelien et aliis forestis, Chronicon Britannicun, dan (...)
  • 99 Cf. infra.
  • 100 Rosenzweig, Cartulaire du Morbihan, n° 235, p. 191-192.
  • 101 Raoul III fils de Geoffroi et de Mathilde de Porhoët fut seigneur de la baronnie de Fougères de 12 (...)
  • 102 Cf. Geslin de Bourgogne (J.) et Barthélémy (A. de), Anciens évêchés de Bretagne, diocèse de Saint- (...)
  • 103 Ibid., p. 90-91.
  • 104 Bibliothèque Nationale, fonds Baluze, vol. 41, fol. 26.
  • 105 Cf. Geslin de Bourgogne, op. cit., p. 90-91.

24C’est donc très tôt qu’a commencé la déforestation, lente et progressive, de la Bretagne centrale. Dès le xiie siècle, au plus tard au xiiie siècle, les massifs actuels étaient nettement individualisés. L’auteur de la Chronique bretonne, narrant les méfaits commis par Éon de l’Étoile97 et par ses partisans en 1145, nous les montre incendiant des ermitages situés dans « Brescilien et beaucoup d’autres forêts »98 ; quand Alain, vicomte de Rohan, fonde l’abbaye de Bonrepos en 118499, il fit don aux moines de droits d’usage dans sa forêt de Quénécan100 ; en 1239, lors du partage de la succession d’Eudon de Porhoët entre Raoul III de Fougères, Pierre de Chemillé et Olivier de Montauban101, le premier obtient la forêt de Lanouée et le second celle de Loudéac ; la forêt de Boquen est mentionnée en 1205102. En dehors de la Bretagne centrale, les forêts de La Hunaudaye103 et de Carnoët104, le sont, respectivement en 1238 et 1170 et la première existait probablement en 1137105.

  • 106 Le Relecq, commune de Plounéour-Ménez, cant. Saint-Thégonnec, arrond. Morlaix, Finistère.
  • 107 La Feuillées, cant. du Huelgoat, arrond. Châteaulin, Finistère.
  • 108 Vallaux (Camille), « Toponymie de la Montagne d’Arrée », dans Bulletin de la Société Archéologique (...)
  • 109 « Crêtes des bois ».
  • 110 « Orée des Hêtres ».
  • 111 « Tertres des bois ».
  • 112 « Ville-Neuve ».
  • 113 Cf. Sée (H.), « Les forêts et la question du déboisement en Bretagne à la fin de l’Ancien Régime » (...)
  • 114 Les actes d’afféagement du xviiie siècle montrent que les landes du Méné portaient alors le nom de (...)
  • 115 Cf. État des forêts, rédigé par le comte d’Essuile en 1784, ibid.

25Il ne semble pas possible actuellement d’apporter beaucoup plus de précisions sur l’étendue du domaine forestier de la basse Bretagne au début du xiie siècle. Sans doute ce domaine était-il plus important que de nos jours. Les déboisements, en effet, reprirent au xiie et au xiiie siècle, et C. Vallaux, par exemple, a tenté de reconstituer les paysages de la Montagne d’Arrée « au moment où elle allait être attaquée par des pionniers » venus de l’abbaye cistercienne du Relecq106 et de la commanderie du Temple de La Feuillée107 ; « une forêt s’étendait sur les pentes moyennes... lui succédait, jusqu’aux sommets, la brousse des « balanec » (genêts)108 ; la toponymie a gardé le souvenir de l’extension ancienne des forêts dans les lieux-dits « Pen-Coat » ou « Pen-ar-forest »109, « Pen-ar-foat »110, « Ros-Coat » ou « Reun-Goat »111, « Ker-Nevez »112. Les défrichements médiévaux, toutefois ont revêtu une ampleur moins grande que ceux de l’époque moderne, occasionnés par les nécessités du chauffage, les besoins de l’industrie et de la construction navale, les dégats commis par les seigneurs et par les usagers113. Certains massifs forestiers ont été transformés en landes114 ; d’autres ont vu leur superficie considérablement réduite et ne l’ont jamais retrouvée malgré les efforts de reconstitution entrepris depuis le xixe siècle115.

26Au xiie siècle cependant, la grande forêt centrale n’existait plus sinon dans l’imagination des trouvères, et le nom de Brécilien s’appliquait seulement à une forêt, celle de Paimpont, qui devait le garder jusqu’à la Révolution de 1789.

Bois et forêts de haute Bretagne

  • 116 Cf. Musset (R.), Le Bas-Maine, Paris, A. Colin, 1917, p. 207-250.
  • 117 Ibid., cf. aussi notre carte n° II.
  • 118 Cf. infra, chapitre II.
  • 119 G. Firmat. Né à Tours dans une famille chevaleresque, d’abord chanoine de Saint-Venant de Tours, i (...)
  • 120 Fougères, ch. 1. arrond., Ille-et-Vilaine.
  • 121 Vital de Mortain, autre ermite de l’Ouest, fondateur de l’abbaye de Savigny, cf. Laveille (A.), Hi (...)
  • 122 Engelger, disciple de Robert d’Arbrissel, connu par des lettres de l’évêque de Rennes, Marbode ; c (...)
  • 123 Raoul de La Fustaye (ou Futaie), moine de Saint-Jouin-de-Marnes, puis ermite dans la forêt de Crao (...)
  • 124 Saint-Sulpice-des-Bois, dans la forêt du Nid-de-Merle, comm. Betton, cant. et arr. Rennes, Ille-et (...)
  • 125 Cf. infra, chap. II.
  • 126 La Roë, cant. Saint-Aignan-sur-Roë, arrond. Château-Gontier, Mayenne.
  • 127 Craon, ch. 1. cant., arrond. Château-Gontier, Mayenne.
  • 128 Pontmain, cant. Landivy, arrond. Ernée, Mayenne.
  • 129 Cf. Cartulaire de l’Abbaye Saint-Pierre de Rislé, ms. in 4°. Bibl. Mun. Rennes, cote 16022, charte (...)

27Au demeurant, la Bretagne intérieure était certainement moins boisée que la haute Bretagne, ce qu’a omis de mentionner La Borderie. La région des confins actuels des départements de l’Ille-et-Vilaine et de la Mayenne, de la Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire, notamment, était depuis l’époque gauloise une grande marche forestière séparant d’abord les territoires des tribus celtes – Namnètes, Riedones, Aulerques et Andes – puis ceux des Bretons et des Gallo-Francs. Les gallo-romains ne firent que commencer une occupation du sol qui fut brutalement interrompue à la fin du iiie siècle ap. J.-C., par les invasions germaniques. À partir du vie siècle, la région fut parcourue par des anachorètes en quête de solitude qui fondèrent des ermitages et recommencèrent à attaquer la couverture sylvestre. La destruction persévérante de celle-ci se poursuivit sans aucun doute à l’époque carolingienne : presque toutes les paroisses du Bas-Maine, région voisine de la nôtre, et solidaire de son histoire durant le Haut Moyen Âge, furent érigées avant le xie siècle116. À cette époque toutefois les forêts restaient nombreuses et vastes. Les riches abbayes de la vallée de la Loire, Marmoutier et Saint-Julien de Tours, Saint-Aubin et Saint-Nicolas d’Angers, Saint-Florent de Saumur, l’abbaye normande du Mont-Saint-Michel, désireuses d’étendre leurs possessions territoriales, se lancèrent alors à leur conquête117. À la fin du xie siècle et au début du xiie siècle, les ermites y élurent de nouveau domicile118. Guillaume Firmat119 bâtit sa cellule dans la forêt de Fougères120 ; il fut imité par Vital de Mortain121 et par Engelger122 ; Raoul de la Fustaye123 fonda l’abbaye de Saint-Sulpice124 dans la forêt de Rennes ; Robert d’Arbrissel, le plus célèbre des grands ermites de l’Ouest125, se retira avec un grand nombre de disciples à Notre-Dame-des-Bois, plus tard La Roé126, dans la forêt de Craon127, à proximité immédiate de la Bretagne ; de même Aubert s’établit au plus profond de la forêt de Pontmain128 dont il ne reste aujourd’hui que quelques lambeaux et qui, le cartulaire de Rillé en témoigne, s’étendait en 1209 entre les rivières de l’Airon et de la Glaine129. Les autres massifs forestiers étaient-ils eux aussi plus étendus ? Il ne faudrait pas tomber dans les excès que nous reprochons plus haut à La Borderie et situer dans la zone des confins bretons une immense forêt, sans cesse renaissante. Il est vraisemblable cependant que les forêts de Sevailles et de Haute-Sève, ne formaient jadis qu’un seul tout avec la forêt de Rennes ; il en était sans doute de même pour les massifs forestiers du sud-est de la haute Bretagne, voisine de l’Anjou, forêt Pavée, forêts de Juigné, d’Araize et de Teillay qui entourent Chateaubriant ; forêts de Saffré, de l’Arche, de Vioreau, d’Ancenis et de Saint-Mars, plus au sud.

Landes et marais

  • 130 Cf. Vallaux (C.), La basse Bretagne, Thèse, Paris, 1905.
  • 131 Sée (H.), Études sur les classes sociales en Bretagne, du xvie siècle à la Révolution, Paris, 1906
  • 132 Cf. supra.

28Si la forêt n’a laissé que de minces lambeaux sur le sol de Bretagne, « landes et marécages n’ont reculé qu’avec lenteur »130 ; avant leur mise en valeur, à la fin du xixe siècle et au xxe siècle, ils constituaient l’aspect le plus frappant des paysages bretons et s’étendaient sur des espaces considérables. Au xviiie siècle, d’après H. Sée131, les landes occupaient les deux cinquièmes de toute la province. En basse Bretagne, vers 1900, elles couvraient suivant C. Vallaux sur un tiers du pays de l’Arcoat, un quart dans l’Armor. Il est difficile de savoir si ces landes étaient des formations secondaires, résultant d’une attaque des forêts par les défrichements132, ou si elles constituaient des formations primitives.

  • 133 L’opinion de La Borderie suivant laquelle le Léon était couvert de bois à l’arrivée des Bretons in (...)
  • 134 Cf. Vallaux (C.), op. cit.
  • 135 Ibid.
  • 136 Saint-Renan, ch. 1. cant., arrond. Brest, Finistère.
  • 137 Au sud-est de Plabennec, ch. 1. cant., arrond. Brest, Finistère.

29L’Armor, toutefois, battu par les vents et par les pluies, au sol caillouteux et nu quand la couverture limoneuse fait défaut, a probablement été de tout temps le domaine des landes malgré la présence çà et là, dans le Trégorrois et la Cornouaille, maritime notamment, de splendides bosquets133. L’eau, en effet, y manque « parce qu’elle disparaît en un instant dans les fissures du grès »134. L’ajonc ras, « plante xérophile adaptée à l’extrême sécheresse », y régne et « il n’est nullement l’héritier d’une forêt ou d’une brousse tondue par l’homme ou par la dent des animaux »135 ; dans le Vannetais, les crêtes de Lanvaux et de Grandchamp sont couronnées de landes alternant avec les bois de Camors, de Floranges et de Lanvaux ; en Cornouaille les débris forestiers sont plus importants ; la lande en revanche triomphe dans la presqu’île de Crozon et dans le Léon où elle est associée aux marais tourbeux de Saint-Renan136, Lanrus et de Land-Gazel137.

  • 138 Cf. Vallaux (C.), op. cit.
  • 139 « Bas-Fond ».
  • 140 « Marais ».
  • 141 Ch. 1. cant., arrond. Châteaulin, Finistère.
  • 142 Au nord de Langonnet, cant. Gourin, arrond. Pontivy, Morbihan.

30L’Arcoat, à la différence de l’Armor, devait présenter d’immenses étendues de landes secondaires et de tourbières s’enchevêtrant avec des bois et des forêts autrefois plus importants ; les premières s’allongeaient sur les longues crêtes de quartzites et de grès armoricains, cédant la place un peu plus bas aux taillis et aux futaies, tandis que les secondes, favorisées par un climat humide et égal, par l’imperméabilité des granites et par l’abondance du ruissellement, tamisaient en une multitude de filets les eaux des pentes et des vallées138 et s’épanouissaient dans les « Toul »139 ou les « Yeûn »140 tel le Yeûn-Elez, sur le massif granitique du Huelgoat141. De longs rubans de landes et de marais joignaient ainsi les forêts de l’Arcoat : auréoles des landes du Méné et de l’Arrée, de Glomel et de la Montagne Noire se déroulant d’une manière presque continue de la presqu’île de Crozon à la forêt de Lorge ; marais de Briec, landes de Roudouallec, de Kérivoal142 et de Plouray, étirées entre la forêt du Duc et celle de Quénécan.

  • 143 Cf. Morzadec-Kerfourn (M.-T.), « Variations de la ligne de rivage armoricaine au quaternaire », (...)
  • 144 Cherrueix, cant. Dol-de-Bretagne, arrond. Saint-Malo, Ille-et-Vilaine.
  • 145 Saint-Benoît-des-Ondes, cant. Dol, arrond. Saint-Malo, Ille-et-Vilaine.
  • 146 L’enquête ordonnée par Henri II en 1181, relative au territoire de l’Église de Dol fait mention de (...)
  • 147 Du iie siècle av. J.-C. au ive siècle ap. J.-C, des bouilleurs de sel profitant de ces invasions p (...)
  • 148 Cf. Desdoigts (J.-Y.), Le marais de Dol occidental, Dinard, 1970 et Duine (F.), Histoire civile et (...)
  • 149 Ibid.
  • 150 Cf. Dom Morice, I col. 682-687.
  • 151 Marécages divers plantés de joncs, d’aulnes, de roseaux, etc.
  • 152 Vases formées dans des zones humides ou sur les grèves de la baie du Mont-Saint-Michel et servant (...)

31Dans la haute Bretagne, la lande était également associée aux bois et aux marais. Ces derniers toutefois l’emportaient au voisinage de la Normandie, dans la région de Dol, le long de la basse Loire et dans la Brière. Le marais de Dol, au nord, occupait le fond de la baie du Mont-Saint-Michel. Il s’était peu à peu formé au cours des âges143, aux dépens de la mer, à la suite d’un ensablement de la partie occidentale de la baie dû aux courants marins qui, venant buter contre le Cotentin, tourbillonnent avant de déposer leurs alluvions entre Cherrueix144 et Saint-Benoît-des-Ondes145. Un cordon littoral, formé de tangue et de coquilles, renforcé par une digue sans doute érigée au xie ou au xiie siècle146 le séparait de l’estran. Le marais, en effet, d’une altitude moyenne de 3 à 4 m se trouvait au-dessous du niveau des plus hautes mers, l’amplitude des marées pouvant atteindre une quinzaine de mètres dans la baie du Mont-Saint-Michel. Pendant longtemps, il fut ainsi soumis aux caprices de ces marées147 et périodiquement envahi par les flots148. Au début du xiie siècle, l’archevêque de Dol, Baudry, se plaignait d’habiter une région inculte où l’eau stagnait dans des mares saumâtres et nauséabondes149. L’enquête relative au territoire de l’église de Dol, ordonnée en 1181 par Henri II, roi d’Angleterre150, montre que le marais dont les limites étaient déjà fixées, portait la plupart des actuelles paroisses ; cependant, « jonchées », « verdières », « aulnayes », « rosières », « bruyères »151, landes, « mares »152, y abondaient. Ce n’est qu’au début du xiiie siècle que les seigneurs de Combourg s’efforcèrent de mettre la région en valeur en consolidant les digues et en asséchant les lieux inondés.

  • 153 Cf. Musset (R.), La Bretagne, Paris, A. Colin, 1942, p. 148-150.
  • 154 Cf. Chateaubriant (A. de), La Grande Brière.
  • 155 Cf. Musset, op. cit.
  • 156 Cf. Maître (Léon), « Études sur le lac de Grandlieu et ses affluents », dans AB, 1913-1914, t. XXI (...)

32À l’autre extrémité de la haute Bretagne, la basse Loire était, elle aussi, jalonnée de vastes étendues marécageuses : au nord, la Grande Brière, vieille dépression maritime, « comblée d’alluvions vaseuses, recouverte d’une tourbe épaisse »153, noyée durant l’hiver et aux grandes marées et ne laissant alors émerger que quelques îles tourbeuses « aux roseaux et aux joncs frissonnants »154 ; au nord encore la vallée ennoyée de l’Erdre et le « désert herbeux, piqueté d’ajoncs, du marais de Donges »155 ; au sud, enfin, le lac de Grandlieu, mince pellicule d’eau, plus ou moins étendue suivant les saisons, sur une épaisse couche de vase156.

33Pour joindre entre eux tous ces marais changeants, il faudrait encore traverser les landes du plateau de Bain et les marais de Redon qui avaient en 845 englouti une bonne partie des troupes de Charles le Chauve venu combattre les Bretons de Nominoë.

  • 157 Cf. Vallaux (C.), op. cit.

34Tels étaient les paysages végétaux de la Bretagne au début du xiie siècle : forêts, futaies et bois-taillis très émiettés, vestiges d’une couverture forestière jadis plus étendue, landes littorales primitives et vêtues d’ajoncs ras, landes intérieures nées des défrichements, paradis de la bruyère et du genêt, partout associées aux bas-fonds marécageux des « toul » et surtout des « traon », « rainures tourbeuses, spongieuses, enfoncées entre des parois à pic, peu habitables, sectionnant les pays d’Armorique et séparant les centres de peuplement »157. Les Cisterciens soucieux d’édifier leurs abbayes dans des lieux déserts et difficilement accessibles, à l’écart des routes et des agglomérations et, si possible au fond « d’humbles vallées » ne pouvaient qu’être attirés par la Bretagne, pays perdu, peu urbanisé, où l’homme avait du mal à imposer sa marque à la nature.

Notes

1 Exordium parvum, chap. XV, Instituta monachorum cisterciensium de Molismo venientium, éd. Guignard (Ph.), Les mouvements primitifs de la règle cistercienne, Dijon, 1878, p. 72.

2 Recueil montrant le but de la réforme cistercienne et exposant les règlements adoptés par les premiers Cisterciens, composé sous l’abbatiat d’Étienne Harding (1108-1134) et publié en 1120.

3 Constitution de l’ordre cistercien organisant les rapports mutuels des abbés et traitant du Chapitre général, des élections, des démissions et des dépositions. Elle fut approuvée par le pape Calixte II en 1119.

4 Cf. infra, les témoignages de Baudry, archevêque de Dol (1107-1130), d’Orderic Vital et de Guillaume de Poitiers.

5 La Borderie (A. de), Histoire de Bretagne, t. IV, p. 148-152.

6 « Les maisons y sont contiguës, les ressources de toute espèce et les céréales abondantes » ; Idrisi, Géographie, trad. P.-A. Jaubert, Paris, 1840, t. II, p. 355.

7 Lannion, ch. 1. arr., Côtes-d'Armor. Toutefois, cette identification est incertaine.

8 Quimper, ch. 1, départ., Finistère.

9 Quimperlé, ch. 1, arr., Finistère.

10 Vannes, ch. 1, départ., Morbihan

11 Le Croisic, ch. 1, cant., arr. Saint-Nazaire, Loire-Atlantique.

12 Idrisi, Géographie, trad. cit., p. 353.

13 Ibid.

14 Ibid., p. 354.

15 Idrisi, Géographie, trad. cit.

16 Ibid.

17 Leguay (J.-P.), Un réseau urbain au Moyen Âge : Les villes du duché de Bretagne aux xive et

xve siècles.

18 Bourde de La Rogerie (H.), « Les fondations de villes et de bourgs en Bretagne du xie au xiie siècle », in Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, t. IX, 1928, p. 69 à 106.

19 Le site d’Alet se trouve actuellement à Saint-Servan, commune de Saint-Malo, Ille-et-Vilaine.

20 La déchéance d’Alet au profit de Saint-Malo fut consacrée en 1145-1156 quand Jean de Châtillon, évêque d’Alet (1143/48-1163) transféra son siège dans l’île d’Aaron.

21 Cf. Le Lannou (M.), Géographie de la Bretagne, Rennes, 1950, t. I, p. 191-192.

22 Cf. Bourde de La Rogerie (H.), 1950, op. cit.

23 Cf. Le Lannou (M.), op. cit.

24 Bourde De La Rogerie (H.), donne la liste suivante :
Ille-et-Vilaine : Saint-Malo, Fougères, Montfort, Vitré, Redon, Châteauneuf, Bécherel, Combourg, Saint-Méen, Hédé, Châteaugiron, La Guerche.
Loire-Atlantique : Chateaubriant, Ancenis, Pontchâteau, Machecoul, Pornic, Donges.
Côtes-d’Armor : Dinan, Guingamp, Lannion, Lamballe, Jugon, Moncontour, Châtelaudren, La Roche-Derrien, Pontrieux, Corlay, Quintin, Rostrenen.
Finistère : Morlaix, Châteaulin, Brest, Quimperlé, Landerneau, Châteauneuf, Le Huelgoat, Daoulas, Le Faou, Pont-L’Abbé, Pont-Croix, Saint-Renan.
Morbihan : Pontivy, Ploërmel, Josselin, Rohan, La-Roche-Bernard, Guémené, Rochefort, Rieux, Malestroit, Pont-Scorff, Hennebont, Auray, La Gacilly.

25 Quimperlé, Redon, Saint-Méen.

26 Cf. Le Lannou (M.), Géographie de la Bretagne, t. I, p. 193-195.

27 Vallaux (C.), La basse Bretagne, étude de géographie humaine, 1907.

28 Vidal de La Blache (P.), Tableau de la géographie de la France, t. I de l’Histoire de France…sous la direction d’E. Lavisse, Paris, 1903, p. 333.

29 Cf. Histoire féodale des marais, territoires et Église de Dol. Enquête par tourbe ordonnée par Henri II, roi d’Angleterre, éd. et trad. Allenou (Jean), Paris, 1917.

30 Cf. Raison (chanoine L.) et Niderst (R.), « Le mouvement érémitique dans l’ouest de la France à la fin du xie siècle et au début du xiie siècle », in AB, t. LV, 1948, p. 1 à 46.

31 Cf. Le Lannou (M.), op. cit., p. 79-94.

32 Madame de Sévigné, Lettres, éd. Gérard Bailly, P. Gallimard, 1955 (Bibliothèque de la Pléiade) t. II, n° 666, lettre à Madame et Monsieur de Grignan, 31 mai 1680.

33 Cf. Le Lannou (M.), op. cit.

34 Cf. Le Lannou (M.), op. cit.

35 Les exceptions sont rares. Au xie siècle, un seigneur de Dinan fait don aux moines de Saint-Florent de Saumur de redevances à percevoir sur les navires qui, remontant la Rance, abordaient au pied du château. Cf. Bourde de La Rogerie, op. cit. La Vie de saint Maurice, abbé de Langonnet et fondateur de Carnoët fait également allusion à des navires chargés de barriques de vin qui remontaient la Laïta jusqu’à Quimperlé. – Cette vie de saint Maurice, écrite par un contemporain a été découverte en 1878 dans la bibliothèque de Troyes par Dom Plaine sur une copie du xve siècle, provenant du fonds de Clairvaux. Cf. Plaine (Dom Béda), Duplex vita inedita Sti Mauricii abbati Carnoetensis, dans Stud. Mitteilungen, Ben. Cist. Ord., 1886, VII, 1. p. 375-393 et 2. p. 157-164.

36 Batz, île et comm., arr. Morlaix, Finistère.

37 Ouessant, île et ch. 1. cant., arr. Brest, Finistère.

38 Sein, île et comm. arr. Brest, Finistère.

39 Landévennec, cant. Crozon, arr. Châteaulin, Finistère.

40 Les Glénans, archipel, comm. Fouesnant, arr. Quimper, Finistère.

41 Houat, île et comm. arr. Vannes, Morbihan.

42 Hoedic, île et comm. arr. Vannes, Morbihan.

43 Saint-Gildas-de-Rhuys, cant. Sarzeau, arr. Vannes, Morbihan.

44 Groix, île et canton arr. Lorient, Morbihan.

45 Belle-Île, île et canton arr. Lorient, Morbihan.

46 Quimperlé, ch. 1. cant arr. Quimper, Finistère.

47 Cf. Largillière (R.), Les saints et l’organisation chrétienne primitive dans l’Armorique, Rennes, 1925.

48 Loguivy, cant. Paimpol, arr. Saint-Brieuc, Côtes-d'Armor.

49 Locmiquel, aujourd’hui Saint-Michel-en-Grève, cant. Plestin, arr. Lannion, Côtes-d'Armor.

50 Locquémeau, cant ; et arr. Lannion, Côtes-d'Armor.

51 Locquirec, cant. Lanmeur, arr. Morlaix, Finistère.

52 Locquénolé, cant. et arr. Morlaix, Finistère.

53 Loctudy, cant. Pont-L’Abbé, arr. Quimper, Finistère.

54 Cf. D. Morice, Preuves, I, 554.

55 En 1235 en effet, Guyomar du Léon se vantait de posséder une pierre plus précieuse que toutes les pierres précieuses, qui lui rapportait 100 000 sous par an ; cette pierre était un rocher sur lequel les navires venaient s’éventrer. Cf. Geslin, III.

56 Michelet (J.), Tableau de la France, éd. Lucien Refort, Les textes français, Paris, 1934, p. 12-13.

57 Cf. Le Lannou (M.), Géographie de la Bretagne, Rennes, 1950, t. II, p. 165-191.

58 Cf. Giot (P.-R.), L’Helgouach (J.), Briard (J.), La préhistoire dans Histoire de Bretagne, sous la direction de J. Delumeau, Toulouse, Privat, 1969, p. 5-38. Giot (P.-R.), Colbert de Beaulieu (J.-B.), Au seuil de l’histoire, ibid., p. 59-83.

59 Pape (L.), L’Armorique gallo-romaine, ibid., p. 89-109.

60 Riché (L.), Devailly (G.), De L’Armorique à la Bretagne, ibid., p. 117-139.

61 Cf. Loth (J.), L’émigration bretonne en Armorique du Ve au vie siècle de notre ère, thèse de Lettres, Rennes, 1883.

62 La Borderie, op. cit., t. II.

63 Largillière (R.), Les saints et l’organisation chrétienne primitive dans l’Armorique, Rennes, 1925.

64 Ibid.

65 La Borderie, op. cit., t. I, p. 48.

66 Cf., carte n° 1.

67 Id.

68 Région centrale de la Bretagne. Cf. infra.

69 Cant. Maël-Carhaix, arrond. Guingamp, Côtes-d’Armor. Une déclaration de la seigneurie de Paule en 1682 mentionne le « chasteau de Brécélien, à présent sous bois de haute fustaie ». Cf. Aurélien de Courson, Cartulaire de l’abbaye de Redon, Paris, 1863, Prolégomènes, p. CCII.

70 Cant. Le Faouêt, arrond. Pontivy, Morbihan.

71 Cette vision apocalyptique des invasions barbares des iiie-ive siècles ap. J.-C. évoque bien le style de la pensée de La Borderie, op. cit., t. I, p. 221-225 et 258-261.

72 Ibid.

73 Duine (F.), Origines bretonnes, études des sources, questions d’hagiographie et Vie de saint Samson, Paris, 1914, p. 5.

74 C’est le cas en particulier de Baron du Taya (A.), Brocéliande et ses chevaliers, Rennes, 1839. L’auteur s’était donné pour objectif de « parler de Brocéliande, rappeler ses noms, chercher la situation de son chef-lieu, toucher quelques mystères et surtout les traditions de la chevalerie, d’enchantements, de féeries, répandues sous ses ombrages ».

75 Wace, Le roman de Rou.

76 Miln (J.), Fouilles faites à Carnac, Paris, 1877.

77 Loth (J.), op. cit.

78 Couffon (R.), « Toponymie bretonne, la forêt centrale, les plous », dans MSHAB, t. XXVI, 1946, p. 20-34.

79 Toberne (A.), « Toponymie forestière des Monts d’Arrée », dans AB, 1954.

80 Pape (L.), L’Armorique gallo-romaine, op. cit.

81 Sanquer (R.), « La villa romaine en Armorique, sites et époques », dans Archéologia, n° 74, septembre 1974, p. 20-27.

82 Ibid.

83 Cf. supra.

84 Cité par L. Pape, Documents d’histoire de la Bretagne, ouvrage publié sous la direction de Jean Delumeau, Toulouse, Privat, 1971, p. 58.

85 Sanquer (R.), op. cit.

86 Il faut ajouter que l’installation dans un « désert » sans organisation religieuse est un cliché que l’on retrouve dans la plupart des Vies : Malo aurait trouvé l’ancienne cité d’Alet déserte, et sans organisation. De même pour reprendre un exemple cité par La Borderie, Samson aurait débarqué dans un désert (In hoc deserto. Per desertum ambulans. Per desertum discurrentes). Pourtant il trouve d’abord une famille vivant dans une hutte sur les bords du Guyoul. Les noms de lieux en ac, attestant une occupation du pays à l’époque gallo-romaine, sont assez nombreux ; citons Carlac en Saint-Broladre, Luffiac en La Boussac, Épiniac, Meillac ; seul le marais de Dol, zone plus ou moins amphibie, était sans doute peu occupé à l’époque de Samson ; cf. Duine (F.), Histoire civile et politique de Dol, dernière éd., Marseille, Laffite Reprints, 1975, p. 235-238.

87 Riche (P.) et Devailly (G.), op. cit., p. 121.

88 Cf. Couffon (R), op. cit. Citons l’exemple de saint Méen, disciple de Samson qui s’établit entre Dol et le Vannetais, sur les bords du Meu, dans le « pagus trans sylvam ». Cf. Lobineau (Dom G.), Les Vies des saints de Bretagne, éd. Tresvaux, 1836, p. 32-35.

89 Cf. Ermold le Noir, Poème sur Louis le Pieux et Épîtres au roi Pépin, éd. E. Faral, Paris, Champion, 1932.

90 Abbaye fondée vers 832-833 par Conwoion, ch. 1. arrond. Ille-et-Vilaine. Cf. Aurélien de Courson, Le Cartulaire de l’abbaye de Redon en Bretagne, Paris, 1863, 2 vol. in 4°.

91 C’est le nom donné à la Bretagne centrale.

92 Citons, parmi les établissements religieux le prieuré de Paimpont (cant. Plélan, arrond. Rennes, Ille-et-Vilaine), fondé au vie siècle ; l’abbaye de Locminé (ch. 1. cant., arrond. Pontivy, Morbihan), fondée au viiie siècle ; l’abbaye de Saint-Méen de Gaël dont on a déjà parlé.

93 Cf. La Borderie, Histoire de Bretagne, t. II, p. 230-235.

94 Nous en avons relevé trois concernant tous la paroisse de Pleucadeuc. Vers 800-826, le machtiern Jarnhitin donne à Uuoruoret le lieu-dit Rosgoal à Pleucadeuc (A. de Courson, op. cit., CCLXVII, p. 216) ; en 834 Portitoë, machtiern de Pleucadeuc cède aux moines de Redon les deux terres de Cranuikant et de Cranquarima « et quicquid potuissent eradicare de silva » (ibid., CXV, p. 13) ; en 848 Conuual donne à l’abbaye Saint-Sauveur de Redon petiolam de terra quoc fuerat antea silva et foresta (ibid., CXV, p. 88).

95 A. de Courson, op. cit., ch. CCCLXXX, VIII, 1089-1128 ; appendice LXIV, 1092-1105.

96 Ibid., ch CCCXXXIII, 1072.

97 Cf. infra.

98 Cremantur multae heremitarum mansiones in Brescelien et aliis forestis, Chronicon Britannicun, dans Dom Morice, Preuves, I, 5.

99 Cf. infra.

100 Rosenzweig, Cartulaire du Morbihan, n° 235, p. 191-192.

101 Raoul III fils de Geoffroi et de Mathilde de Porhoët fut seigneur de la baronnie de Fougères de 1212 à 1256. Pierre de Chemillé était marié à Aliénor, soeur de Mathilde et fille d’Eudon de Porhoët ; Olivier de Montauban était l’époux d’une troisième fille d’Eudon, Jeanne. Cf. Hamon (A.), Cartulaire de l’abbaye Saint-Pierre de Rillé, DES, Rennes, 1965, p. 86-90.

102 Cf. Geslin de Bourgogne (J.) et Barthélémy (A. de), Anciens évêchés de Bretagne, diocèse de Saint-Brieuc, Paris, St-Brieuc, 1863, t. III, p. 226-227.

103 Ibid., p. 90-91.

104 Bibliothèque Nationale, fonds Baluze, vol. 41, fol. 26.

105 Cf. Geslin de Bourgogne, op. cit., p. 90-91.

106 Le Relecq, commune de Plounéour-Ménez, cant. Saint-Thégonnec, arrond. Morlaix, Finistère.

107 La Feuillées, cant. du Huelgoat, arrond. Châteaulin, Finistère.

108 Vallaux (Camille), « Toponymie de la Montagne d’Arrée », dans Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, mai 1905 ; Toberne (A.), op. cit.

109 « Crêtes des bois ».

110 « Orée des Hêtres ».

111 « Tertres des bois ».

112 « Ville-Neuve ».

113 Cf. Sée (H.), « Les forêts et la question du déboisement en Bretagne à la fin de l’Ancien Régime », dans AB, n° 1, 1924, t. XXXVI, p. 1-31.

114 Les actes d’afféagement du xviiie siècle montrent que les landes du Méné portaient alors le nom de « forêt de Moncontour », ibid., p. 24.

115 Cf. État des forêts, rédigé par le comte d’Essuile en 1784, ibid.

116 Cf. Musset (R.), Le Bas-Maine, Paris, A. Colin, 1917, p. 207-250.

117 Ibid., cf. aussi notre carte n° II.

118 Cf. infra, chapitre II.

119 G. Firmat. Né à Tours dans une famille chevaleresque, d’abord chanoine de Saint-Venant de Tours, il se retira ensuite dans les forêts de Concise et de Fougères ; après un pèlerinage en Terre- Sainte, il s’établit à Dourdain puis à Fontaine-Géhard, Savigny et Mantilly ; il s’installa ensuite sur les bords du Rhône, effectua un second pèlerinage en Terre-Sainte et vint finir ses jours en 1095 à Passay.

120 Fougères, ch. 1. arrond., Ille-et-Vilaine.

121 Vital de Mortain, autre ermite de l’Ouest, fondateur de l’abbaye de Savigny, cf. Laveille (A.), Histoire de la congrégation de Savigny, Paris, Rouen, 1897, t. I.

122 Engelger, disciple de Robert d’Arbrissel, connu par des lettres de l’évêque de Rennes, Marbode ; cf. infra.

123 Raoul de La Fustaye (ou Futaie), moine de Saint-Jouin-de-Marnes, puis ermite dans la forêt de Craon ; mort en 1129.

124 Saint-Sulpice-des-Bois, dans la forêt du Nid-de-Merle, comm. Betton, cant. et arr. Rennes, Ille-et- Vilaine.

125 Cf. infra, chap. II.

126 La Roë, cant. Saint-Aignan-sur-Roë, arrond. Château-Gontier, Mayenne.

127 Craon, ch. 1. cant., arrond. Château-Gontier, Mayenne.

128 Pontmain, cant. Landivy, arrond. Ernée, Mayenne.

129 Cf. Cartulaire de l’Abbaye Saint-Pierre de Rislé, ms. in 4°. Bibl. Mun. Rennes, cote 16022, charte 1209, p. 26 : Gaufridus de Filgeriis Juello et suis heredibus dedit et concessit quodquod habebat juris in foresta sita inter Glom et Ator.

130 Cf. Vallaux (C.), La basse Bretagne, Thèse, Paris, 1905.

131 Sée (H.), Études sur les classes sociales en Bretagne, du xvie siècle à la Révolution, Paris, 1906.

132 Cf. supra.

133 L’opinion de La Borderie suivant laquelle le Léon était couvert de bois à l’arrivée des Bretons insulaires nous semble de la plus haute fantaisie, cf. La Borderie, op. cit., t. I.

134 Cf. Vallaux (C.), op. cit.

135 Ibid.

136 Saint-Renan, ch. 1. cant., arrond. Brest, Finistère.

137 Au sud-est de Plabennec, ch. 1. cant., arrond. Brest, Finistère.

138 Cf. Vallaux (C.), op. cit.

139 « Bas-Fond ».

140 « Marais ».

141 Ch. 1. cant., arrond. Châteaulin, Finistère.

142 Au nord de Langonnet, cant. Gourin, arrond. Pontivy, Morbihan.

143 Cf. Morzadec-Kerfourn (M.-T.), « Variations de la ligne de rivage armoricaine au quaternaire », Mémoires de la Société Géologique et minéralogique de Bretagne, n° 17, Rennes, 1974, 208 p.

144 Cherrueix, cant. Dol-de-Bretagne, arrond. Saint-Malo, Ille-et-Vilaine.

145 Saint-Benoît-des-Ondes, cant. Dol, arrond. Saint-Malo, Ille-et-Vilaine.

146 L’enquête ordonnée par Henri II en 1181, relative au territoire de l’Église de Dol fait mention des « vieilles digues ». Cf. Dom Morice, col. 682-687.

147 Du iie siècle av. J.-C. au ive siècle ap. J.-C, des bouilleurs de sel profitant de ces invasions périodiques de la mer avaient établi leurs ateliers, récemment mis à jour par le Centre Archéologique d’Alet en Hirel, cant. Dol-de-Bretagne, arrond. Saint-Malo, Ille-et-Vilaine.

148 Cf. Desdoigts (J.-Y.), Le marais de Dol occidental, Dinard, 1970 et Duine (F.), Histoire civile et politique de Dol, nouvelle éd. Marseille, 1975, p. 227-228.

149 Ibid.

150 Cf. Dom Morice, I col. 682-687.

151 Marécages divers plantés de joncs, d’aulnes, de roseaux, etc.

152 Vases formées dans des zones humides ou sur les grèves de la baie du Mont-Saint-Michel et servant à amender les sols.

153 Cf. Musset (R.), La Bretagne, Paris, A. Colin, 1942, p. 148-150.

154 Cf. Chateaubriant (A. de), La Grande Brière.

155 Cf. Musset, op. cit.

156 Cf. Maître (Léon), « Études sur le lac de Grandlieu et ses affluents », dans AB, 1913-1914, t. XXIX et XXX.

157 Cf. Vallaux (C.), op. cit.

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