Filmer l'acte de création
| , ,Première partie
Le geste inaccompli
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Extrait du texte
Au début de Van Gogh, le film de Maurice Pialat, il y a ces plans un peu particuliers, qui annoncent moins le film que son projet, qui sont comme une synthèse a priori des interrogations du cinéaste sur la capacité (et peut-être la légitimité) du cinéma à filmer la peinture. Ce sont des plans très rapprochés sur une toile couverte de peinture bleue, qu’une main anonyme étale au pinceau ; on entend le bruit de l’instrument sur la toile.
Le pinceau touche la toile, revient, se perd dans le bleu, et le son désynchronisé ou hors champ perpétue en écho le bruit de la matière, alors que le geste se détache, ralentit, se suspend en quelque sorte par rapport à son acte. La caméra, d’abord appliquée à cette main, la suit, la perd, la rattrape. Nous sommes sur un geste de peinture, puis peu à peu sur un geste de cinéaste : le cadrage, la mobilité de la caméra, le ralenti, le raccord, la désynchronisation, tout dit qu’il y a un cinéaste à l’œuvre. La petite histoire du film nous a appris par ai...
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