Chapitre 2. Le village, une nouveauté ?
p. 59-112
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Index géographique : France
Texte intégral
1R. Fossier a posé l’hypothèse de la naissance du village au tournant de l’An mil, celle-ci apparaissant comme une des formes spectaculaires de l’encellulement. Un certain nombre d’historiens l’ont reprise à leur compte mais d’autres, souvent liés au monde de l’archéologie nuancent fortement cette vision car ils repèrent des éléments suffisants pour parler de proto-village, voire de village, dès le haut Moyen Âge1.
2Dans quelle mesure le débat peut-il s’éclairer à partir de la contribution de l’Ouest, d’autant plus que la dispersion de l’habitat y malmène la notion de village ? Une documentation inégale permet d’avancer quelques éléments d’une synthèse encore à faire pour le haut Moyen Âge. Les très nombreuses découvertes archéologiques, tout en éclairant de façon nouvelle la situation, remettent en cause par leur rythme les conclusions qui, sur bien des points, demeurent provisoires. Le village nous apparaît mieux à partir du xie siècle, mais est-il totalement nouveau ? Pour une part, certainement, une vague de créations l’atteste, mais pour l’essentiel, est-il le fruit d’un mouvement de rassemblement issu des siècles antérieurs, une simple révélation documentaire ? Une mise en perspective du contexte historique s’impose; c’est-à-dire que d’une certaine façon, le village croise la discussion sur la mutation féodale et l’étude de la croissance2.
Gestation: bilan du haut Moyen Âge
L’organisation de l’espace
3Le haut Moyen Âge a vu se mettre en place une organisation de l’espace en partie héritée de l’Antiquité tardive mais qui ne peut se réduire à un legs plus ou moins bien maintenu. La période carolingienne, la mieux documentée, a posé les cadres d’une organisation du territoire dont il ne faut sans doute pas s’exagérer le caractère systématique et l’efficacité mais qui offre cependant des repères courants aux gens de l’époque. Néanmoins, l’espace étudié, tout en s’intégrant dans l’ensemble neustrien, bénéficie, pour une part, d’une organisation spécifique qui fluctue au gré des événements militaires: la marche de Bretagne, dirigée par le comte de Nantes3.
Les circonscriptions mineures
4Les pagi et leurs subdivisions, ont fait l’objet d’une recension très précise par J.-P. Brunterc’h qui a défini l’évolution des circonscriptions mineures pour la Neustrie: centenae, conditae et vicariae4. Les premières, comme les secondes, très spécifiques du sud et de l’ouest de la Neustrie, correspondent à des unités sans grand caractère institutionnel quand elles sont citées aux viiie et ixe siècles. M. Rouche, en partie suivi par N.-Y. Tonnerre, y voit des formations très anciennes à caractère militaire pouvant remonter à la fin de l’Antiquité5. Ces circonscriptions couvrent inégalement l’espace mais cela peut tenir à la documentation, cela est vrai pour le sud du Rennais bien éclairé par le cartulaire de Redon, sans doute moins pour le Maine qui semble mieux doté dans sa partie nord. Dans la partie bretonne, les termes paraissent plutôt être des adaptations plus ou moins réussies par les rédacteurs des actes. Les dimensions varient beaucoup. Les conditae de Lavardin ou Sougé s’étendent sur plusieurs centaines de km2 et la condita Diablintica, certes centrée sur le vieux chef-lieu déchu de la cité des Diablintes, incorpore des lieux distants de trente kilomètres alors qu’il y a souvent confusion en Bretagne entre la plebs, paroisse et la condita, le cartulaire de Redon usant couramment de l’expression plebs condita6. Même en admettant qu’il s’agit de grandes paroisses primitives, nous nous situons à une autre échelle. La réorganisation carolingienne introduit la vicaria qui se généralise peut-être, là aussi, en liaison avec l’aspect militaire de la marche.
5Toutes ces subdivisions fournissent aux actes des références pour situer les terres suivant un système élaboré descendant les échelons d’une hiérarchie de plus en plus précise allant jusqu’à la villa ou au simple locus. L’acte 34 du cartulaire de Redon situe ainsi une terre: « la moitié de la villa de Biliau dans le comté des Vénètes, dans la plebs condita de Carentoir, dans le lieu nommé compot de Roenhoiarn »7. Il ne faut cependant pas imaginer un découpage strict du territoire, ces circonscriptions ne semblent pas systématiques, varient mais peuvent, d’une certaine façon, correspondre aussi à une réalité vécue, surtout si elles entretiennent des rapports avec la levée de l’armée8.
Vici
6Les conditae et les vicariae ne peuvent suffire. Il faut se référer à des ensembles plus petits et sans doute plus ressentis dans la vie quotidienne, donc envisager le réseau des vici et des villae avant d’examiner la question des paroisses. Les vici, largement éclipsés dans les sources par les villae, voient leur rôle et sans doute leur réalité sous-estimés. Durant le haut Moyen Âge, ils semblent bien se présenter comme de petites agglomérations. Le Maine en offre trois témoignages. Au début du viiie siècle, « le vicus nommé Artins construit sur la rivière du Loir » doit être en raison même de l’expression employée une petit centre issu d’un ancien fanum dédié à Jupiter où saint Julien opéra un miracle. Par contre, l’énumération qui le décrit aligne une série d’éléments parfaitement conformes à ceux d’une vill9.
7La Vie de saint Céneré, sans doute du ixe siècle, décrit ainsi l’arrivée du héros à Saulges: « Saulges, village situé dans un lieu salubre au sol fertile et perché au sommet d’une colline, ce qui le rendait visible de loin par les voyageurs »10. Assez fidèle à la réalité du paysage, la phrase suggère un village perché plusieurs fois qualifié de « vicus canonial et public »11. Non loin de là, un passage un peu obscur des Actus paraît indiquer la construction d’un vicus à Aurion dans la villa Rupiacus. Le testament de l’évêque Hadouin fondateur avant 642 de l’abbaye qui s’apellera Évron libelle ainsi l’un de ses legs: « Dono basilicae domnae et sanctae Mariae Aureonno vico quem Agobertus, abbas Diriaginsis, simul aedificavit […] », ce que les historiens qui ont travaillé sur ce texte traduisent par « Je donne à la basilique de Notre-Dame le vicus d’Orion qu’Agobert, abbé de Diergé a bâti avec moi »12.
8Comme les deux premiers exemples, les vici remontent fréquemment à la fin de l’Antiquité, leur nom et des nécropoles l’attestent fort souvent. Leur ancienneté, leur relative importance et leur statut public fréquemment sauvegardé en font le siège attitré des conditae, tels Jublains, Javron, Brûlon, Saosnes, Lavardin ou Laillé13. Beaucoup demeurent modestes comme Visseiche. Ancienne station sur la voie d’Angers à Rennes, identifiable avec Sipia sur la carte de Peutinger, ce vicus connaît une notable activité durant le haut Moyen Âge mais n’émerge pas vraiment et retourne assez vite à l’anonymat14. Ces vici anciens connaissent un développement plus marqué quand ils sont dotés d’une église mais rien n’empêche de nouvelles créations signalées, en particulier, par les Neuvy (novus vicus). Quelques-uns naissent dans une villa, cela semble le cas d’Aurion et le centre de la villa de Grandchamp se révèle un vicus. Le cartulaire de Redon en montre un autre, Langon, peuplé de colons dépendant d’un maître15. Ce cas peut bien s’interpréter comme une dégradation de la position de petits paysans libres. Un tel jugement serait conforté par la lecture que propose N.-Y. Tonnerre de la situation autour de l’abbaye de Redon au ixe siècle et ne s’oppose pas à la pensée de R. Latouche qui, s’il voit, au moins dans le Maine, la villa subordonnée au vicus, estime cependant que les puissants maîtres de villae ont pu capter certains vici16. Cette interprétation ne semble pas recevable dans tous les cas et l’on peut se demander si le sens de vicus ne subit pas une certaine évolution, qui pourrait s’éclairer à la lumière des pages suivantes consacrées au rôle religieux des vici et à leur réalité en tant qu’habitat.
9Leur répartition pourrait nous aider, malheureusement elle reste difficile sinon impossible à envisager. Les Actus, Gesta Aldrici et Vitae ainsi que la toponymie offrent pour le Maine la moisson la plus riche. Le total oscille, suivant les auteurs, entre 70 et 90, chiffre tout à la fois imposant et certainement inexact, beaucoup ayant sombré dans l’oubli, mais combien17 ? Ailleurs, le réseau se montre moins fourni mais la question des sources doit jouer un rôle primordial. Dans les zones privilégiées, le maillage des vici présente une certaine densité. En Saosnois, favorisé et anciennement peuplé, G. Louise identifie le vicus de Saosnes, centre de condita et vicus publicus, autour duquel gravitent trois autres vici, plus modestes pour Bouessé et Saint-Cosme-de-Vair, mais Vivoin est aussi centre d’une condita. L’ensemble se développe sur un rayon de quinze kilomètres autour de Saosnes, affichant l’incontestable vigueur du réseau18.
10Sans doute sont-ils sensiblement nombreux en haute Bretagne, en particulier dans le Nantais, mais ils se font beaucoup plus rares à l’ouest de la Vilaine. Les sources ne sont alors pas en cause puisque nous sommes dans la zone éclairée par les chartes de Redon, il faut donc constater une divergence nette dans le mode de peuplement qui reste à expliquer19. En zone bretonne cependant, si l’importante paroisse de Ruffiac se développe autour d’un vicus sur le modèle gallo-romain et franc, beaucoup plus à l’ouest, la toponymie manifeste un usage bien particulier20. Dans le Léon surtout, et sa périphérie: ouest du diocèse de Tréguier et nord-ouest de la Cornouaille, apparaît le radical gui dans la dénomination de bien des communes, anciennes paroisses remontant aux premiers temps de l’installation des Bretons. Cette racine reprend vicus et donne gwik en ancien breton, terme désignant le centre de la plou, où se situait l’église, si bien que, logiquement, on trouve aujourd’hui, la plou et le gwik dédiés au même saint: Guikerné et Plouguerneau mais, en général, le gwik s’est substitué à la plou. Les noms en gui, en dehors de la zone considérée, ne paraissent pas ressortir de ces explications tels, Guipry, ou Guipel en haute-Bretagne, par contre, Guichen ne serait pas à exclure21. Cependant, ces vici celtiques ne correspondent pas vraiment aux vici gallo-romains, ils s’arrogent la dénomination parce qu’ils abritent une église paroissiale. Le fait est cependant révélateur et pose la question du rôle des vici pendant les siècles du haut Moyen Âge et de leur relation avec les villae.
Villae
11R. Latouche a relevé l’absence du grand domaine à structure bipartite dans le Maine mais ses successeurs n’ont guère trouvé dans tout l’Ouest plus de traces de ce témoin classique des temps carolingiens. Sans revenir sur le constat beaucoup moins étonnant aujourd’hui où la généralisation de ce système a été fortement mise en doute, l’examen de la question présente néanmoins une certaine complication où n’entrent pas en jeu seulement les difficultés du vocabulaire22. Si l’on considère la villa comme un domaine foncier, le mot recouvre une vaste palette de possibilités. Dans nombre de cas, elle se présente bien comme un grand domaine qui s’inscrit dans les limites de futures paroisses, voire les dépasse et recouvre le territoire de plusieurs. La villa Tricione dans le Maine, exemple le plus manifeste mais peut-être relativement exceptionnel, bénéficie d’un acte soigneusement détaillé. Cet énorme ensemble s’étend sur 6 000 hectares, ses dimensions atteignant 8 et 15 km. Son développement à l’époque carolingienne donnera naissance à une curtis dont témoigne peut-être aujourd’hui la commune voisine de Tresson: Courdemanche23. Plus souvent, les villae ont engendré une seule paroisse. Cette catégorie fleurit dans les grands diplômes obtenus par l’évêque du Mans, Aldric24. Hors du Maine, les évêques d’Orléans détiennent ce type de domaine dans le Nantais où la villa Cennonus correspond à l’actuelle commune de Senonnes et le cartulaire de Redon livre quelques exemples, en particulier les villae de Grandchamp et de Munera, à Thourie, travaillée par neuf couples d’esclaves25.
12Une part de ces ensembles fonciers appartient au fisc qui occupe des surfaces importantes, en particulier sur les terres hautement stratégiques de la marche. Salomon de Bretagne séjourne tant à la villa publica de Bedul-Campus (Bouchamps-les-Craon) qu’à l’» aula que vocatur Reste » (Retiers) et J.-C. Meuret a relevé dans toute la région des traces toponymiques relatives au fisc dérivées du terme feschal26. N.-Y. Tonnerre en a remarqué aussi dans le Segréen ou la basse vallée de la Vilaine et rappelle opportunément qu’il a été démontré par H. Guillotel que Redon fut fondée sur un fisc impérial27. Cela pourrait laisser croire que l’empire carolingien a plus ou moins réussi à implanter le système du grand domaine d’autant plus que quelques diplômes contiennent l’énumération stéréotypée des composants habituels. Des tentatives de regroupement foncier se décèlent, conduites par des abbayes possessionnées dans ces régions et par des nobles francs installés pour contrôler un territoire exposé ou mal soumis, cependant nous sommes très loin des structures classiques et ces grands ensembles fonciers ne constituent pas la réalité la plus fréquente28.
13La villa, bien souvent, se présente comme beaucoup plus modeste. Loin de comprendre la totalité d’une future paroisse, elle n’en recouvre qu’une fraction. Plusieurs se partagent le finage communal actuel, ce qui explique l’observation de R. Latouche concernant le Maine et bien souvent valable pour l’ensemble de la région: le vicus sert à situer la villa. Il la domine donc le plus souvent. N.-Y. Tonnerre note aussi la fréquente confusion entre vicus et villa qui, jusqu’à un certain point, va dans le même sens29. G. Louise a bien mis en lumière la spécificité de la villa dans le nord du Maine et le Perche. Les domaines de Saint-Germain décrits dans le Polyptyque d’Irminon y apparaissent élaborés à partir de petits territoires et de manses dispersés et, phénomène constaté ailleurs, les noms des villae ne se retrouvent, dans la toponymie actuelle, que dans les écarts30.
14En Bretagne, la variété des réalités recouvertes par le mot villa ressort particulièrement mais, en règle générale, on se situe à un échelon inférieur à la future paroisse. Le cartulaire de Redon abonde en localisations du type: « villa nommée… située dans la vicaria…, dans la plou… »31. La charte 125 situe un lieu: « Dans la vicaria du vicus de Laillé, dans la villa de Savigné »32. Nous sommes au sud de Rennes, dans une zone de faible influence bretonne et l’on y note déjà un certain flou dans le vocabulaire, ou plutôt une adaptation aux réalités existantes. Plus vers l’ouest, en pleine terre de colonisation bretonne, villa s’affiche de plus en plus comme une traduction approximative. Le mot désigne de petits domaines qui se multiplient dans une même plou. À Maxent, se situent au moins les villae Bronsiwan et Lan Pirisac qui semblent correspondre aujourd’hui à deux hameaux: Psihan et Périsac33. Très fréquemment pourtant, villa correspond au breton treb, portion de plou, comprenant un habitat et son terroir, donc un ensemble qui n’est pas trop modeste34. Cependant, quand un scribe localise la villa Dobrogen dans la villa Groco, l’évidente polysémie du terme se manifeste dans un tel emboîtement35.
15Il n’est pas trop malaisé d’identifier quelques éléments habituels des villae, au moins pour la période carolingienne. Dès les temps mérovingiens étaient apparues les colonicae dans le Maine, tenures confiées à des colons jouissant sinon de la liberté, du moins d’une large autonomie36. Elles ont donné la riche famille des toponymes du type Coulonges et ses dérivés. E. Lorans fait des coloniae du Lochois des subdivisions de la villa, mais les colonicae mancelles ne semblent pas pouvoir s’aligner sur cette conception37. L’organisation de type carolingien se repère avec une réserve centrée sur une curtis comme pour la villa de Rougé ou dans l’allusion à la terra dominicata relevée dans une page des Gesta Aldrici et bien souvent dans la toponymie avec des noms comme Courdemanche38. Des villae sont citées avec leurs manses dont le nombre varie sur une échelle importante. Neuf manses sont donnés dans la villa de Marcillé, et un manse de la villa Scilei contient six bonniers mis en valeur par six esclaves39. Vers l’ouest, à Augan, Guincalon donne « la villa de mon propre bien qui me vient de mon père Colunoretan avec mon manse et les autres petits manses ». L’emploi des termes classiques est cependant, sans doute, ici, trompeur40. Ailleurs, très localement, sur les bords de la Loire, en Anjou et dans le sud du Maine, apparaît le factus que l’on peut compter par dizaines pour une seule villa. Les textes le disent équivalent au manse ce qui n’est peut-être pas tout à fait exact41.
16La grande propriété foncière ne domine donc pas le paysage et, à ses côtés, pullulent de nombreux petits domaines ou exploitations, villulae et masnigella, c’est l’image que suggère un passage des Actus à la fin de l’époque mérovingienne: « toutes les autres exploitations et petites villae autour du dit vicus de Buxidus »42. En Bretagne, règne un système faisant une large place à une unité d’exploitation indépendante, la ran. Le cartulaire de Redon en fait connaître presque deux cents et, pour la paroisse de Ruffiac seule, le chiffre de quarante cinq est atteint. Trop rapidement assimilée au manse – les scribes carolingiens y tendaient déjà par leur traduction – elle en diffère quelque peu. Certes, unité d’exploitation tenue par une famille, la ran pourrait bien n’être que la version bretonne de son homologue carolingien. Pourtant, elle n’est en rien une tenure plus ou moins intégrée dans un grand domaine et sa superficie l’emporte assez nettement sur le manse avec une évaluation possible de 30 à 50 hectares dont une faible partie est cultivée43. Malgré sa structure originale, elle ne tranche donc pas complètement dans l’ouest carolingien.
17Dans bien des cas, la villa se présente comme un vrai domaine foncier et cela se vérifie d’autant plus qu’elle est petite. La villa Liskelli, en Bretagne, entre dans cette catégorie, « située dans le pagus du Poutrocoët, dans la plebs condita de Uuern, cette villa entourée de toute part par un bon talus et dont la partie extrême est séparée de la villa par le cours de la rivière Aff »44. Elle présente des limites matérialisées et son nom au préfixe en lis indique une résidence aristocratique, les scribes de Redon optant éventuellement pour aula quand ils veulent traduire le terme. Pour les grands ensembles, le problème présente plus de difficulté. Les très grandes villae mérovingiennes ne sont-elles que de vastes espaces forestiers plus ou moins déserts ? Plus tard, avec la réorganisation carolingienne, des éléments militent pour une véritable entité domaniale. Certaines possessions épiscopales se présentent comme des résidences. Francon II du Mans meurt en 832 dans sa villa de Coutures et les Gesta Aldrici constituent une apologie des travaux de l’évêque Aldric sur ses domaines45. Enfin, il ne faut pas négliger qu’un certain nombre de ces villae s’inscrivent dans un mouvement de mise en valeur à ne pas exagérer, sans doute, mais bien réel, en Bretagne et dans le Maine. L’organisation de certains domaines se lie à une maîtrise du territoire stratégique de la marche et cela s’accompagne d’une exploitation économique passablement extensive basée sur l’élevage, au moins dans le Maine. La centaine de mansionilia installés par Aldric en offre le témoignage le plus frappant mais pas le seul, ni peut-être le plus important46. L’aspect domanial et agricole prend donc toute sa valeur mais dans d’autres cas, la réponse s’avère plus difficile.
18À l’époque carolingienne, le domaine paraît n’avoir que bien peu d’homogénéité, d’autant plus que terres diverses et manses peuvent indifféremment en être extraits. La réponse classique invoque l’éclatement de l’ensemble: la villa n’a plus d’existence domaniale ou presque, et demeure seulement une référence spatiale, constat que dresse N.-Y. Tonnerre pour la Bretagne et l’ensemble de l’Ouest47. On peut se demander, cependant, jusqu’à quel point le regroupement initial a pu avoir lieu, dans certains cas ne faudrait-il pas plutôt parler d’inachèvement ? De telles remarques conduisent à examiner la nouvelle lecture proposée par E. Magnou-Nortier et J. Durliat48.
19Sans nier une certaine réalité domaniale, il faut envisager la question fiscale qui permettrait de rendre compte de « l’éclatement » de la villa mais aussi de l’éloignement de certains dons. Il n’est pas surprenant que le testament de saint Bertrand, célèbre texte manceau laissant apparaître une fortune des plus disséminées, ait intéressé les tenants d’une telle thèse. Des arguments semblent pouvoir rendre compte de la complexité des textes, telle la distinction entre une propriété réelle et une propriété éminente portant sur les revenus à caractère fiscal. Par ailleurs, des indices feraient de la ran un élément de la gestion publique, au moins en ce qui concerne une certaine fiscalité et la levée de l’armée49. La formulation la plus radicale de la thèse fiscaliste ne paraît cependant pas vérifiée et l’on comprend que G. Louise l’ignore pour la seigneurie de Bellême et que D. Barthélemy la refuse catégoriquement50. À ce stade, la réflexion peut s’enrichir du travail d’E. Lorans sur le Lochois, aux marges de l’Ouest et des conclusions qu’elle obtient à partir d’une documentation des plus restreintes. Fortement séduite par l’explication fiscaliste qui lui paraît résoudre nombre de difficultés, elle en conteste pourtant certaines conclusions et estime, à juste titre, que le Lochois ne permet guère de trancher le débat. Elle note que la villa ne couvre pas tout le territoire de ses réseaux, ce que nous pouvons aussi constater, mais, si elle accepte une raison fortement fiscale à l’existence de la villa, elle ne peut lui dénier une existence en tant que territoire humanisé. Cependant, en ce qui concerne l’Ouest, il est difficile de partager son avis sur la faible présence du terroir dans la villa, « très peu vécue comme unité de vie agraire »51.
20De façon sans doute assez souple, vici et villae organisent l’espace et, en conséquence, le peuplement. Une hiérarchisation s’établit souvent au profit du vicus, d’autant plus que le caractère peu contraignant de la villa atténue le rôle organisateur ou polarisateur de la curtis ou tout simplement de la résidence du maître. Si certaines structures peuvent être considérées comme un legs antique, la continuité est loin d’être prouvée et des ruptures dans l’organisation ou l’occupation humaine doivent être envisagées. Bien plus, ce système se transforme, de nouveaux vici voient le jour et les villae évoluent aussi. La période carolingienne modifie sans doute la distribution foncière, sans parler des éventuelles conquêtes qui peuvent se faire jour mais aussi des régressions, la foresta de la Guerche, par exemple, se développe sur des espaces antérieurement habités52. Pourtant un nouvel élément intervient et s’insère dans ce jeu: l’église. La christianisation et la multiplication des paroisses interfèrent dans ce système.
Le développement des paroisses
21La christianisation gagne les campagnes durant les siècles du haut Moyen Âge et sa progression produit un impact évident sur l’organisation de la vie des hommes avec la multiplication des paroisses ?53 L’observation oblige, cependant, à distinguer deux espaces. La plus large partie de l’Ouest suit un processus classique de création, même s’il faut en déchiffrer les modalités mais la Bretagne celtique s’organise sur d’autres bases, ce qui n’empêche pas un certain rapprochement au cours des siècles.
Les créations de paroisses aux temps mérovingiens en zone franque
22Si le christianisme a touché les villes de l’Ouest dès la fin de l’Antiquité, visiblement en suivant l’axe ligérien, la pénétration des campagnes, comme ailleurs, se révèle une entreprise un peu plus tardive et de longue haleine54. Les diocèses de l’Ouest, inégalement étudiés, semblent connaître les mêmes phases de progression avec des nuances locales. Les temps mérovingiens correspondent à une première époque d’initiatives quelque peu dispersées mais où domine le pouvoir épiscopal épaulé par les actions érémitiques et monastiques. Les Actus du Mans mettent en évidence un processus habituel. L’auteur du ixe siècle, s’appuyant sur des documents mérovingiens, démontre la primauté de l’épiscopat et ce qu’il écrit n’est pas seulement le fruit d’une volonté de glorification. Les premières lignes de la notice consacrée au fondateur, saint Julien, disent tout: « Le susdit évêque, saint Julien consacra des églises dans chaque vicus et y institua des prêtres »55. Des églises sont systématiquement établies dans les vici et les Actus en attribuent ainsi la fondation de 34 à saint Julien, 2 à saint Victeur, 29 à saint Thuribe, 10 ou 11 à saint-Pavace et 17 à saint Liboire. En éliminant les doubles comptes, ce sont 89 vici, suivant les calculs d’A. Longnon, qui se trouvent dotés56.
23Une politique identique guide l’action des évêques de Nantes, Rennes, Vannes ou Angers. René Niderst a montré la naissance de nombreuses églises dans les vici angevins et, dans le Nantais et le Vannetais, l’enquête de N.-Y. Tonnerre a mis en évidence l’existence de paroisses primitives dans des vici anciens, situés en des points stratégiques, tels Rezé ou Machecoul mais aussi dans de plus modestes, marqués par un caractère rural, tels Campbon ou Bér57. Les vici ne sont cependant pas seuls concernés, dans le Vannetais et le Nantais, de vastes paroisses s’identifient souvent dans la continuité d’une installation gallo-romaine. Il en va ainsi de Mendon, Baden, Arradon ou Saint-Avé dans le diocèse de Vannes et les dédicaces des églises à saint Cyr et sainte Julitte, une superficie de 10 000 hectares, suggèrent la même conclusion pour Herbignac ou Avessac dans le diocèse de Nantes58.
24Ces fondations se renforcent d’une intense présence érémitique ou monastique. À partir des années 530-560, de nombreux solitaires venus de loin, d’Auvergne, voire d’Italie, s’installent dans les forêts des zones frontières, en particulier dans le Maine. Saint Fraimbault, saint Ernier ou saint Céneré, créent de petites cellae susceptibles d’attirer des disciples ou de fixer une population59. La diffusion d’un culte ou une dédicace paroissiale ne prouvent pas dans tous les cas la présence initiale du saint honoré qui, de plus, n’obtient pas toujours un impact aussi net60. Si saint Léonard, en créant le monastère de Vandoeuvre, fait œuvre de pionnier, beaucoup de ses confrères jettent leur dévolu sur des vici, voire des centres de conditae, on ne peut alors parler vraiment d’influence sur le peuplement61. Saint Constancien s’établit ainsi à Javron, saint Cénéré à Saulges, saint Ernier à Céaucé et saint Longis dans le vicus de Bussiacus qui plus tard portera son nom62. Les Actus décrivent même comment les paysans de ce vicus retinrent le saint et le comblèrent d’aumônes.
25Ces solitaires n’échappent pas pour autant à l’influence des évêques dont la politique d’évangélisation et le souci de contrôler le territoire s’expriment aussi par une action soutenue dans le domaine monastique. La fondation de l’abbaye d’Evron au viie siècle par l’évêque du Mans, Hadouin, se présente comme l’installation d’une véritable tête de pont dans le bas-Maine63. N’en va-t-il pas de même pour bien d’autres monastères mais il n’est pas possible de le dire systématiquement de tous ceux qui quadrillent le diocèse, en particulier l’un des plus importants, celui de Saint-Calais ? La conduite des évêques nantais comporte bien des similitudes et des indices inclineraient à penser de même à l’égard de ceux de Rennes ou d’Angers. De nombreux ermites apparaissent dans le diocèse de Nantes, plus ou moins contrôlés par les évêques. Le cas de saint Martin de Vertou met nettement en lumière la démarche de Félix qui désire évangéliser et annexer le sud de la Loire. C’est bien le sens de l’installation du monastère de Vertou. Si celui de Noirmoutier garde une plus grande indépendance, l’action évangélisatrice et les fondations de saint Hermeland, pourtant liées à la règle colombanienne, s’effectuent avec le plein aval de l’épiscopat64. Dans le diocèse d’Angers, les miracles des évêques peuvent avoir pour cadre un monastère, c’est le cas d’Azé pour saint Aubin, lequel avait dirigé, avant son épiscopat, celui de Nantilly près de Saumur65. Finalement, en ce qui concerne la fondation de paroisses, le bilan des ermites et moines demeure limité, l’étape mérovingienne est d’abord épiscopale. Le nombre des dédicaces d’églises paroissiales du diocèse de Nantes et surtout de Rennes attribuables à la période souligne le succès de l’entreprise et inciterait même André Chédeville à grandir son importance66. Néanmoins, les problèmes soulevés par ce type de témoignage conduisent plus à y voir la progression de l’évangélisation que la création d’un réseau paroissial proprement dit structurant déjà le peuplement.
Les plou d’Armorique
26En Bretagne, la création de paroisses primitives emprunte une autre voie, celle des plou qui présente bien des originalités encore que l’ignorance de cette réalité dans les autres zones celtiques soulève des interrogations. D’abondantes études leur ont été consacrées et, d’abord, le livre pionnier de René Largillière qui, dès 1925, posait les bases d’une explication67. Depuis, sans vraiment revenir sur ses intuitions premières, les successeurs ont approfondi la compréhension de l’organisation des plou et la question de leur origine. Elles se présentent comme le cadre des communautés humaines formées par les immigrants bretons sous la houlette des saints: moines et ermites dont une bonne partie nous sont inconnus mais qui subsistent dans la toponymie. En effet, ces groupes se reconnurent dans un territoire qui engendra les paroisses d’Ancien Régime puis nos communes modernes, souvent après subdivision. C’est ainsi qu’apparaissent les toponymes en plou, suivis d’un nom de saint dans une proportion des trois quarts, le quart restant mettant en oeuvre des noms communs, Ploudaniel et Plounevez peuvent en offrir de bons exemples sélectionnés parmi tant d’autres. En Cornouaille et une partie du Trégor, des paroisses pourvues d’un hagionyme simplement peuvent s’y assimiler.
27Ces plou sont extrêmement vastes, 10 000 hectares en moyenne, mais à l’intérieur des terres ou sur la rade de Brest, elles peuvent atteindre les 15 000, ayant des points distants d’une vingtaine de kilomètres. Leur délimitation repose sur des éléments du relief, collines ou cours d’eau mais, malgré les tentatives de reconstitution de René Couffon ou plus récemment d’E. Vallérie, il ne faut pas leur accorder de frontières trop précises, leur cohérence venant d’abord de la communauté et d’une certaine homogénéité physique de leur territoire68. Le Porzay, autour de Locronan qui comptait six paroisses à la fin de l’Ancien Régime, s’organisait autour de trois plou, et même peut-être deux, durant le haut Moyen Âge: Ploéven, Plomodiern et Plonevez dont le déterminant (nouveau) indique la naissance postérieure, sans doute par prélèvement sur Ploéven69.
28L’église déterminait un centre religieux, assimilé à un vicus, ce qui ne préfigurait pas obligatoirement le bourg-centre futur et ne suppose pas l’agglomération des habitants. Par contre, la communauté dépassait le cadre religieux, puisque, par la suite, nous voyons une certaine organisation politique et la présence d’un chef, le machtiern. Cette organisation ne paraît pas d’origine celtique d’autant que plou renvoie au latin plebs, ce qui a d’ailleurs permis le rapprochement avec les pieve italiennes. Nous sommes en présence d’un système adapté à des régions peu structurées par des villes, convenant sans doute assez bien aux modalités particulières de la vie religieuse bretonne qui ne reposait pas sur l’organisation d’évêchés de style romain. L’hypothèse reprise par N.-Y. Tonnerre d’une organisation romaine tardive liée à une réaction aux troubles de la Bagaude, a été approfondie récemment par S. Kernéis qui propose de voir dans les plou une création de l’Empire finissant destinée à encadrer des peuplades barbares peu christianisées et susceptibles de s’agiter70. Cette structure réglée par un groupe de prêtres et des administrateurs aux larges responsabilités, les principes plebis, gagna une réelle autonomie avec la chute de l’Empire. Ses caractères et sa souplesse la firent adopter par les Bretons qui se coulèrent dans le moule proposé et, bien plus, le généralisèrent. Si une telle théorie a besoin d’être affinée, elle n’en contribue pas moins à rendre compte d’une façon cohérente des particularités de la plou.
29Dans ces zones celtiques, un important courant érémitique et monastique, déjà en partie responsable de l’encadrement des plou, dissémina ses implantations à travers le pays, entraînant une prolifération des toponymes en lan (lieu consacré, voire cimetière avec enclos, puis, surtout, monastère)71. Ces noms désignent actuellement des hameaux, des écarts et, dans une proportion très inférieure aux plou, des communes, comme Langannou ou Lannilis. Il faut cependant noter des actions plus développées et la fondation de véritables abbayes capables d’organiser un domaine et de devenir pôles de peuplement. C’est évidemment le cas de saint Samson à Dol mais l’exemple beaucoup plus modeste de saint Lunaire s’établissant dans une villa non loin de la Rance offre un cas de figure sans doute plus fréquent72. Nous retrouvons alors un schéma assez analogue à celui des régions d’influence franque. Ce n’est pas le seul rapprochement possible. La phase mérovingienne, dans les deux cas, met en place des organismes religieux qui, sans quadriller entièrement et étroitement la région, y apportent certainement une nouveauté qui ne peut que se répercuter sur la vie des hommes et sans doute sur leur répartition, sans que l’on puisse encore parler de véritable organisation.
L’organisation des temps carolingiens
30La seconde phase, plus proprement carolingienne présente un tout autre aspect et tend à compléter l’œuvre précédemment accomplie. Elle développe un véritable maillage mais surtout organise plus systématiquement. Il faut cependant reconnaître qu’il n’est pas toujours aisé d’attribuer une paroisse à cette époque ou à la précédente. Le fait le plus net réside dans la multiplication de mention d’ecclesiae ou de capellae. Le cartulaire de Redon, dans la région qu’il éclaire le mieux, le sud de la Vilaine, laisse apparaître une cinquantaine de paroisses, un lot non négligeable de nouvelles venant s’adjoindre aux anciennes, soit par fractionnement, soit par création sur des domaines ecclésiastiques. En ce cas, le nom de plebicula leur est donné, signifiant leur ampleur plus réduite: Arzon, Massérac et Marsac occupent des territoires oscillant autour des 1000 hectares, les différenciant ainsi fortement des vieilles plebes73.
31Une autre zone sort de l’ombre, celle d’Évron dans le bas-Maine, mais à la fin du xe siècle et surtout dans des conditions beaucoup moins favorables car l’information ne nous parvient que par l’unique charte de refondation de l’abbaye en 989, encore s’agit-il d’un texte fort suspect, car largement interpolé et remanié. Néanmoins, la multiplicité des donations éclaire quelque peu l’environnement de l’établissement74. De très nombreuses villae apparaissent, quelques-unes seulement, les plus grandes sans doute, possèdent une église que l’on peut supposer paroissiale: Châtres, Neau, Viviers ou Voutré et ce sont actuellement des communes. La majorité des villae, assez modestes, ne peuvent prétendre à un titre paroissial et plusieurs ont été regroupées pour être desservies par la même église75. Cela paraît le cas de Torcé si les interpolations n’ont pas perverti le texte: l’église s’est installée sur l’ancienne curtis et l’on identifie au moins une autre terre et une villa. C’est ainsi que se déroule au long de la charte le paysage paroissial plutôt dense d’une région, il est vrai favorable et depuis longtemps mise en valeur:
« […] ensuite la cour appelée Torcé avec l’église et ses esclaves, avec les terres cultivées et incultes, prés et bois […] et deux masurae en Luitré (en Torcé) avec les esclaves et une masura dans la villa de La Guette (en Torcé) et une autre dans la villa La Croisille avec les prés et la villa de Viviers avec l’église et une masure et demie… »76.
32Dans la mesure où la comparaison peut s’effectuer avec le testament de saint Hadouin du viie siècle, une nette diffusion du phénomène paroissial s’est effectuée et, en 989, les églises paroissiales jouissent d’un domaine propre suivant la norme carolingienne77.
33Ces deux exemples illustent une situation générale. Une poussée très nette se dessine complétant largement les premières implantations, N.-Y. Tonnerre estime à une quarantaine les créations pour les évêchés de Nantes et Vannes, un chiffrage n’est guère possible pour les autres diocèses mais la progression n’est pas niable. Bien des villae citées possèdent une capella, oratoire qui deviendra dans beaucoup de cas une église paroissiale78. Les énumérations des Gesta Aldrici ou des cartulaires ne précisent pas toujours le caractère paroissial mais l’indication peut se manifester parfois et certains détails se révèlent significatifs. Dans les Actus, Francon Ier (793-816) construit une église à Céaucé, domaine épiscopal et Francon II (816-832) consacre 32 églises, sans doute ne s’agit-il pas pour beaucoup d’une reconstruction79. Comme près d’Évron, ici ou là, le maillage paroissial se précise: près de la forêt de Perseigne, le comte du Maine donne à La Couture, vers 968-972, une série de villae dont le nom laisse entrevoir le statut paroissial que des textes plus tardifs feront connaître: « villa de Saint Rémi-du-Plain, église de Saint-Rigomer-des-Bois, église de Saint-Maurille près la forêt [site disparu], vicus de Saint-Rémi de Villaines-[la-Carelle] »80. À l’extrême ouest du diocèse, à la même époque, l’évêque Mainard donne aux chanoines de la cathédrale les églises paroissiales de Sept-Forges, Lignières, Marcillé et La Dorée81. Par contre, dans le haut-Maine, il donne le domaine de Courgenard qui ne semble pas encore être une paroisse car s’il y détient le pouvoir, il n’est pas fait mention d’oratoire et le texte suggère que les droits paroissiaux appartiennent à l’église voisine devenue celle de la paroisse Saint-Jean-des-Échelles82. Ces exemples laissent entrevoir un mouvement intense, mais le processus de construction paroissiale semble seulement en cours.
34Dans le Maine ou l’Anjou, des chapelles ne jouissant pas encore des droits paroissiaux se multiplient comme les simples oratoires de villa dont nous conservons un bon exemple du xe siècle. Dans une lettre, l’archevêque de Reims, Gervais, seigneur de Château-du-Loir, relate à l’abbé de Saint-Melaine de Rennes comment les reliques de saint Melaine, conservées dans l’oratoire de sa villa d’Argentré, avaient stoppé un incendie. La villa s’identifie à l’actuelle commune d’Argentré près de Laval et il est notable qu’entre Argentré et Laval s’intercalait la paroisse de Bonchamp et celle aujourd’hui disparue de Saint-Melaine, dédicace des plus rares dans le Maine83.
35Le rôle de l’Eglise, évêques ou monastères, se maintient donc, bien des villae ecclésiastiques reçoivent alors un oratoire ou même une église paroissiale, alors que les villae des patrimoines laïques ne semblent pas suivre la même voie. Les conclusions de N.-Y. Tonnerre pour la Bretagne vont dans ce sens mais leur caractère très tranché ne peut cependant pas être totalement généralisé84. Il est révélateur que la charte de donation, vraisemblablement testamentaire, de l’évêque du Mans, Mainard, issu du lignage vicomtal, aligne 21 sites, curtis ou villa dont plusieurs ont donné naissance à des paroisses mais que deux seulement sont alors dotés d’une église avec, sans doute, statut paroissial85. Par contre, indéniablement, les monastères favorisent les créations d’églises dans leurs domaines, ainsi opèrent Redon, Saint-Médard de Doulon ou Déas en Bretagne et les maisons mancelles comme Évron et Saint-Vincent du Mans ou angevines comme Saint-Aubin pratiquent de même86.
36Parallèlement, la période carolingienne favorise une nette structuration des paroisses. Mieux définies territorialement, elles deviennent des entités, sinon de référence obligatoire, du moins qui comptent et le mot parrochia entame une progression mais qui demeure encore discrète. Sans doute ne convient-il pas de s’exagérer cette précision de la délimitation, à titre d’exemple, la paroisse de Rigny en Touraine n’a connu ses limites que bien après l’An mil, au plus tôt vers la fin du xiie siècle87. La diffusion des dîmes renforce la circonscription territoriale, cependant une minutieuse enquête menée par E. Lorans aboutit dans le Lochois à des conclusions nuancées. L’étude de deux cas de répartition des dîmes montre une grande dispersion, prouvant que le territoire de l’ecclesia n’a pas de caractère homogène88.
37Les plou de Bretagne ne présentent peut-être pas tout à fait les mêmes traits, sans qu’on puisse cependant leur donner plus de rigidité qu’elles n’en avaient au ixe siècle. La donation d’Anouuareth au monastère Saint-Maur de Glanfeuil autorise l’étude de la plou d’Anast qui allait adopter le nom du saint patron, se transformant en Maure-de-Bretagne89. Elle se présente comme une vaste paroisse primitive exceptionnellement décrite avec précision. En 843, Annouuareth, sans doute machtiern du lieu, donne la terre d’Anast avec l’église paroissiale dédiée à saint Pierre plus les sept chapelles qui lui sont soumises mais en excepte l’ecclesia Saint-Martin de Mernel. Le territoire paroissial se définit par les neuf paroisses limitrophes décrites dans une notice rédigée un peu plus tard. Anast se trouve ainsi dotée d’un espace considérable puisqu’elle englobait les actuelles communes de Maure, Campel, Bovel, Mermel, Saint-Séglin, Loutehel90. Cette ampleur avait contraint à la création de succursales pour le culte, de simples chapelles, mais l’organisation très hiérarchisée affirmée dans la donation offre une image un peu trop rigoureuse. Dans les paroisses les mieux connues, bien des lieux de culte sont liés, par exemple, à des ermitages de type celtique ou à de petits monastères, la multiplicité ainsi créée ne correspondait pas obligatoirement aux réelles nécessités et les rapports hiérarchiques pouvaient subir des entorses91. Sur ce point, un certain alignement sur les régions proches ne peut qu’être constaté.
38Malgré d’évidents progrès, le bilan du haut Moyen âge soulève donc encore des difficultés. On peut considérer comme acquis qu’une partie importante des paroisses connues sous l’Ancien Régime existe au xe siècle. Une carte dressée par J.-M. Bienvenu, distinguant les paroisses angevines mentionnées avant l’An mil et après, aboutit à la proportion un tiers/deux tiers. Ce résultat déjà non négligeable sous-estime pourtant le nombre réel en raison de la faiblesse des témoignages documentaires. Dans la Bretagne moins bien servie par l’écrit, la proportion serait bien inférieure, aussi A. Chédeville recourt-il aux dédicaces et conclut pour le Rennais et le Nantais à des chiffres imposants, qui tourneraient autour de deux tiers à trois quarts des paroisses de l’Ancien Régime. Par d’autres voies, N.-Y. Tonnerre parvient pour Nantes et Vannes au résultat comparable de deux tiers92. Les travaux pour les diocèses d’Angers et du Mans, moins avancés, ne permettent pas de telles évaluations mais l’étude de R. Niderst pour le premier et des enquêtes partielles sur le second ne contredisent pas de telles conclusions93. À ce premier constat, il convient d’ajouter que l’organisation se perçoit mieux et qu’une meilleure définition de l’institution s’est faite jour, faut-il pour autant employer systématiquement le terme de réseau, rien n’est moins sûr. Néanmoins un cadre s’élabore, fortement lié à la vie des populations, cette organisation des paroisses ne peut, de toute évidence, s’opérer sans rapport avec l’habitat.
L’habitat et ses formes
39Les modifications du haut Moyen Âge induisent des évolutions, peut-être de nouvelles modalités dans la façon dont les hommes organisent leur habitat. Nous sommes, sur ce sujet, non pas totalement démunis, mais face à de lourdes interrogations auxquelles les textes répondent un peu mais que l’archéologie vient éclairer depuis longtemps par le biais des inhumations. Des hypothèses ont renouvelé l’approche que l’on peut en faire et des découvertes ont récemment autorisé un accès à l’habitat des vivants, essentiellement en Bretagne.
L’habitat et le cimetière
40Une question cruciale se place au centre des débats actuels: la rupture radicale avec les pratiques de l’Antiquité qui excluaient les morts du voisinage des vivants. À partir du viiie siècle en gros, les tombes commencent à se rassembler autour des églises et, d’une certaine façon, se rapprochent des vivants, mais jusqu’à quel point ? Peut-on y discerner une forme préfigurant le village, un protovillage ? Les hypothèses favorables s’appuient sur les grands chantiers archéologiques menés en Ille-de-France et surtout en Normandie, en particulier celui de Saint-Martin-de-Mondeville dirigé par C. Lorren. Ces positions battent en brêche celles de ceux qui doutent de l’organisation poussée de cet habitat ou le voient même très fluctuant94. Paradoxalement, c’est donc la demeure des défunts qui retient d’abord l’attention.
41De nombreuses sépultures, souvent regroupées en nécropoles, ont été recensées, cependant deux faiblesses majeures limitent la portée des conclusions que l’on peut en tirer. Si des inventaires couvrent l’ensemble de l’Ouest, certains, comme celui qui concerne le Maine, accusent leur âge et ne correspondent plus aux exigences actuelles. Bien plus, beaucoup de sites ne nous sont connus que par des fouilles très anciennes et peu sûres, nous ne pouvons les situer avec quelque précision entre le ve et le ixe siècles, encore peut-on hésiter dans certains cas pour une datation antique ou d’époque féodale95. Enfin, si des fouilles récentes apportent une masse de renseignements précieux, aucune nécropole n’a fait l’objet d’un décapage total, nous restons donc confrontés à des vues partielles96.
42Une carte des Pays de la Loire ne prenant en compte que les sarcophages en calcaire coquillier montre leur diffusion générale et le plus souvent en nécropoles. Des inégalités résultent de l’emploi d’autres méthodes d’inhumation comme au sud de la Loire ou de l’insuffisance des prospections97. Par contre, la carte concernant la Bretagne signale nettement une rupture entre les Pays de la Loire et la haute-Bretagne alignés sur les usages neustriens et la basse-Bretagne où les nécropoles, sans être absentes, y sont rares98. Au-delà de la question du matériau disponible, il apparaît bien une différence culturelle. Si la vaste nécropole de Saint-Urnel dans le Finistère a fonctionné du viie au xie siècle et accueilli, selon les estimations, 5 000 inhumations, beaucoup de sites de la Bretagne celtique se réduisent à l’unique sarcophage, souvent en granite, d’un personnage important ou à quelques inhumations99.
43Cette pratique d’ailleurs, n’était pas inconnue en Neustrie et, longtemps, les cimetières n’accueillirent pas tous les morts. Les inhumations en petits groupes ou isolées demeurent en usage fort longtemps, le site des Grandes Valinières à Saint-Sylvain d’Anjou a livré 47 sépultures dispersées en relation avec un habitat qui subsiste jusqu’à la fin de l’époque carolingienne100. Les nécropoles elles-mêmes présentent de grandes variations, certaines, fort modestes, peuvent correspondre à un petit groupe humain comme à Soulgé-le-Bruant où R. Diehl évalue la population concernée de 20 à 30 personnes, ce qui pourrait aussi être le cas de la nécropole de Galmer à Méon alors que celles de Visseiche ou Bais, beaucoup plus importantes, étaient alimentées par des groupes estimés à plusieurs centaines101. Par contre, si celle de Saint-Urnel se montre active sur des siècles, celles de Bais et Visseiche ne le furent que l’espace de deux ou trois générations.
44Une modification se distingue quand des datations sont possibles. Les nécropoles dites de plein champ ou situées à proximité des vici, mais à l’extérieur, s’éteignent vers la fin du viie siècle, cas de Bais et Visseiche. Celles qui perdurent ou apparaissent à l’époque carolingienne sont en étroite relation avec un lieu de culte, église ou chapelle, le fait s’impose à la lecture de la recension de Ph. Guigon en Bretagne ou de celle, moins fiable, de A. Ledru pour le Maine. Le premier relève un exemple particulièrement intéressant: à Thourie, près de l’église citée dès 845, des sarcophages attestent d’une nécropole carolingienne alors que d’autres plus éloignés se groupent autour de la chapelle Saint-Lyphard, formant une nécropole sans doute antérieure et christianisée plus tard102. À Langon, la chapelle Sainte-Agathe occupe un bâtiment gallo-romain décoré de peintures, transformé en chapelle funéraire et a vu une nécropole se développer autour d’elle, reproduisant la même situation qu’à Domagné103. Un tableau récapitulatif dressé pour toutes les nécropoles bretonnes connues actuellement mentionne une dizaine de cas104.
45À Blou, dans le Maine-et-Loire, E. Zadora-Rio a relevé quatre sites à sarcophages peut-être du haut Moyen Âge dont une nécropole autour de l’église mais il n’est pas certain qu’une église existait avant le xie siècle105. Non loin de là, à Rigny, les fouilles montrent que l’ensemble église et cimetière d’époque féodale se superpose à des tombes du haut Moyen Âge et, à Brissarthe, l’église citée dès l’époque carolingienne s’est révélée, au cours de fouilles récentes, entourée de sarcophages et de coffres dont on a identifié 78 exemplaires106. Dans le Maine, se retrouvent les mêmes cas de sites multiples sur la même paroisse et de nécropoles autour ou sous les églises. Le fait est fréquent pour des édifices signalés dans les textes du haut Moyen Âge mais il est notable qu’à Saulges une église Saint-Pierre s’installe peut-être dès le viiie siècle sur une vaste nécropole, qu’une autre a été fouillée près de l’église d’Entrammes, installée dans des thermes gallo-romains et que l’église de Pritz s’élève au viiie ou ixe siècle sur une nécropole mérovingienne107. Un rapprochement des tombes avec l’église s’opère donc, sans doute à partir du viiie siècle, sans que l’on puisse considérer le fait comme général. Non seulement des tombes isolées subsistent mais des églises fort nombreuses ne semblent pas accompagnées d’inhumations anciennes, encore faut-il prendre en compte les inégalités de la recherche archéologique.
46Le développement des inhumations ad sanctos reflète d’abord l’évolution de la pensée religieuse favorisant le culte des reliques et les prières pour les morts108. Le phénomène de rapprochement des tombes et des lieux de culte ne se manifeste que progressivement, engendrant une concentration des inhumations au bénéfice de quelques sites qui entraîne la fin de nombreuses nécropoles mais cela n’est ni absolu ni immédiat. Fréquemment, le cimetière chrétien ne se situe pas près de l’église paroissiale mais se développe autour d’une chapelle funéraire éventuellement installée dans un bâtiment antique. À Saint-Urnel, un oratoire n’apparaît que dans la seconde moitié du xe siècle ou même plus tard mais succède peut-être à une construction de bois, cependant, cette nécropole qui reste en fonction fort longtemps, demeure à l’écart de l’habitat qu’elle dessert, celui de la paroisse disparue de Cap-Caval109. Par contre, à Bais, la chapelle Saint-Pierre ne remonte qu’au xiie siècle mais le souvenir de la nécropole abandonnée devait subsister et la dédicace pourrait orienter vers une plus grande ancienneté de l’oratoire. Il va de soi que les tombes viennent se fixer aux alentours de l’église lors de son installation quand les inhumations datent clairement des temps carolingiens. L’association est bien établie pour plusieurs églises de la région de Redon, par exemple à Molac, où l’église mentionnée en 849 se situe au milieu d’un ensemble de sarcophages110. Cependant, une certaine dualité peut demeurer. Au Grand Fougeray, une chapelle dont la dédicace à saint Jean fait soupçonner l’ancienneté existait dans le cimetière, esquissant un ensemble religieux que l’on retrouve dans d’autres paroisses anciennes111.
47L’absence de fouilles, le fait que beaucoup d’édifices religieux ne remontent pas, en l’état actuel de leur architecture, au-delà du xie siècle, pèsent sur la qualité des conclusions que l’on peut tirer. Peut-on voir l’amorce ou plus du village médiéval, conclusion qui a séduit J.-C. Meuret et Ph. Guigon112 ?. Que ce noyau ait commencé à jouer un rôle dans une prise de conscience communautaire, cela ne peut se nier, néanmoins, il reste à prouver que ce pôle réunissait aussi les vivants, en d’autres termes un habitat y était-il associé ?
Un habitat dispersé
48À l’époque mérovingienne, l’habitat s’organise en fonction de critères difficiles à préciser. La continuité avec le monde antique semble souvent réelle mais, sans doute, faut-il se méfier des illusions, la stabilité géographique n’entraîne pas automatiquement continuité dans le mode d’habitat. Il est fort probable que les vici et les différents éléments des villae aient constitué une organisation plus ou moins bien hiérarchisée mais il est difficile d’intégrer les témoignages archéologiques dans la trame reconstruite à partir de l’écrit. À l’époque carolingienne, les choses ont évolué et surtout nous apparaissent un peu mieux.
49Le centre paroissial. Le mouvement paroissial a pu provoquer une réorganisation ou simplement l’amorcer, à commencer par le développement d’un noyau central. Dans l’Ouest, dominé par l’habitat dispersé dès l’Antiquité, décèle-t-on un début de concentration ? Etudiant les villages les mieux documentés de la région de Redon, Carentoir, Ruffiac et Pleucadeuc, G. Astill et W. Davies croient pouvoir observer un noyau de peuplement autour de l’église113. Les chartes mentionnent parfois la présence de bâtiments à proximité, habitation d’un prêtre, ce qui n’étonne guère mais aussi quelques maisons de laïcs: la demeure d’un exploitant ou, à plusieurs reprises, celle d’un aristocrate, la toponymie signalant plusieurs noms en lis non loin des noyaux paroissiaux114. Le fait que certains de ces sites voient converger à eux les routes constitue un indice supplémentaire, mais, globalement, il demeure difficile d’imaginer une agglomération un peu développée dans la plupart des cas. Ailleurs, le silence des textes laisse dans l’expectative, il semble cependant probable que les églises installées dans d’anciens vici aient pu se placer au milieu d’habitations ainsi que celles que l’on voit naître au centre de villae tant dans le Maine que dans l’Anjou.
50On ne peut, pourtant, généraliser l’hypothèse d’un développement systématique d’un habitat autour des églises. Les fouilles n’ont pas livré de trace convaincante: quelques tessons ou tegulae, un fossé à Visseiche et un indice d’habitation du haut Moyen Âge sous une maison du xve siècle dans le bourg de Vernoil-le-Fournier restent de maigres et rares témoignages115. Certes, il est tentant d’invoquer le bouleversement des couches dans des sites longtemps occupés et de plaider pour l’existence d’habitats anciens sous les villages actuels mais l’argument ne convainc pas toujours. À Blou, patiemment exploré, le cimetière carolingien entoure une église du xiie siècle mais qui succède à un bâtiment antérieur, aucun tesson de poterie n’atteste d’une implantation humaine haut-médiévale116. Bien plus, des églises centres de paroisse, au moins par la suite, situées sur des nécropoles, n’étaient pas entourées d’un habitat à l’époque carolingienne comme à Saulges ou même ont conservé leur isolement par la suite, ce qui est le cas de Pritz117.
51La faiblesse de l’habitat induit explique aussi une certaine instabilité des centres paroissiaux dont il ne faut pas cependant exagérer l’importance. Sans parler de nombreuses traditions de transfert d’église difficiles à vérifier, des cas sont attestés un peu partout. À Bains-sur-Oust, au ixe siècle, l’église ne se situe pas à l’emplacement du village actuel mais dans un canton éloigné de la paroisse, sur ses limites, à Saint-Jean-d’Espileuc. La description évoquant les confronts de deux villae suggère un certain isolement et guère une agglomération, même modeste. Un déplacement dont on ignore tout s’effectua par la suite118. Le même fait se relève dans le Maine, l’église d’Outillé se retrouve à Saint-Mars-d’Outillé, à trois kilomètres, mais on ignore la date de ce transfert119. Sans nier l’existence d’un mouvement de regroupement, sans doute conviendrait-il de parler de tendance ou plutôt d’esquisse de mouvement se développant dans la longue durée.
52Par contre, l’ensemble église-cimetière, ou l’église seule, en relation avec le développement des paroisses, doivent de plus en plus jouer un rôle central. Les chartes de Redon, signalent à maintes reprises que les actes sont passés solennellement dans l’église, éventuellement en présence d’une masse de paroissiens ou devant l’édifice, ce qui suppose un espace public plus ou moins reconnu. Rien ne s’oppose à imaginer une telle procédure dans les autres régions où d’ailleurs de telles pratiques sont attestées plus tard. En Bretagne, plus spécifiquement, ce rôle est amplifié par les caractères propres du clergé. Des groupes de prêtres y tiennent les paroisses transmises par la voie familiale. Apparentés aux familles les plus aisées, ils sont dotés d’une certaine culture, qui leur fait assumer un rôle dépassant le simple culte, pour la rédaction des actes ou pour des faits à caractère administratif, faisant d’eux de véritables notables120. Ailleurs, le clergé rural et son rôle demeurent dans l’obscurité, par contre, l’activité monastique se distingue mieux.
53Les fondations monastiques peuvent venir renforcer un vicus: à Entrammes, au temps de l’évêque Aldric, une communauté de femmes vit à l’ombre de l’église mentionnée comme une création de saint Julien121. À Évron, la fondation de l’abbaye a pu susciter un regroupement du peuplement. Le testament de saint Hadouin, au viie siècle, cite le vicus d’Aurion récemment construit par Agobert, abbé de Diergé, site peu éloigné du centre actuel d’Évron où l’abbaye devait s’élever122. Le vicus initial, sans doute établi sur la voie romaine dans l’actuel hameau d’Orion, s’est déplacé, avec son église, vers l’abbaye. Plutôt que de confondre cette dernière avec une abbaye voisine à Diergé, il serait possible d’entrevoir l’installation d’un centre religieux aux sanctuaires multiples (Fig. 4). Cette fixation d’un habitat autour de communautés monastiques se retrouve à de nombreuses reprises, même si, en général, il s’agit de réalités plus modestes. La Bretagne en offre de multiples exemples, petits établissements qui ont pu donner naissance à Saint-Lunaire, Saint-Suliac ou Tréal ou maisons importantes comme Saint-Gildas-de-Rhuys et encore plus Redon123.
Figure 4 - Évron durant le haut Moyen Âge

Les prospections archéologiques de l’abbé Angot ont mis en évidence l’importance des implantations gallo-romaines sur l’actuelle commune de Sainte-Gemme-le-Robert. Au viie siècle, l’évêque Hadouin fonde l’abbaye Notre-Dame dans le vicus d’Aurion où préexistait une église attribuée à l’évêque saint Thuribe. Le centre du vicus devait être initialement au hameau d’Aurion avant de se déplacer près de l’abbaye mieux située dans une plaine fertile. Plutôt que de voir deux abbayes voisines à Diergé et Évron, il serait préférable d’envisager un groupe religieux à sanctuaires multiples. Le texte légendaire du ixe siècle, évoque la villa Rupiacus qui devait englober au moins les deux communes d’Évron et Sainte-Gemme.
54Dans ce contexte de regroupement relatif, les fortifications, les castra, ou les résidences aristocratiques ne paraissent jouer qu’un rôle limité. Leur nombre nous reste inconnu mais demeure faible en ce qui concerne les châteaux, c’est la conclusion de l’enquête de Ph. Guigon pour la Bretagne qui peut vraisemblablement s’étendre à l’ensemble de la région. À Craon, au ixe siècle, le comte de Nantes, Lambert, révolté, érige un château sur l’Oudon, mais la Chronique de Nantes indique qu’il y a déjà là un vicus, le château contribuera sans doute à l’évolution de la bourgade qui deviendra une petite ville124. Le cartulaire de Redon fait apparaître le castel Sei en Plessé et celui de Rieux près de Redon mais on ne peut guère aller plus loin, les rares apports de la toponymie restant sujets à caution125. Les résidences importantes, les aulae, peuvent assumer un rôle pour des sites qui évolueront vers un caractère urbain comme à Doué-la-Fontaine et sans doute Mayenne126. Dans les premiers siècles du Moyen Âge, Mayenne n’est qu’une villa et peut-être un castrum mais il n’y a pas d’église paroissiale. Un bâtiment de bois mal daté appartient sans doute à cet ensemble mais le palais retrouvé ne date que du xe siècle. Toutes les aulae cependant, ne s’alignent pas sur ces exemples, quant aux lis, résidences aristocratiques en Bretagne, certaines voisinent avec les centres paroissiaux mais elles ne les ont vraisemblablement pas engendrés et rien ne prouve leur caractère militaire. En fait, c’est donc essentiellement le cadre religieux qui joue un rôle, encore faut-il en avoir une vision nuancée, au moins dans l’Ouest, car l’habitat conserve pendant tout le haut Moyen Âge une forte propension à la dispersion.
55Hameaux et écarts. Les textes laissent apparaître cette dispersion et le schéma élaboré par E. Lorans peut servir de référence. Elle a mis en lumière une organisation relativement hiérarchisée de la villa à la colonica, en passant par le locus, ces deux derniers étant interprétés comme des hameaux ou des écarts127. Le vocabulaire prend plus de variété dans le Maine ou l’Anjou et, outre les colonicae, il faut enregistrer des villulae, des mansionilia et les facti, unités de tenure qui abritent, semble-t-il, leurs habitants128. Bien des villae de dimensions réduites développent des hameaux plus ou moins importants avec éventuellement une chapelle et organisent autour d’elles un réseau épars d’habitats dispersés sans doute plus en petits écarts qu’en habitations isolées, telles se présentent celles du Perche décrites dans le Polyptyque d’Irminon et sans nul doute bien d’autres dans l’ensemble de la région considérée129. L’analyse que propose J.-P. Brunterc’h des donations foncières en faveur de grandes abbayes de part et d’autre de la frontière de Bretagne construit la même image, en particulier dans le commentaire d’un long acte destiné à l’abbaye de Prüm daté de 765. L’identification des domaines conduit à constater la dispersion des terres et, consécutivement, de l’habitat, là aussi sous forme de hameaux plus ou moins développés et qui ont subsisté jusqu’à nos jours130. On pourrait évoquer aussi les toponymes du haut Moyen Âge, en court, mont ou val qui connaissent une relative fortune puisque l’abbé Angot chiffre leur nombre aux environs de 2000 pour le département de la Mayenne où, s’ils désignent quelques paroisses, ils s’appliquent surtout à des écarts. À Sainte-Gemme-le-Robert, le même secteur de la commune abrite, Courtaugis, Courmontais et Champfailly131.
56En Bretagne, toutes les études convergent vers des conclusions de ce genre à partir d’une étude serrée des données très riches du cartulaire de Redon. Le premier, P. Flatrès a mis en évidence une forte dispersion en hameaux multiples suivi par W. Davies et N.-Y. Tonnerre132. L’intérêt du document redouble quand on constate que les régions d’influence dominante franque ou bretonne, en gros de part et d’autre de la Vilaine, ne présentent pas les mêmes caractères. Dans la première, s’identifient les mêmes traits que dans l’Anjou et le Maine. En dehors des vici abritant l’église et une part variable des hommes, l’habitat se disperse en hameaux de quelques feux ou un peu plus gros que P. Flatrès ne voit pas très nombreux. Ils se déploient autour de villae et de manses abritant plusieurs familles. Quelle que soit la structure de la villa, il faut lui reconnaître un minimum de rôle à son échelle, c’est-à-dire qu’elle organise dans une certaine mesure la vie humaine autour d’elle, en dehors du cadre paroissial. En zone bretonne, l’habitat se disperse nettement plus et N.-Y. Tonnerre y verrait, non sans raison, un effet de l’installation bretonne, mais s’il penche plus pour des hameaux que des habitats isolés, W. Davies n’exclut pas une certaine diffusion de ce mode d’habitat. Il n’est guère facile de trancher mais le retour aux textes permet quelques éclaircissements.
57Le territoire des plou et paroisses primitives semble souvent constitué du regroupement de sites au nom en tré133. Abondant dans la toponymie bretonne, le suffixe s’applique à une petite agglomération, un hameau accompagné de son terroir qui peut comprendre un millier d’hectares, voire exceptionnellement plus dans le cas de celui appelé Treb Etuual qui est devenu la paroisse, puis commune, de Tréal134. M. Planiol en fait une subdivision intermédiaire entre la plou et la villa, encore que le cartulaire de Redon puisse confondre les deux135. Autour de la forêt de Paimpont, les toponymes en tré forment une auréole présentant presque une certaine régularité dans leur répartition autour du centre de la paroisse, Plélan voit graviter ainsi comme une série de satellites: Trézon, Trégu, Trélo et peut-être Thélin. Au-delà de la commune actuelle mais dans la paroisse primitive, on découvre Tréffendel, érigé en commune, mais trêve au Moyen Âge, et sur Maxent, détaché aussi de Plélan on en dénombre quatre (Fig. 5)136.
Figure 5 - Paroisses et habitat dans la région de Plélan pendant le haut Moyen Âge

Les limites paroissiales n’avaient pas la précision des limites communales adoptées pour réaliser cette carte mais donnent une assez bonne idée des superficies. Paimpont n’existait pas en tant que paroisse mais son territoire n’appartenait pas en entier à Plélan, la forêt restant à part.
58Ces hameaux, peuvent se doter d’une chapelle, voire d’un cimetière. Ils regroupent les tenanciers ou propriétaires de ran proches mais la ran elle-même porte éventuellement une habitation isolée. Souvent, elle abrite plusieurs familles, ce qui donne aussi un petit hameau dont la toponymie a pu conserver le souvenir, pas moins de 21 noms dans le Morbihan sont construits sur le préfixe ran137. Il est remarquable que bien des ran portent le nom d’un homme: Ran Riantcar, Ran Anaumonoc et que certaines, plus grandes soient désignées par le terme tigran, ti s’appliquant à une habitation138.
59Un certain nombre d’habitats viennent s’ajouter. Il s’agit de fondations religieuses comme les nombreux ermitages et petits monastères qui prospèrent particulièrement en Bretagne et peuvent éventuellement donner naissance à des hameaux portant des noms en lan mais souvent aussi en tré. Dans les paroisses évoquées précédemment, leur présence a pesé sur l’avenir de l’habitat, Ruffiac avait deux petits monastères: Sainte-Leuphérine en Tréal et le Menehi Crocon. Plélan doit peut-être son suffixe lan à un monastère et Maxent naîtra d’une fondation de Redon tandis qu’à Paimpont s’installe une dépendance de Saint-Méen dès le viie siècle139. Les domaines et résidences aristocratiques constituent une autre catégorie fort répandue. Les toponymes en lis en portent le souvenir. Nombreux, plus de 400 dans le Finistère, ils se calquent très bien sur la répartition des plou et surtout des tré. Ils ont rarement engendré des paroisses mais, par contre, d’assez nombreux hameaux140. Ils peuvent désigner la résidence de machtierns mais, en forêt de Paimpont, riche de domaines du fisc, Lis Penfau est une résidence royale. Le terme se traduit significativement par aula dans le cartulaire de Redon et l’existence de l’une d’entre elles à Retiers, aux marches de l’Anjou, donne à penser que ce genre d’installation devait se retrouver dans toute la région141. Les fouilles de Locronan nous en livrent vraisemblablement un échantillon. Ce vaste ensemble formé de trois enclos protégés par des talus, installé sur la Montagne du Prieuré, abrita ce qui semble une aula, une chapelle et des ateliers de travail de l’or dans la seconde moitié du ixe siècle. Tout indique une résidence aristocratique, aller jusqu’à la qualifier de princière, pour être tentant, n’en demeure pas moins actuellement très hypothétique142.
60Les apports de l’archéologie. Les textes présentent donc l’avantage incontestable de préciser l’existence d’un certain nombre de lieux habités, d’en esquisser la hiérarchie mais restent plus qu’allusifs sur l’aspect des habitats, ce que l’archéologie permet d’entrevoir, bien au-delà des résidences aristocratiques mais il demeure, pour l’instant, difficile d’établir des liens entre la fouille et l’écrit. Nous ne savons pratiquement rien de ce qui pouvait constituer des agglomérations, nous sont cependant connus un certain nombre de bâtiments isolés et quelques ensembles qui pourraient s’interpréter comme des hameaux.
61Les sites de la Tullaye à Janzé, de la Cocherais en Tinténiac et de Montours, tous les trois situés en Ille-et-Vilaine et des Grandes Valinières à Saint-Sylvain d’Anjou, dans le Maine-et-Loire présentent un certain nombre de caractères proches. Les quatre chantiers de fouilles ont livré des ensembles de plusieurs maisons dont les habitants se livraient à des activités essentiellement agricoles. Aux Grandes Valinières, un vaste décapage sur deux hectares a mis en lumière un ensemble de constructions en bois accompagnées de silos, d’un système de fossés. L’ensemble court sur tout le haut Moyen Âge à partir du vie siècle et 47 sépultures dispersées ont été identifiées dont l’une a pu être datée du viie siècle par une fibule143.
62La Tullaye recèle un ensemble analogue. Un bâtiment de 20 m2 à peu près est élevé au vie siècle sur une fosse excavée. Du viiie au xe siècle, une autre phase se fait jour qui trahit un habitat développé et organisé. Quatre bâtiments rectangulaires sont implantés dans des enclos délimités par des fossés orthogonaux. À la Cocherais, les maisons n’ont laissé que quelques trous de poteaux mais elles se répartissent dans des enclos réguliers aussi, au nombre de quatre, avec foyers et silos. Des espaces réservés à l’artisanat s’identifient, en particulier une forge. À Montours, trois sites très proches attestent d’une occupation tout au long du haut Moyen Âge. Etablis sur des lieux occupés dès la Protohistoire, des enclos et des parcelles fossoyées qui adoptent les mêmes orientations que l’implantation primitive, signalent la présence d’un hameau surtout développé aux temps carolingiens et organisé autour d’un gué aménagé. Des aires de stockage, une forge là aussi, complètent les installations humaines et témoignent de leurs activités. Néanmoins, si la longévité de l’occupation s’avère indéniable (la permanence des orientations des parcelles le dit clairement) les aménagements et modifications remanient les formes de l’occupation qui ne fut peut-être pas absolument continue, et les deux groupes attestés à l’époque carolingienne furent-ils vraiment contemporains144 ?
63Quelques bâtiments isolés ont été aussi retrouvés. Une construction mise au jour à Livroac’h en Poullan et datée du viie siècle se présente comme un rectangle aux murs de pierre peu élevés et couvert d’une toiture végétale. La présence d’un foyer très important y suggère une fonction plutôt artisanale145. À Créac’h Gwen en Quimper, a été étudiée une maison à trois nefs, d’une longueur comprise entre 7 et 13 mètres 146. Établie à la fin du xe siècle, elle s’inscrit aussi dans un parcellaire organisé et s’accompagne d’une forge, mais l’aire réduite de fouille ne permet pas de déterminer l’importance du site habité. À la même époque, se développent des ateliers de potiers, éventuellement associés à des habitats. Les fouilles de Meudon près de Vannes et de Trans, Planguenoual et Guipel en Ille-et-Vilaine et Côtes d’Armor mettent en évidence des ateliers ruraux, sur des sites actifs pendant le xe siècle dont la production se retrouve dans un rayon d’une dizaine de kilomètres147. Les témoignages archéologiques nous orientent donc vers un habitat dispersé en hameaux, ce qui s’accorde assez bien avec l’interprétation des textes, mais il s’agit, pour l’instant, d’habitats dénués de tout lieu de culte et étrangers à tout ce qui pourrait évoquer un centre villageois.
64Le bilan, vers la fin du xe siècle ne manque pas d’intérêt même si les questions soulevées ne trouvent pas de réponses suffisantes. Dans tout l’Ouest, à la fin de l’époque carolingienne, comme dans bien des régions de la Gaule, règne un peuplement très inégal. Dans ce cadre, se dessine un habitat largement dispersé avec une intensité variable mais dont la réalité paraît incontestable. Les différences se présentent comme moins accentuées que prévu et, si la Bretagne celtique manifeste une réelle originalité avec les plou, une évolution certaine tend à l’atténuer. L’organisation de cet habitat connaît durant le haut Moyen Âge un mouvement de transformation qui explique, outre le problème inhérent aux sources, une impression de flou. Certes, des indices suggèrent une certaine précarité des établissements mais des déplacements d’églises, la disparition de quelques-unes, une discontinuité peut-être dans l’occupation de sites fouillés que pourraient traduire certaines modifications ou reprises, trahissent moins une occupation humaine fragile qu’une redistribution. Cela s’applique particulièrement bien à des régions peu peuplées, mal contrôlées et fortement orientées vers les activités pastorales comme l’ouest du Vannetais et sans doute les marges occidentales du bas-Maine148.
65Les modalités antiques, basées sur la nette distinction entre le domaine des morts et celui des vivants et une dispersion des habitats dépendant de structures propres, villae et vici connaissent une amorce de changement sans doute aux environs du viiie siècle. La multiplication des lieux de culte, le déplacement des nécropoles réorientent la répartition des hommes mais l’habitat opte toujours pour des unités modestes dont la hiérarchisation se fait encore hésitante149. Le cadre paroissial s’esquisse, de façon sans doute plus nette dans la Bretagne des plou mais dont il ne faut pas exagérer la rigidité. La communauté humaine y témoigne cependant d’une certaine prise de conscience et connaît une relative réalité institutionnelle, les anciens peuvent y dire la coutume et intervenir dans les litiges150. Pour autant, au xe siècle, parler de village constitué dans le cadre paroissial serait un abus de langage. Églises et cimetières ont entamé leur rapprochement mais ce n’est pas terminé et, si l’attrait des vivants pour ce pôle se fait jour, les regroupements ne se dessinent que dans un mouvement inscrit dans la longue durée.
xie-xiiie siècle: un épanouissement dans l’Ouest ?
66Les siècles postérieurs aux temps carolingiens ne peuvent être envisagés seulement comme une simple période de parachèvement. Les créations de paroisses ou de bourgs, l’éclosion de multiples exploitations ou hameaux ne se limitent pas à apporter des retouches au tableau esquissé précédemment. Au delà cependant de la réelle croissance numérique des lieux habités, le mouvement de regroupement se poursuit-il ? La question de la continuité ou d’un certain degré de rupture se trouve ainsi posée.
Rupture ?
67Des bouleversements affectent l’Ouest dont les rares sources laissent parfois filtrer les conséquences. Les invasions normandes suivies des guerres qui voient, en particulier, s’affronter Bretons et Normands ont secoué l’ensemble de la région. Pillages et massacres, sans doute amplifiés par les moines visés au premier chef, ont perturbé et ruiné, en partie, le territoire et bien des monastères, centres attractifs pour les populations rurales, ont sombré totalement. Certains seulement se redresseront, pour d’autres, en dépit de leur effacement, leur influence aura su se montrer assez marquante pour assurer un renouveau ou une permanence de l’habita151. Le premier cas trouve une illustration dans le monastère de Gahard ruiné par les guerres normandes qui revit grâce à un don à Marmoutier entraînant sa transformation en prieuré, le second par celui de Châlons-du-Maine ou celui d’Entrammes, leur disparition n’empêchera pas l’existence d’une paroisse et d’un village152.
68Par contre, un certain nombre de sites perdent toute existence au xe siècle, en particulier parmi ceux que nous fait connaître l’archéologie: la Cocherais, la Tullaye, les Grandes Valinières, Montours et Créac’h Gwen. À Blou, E. Zadora-Rio constate la disparition des quatre sites du haut Moyen Âge et un graphique très convaincant témoigne d’une coupure entre xe et xie siècle153. De même à Rigny, l’occupation du plateau cesse avec le xe siècle, la césure pouvant intervenir cependant au cours du xie154. Les Grandes Valinières ne sont pas vraiment abandonnées mais l’habitat paraît s’être déplacé et les sites de potiers s’effacent en Bretagne à la fin du xe siècle, l’un des fours de Trans donnant même une date pour la dernière cuisson, 920-980155. Si une telle convergence est à noter, elle ne présente pas, pourtant, la radicalité que l’on pourrait lui attribuer. D’abord, la précision s’avère trompeuse. L’archéologie indique une époque plus qu’une date et la rupture peut s’étaler sur un certain laps de temps, par ailleurs, les disparitions tiennent parfois à un problème d’identification. On pourrait conclure à la fin de la paroisse de Centrannis si une charte ne nous laissait supposer qu’à la fin du xie elle se nomme Saint-Berthevin-la-Tannière156. Les disparitions ou déplacements, ne se produisent pas à un unique moment mais font partie de l’évolution normale de certains habitats et la plupart des cas connus par les fouilles sont des hameaux disparus à des moments variés, parfois datables, comme à Lann-Gouh laissé au xiie.
69Tout en admettant une vraisemblable hausse des disparitions, la tendance dominante serait plutôt inverse. La stabilité des sites s’impose notoirement. Les centres paroissiaux identifiés se maintiennent en général et la toponymie, en particulier en Bretagne, témoigne pour une évidente continuité. Les exemples des vici comme Bais ou Visseiche, les fouilles du cimetière de Rigny et les prospections de G. Astill et W. Davies plaident aussi en ce sens. Le dernier cas pourtant souligne une certaine complexité de la situation. L’occupation globale des sites à Ruffiac ou Carentoir se maintient mais les deux archéologues soulignent que les traces d’occupation peuvent, dans une proportion variable, être décalées de quelques dizaines ou centaines de mètres par rapport aux réalités actuelles. Cette mobilité vaut à leurs yeux pour tout le Moyen Âge et leur synthèse récente privilégie la continuité157. Les témoignages d’occupation ne traduisent donc pas une continuité absolue, surtout dans les formes mais les disparitions frappent d’abord de petits habitats. S’il n’y a pas de rupture radicale, un réaménagement des structures de peuplement doit être envisagé ou une accélération d’un processus engagé depuis le viiie siècle.
70L’habitat exprime largement les équilibres et les tensions d’une société connaissant alors les effets de la seigneurie qui se manifestent brutalement ou s’alourdissent progressivement. Les historiens de l’Ouest, tout en adoptant dans un premier temps le schéma d’une mutation féodale ne l’ont jamais analysée comme radicale. Ils voient une puissance comtale qui se maintient fort bien en Anjou, nettement moins en Bretagne, l’affaiblissement ne se faisant sentir dans les deux principautés que dans la seconde moitié du xie siècle158. La coupure intervient assez tard et O. Guillot, tout en s’inspirant des vues de G. Duby sur le Mâconnais, n’y fait clairement référence que dans sa conclusion, tandis que N.-Y. Tonnerre, écrit le mot mutation mais tend à insister sur les continuités159. Les comtes du Maine fortement menacés à l’intérieur mais surtout par leurs voisins, perdirent rapidement une part de leur pouvoir, ce qui se manifeste, en particulier, dans un bas-Maine très périphérique qui leur échappe presque complètement. Les seigneuries châtelaines purent se développer et les titulaires du ban, peu nombreux, imposèrent leurs coutumes aux hommes des villages. Cette vision est discutée dans plusieurs travaux venus à la suite de l’étude du Vendômois par D. Barthélemy. Voyant avant tout une révélation féodale au xie siècle, ils plaident plus pour des ajustements que pour une rupture. B. Lemesle note le maintien d’une puissance comtale relativement forte autour de la ville du Mans et M. Brand’honneur soutient des vues analogues sur le Rennais si bien que les seigneuries châtelaines et leurs titulaires sont loin d’échapper à l’autorité. Les positions ne sont finalement pas si tranchées qu’on pourrait le croire et les situations peuvent aussi varier en fonction de l’éloignement de la puissance publique, le Maine offrant un bon exemple.
71La question du village s’inscrit dans ce contexte seigneurial, d’abord par le biais du château qui devient de plus en plus un centre de pouvoir même si bien des châteaux peuvent succéder à des fortifications antérieures que l’on soupçonne ou s’installer à proximité d’un lieu de pouvoir carolingien. En ce cas, la continuité n’empêche ni un redéploiement ni des modifications et la multiplication, dans la seconde moitié du xie siècle, des bourgs castraux manifeste l’intervention de la seigneurie dans un mouvement qui ne paraît pas sans analogie avec l’incastellamento. Commencée tôt dans le xie siècle, l’apparition des châteaux se multiplie après 1050. En Bretagne, dans le second tiers du siècle, il s’en présente en dehors du domaine comtal. Dans le Maine, ils naissent plus tôt mais les créations se précipitent à la fin du siècle, au moins dans le bas-Maine. En Anjou, une bonne partie des forteresses sont l’œuvre de Foulque Nerra et dans une moindre mesure de Geoffroy Martel. Bien sûr, beaucoup de ces dates sont à relativiser, la mention d’un château intervient souvent bien après sa construction. L’organisation des ressorts, le perfectionnement de l’encadrement dépendent assez peu du degré d’indépendance des châtelains, par contre, l’étude du village et les modalités d’un éventuel regroupement des hommes peuvent apporter une contribution au débat en sortant du milieu mieux identifié des milites et en éclairant un peu le monde des humbles majoritaire et en accroissement.
Expansion
72Du xie au xiiie siècle, l’Ouest, comme l’Occident, vit dans un contexte d’expansion caractérisée par une croissance démographique et un net progrès de la mise en valeur, les deux allant de pair et aboutissant à une emprise humaine sur le territoire beaucoup plus complète. L’accroissement du nombre des hommes demeure difficile à appréhender et les travaux, en ce qui concerne la région, limités. Tout le monde s’accorde sur une augmentation sans aller toujours beaucoup plus loin, il est vrai que l’historien en est souvent réduit à étudier des effets et des témoignages indirects. Quelques phrases, ici ou là, malgré leur caractère trop général, présentent l’avantage d’indiquer la conscience que les contemporains avaient du mouvement. En 1109, un scribe glorifiant Foulque le Réchin, ne trouve pas de meilleur éloge que d’écrire: « […] sous son gouvernement la population de sa terre fut beaucoup accrue »160. Nombre d’entreprises sont justifiées par l’abondance des hommes, la chapelle du château de Mathefelon à Seiches, vers 1110-1115, « […] ne convenait pas assez à la population qui augmentait sur cette terre »161. Allant un peu plus loin, nous avons essayé d’appliquer dans le bas-Maine la méthode préconisée par R. Fossier. Sans sous-estimer les approximations de la démarche, une nette croissance est enregistrée. Commencée peut-être assez tôt dans le xie, elle culmine dans le troisième tiers de ce même siècle et reprend vigoureusement à partir de 1150, atteint son apogée vers la fin du siècle, pour décliner doucement. Une fécondité soutenue estimée entre 3,8 et 5 enfants par couple ayant engendré détermine une progression non spectaculaire mais de longue durée162. La périodisation diffère sans doute dans les régions alentour, la première moitié du xiie étant marquée dans le Maine par une série d’années difficiles et des épidémies.
73À défaut d’enquêtes démographiques, les historiens invoquent en général la prolifération de sites habités pour témoigner de cette croissance mais il n’est pas sûr qu’elle en traduise fidèlement les aspects. Les bourgs drainent sans doute une population nouvelle en partie mais ne provoquent-ils pas aussi des regroupements de gens précédemment dispersés ? La création de paroisses nouvelles intervient souvent et même, dans la plupart des cas, sous la pression de la nécessité sans que l’effet en soit mécanique ou proportionnel163. Il s’agit pour l’évêque d’améliorer la desserte du culte et l’encadrement religieux des fidèles. Il doit prendre en compte ces éléments mais aussi, au xiiie siècle surtout, les revenus du desservant et il n’est pas non plus insensible aux sollicitations. À l’inverse, une évidente répugnance à la partition d’une paroisse initiale peut se faire jour, en particulier en Bretagne. Si les paroisses et les bourgs dépendent à l’évidence de la démographie, des distorsions interviennent qui fournissent d’ailleurs des éléments précieux à notre enquête.
74De la même façon, l’explosion de nouveaux toponymes révèle souvent des lieux habités: hameaux ou habitats isolés. L’étude statistique de la moitié du Dictionnaire topographique de la Mayenne donne 4071 noms en ière/erie et seulement 453 en ais/aie, plus tardifs. Le Finistère compte quant à lui plus de 18000 noms en ker164. Rien n’exclut, pourtant, un simple changement dans la toponymie, c’est ce que pense D. Barthélemy pour une partie des noms en ière/erie de la Gâtine vendômoise. Dans un autre domaine, le recul de la langue bretonne a provoqué la substitution de noms romans aux noms bretons. À Tinténiac, les chartes du cartulaire de Saint-Georges de Rennes, signalent, au début du xie siècle, quantité de noms que l’on ne retrouve pas aujourd’hui, il ne faut pas conclure à leur disparition mais bien plutôt à leur modification165. Néanmoins, dans les territoires peu peuplés ou peu mis en valeur, la multiplication de ces noms atteste une présence humaine nouvelle. Or c’est par milliers qu’il faut les compter. Même si certains sont de création tardive, l’essentiel du corpus demeure médiéval.
75Malgré ces réserves, les toponymes demeurent l’un des indices fiables de la poussée démographique mais leur valeur s’affirme bien plus comme témoins des progrès de la mise en valeur. L’Ouest participe totalement à la grande conquête des terres entreprise à travers tout l’Occident, l’expression « grands défrichements » ne convenant cependant qu’assez modérément car, sauf exception, nous ne sommes pas dans des zones vraiment pionnières provoquant une importante transformation du paysage. Si quelques espaces donnent lieu à de grands travaux, l’ensemble de la région connaît un phénomène de portée plus profonde de densification de l’emprise humaine.
76La conquête des marais, mal documentée, a fait l’objet d’études récentes qui remettent à leur vraie place des chantiers souvent méconnus. Le Marais Breton, aux limites du Poitou, voit l’action des hommes s’accélérer après 1050 et favoriser le colmatage de la baie déjà entamé166. Beaucoup plus au nord, dans la baie du Mont-Saint-Michel émerge peu à peu le marais de Dol167. Des digues commencèrent peut-être à s’ériger dès la fin du xie siècle mais le travail de conquête ne fut vraiment actif qu’à partir de 1150. Les initiatives viennent, sans doute, des seigneurs, appuyés par les initiatives individuelles des paysans qui s’associent parfois pour assécher quelques verdières. Le cordon littoral, la grève, plus attirant, se distingua le premier puis l’action s’étendit, la fondation d’un important groupe de paroisses venant prouver l’ampleur de l’entreprise.
77La vallée de la Loire fait aussi l’objet de vastes travaux. Abondant et capricieux, le fleuve attire néanmoins très tôt les populations qui tentent de juguler la menace de l’inondation, or, la vallée demeure inondable et marécageuse, en amont d’Angers ou de part et d’autre de l’estuaire168. C’est d’abord là que se décèlent les premières actions. Fondée en 1135, l’abbaye cistercienne de Buzay ne tarde pas à prendre le contrôle des écluses déjà installées pour régulariser et maîtriser l’écoulement de l’eau sur les rives de l’estuaire et la vallée du Tenu en relation avec le lac de Grandlieu169. Les moines n’organisent donc pas un travail entamé par des seigneurs locaux et des communautés villageoises mais le systématisent pour créer des terres d’élevage pour les chevaux. À la fin du xiie siècle et au xiiie seulement, ils installent des granges sur de véritables polders. Finalement, ce travail présente peu d’incidence sur le peuplement, au contraire, le système hydraulique de l’abbaye nuit plutôt aux territoires environnants qui supportent des risques accrus.
78L’érection des levées de la Loire entreprise par Henri II Plantagenêt présente un tout autre intérêt. La vallée n’accueillait alors qu’un peuplement réduit. Quelques digues fragiles ne pouvaient assurer la sécurité des premières tentatives de la puissante abbaye de Saint-Florent de Saumur. En accord avec elle et quelques seigneurs des environs, le roi entreprit une œuvre de longue haleine qui allait se développer sur plusieurs siècles170. Vers 1160, il fait appel à des hôtes pour construire et entretenir des digues solides et continues. Délivrés d’un certain nombre d’obligations, encadrés et en résidence près des turcies, ils permettent une mise en valeur progressive. Des terres neuves sont livrées aux cultures et de nouvelles paroisses s’installent. Partant de Saumur, les travaux progressent assez vite vers les Ponts-de-Cé et l’église des Rosiers est citée au milieu du xiiie siècle. De telles entreprises, ambitieuses et faisant intervenir le pouvoir, ne trouvent guère leur équivalent dans le défrichement des forêts et des landes qui, pourtant, transforment de façon non négligeable le cadre de vie des hommes.
79Les massifs forestiers font l’objet d’attaques fréquentes mais pas généralisées. Ceux qui soulignent la frontière entre le Maine et la Bretagne, dans des zones jusque-là peu peuplées, présentent une activité souvent intense qui les fait reculer sans les annihiler. Sans plan préconçu, ce qui n’exclut d’ailleurs pas certains objectifs, dès la première moitié du xie siècle et surtout dans la seconde, ces forêts sont attaquées. Plus que de fronts pionniers, il faudrait parler d’ouvertures de clairières et d’un véritable mitage. Dans le Rennais, le relèvement du monastère de Gahard, entre 1008 et 1031, traduit une réorganisation de la paroisse accompagnée d’une politique de défrichement puisque le nouveau prieuré pourra installer des tenanciers sur des lots forestiers171. Le mouvement ne fait que commencer car les limites définies par l’acte de donation mettent en évidence l’inachèvement du réseau paroissial aux alentours. À la même date, le seigneur de Laval donne une terre à un vassal près de la chapelle de Bréal qui quelque temps plus tard arrivera aux mains de Saint-Serge d’Angers. Le prieuré créé favorisera une érection en paroisse attestée dès 1108172.
80De simples chapelles animent les défrichements mais ne fixent guère de population. Dans les grands massifs qui ceinturent Rennes, c’est le cas de Saint-Denis aujourd’hui en Liffré, Saint-Modéran en Livré-sur-Changeon et de deux chapelles de Sévailles (Fig. 6)173. Les religieux participent donc pleinement et d’abord les ermites, nombreux qui installent des oratoires dont la plupart disparaissent mais pas toujours. Le moine Eudon de Saint-Florent reçoit une portion de bois, dite le beau Chêne pour y installer un ermitage, un moulin et sans doute défricher. L’ensemble finira dans le temporel de Saint-Sulpice174. La chapelle de Frétillé dotée d’un cimetière, revendiquée par l’abbaye Saint-Melaine, paraît issue au début du xiie siècle de l’oratoire d’un anachorète car après un déplacement du centre religieux, le territoire deviendra tardivement la paroisse au nom significatif de l’Hermitage175. L’abbaye de Saint-Sulpice-la-Forêt créée vers 1117 prolonge le projet érémitique et provoque aussi l’apparition d’une paroisse176. Quelques prieurés de Marmoutier et de Saint-Florent de Saumur offrent une certaine infrastructure, même s’ils recherchent d’abord les terres mises en culture et l’abbaye de Savigny organise trois granges, en forêt de Rennes dont une très importante au Fayel, en Saint-Jean-sur-Vilaine établie, sur un défrichement aux dépens de la forêt de Chevré177.
81Les puissants interviennent aussi: le seigneur de Laval, à l’origine de Bréal et Mondevert, celui de Vitré qui concourt avec ce dernier à l’installation de la grange du Breil-Benoît de l’abbaye de Clermont, à Argentré-du-Plessis178. Vers 1164, Goranton IV de Vitré suscite autour de sa motte l’apparition d’une chapelle avec cimetière, embryon de la modeste paroisse de Sérigné reconnue quelques années plus tard mais qui ne survivra pas, tandis que, non loin de là, le lignage adverse des Vitré érigeait la motte de Chevré accompagnée d’un petit village179. Pierre Mauclerc, au début du xiiie siècle, installera au cœur de la forêt de Rennes la ville neuve de Saint-Aubin-du-Cormier. Il faudrait ajouter des paroisses comme La Bouëxière apparue en 1166, Liffré, Brécé ou Saint-Aubin-des-Landes et surtout souligner l’abondance dans toute cette région des toponymes classiques en ière/erie et ais/aie qui traduisent globalement l’intensité de l’activité paysanne180. Celle-ci peut se signaler occasionnellement dans les textes, tel Adam qui se voit contester par les seigneurs de Laval et de Vitré la terre qu’il vient de défricher en Bréal, peut-être clandestinement181.
Figure 6 - Mise en valeur et peuplement en forêt de Rennes (xie-xiiie siècle)

L’attaque part des villages anciens établis le long de la Vilaine, en particulier Acigné. Le cœur de la forêt colonisé par les ermites laisse bientôt place à une clairière, berceau de trois paroisses. Le rôle de Saint-Sulpice, d’origine érémitique est à souligner, l’abbaye détenant les églises de Liffré et La Bouëxière. Les nombreuses mottes appartenant en général à de petites familles chevaleresques, mais Acigné et Chevré sont des châteaux relèvant de barons importants, démontrent la part active prise par la petite aristocratie.
82De l’autre côté de la frontière bretonne, une même action éclarcit les massifs forestiers, l’abbaye cistercienne de Clermont, le nouveau château de la Gravelle, les domaines seigneuriaux d’Olivet se posent comme les éléments les plus apparents d’un défrichement multiforme182. Un peu plus au sud, de part et d’autre de la forêt de la Guerche, moines et paysans entament profondément la forêt et multiplient villages neufs et hameaux, laissant dans le paysage actuel de vastes auréoles, traces des fronts successifs de leur avancée. Les massifs de l’intérieur de la péninsule bretonne, plus mal documentés, doivent connaître une activité analogue. Une étude toponymique et microtoponymique dans la région de Plélan met en lumière une forte colonisation médiévale sans doute soutenue par l’activité métallurgique (Fig. 7)183.
83Une action du même type se fait jour en Anjou. L’abbaye de La Roë, fondée par Robert d’Arbrissel, anime le mouvement qui fait reculer largement la forêt de Craon et M. Le Mené a examiné de près deux cas significatifs: la forêt du Lattay et celle de Longuenée184. L’offensive contre la première, dans les Mauges, s’amorce dès la fin du xe siècle et au début du xie avec l’installation de plusieurs prieurés. L’abbaye du Ronceray suscite la naissance d’une paroisse à Saint-Lambert-du-Lattay avant la fin du siècle puis installe une chapelle non loin de là et, au xiie, poursuit son effort en ouvrant de nouveaux essarts autour de la nouvelle chapelle de Fay en Saint-Lambert devenue un centre de peuplement, les habitants du viculus créé étant dotés d’un statut avantageux (libertatis prerogativam)185. Une série de borderies est créée, leurs dimensions s’atténuant au fil des siècles. Les plus grosses, du xie siècle, s’établissent sur les anciennes clairières et organisent un parcellaire circulaire bien repérable.
84Toutes ces entreprises ne se ressemblent pas et toutes ne s’identifient pas à un véritable front pionnier. La première appropriation des forêts était de les réduire en landes par les multiples usages souvent liés à l’élevage. Si des clairières de culture ont été ouvertes, un phénomène de densification de l’occupation humaine s’est fait sentir un peu partout, la massivité du phénomène déterminant largement les formes de la mise en valeur et du peuplement. Quelques mentions disséminées dans les textes en apportent la preuve: des familles de paysans ou de chevaliers s’installent sur une terre neuve gagnée sur la lande, dans un bordage, sur une motte ou, comme on le dira au xiiie siècle, un manoir. Souvent, une exploitation déjà ancienne s’agrandit de quelques champs distraits à la lande et, à l’occasion, se dédouble, donnant naissance par bourgeonnement à une autre. À la fin du xie siècle, Saint-Vincent du Mans vend ou plutôt accense sur son domaine de Beaumont-Pied-de-Bœuf dans le haut-Maine, à Frogerius Lucratoris (Le Gagneur), le bien nommé, trois arpents avec les coutumes, une petite pièce de terre avec un pré, et lui confie une terre à défricher. L’arpentage fixera les limites et sans doute le montant du cens mais il s’agit bien d’une extension localisée186.
Figure 7 - Toponymes en ière/erie et ais/aie dans la région de Plélan (xie-xiiie siècle) (D’après DUVAL J. F., Occupation et mise en valeur…)

85Le meilleur témoignage de cette densification de l’emprise humaine demeure la toponymie. Que ce soit les noms en ière/erie, ais/aie, en la ville, ou en ker, donc dans le domaine roman ou le domaine breton, la plupart sont élaborés sur un nom d’homme, et signifient la force de l’individu et sa relative indépendance. Les textes mettent d’ailleurs souvent en lumière le rapprochement du nom de la terre et de l’homme et on ne peut réduire ces formations au seul milieu chevaleresque. Si la Flamengère correspond bien à un chevalier, Raoul le Flamand, la Goulegastière tire son nom d’authentiques paysans, les frères Goulegaste187. Dans le bas-Maine très représentatif, les toponymes en ière/erie forment en moyenne 50 % du stock toponymique des communes et le chiffre peut atteindre 75 %188. Dans certains secteurs des Côtes d’Armor les noms en ville pullulent et, dans le Porzay, B. Tanguy a montré l’omniprésence sur la carte des noms en ker et cela très précocement189. Le même constat est dressé par A. Chédeville dans le haut-Maine, il a pu dresser une carte d’une petite région bien documentée, celle de Mézières-sous-Ballon: presque toutes les exploitations modernes sont déjà en place avant la fin du xie siècle et portent des noms caractéristiques en ière/erie190. L’observation des cartes dans l’ensemble de la région met partout en lumière le même phénomène: ces toponymes médiévaux apparaissent dans l’ensemble des finages191.
86Le bilan considérable n’en présente pas moins une grande complexité. La chronologie manque de précision pour bien des régions. Le démarrage paraît précoce, au moins en Anjou, et peut-être en Bretagne où les analyses polliniques convergent assez nettement pour indiquer une déforestation dès la fin du xe siècle ou le début du xie192. L’amplification se fait sentir plus tard, souvent vers la fin du xie siècle. Après, des divergences semblent se manifester mais l’action perdure jusqu’au cœur du xiiie siècle. Une très longue durée marque donc les progrès de la mise en valeur193.
87Une évidente diversité doit être enregistrée dans les acteurs et les raisons de leurs interventions. Le monde religieux se fait très présent. Les ermites, fort nombreux à la fin du xie siècle, ne dégagent que de simples clairières mais ouvrent la voie et facilitent l’encadrement des populations, il suffit de lire les vitae pour s’en convaincre. Par contre, les vieux monastères bénédictins sont moins absents qu’on ne le pense. Certes, Saint-Melaine de Rennes, Saint-Vincent du Mans ou Saint-Aubin d’Angers recoivent beaucoup de terres déjà cultivées mais la carte des prieurés montre qu’ils ne fuient pas les zones pionnières. Dès le début du xie siècle, Marmoutier organise le défrichement dans son lointain prieuré de Gahard, et les religieuses du Ronceray d’Angers installent de nouveaux villages dans les Mauges194. Le savoir-faire de ces maisons expérimentées se trouve souvent sollicité. Les Cisterciens se voient crédités au contraire d’un bilan mitigé. A. Dufief demeure réservé sur leur action en Bretagne et souligne la priorité de l’élevage dans leurs activités agricoles, cependant, dans le Maine, Fontaine-Daniel défriche effectivement et, dans cet ordre qui chassa souvent des paysans établis, n’hésite pas à installer des bourgs au début du xiiie siècle195.
88L’aristocratie ne reste pas à l’écart mais sa conduite présente bien des ambiguïtés. Au xie siècle, ses membres cherchent surtout à fonder des bourgs dont la fonction principale n’est qu’assez rarement la mise en valeur. Dans le courant du xiie siècle, ils paraissent beaucoup plus impliqués et initient des entreprises d’importance, souvent en accord avec une maison religieuse. Les accords de coseigneurie ne pullulent pas mais ne sont pas inexistants, tel à la Lande Huan près de Combourg ou à Mondevert près de Vitré et à Combrée ou Belle-Noue en Anjou196. Grossièrement, la première phase ne les voit que rarement prendre l’initiative, ils autorisent ou participent. Dans la seconde phase, plus ou moins axée sur le xiie siècle, ils se montrent plus actifs. Sans doute faut-il y voir un sens plus précis de leurs intérêts, en fait très souvent, l’enjeu n’est pas vraiment économique, mais beaucoup plus de pouvoir. Moins que de défricher, il s’agit de contrôler. Le seigneur de Laval veut assurer son influence sur la frontière bretonne, tout comme Pierre Mauclerc recherche moins à mettre en culture qu’à surveiller cette frontière et des vassaux dangereux. Au xiiie siècle encore, les rois n’hésitent pas à fonder des bourgs pour marquer leur influence et affirmer leur maîtrise de territoires197.
89Enfin, la part paysanne ne doit pas être sous-évaluée. La multiplicité des toponymes liés au nom d’un paysan ou de sa famille, les quelques mentions de défrichement plus ou moins autorisés, leur action concrète dans la mise en œuvre des accords ou contrats élaborés entre puissants, tout concourt à mettre en avant ce travail des humbles. Des conséquences bien spécifiques en découlent. Outre le statut peut-être relativement libéral que cela induit pour les hommes, il en résulte une forme d’exploitation à caractère familial basée sur une réalité qui peut porter des noms divers mais qui répond souvent à celui de bordage et dont l’évidente dispersion se présente comme un caractère fondamental.
90Un jugement global sur cette phase d’expansion est présenté d’une façon très nuancée selon les chercheurs. Cela dépend certainement des régions étudiées mais encore plus de ce qu’ils étudient. M. Le Mené et N.-Y. Tonnerre demeurent réservés sur l’ampleur des défrichements en Bretagne et Anjou, soulignant l’importance des travaux effectués à la fin du Moyen Âge198. L’observation sous l’angle restreint de la lutte contre la forêt ou l’eau, conduit à partager ce point de vue, l’action n’est vigoureuse que dans certaines régions bien précises. Cependant, si l’on envisage l’ensemble des créations, la densification de l’occupation humaine, phénomène essentiel et pas toujours aisé à distinguer du défrichement, force est de reconnaître une maîtrise de l’espace de plus en plus incontestable faisant suite à une occupation largement lacunaire aux siècles précédents.
Le développement des habitats
91Sous réserve d’une étude approfondie ultérieurement, beaucoup de nouvelles fondations présentent un caractère d’agglomération. L’aspect spectaculaire réside dans la multiplication de ces entités que l’usage va appeler villae de plus en plus et qui voient leurs habitants évoluer dans le cadre d’une parrochia. Pourtant, la nouveauté ne se résume pas à cela. Aussi convient-il de dresser le bilan numérique avant d’envisager une analyse de ces structures pour vérifier ce qui en fait des villages.
92E. Zadora-Rio a proposé une chronologie et une typologie des habitats créés en Anjou entre le xie et le xiiie siècle: son intérêt nous conduit à examiner la possibilité de l’étendre à l’ensemble régional199. Elle distingue trois phases inégales. Une première, limitée à la première moitié du xie siècle, voit l’institution par le comte d’une série de paroisses accompagnant l’érection de châteaux comme Vihiers ou Château-Gontier, à partir souvent d’une ancienne curtis. Ce groupe réduit à une dizaine d’unités jouit d’une puissance politique et un avenir urbain semble délibérément envisagé. Ensuite, se présente une phase majeure, celle des bourgs. Echelonnée de 1050 au début du xiie siècle, elle provoque la naissance de plus d’une centaine de fondations souvent associées à des prieurés. En règle générale, il ne s’agit pas de création ex nihilo mais d’un renforcement de réalités existantes, voire très anciennes. Alors que la documentation ne nous livre sans doute pas tous les bourgs, le quart des communes actuellement connues se trouvent concerné. Le relais est ensuite pris, dans la première moitié du xiie par des fondations de villages neufs centrés sur un cimetière nouvellement consacré, mais cela ne vaut que pour une dizaine de villages qui souvent ne parviendront pas à garder le titre paroissial.
93Cette classification, n’envisage que les créations et, de plus, connues par une mention textuelle, ce qui réduit sa portée. Par ailleurs, bon nombre de sites évoqués avant le xe siècle subsistent tout en évoluant suivant des modalités pas toujours discernables et tous ne bénéficient pas d’un bourg. Enfin, le phénomène châtelain présente une trop grande originalité en Anjou pour être directement transposable. Ces constatations, pourtant, ne condamnent pas délibérément le schéma, d’autant plus que l’accent mis sur l’implication croissante de l’Église au cours des trois étapes fournit, sans doute, une clé d’interprétation. Bien que ne proposant pas une chronologie aussi précise, André Chédeville a élaboré une analyse des communes bretonnes à partir de leurs limites et de leur superficie qui lui permet d’aboutir à une typologie, incomplète certes, mais qui souligne les continuités et les ruptures, tout en prenant en compte la mise en place du haut Moyen Âge, la phase châtelaine concentrée sur le xie siècle et l’apparente importance du xiie dans les créations200.
94Éclairé par ces deux réflexions, le retour aux sources permet d’esquisser une vision d’ensemble. Un premier groupe d’habitats dont l’érection en paroisse sanctionne généralement l’existence repose sur les châteaux et s’inscrit dans le xie siècle, plutôt la seconde moitié, mais, dans le haut-Maine, l’Anjou, voire la Bretagne la première moitié du siècle connaît en ce domaine plus que des prodromes. Ces châteaux prolongent souvent l’existence de sites antérieurs avec un déplacement notable, les motifs de défense pouvant être invoqués mais pas seulement. Le cas de Châteaubriant en marge de Béré est exemplaire mais on en découvre partout d’aussi nets201. Le château peut se développer sur le territoire ancien soit susciter une création paroissiale propre, par un prélèvement restreint sur un finage. Telles se présentent les créations des comtes d’Anjou mais aussi, Bécherel ou Châteaugiron en Bretagne, Gorron dans le Maine202. Généralement, ces châteaux attirent bourgs et prieurés, les fondations du comte d’Anjou faisant exception, mais en fait, ces entreprises militaires possédaient bien un volet ayant trait au peuplement. Une telle catégorie intéresse plusieurs dizaines de cas mais a majoritairement favorisé le développement d’agglomérations dont les fonctions étaient urbaines, rares sont les vrais villages apparus par ce biais.
95Les bourgs fournissent une masse autrement importante. Les recensions diverses menées dans les différentes provinces de l’Ouest en identifient autour de la centaine pour chacune. En règle générale, il ne s’agit pas de création mais plutôt de renforcement. Les bourgs castraux enrichissant la catégorie précédente, seuls les bourgs ruraux pratiquement s’appliquent au développement des villages. La distinction manque parfois de netteté et la proportion de ces derniers varie. H. Miyamatsu les a comptabilisé de façon assez sûre, des travaux postérieurs ne concernant qu’une portion du territoire intéressé n’en diffèrent que de quelques unités. La Bretagne aurait compté 117 bourgs dont 40 % considérés comme ruraux, le Maine et l’Anjou respectivement 103 et 115, en majorité ruraux203. Ces chiffres doivent être acceptés comme un minimum, les bourgs laïques étant sans doute sous-enregistrés. Le phénomène touche donc de très nombreux villages, plus de 150, mais bien sûr pas obligatoirement le centre paroissial.
96Si l’Ouest n’est pas seul en cause pour le développement des bourgs, il s’inscrit comme une région privilégiée. La carte des bourgs et celle des bourgeois publiées dans l’Histoire de la France urbaine le confirment204. Le grand Ouest étendu à la Normandie et aux pays de la Charente fait bien figure de pôle avec l’axe des pays de la Saône ainsi que le Toulousain. La carte des bourgeois renforce la position des pays ligériens et fait clairement apparaître la Flandre et la Picardie plus discrètes sur les bourgs. Une première série de conclusions souligne la précocité du phénomène dans l’Ouest puisque la seconde moitié du xie siècle y domine largement et, par ailleurs, l’originalité d’une zone occidentale se trouve bien mise en évidence. Quelques remarques s’imposent néanmoins. Les cartes proviennent de l’ouvrage de Tr. Endemann publié avant un certain nombre de travaux et la recension qui s’arrête en 1 100 pour les bourgs et 1 200 pour les bourgeois, élimine les bourgs plus récents, sans parler des lacunes dans l’inventaire lui-même. Les deux cartes, tout en demeurant assez fidèles globalement, sous-estiment vraisemblablement le poids de l’Ouest. En particulier, la Bretagne se trouve pratiquement éclipsée en raison de sa documentation tardive et aussi de la rareté des travaux consultables lors de l’élaboration de la carte.
97Une chronologie particulière s’attache à cet aspect du peuplement sans être identique dans les trois composantes et des convergences s’observent. Les premières mentions, très précoces, arrivent dès le xe siècle, mais ne concernent que des bourgs urbains. La grande poussée s’épanouit dans la seconde moitié du xie siècle, après, l’évolution diverge quelque peu. En Bretagne, les créations s’éteignent au milieu du xiie, en Anjou, il en va de même, alors que le Maine semble connaître un second apogée à la fin du xiie et au début du xiiie205. L’évolution de la notion de bourg rend délicate l’interprétation des mentions tardives, burgus semble souvent prendre son sens moderne de bourg-centre en Bretagne dès le xiiie siècle, ce qui présente moins de netteté ailleurs, par contre beaucoup de créations plus récentes affichent des ambitions modestes, se présentant comme de petits lotissements ruraux, sans parler des échecs patents. Un tel essor trouve écho dans la vague de prieurés étroitement associés aux bourgs, en particulier au xie siècle. Même si la plupart conservent des dimensions réduites, ils ne peuvent rester sans incidence sur les hommes et cette réunion marque profondément la réorganisation de l’habitat que semblent indiquer les bourgs.
98L’étape angevine, bien réduite, de la création de villages neufs au xiie siècle, ne peut être étendue, au moins sous cette forme, à l’ensemble de l’Ouest. Pourtant, les deux catégories étudiées dans les paragraphes précédents n’épuisent pas la totalité des cas. Un certain nombre de villages nouveaux se développent sans le secours d’un château, d’un bourg ou d’un prieuré et l’érection en paroisse ne crée pas vraiment un habitat, elle semble bien plutôt entériner un fait, reconnaître l’existence d’une communauté désormais assez forte pour vivre en autonomie et assurer des revenus suffisants à un curé. En raison de la forte liaison avec le souci d’encadrement religieux, beaucoup de ces transformations interviennent au xiie siècle, voire au xiiie mais elles peuvent sanctionner un phénomène légèrement antérieur. Malheureusement, sauf exception, comme aucune institution ou autorité ne siège dans ces villages, l’indigence documentaire jette un voile épais sur leur apparition.
99La charte de fondation du cimetière de La Roë en Anjou représente un cas exceptionnel. Les chanoines, voulant réunir les habitants dispersés dans les chantiers de défrichement des alentours, demandent à l’évêque d’Angers de bénir un cimetière, élément emblématique de la nouvelle paroisse. Une longue notice du cartulaire de La Roë décrit alors la cérémonie et désigne les participants: l’évêque et son clergé, tous les barons du voisinage et la population des alentours venue avec ses curés. Le prélat procède alors à la définition des limites paroissiales en vérifiant si aucun droit ne pèse sur le territoire envisagé
« […] avant de commencer à bénir le cimetière, l’évêque demanda à Renaud le Bourguignon quels habitants des forêts d’alentour pourraient être librement paroissiens de ce cimetière qu’il voulait bénir. Alors Renaud le Bourguignon, après avoir pris conseil de ses fils et des hommes de son entourage nous désigna les limites de la paroisse: en feraient partie tous les habitants présents et à venir de toute la forêt s’étendant entre le chemin de Grolet et le ruisseau d’Usure. L’évêque demanda alors aux prêtres du voisinage si l’un d’eux revendiquait quelque chose dans cette nouvelle paroisse qu’il voulait faire pour nous. Grâce à Dieu, personne ne se manifesta mais tous montrèrent leur accord en applaudissant. L’evêque bénit donc notre cimetière… »206.
100La plupart des cas suivent un processus plus évolutif qui conserve un aspect spontané beaucoup plus discernable. Sur les vastes paroisses du haut Moyen Âge se créent des écarts autour de chapelles, qui, leur développement aidant, se voient reconnaître à terme le titre paroissial. Très largement, une telle évolution se produit préférentiellement au xiie siècle et encore souvent au xiiie. Au phénomène d’accroissement s’ajoute très nettement le souci pastoral de l’épiscopat de mieux encadrer les populations dans un maillage beaucoup plus ramifié. Les partitions de trop grandes unités se présentent, alors, comme une solution des plus fréquentes. Ainsi naissent les nouvelles paroisses dans la région de Vitré évoquée précédemment. Bréal, simple chapelle au début du xie siècle, grossit progressivement, se dote d’un prieuré vers la fin du xie siècle et se pare du titre paroissial dans un acte de 1108, signifiant sa séparation de la paroisse-mère, vraisemblablement Erbrée, sur laquelle s’installe au milieu du xiie la trève de Mondevert. La Chapelle-Erbrée, connue seulement au xve, a pu se détacher au siècle précédent (Fig. 8)207. Trop souvent cependant, l’enquête se heurte à l’absence de texte et les contours paroissiaux ne permettent pas toujours l’identification de la paroisse d’origine208.
Figure 8 - La création des paroisses dans la région de Vitré

Le Pertre a donné naissance à deux paroisses situées dans le diocèse du Mans. On peut donc en inférer une partition fort ancienne, avant la fixation de la frontière par le reflux breton. Cela est d’autant plus probable que l’église de St-Cyr est dédiée à saint Cyr et sainte Julitte, indice de haute antiquité. L’unité initiale se retrouve dans le patronage commun de l’abbaye de Saint-Jouin-de-Marnes (Meuret J.-C., op. cit., p. 399). Les dates d’apparition dans les textes peuvent être fort tardives par rapport à l’érection en paroisse.
101Ce processus se révèle parfaitement commun. Dans le Maine, dans la seconde moitié du xiie siècle, la paroisse de Ligron est scindée pour donner naissance à Courcelles et, au xiiie siècle, certaines grandes paroisses sont divisées, telle Montenay dont le dossier montre le déroulement d’une procédure qui aboutit, en 1125, à la création de la paroisse indépendante de Vautorte209… Une telle pratique rencontre parfois de nettes réticences et la visible répugnance, en Bretagne, au démembrement des grandes paroisses primitives, multiplie les trèves. Ce statut n’apparaît pas toujours clairement pendant la période féodale mais le titre de capella peut le suggérer et, selon toute vraisemblance, la plupart de celles connues à la fin de l’Ancien Régime devaient déjà le posséder. Pour beaucoup de ces trèves, la comparaison avec les créations de paroisses dans les diocèses non bretons peut s’établir car elles jouent un rôle presque paroissial. De toute évidence, ne pas tenir compte de leur existence fausse la perspective quand on sait que le diocèse de Quimper en 1789 comptait 90 trèves pour 176 paroisses210. Bien entendu, on ne peut soutenir sans une étude approfondie que ces 90 trèves auraient pu devenir paroisses entre le xie et le xiiie siècles. La comparaison apparaît d’autant plus légitime qu’une part des paroisses nouvelles végète et peut même disparaître ou plutôt perdre le statut paroissial, le cas s’avère fréquent pour des créations de « complaisance ». D’autres, ne trouvent pas leur équilibre et redeviennent des hameaux, telle la petite paroisse de défrichement de Belle-Noue. Établie sur des terres neuves, dotée convenablement semble-t-il, elle végéta, car à la Révolution elle s’intégra dans la commune de Saint-Martin-du-Fouilloux211.
102La difficulté de dater bien des apparitions de paroisses ou les obscurités de certains statuts nuisent à une bonne appréciation et le bilan demeure difficile à évaluer avec précision. N. Y Tonnerre a tenté un calcul. En comptant les trèves comme paroisses, ce qui se justifie, il aboutit à la conclusion que la période féodale a vu naître un tiers des paroisses de l’Ancien Régime dans le diocèse de Nantes et 30 % au maximum pour celui de Vannes. Le chiffre est relativement élevé, nettement supérieur à l’estimation d’A. Chédeville pour l’ensemble de la Bretagne, entre 10 et 20 %, et à notre évaluation, il est vrai minimale de 12 % des communes contemporaines du Bas-Maine. En l’absence de travaux sur les autres diocèses, il s’avère difficile de généraliser, mais même une évaluation à 20 % démontre l’importance de la phase féodale212.
103Une telle conclusion conduit à un constat majeur: l’achèvement du réseau paroissial qui subsistera jusqu’à nos jours avec des modifications de détail. Des disparitions, des réorganisations ne changeront que bien peu de choses à la trame établie, et les créations de la fin du Moyen Âge ou de l’Époque Moderne se réduiront à quelques unités. Cela ne suffit pas encore pour conclure à un contrôle complet du territoire mais un bon indice se dessine. Cependant, même dans les paroisses préexistantes, des évolutions ont pu avoir lieu, la permanence du nom, voire du site n’entraîne pas le maintien des mêmes réalités.
104Un fait partout observable et d’importance apporte plus qu’une nuance à l’éventuelle réalité villageoise. Un certain nombre de fondations, en particulier en liaison avec des défrichements, laisse supposer, au moins, un rassemblement des hommes mais en l’état de l’enquête, il reste difficile d’en dire plus, alors qu’un autre élément apparaît fort clairement. Un habitat dispersé persiste non seulement mais se multiplie parallèlement. Les très nombreux lieux-dits, les milliers de toponymes divers de création médiévale, entre le xie et le xiiie siècle, attestent de la mise en place d’habitats nouveaux, soit par colonisation sur des terres neuves soit, plus souvent par densification des vieux terroirs. Nous retrouvons donc à peu près la typologie définie pour les défrichements par Georges Duby mais fort peu la chronologie proposée. On constate l’élargissement des terroirs anciens, la constitution de villages neufs et un habitat dispersé à caractère interstitiel, cependant, cela ne correspond en rien à des phases chronologiques, la dispersion impose sa réalité dès le xie siècle213.
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105Le village, une nouveauté ? La réponse définitive ne peut encore intervenir mais un premier bilan partiel fait envisager une évidente complexité. Les villages de la période féodale vivent sur un héritage qui a sans doute déterminé bien des aspects. Les hommes du haut Moyen Âge ne maîtrisaient l’espace que de façon très incomplète et surtout inégale. Une nette évolution les a cependant poussés à des progrès considérables. Un processus se distingue mais nous n’en avons encore qu’une vision floue que de nouvelles recherches, archéologiques certes, mais aussi dans les textes trop insuffisamment interrogés en ce sens, rendraient plus accessible. Dans l’ensemble, le peuplement s’organise selon un système de hiérarchisation incomplètement perçu dans le cadre de la villa et du vicus avec une certaine dispersion où le hameau prédomine. La christianisation mais surtout la modification de l’attitude envers les morts contribuent à l’amorce d’un mouvement. Les lieux de culte et les cimetières commencent à s’associer et peut-être dans certains cas à regrouper des vivants. Y voir cependant la constitution systématique de villages s’avère difficile car cette évolution se caractérise par une grande irrégularité et parler de réseau paroissial au sens rigoureux anticipe trop sur l’avenir. Seule, la Bretagne celtique manifeste son originalité avec les plou aux dimensions plus communautaires mais, avec le temps, l’influence franque aidant, une nette tendance à l’atténuation des différences se fait jour.
106La période féodale s’inscrit donc d’abord dans cet acquis. L’essor occidental dont les effets se manifestent assez tôt dans l’Ouest, provoque un vaste mouvement de maîtrise et d’organisation du territoire aboutissant à de nombreuses créations de sites habités et au quasi achèvement d’un maillage paroissial. Pourtant, une interrogation subsiste, sommes-nous bien en présence de villages au sens défini initialement ? Si les indices s’accumulent, cela reste à prouver, d’autant plus que le phénomène n’aboutit pas à un regroupement systématique des hommes. Sans doute, plus qu’une rupture radicale, peut-on envisager une nette accélération du processus. Est-ce un effet du développement seigneurial venant l’épauler ?
Notes de bas de page
1 Bourinm. et Durand R., Vivre au village au Moyen Âge, op. cit., p. 15-19. Perin Patrick, « La part du haut Moyen Âge dans la genèse des terroirs de la France médiévale », dans Parisse M. (dir.), Le roi de France et son royaume autour de l’An mil, Paris, 1992, p. 227-231 ; Les Francs précurseurs de l’Europe, Exposition du Petit Palais, Paris, 1997, p. 112-113 ; Zadora-Rio E., « Le village des historiens… », op. cit.
2 Barthélemy D. op. cit, p. 185-186.
3 Brunterc’h J.-P., « Le duché du Maine et la marche de Bretagne », dans Atsma H. (dir.), La Neustrie, les pays au nord de la Loire de 650 à 850, Sigmaringen, 1989, p. 29-127.
4 Ibidem, appendice, p. 82-127.
5 Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 61-62.
6 Ibidem, p. 182, n° 1 ; Brunterc’h J.-P., op. cit., p. 83.
7 « […] in pago Venedie, in condita plebe Carentoer, in loco nuncupato compot Roenhoiarn, hoc est dimidie ville Biliau », Carentoir (Morbihan, cant. La Gacilly). Le compot d’origine galloise est ici une subdivision de paroisse.
8 Lorans E., op. cit, p. 33-38. Elle parle du réseau mouvant des vicariae.
9 « […] vico aliquo qui vocatur Artinis super alveum Liddo constructum », Actus…, p. 20 et 231. Artins (Loir-et-Cher, cant. Montoire).
10 « Salica qui vicus erat loci situ salubris, solique opulentia fertilis in montis vertice positus et pro hoc a viantibus longe conspicuus », Vita sancti Serenici confessoris, AASS, Maï 2, p. 162. Saulges (Mayenne, cant. Meslay).
11 Angot A., Dictionnaire, art. Saulges.
12 Actus, p. 158 ; Hillion Yannick, Le chartrier de Notre-Dame d’Évron, t. II, vol.1, p. 8 et t. I, vol.1, p. 63 ; Angot, Dictionnaire, t.4, p. 331.
13 Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 182, note 1.
14 Meuret J.-C., op. cit., p. 184.
15 Tonnerre N.-Y., « Les pays de la basse-Vilaine au haut Moyen Âge », MSHAB, 1986, t.63, p. 58, Grandchamp (Loire-Atlantique, cant. La Chapelle-sur-Erdre), Langon (Ille-et-Vilaine, cant. Redon).
16 Tonnerre N.-Y., Naissance…, op. cit., p. 249 ; Latouche R., Les origines de l’économie occidentale, rééd. 1970, p. 80-81.
17 Tonnerre N.-Y., op. cit. p. 182, n’en retient que 70, alors que R. Latouche qui connaissait fort bien les textes manceaux en cite 90, op. cit., p. 78. Ce chiffre coïncide avec celui de A. Longnon dans son étude des pouillés de la province de Tours. L’enquête serait à reprendre.
18 Louise G., La seigneurie de Bellême, op. cit., p. 81-83. L’ensemble se situe aujourd’hui dans la Sarthe, arr. de Mamers.
19 Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 57.
20 Ibidem, p. 58.
21 Chédeville A. et Guillotel H., op. cit., p. 94; Tanguy B., « Les premiers temps médiévaux, ve- xiiie s. », dans Le Gallo Y. (dir.), Le Finistère de la Préhistoire à nos jours, 1996, p. 199.
22 Verhulst A., « La diversité du régime domanial entre Loire et Rhin à l’époque carolingienne, Bilan de quinze années de recherche », dans, Janssen W. et Lohrmann D. (dir.), Villa, curtis, grangia, Economie rurale entre Loire et Rhin de l’époque romaine aux xiie-xiiie siècles, Munich, Zürich, 1983.
23 Tresson (Sarthe, cant. Bouloire). Cart. St-Vincent, 3. Ledru A., PM, 1907.
24 Un diplôme de Louis le Pieux de février 840 énumère : « […] cum villis senioribus et aliis villulis ad eas pertinentibus, sicut in plenariis iam dictae matris ecclesiae continetur id est Rupiacum, Cavaniam, Culturas, Baliau, Alencion, Colonicam, Vetusiacum, et Celsiacum vicum canonicum, et villam ejusdem episcopi, Aloniacum quoque et Asinarias, atque Vodebris, Callemartium […] », Charles R. et Froger L., Gesta domini Aldrici…, p. 52-53. On peut reconnaîtrre ici : Céaulcé (Orne, cant. Domfront), Allonnes (Sarthe, cant. Le Mans), Asnières (Sarthe, cant. Sablé). Pour discussion : Brunterc’h J.-P., « Géographie historique et hagiographie : la vie de saint Mervé », Mélanges de l’Ecole française de Rome, 1983, p. 7-60 ; Weidman (W.), « Bischofsherrschaft und Königtum in Neustrien », dans Atsma H. (dir.), op. cit., p. 160 à 191.
25 Tonnerre N.-Y., « Les biens des évêques mérovingiens en Armorique », dans Magnou-Nortier E., op. cit., t.2, p. 195-206; idem, Les pays…, op. cit., p. 56; MEURET J.-C., op. cit., p. 263. Senonnes (Mayenne, cant. Saint-Aignan-sur-Roë), Thourie (Ille-et-Vilaine, cant. Retiers).
26 Meuret J.-C., op. cit., p. 263-264. Bouchamps-lès-Craon (Mayenne, cant. Craon), Retiers (Illeet- Vilaine, cant. de.).
27 Tonnerre N.-Y., « Les exploitations rurales dans la Bretagne du IXe siècle d’après le cartulaire de Redon », dans Magnou-Nortier E., op. cit., t.1, p. 84, note 34.
28 Le fait est relevé par N.-Y. Tonnerre, Naissance…, op. cit., p. 133 et cela est très sensible à la lecture des Gesta Aldrici.
29 Latouche R., op. cit., p. 78 ; il fait référence au testament de saint Bertrand, évêque du Mans ; Tonnerre N.-Y., « Les exploitations rurales… », op. cit., p. 72.
30 Louise G., La seigneurie de Bellême, op. cit., t.2, p. 83.
31 « villa que vocatur…, sitam in vegaria…, in plebe… », Cart. Redon, passim.
32 « […] In vegaria Laliacense vico, in villa qui vocatur Saviniaco », Laillé (Ille-et-Vilaine, cant. Guichen), commentaire dans Souilletg., « Laillé », BMSAIV, t.67, 1944, p. 39-97; Flatrès P., « Les anciennes structures rurales de Bretagne d’après le cartulaire de Redon, le paysage rural et son évolution », Etudes rurales, t.41, 1971, p. 88, Tanguy B., « Le cartulaire de Redon (ixe s.), un témoignage médiéval sur le paysage rural breton », KREIZ 11, Etudes sur la Bretagne et les pays celtiques, 1998, p. 21-22.
33 Cart. Redon, 49 ; Duval J. F. propose cette identification, l’hypothèse n’est pas certaine mais les deux villae doivent se situer en Maxent (Ille-et-Vilaine, cant. Plélan-le-Grand). Occupation et mise en valeur dans la région de Plélan-le-Grand au Moyen Âge, mémoire de Maîtrise, Rennes 2, 1998.
34 La villa fait l’objet d’une étude détaillée dans Tonnerre N.-Y., Naissance…, op. cit., p. 125, 225- 226; idem, « Village et espace villageois dans la Bretagne du haut Moyen Âge », SHMESP, Villages et villageois au Moyen Âge, Paris, 1992, p. 39-51, « Les pays de la basse Vilaine », op. cit., « Les exploitations rurales… », op. cit.
35 Cart. Redon, 142.
36 Les colonicae sont fréquentes dans les Actus.
37 Lorans E., Le Lochois…, op. cit., p. 42.
38 Cart. Redon, 41, N.-Y. Tonnerre juge, avec raison, que l’on a sans doute ici une réserve ; Gesta Aldrici, p. 43.
39 Bouton A., Le Maine…, op. cit., p. 105.
40 « […] villam juris mei quae mihi evenit ex parte genitoris mei Colunoretan cum manso meo et aliis mansiunculis », Cart. Redon, 5, les termes ne désignent peut-être qu’une exploitation et ses dépendances.
41 Miyamatsu H., « « Factos, id est mansos », régime agraire de l’ouest de la France à l’époque franque », Mondes de l’Ouest…, op. cit., p. 437-444.
42 « […] alias reicolas et villulas in circuitu prefati vici Buxidi sitas […] », Actus, p. 146. Le vicus est aujourd’hui Saint-Longis (Sarthe, cant. Mamers).
43 Tonnerre N.-Y., Naissance…, op. cit., p. 126-132 ; « Les exploitations rurales… », op. cit., t.1, p. 71-84 ; Tanguy B., Le cartulaire de Redon…, op cit., p. 23-25.
44 « […] sitam in pago trans silvam, in condita plebe Uuern […] haec villa fossato undique obtime divisa, pars cujus extrema Avi fluminis rivulo a villa dirimitur », Cart. Redon, 329.
45 « […] in villa episcopi sui quae Culturas nominatur, octavo idus novembri obiit […] », Actus, p. 293.
46 Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 151-152 ; LOUISE G., op. cit., p. 83-90 ; Gesta Aldrici, p. 74-79.
47 Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 133. L’étude du chartrier d’Evron inspire moins de pessimisme à Y. Hillion mais elle conclut néanmoins à une dégradation, dans, Le chartrier…, op. cit., t.1 vol.1, p. 121-122.
48 Magnou-Nortier E., « La gestion publique en Neustrie : Les moyens et les hommes (viie- ixe siècles) », p. 71-320, et Durliat J., « Le manse dans le polyptyque d’Irminon : Nouvel essai d’histoire quantitative », p. 467-504, dans La Neustrie, op. cit ; Magnou-Nortier E. (dir.), Aux sources…, op. cit., Linger S., « Acquisition et transmission de propriété d’après le testament de Bertrand du Mans (27 mars 616) », ibidem, t.1, p. 171-194.
49 Tonnerre N.-Y., Les exploitations…, op. cit, p. 77-80. L’hypothèse d’un impôt lié à la ran suggère à A. Chédeville que les quatre muids de brace pourraient correspondre non pas aux semences mais au montant de l’impôt. Si cette hypothèse se vérifiait, la superficie mise en culture ne serait pas si réduite, Chédeville A., Cartulaire de l’abbaye de Redon…, op. cit., p. 34.
50 Barthélemy D., La société…, op. cit., p. 183. Il y souligne les réalités foncières et agricoles des villae.
51 Lorans E., Le Lochois…, op. cit., p. 48-49.
52 Meuret J.-C., op. cit., p. 289-290.
53 Imbart De La Tour P., Les paroisses rurales du ive au xie siècle, 1900 ; Aubrun M., La paroisse en France des origines au xve siècle, 1986.
54 La collection de l’Histoire des diocèses de France ne couvre que les diocèses d’Angers, Nantes et Rennes (qui comprend les anciens diocèses de Dol et Saint-Malo). Il faut ajouter, Devailly Guy (dir.), Histoire religieuse de Bretagne, 1980, Dom Oury (dir.), Histoire religieuse du Maine, 1978. Ces ouvrages ne se substituent pas totalement aux anciens souvent sujets à caution. Voir bibliographie générale.
55 « Predictus quoque episcopus beatus Julianus per singulos vicos ecclesias dedicavit et sacerdotes instituit », Actus cités dans, Longnon A., Pouillés de la province de Tours, 1903, p. 51.
56 Ibidem, p. XIV-XIX.
57 Niderst R. L’occupation du sol et la vie rurale en Anjou (des origines au Moyen Âge), Thèse de doctorat d’État, Paris, 1949, dactyl; Tonnerren.-Y.,Naissance…, op. cit, p. 183-191. Machecoul (Loire Atlantique cant. de), Rezé (idem, cant de) Béré (idem, cant. de Châteaubriant), Campbon (idem, cant. Savenay).
58 Ibidem, p. 199-200, 203-204. Guigon P., Les églises du haut Moyen Âge en Bretagne, 1998, t.2, p. 129-131.
59 Biarne J., « Les débuts du christianisme dans le Maine », dans Dom Oury, Histoire religieuse du Maine, 1978, p. 30. Saint Calais serait originaire d’Auvergne, saint Céneré d’Italie.
60 Louise G., op. cit., t.1, p. 84-87, carte p. 86 ; Lemaître Ph., « Évêques et moines dans le Maine, ive-viiie siècles », RHEF, t.62, 1976, p. 91-101.
61 Vandoeuvre est devenu la commune au nom révélateur de Saint-Léonard-des-Bois (Sarthe, cant. Fresnay-sur-Sarthe).
62 Javron, vicus, centre de condita, (Mayenne, cant. de Couptrain); Saulges (Mayenne, cant. Meslay), Céaucé (Orne, cant. Domfront). Actus, p. 147. Saint-Longis (Sarthe, cant. Mamers).
63 Lemaître Ph., op. cit. ; Pichot D., Le Bas-Maine…, op. cit., p. 49.
64 Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 191-196.
65 Lebrun Fr. (dir.), Histoire du diocèse d’Angers, p. 13.
66 Poquet du Haut-Jussé Barthélémy A., « L’apport des vocables des paroisses à l’histoire dans le diocèse de Renne », BPH, années 1959-1960, p. 57-68; Chédeville A. et Guillotelh., op. cit., p. 167-168; Chédeville A., « Naissance et développement du réseau paroissial en Bretagne : contribution à l’étude des limites communales actuelles », Cahiers nantais, n° 30-31, 1988, p. 3-51.
67 Largillière R., Les saints et l’organisation chrétienne primitive dans l’Armorique bretonne, 1925 ; Bernier Gildas, Les chrétientés bretonnes continentales depuis les origines jusqu’au ixe siècle, Dossiers du CeRAA, 1982; Chédeville A. et Guillotelh., op. cit., chap. 4, p. 89; Tonnerre N.-Y., op. cit. ; Vallérie E., op. cit. ; Kerneis Soazick, « Pieve d’Italie et plou d’Armorique. Paganisme et christianisation au Bas-Empire », MSHAB, t.76, 1998, p. 397-437.
68 Couffon R., « Recherches sur les églises primitives de l’évêché de Saint-Brieuc et Tréguier », BSECN, t.75, 1945-1946, p. 165-202 ; BSAF, t.76, 1950, p. 39-49.
69 Tanguy B., « Le Porzay du ve au xe siècle », dans Dilasser M. (dir.), Un pays de Cornouaille, Locronan et sa région, 1979, p. 76-86. (Finistère, cant. de Châteaulin).
70 Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 211-213 ; Kernéis S., op. cit., p. 420-423 et 434-436.
71 Guigon Ph., op. cit., t.2, p. 5-15.
72 Carrée André et Merdrignac Bernard, La vie latine de saint Lunaire, Centre international de recherche et de documentation sur le monachisme celtique, 1991, surtout chap. 6-7.
73 Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 225. Les trois paroisses sont des diocèses de Vannes (Morbihan) et Nantes (Loire-Atlantique).
74 Les travaux de l’abbé Angot qui en a publié un commentaire complétés par ceux de Y. Hillion permettent d’en tirer parti : « Le restaurateur de l’abbaye d’Évron », BCHAM, t.29, 1913, p. 443-490 ; Hillion Y., op. cit., t.1, vol.1, p. 96-127.
75 Ibidem., t.1, vol.1, p. 118-119.
76 « […] deinde curtem nuncupatam Tortiacum cum ecclesia et mancipiis ejus, cum terris cultis et incultis, pratis et sylvis […] et duas masuras in Lustriaco cum mancipiis et unam masuram in villa que nuncupatur Lagueyta et aliam in villa que vocatur Cursillas cum pratis et villam Visveriis nomine cum ecclesia et unam masuram et dimidiam…», Hillion Y., op. cit., cartulaire, 2, p. 19.Torcé et Viviers (Mayenne, cant. Sainte-Suzanne).
77 Voir la carte des possesssions, Hillion Y., op. cit, p. 84.
78 Par exemple : Actes de Charles le Chauve, 371.
79 Actus, p. 292-293.
80 « […] villa Sancti Rigomeri de plano, ecclesia Sancti Rigomeri de sylva, ecclesia Sancti Maurilii juxta sylvam, vicus Sancti Remigi de Villena », Cart. La Couture, 6. Il s’agit de communes de la région de Mamers (Sarthe). Commentaire dans Louise G., op. cit., t.1, p. 84.
81 Actus, p. 351. La Dorée (Mayenne, cant. Landivy), Lignières (Mayenne, cant. Couptrain), Marcillé (Mayenne, cant. Mayenne), Sept-Forges (Orne, cant. Juvigny-sous-Andaine).
82 « […] potestatem Curtis Genardi, quae ei jure ex patrimonio debebatur, cum lucis et vineis et pratis et omnibus consuetudinis ad se pertinentibus, dedit suis canonicis ; ecclesiam S. Joannis terrae illi contiguam item dereliquit canonicis suis…», Actus, p. 351. Le texte du Nécrologe rédigé à une date peutêtre postérieure dit « […] terram de Curgenardo cum parrochiis et villam […] », s’il y a peut-être une agglomération née du domaine, on ne signale que les droits paroissiaux, pas une paroisse, Nécrologe obituaire de la cathédrale du Mans, 6 juin. Courgenard et Saint-Jean-des-Echelles (Sarthe, cant. Montmirail).
83 « […] Cum quadam die felicis memoriae Rorans, avia mea, in Cenomanensi pago, in villa quadam sui dotalitii, Argentrada nomine, moraretur, predictae pars villae maximo forte incendio conflagravit […] ». Vallée E., Cart. Château-du-Loir, 22. Argentré (Mayenne, cant. de). La lettre signifie sans doute que Rorans, aïeule de Gervais, possédait un domaine dans la villa d’Argentré, paroisse primitive mais l’existence de la paroisse Saint-Melaine laisse supposer que là se situait le domaine et sa chapelle.
84 Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 231.
85 Liber Albus, 120, vers 969.
86 Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 225. Guigon Ph., op. cit., consacre 100 pages à cette question pour toute la Bretagne et développe nombre d’exemples mais beaucoup de ces fondations n’aboutirent pas à la création d’une paroisse.
87 Zadora-Rio E. et alii, Rigny-Ussé 1, L’état des lieux d’après les sources écrites, 5e supplt à la RACF, 1992.
88 Lorans E., op. cit., p. 73-75.
89 Planiolm., « La donation d’Anouuareth », AB, t.9, 1893-94, p. 216-237.
90 Le texte de la donation et carte dans Chédeville A. et Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 290-291.
91 Le cartulaire de Redon ne cite pas de chapelles mais suggère fortement l’existence d’églises privées. Chédeville A., Le cartulaire de l’abbaye de Redon…, op. cit., p. 30.
92 Lebrun Fr. (dir.), Histoire du diocèse d’Angers, p. 302. Ces valeurs chiffrées doivent être reçues comme d’intéressantes approximations. Chédeville A. et Guillotel H., op. cit., p. 167-168 ; Chédeville A. et Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 294 ; Chédeville A., « Naissance et développement du réseau, », op. cit. ; Tonnerre N.-Y., Naissance…, op. cit., p. 231-232.
93 Niderst R., op. cit. ; Pichot D., op. cit., p. 50 et 96.
94 Le débat a suscité une bibliographie abondante. Une synthèse figure dans Young B. et Perind., « Les nécropoles (iiie-viiie siècle), problème d’historiographie et de méthode », Colardelle M., « Les paroisses rurales », dans Naissance des arts chrétiens, atlas des monuments paléochrétiens de la France, Paris, 1991, p. 94-126 ; Treffort C., L’Église carolingienne et la mort, Lyon, 1996 ; Lorren C. et Perin P. (dir.), L’habitat rural du haut Moyen Âge (France, Pays-Bas, Danemark et Grande-Bretagne), Mémoires de l’association française d’archéologie mérovingienne, Rouen, 1995.
95 Ledru A., Répertoire des monuments et objets anciens de la Sarthe et de la Mayenne, Le Mans, 1911 et Guigon Ph., Les sépultures du haut Moyen Âge en Bretagne (Patrimoine archéologique en Bretagne), 1994.
96 Pour la Bretagne, Guigon Ph., Bardel J.-P., Batt M., « Nécropoles et sarcophages du haut Moyen Âge en Bretagne », RAO, t.4, p. 133-148 ; GIOT P. R. et Monnier J.-L., « Les oratoires des anciens bretons de Saint-Urnel ou Saint-Saturnin en Plomeur (Finistère) », AM, t.8, 1978, p. 55-93; GuigoN Ph., BardeL J.-P., « Les nécropoles mérovingiennes de Bais et de Visseiche (Illeet- Vilaine) », MSHAB, t.66, 1989, p. 299-353; Meuret J.-C., Peuplement…, op. cit., p. 274-290; Guigon Ph., « Rallion en la Bouëxière : cimetière militaire ou nécropole paroissiale ? » et Meuret J.-C., «Welita, la nécropole de Retiers ou de l’archéologie et des textes à l’histoire », dans Mondes de l’Ouest…, op. cit., p. 67-84 et 85-109.
Pour les Pays de Loire, Prigent Daniel, Bernard Émile, « Les nécropoles à sarcophages des Pays de la Loire », RAO, t.2, 1985, p. 101-106 ; Aubin Gérard, « Informations archéologiques, Circonscription des Pays de la Loire », Gallia, t.41, 1983, p. 299-323; Auxietteg., Gehant T., « Saint-Sylvain d’Anjou. Les Grandes Valinières. Chronique des fouilles médiévales en France », AM, t.17, 1987, p. 183 ; Boissel R. et Diehl R., « Nécropole mérovingienne de Saulges, constatations faites en 1958 », AB, t.46, 1959, p. 98-123 ; Diehl R., « Note sur le cimetière mérovingien de L’Angleucherie à Aviré, (Maine-et-Loire) et sur les problèmes de l’orientation des sépultures dans les nécropoles de cette époque », MAH, t.6, 1984, p. 79-94 ; Naveau J., « L’église de Pritz à Laval (Mayenne), les fouilles de 1983 », idem, t.8, 1985, p. 3-30 ; Prigent D. et Hunot J.-Y., La mort : voyage au pays des vivants, pratiques funéraires en Anjou, Angers, 1996, Catalogue d’exposition.
97 Carte figurant dans, Prigent D., Bernard E., « Les nécropoles à sarcophages… », op. cit. Louise G. signale la faiblesse des recherches dans le Maine, op. cit., t.1, p. 73.
98 Guigon Ph. et alii, « Nécropoles et sarcophages… », op. cit.
99 Guigon Ph., Les sépultures…, op. cit., p. 47 et 2-14.
100 Gallia Informations, 1987-1988, t.2, p. 158. Saint-Sylvain d’Anjou (Maine-et-Loire, cant. Angers).
101 Diehl R., « Note… », op. cit., annexe1, Soulgé-le-Bruant (Mayenne, cant Montsûrs) ; Prigent D. et Hunot J.-Y., op. cit., p. 44 ; Meuret J.-C., op. cit., p. 282. Le mode de calcul proposé reste très aléatoire dans ses résultats. Bais, Visseiche (Ille-et-Vilaine, cant. La Guerche). Galmer en Méon (Maine-et-Loire, cant. Noyant).
102 Guigon Ph., Les églises…, op. cit., p. 114. Thourie (Ille-et-Vilaine, cant. Retiers).
103 Idem, Langon et Domagné (Ille-et-Vilaine, cant. Redon, Châteaubourg).
104 Idem, Les sépultures…, op. cit., en particulier tableau p. 14.
105 Zadora-Rio E., « Archéologie du peuplement… », op. cit., p. 32-37.
106 Zadora-Rio E. et Galinié H., « Les changements de l’organisation du cimetière paroissial de Rigny (Indre-et-Loire), xie-xiie-xixe siècles », dans, idem, Archéologie du cimetière chrétien, op. cit., p. 65-66 ; Gallia Informations, 1987-1988, t.2, p. 151. Brissarthe (Maine-et-Loire, cant. de Châteauneuf-sur-Sarthe).
107 Naveau J., Carte archéologique de la Gaule, La Mayenne, Paris, 1992, p. 128, 142-143. La nécropole d’Entrammes, signalée de façon imprécise par les auteurs anciens, a été fouillée en 1992, Naveau J. (dir.), Les thermes romains d’Entrammes, supplt n° 1, MAH, Laval, 1991 ; idem, « L’église de Pritz à Laval (Mayenne) : les fouilles de 1983 », MAH, t.8, 1985, p. 3-30. Saulges (cant. Meslay), Entrammes (cant. Laval), Pritz, (cne Laval).
108 Treffort C., L’église carolingienne…, op. cit., troisième partie, chap.1, « Sépulture et espace sacré ».
109 Giot P. R., op. cit. Saint-Urnel en Beuzec (Finistère, cant. Pont-Croix).
110 Cart. Redon, 251 ; Guigon Ph., Les églises, op. cit., p. 111-112. Molac (Morbihan, cant. Questembert).
111 Ibidem, p. 109-110. D’autres exemples se repèrent dans le Maine, à Javron, Angot, Dictionnaire, à Cuillé (idem).
112 Meuret J.-C., op. cit., p. 290-292 ; Guigon Ph., Les églises…, op. cit., p. 114.
113 « There were clearly houses around the two focal churches in each village, forming two principal nucleations in the core area », Astill G. et Davies W., A breton landscape, op. cit., p. 98.
114 La maison d’un prêtre se signale à Guer (Morbihan, cant. de), Cart. Redon, 178, l’habitation d’une ran est citée par Astiil G. et Davies W., op. cit., p. 98 ; Guigon Ph., Les églises, op. cit., p. 107 signale des résidences aristocratiques en Talensac et Médréac (Ille-et-Vilaine, cant. de Montfort, cant. Montauban-de-Bretagne).
115 Meuret J.-C., op. cit. ; AM, 1996, p. 224. Vernoil-le-Fournier (Maine-et-Loire, cant. Longué).
116 Zadora-Rio E., « Archéologie du peuplement… », op. cit., p. 37.
117 Saulges, Diehl R., op. cit, p. 98-99, il note que l’église Saint-Pierre s’est installée sur la nécropole peut-être au viiie siècle. L’église paroissiale n’y est venue que plus tard, la nécropole étant abandonnée, ce qui suppose qu’à l’époque carolingienne l’habitat était ailleurs; Pritz, Naveau J., op. cit., l’église se serait installée peut-être à la fin du viie siècle, probablement plus tard, sur une nécropole mérovingienne.
118 « [Ecclesia] sita in partem quae dicitur Spiluc pervenientis, per finem hereditatis Uuethencar et per finem villae quae dicitur Mutsin usque ad flumen Ult […] », Cart. Redon, 2, Guigon Ph. op. cit., p. 107-108. Il y a discussion pour situer cette église mais le déplacement est avéré. Bains-sur-Oust (Ille-et-Vilaine, cant. Redon).
119 Pays de Loire, dans Barral Y. et Altet I., Le paysage monumental…, op. cit., p. 608.
120 Davies W., « Priests and rural communities in East Brittany in the ninth century », Études celtiques, t.20, p. 177-197.
121 Angot, Dictionnaire, art. Entrammes et Ledru A., op. cit. Entrammes (Mayenne, cant. Laval).
122 Hillion Y., op. cit., vol. 1, t. 1, p. 62-63.
123 Guigon Ph., op. cit. ; Saint-Lunaire (Ille-et-Vilaine, cant. Dinard) ; Saint-Gildas-de-Rhuys (Morbihan, cant. Sarzeau).
124 « Dimittens autem comitatum, fugit usque Credonem, tunc temporis Namnetici territorii vicum […] », Merlet R. (ed.), Chronique de Nantes, p. 29. Craon (Mayenne, cant. de).
125 Guigon Ph., Les fortifications du haut Moyen Âge en Bretagne, Rennes, 1997, p. 23.
126 Doué : De Boüard Michel, « De l’aula au donjon, les fouilles de la motte de la Chapelle à Douéla- Fontaine (xe-xie siècle) », AM, t.3-4, 1973-1974, p. 5-110. Les fouilles du château de Mayenne viennent de révéler une construction à caractère palatial du début du xe siècle. Le site lié à un pouvoir important prend de la vigueur au détriment de Jublains tout proche. Early R., « La première occupation du château de Mayenne : conclusions provisoires et interprétation », MAH, n° 22, 1999, p. 15-36.
127 Lorans E., op. cit., p. 42, 86.
128 Cette diversité se relève à la lecture des Gesta Aldrici.
129 Cf. l’analyse de Louise G., La seigneurie de Bellême, op. cit., t. 2, p. 82-84.
130 Brunterc’h J.-P., « Géographie historique… », op. cit., p. 47-50.
131 Angot, Dictionnaire, t.1, p. 30-32 ; Beszard L., Etude sur l’origine des noms de lieux…, op. cit., 5e partie ; Carte IGN 1/25 000, 16-18 ouest, Sillé-le-Guillaume.
132 Flatrès P., op. cit., p. 87-93 ; Daviesw., Small worlds, the village community in Early Medieval Brittany, Londres, 1988, chap.2, surtout p. 6-37 ; Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 123-135.
133 Chédeville A. et Guillotelh., La Bretagne…, op. cit., p. 100-103.
134 Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 125. Tréal (Morbihan, cant. La Gacilly). Cette identification est cependant remise en cause par B. Tanguy.
135 Planiolm., Histoire des institutions de la Bretagne, t.2, p. 336-33.
136 Carte IGN, 1/25 000, feuille Plélan, et Duval J. F., op. cit., p. 56-57.
137 Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 129.
138 Cart. Redon, 54, 269 ; Planiol M., op. cit., t.2, p. 267. L’acte 50, précise « […] Randobrocar ubi mansio est […] », cette précision vérifie bien que le tenancier peut habiter sur la ran, mais le fait qu’elle soit écrite signifie peut-être que cela n’est pas une règle générale.
139 Guillotin De Corson abbé, Pouillé historique de l’archevêché de Rennes, Guigon Ph., Les églises…, op. cit., p. 61-64, 142-148.
140 Chédeville A. et Tonnerre N.-Y., La Bretagne…, op. cit., p. 102-103.
141 Aula Rester, Cart. Redon, 21, 247, Retiers (Ille-et-Vilaine, cant. de).
142 Guigon Ph., « Les résidences aristocratiques carolingiennes : Locronan », MSHAB. t.69, 1992, p. 5-42, idem, Les fortifications…, op. cit., p. 69-98.
143 Les Grandes Valinières, Gallia Information, Préhistoire et Histoire, 1987-1988, 2, p. 158 ; La Tullaye, idem; la Cocherais, Provost A. Un bout de chemin vers le passé…, op. cit.
144 Montours (Ille-et-Vilaine, cant. St-Brice-en-Cogles), rapport de fouilles au SRA, en cours de publication dans les DAF, AM, 1996, p. 205. Fouilles archéologiques sous l’autoroute des estuaires A84, Rennes-Caen, Rennes, 2000, Catalogue d’exposition.
145 Peuziat Josick, « Un bâtiment du haut Moyen Âge à Livroac’h en Poullan (Finistère) », Arch. Br., n° 25, 1980, p. 33-41. Poullan (cant. Douarnenez).
146 Menez Y. et Batt M., « L’habitat du haut Moyen Âge de Créac’h Gwen à Quimper », RAO, n° 5, 1981, p. 123-140. Des fouilles d’un camp viking ont révélé de grandes maisons dont l’état ne permet guère de conclusion et cet habitat temporaire n’a pas laissé d’influence, Nicolardot J.-P. et Guigon Ph., « Une forteresse du Xe siècle : le camp de Plédran », RAO, 8, 1991, p. 123-157.
147 Triste A. et alii, « L’atelier de potiers carolingiens de Meudon à Vannes (Morbihan) » ; Langouët L. et alii, « Ateliers carolingiens dans le nord de la haute-Bretagne », dans Fichet de Clairfontaine F. (dir.), Ateliers de potiers médiévaux en Bretagne, DAF, 1996, p. 63-88.
148 Déplacement d’églises : Barral I. (dir.), Le paysage monumental…, op. cit., p. 609 ; faiblessse de l’emprise humaine : Tonnerre N.-Y., Naissance…, op. cit., 121-122, Brunterc’h J.-P., « Géographie historique et hagiographie… », op. cit.
149 Pour la Beauce vendômoise, très marginale par rapport à l’Ouest, D. Barthelemy définit l’habitat de façon analogue, La société dans le comté de Vendôme, op. cit., p. 166.
150 Les plou sont sous l’autorité d’un machtiern mais le cartulaire de Redon cite dans plusieurs paroisses le recours aux anciens pour arbitrer, Tonnerre N.-Y., « Les pays de la basse Vilaine…», op. cit., p. 54.
151 Musset Lucien et Chanteux Henry, « Essai sur les invasions normandes et bretonnes dans le Bas-Maine aux ixe et xe siècles », BCHAM, 1972, nvelle série, n° 29, p. 35-59.
152 Gahard, (Ille-et-Vilaine, cant. St-Aubin d’Aubigné), « […] ut monasterium quodam situm in pago Redonensi, quod vocant sanctum Exuperium, jam olim a Normannis destructum […] », Guillotelh., Actes des ducs…, 19; Châlons-du-Maine (Mayenne, cant. Argentré). Le monastère fondé au viiie siècle est encore cité au ixe, l’église paroissiale Saint-Pierre existe seule en 989, Angot, Dictionnaire, art. Châlons. Le cas est analogue pour Entrammes (Mayenne, cant. Laval).
153 Zadora-Rio E., « Archéologie du peuplement… », op. cit., p. 35-39, tableau 3.
154 Rigny, idem, « Rapport préliminaire », RACF, 1992 , p. 96.
155 Fichet de Clairfontaine Fr., op. cit., p. 82.
156 Angot, Dictionnaire, art. St-Berthevin-la-Tannière (Mayenne, cant., Landivy).
157 Astill G. et Daviesw., A Breton Landscape, op. cit., p. 130-131, 249.
158 Guillot O., Le comte d’Anjou et son entourage au xie siècle, Paris, 1972 ; Chédeville A. et Tonnerre N.-Y., La Bretagne féodale, op. cit. ; Tonnerre N.-Y., Naissance…, op. cit. ; Pichot D., Le Bas-Maine, op. cit. ; Barthélemy D., La société dans le comté de Vendôme…, op. cit. ; Meuret J.-C., Peuplement…, op. cit. ; Lemesle B., La société aristocratique dans le haut-Maine (xie-xiie s.), Rennes, 1999; Brand’honneur.Michel, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes. Habitat à motte et société chevaleresque (xie-xiie s.), Rennes, 2001.
159 Chédeville A. et Tonnerre N.-Y., op. cit., p. 46.
160 « […] sub cujus pacifico dominatu gens in terra sua valde augmentata est », Cart. noir de la cathédrale d’Angers, 93.
161 « […] gentibus in terra multiplicatis, non satis esset idonea », Cart. Ronceray, 130. Seiches (Maineet-Loire, cant. Châteauneuf-sur-Sarthe).
162 Pichot D., Le Bas-Maine, op. cit., p. 60-70.
163 Remarques méthodologiques de Chédeville A., La Bretagne féodale…, op. cit., p. 285-286.
164 Pichot D., Le Bas-Maine… op. cit., p. 89; Chédeville A. et Tonnerre N.-Y., La Bretagne féodale, op. cit., p. 295-310.
165 Barthélemy D., La société dans le comté de Vendôme…, op. cit., p. 176, 196-270 ; Cart. Saint-Georges, 2, bien des noms bretons en lis ou tré de ce censier ne se retrouvent pas aujourd’hui, Quentel Paul, « Toponymie de Tinténiac », Annales de la Soc. hist. et arch. De Saint-Malo, 1973, p. 164-168.
166 Tonnerre N.-Y., Naissance…, op. cit., p. 417-420.
167 PIEL Elie, « Étapes du peuplement et géographie humaine au marais de Dol », AB, t.56, 1949, p. 165-174 ; Chédeville A., « La mise en valeur des marais de Dol : le témoignage des textes », dans Baie du Mont-Saint-Michel et marais de Dol-Milieux naturels et peuplement dans le passé, CeRAA, 1995, p. 101-109.
168 Burnouf Joëlle et Carcaud Nathalie, « L’homme et les vallées : les vals de Loire de Tours à Angers », AB, t.107, 2000, p. 7-22.
169 Tonnerre N.-Y., Naissance…, op. cit., p. 421-424; Sarrazin J.-L., « Les cisterciens de Buzay et l’aménagement des marais de l’estuaire de la Loire au Moyen Âge (xiie-xve siècles) », MSHAB, t.65, 1988, p. 57-79.
170 Dion Roger, Histoire des levées de la Loire, Paris, 1961.
171 « […] De silva vero ad excolendum distribuere ipsi monachi in quantum voluerint liberam habeant facultatem de suis villanorumque suorum pasnachium sibi tantum modo vindicantes […] », Guillotelh., Actes, 19. Gahard (Ille-et-Vilaine, cant. Saint-Aubin-d’Aubigné).
172 La Borderie A. (de), « Origines paroissiales, Bréal-sous-Vitré », Semaine religieuse du diocèse de Rennes, 1871, Guillotin de Corson abbé, Pouillé historique, t.1, p. 546-552, t.5, p. 234-237 ; Cart. Saint-Serge, I, 192.
173 Guigon Ph., « Rallion en la Bouexière : cimetière militaire ou nécropole paroissiale », Mondes de l’Ouest…, op. cit., p. 81. Sévailles (cne de La Bouëxière), Liffré, Livré (Ille-et-Vilaine, cant. Liffré).
174 Guigon Ph., ibidem, p. 82. Guillotelh., Actes, 156.
175 Chauvin M. et Reydellet Ch., « L’abbaye de Saint-Melaine à Pacé et au bord de la Seiche en 1138 », Mondes de l’Ouest…, op. cit., p. 149-154. L’Hermitage (Ille-et-Vilaine, cant. Mordelles).
176 Guillotin de Corson abbé, op. cit., t.1. Saint-Sulpice-la-Forêt (Ille-et-Vilaine, cant. Liffré).
177 Marmoutier par son prieuré de Vitré organise le défrichement à Mondevert et fait de même à Gahard, Henot A., « Les moines, le châtelain et les hommes. Le rôle politique et social des prieurés de Marmoutier près de Gahard et dans les seigneuries banales de Fougères et de Vitré (xie-xiiie siècle) », mémoire de maîtrise, Rennes 2, 1998, p. 91-94 ; Pichot D., « La grange du Fayel et la mise en valeur du pays de Vitré au xiie siècle », BMSAIV, t.79, 1976, p. 21-30. Saint-Jean-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine, cant. Châteaubourg).
178 Maison de Laval, 297.
179 Guigon Ph., op. cit., p. 82-83 ; Brand’honneur M., Les mottes médiévales en Ille-et-Vilaine, Rennes, 1990 ; idem, « Le lignage, point de cristallisation d’une nouvelle cohésion sociale. Les Goranton-Hervé de Vitré aux xie-xiie et xiiie siècles », MSHAB, t.70, 1993, p. 79-80. Chevré et Sérigné en La Bouëxière.
180 Chédeville A. et Tonnerre N.-Y., La Bretagne féodale…, op. cit., 4e partie, chap.1.
181 « […] Sed quia (terra) contigua erat forestae Widonis de Valle et Andreae Vitriacensis et ferae saltus ad eam terram egrediebantur propter amoenitatem nemoris et pratorum et fluminis… Wido et Andreas abstulerant eam supradicto viro, ejectis habitatoribus, in saltum et forestam mutaverunt […] », Cart. St-Serge, I 4; Meuret J.-C., op. cit., p. 553-554.
182 Pichot D., Le Bas-Maine…, op. cit., p. 83. Olivet (Mayenne, cant. Loiron).
183 Duval J.-F, op. cit.
184 Meuret J.-C., Peuplement…, op. cit., chap.21; Le mené M., « La forêt du Lattay au Moyen Âge. Défrichement de sa partie occidentale entre la Loire, l’Evre et l’Hyrome », MA, t.76, 1970, p. 27- 60, Idem, Les campagnes angevines à la fin du Moyen Âge, p. 92-103.
185 « […] Cum domna Richildis, abbatissa S. Mariae Caritatis edificasset ecclesiolam Sanctam Fidei virgini et martyri, in parrochia Sancti Lamberti martiris in loco inculto et aspero, quadam die sollempni domnus Fulco comes […] donavit in elemosinam Sancte Fidei ut viculus ejus liber et quietus et absolutus foret in perpetuum ab omnibus servitiis et exactionibus, et si aliqua alia pertinebant ad comitem secundum consuetudinem regionis illius », Cart. Ronceray, 269.
186 « […] tradiderunt terram incultam sine mensura que priusquam exculta fuerat mensurabitur et juxta mensuram reddet et censum », Cart. Saint-Vincent, 226, Beaumont (Sarthe, cant. Château-du-Loir).
187 Angot A., Dictionnaire, art. Flamengère, Cart. Fontaine-Daniel, 212.
188 Pichot D., Le Bas-Maine…, op. cit., p. 86-93.
189 Chédeville A. et Tonnerre N.-Y., La Bretagne féodale…, op. cit., p. 306-310. Dilasser M. (dir.), Un pays de Cornouaille, op. cit., p. 92-94.
190 Chédeville A., « Étude de la mise en valeur et du peuplement du Maine au xie s. d’après les documents de l’abbaye St Vincent du Mans… », AB, 1960, p. 209-212.
191 Pichot D., Le Bas-Maine…, op. cit., p. 97-99 ; Bouhier A., « Problèmes de structures agraires et d’économie rurale à la lumière de quelques exemples », Bulletin du cercle d’études géographiques du bas-Maine, n° 6, nov.-dec. 1952, p. 14-19, n° 7, jv.-mars 1953, p. 3-22, n° 8, avr.-juin 1954, p. 6-22.
192 Avril J., Le gouvernement des évêques et la vie religieuse dans le diocèse d’Angers (1148-1240), 1984, p. 15-19 ; Le Mené M., Les campagnes angevines…, op. cit., p. 95-123 ; Tonnerre N.-Y., Naissance…, op. cit., p. 424, Marguerie D., Evolution de la végétation sous l’impact humain en Armorique du Néolithique aux périodes historiques, Rennes, 1992, chap. III, A. De nombreuses analyses polliniques traduisent des défrichements localisés à des époques diverses, si l’une, près de Melrand, indique une déforestation aux environs du xiiie siècle, certaines semblent révéler une phase précoce, fin xe-xie ; Visset L., « La tourbière de Landemarais en Parigné (Ille-et-Vilaine, France) 2, étude pollinique », Lejeunia, Nvelle série, 1989, n° 129, p. 16-26.
193 Pichot D., Le Bas-Maine, op. cit., p. 106-109.
194 « […] Esamplas namque quasdam, quas in Lateio homines sanctimonialium in earum dominicatura fecerant […] », (vers 1108), Cart. Ronceray, 182.
195 Dufief A., Les Cisterciens en Bretagne, xiie-xiiie siècles, p. 114-115 ; Pichot D., Le Bas-Maine…, op. cit., p. 282.
196 Chédeville A., Un défrichement en Bretagne…, op. cit., p. 429-444 ; Maison de Laval, 64 ; Cart. Saint-Serge, I. 103 ; Bienvenu J.-M., « Un défrichement angevin au temps de la Réforme grégorienne », Annali d’istoria economica e sociale, 8, 1967, p. 75-90.
197 Pichot D., Le Bas-Maine…, op. cit., p. 83 ; Louise G. avec la collaboration de Lavigne C., « Dernières fondations de villages à la frontière de la Normandie et du Maine à l’initiative des Plantagenêts et des Capétiens (fin xiie-début xiiie siècle) », Mondes de l’Ouest…, op. cit., p. 457-469.
198 Tonnerre N.-Y., Naissance…, op. cit., p. 411; Le Mené M., Les campagnes…, op. cit., p. 95-102.
199 Zadora-Rio E., « L’église et le regroupement de l’habitat en Anjou aux xie et xiie siècles », dans Fixot M. et Zadora-Rio E. (dir.), L’environnement des églises et la topographie religieuses des campagnes médiévales, DAF 46, 1994, p. 139-148.
200 Chédeville A., « Naissance et développement du réseau paroissial…», op. cit.
201 Loire-Atlantique, cant. de.
202 Bécherel, Châteaugiron (Ille-et-Vilaine, cant. de). Gorron (Mayenne, cant. de).
203 H. Miyamatsu a effectué les regroupements par département, ce qui ne gêne pas pour la Bretagne, mais exige des modifications pour l’Anjou et le Maine. Les chiffres donnés ici, basés sur les inventaires de H. Miyamatsu, ont été ventilés par circonscriptions médiévales. En Anjou, on arrive ainsi au chiffre de 115 et E. Zadora-Rio à 117 en incluant des bourgs du diocèse du Mans dans l’orbite politique angevine mais en limitant son enquête avant 1200, Miyamatsu H., Bourgs et bourgeois…, op. cit., chap.2 ; Zadora-Rio E., « L’église et le regroupement… », op. cit., p. 141 et note 6.
204 Chédeville A., « De la cité à la ville », dans, Le Goff J. (dir.), La ville médiévale, t. 2 de Histoire de la France urbaine, Paris, 1980, p. 63-104, rééd., 1998.
205 Miyamatsu H., Bourgs et bourgeois…, op. cit, appendices, p. 331, 335, 339 ; Zadora-Rio E., « L’église et le regroupement… », op. cit., p. 141 ; Chédeville A. et Tonnerre N.-Y., La Bretagne féodale, op. cit., p. 398 ; Pichot D., Le Bas-Maine…, op. cit., p. 239.
206 « […] antequam episcopus benedicere cimiterium inciperet, inquisivit a domino R [aginaldo] Allobroge utrum essent aliqui habitantes circa nos in foresta qui possent libere esse parrochiani hujus cimiterii quod benedicere volebat. Tunc R. Allobros, habito consilio cum filiis suis et privatis hominibus, designavit nobis parrochiam quotquot erant inhabitantes vel inhabitaturi erant in tota illa foresta que continetur infra callem qui dicitur Groletum et aquam que Usura nuncupatur. Quibus auditis episcopus, alloquens subinde presbiteros totius vicinie qui aderant, quesivit ab eis utrum esset aliquis eorum qui calumpniaretur quicquam in hac parrochia quam novam nobis facere volebat ; sed nemo eorum gratia Dei calumpniatus est quicquam, immo omnes applaudentes consensum prebuerunt ut faceret Benedixit igitur episcopus cimiterium nostrum », Cart. La Roë, 3, publié dans, Laurain E., « Questions fabriciennes », BCHAM, t.24, 1908, p. 348-349 ; Bienvenu J., « Genèse d’une abbaye canoniale. Notre-Dame de La Roë au tournant des années 1100 », MAH, t.14, 1991, p. 9-37. La Roë (Mayenne, cant. St-Aignan-sur-Roë).
207 Guillotin de Corson abbé, op. cit., La Borderie A. (de), «Origines paroissiales», op. cit., ; Chédeville A. et Tonnerre N.-Y., La Bretagne féodale…, op. cit., p. 289-294.
208 Couffon R., « Recherches sur les églises primitives de l’évêché de Saint-Brieuc et Tréguier », BSECN, t.75, 1945-1946, p. 165-202. Pour le Léon, BSAF, t.76, 1950, p. 39-49. Pour la Cornouaille, ibidem, t.77, 1951, p. 3-27. Le travail a été systématisé par E. Vallérie, op. cit. Ce type d’étude ne permet cependant pas de dater les partitions et laisse planer des incertitudes. J.- C.Meuret propose de voir prélever Bréal et Mondevert sur Le Pertre, ce qui serait possible pour Bréal mais peu vraisemblable pour Mondevert dont la paroisse-mère se trouve à Erbrée, Peuplement, pouvoir…, op. cit., p. 397-400.
209 Bilard, Analyse des documents conservés dans les archives du département de la Sarthe., I n° 271 ; Bouton A., op. cit., p. 241 ; Pichot D., « Défrichement et mise en valeur… », op. cit., Ligron, Courcelles (Sarthe, cant. Malicorne), Montenay, Vautorte (Mayenne, cant. Ernée).
210 Chédeville A., « Le réseau paroissial en Bretagne », op. cit., p. 46.
211 Bienvenu J.-M., op. cit.
212 Chédeville A. et Tonnerre N.-Y., La Bretagne féodale, op. cit., p. 294, 436; Pichot D., Le Bas- Maine…, op. cit., p. 96. L’estimation de 12 % est à reconsidérer car elle ne porte que sur des paroissses identifiées.
213 Duby G., L’économie rurale et la vie des campagnes dans l’Occident médiéval, Paris, 1962, p. 149-165.
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Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008