Avant-propos
p. 9-10
Texte intégral
« Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris1… »
1Ce livre est le fruit de plusieurs années d’enquêtes, de cours et de séminaires sur une question toujours actuelle, pour une période – l’Antiquité gréco-romaine classique – dont l’étude et la connaissance n’ont jamais été en un si haut point qu’aujourd’hui autant déconsidérées de manière fautive parce qu’elles seraient inutiles, futiles et de ce fait abusivement coûteuses.
2Trente ans passés à enseigner, du collège et du lycée – de 1981 à 1995 – à l’université – depuis 1995 – de la première année jusqu’à la préparation aux concours nationaux – Capes d’histoire-géographie et agrégation d’histoire – difficiles, exigeants, encore il y a peu tous deux préparés par les candidats dans le temps long d’une année universitaire continue de septembre à juin, cohérente et progressive sans hachure dans le rythme de l’accumulation des connaissances, de leur décantation et de l’entraînement, m’ont appris combien la connaissance des racines culturelles et linguistiques, pour nous le latin et le grec, loin d’être superflues, étaient un enrichissement humain, le fondement de l’ouverture d’esprit et de la curiosité, la condition primordiale de la compréhension de la chose publique et celle du fonctionnement normal d’une démocratie et du sens de la république.
3Ce livre est d’abord destiné aux étudiants qui savent bien tout ce que l’Antiquité a déjà dit (sa méconnaissance n’a parfois d’égal que la naïveté et le ridicule voire les contresens qui inondent les ondes, la presse et les prétendues « technologies » de l’information et de la communication), tout ce que la démarche historique, en favorisant la mise en ordre de la pensée et la réflexion critique, permet de construire pour l’avenir, combien la mémoire est ce qui définit l’être humain et que l’identité est un mot récent et un concept complexe2. En écrivant cela, je viens de remercier mes élèves et étudiants qui m’ont toujours stimulé. Les plus récents sont les étudiants grenoblois de 3e année de licence et ceux des deux années de master, en histoire ou histoire de l’art et archéologie, parmi lesquels celles et ceux qui apprennent l’épigraphie latine du monde romain et font à cette occasion, pour la plupart faute d’une initiation dans le secondaire3, l’apprentissage du latin et réussissent souvent très bien.
4Nombre de collègues ou amis doivent aussi être remerciés, à commencer par les membres de mon jury d’habilitation car ils ont, à des titres divers et parfois bien avant que je ne commence la présente enquête, éveillé ma curiosité, encouragé mes efforts, orienté ma réflexion, favorisé le résultat final en lisant des dossiers préparatoires présentés dans des séminaires ou des colloques, permis que j’obtienne une délégation de recherche, deux ans durant, en étant rattaché à l’USR 710, L’année épigraphique, en 2003-2004 et 2004-2005. J’ai nommé Patrick Le Roux, Jean-Pierre Martin, Mireille Corbier, Michel Christol, Olli Salomies, Andreas Sohn.
5L’Année épigraphique à laquelle je suis rattaché principalement depuis 2003 est le lieu d’échanges fructueux qui le sont d’autant plus que l’équipe, outre ses membres CNRS, est composée de collègues qui enseignent dans des universités dispersées dans toute la France mais aussi de chercheurs français et étrangers venus d’horizons variés et travaillant sur des secteurs géographiques divers qui passent régulièrement dans ses locaux. Parmi ces collègues, Sabine Armani, épigraphiste spécialiste des questions de la parenté dans la péninsule Ibérique n’a pas peu contribué à mon questionnement. Nombre d’exemples dans ses terres comme dans les miennes méritent qu’on poursuive l’enquête… et que du chantier ouvert sortent des conclusions. L’inutile surcharge administrative repousse parfois l’écriture d’un livre… Ce sera le prochain.
6Dans le monde universitaire, je ne saurais oublier mes anciens collègues rennais – pas seulement en histoire ancienne, loin s’en faut – et finalement, à Grenoble, Bernard Rémy pour son incomparable énergie, son indéfectible stimulation et la multitude des travaux que nous avons en cours ensemble et avec d’autres jeunes collègues. Cinq ans se sont écoulés entre l’habilitation, mon arrivée à Grenoble et ce livre. Entre-temps, lui et moi avons rédigé un livre sur Les femmes en Gaule romaine Ier siècle av. J.-C.-Ve siècle apr. J.-C. qui n’a pas inutilement retardé la publication du présent livre. Les choses ont en effet mûri, se sont précisées, complétées, nuancées et les deux livres se sont en fait mutuellement nourris.
7Mes remerciements vont aussi aux conservateurs de musées qui m’ont accueilli dans leurs établissements, à François Bertrandy, rapporteur pour les PUR sur ce manuscrit, à Pierre Corbel, directeur des PUR qui en a accepté la publication ainsi qu’à M. Gromellon qui l’a mis en pages.
Notes de bas de page
1 Préambule de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, intégré à la constitution de la Ve République.
2 N. Mathieu, 2011, p. 53-56.
3 Les échanges Erasmus sont cruels pour l’Éducation nationale et l’Enseignement supérieur : Italiens, Espagnols, Belges ou Allemands savent le latin et ont de meilleures connaissances de l’Antiquité que les Français…
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