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Jérôme Lalande

 | 
Guy Boistel
, 
Jérôme Lamy
, 
Colette Le Lay

Deuxième partie. Nouer des correspondances

Le Père Jésuite Maximilien Hell et ses relations avec Lalande

Per Pippin Aspaas

Texte intégral

  • 1 Harry Woolf, The transits of Venus: A study of eighteenth-century science, Princeton, Princeton Un (...)
  • 2 Carl Ludwig Littrow, P. Hell’s Reise nach Wardoe bei Lappland und seine Beobachtung des Venus-Durc (...)
  • 3 Simon Newcomb, « On Hell’s alleged Falsification of his Observations of the Transit of Venus in 17 (...)

1Dans l’histoire de la science du XVIIIe siècle, les passages de Vénus des 5 juin 1761 et 3 juin 1769 constituent deux moments phares. Ces événements déclenchent ce qui a été décrit comme le premier exemple d’expédition scientifique internationalement coordonnée de l’histoire moderne1. Deux noms apparaissent constamment dans la littérature historique sur le sujet − Jérôme Lalande, professeur d’astronomie au Collège Royal et membre de l’Académie royale des sciences de Paris, et Maximilien Hell, père jésuite et Astronome Impérial et Royal de Vienne. Le premier mérite bien entendu sa place dans la littérature, en raison de sa position de coordonnateur, commentateur et calculateur des observations à travers le monde. La position du second est plus ambiguë. Le Père Hell fait son apparition dans cette histoire au cours des années 1768-70, lorsqu’il effectue une fatigante expédition vers l’île Wardœhus (aujourd’hui Vardø, à prononcer Vardeux) dans le nord de la Norvège, où il parvint à observer le passage de Vénus, mais pour voir ses données rejetées comme incompatibles par des collègues étrangers influents, notamment Lalande. Après la mort de Hell, on prétendit même que ses manuscrits conservés contenaient des preuves que son observation de Vardø était frauduleuse2. Ce fut l’astronome américain Simon Newcomb qui rendit justice à Hell, plus d’un siècle après son observation3.

2Bien que cette histoire soit connue, un certain nombre de questions demeurent. Comment les deux astronomes parisien et viennois devinrent-ils si violemment ennemis ? Se sont-ils toujours opposés ou est-ce un simple épisode dans l’histoire de leur relation ? Et comment leurs collègues réagirent-ils à leur querelle publique ? Nous tenterons ici de recoller quelques pièces du puzzle.

  • 4 De bonnes biographies ont été rédigées entre autres par Ferenc Pinzger, Hell Miksa Emlékezete, t.  (...)
  • 5 Voir Carlos Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. IV, Bruxelles, Oscar Schepens / (...)

3Maximilien Hell (1720-1792) avait reçu son éducation − et enseignait lui-même − dans plusieurs écoles et collèges jésuites d’Autriche et de Hongrie (y compris dans les actuelles Slovénie et Roumanie), lorsqu’il fut appelé à Vienne à l’âge de trente-cinq ans pour devenir le directeur d’un nouvel observatoire universitaire dans le centre de la capitale4. Au même moment, il reçut le titre de astronomus caesareo-regius (« Astronome Impérial et Royal ») de Marie-Thérèse. Une des tâches qui lui incombaient était la production d’éphémérides imitant la Connaissance des temps de Paris. Le premier volume de ce qui devait devenir l’œuvre principale de Hell, Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensem, correspondait à l’année 1757 et ne contenait que des tables. Mais dès l’édition de l’année suivante, l’ouvrage devint plus qu’un almanach standard : c’était aussi un journal astronomique de niveau international, dans lequel des observations au même titre que des traités théoriques étaient publiés en appendices5.

Figure 1. Maximilien Hell dans sa robe laponne. (Copie de J. G. Haid, Vienne 1771, d’après un dessin de W. Pohl. Size).

  • 6 Voir par exemple Nova Acta Eruditorum, février 1762, p. 49-58 ; Journal des Sçavans, octobre 1761, (...)
  • 7 Des parties de la correspondance de Hell ont été publiées par Pinzger, op. cit., et Magda Vargha, (...)
  • 8 Les deux jésuites étaient le professeur de Würzburg François (Franz) Huberti et le professeur de H (...)
  • 9 Selon la Connaissance des temps pour l’année 1760 (publiée en 1759) et les éditions suivantes, Hel (...)
  • 10 Voir Michel Mervaud (dir), Chappe d’Auteroche : Voyage en Sibérie, Oxford, SVEC, 2004, p. 250-25, (...)

4Bien avant, Maximilien Hell avait commencé à entretenir des contacts avec des savants étrangers. Ceci est perceptible non seulement à la lecture des appendices de ses Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensem., qui permettent de prendre conscience d’un réseau au développement rapide, mais aussi par des contributions dans de prestigieux journaux comme les Nova Acta Eruditorum et le Journal des Sçavans6. Une autre source importante est la partie conservée de sa correspondance7. Des lettres du fonds Hell de Vienne témoignent que la première édition des Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensem. prit la route de Paris à l’automne 1757 lorsque deux jésuites allemands visitèrent diverses institutions scientifiques françaises et emportèrent une copie du travail de Hell8. Peu de temps après, le père Hell obtint le titre de membre correspondant de l’Académie royale des sciences9. Ceci marquait le début d’une coopération scientifique étroite et durable – bien que parfois tendue – entre l’astronome viennois et ses collègues français. Le père Hell ne vint jamais en France, mais il reçut des visiteurs français à plusieurs reprises. La première visite connue eut lieu en 1761, lorsque Chappe d’Auteroche, en route pour la Sibérie, fit escale à Vienne ; puis Cassini de Thury arriva en mai pour mettre en œuvre un projet commun de cartographie10. C’est aussi en 1761 que Hell eut son premier contact avec le héros de notre ouvrage Lalande.

Le passage de Vénus de 1761 et le début de la relation entre Hell et Lalande

  • 11 Maximilianus Hell, Transitus Veneris per discum Solis Anni 1761. Die Astronom. 5. Junii calculis d (...)
  • 12 WUS, Hell à La Caille, Vienne 31 janvier 1761.

5À l’approche du premier passage de Vénus, Maximilien Hell publia un avertissement de vingt pages expliquant le phénomène et exposant comment il pourrait être observé11. Il distribua des copies de son opuscule pendant l’hiver 1760-61. Dans une lettre à son contact officiel à l’Académie, La Caille, Hell précise que « vous pouvez distribuer les copies jointes du Transitus Veneris per discum Solis, comme vous l’entendez, aux débutants en astronomie, car c’est pour leur instruction que j’ai décidé de l’écrire »12. L’un de ceux qui lirent l’opuscule n’était pas précisément un débutant, mais l’éditeur de la Connaissance des temps. En fait, la première lettre connue de Lalande à Hell – qui est datée de Paris le 10 mai 1761 – prend ce travail de Hell pour point de départ. Lalande remercie Hell de signaler une erreur dans le calcul du second satellite de Jupiter, et ajoute :

« Je felicite les Astronomes, et L’Astronomie meme d’avoir un confrere aussi exact, aussi laborieux, et aussi diligent, que vous l’etes, un correspondant aussi digne de l’Academie des sciences, et que je Souhaite, que nous ayons un jour pour associé de notre academie C’est un grade, que l’on ne prodigue point, on le reserve a des personnes de votre reputation et de votre merite. »

  • 13 WUS, Lalande à Hell, 10 mai 1761.

6Lalande suggère qu’ils débutent une collaboration mutuellement profitable pour la composition de leurs almanachs. Il commente aussi les travaux de plusieurs astronomes français, avec un accent particulier pour ceux de Chappe et Cassini de Thury13 (figures 2 et 3 : lettre du 10 mai 1761).

  • 14 Voir la contribution de Jacques Gapaillard dans le présent ouvrage.
  • 15 WUS, Hell à Lalande, Vienne 12 juin 1761.

7De solides indices suggèrent qu’il s’agit de la première lettre que Lalande ait jamais écrite au père Hell. Le ton est poli, flatteur, et il n’y est pas fait mention d’une précédente lettre. Quelques remarques indiscrètes et diffamatoires – particulièrement sur Chappe – pourraient indiquer qu’il connaissait Hell depuis un moment. Quoi qu’il en soit, la réponse de Hell, datée du 12 juin 1761, est une preuve supplémentaire que ce fut le premier contact entre eux. Le père Hell reconnaît qu’il a rougi en lisant l’éloge, mais il affirme que cela lui servira d’inspiration pour son travail futur. Il remercie également pour le volume de la Connaissance des temps pour 1762, et il offre ses Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensem en retour. Pour ce qui concerne l’erreur sur le second satellite de Jupiter, Hell dit ne l’avoir révélée à personne excepté La Caille « car je voudrais que vous me considériez comme hautement préoccupé de votre réputation ». Il manifeste de l’intérêt pour les travaux en cours de Lalande et dit quelques mots de ses propres activités. En réponse aux remarques négatives sur Chappe, Hell assure Lalande qu’il a la plus grande confiance dans les compétences de cet abbé. Tous ceux qui pensent le contraire ont dû être trompés par sa jeunesse et par l’idée que « l’excellente science ne peut se cacher que sous les cheveux gris » − une remarque très pertinente puisque Lalande lui-même était un très jeune homme lorsqu’il débuta sa carrière en allant à Berlin mener les prestigieuses observations ordonnées par l’Académie royale14. Cassini de Thury est, de même, loué en termes exaltés, et l’astronome de la Cour de Vienne exprime sa gratitude pour la visite reçue, dont il espère qu’elle incitera les souverains autrichiens à accorder à l’avenir plus de fonds à l’astronomie. La tâche de coopération avec Cassini pour la cartographie a été attribuée à Joseph Liesganigg SJ, qui était déjà un géodésien expérimenté. Finalement, Hell dit quelques mots de son observation du passage de Vénus, dont il joint les résultats à sa lettre. En retour, il demande à Lalande ses propres observations du passage, et il termine en le félicitant pour son titre de Professeur15 (figures 4 et 5 : lettre du 12 juin 1761).

  • 16 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1762, [1761], surtout p. 39-40.

8Comme nous le voyons, Hell envoya aussitôt à Paris son observation du passage de 1761, demandant les observations de Lalande en retour. Son souhait fut évidemment exaucé puisque, à l’automne 1761, Hell publia un rapport sur le passage de Vénus dans lequel les observations de Lalande figuraient parmi un total de soixante-deux observations réussies dans des pays variés16. Plus tard, dans les Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensem. pour l’année 1764 (publiés en 1763), Hell présente ses conceptions sur la parallaxe solaire :

  • 17 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen. Anni 1764, [1763], p. 225.

« À partir de toutes les observations je pense que nous devons – en attendant l’année 1769, au cours de laquelle un autre passage de Vénus devant le disque du Soleil sera observé – tirer la conclusion provisoire qu’une parallaxe déduite par moyenne arithmétique doit être adoptée, à savoir, 9,00 secondes d’arc17. »

  • 18 Alexandre Guy Pingré, Histoire de l’Académie Royale des Sciences avec les Mémoires de mathématique (...)
  • 19 Cf. Jérôme Lalande, Astronomie, Paris, chez Desaint & Saillant, t. II, 1764, p. 800 : « en attenda (...)
  • 20 Lalande à Hell, 29 décembre 1763 (Pinzger, t. II, p. 190-191, ici p. 191).
  • 21 Dans leurs lettres de cette période à Wargentin, Hell et Lalande expriment tous deux leur désaccor (...)

9Pendant ce temps, d’autres astronomes étaient parvenus à des conclusions variées, des 10,6’’de Pingré aux 8,2’’de Planman18. Il est assez intéressant de constater que la conclusion de Hell est répétée presque mot pour mot par Lalande dans la première édition de son Astronomie publiée en 176419. Et dans une lettre à Hell, datée du 29 décembre 1763, Lalande dit à propos des Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensem qu’il est parvenu aux mêmes conclusions sur la parallaxe solaire. « M. Pingré », cependant, « a été bien fâché de la lettre, que vous lui avés écrite, il m’en a fait des plaintes, comme si j’en étois la cause ; mais il avoit tort le premier de critiquer d’une manière indécente vos observations, qui valent mieux, que les siennes20 ». Le débat se poursuivit dans les années qui suivirent, et Pingré se trouva de plus en plus isolé dans son insistance pour une parallaxe solaire de plus de 10’’. Mais Hell et Lalande ne jouèrent officiellement aucun rôle de premier plan dans ce débat21.

Figures 2 et 3. La première lettre écrite par Lalande à Hell, datée du 10 mai 1761 (Dimension originale 34 x 22 cm), Cliché de Per Pippin Aspaas, avec l’aimable autorisation de l’Université de Vienne.

Figures 4 et 5. Réponse de Lalande à la lettre précédente, datée du 12 juin 1762 (Dimension originale 34 x 22 cm), Cliché de Per Pippin Aspaas, avec l’aimable autorisation de l’Université de Vienne.

  • 22 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1765, (1764), p. 364-368 ; Journal des (...)
  • 23 Hell, De Satellite Veneris, Vienne, Trattner, 1765.
  • 24 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1765, (1764), p. 228-254.

10Dans le courant des années 1760, les relations de Hell avec certains de ses collègues français devinrent compliquées. Ainsi, Trébuchet attaqua certains des calculs de Hell concernant les passages de Vénus22, Hell écrivit un traité déniant l’existence du prétendu satellite de Vénus, annoncé par M. Montagne et Baudouin en mai 176123 et il y avait des désaccords au sujet du degré exact de méridien entre Vienne et Paris24. Cependant, rien dans les sources disponibles n’indique un conflit entre Lalande et Hell avant l’année 1770.

Les observations du passage de Vénus de 1769 effectuées par Maximilien Hell et les débats autour de la parallaxe solaire

  • 25 Rossijskaya Akademija Nauk Sankt-Petersburgskij Filial, Saint-Pétersbourg, Lettre de Lalande à J.A (...)

11Comme le passage de Vénus de 1769 approchait, des préparatifs à grande échelle furent entrepris pour assurer des observations du maximum de points du globe possible. Comme l’on sait, Lalande joua un rôle important dans ce contexte. Puisque le passage devait se dérouler la nuit pour le continent européen, il devenait nécessaire de se rendre au royaume du Soleil de minuit pour bénéficier de toute la durée du passage. Ainsi, Lalande fit pression sur l’Académie impériale de Russie pour qu’elle dépêche des astronomes au nord du cercle polaire, et il exprima sa satisfaction du projet de l’Académie suédoise de placer des astronomes au nord de leur royaume25.

  • 26 P. Aspaas, « Maximilian Hell’s invitation to Norway », Communications in Asteroseismology, vol. 14 (...)
  • 27 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen. Anni 1773, (1772), ici p. 87-88.

12L’histoire de l’invitation du père Hell en Norvège a été relatée ailleurs, et ne nécessite pas d’être répétée ici26. Il est important de noter, cependant, que ni ses hôtes de Copenhague, ni l’astronome viennois lui-même n’en référèrent à Paris. Toutes les négociations demeurèrent secrètes, sans que Lalande fût avisé. Ce n’est qu’en juin 1768 que le père Hell informa ses collègues des autres pays qu’il était en chemin pour la Laponie norvégienne afin d’observer le passage de Vénus27.

  • 28 Sajnovics, Journal de voyage 1768-1770 (WUS), entrées 8 & 9 novembre 1770, Hell, Observatio Transi (...)
  • 29 Voir la contribution de Danielle Fauque à ce livre.
  • 30 Hell explique cette interdiction dans plusieurs textes imprimés. Il la mentionne aussi dans une le (...)

13La plupart des observations dans le grand nord échouèrent. Maximilien Hell, pour sa part, eut la chance d’observer le passage de Vénus dans son intégralité ainsi que d’obtenir les données dont il avait besoin pour déterminer la longitude et la latitude de Vardø. Ses deux assistants – le jésuite hongrois Jean (János) Sajnovics et le botaniste norvégien Jens Finne Borchgrevink – observèrent eux aussi le passage. Cependant, la publication de leur rapport pris du temps : ce n’est que le 8 février 1770 qu’une copie de 82 pages Observatio Transitus Veneris… Wardoëhusii… facta fut livrée au roi du Danemark. Le lendemain, des copies furent distribuées aux académies et sociétés étrangères dont l’Académie royale de Paris28. D’autre pays se comportèrent très différemment. Ainsi, le secrétaire de l’Académie royale de Suède fit une synthèse des observations de Suède et Finlande dans des lettres à Lalande pendant les jours et les semaines qui suivirent le 3 juin. L’Académie impériale des sciences de Russie collecta les données essentielles du passage des journaux d’expédition de ses astronomes dès leur retour dans la capitale, les imprima immédiatement et les envoya à Lalande. Et grâce à ses contacts étroits avec les astronomes d’Outre Manche29, Lalande reçut toutes les observations anglaises bien avant qu’elles ne soient publiées dans les Philosophical Transactions. Quoi qu’il en soit, Hell déclara ne pas être autorisé par ses commanditaires à partager ses résultats avec ses collègues étrangers avant que le rapport soit publié et présenté au roi30.

  • 31 Sajnovics, Journal de voyage 1768-1770 (WUS), entrée 3 avril 1770 : « heri Venit Epistola a De la L (...)

14Ce comportement suscita le soupçon et même la colère à l’étranger. Ayant enfin reçu le rapport de Hell, Lalande écrivit une lettre à la Société danoise des sciences dans laquelle il se plaignait de la lenteur de sa venue31. Le cardinal de Luynes explique comment les soupçons prirent de l’ampleur à l’Académie royale au printemps 1770 :

  • 32 WUS, Lettre de Luynes à Hell, Paris, 23 juin 1770.

« On à voulu eléver à notre Academie des difficultes, sur ce, que le detail de votre observation nous etoit arrivé si tard, ce retardement pouvant donner lieu aux critiques, de pretendre, que votre delay pouvoit donner lieu de soupçons, qu’ayant eu les tems de recevoir les autres observations, vous aurié pu y accomoder la votre32. »

  • 33 WUS, Lettre de Planman à Wargentin, Åbo, 22 juin 1770.

15L’une des observations que le père Hell aurait repris à son compte était celle d’André (Anders) Planman à Cajanebourg (aujourd’hui Kajaani, Finlande). Planman lui-même trouva tout d’abord la publication tardive du rapport de Hell suspecte, mais après l’avoir étudié dans le détail, il concéda rapidement qu’il ne pouvait pas avoir été fabriqué, les données de Vardø divergeant beaucoup trop pour cela : « Je le dégage de tout soupçon concernant l’exactitude de son observation (…). Les circonstances qui émergent du rapport n’auraient pas pu être fabriquées33. » Ainsi, le père jésuite fut dégagé de tout soupçon assez vite. Mais ceci n’empêcha pas d’autres aspects du rapport de devenir l’objet de critiques.

  • 34 Journal des Sçavans, septembre 1770, p. 619-622.
  • 35 Voir Hell, Observatio Transitus… op. cit., p. 7-29.

16En septembre 1770, une recension du rapport de Hell parut dans le Journal des Sçavans34. Bien que le nom de l’auteur ait été supprimé, il ne peut y avoir que peu de doutes sur son identité – Lalande. La recension est équilibrée. La hardiesse de Hell, qui prit l’initiative de cette expédition fatigante et dangereuse, est saluée dès le départ, et les lignes de conclusions sont pleines de flatteries pour Hell et son commanditaire, le roi du Danemark. Cependant, dans le corps du texte, le critique émet quelques objections : « Nous ignorons quelle est la cause qui a pu obliger le P. Hell de tenir si long-tems cachée une observation importante, tandis que tous les Astronomes de l’Europe s’empressoient de publier les leurs », écrit-il, sans développer plus avant. Plus loin, il critique violemment la détermination par Hell de la latitude de Vardø. C’était une opinion répandue dans l’astronomie de l’époque que l’atmosphère soit plus épaisse au nord et la réfraction plus importante qu’à Paris par exemple, où les meilleures tables de réfraction avaient été établies. En conséquence, Hell était rendu perplexe sur la manière de déterminer la position géographique de son observatoire. Son choix était d’utiliser deux étoiles culminant à la même distance zénithale, l’une au nord et l’autre au sud. Par ce moyen, toute influence de l’épaisseur de l’atmosphère était éliminée35. Le critique trouvait cette méthode comique, et le dit sans détour. La même chose advint à la détermination de Hell de la longitude de Vardø, qu’il avait calculée à l’aide d’une méthode différente de celle exposée par Lalande dans son Astronomie. Ainsi, d’après le critique, Hell basait ses investigations de latitude et longitude sur de fausses prémisses. Il désapprouvait également la détermination de la durée du passage par le jésuite, critiquant sa définition particulière des moments de « vrai contact » entre Vénus et le limbe solaire. Malgré tout, ces objections ne diminuaient pas « l’importance de cette observation de Wardoë, la plus complette que nous ayons reçue du nord de l’Europe ».

  • 36 Voir par exemple sa lettre à Weiss, datée du 19 juin 1772 (Pinzger, op. cit., t. II, p. 111-114).

17Le père Hell aurait pu considérer cela comme un succès partiel. Il y avait divergence sur des procédures pratiques, et il y avait divergence sur les mots – ce qui devait être considéré comme « vrais contacts ». Mais le fait que la recension occupait environ huit colonnes dans le Journal des Sçavans, prouvait finalement l’importance accordée à son observation. Pourtant, Hell se sentit plus offensé qu’honoré, et il encouragea ses collègues à tester ses méthodes de détermination des coordonnées géographiques36. Une offense plus sérieuse survint une année et demie plus tard, et une fois de plus, ce fut Lalande qui déclencha sa mauvaise humeur.

18Plusieurs acteurs étaient impliqués dans les efforts pour calculer la parallaxe solaire sur la base des passages de Vénus de 1769. De nouveau, les résultats n’étaient pas harmonieux, bien que les différences soient plus faibles qu’en 1761. Lalande publia les résultats de 9’’ (Gazette de France, janvier 1770) ou 9,18’’ (Journal des Sçavans, avril 1770) avant d’avoir accès aux observations de Hell. Ayant reçu les observations de Vardø ainsi que celle de Chappe en Californie, il l’ajusta à 8,75’’ (Gazette de France, décembre 1770) ou 8,80’’ (Journal des Sçavans, mai 1771 ; 2e éd. de l’Astronomie, août 1771), avant qu’il ne les change encore pour 8,50’’ (Gazette de France, septembre 1771 ; Journal des Sçavans, décembre 1771) après l’arrivée des observations du capitaine Cook et de son équipage à Tahiti. À partir de ce moment, il resta fixé sur 8,50’’, ou 8,60’’comme valeur maximale (Journal des Sçavans, février 1773 ; 3e éd. de l’Astronomie, 1792).

  • 37 Voir par exemple sa lettre à Roger Joseph Boscovich SJ, datée du 15 décembre 1771 (publiée par V. (...)
  • 38 Hell à Weiss, Vienne, 26 décembre 1771 (Pinzger, op. cit., T. II, p. 107-109). CVH, Lettre de Hell(...)
  • 39 Selon Hell, Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1773, [1772], p. 6.

19Si nous examinons les preuves de la correspondance, il apparaît que Lalande – au moins au départ – n’avait pas de préjugés contre l’observation de Vardø. En décembre 1771, en comparant les observations de Hell avec celles de Planman, il trouvait que les premières donnaient de meilleurs résultats, et conjecturait une parallaxe solaire de 8,60’’37. Simultanément, Hell arrivait à sa conclusion de 8,70’’, qu’il faisait reposer à l’origine sur sa propre observation de Vardø et celle de Charles Green à Tahiti38. Nous savons que le 20 décembre 1771, Hell écrivit une lettre à Lalande dans laquelle il lui conseillait d’exclure totalement l’observation de Planman de ses calculs de parallaxe39. Le ton de la lettre reflétait sans doute une trop grande confiance en soi car vers le 10 mars 1772, Lalande avait acquis la conviction contraire, comme on le voit dans une lettre à Boscovich :

  • 40 Lettre de Lalande à Boscovich, 10 mars 1772 (Varićak, op. cit., p. ccclxxiii-ccclxxvi).

« Que pensés vous du P. Hell, l’avés vous vu observer, est il adroit, est il instruit ? Je vois avec un extreme regret que son observation de Wardhus ne s’accorde avec aucune autre, et qu’il faut la rejetter40. »

  • 41 Voir le résumé dans Journal des Sçavans, septembre 1772, p. 613-623.
  • 42 Lalande, Memoire sur le passage de Venus…, p. 14 (cité d’après KVAH avril-juin 1772, p. 191).

20Le rejet public de la part de Lalande de l’observation du père Hell survint en avril 1772, sous la forme du Mémoire sur le passage de Vénus devant le disque du Soleil41 comportant quarante-quatre pages. Il y affirmait que l’observation de Planman à Kajaani « est devenue la plus importante de toutes celles d’Europe, en ce qu’elle a servi de confirmation & de terme de comparaison pour toutes les observations éloignées, avec lesquelles elle s’accorde complettement42 ».

  • 43 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1773, (1772). Voir aussi la lettre de H (...)
  • 44 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1773, (1772), p. 86-93.
  • 45 Ibidem, p. 103-105.
  • 46 Ibid., p. 8, 38, 86, 94, 110, etc.
  • 47 Ibid., p. 100-101.
  • 48 Ibid., p. 109.
  • 49 Ibid., p. 114-115.

21Ce mémoire fut pratiquement reçu comme une déclaration de guerre par le jésuite viennois. En moins de trois mois, il parvint à rédiger – et publier – un mémoire de cent seize pages, De Parallaxi Solis ex Observationibus Transitus Veneris Anni 1769, contenant un calcul détaillé de la parallaxe solaire et une attaque violente contre Lalande43. Hell y reproche à Lalande d’avoir fait montre de la grande arrogance caractéristique de quelques puissants. Lalande, poursuit-il, s’était senti blessé de ne pas avoir été consulté ni par Hell ni par la cour de Copenhague pour l’organisation de l’expédition de Vardø. D’autre part, lui et ses collègues français étaient proprement offensés que Hell ne fasse pas parvenir à Paris un extrait manuscrit de ses journaux d’observation, « comme à un tribunal astronomique (tamquam ad Tribunal astronomicum), par le premier courrier. Voilà pourquoi, lorsque le rapport arriva enfin, ils jugèrent qu’il devait y avoir eu fraude44 ». Cette arrogance avait dû conduire Lalande à négliger le fait que Planman était installé sur un site (Kajaani) où le Soleil était extrêmement bas sur l’horizon, conduisant les bords du soleil à onduler fortement, tandis que Hell à Vardø avait bénéficié de parfaites conditions atmosphériques et d’un Soleil très haut au-dessus du niveau de la mer. Pour rendre « l’incomplète et erronée observation de Kajaani » aussi complète qu’il en avait besoin, Lalande avait fait divers calculs sophistiqués, parvenant ainsi à un résultat de 8,50’’pour la parallaxe45. À maintes reprises, Hell décrit son adversaire parisien comme plus soucieux de son ambition personnelle que de la vérité46. Mais si l’observation de Planman avait été aussi exacte que Lalande le souhaitait, tous les autres astronomes se seraient trompés de 24 à 48 secondes en même temps47 ! Cette absurdité ne pourrait que conduire les collègues neutres à accepter la valeur de la parallaxe de Hell, plutôt que celle de Lalande. Pour résumer, Hell conclut que « Tahiti et Vardø seront les deux colonnes sur lesquelles la véritable parallaxe solaire de 8,70’’s’établira fermement et demeurera – comme sur des piliers de bronze – dans la mémoire éternelle de la Postérité, une mémoire que les générations à venir décoreront encore et encore des palmes de la victoire48 ». Car « nous vivons maintenant à une époque où l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, le Danemark, la Suède et la Russie possèdent toutes d’excellents astronomes, qui savent très bien décider par eux-mêmes la différence entre la vérité et le mensonge49 ».

  • 50 CVH, Lettre de Lexell à Wargentin, Saint-Pétersbourg, 5 octobre 1772.
  • 51 Voir Lexell in Collectio omnium observatioum quae occasione Transitus Veneris per Solem A. MDCCLXI (...)
  • 52 Lexell, Novi Commentarii Academiae Scientiarum Imperialis Petropolitanae XVII. Pro Anno 1772, (177 (...)
  • 53 Planman, Animadversiones Subitaneae in Appendicem Hellianam ad Ephemerides Anni MDCCLXXIII, De Par (...)

22L’un des collègues « neutres » auxquels Hell faisait allusion était un jeune adjoint (bientôt membre) de l’Académie impériale des sciences de St Pétersbourg, le mathématicien finnois André Jean (Anders Johan) Lexell. Élève de Leonard Euler, Lexell s’était vu confier par l’académie russe la tâche de calculer la parallaxe solaire dans les années suivant 1769. Pendant cette période, il fut bombardé de lettres de Hell comme de Lalande. Le second alla même jusqu’à lui demander d’être l’arbitre de la dispute, ce qu’il refusa50. Dans une série de mémoires sur le sujet en 1770-72, Lexell publia des parallaxes de 8,80’’, 8,76’’ et – après l’arrivée des observations de Tahiti – 8,63’’ ± 0,06’’51. L’élément clef de la dispute était de savoir laquelle des observations de Planman ou de Hell devait être utilisée pour les calculs. La solution de Lexell consistait à utiliser la valeur moyenne, car « je ne pouvais me résoudre – contrairement à toute probabilité, et au profit d’une seule observation – à accuser toutes les autres d’être fausses, ni à faire assez confiance à un astronome particulier, aussi expérimenté fut-il, pour le considérer comme en possession de quelque prérogative sur les autres qui le rendrait infaillible52 ». Quant à l’observateur Planman, il était – tout comme Hell – un astronome professionnel qui avait été lui aussi impliqué comme observateur et calculateur dans le passage de Vénus de 1761. Il était – tout comme Hell – furieux de voir sa fiabilité mise en cause, et en novembre 1772 il publia son propre calcul de la parallaxe solaire dans lequel il attaquait Hell et se plaçait dans le camp de Lalande, défendant une parallaxe solaire comprise entre 8,51’’ et 8,53’’53.

23Dans cette agitation, nous trouvons une seule voix diplomatique, celle d’un personnage du réseau qui resta en contact avec tous ceux qui étaient impliqués dans la dispute – Pierre (Pehr) Wilhelm Wargentin, astronome de premier plan et secrétaire de l’Académie royale des sciences de Suède. Dans une lettre au confrère de Hell à Tyrnavia, en Hongrie (aujourd’hui Trnava, Slovaquie), Wargentin dit :

  • 54 Wargentin à Weiss, Stockholm, 9 mars 1773 (Vargha, op. cit., t. I, p. 106-107).

« Je déteste fortement la controverse trop rude qui a mis aux prises Lalande, Hell, et Planman, au sujet des observations du dernier passage de Vénus ; il ne devrait pas y avoir de doute que Hell comme Planman ont fait tous leurs efforts pendant leurs observations, et qu’ils les ont publiées bona fide. Ils ont pu faire des erreurs de quelques secondes chacun, car ils sont après tout des êtres humains… La solution la plus sage eût été de concéder quelque chose à chaque observateur, en mettant sa confiance dans une parallaxe moyenne, calculée sur la base des deux observations54. »

  • 55 Journal des Sçavans, février 1773, p. 90-93 et p. 113-115.

24L’effet de la diplomatie de Wargentin (et peut-être d’autres esprits sensibles) peut être perçu dans le Journal des Sçavans de février 1773, où Lalande laisse paraître une « Lettre sur les calculs de M. Lexell et du P. Hell » au même titre qu’une « Lettre sur la parallaxe du Soleil55 ». Le ton semble s’être radouci :

  • 56 Ibidem, p. 113.

« Le P. Hell […] paroît déclarer la guerre à tous les Astronomes de Paris dans sa Brochure, en contestant la bonté de l’observation de M. l’Abbé Chappe, en rappelant d’anciennes contestations sur le prétendu Satellite de Vénus, sur la longitude de Vienne, sur les mesures géodesiques faites en Allemagne […] mais il doit me rendre cette justice, que notre correspondance a toujours eté pleine d’amitié & de respect de ma part, que je l’ai célébré dans toutes les occasions, & que je n’ai mis dans notre dispute actuelle d’autre plainte personelle contre lui, que celle d’avoir fait attendre si long tems aux Astronomes une observation qui leur étoit si nécessaire56. »

  • 57 Ibid., p. 115.
  • 58 Lettre de Lexell à Hell, Saint-Pétersbourg, 22 février 1773, in Ephemerides Astronomicae ad Meridi (...)
  • 59 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen,. Anni 1774, (1773), p. 62.

25En outre, Lalande prit soin de ne pas attaquer Lexell, il admit même quelques erreurs dans le Memoire sur le passage que ce dernier avait mises en évidence. Concernant la parallaxe, il croyait toujours que la valeur 8,50’’, ou « tout au plus 8,55’’ «  était la plus probablement correcte. « Enfin que la parallaxe soit de 8˝55 ou de 8˝70, la différence n’est que de la 57e partie du total, & le voyage du P. Hell n’aura pas moins l’avantage d’avoir contribué à resserer les limites de nos incertitudes57. » Un rapide échange de lettres entre Hell et Lexell pendant l’hiver 1772-73 scella aussi une sorte de réconciliation. Hell, en fait, pris la liberté d’inclure une des lettres de Lexell dans un Supplementum Dissertationis de Parallaxi Solis de cent soixante-six pages publié dans les Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensem pour l’année 177458. Cependant, il ajouta à presque chaque phrase des notes de bas de page si longues et compliquées qu’en fait la voix de Lexell était pratiquement noyée. Il est remarquable que Hell reconnaissait avoir commis plusieurs erreurs dans les calculs de De Parallaxi Solis (bien qu’il rende l’imprimeur responsable de nombre d’erreurs), mais il refusa de modifier sa conclusion initiale : la parallaxe, maintenait-il, n’était pas inférieure à 8,70’’, ou 8,70’’ ± 0,03’’ tout au plus59.

  • 60 A.G. Pingré, Histoire de l’Académie Royale des Sciences avec les Mémoires de mathématique et de ph (...)
  • 61 Hell avait, il est vrai, effectué un bref examen de l’observation de Rumovskiy et conclut qu’elle (...)
  • 62 CVH, Lettre de Lalande à Wargentin, Paris 5 janvier 1773.
  • 63 Lettre de Hell à Weiss, Vienne, 6 avril 1773 (Pinzger, op. cit., t. II, p. 114-117).

26Pendant l’hiver 1772-73, Pingré fut occupé à présenter à l’Académie royale une série de communications, dans lesquelles il concluait que la parallaxe solaire devait être 8,80’’, « à très peu près60 ». La seule chose qu’il rejetait était le contact extérieur d’émersion observé à Kajaani, les données d’immersion de Planman pouvaient être utilisée, disait-il. Pour ce qui concerne Tahiti, Pingré, après étude, trouva que l’observation de Green devait être écartée au profit de celle de Cook. Il examina même avec minutie une observation faite par temps nuageux par un académicien russe de Kola, Stepan Roumovskij, que Lalande, Lexell, et Planman avaient tous négligée61. Lalande était choqué, « mais je crois que je pourrai me mocquer de lui », dit-il dans une lettre à Wargentin62. Pour sa part, Hell ressentit un énorme soulagement. La différence entre leurs conclusions – 8,80’’ au lieu de 8,70’’ – venait lui semblait-il de l’utilisation par Pingré de l’observation de Cook à la place de celle de Green. Mais ce n’était pas vraiment une divergence, et le père jésuite jugeait sa crédibilité restaurée et la tristement célèbre donnée d’émersion de Kajaani rejetée des calculs63.

  • 64 Voir les lettres de Lalande à Weiss, 2 juillet 1775 et 1er avril 1777 (Vargha, op. cit., t. I, p.  (...)

27Avec l’été 1773 survint la suppression de la Société de Jésus. Le père Hell conserva sa charge d’Astronome impérial et royal, tout comme son titre de membre correspondant de l’Académie royale de Paris. Son contact officiel était toujours Lalande, bien que depuis plusieurs années il n’y ait plus eu de lien direct entre eux. Malgré tout, quelques relations épistolaires furent reprises au début des années 178064. La réconciliation totale, du moins du côté de Lalande, est perceptible dans un éloge rédigé à la mort de Hell en 1792 :

  • 65 Lalande, Bibliographie astronomique, avec l’histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 1802, Par (...)

« l’observation du P. Hell […] réussit complétement […] elle s’est trouvée, en effet, une des cinq observations complètes, faites à de grandes distances, et où l’éloignement de Vénus changeant le plus la durée du passage, nous a fait connaître la véritable distance du soleil et de toutes les planètes à la terre ; époque remarquable dans l’histoire de l’astronomie, à laquelle se trouvera lié à juste titre le nom du P. Hell, dont le voyage fut aussi fructueux, aussi curieux et aussi pénible que ceux de la mer du Sud, de la Californie et de la baie d’Hudson, entrepris à l’occasion de ce célèbre passage de Vénus sur le soleil65. »

28Pas de mention ici d’un conflit antérieur, la réputation de Hell était finalement restaurée par l’un de ses principaux adversaires.

Épilogue

29Nous avons rencontré deux personnalités hautement ambitieuses de l’astronomie du dix-huitième siècle. De nouveaux témoignages sur leur relation ont été présentés et soumis à l’examen. Un fait qui semble être passé inaperçu est qu’ils étaient totalement d’accord sur les conclusions à tirer du premier passage de Vénus de 1761. Les débats qui suivirent le second passage, cependant, mirent les deux astronomes aux prises, mais virent l’alliance de Pingré et Hell, qui s’opposaient préalablement.

30Ce débat sur la parallaxe solaire ne peut être réduit aux personnalités de Hell et Lalande, pas plus qu’aux étiquettes « astronome jésuite » contre « l’Académie de Paris ». D’une part, deux membres de la même Académie, Pingré et Lalande, n’étaient pas d’accord sur la parallaxe solaire et exprimaient des points de vue différents concernant la fiabilité du père Hell. En prenant en compte d’autres personnages, l’image devient bien plus nuancée. Ainsi nous avons vu comment Hell comme Lalande se dépensèrent pour gagner des partisans dans les pays « neutres » comme la Russie et la Suède. Il est aussi important de montrer qu’ils se réconcilièrent totalement, comme le montre l’éloge que Lalande rédigea à la mort de Hell.

  • 66 M. Feingold (dir.), Jesuit Science and the Republic of Letters, Cambridge, Mass. /London, MIT Pres (...)
  • 67 Horst Kastner-Masilko, Franciscus de Paula Triesnecker: Astronom, Mathematiker und Landvermesser a (...)
  • 68 Jean-Claude Pecker, « L’œuvre scientifique de Joseph-Jérôme Lefrançois de Lalande (1732-1807) », L (...)
  • 69 Moutchnik, op. cit., p. 184-193.
  • 70 John L. Heilbron, Electricity in the 17th and 18th Centuries, Berkeley, Dover, 1979, p. 109.
  • 71 CVH, Lettres de Lexell à Wargentin, Saint-Pétersbourg, 12 avril et 7 septembre 1772, 23 mars 1773.
  • 72 Par exemple CVH, Lexell à Wargentin, Saint-Pétersbourg, 23 mars 1773 : « Je l’ai assuré, que je tr (...)
  • 73 Comparer Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1762, [1761], p. 36 avec Ephem (...)
  • 74 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1773, p. 79-80

31Dans une contribution à l’histoire de la science jésuite, Mordechai Feingold présente l’histoire de Maximilien Hell et du passage de Vénus de 1769 comme « symptomatique des réactions très fortes que les jésuites suscitaient à la veille de la dissolution de l’Ordre66 ». Une biographie du successeur de Hell à la direction de l’observatoire de Vienne, Triesnecker, affirme même que Lalande était un ennemi personnel des jésuites, « leur livrant une guerre sans merci67 ». Jean-Claude Pecker lui aussi, dans un essai biographique sur Lalande, parle de « l’injuste soupçon d’un athée notoire vis-à-vis un prêtre au nom prédestiné68 ». Aujourd’hui, ces affirmations peuvent-elles être maintenues ? On sait que Lalande aida le jésuite Chr. Mayer à se rendre à St Pétersbourg pour la même raison que Hell se rendait en Norvège69, et il cultiva une amitié étroite avec Boscovich pendant la durée de la dispute avec son confrère de Vienne. Lalande, lui-même élève des jésuites, est en fait connu pour avoir regretté l’abolition de leur « illustre société70 ». De l’aveu général, l’examen des lettres de Lexell à Wargentin révèle que Lexell – dans la chaleur du moment – n’hésita pas à dénigrer les arguments de Hell comme « des sophismes caractéristiques d’un jésuite71 ». Mais de tels sentiments ne furent jamais exprimés dans une publication scientifique sur la parallaxe, et Lexell ne qualifia jamais Hell de jésuite dans sa correspondance avec lui72. Bien plus manifeste est la polémique de Hell contre la science française dans son ensemble. Pendant que Hell dans son étude sur les observations du passage de Vénus de 1761 avait exalté la France comme « la plus féconde mère des meilleurs astronomes de notre époque », il critiqua dans De Parallaxi Solis (1772) toutes les actions menées par les Français73. Dans l’intervalle bien entendu, la France avait expulsé les jésuites (de 1761 à 1764) et pressait le Pape de faire de même dans tous les pays catholiques. Hell prend soin de protéger de la critique non seulement sa propre observation de Vardø, mais aussi celle des missionnaires jésuites de Pékin74. En fait, l’impression que l’on éprouve en relisant ce débat vieux de deux cent trente-cinq ans, est que le jésuite de Vienne était plus prévenu contre Lalande comme représentant de la science française que quelqu’un d’autre, Lalande inclus, ne l’était contre lui en tant que jésuite.

  • 75 Helge Kragemo, « Pater Hells Vardøhusekspedisjon », in G. I. Willoch (dir.), Vardøhus Festning 650 (...)
  • 76 CVH, Lettres de Lexell à Wargentin, 25 février 1771, 13 juillet, 7 septembre et 5 octobre 1772, et (...)
  • 77 CVH, François Charles de Baër à Wargentin, Paris, 18 janvier 1770.

32On a dit de Hell que, dans la querelle autour de la parallaxe solaire, il se comporta en protagoniste détestable qui « utilisait toutes les ficelles, les calculs erronés, les mauvaises déterminations de longitudes et les effets incorrects de parallaxe75 ». Ceci est peut-être vrai, mais en même temps, nous pouvons conclure prudemment que c’était simplement la règle à l’époque ; Lexell exprima exactement la même critique contre Hell, Planman, et Lalande76. Même l’insistance de Hell sur le fait que Lalande était conduit plus par son ambition personnelle que par la quête de la vérité était relayée par Lexell. En janvier 1770, lorsque Lalande publia la première de ses séries de calculs sur la parallaxe basés sur les observations de 1769, un autre des correspondants de Wargentin à Paris remarqua que « le merite de ce sçavant, très grand en lui meme, le seroit doublement s’il etoit moins ennemi de celui des autres77 ».

  • 78 Thomas Hornsby, Philosophical Transactions LXI. I, pour l’année 1771, (1772), p. 574-579.
  • 79 Pingré, Histoire de l’Académie Royale des Sciences avec les Mémoires de mathématique et de physiqu (...)

33Dans leur constant combat pour la gloire personnelle, les deux personnages centraux de notre étude étaient probablement sur un pied d’égalité. L’un d’eux eût-il été plus modeste, il est peu probable qu’un conflit fût apparu entre eux. Pour la parallaxe solaire, Hell était celui qui était le plus proche de la vérité, bien qu’il ait utilisé des moyennes inacceptables, même pour le dix-huitième siècle. Son choix de rejeter l’observation de Planman à Kajaani était vraiment une bonne idée, tandis que son utilisation par Lalande en lieu et place de celle de Vardø ne l’était pas. Hornsby, qui omit Kajaani au profit de Vardø et Kola, trouva 8,78’’ pour la parallaxe horizontale moyenne78, et Pingré et Duséjour trouvèrent 8,80’’ et 8,81’’ respectivement, en rejetant l’émersion observée à Kajaani79. La réponse de l’astronomie contemporaine est 8,794’’. Requiescant in pace Hellius et Lalandius !

Notes

1 Harry Woolf, The transits of Venus: A study of eighteenth-century science, Princeton, Princeton University Press, 1959, ici p. 4. Voir aussi David Sellers, The Transit of Venus. The Quest to find the True Distance of the Sun, Leeds, MegaVelda Press, 2001, Christophe Marlot, Les passages de Vénus. Histoire et observation d’un phénomène astronomique, Paris, Vuibert, 2004.

2 Carl Ludwig Littrow, P. Hell’s Reise nach Wardoe bei Lappland und seine Beobachtung des Venus-Durchganges im Jahre 1769, Vienne, Carl Gerold, 1834.

3 Simon Newcomb, « On Hell’s alleged Falsification of his Observations of the Transit of Venus in 1769 », Monthly Notices of the Royal Astronomical Society 43, mai 1883, p. 372-381; « Discussion of Observations of the Transits of Venus in 1761 and 1769 », United States Nautical Almanac, Astronomical Papers, II. 5, p. 259-405.

4 De bonnes biographies ont été rédigées entre autres par Ferenc Pinzger, Hell Miksa Emlékezete, t. I-II, Budapest, Kiadja a Magyar Tudományos Akadémia, 1920-27, George Sarton, Isis 35, (1944), p. 97-105, Anton Pinsker, Freinberger Stimmen 41, (1971), p. 99-111, et Konradin Ferrari d’Occhieppo, in W. Pollak (dir.), Tausend Jahre Österreich, Vienna, Jugend und Volk, 1973, p. 349-352. La notice nécrologique in F. Schlichtegroll (dir), Nekrolog auf das Jahr 1792, Gotha, Justus Perthes, 1793, p. 282-303, est toujours précieuse.

5 Voir Carlos Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. IV, Bruxelles, Oscar Schepens / Paris, Alphonse Picard, 1893, p. 238-258.

6 Voir par exemple Nova Acta Eruditorum, février 1762, p. 49-58 ; Journal des Sçavans, octobre 1761, p. 672-675.

7 Des parties de la correspondance de Hell ont été publiées par Pinzger, op. cit., et Magda Vargha, Correspondence de Ferenc Weiss astronome hongrois du XVIIIe siècle, t. I-II, Budapest, Bibliothèque de l’Université, 1990-1992. La plupart des lettres non publiées utilisées dans cette étude sont conservées à la Wiener Universitätssternwarte, Vienne, Manuscripte von Hell, Chr. 90, Mappe 1-4 (WUS par la suite) et au Centrum för vetenskapshistoria vid Kungl. Vetenskapsakademien à Stockholm (CVH par la suite), correspondance de Wargentin.

8 Les deux jésuites étaient le professeur de Würzburg François (Franz) Huberti et le professeur de Heidelberg Christian Mayer (voir Alexander Moutchnik, Forschung und Lehre in der zweiten Hälfte des 18. Jahrhunderts: Der Naturwissenschaftler und Universitätsprofessor Christian Mayer SJ [1719-1783], Augsburg, Dr Erwin Rauner Verlag, 2006, p. 67-69, p. 152-154, p. 447). Huberti rapporta que les Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen reçurent des éloges des astronomes de Paris, bien que Delisle ait ajouté que ce serait une bonne idée pour Hell de passer plus de temps en observations qu’en calculs (WUS, Huberti à Hell, Paris, 3 octobre 1757).

9 Selon la Connaissance des temps pour l’année 1760 (publiée en 1759) et les éditions suivantes, Hell devint membre correspondant le 23 décembre 1758. De 1758 à 1762 son contact officiel à l’Académie était La Caille, de 1763 à 1768, Delisle, et de 1769 à 1792, Lalande.

10 Voir Michel Mervaud (dir), Chappe d’Auteroche : Voyage en Sibérie, Oxford, SVEC, 2004, p. 250-25, Moutchnik, op. cit., p. 86-90.

11 Maximilianus Hell, Transitus Veneris per discum Solis Anni 1761. Die Astronom. 5. Junii calculis definitus et methodis observandi illustratus, Vienne, Trattner, 1760.

12 WUS, Hell à La Caille, Vienne 31 janvier 1761.

13 WUS, Lalande à Hell, 10 mai 1761.

14 Voir la contribution de Jacques Gapaillard dans le présent ouvrage.

15 WUS, Hell à Lalande, Vienne 12 juin 1761.

16 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1762, [1761], surtout p. 39-40.

17 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen. Anni 1764, [1763], p. 225.

18 Alexandre Guy Pingré, Histoire de l’Académie Royale des Sciences avec les Mémoires de mathématique et de physique tirés des registres de cette Académie 1761, (1763), Mémoires, p. 413-486 ; Anders Planman, Kongl. Vetenskaps-Academiens Handlingar (KVAH) avril-juin 1763, p. 118-134.

19 Cf. Jérôme Lalande, Astronomie, Paris, chez Desaint & Saillant, t. II, 1764, p. 800 : « en attendant que le passage de 1769 nous ait donné à ce sujet de nouvelles lumieres, nous nous en tiendrons à faire la parallaxe moyenne du soleil de 9˝ ».

20 Lalande à Hell, 29 décembre 1763 (Pinzger, t. II, p. 190-191, ici p. 191).

21 Dans leurs lettres de cette période à Wargentin, Hell et Lalande expriment tous deux leur désaccord avec Pingré (Centrum för vetenskapshistoria vid Kungl. Vetenskapsakademien à Stockholm (CVH par la suite), Lalande à Wargentin, 27 juin 1763 ; 28 février & 1er septembre 1764 ; Hell à Wargentin, 12 mai 1764 & 10 mai 1765).

22 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1765, (1764), p. 364-368 ; Journal des Sçavans, octobre 1766, p. 644-657 ; Journal des Sçavans, août 1767, p. 624-626 ; voir aussi Trebuchet, Lettre à Messieurs les auteurs du Journal des Sçavans. Sur le passage de Vénus, Bouillon, la Société Typographique, 1770.

23 Hell, De Satellite Veneris, Vienne, Trattner, 1765.

24 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1765, (1764), p. 228-254.

25 Rossijskaya Akademija Nauk Sankt-Petersburgskij Filial, Saint-Pétersbourg, Lettre de Lalande à J.A. Euler, 17 mai 1767, CVH, Lettre de Lalande à Wargentin, Rennes 3 juin 1768.

26 P. Aspaas, « Maximilian Hell’s invitation to Norway », Communications in Asteroseismology, vol. 149, 2008, p. 10-20.

27 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen. Anni 1773, (1772), ici p. 87-88.

28 Sajnovics, Journal de voyage 1768-1770 (WUS), entrées 8 & 9 novembre 1770, Hell, Observatio Transitus Veneris ante discum Solis die 3. Junii Anno 1769. Wardoëhussii, auspiciis potentissimi ac clementissimi Regis Daniæ et Norvegiæ, Christiani VII. facta, et Societati Regiæ Scientiarum Hafniensi prælecta, Copenhague, Gerhard Giese Salicath, 1770. Pour un résumé en français de ce rapport, voir Chappe d’Auteroche, Voyage en Californie… Rédigé & publié par M. de Cassini fils, Paris, Charles-Antoine Jombert, 1772, p. 151-154.

29 Voir la contribution de Danielle Fauque à ce livre.

30 Hell explique cette interdiction dans plusieurs textes imprimés. Il la mentionne aussi dans une lettre à Wargentin, Copenhague, 7 novembre 1769 (CVH).

31 Sajnovics, Journal de voyage 1768-1770 (WUS), entrée 3 avril 1770 : « heri Venit Epistola a De la Lande in qua Satis arroganter queritur tarditatem Comunicatæ Observationis cum Parisinis, et minas satis Contumeliosas adjicit. Sub finem de societate scientiarum Danica quasi ignota perconctatur, et num in animo habeat acta edendi, et quando ? querit & ce ». Selon Hell, Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1773, [1772], p. 92, Lalande reçut sa copie de ce rapport le 4 mars 1770.

32 WUS, Lettre de Luynes à Hell, Paris, 23 juin 1770.

33 WUS, Lettre de Planman à Wargentin, Åbo, 22 juin 1770.

34 Journal des Sçavans, septembre 1770, p. 619-622.

35 Voir Hell, Observatio Transitus… op. cit., p. 7-29.

36 Voir par exemple sa lettre à Weiss, datée du 19 juin 1772 (Pinzger, op. cit., t. II, p. 111-114).

37 Voir par exemple sa lettre à Roger Joseph Boscovich SJ, datée du 15 décembre 1771 (publiée par V. Varićak, Drugi ulomak Boškovićeve korespondencije, Yougoslavie, 1912, p. ccclxviii-ccclxx).

38 Hell à Weiss, Vienne, 26 décembre 1771 (Pinzger, op. cit., T. II, p. 107-109). CVH, Lettre de Hell à Wargentin, Vienne, 1er janvier 1772.

39 Selon Hell, Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1773, [1772], p. 6.

40 Lettre de Lalande à Boscovich, 10 mars 1772 (Varićak, op. cit., p. ccclxxiii-ccclxxvi).

41 Voir le résumé dans Journal des Sçavans, septembre 1772, p. 613-623.

42 Lalande, Memoire sur le passage de Venus…, p. 14 (cité d’après KVAH avril-juin 1772, p. 191).

43 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1773, (1772). Voir aussi la lettre de Hell à Fixlmillner, Vienne 17 juillet 1772 (publiée par Ansgar Rabenalt, « Astronomische Forschung im 18. Jahrhundert in Kremsmünster », Mitteilungen des Oberösterreichischen Landesarchivs 15, 1986, p. 93-216, ici p. 118-119).

44 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1773, (1772), p. 86-93.

45 Ibidem, p. 103-105.

46 Ibid., p. 8, 38, 86, 94, 110, etc.

47 Ibid., p. 100-101.

48 Ibid., p. 109.

49 Ibid., p. 114-115.

50 CVH, Lettre de Lexell à Wargentin, Saint-Pétersbourg, 5 octobre 1772.

51 Voir Lexell in Collectio omnium observatioum quae occasione Transitus Veneris per Solem A. MDCCLXIX iussu Augustae per Imperium Russicum institutae fuerunt…, Saint-Pétersbourg, Typis Academiae Scientiarum, 1770, surtout p. 538-539 et 556 ; Disqvisitio de investiganda vera qvantitate Parallaxeos Solis, ex Transitu Veneris ante discum Solis Anno 1769. cui accedunt animadversiones in tractatum Rev. Pat. Hell de Parallaxi Solis, Saint-Pétersbourg, Typis Academiae Scientiarum, 1772, surtout p. 59.

52 Lexell, Novi Commentarii Academiae Scientiarum Imperialis Petropolitanae XVII. Pro Anno 1772, (1773), p. 609-672, ici p. 669.

53 Planman, Animadversiones Subitaneae in Appendicem Hellianam ad Ephemerides Anni MDCCLXXIII, De Parallaxi Solis, Åbo (Turku), Joh. Chr. Frenckell.

54 Wargentin à Weiss, Stockholm, 9 mars 1773 (Vargha, op. cit., t. I, p. 106-107).

55 Journal des Sçavans, février 1773, p. 90-93 et p. 113-115.

56 Ibidem, p. 113.

57 Ibid., p. 115.

58 Lettre de Lexell à Hell, Saint-Pétersbourg, 22 février 1773, in Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1774, (1773), p. 15-68.

59 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen,. Anni 1774, (1773), p. 62.

60 A.G. Pingré, Histoire de l’Académie Royale des Sciences avec les Mémoires de mathématique et de physique tirés des registres de cette Académie 1772, (1775), Mémoires, part I, p. 398-420, ici p. 419.

61 Hell avait, il est vrai, effectué un bref examen de l’observation de Rumovskiy et conclut qu’elle donnait une parallaxe de 8.73˝, mais sans y accorder d’importance ; cf. Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1773, p. 80-84.

62 CVH, Lettre de Lalande à Wargentin, Paris 5 janvier 1773.

63 Lettre de Hell à Weiss, Vienne, 6 avril 1773 (Pinzger, op. cit., t. II, p. 114-117).

64 Voir les lettres de Lalande à Weiss, 2 juillet 1775 et 1er avril 1777 (Vargha, op. cit., t. I, p. 119-121 ; 128-129). Lettre de Hell à Weiss, 9 février 1782 (Pinzger, op. cit., t. II, p. 134-135).

65 Lalande, Bibliographie astronomique, avec l’histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 1802, Paris, Imprimerie de la République, 1803, p. 721-722.

66 M. Feingold (dir.), Jesuit Science and the Republic of Letters, Cambridge, Mass. /London, MIT Press, 2003, p. 1.

67 Horst Kastner-Masilko, Franciscus de Paula Triesnecker: Astronom, Mathematiker und Landvermesser aus Mallon bei Kirchberg am Wagram, Gösing/Wagram, Édition Weinviertel, 2005, p. 48.

68 Jean-Claude Pecker, « L’œuvre scientifique de Joseph-Jérôme Lefrançois de Lalande (1732-1807) », Les nouvelles annales de l’ain, 1985, p. 1-31, ici p. 19. Dans un ouvrage postérieur, Pecker conclut différemment, voir « Jérôme de Lalande and international cooperation », Acta Historica Astronomiae t. 3, 1998, p. 52-61, surtout p. 60.

69 Moutchnik, op. cit., p. 184-193.

70 John L. Heilbron, Electricity in the 17th and 18th Centuries, Berkeley, Dover, 1979, p. 109.

71 CVH, Lettres de Lexell à Wargentin, Saint-Pétersbourg, 12 avril et 7 septembre 1772, 23 mars 1773.

72 Par exemple CVH, Lexell à Wargentin, Saint-Pétersbourg, 23 mars 1773 : « Je l’ai assuré, que je trouve de tels procédés mesquins, répugnants, enfantins et ridicules ; je pensais qu’ils étaient dignes d’un jésuite mais je ne l’ai pas dit ». On peut aussi noter que Lexell développa une amitié étroite avec Chr. Mayer SJ pendant sa visite à Saint-Pétersbourg et le recommanda à Wargentin ; CVH, Lexell à Wargentin, 10-11 juin 1770. Ainsi, ni Lexell ni Lalande n’avaient vraiment de préjugés contre les jésuites en tant que tels.

73 Comparer Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1762, [1761], p. 36 avec Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1773, (1772), p. 111-114.

74 Ephemerides Astronomicae ad Meridianum Vindobonensen, Anni 1773, p. 79-80

75 Helge Kragemo, « Pater Hells Vardøhusekspedisjon », in G. I. Willoch (dir.), Vardøhus Festning 650 år. Jubileumsskrift, Oslo, Generalinspektøren for Kystartilleriet, 1960, p. 92-125, ici p. 121-122.

76 CVH, Lettres de Lexell à Wargentin, 25 février 1771, 13 juillet, 7 septembre et 5 octobre 1772, etc.

77 CVH, François Charles de Baër à Wargentin, Paris, 18 janvier 1770.

78 Thomas Hornsby, Philosophical Transactions LXI. I, pour l’année 1771, (1772), p. 574-579.

79 Pingré, Histoire de l’Académie Royale des Sciences avec les Mémoires de mathématique et de physique tirés des registres de cette Académie 1772, (1775), Mémoires, part I, p. 419 ; Dionis Duséjour, Histoire de l’Académie Royale des Sciences avec les Mémoires de mathématique et de physique tirés des registres de cette Académie 1781 (1784), p. 297-336, ici p. 330 (la « parallaxe horizontale polaire » de 8,84’’ de Duséjour est égale à 8,81’’ pour l’équatoriale). Duséjour, néanmoins, avait de sérieux doutes sur la fiabilité de l’observation de Hell, cf. op. cit., p. 328-329.

Table des illustrations

Légende Figure 1. Maximilien Hell dans sa robe laponne. (Copie de J. G. Haid, Vienne 1771, d’après un dessin de W. Pohl. Size).
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Légende Figures 2 et 3. La première lettre écrite par Lalande à Hell, datée du 10 mai 1761 (Dimension originale 34 x 22 cm), Cliché de Per Pippin Aspaas, avec l’aimable autorisation de l’Université de Vienne.
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Légende Figures 4 et 5. Réponse de Lalande à la lettre précédente, datée du 12 juin 1762 (Dimension originale 34 x 22 cm), Cliché de Per Pippin Aspaas, avec l’aimable autorisation de l’Université de Vienne.
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Auteur

Professeur associé d’histoire, Université de Tromsø (Norvège).

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