L’air domestiqué
p. 145
Texte intégral
1Les civilisations humaines ont utilisé l’air et le vent de plusieurs manières. Un répertoire des usages volontaires ou involontaires en laisse apparaître plusieurs. L’air transporte des pollens, des spores, des graines et autorise donc le transfert de plantes, leur propagation d’une contrée à une autre. Si les premiers essais d’envol et de déplacement n’ont pas forcément été couronnés de succès, on ne saurait négliger le souvenir d’Icare dans l’imaginaire ou les recherches de Michel Ange au seuil de la Renaissance sur les engins volants. La maîtrise de l’air a des usages militaires en asphyxiant, portant (les flèches) ou brûlant à distance l’adversaire, des usages ludiques avec les jeux et les sons. L’économie ne saurait s’en passer comme force aérodynamique, comme instrument de cuisson, de séchage et de transformation à travers les silos, les claies à poisson, les multiples cheminées.
2– Le moulin (molendinum), un des instruments symboliques du Moyen Âge et d’une « première révolution industrielle », partie intégrante de nos paysages d’antan, désigne à la fois un engin mécanique, utilisant une force motrice pour produire une énergie naturelle, l’appareil qui actionne un mécanisme, l’outil qui livre à la fin du processus de la farine ou qui peut être adapté à un usage industriel et un instrument d’encadrement seigneurial par la banalité qui y est attaché (Chapitre 6.)
3Le vent sert aussi, dans les campagnes, à affiner le fromage dans les caves et fleurines, à séparer les grains des cosses, à sécher les récoltes, à d’autres usages du moment ou à venir qui justifient l’orientation des bâtiments des fermes en fonction du séchage des plantes. On l’observe de nos jours pour le maïs ou pour le tabac dans le Sud-Ouest aquitain ou en Bresse.
4– La force de l’air est aussi l’auxiliaire du marin, le moteur d’une embarcation de toute dimension qui évolue sur une mer et rejoint, toutes voiles déployées, des rives ou les ports aménagés. (Chapitre 7.)
5– L’air trouve enfin son utilisation dans l’industrie minière, dans la production de fer forgé, pour d’autres usages industriels tels que la verrerie (Chapitre 8.)
Des contrats et des marchés en nombre limité, des devis, le coût en réparations inscrites dans les comptes domaniaux, au chapitre des mises ou des dépenses, une palette d’autres documents dispersés donnent des précisions sur des machines agricoles et artisanales, répandues sur le tard dans des régions ventées ou forestières, dans les agglomérations urbaines. Quelques moulins sont représentés sur les marges de manuscrits, sur celles du Psautier de Luttrell d’Irnham dans le Liconshire1.
Notes de bas de page
1 M. C. Amouretti et G. Comet, Hommes et techniques de l’Antiquité à la Renaissance, Paris, 1993 – F. et J. Gies, Cathedral, Forge and Waterwheel. Technology and Invention in the Middle Ages, New York, éd. Harper-Perennial, 1995 – M. Camille, Images dans les marges, aux limites de l’art médiéval, Paris, Gallimard, 1997, p. 162.
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