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  • Chapitre 3. Le « maulvès her »
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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Des « souffles pestilents » Des « semences » odoriférantes L’obsession des « nuizances » Mesures coercitives d’hygiène et prophylaxie « aériste » Notes de bas de page

    L'air et le vent au Moyen Âge

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre 3. Le « maulvès her »

    p. 67-98

    Texte intégral Des « souffles pestilents » Une réalité, sujet de réflexion et de discussion Des « semences » odoriférantes La croissance démographique et l’augmentation des pollueurs L’amplification des nuisances à l’époque de la guerre de Cent Ans Les vilaines manières du temps Le monde animal en ville L’air pollué des ateliers Les égouts à ciel ouvert ! L’obsession des « nuizances » Un « venin », une menace réelle pour l’humanité Des explications irrationnelles sur la corruption de l’air, de l’eau et du sol La grande « inficcion d’air » Mesures coercitives d’hygiène et prophylaxie « aériste » La lutte contre la « puantour » source de « pestillance de l’impédimie » Les commodités publiques Notes de bas de page

    Texte intégral

    1L’air que reconnaît et mesure l’odorat, l’un des cinq sens du corps, est rarement de bonne qualité. Il est plutôt réputé méphitique, domagié et ord au point de provoquer dans les pires endroits, les merderons, un profond dégoût pour la fétidité et l’immondicité, ces deux fléaux que dénoncent les enquêtes de incommodo et une nébuleuse d’autres fragments de textes.

    2Les conditions les plus défavorables, celles qui soulèvent le cœur, offensent le nez et causent même des malaises, émanent d’un marais voisin (Saint-Omer, Calais, Dol), de l’humidité du sol (Lille), d’un trou et d’un cul de fosse (sic), d’une ruelle au Pipi, d’une plage servant de dépotoir (Saint-Malo). Elles viennent, plus communément, de la proximité d’abattoirs, d’ateliers polluants, de lieux d’aisance ou retraits collectifs, de fumiers, qui sont des rebuts de la vie courante. La pourriture provenant des charognes et des viscères, les résidus excrémentiels, l’urine, les eaux putrides ou saumâtres sont sources d’inconvénients majeurs, causes d’angoisse, de peur au moindre soupçon de pestilance. Le pire est encore à craindre quand une forge ou un atelier exhale des fumées putrides, chargées d’humidité et de particules en suspension, des vapeurs (en réalité des gaz), des rejets de liquides nauséabonds, des oxydes métalliques et de plomb, des déchets toxiques. Il est probable toutefois que nos ancêtres étaient plus habitués à supporter le putride que nos nez délicats et toléraient un seuil de nuisance que nous ne pourrions supporter dans nos civilisations aseptisées.

    3Perdant ses qualités originelles, l’air inhalé par les humains s’altère, devient vite irrespirable, modifie l’équilibre humoral fixé par la science médicale d’alors, au point d’être qualifié d’infect, d’immonde. Les témoignages n’hésitent pas à parler de venin, de punaisie, de putride, de l’ord(e), des curures dangereuses pour l’organisme. L’air, qui était à l’origine même de la vie, devient cause de mort, une idée que développe Hippocrate dès l’Antiquité grecque. Des médecins, de simples citadins, désorientés par la résurgence de leurs maux et le manque d’efficacité des soins, ont pris à ce point conscience des risques encourus en inhalant un souffle infect qu’ils en sont arrivés à adopter ce que nous appelons maintenant un comportement névrotique. Les plus sages ont dénoncé la menace de contagion, recherché des explications et des solutions pour éviter le pire1.

    4La rumeur, les témoignages d’enquêteurs, les dénonciations des riverains font état, à l’époque de la recrudescence de la peste noire au XIVe et au XVe siècle, « d’un air, avec son venin et malice, moult pénétrant et plein de vice », « corrompu par certaines fumées et souspirements des vapeurs pourries et infectées », provenant de matières organiques, des cadavres, des poudres (sic) et des cendres vénéneuses2.

    D’une lecture attentive et d’un discours commun des textes normatifs, des archives comptables qui se réfèrent à la réalité quotidienne, des enquêtes, des différents travaux menés sur les sécrétions olfactives, les odeurs intimes ou collectives, il ressort que beaucoup de rues étaient de véritables « cloaques à ciel ouvert » au XVe siècle. Ils étaient déjà dénoncés dès l’Antiquité par les médecins Hippocrate et Gallien, par des écrivains comme Ausone, Juvénal ou Martial, par les auteurs du haut Moyen Âge dans les étymologies d’Isidore de Séville ou dans l’Histoire des Francs de Grégoire de Tours.

    Des « souffles pestilents »

    5L’état dénaturé d’une atmosphère viciée, constaté à partir de textes qui se valident mutuellement mais impossible à identifier au Moyen Âge, a plusieurs origines que nous connaissons de nos jours. Les pollutions sont organiques, produites par les déjections des humains ou des animaux, chimiques avec les gaz, les poussières, les acides ou les oxydes métalliques et les mordants comme l’urine ou l’alun, mécaniques avec les tessons de poteries, les gravats.

    6Cette pollution multiforme qui menace l’odorat, le toucher, les organes vitaux concerne autant le sol et l’eau que l’air, au point de nous amener à confondre les trois éléments. C’est un domaine de recherches qui fut longtemps négligé avant que des historiens, des chimistes et des sociologues, prenant conscience de son existence, ne s’y intéressent dans leurs publications, avec des titres évocateurs ou aussi inattendus que Le miasme et la jonquille d’A. Corbin. Chacune des grandes catégories de documents systématiquement recensés et consultés apporte son lot d’informations, une fois les précautions élémentaires prises pour traquer la vérité et éviter de tomber dans des stéréotypes ou des exagérations sur les dévastations.

    7Le sujet fait maintenant partie intégrante des préoccupations des chercheurs qui y ont consacré des travaux rappelés dans le petit volume de J. A. Ternisien3.

    Une réalité, sujet de réflexion et de discussion

    8Que l’air malsain, associé de préférence à l’excrément, à la charogne, à la pourriture, aux rejets des ateliers soit une réalité sensible, de tout temps, à cette sonde qu’est le nez, personne ne le conteste. Cet « instrument naturel » montre que l’atmosphère se souille autant, sinon plus que le sol, l’eau, les corps, les aliments, les objets.

    9Pourtant le thème de la pollution, un mot alors inconnu en dehors d’un sens moral et sexuel, relève d’une recherche problématique complexe et constitue un thème de discussion sur les origines, l’intensité du drame et la lutte contre le fléau, au point même de susciter des contradictions dans les exposés des chercheurs4.

    10– D’aucuns veulent réhabiliter, envers et contre tout, l’hygiène publique du passé et l’atmosphère des villes médiévales, quitte à récuser des textes jugés trop alarmistes et soupçonnés de livrer une vision partielle et partiale de la réalité. Ils pensent que trop d’écarts séparent le discours littéraire rempli de clichés et la réalité que recherche l’historien.

    11Leur argumentation dénonce le misérabilisme des informateurs d’antan, des témoins de catastrophes, des violences des chevauchées des routiers ou des féodaux, des fermiers des impôts lésés au cours de leur année de gestion, des demandeurs de subventions ou d’indemnisations. Tous ces gens ont tendance à généraliser, à l’ensemble d’une agglomération, quelques contrats d’aménagement de pavés, d’égouts ou de lieux d’aisance découverts dans les archives ou restitués par les fouilles opérées dans quelques quartiers privilégiés de Paris, de Chartres, des villes du Nord ou du Midi. Ils citent volontiers des ordonnances princières ou municipales qui se préoccupent de dégradation et d’hygiène, oubliant qu’il s’agit souvent de renouvellements. Quant aux visions stéréotypées de miniatures et aux louanges de chroniqueurs, elles ne restituent pas forcément les réalités de la vie quotidienne. Les artistes et les écrivains ont sans doute intérêt à se montrer élogieux avec ceux qui les paient pour célébrer le cadre d’une réception5.

    12La corruption de l’air qui mettait mal à l’aise les victimes a laissé trop de mauvais souvenirs, trop de traces dans les esprits pour être méconnue. Les témoignages évoquent les infections : les souffles malsains, les cloaques, les moisissures, le purin, la pourriture infectieuse comme instruments du Malin. Ils craignent la contamination des humains, la transmission des miasmes, la mortalité affreuse que les rares survivants considèrent comme une punition de leurs péchés et l’antichambre de l’enfer ! La plupart attribuent la corruption de l’air et de l’eau à l’état des lieux, à la nourriture avariée, au sang pourri, aux humeurs pernicieuses. Ils l’expliquent aussi par des abus sexuels, des épidémies, des maladies comme les flux de ventre ou les fièvres pernicieuses.

    13Nous pensons que des précautions élémentaires pour utiliser la documentation historique et le miroir littéraire des textes qui se valident mutuellement, permettent de découvrir et de mesurer des événements, de comportements, des frustrations.

    14– La périodicité soulève aussi des interrogations. Le danger, dénoncé dès l’Antiquité à Rome, à Bordeaux, dans les villes-camps de Rhénanie par les écrivains du Bas-Empire semble avoir été négligé ensuite, à de rares exceptions près.

    15Des historiens, se sont même efforcés de démontrer, avec souvent de solides arguments, que le fléau est resté longtemps limité par la faiblesse de la population des villes, Paris atteint tout juste 50 000 habitants sous Philippe Auguste, et par un développement industriel réduit à quelques dizaines de métiers du textile, de la cuiraterie et de la forge qui ne perturbent pas trop l’eau et l’atmosphère.

    Un spécialiste des problèmes hydrologiques anciens, A. Guillerme, a mis l’accent, dans ses études, sur l’aménagement et le rôle des cours d’eau et des canaux dans plusieurs villes d’Ile-de-France et de Normandie, sur l’autodestruction, par l’eau courante et l’air, des produits chimiques, de l’alun servant de mordant dans la préparation des tissus, des oxydes métalliques des peintures, utilisés encore en faible quantité. Le danger lui paraît encore négligeable à l’époque féodale, et très rares sont les dispositions prises par les gouvernants pour améliorer localement l’assainissement urbain, pour régir les dépôts d’ordures ou l’élevage des animaux intra-muros (1131)6.

    16Tout semble changer à partir du XIIIe siècle. À défaut de modification apparente d’un système d’autorégulation et d’autodestruction, y a-t-il eu une extension de la punaisie et de la corruption, aboutissant à une prise de conscience du risque et justifiant des mesures prophylactiques ? Sommes-nous tout simplement mieux renseignés que durant le Haut Moyen Âge mérovingien et carolingien et qu’à l’époque féodale ? L’administration des villes porte-t-elle davantage intérêt aux enquêtes de incommodo sur l’outrage inadmissible de l’impur laissé par les chairs en putréfaction, le sang, la matière fécale et d’autres formes de décomposition et de pourriture, suivies de mesures coercitives de salubrité publique ? Un goût morbide en période de peste et de grande peur, une réaction moralisatrice de dévots, prêts à s’autoflageller, a-t-elle faussé les jugements en associant le corps et ses odeurs à l’impur, à la volupté, à la laideur charnelle, à l’enfer ? Le roi René, duc d’Anjou de 1434 à 1480, séjourne souvent dans sa capitale Angers et y prend les premières mesures d’assainissement, suivi par les membres du conseil municipal confronté avec des événements ponctuels et la venue de nouveaux habitants7.

    17– Si les nuisances sont identifiées sans aucun doute, comment peut-on les mesurer ? C’est un autre problème qui met la rudologie, les anecdotes et les lois au service de l’analyse historique.

    18L’examen rudologique (du latin rudus, gravats, déchets) emploie un vocabulaire allusif ou cru pour désigner les variétés de nuisances solides, liquides, gazeuses dégageant des effluves nauséabondes, leur concentration, la répulsion qu’elles inspirent, la souillure et le degré d’impureté engendré, les risques de contagion que l’excrément et les odeurs fétides font peser sur l’environnement et l’atmosphère, avant leur traitement ou leur élimination.

    19Des mots, si expressifs qu’ils sont encore capables de surprendre, désignent couramment l’enfer du nez, la nature et la consistance des déchets matériels (boues, gravats, rognures, poussières), chimiques (oxydes, fumées), naturels (sueur, fèces, odeur de mort), leurs effets indésirables sur l’atmosphère. Les écrits confondent dans leurs énoncés toutes les formes de nuisances, visibles et sensitives. Les mécontents se plaignent d’un air tout empuanti par les salissures et par des émanations dangereuses ; ils évoquent « les putréfactions et immondices que ce est grant orreur et abominacion ». Le chroniqueur Guillaume Le Breton signale une odeur fétide que répand un incendie en 12198.

    20La toponymie vicinale a laissé des souvenirs, des noms de rues, de places ou d’endroits nauséabonds, connus pour leur insalubrité. D’innombrables merderons ou merdereaux (Angers), des bouillons (le Pont-Bouillon à Antrain), des trous ou tous dans le sens de cloaques (le Trou-Punais à Paris), de fréquentes ruelles du Pipi, de la Basse Fesse, des Aysances, du Ruisseau-qui-pue et autres expressions du même genre, font allusion à des rejets viscéraux et sensoriels. Un des pires endroits de Paris est un moment la rue Saint-Antoine, pourtant bien fréquentée, et le quartier de la Bastille, l’un et l’autre infestés par l’égout du Pont-Perrin, mal construit et crevé. L’hôtel Saint-Pol où vécut Charles V est le premier incommodé par le mauvais air9. Une place de Lourdes s’appelle la place Marcadal ou Marcaladosa qui signifie, ici, un endroit souillé par les dépôts sauvages et les excréments et qui sent mauvais.

    21Des anecdotes viennent à l’appui de tels propos qui ne s’embarrassent pas de fioritures et rappellent, si on a encore quelques doutes sur une réalité évidente, que la plupart des villes médiévales puent et continueront de le faire pendant des siècles, à commencer par la capitale.

    22Les chroniques de Saint-Denis narrent comment le roi Philippe Auguste a failli s’asphyxier en humant les odeurs de la Cité !

    « Une heure aloit (le roi) par son palais pensant à ses besoignes, comme cil qui moult estoit curieux de son roiame maintenir et amender. Il s’apuia à une des fenestres de la sale à laquelle il s’apuioit aucunes foiz pour Saine regarder et pour avoir recréation de l’air. Si advint en ce point que charretes que on charioit parmi les rues, esmurent (soulevèrent) et touillièrent (remuèrent) (ain) si boue et l’ordure dont eles estoient plaines que une puors (puanteur) en issi si granz que à peines le peust nus souffrir. Si monta jusques à la fenestre où li rois seait. Quant il sentit cele puoir si corrompue, il s’entorna de cele fenestre en grant abomination de cueur10. »

    23Un curieux document de 1286 met en scène plusieurs responsables de l’universitas de la Villa de Mar ou des Saintes-Maries-de-la-Mer se rapportant à l’hygiène alimentaire. La consommation de poisson et de viande avariés a rendu à ce point malades plusieurs personnes qu’une trentaine de notables ont porté l’affaire devant la justice de la viguerie de Tarascon. Une commission d’enquête dénonce aussi la puanteur qui se dégage des écorcheries, du sang et du suif qui se répand sur le pavé, de l’eau putride provenant des roubines, des canalisations collectives et privées11. Rien n’est réglé puisque d’autres griefs, d’autres plaintes contre les rejets sauvages commis par les malotrus qui se débarrassent de leurs ordures sur le pavé devant chez eux se renouvellent aux siècles suivants. Une ordonnance de 1388 laisse entendre que les Parisiens souffrent des mêmes maux, de la présence de dépôts sauvages qui obstruent les ruelles, les ruisseaux et la canalisation.

    Les fabriqueurs, des bourgeois élus, chargés de l’entretien de l’église Saint-Saturnin de Nantes, sont profondément mécontents et le font savoir dans une enquête de incommodo et après un réquisitoire serré. Ils reprochent aux livreurs en farine des boulangers de la ville de faire stationner leurs chevaux au pignon de l’église, « un sacres lieu » (un lieu sacré), situé dans un quartier qui est « ung des lieux plus hauts des gens notables de ceste ville ». Le sol est souillé par des montagnes de crottin et des flots d’urine qui stagnent sur le pavé et contre le mur de l’église devenue un « réceptacle à merde12 ».

    24– Des ordonnances royales ou princières, à partir du XIIIe siècle, des édits municipaux confirment une triste réalité. Les textes officiels sont souvent suivis, dans les comptes, de mises ou dépenses pour porter remède à une situation déplorable.

    25Charles V s’inquiète en 1366 des nuisances que font courir des boucheries à la rue Sainte-Geneviève dans le quartier latin, à Paris.

    « Ladite université, collèges et autres particuliers susmentionnés se doulaient et complaignaient de ce que les bouchers tuaient leurs bêtes en leurs maisons et le sang et les ordures de ces bêtes, ils les jettent tant par jour comme par nuit en la rue Sainte-Geneviève. Plusieurs fois l’ordure et le sang de leurs dites bêtes gardaient en fosses et latrines qu’ils avaient en leurs maisons, tant et si longtemps qu’il était corrompu et pourri et puis le jetaient en ladite rue de jour et de nuit, dont ladite rue, la place Maubert et tout l’air d’environ était corrompu, infect et puant13. »

    26Quelques réactions de grands souverains comme René d’Anjou, d’administrateurs, de seigneurs, des dispositions précoces en faveur de l’assainissement ont été prises ici et là. Mais jusqu’au XIIe siècle, les problèmes liés à l’insalubrité restent encore cantonnés à des secteurs privilégiés : quartiers populaires des faubourgs et des ports, autour des halles, à proximité des ateliers des métiers polluants. Tout semble se précipiter avec l’explosion démographique, industrielle et commerciale du XIIIe siècle, puis avec la guerre de Cent Ans.

    Des « semences » odoriférantes

    27Le mot seminaria au pluriel, synonyme de semences, pourrait se traduire de nos jours par germes si les médecins du Moyen Âge avaient pu deviner leur existence comme le fit Fracastor, savant docteur padouan du XVIe siècle. On parle aussi couramment de vapeurs qui sont plutôt des gaz, de miasmes, de poussières.

    28Expliquer la grande infection, qui sévit dans la plupart des villes dont les rues ne sont guère plus propres que des étables est donc indispensable avant de mesurer la gravité d ‘ une situation devenue intolérable. Ainsi « lorsque dans certaines conditions, les causes célestes et terrestres se conjuguent, des vapeurs et des fumées s’élèvent et se mélangent à l’air et provoquent sa putréfaction par le biais d’une faible chaleur » fait observer un témoin14.

    29Plusieurs raisons conjoncturelles ou naturelles interviennent pour expliquer l’étendue des nuisances mesurées par des analyses structurales.

    La croissance démographique et l’augmentation des pollueurs

    30De façon générale, on sait que la population a beaucoup trop augmenté au XIIIe et pendant la première moitié du XIVe siècle naturellement et par immigration pour qu’il n’y ait pas eu de nuisances. Paris pourrait avoir atteint les 220 000 habitants avant la peste noire de 1348, a encore 100 000 citadins vers 1420-1440 pendant la guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons et l’occupation anglaise, du temps de Charles VI, avec un très fort pourcentage de miséreux, de sans domicile fixe.

    31Gand atteint au minimum, vers 1350, 60 000 habitants, au maximum 100 000, Bruges entre 50 000 à 60 000, Rouen 40 000, huit autres villes dont Bordeaux, Lyon, Toulouse, Montpellier, Marseille, Ypres, Saint-Omer entre 30 000 et 40 000 personnes, une bonne centaine entre 10 et 20 000 âmes dont Tours, Rennes et Nantes, Bourges, Poitiers15.

    32Ce sont donc des tonnes de déchets, d’urine et d’excréments qui stagnent sur le pavé, coulent dans les canalisations, s’accumulent dans les jardins ou qui doivent être évacuées avec difficulté.

    Le péril est réel quand on sait que chaque adulte fait en moyenne 1,250 litre d’urine (soit 450 litres par an) et 125 à 160 grammes de matière fécale par jour (soit environ 50 kg par an) et qu’une grande ville évacue des centaines de m3 d’excréments (320 m3 à Paris en 1348), des tonnes d’urine (2 700 tonnes à Paris), chaque année ! Ce n’est pas par hasard si des ordonnances destinées à protéger le sol et les cours d’eau ont tendance à se généraliser au XVe siècle16.

    33Partout des enquêtes dénoncent des situations inextricables (Avignon, Châlon-sur-Saône, Rennes, etc.). On interdit ici et là « de jeter dans la rue du liquide bouillant, des brinz de paille, des détritus de raisin, des excréments humains, de l’eau de lavage, des ordures. On ne doit rien jeter dans la rue devant sa maison », au risque de nuire à l’environnement et de corrompre l’atmosphère. Mêmes les artères principales ne sont pas à l’abri de la pollution. Le rue des Grands Champs à Dijon a une triste réputation : elle « estoit toute plainne de fumier, de terre et autres betunes dont, à grant peine, y pouvoient passer les arnois et rendoyent lesdits betuns grandes punaisies et infections17 ».

    L’amplification des nuisances à l’époque de la guerre de Cent Ans

    34Tout se trouve amplifié en période de crise, avec une documentation qui s’étoffe et une économie entrée en phase de difficultés. On attribue le maléfique à la trilogie, les famines, les guerres avec les massacres qui les accompagnent, à la peste noire de 1348-1350 et à ses retours périodiques, plusieurs fois par génération, causant de lourdes pertes de l’ordre de 30 à 50 %, accompagnées d’odeurs sépulcrales. Sans nier cette hécatombe, malheureusement remplie de stéréotypes tels que les « dévastations considérables des chevauchées », on sait cependant qu’elle fut loin d’être générale et que ses effets, calculés à partir des feux fiscaux, ont été souvent surévalués du fait que beaucoup de gens sont fugitifs et leur déguerpissement provisoire.

    35Selon les clichés habituels, reflet des peurs du moment, les malades « pourrissent » vivants (les lépreux, les pestiférés), souillent les habitations, les objets, les rues et des odeurs de cadavres ou de mourants s’exhalent de tous côtés.

    36La guerre multiplie le nombre des personnes déplacées, donc les risques de contagion. Des ruraux se réfugient en ville par familles entières. Les chantiers de construction d’enceintes ont accueilli beaucoup de travailleurs, des brassiers aux ouvriers spécialisés. Enfin les garnisons ont grossi et amené du monde. Un siège aggrave aussi les nuisances dans la mesure où la ville est dans l’incapacité d’évacuer ses ordures des semaines entières. Les tas de fumier qui pourrissent et sentent mauvais auraient, dit-on, atteint à Tours 100 m de long, 14 m de large et 6 m de haut après le départ des soldats de la garde de Louis XI. On raconte aussi qu’il fallut payer 307 journées de manœuvres pour se débarrasser d’une telle montagne d’ordures. Que dire alors de Mantes, une ville de 3 000 âmes qui abrita un moment une garnison anglaise de 480 hommes ! Une autre séquelle de la présence militaire relève d’un état d’esprit particulier qui traque les frivolités de l’amour et dénonce, dans une veine grivoise, l’amoralité de certaines pratiques. Les troupes qui participent aux guerres d’Italie de la fin du XVe siècle ramènent le mal français ou le mal vénitien, les maladies vénériennes, considérées comme une pourriture dégradante, tout droit sortie d’un puits communiquant avec l’enfer, une « porcherie de Venus », une juste punition divine de la luxure18.

    Les vilaines manières du temps

    37D’autres explications tiennent davantage compte du comportement individuel, des habitudes d’autrefois, des émanations intimes, de ces sucs personnels, si souvent dénoncés.

    38– Certains diront que l’habitude du météorisme tempère les réactions de répugnance et d’hostilité. N’oublions pas que le goût du scatologique est un des thèmes récurrents des écrivains à une époque où les idées qui associent les excréments et les pets à la saleté et à la corruption n’ont pas forcément cours.

    39Évitons toutefois de juger la propreté corporelle, les sécrétions, les matières naturelles avec nos critères aseptisés et nos obsessions hygiéniques de netteté, avec des réactions freudiennes de honte qui changent d’ailleurs d’un pays à un autre. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le Moyen Âge n’a pas été la période la plus sale de notre histoire Elle l’est moins en tout cas que le XVIe siècle du temps d’Henri IV ou que le XVIIe sous Louis XIV ! Les recherches urbaines montrent que des maisons de notables renferment des lavabos, des chaises percées, des cabinets, des laveries. Les familles bourgeoises prennent des bains dans des cuveaux ou vont s’estuver dans des établissements qui perpétuent les thermes antiques avec tout le confort des salles spécialisées, une chaleur distribuée par hypocauste (Provins), mais aussi un arrière-plan de prostitution19.

    40– Ces restrictions faites, il est certain que le menu peuple, qui vit dans des taudis bondés, n’a ni la possibilité ni le temps de se laver, d’user d’un savon, ou plutôt, chez beaucoup, de la cendre, d’huiles et d’onguents. La population souffre, dès sa jeunesse, d’un manque de prévention puis de l’insuffisance des soins, de la présence de parasites, de mouches, de puces, de punaises, de moustiques, de vers qu’on croyait naître spontanément tant ils grouillaient, au point d’être assimilés à un châtiment de Dieu ! La plupart des gens se plaignent de caries dentaires et les chicots dégagent un souffle infecté, que ne supprime pas l’usage de pâtes aromatiques, de confiseries et d’épices. Ils ont des maladies cutanées et rénales, résultat d’un coefficient urotoxique élevé, de plaies ou de croûtes mal guéries et de l’altération des chairs, au pire d’abcès, d’apostumes, de la gale. Les plus atteints portent la mort sur eux ! En vieillissant, les adultes souffrent couramment de plaies infectées, d’ulcères, voire d’abcès, de gangrène, de tumeurs, d’écoulements de sang corrompu, de pus par des fontanelles ou ouvertures aménagées dans la peau.

    41Le petit enfant est plus souvent par terre que dans un berceau ou porté. Il n’est pas forcément protégé par des drapeaux ou langes, se déplace le derrière nu pour mieux faire ses besoins, régurgite un lait qui ne lui convient guère, salit son environnement20.

    42Les maisons basses, les taudis sont dépourvus de commodités, obligeant les occupants à utiliser des pots à pipi ou à faire leurs aisances depuis la fenêtre, à se chauffer avec des braseros qui empestent. Les vêtements, les haillons de la majorité des gens sont usagés et mal lavés à une époque où les grands nettoyages ne se font qu’une ou deux fois par an21.

    43– La nourriture, lourde et mal conservée, l’usage de l’ail, de l’oignon, des épices ne contribuent pas à diminuer les émanations que la peau secrète, que les intestins météorisent, que l’haleine infectée dispense à tout venant. Les bruits corporels, émis en toute liberté, les crachats expédiés devant soi, les jets d’urine évacués en public, sont sources de ces plaisanteries qui alimentent la veine grivoise habituelle, avec la vision caricaturale des femmes, l’amour frivole et les pratiques adultères en compagnie des jeunes clercs.

    44L’aspect physique des plus humbles s’écarte dans les œuvres littéraires classiques des beaux membres, de l’apparence distinguée du seigneur dont l’épouse a une belle chevelure blonde, un corps de rêve et des seins angéliques. Les récits épiques, relevant d’une littérature de cour à l’usage des puissants, de la noblesse, soulignent cruellement les tares du commun pour mieux sublimer l’exception. Le rusticus des chansons de gestes puis des farces, son épouse et ses enfants sont sales au point de devenir de véritables repoussoirs, couverts d’ulcères. Des guenilles, pleines de graisse et de taches, la couleur et la laideur de sa peau, la hure (visage) noire, l’odeur bestiale achèvent de différencier cet être vil des honnêtes gens aux allures et aux comportements normés. « Il était de grande taille, de teint noir, et avait le poil hérissé et deux yeux rouges comme le feu, un nez froncé, et un visage hideux », c’est ainsi que le discours littéraire, conforté de nos jours par une démarche psychanalytique, présente l’individu surnommé le Danger dans Le Roman de la Rose22.

    45– Les nuisances olfactives résultent aussi des nécessités (sic) quotidiennes des humains, le fruit de leurs obligations, de leurs comportements, de leurs habitudes séculaires.

    46Chaque année s’accumulent d’importantes quantités de déchets, de matières et de nourritures en décomposition, des amas de chairs, de sang, d’ossements et de matières fécales. Une atmosphère surchargée d’odeurs existe jusque dans les églises, remplies de miasmes, qui confère, selon le cas, aux éléments, à l’air et à l’eau, un caractère ambivalent, de pureté ou de bienfait, d’exhalaisons nauséabondes et de corruption. « La vile ignominie de l’existence humaine » qu’évoque le pape Innocent III ne choque que lui et quelques prédicateurs ! Les écrits, y compris les récits épiques et les fabliaux, destinés à distraire les souverains et les grands, sont notoirement remplis d’allusions aux émanations du ventre et de la peau.

    Chacun peut s’en rendre compte en lisant le fabliau intitulé Jouglet où l’on voit un jeune marié préoccupé par une monstrueuse diarrhée ou en découvrant cette parodie de chanson de geste, véritable inversion des vertus chevaleresques d’antan, Audigier, dont l’auteur finit par se vautrer dans les excréments qu’il avale et recycle jusqu’à écœurer ses lecteurs23 !

    47Et de fait, l’humain a la mauvaise habitude de cracher par terre, « de se soulager les boyaux », de « becter les eaux » n’importe où, de jeter des déchets, les résidus de sa cuisine devant chez soi, dans une sorte de tout-à-la-rue ou de rigole qui répand le parfum excrémentiel. Précipiter des détritus, des ossements, des intestins de poisson, des cendres, des eaux sales « en droit soi » sur la chaussée, sur les places publiques en plein centre urbain (Dijon, Rouen), ou, pire encore, sous le porche du voisin est une forme d’insouciance et d’inertie si communes dans les cités médiévales que les édits royaux, ducaux, seigneuriaux ou les ordonnances municipales finissent par se lasser de fustiger tout un chacun (Angers, Douai, Senlis) ! Une affaire survenue à Périgueux en 1342 remet en mémoire une ordonnance, mal appliquée : « pour le bon ordre de la ville, il a toujours été observé qu’on ne jetait pas par les fenêtres des eaux fétides et putréfiées pour cause d’empoisonnement de l’air et des gens du voisinage24 ». Des pots remplis d’urine traînent partout, dans les chambres, devant la porte des habitations quand le précieux liquide est utilisé comme détergent. Comment éliminer totalement les odeurs avec de la terre spéciale, de la cire ou des fleurs séchées ?

    48Le riverain ou le passant satisfait aussi ses besoins naturels, ses aysances, à même le pavé, dans la rigole, au pied des façades des habitations, dans le caniveau central à la rencontre des deux inclinaisons d’où s’élèvent des exhalaisons putrides. Il le fait aussi dans les impasses, dans les cours des immeubles, dans les passages si fréquents à cette époque, à l’intérieur des bâtiments publics, des tours d’une enceinte, sous les halles comme à Paris ou à Dijon. Il n’est pas rare qu’un conseil municipal décide de fermer à clé une venelle remplie de dépôts sauvages (à Angers en 1525). La façon de faire ses nécessités est pour des écrivains une des différences majeures entre les chevaliers, les clercs et les vilains :

    « … le vilain ne connaît décidément
    que le plaisir de chier.
    Et parce que les vilains souillent
    Tous les beaux endroits et qu’ils y chient
    Par plaisir et par amusement,
    Je voudrais, par la foi que je dois
    Aux parrains et aux marraines
    Que le vilain chiât par les narines25. »

    49Vider des pots à pisser par la fenêtre, uriner sur les passants qui tiennent par prudence le « haut du pavé » sont des habitudes bien ancrées dans les mœurs ou même un jeu auquel se livrent les ouvriers d’un chantier rennais, depuis les fenêtres d’une maison en construction. Joinville raconte que saint Louis, se rendant un petit matin à l’église des Cordeliers, reçut le contenu d’un vase de nuit, expédié par un étudiant de sa fenêtre !

    50Les commodités, appelées chambres aisées, chambres courtoises, secrets (en Suisse), privés ou retraits, collectifs ou à domicile, restent insuffisantes et mal conçues. L’aménagement de ces cabinets, connus par des textes et des fouilles archéologiques, aurait été un incontestable progrès prophylactique, si ces petits endroits, indispensables à la vie intime, avaient été en nombre suffisant et si les fosses d’évacuation avaient été bien aménagées. Ils sont en effet tantôt éparpillés dans une agglomération, tantôt concentrés sur les bords d’un ruisseau, devenu ruissel commun. Les fosses que les archéologues parviennent à retrouver à Arras, à Beauvais, à Chartres, à Rouen autour de la cathédrale, contribuent à polluer les puits et les sources et dégagent en été des effluves pestilentielles. Ce sont des réservoirs de bacilles redoutables quand ils côtoient une halle ou une poissonnerie, chaque fois que le sous-sol est perméable et la nappe phréatique toute proche26.

    Le monde animal en ville27

    51L’image excrémentielle de la rue est aggravée par les habitudes rurales et par la présence animale : des animaux domestiques considérés comme un prolongement ou un miroir de l’homme, mais auteurs de nuisances, des bêtes qualifiées d’immondes, des carcasses de bêtes crevées.

    52– L’extension de l’espace urbanisé n’a pas fait disparaître les exploitations qui empuantissent l’environnement ; des particuliers coexistent avec des animaux domestiques, continuent d’élever des porcs « allant aval de ladite ville » (Rouen), des volailles, des chèvres à domicile ou dans les rues. Les maisons de notables disposent d’étables qui sont, en réalité, des écuries pour les chevaux et les mulets, de soues à cochons et installent volontiers, à leur porte ou dans une cour intérieure, un fumier pour le jardin. Le passage périodique d’ovins, de caprins (dans les villes provençales) aggrave encore une situation précaire. Un élevage en liberté ou à deux pas de lieux peuplés fait courir des risques à l’environnement, par des activités salissantes, des déjections et des accidents qu’il provoque et transmet des maladies alors mal définies. Pourtant des troupeaux de porcs, associés à Saint Antoine, sont constamment représentés sur les peintures des églises, sur les miniatures des manuscrits.

    Un porc divagant est responsable de la mort d’un fils du roi Louis VI le Gros en 1131

    Image

    J. Dalarun, Le Moyen Âge en lumière, Paris, Fayard, 2002, p. 83. Bernard Gui, Fleurs des chroniques, Paris, fin XIVe siècle, BM Besançon, ms 677 f° 67 v°.

    53Des notables de Moulins en Bourbonnais en ont conscience et se font les porte-parole angoissés d’une clameur générale. On réclame « que les pourceaux et autres bestes que l’on nourrissait en ladite ville fussent mis hors d’icelle pour cause de l’infection épydémie laquelle y est pu advenir28 ». Les auberges sont des fléaux pour leurs voisins, tel l’Âne doré de Troyes, qui « avoit accoustumé de logier grant quantité de chevaux et d’y faire grant foison de fuyens (fumiers) auquel hostel avoit une porte ou huis gettant et faisant ouverture en ladite rue des Fuzeliers par laquelle porte on met hors les fiens dudit hostel29 ».

    54Même si les risques épidémiques conduisent les autorités à en limiter parfois le nombre, à quatre porcs par famille à Reims en 1389 ou à fixer des secteurs et des itinéraires réservés, le danger persiste. Des troupeaux communaux existent dans quelques localités proches de forêts, de garrigues et servent à l’occasion d’éboueurs municipaux : à Antibes où ils envahissent le cimetière, à Haguenau en Alsace, à Fougères, à Rodez. Les propriétaires de ces bêtes, encore proches des sangliers, évoquent pour leur défense les nécessités du ravitaillement et de la locomotion, la résorption de l’ordure (du son chez les boulangers), l’intérêt du crottin et de la bouse qui forment, comme en Chine contemporaine, une source de revenus avec le racton, un mélange de crottin et de foin à Annecy. Chacun profite des tolérances dont l’origine se perd dans la nuit des temps et qu’une municipalité hésite à dénoncer. Jehan Griffon ose élever, en plein centre d’Amiens, rue de la draperie, une soixantaine de porcs en 1475.

    55– Les animaux errants constituent un fléau redoutable à cette époque. Les chiens prolifèrent, forment des bandes bruyantes qui envahissent les églises et les cuisines et sont à ce point présents qu’on donne leur nom aux artères qu’ils fréquentent au grand dam des citadins (rue des Chiens à Quimperlé). Les chats colonisent aussi d’autres villes que Venise, Candie ou Bastia et ont commencé à éduquer les humains, quand ils ne sont pas accusés d’être des agents de Satan et persécutés comme tels.

    56Le monde animal joue un rôle capital dans la vie des hommes. Il est à la fois un symbole dans les représentations artistiques, un auxiliaire précieux dans l’économie, un moyen de transport, « un instrument pédagogique au service d’un ordre moral » (disait Albert le Grand). Mais tous n’ont pas la même vocation et si certains sont associés au divin ou jugés comme indispensables, d’autres sont considérés comme des créatures inférieures, des bêtes diaboliques, l’émanation de Satan. Leur image négative de bêtes carnivores ou porteuses de germes transparaît de récits ou de bestiaires. Parmi les plus démoniaques, capables d’engendrer des peurs collectives figurent les loups, les sauterelles ou locustes, les rats, les insectes destructeurs des récoltes, les animaux à fourrure symboles de sauvagerie, tous les serpents, la grenouille vomie par Judas ou par le dragon de l’Apocalypse et jugée impure, le singe incarnant les survivances païennes.

    57La nuisance ou noise est telle avec les animaux errants ou avec des parasites qu’il convient de faire appel à des spécialistes pour éliminer ceux qui propagent des maladies, « qui ne servent qu’à mangier » (Châlons-sur-Marne) ou qui ne portent pas de signe distinctif d’un quelconque propriétaire (Strasbourg). La présence de bêtes crevées, jusqu’à 123 en cinq semaines à Douai, est d’autant plus préjudiciable à la santé publique que des pauvres sont amenés, en période de famine, à s’en nourrir.

    58Quant aux nuisibles, ces êtres qualifiés d’ignobles, produit de l’immonde, que sont les loups ou les sangliers, échappés des forêts, ils se manifestent en hiver jusque dans les faubourgs des villes (Paris, Poitiers, Annecy). La nomenclature des bêtes putrescentes laisse deviner la place qu’occupent dans les intérieurs des maisons, dans les égouts, dans les jardins, les rongeurs, les serpents, les insectes, les puces, les vers et d’autres vermines rampantes, multipliés par spontanéité naturelle, et qu’on combattait tant bien que mal avec des pièges ou du soufre30.

    59– Les tueries ou écorcheries, les Grandes et Petites Boucheries (Angers) sont situées à proximité des rues et ont laissé des souvenirs toponymiques comme le Champ-Dolent à Rennes ou la rue Massacre à Rouen. Des bouchers et des charcutiers travaillent, en plein centre urbain, sur des étals qui donnent directement sur la rue, égorgent et dépècent sur le pavé inondé de sang, en l’absence d’équipements spécifiques, d’abattoirs extra-muros, réclamés à cors et à cris. Imaginons dans une grande agglomération, les centaines de bêtes tuées sur place à longueur d’année, ces litres de sang liquide ou caillé, ces bouiaulx, tripes et ventres putréfiés. Selon le Ménagier de Paris, un livre d’économie domestique, on aurait abattu en 1293 : 188522 moutons, 30 116 bœufs, 19 604 veaux et 30 784 porcs31. Ce qui est reproché aux bouchers l’est aussi aux poissonniers, aux tripiers, aux marchands de conils (lapins), aux ciergiers qui font couler la graisse sur le pavé et même aux barbiers-chirurgiens qui jettent leurs bols remplis de sang dans le caniveau !

    L’air pollué des ateliers

    60D’un zoning artisanal et social naissent enfin d’autres périls plus sournois, une sorte de purin de nature chimique et gazeuse qui contribue, à sa manière, à aggraver l’action des micro-organismes, à produire la fermentation, la putréfaction et la contagion.

    61Des travailleurs, relégués dans des endroits répugnants, sont condamnés à respirer à longueur d’année un air vicié, à anhéler des particules pathogènes en suspension, des fumées acides, à supporter des quintes de toux ou des crises d’asthme qui finissent par détruire les organismes pulmonaires. Tout est infecté : les habits, les paillasses, les objets, les taudis, leur environnement dans des ruelles ou près de ruisseaux ou de canaux pollués. Des substances animales et végétales, des décapants, des mordants comme l’alun, s’autodétruisent ou servent de désinfectants à faible dose. Elles deviennent toxiques, concentrées et mal éliminées par des cours d’eau trop lents et trop encombrés. Les riverains se plaignent des odeurs piquantes qui s’attaquent aux papilles du nez, à la gorge, à la peau. Cette pollution chimique grave provient aussi des concentrations d’extraits tanniques, de la soude, du tartre, de l’urine, de la fiente de poule ou des excréments de chien dont les sécrétions servent de détergents et accélèrent la fermentation et la putréfaction des fibres.

    L’urine, conservée dans des barriques et mélangée à de l’argile en décomposition, permet de dégraisser les tissus. Les foulons qui pilent un tissu imbibé de ce pissat et d’huile, invitent les passants à se soulager à la porte de leurs ateliers. Une odeur épouvantable s’échappe des cuves et des fosses, provoquant des malaises ou occasionnant des plaies inguérissables.

    62Parmi les activités immondes qui ont tendance à se développer dans une économie précapitaliste de diversité professionnelle et de marché figurent les opérations des tanneurs, des cuiratiers, des sochiers, des peaussiers qui font sécher des peaux où pendent encore des fibres et de la graisse sur des tréteaux ou pelains. Les poissonniers abandonnent sur le sol le poisson pourri, les tripières la graisse des fourneaux portatifs installés sous les porches des maisons, les bonnetiers qui utilisent des produits si nauséabonds que les bonnets « ne sont honnestes, saines ne convenables pour mettre en la teste, pour l’infection qui y est et y demeure ». Les tisserands ou texiers doivent parfois travailler des laines, chargées pour un tiers du poids d’un sac, de résidus toxiques pour les poumons. Les échevins de Châlons-sur-Marne reprochent aux maréchaux-ferrants « de ferrer et saigner les chevaux hors de leurs forges, en plein air, d’où il résulte, outre l’infection, maint dommage pour les habitants ». Ailleurs, les bans municipaux visent les métiers qui dégagent des fumées, rejettent dans l’atmosphère des vapeurs de soufre, de plomb, modifient l’équilibre hydrique quand le courant est insuffisant pour évacuer, le plus loin possible, les déchets, les sulfates d’aluminium, les oxydes métalliques. En 1510, les paroissiens de Saint-Maclou de Rouen délèguent leur curé pour se plaindre de la puanteur des fumées émanant de la forge d’un serrurier qui emploie du charbon de terre comme combustible. L’environnement sent si mauvais, disent-ils, que des passants risquent de s’évanouir, « de tomber en un spasme » et d’en mourir32.

    63Tous ces écoulements nauséabonds, véhiculant en suspension des miasmes, finissent par polluer les nappes phréatiques, les cours d’eau et les puits sentent mauvais. Les eaux de la Seine à Paris et la Loire à Orléans sont infestées par les déchets des « tueries d’animaux » au point que l’air lui-même devient irrespirable sur les berges des fleuves.

    Les égouts à ciel ouvert !

    64Cette formule d’A. Derville pour qualifier les rues définit bien une réalité dont les dirigeants ont conscience : Guillaume Gormont, prévôt de Paris en 1348 déplore que l’image de la capitale se soit dégradée au fil des ans par la faute des habitants et estime devoir y remédier de toute urgence. Le roi Jean II le Bon sévit deux ans plus tard pour les mêmes raisons. Partout ailleurs, des villes sentent désespérément mauvais, débordent d’odeurs malsaines. Les couches inférieures de leur population qui vivent dans les bas quartiers et s’entassent dans des taudis, sont davantage menacées que les bourgeois aisés. Le Paris de la saleté, des mauvaises odeurs, des accumulations de « boës, fiens, gravois et ordures que chacun a lessié et mis communément devant son huis », où « les pavemets des chauciées sont moult empiriez et telement descheuz en ruines » (selon une ordonnance de 1388) ne disparaîtra qu’avec l’ouverture des grandes artères sous le préfet Hausmann au XIXe siècle33.

    65– Chacun est à même de constater et de dénoncer des endroits précis, une rue ou un ruisseau, qui puent (sic) sous l’effet de la présence conjuguée d’une écorcherie ou d’une tuerie (un abattoir), d’ateliers de tanneurs et de mégissiers, des ordures et des eaux souillées jetées à même le sol. Les récits merveilleux, les contes, les nouvelles, les archives municipales sont remplis d’évocations d’une puanteur qui oblige les passants, les voyageurs à se détourner d’un endroit corrompu, à s’écarter d’une route ou d’une rue où est exposée une carcasse d’homme ou d’animal.

    66De fâcheuses réputations collent depuis des siècles à certaines localités, croulant sous le poids de l’ordure. Décrivant le bourg de Châteaubriant, un voyageur du XVIIe siècle, Dubuisson-Aubenay prétend qu’il fut de tout temps « sale et désagréable34 ».Les voyageurs qui fréquentent Dijon, la capitale des ducs de Bourgogne, se plaignent de devoir traverser la rue des Grands Champs qui « estoit toute plainne de fumier, de terres et autres bétumes que à grant peine y pouvoient passer les arnois et rendoyent lesdits bétumes grandes punaisies et infections35 ». Les habitants de Concarneau et de Saint-Malo ont le malheur de respirer les odeurs nauséabondes venant des grèves et des vasières tout proches. Pétrarque qui déteste Avignon dénonce une circulation difficile, des rues pitoyables où s’accumulent les ordures, l’atmosphère empestée et malsaine et de conclure par cette imprécation : « in urbe omnium pessima ». Effectivement, quand la municipalité décida en 1390 de nettoyer la rue Paraphernie, il fallut payer 70 journées de cureurs pour venir à bout de la masse des détritus accumulés ! Charles VI constate, dans une ordonnance que Paris, loin d’être un modèle de propreté, est submergée par une accumulation de déchets. Il déplore que les boues et les ordures des rues de la capitale causent « très grand déplaisir à toutes personnes de bien et d’onneur36 ».

    67– L’extension des villes s’est accompagnée de l’apparition de bas quartiers populeux et industrieux où s’entassent souvent les pires saletés, formant une sorte de ceinture putride. Les eaux des zones basses à proximité de rivières, des bras de mer, d’anciennes prairies humides, de landes s’évacuent mal, croupissent et dégagent des odeurs insupportables à un nez normalement constitué (Calais, Lille, Saint-Omer). C’est la conséquence évidente de l’apparition d’un habitat anarchique sur des terrains inadaptés à la construction, sur des sols mal drainés ou comblés au prix d’efforts considérables à l’image de ce qui se passe sur les bords de la Vesle à Reims. Un manque de discernement des édiles, des erreurs, se paient aussi cher que de nos jours. Les contemporains en avaient le pressentiment quand ils nommaient les quartiers des abymes (de nos jours encore à la Guadeloupe), des trous punais, des marais, la rue aux Crevés, la Roquette. Le voisinage de la Bièvre à Paris n’a guère laissé de bons souvenirs dans l’histoire de la capitale37.

    68– La rareté des systèmes d’évacuation des eaux usées affaiblit les défenses urbaines. Le rempart en extension, base matérielle de l’identité urbaine, orgueil de toute une population, garde et amplifie les nuisances, retient, dans son carcan étriqué, la saleté individuelle et collective, les déchets organiques, même si des conduites maçonnées, des puisards ou pertuys, des bouches d’évacuation ou tous à Nantes sont prévus dans le mur d’enceinte. Les égouts, hérités de l’Antiquité, ne fonctionnent pas toujours. Ils étaient loin d’être parfaits, contrairement à l’image idyllique ou caricaturale qu’on peut avoir de l’époque impériale, et trop de cloaques infects étaient propices à la propagation de maladies.

    69Les cours d’eau, les plages, les marais voisins sont devenus des déversoirs naturels malsains. Les rigoles, à l’air libre plus fréquentes que les caniveaux cimentés, vite saturées dès le premier orage estival, laissent exhaler des odeurs redoutables. Les textes et les inscriptions de l’Antiquité ne permettent pas de généraliser le corps d’éboueurs, les quatuorviri viis purgandis signalés à de rares occasions, guère plus la présence d’esclaves chargés de nettoyer les caniveaux et les latrines publiques. Les rares règlements municipaux (une inscription à Aix-les-Bains) montrent que les animaux vivent et souillent les rues. Le haut Moyen Âge n’a pas toujours bien entretenu les ouvrages du passé (Saintes) et les réseaux souterrains repris et développés plus tard, sont réservés en priorité aux grandes villes et aux quartiers centraux (Arles, Paris, Rennes, Nantes).

    70L’étroitesse, l’irrégularité, l’encombrement des rues qualifiées de « tortes », réduites à des couloirs étroits où la ventilation de l’air se fait mal et où les rayons du soleil sont parcimonieusement distribués, les successions d’étranglements et d’élargissements, de coudes et de biaisements, conséquences de l’exiguïté de l’espace disponible, ne favorisent ni l’assainissement, ni l’aération, ni la clarté. Les structures de circulation sinueuses et mal dallées, le piétinement des sabots des animaux de transport, le caniveau central engorgé, la présence d’avancées de maisons sur arcades ou poteaux, nuisent à l’environnement, entretiennent l’humidité et l’immondice, les odeurs, et bloquent les échanges. Les gros orages occasionnent un phénomène de glissement de boue, quand l’eau, dévalant les chaussées monteuses, les escaliers ou degrés, entraîne l’ordure sur les paliers ou tertres puis, par coulées successives, dans les bas quartiers, sur les places, devant le parvis des églises et finalement contre les vantaux des portails d’entrées. Des odeurs pestilentielles se dégagent de la boue, des matières premières, des corps en putréfaction, des eaux usées des fleuves et des rivières38. Une ordonnance de Charles VI, datée de 1416, déplore que les « yssues du sang et autres immondices » soient jetées dans la Seine « en telle maniere que le cours et l’usage de l’eaue en sont en maintes manieres empeschiez et si ensuite souvent tres grant inficcion d’air, corruption de l’eaue et grant abominacion au peuple ». Une commission d’enquête rennaise se préoccupe d’un égout traversant le cœur historique de la Cité et fait état d’une « clamour faicte en ceste court (de justice) par plusours des abitans de la rue des Porches » qui se disent incommodés par une installation défectueuse39. Chacun déplore l’odeur épouvantable qui s’élève des rues de Marseille. Le même constat est établi sur les bords de la Grant Mar de la Garonne à Bordeaux ou à La Rochelle.

    71Pourtant aussi paradoxal que ces propos puissent paraître, le nez s’habitue à tout, y compris à l’excrémentiel et s’immunise même de l’odeur du fumier qui rappelle celle de la campagne ou de corps mal lavés !

    L’obsession des « nuizances »

    72Que le danger provoqué par l’infection de l’air se soit accru à la fin du Moyen Âge amenant une prise de conscience collective et une peur obsédante de l’apparition d’une maladie mortelle et de la contagion est devenu une évidence, à une époque où les interdits hygiéniques commencent à se généraliser dans les villes. Une étape décisive, dans le cauchemar permanent que nous analysons, a été franchie avec la peste noire de 1348-1350 dont la brutale irruption en Occident et l’ampleur des pertes en vies humaines, un quart à un tiers de l’humanité, ont marqué durablement les esprits. La seule évocation des effluves, de la pourriture et de l’immonde odeur qui émanait des chambres des malades et des corps en putréfaction provoquait une peur cauchemardesque et la panique.

    73La hantise de la propagation de la maladie gagne le corps médical formé de médecins, de barbiers-chirurgiens, qui ont longtemps exercé en complémentarité, et de guérisseurs, les princes, maîtres de la destinée de leurs sujets, les responsables locaux et les municipalités, jusqu’au peuple. Une ordonnance de 1388 évoque « l’infection et punaisie desdites boès, fiens et autres ordures » qui monte des rues et l’un des témoins dénonce les « putréfactions et immondices (si grandes) que ce est grant orreur et abbominacion40 ».

    Un « venin », une menace réelle pour l’humanité

    74La plupart des métiers manuels du Moyen Âge sont donc dangereux pour ceux qui les pratiquent, même ceux qu’on ne soupçonne pas à priori comme les professions de boulangers ou de meuniers qui, à force de se gratter, passent pour être couverts de puces et poux ou souffrent d’ulcères. Beaucoup, il est vrai, ne se lavaient pas et osaient proposer à leurs clients des denrées avariées, des farines poussées par l’ergot.

    75Dans un tel monde de corruption, chacun finit par savoir par expérience olfactive et de visu que l’infection provoque la pourriture qui engendre à son tour la mauvaise odeur et infecte l’air. Des clameurs plus ou moins fondées, se propagent, en été, quand la chaleur aggrave la décomposition des corps, pour dépeindre les dangers qui menacent la pauvre humanité, leur action méphitique sur l’organisme, les échanges de postillons et les mélanges d’haleines infectées41. On raconte que des gens sont tombés raides morts dans la rue et ont « gési » (sic) sur des fumiers (Nantes). Ailleurs d’aucuns déclarent que tous les maux viennent de l’exposition au soleil d’une denrée périssable, de la viande « à découvert où il peut tomber ordure qui causerait par temps de chaleur qui s’offre maladie de peste en la ville » (Annecy). On met en cause les indélicats qui défèquent dans les halles (Reims) et il arrive que des particuliers peignent sur leurs murs ou sur leurs portes des croix pour inciter les passants à plus de respect de la propriété d’autrui (Douai).

    Des explications irrationnelles sur la corruption de l’air, de l’eau et du sol

    76– Des propos désabusés de témoins qui ont constaté les limites de la médecine scolastique, mais aussi des traités médicaux, qui font partie de la littérature didactique, produite par des universitaires ou des médecins pour les étudiants et leurs confrères, des sermons de prédicateurs s’aventurent alors à donner des explications sur l’origine des fièvres causées par les mauvaises odeurs et l’eau putride. Des gens, habituellement pleins de bon sens, habitués à côtoyer avec courage, lucidité ou indifférence, l’agonie et la mort, considèrent l’apparition et la violence des pestes et des fléaux qui balaient l’Europe et menacent l’humanité comme la manifestation de la colère de Dieu, une ira salutaire, le fouet de la justice du Seigneur. Dieu, mécontent de l’irrespect de tant d’hommes corrompus qui négligent ses commandements et l’offensent en permanence, les punit et les souille dans leur corps comme ils le sont dans leur âme. L’infection morale et l’infection physique sont étroitement associées.

    77– D’une même veine se pose l’hypothèse astrale, avancée par les maîtres de la faculté de médecine de l’université de Paris, au moment de la peste de 1348. C’est la conjonction néfaste de planètes qui provoque des émanations empoisonnées, s’élevant de l’eau et de la terre et finissant par corrompre l’air. Saturne l’ennemi naturel du genre humain, Mars source de vapeurs fétides, Jupiter à la tête d’un panthéon infernal, des dieux et des planètes associent leur malignité pour le malheur du genre humain.

    78– La saleté, les rejets sauvages et l’odeur ont même fait l’objet de discrimination sociale, raciale et sexuelle42. D’aucuns estiment que le péril vient des humains eux-mêmes, de ceux qui sont accusés d’être des « engraisseurs », des propagateurs de maladies, des animaux familiers contaminés, des oiseaux, des parasites. Le rappel des victimes de la déraison collective ne surprendra pas quiconque a de la mémoire. L’accusation de saleté vise encore le juif, une forme de racisme larvé, des malades comme les lépreux et les fistuleux, les sorciers et sorcières réputés en outre empoisonneurs de puits avec des matières fétides, voire même le travailleur manuel, dont on déplore le laisser aller, l’ivrogne, le vieillard, l’individu de couleur et, bien entendu la prostituée (putain venant de putida.) Même la femme adultère d’une veine grivoise commune est marginalisée pour son odeur par ceux qui entendent ajouter une once de morale à une situation jugée nauséabonde. Il suffit d’un rien pour que ces formes de stigmatisation perverse ne réapparaissent dans les écrits et dans les paroles !

    La grande « inficcion d’air »

    79– Parmi les explications données par le corpus hippocratique depuis le Ve siècle avant J.-C. sur les dysfonctionnements du corps et reprises par les médecins de l’Antiquité romaine et du Moyen Âge figurent les prédispositions de chacun aux germes de la maladie et les excès dans un climat de mélancolie des quatre chymoi ou humeurs fondamentales que sont les deux biles, le phlegme et le sang. Avec la pathologie humorale, fondée sur l’excès, le manque et la détérioration, dont nous reparlerons plus en détail dans le chapitre 8, les médecins soulignent l’influence sur l’état de santé du miasma, une sorte de mauvais air, qui se propage notamment en période de chaleur excessive et de sécheresse. Les « savants » dénoncent aussi le rôle majeur d’un fluide d’essence aérienne, d’une sorte de fumet, qu’on nomme souffle ou pneuma, qui véhicule les sensations. Le danger est d’autant plus grave que Boniface de Sannevières, préoccupé de diététique, place, parmi « les choses necesseres au norrissement bon de tout corps humain », le bon air ambiant, avant les aliments solides et les boissons, avant l’inanition un terme désignant le jeûne et la purgation, le sommeil et les exercices physiques43.

    80– Les héritiers du savoir antique et oriental, les médecins arabes, juifs, italiens, montpelliérains, bientôt parisiens et avignonnais reprennent à leur compte ces déductions aéristes majeures, évoquent l’atmosphère pestilentielle, le venin qui envahit les villes surpeuplées. Bernard de Gordon, médecin de Montpellier, parle d’un souffle mortel qui sort de la bouche ou des yeux du malade et va infecter son entourage ou à l’inverse une sorte de venin venu du dehors que l’air communique au sang, qui pénètre ensuite dans le cœur, atteint le cerveau et met en péril l’esprit vital.

    81– La peur d’une grant infficion d’air gagne les esprits et est réfléchie dans le miroir littéraire qui reste, par ses clichés sur le danger, sur la souffrance, trop souvent à la limite du réel. Les populations, « pleines de crainte et d’effroi » devant l’ampleur que prennent les puantes maladies, véhiculées par les vapeurs venues des profondeurs de la terre ou des fours des artisans, ne se font guère d’illusions sur les possibilités de guérison. La résignation d’un greffier nantais en 1484 se déduit de cette formule « guérir si faire se peut44 » ! La Satire Ménippée rappelle encore au XVIe siècle cette évidence : « nous sommes sereez, pressez, envahis, bouclez de toutes parts, et ne prenons air que l’air puant d’entre nos murailles, de nos boës et de nos égouts ».

    82Charles VI fait remarquer dans une ordonnance de 1404 sur la pollution de la Seine et des rues de Paris : « que ce est grant horreur et abhominacion et grant merveille, se ne fust le miracle de Nostre Seigneur, comment les créatures et corps humains, usans en boires et en décoccions de leurs viandes, de eaue d’icelle rivière, ne en euqueurant en tres grans multiplications d’inconvéniens de mort et de maladie incurables45 ».

    Mesures coercitives d’hygiène et prophylaxie « aériste »

    83Était-il possible de « désodoriser » les habitants et les hôtes des cités malodorantes, « pour l’honneur du roi et la gloire du royaume » ou « au grand profit de lad. Ville (de Rouen), de la santé des habitants et de la salubrité de l’air » ?

    84Des solutions se présentaient en pareille circonstance : l’interdit, la prévention en attendant les soins d’une prophylaxie « aériste » examinée dans un autre chapitre consacré aux maladies pulmonaires.

    La lutte contre la « puantour » source de « pestillance de l’impédimie »

    85Des ordonnances gouvernementales, relayées localement par des mesures locales souhaitent éradiquer des accumulations de maux qui nuisent à l’environnement et menacent l’air inhalé.

    86– Signe d’une évolution en cours, les archives locales laissent entrevoir une augmentation du nombre des enquêtes de incommodo pour la protections des rues, des cours d’eau qui servent de dépotoirs d’immondices et de gravats des chantiers, de l’atmosphère.

    87Les procès se généralisent contre les infections provoquées par les ouvriers ou les artisans qui se rendent coupables de « puantour », « corrompoient » l’air, l’eau et le sol, dispersent des vapeurs et des gaz et sont bruyants. Tous les déchets, souvent énumérés avec précision, « boue, fumier, gravois, fiens, tere, tassons, netiures de ostel et autre ordure » doivent être enlevés dans un délai précis (quinze jours à Châlons-sur-Marne en 1467) sous peine de grosse amende et transportés à l’extérieur des agglomérations, loin des maisons et des cours d’eau. « Sinon l’air sera grandement corrompu et empoisonné et des maladies innombrables et intolérables séviront chaque jour », rappelle un texte parlementaire anglais repris sous des formes similaires en France ou en Allemagne (à Amiens, à Paris dès 1392, à Sens, Troyes, Nuremberg, etc.).

    88Le nombre des métiers incriminés s’accroît sensiblement à la fin du Moyen Âge qui a tendance à multiplier la diversité professionnelle. Tout le monde se plaint des teinturiers à Dijon. Un jugement du 4 septembre 1452 déclare :

    « Item est délibéré que pour le grant puantour qui sourt des eaulz et taintures que les taincturiers getent es cours de Reigne et de Suzon, bon leur faire sera commendement comme autrefois leur a esté jà fait pour evicté la dite puantour, laquelle pouvoit engendré une putrefaction dont on pourroit ensuivre grant tourement actendu la pestillance de l’impédimie qui garde ce que Dieu par sa grâce vueille appasier qu’ilz voyent faire leurs dites taintures hors la ville sur la ryvière tellement que nulz incommodement n’en puisse advenir aux habitans de ladite ville ni aultres46. »

    89Le même métier de teinturier et de foulon, grand utilisateur d’urine putréfiée et de compositions chimiques est visé et sanctionné d’une amende à Béthune dès 1330.

    90Les poissonniers de la rue Foire-le-Roi à Tours, les forgerons de Chalon-sur-Saône, les fondeurs de suif et de graisse du quartier de Légassieu à Montpellier sont eux aussi les victimes d’un courroux édilitaire. Sont visés aussi tous ceux qui empoisonnent leurs clients en exposant des viandes ou des poissons avariés, des chairs cuites (charcuteries), des abats de couleur cendrée (sic) dégageant de mauvaises odeurs (Rouen).

    91La répétition des ordonnances et des bans pour proscrire et combattre les nuisances laissent supposer une application difficile. Et, de fait, beaucoup de particuliers, privés de conscience, des communautés religieuses égoïstes, des privilégiés y compris dans l’entourage des princes ne sont pas toujours prêts à se conformer aux lois et abusent de leurs soi-disant privilèges.

    92– Les pires pollueurs, artisans et commerçants, sont soumis à un zonage forcé. Les tueries et écorcheries en plein air suscitent maintenant la réprobation et des lettres patentes de Charles VI en 1416 les délocalisent sous prétexte qu’elles provoquent des « émanations dangereuses ». Les bouchers ne sont pas les seuls concernés. Les tripières, les tanneurs avec des chaudières, des détergents et des tréteaux, les forgerons, sources de bruit et de fumées malodorantes, les barbiers qui se débarrassent dans les caniveaux du sang des saignées, les tisserands qui lavent et dégraissent la laine sont également punis sous Jean II le Bon (1363) avec la plus extrême rigueur. Des municipalités cherchent à les isoler, à les parquer à la périphérie des agglomérations ou dans des quartiers voisins d’un cours d’eau ou d’une halle spécialement affectée à l’exercice de leur profession. Les tanneurs de Montpellier sont rejetés dans la Blancaria près du Merdanson, un nom qui a une lourde signification !

    93– Les particuliers ne sont pas épargnés. Les fumiers, les étals, les tas de détritus, les ouvertures des latrines privées trop visibles sont prohibés et les mesures de police obligent les particuliers à les enlever le plus vite possible ou, à défaut, à repousser ces immondices loin des lieux habités, au pire à les cantonner « devers (chez) soi » ou « devant soi », sur cet espace étroit, qui précède la façade des maisons et la rigole et qui fait passer insensiblement du domaine privé au domaine public, du seuil au pavé à caniveau central. On agit dans ce sens à Paris, à Marseille, à Châlons-sur-Saône et ailleurs en sachant pertinemment que les sergents ne seront pas assez nombreux pour faire appliquer les décisions.

    94Il est interdit, sous peine d’amende, aux passants d’uriner contre les murs des particuliers ou des églises (Saint-Quentin dès 1246, Strasbourg en 1381), aux riverains de prendre les chaussées pour des latrines, de jeter le contenu d’un pot à pipi par les fenêtres, d’écouler des eaux sales sur les pavés en dehors des caniveaux (Marseille). L’interdiction d’attacher des chevaux au mur d’une église (Quimperlé), d’y uriner répond aux mêmes intentions et tient compte du caractère sacré du lieu47.

    95On considère comme mortifères, causes de contagion, les moisissures, la nourriture avariée, les carcasses d’animaux, les bêtes errantes qui prolifèrent sur le pavé. C’est au nom d’un principe d’hygiène élémentaire qu’est exclu l’animal des quartiers les plus habités. Des ordonnances limitent, cantonnent ou interdisent purement et simplement l’élevage de porcs et de volailles48. « Delibère fut qu’il soit crié en la ville que nul de quelque estat ou condition qu’il fust ne tenest ou nourrit pourchaux en icelle ville sous peine d’amende » lit-on sous la plume des édiles les plus radicaux. Le maire d’Amiens Firmin Piedeleu prohibe, le 2 août 1413, la divagation des porcs dans les artères de sa ville ; le conseil de Châlons-sur-Marne fait pareil le 30 mars 1467. La plupart du temps, on se borne à contingenter le nombre des bêtes, à quatre par maison comme à Reims en 1389, ou à exiger qu’elles soient enfermées dans des loges ou dans des cours. Très radicale encore est l’élimination physique des animaux errants, des chiens et des chats, par des professionnels, des tuekiens dans les villes du Nord, les soldats du guet ailleurs, payés à l’unité : 123 chiens sont tués par un tuekien à Douai en cinq semaines ! La solution n’est pas forcément la bonne puisque la présence de charognes reste, malgré tout, préjudiciable à la santé publique (Douai, Paris).

    96– D’autres mesures laissent planer des doutes sur les capacités de réflexion des responsables urbains et de leurs conseillers médicaux.

    97La politique d’exclusion commence à menacer les filles publiques, avant même que la syphilis ne se manifeste en Occident au moment des campagnes en Italie. La connotation péjorative du mot putain, porteur de mal, semble donner raison aux puritains soucieux de la santé physique et morale de leurs compatriotes, quitte à satisfaire leurs frustrations. Des mesures sont prises localement pour cantonner les fillettes et leurs bordaus loin des écoles, des couvents et des quartiers densément habités (Chambéry, Marseille)49.

    98Des débordements se produisent sous prétexte de lutter contre les fléaux. Des forains soupçonnés de venir de contrées « estranges » menacées, les clochards sans domicile fixe, les juifs accusés d’empoisonner les fontaines par haine des chrétiens… sont rendus responsables de tous les maux par les communautés locales à la recherche de coupables ! Les chanoines de Verdun expulsent un homme et une femme du cloître où ils logent sous prétexte que la femme « est concubine et femme nottée, laquelle va et vaque par la ville d’où peut passer dangier de peste50 ».

    99Une psychose morbide que définit de nos jours la psychanalyse gagne les esprits les plus éclairés et aboutit aux pires excès, encouragés par la délation dans une soif de recherche de la vérité absolue. Chacun peut être soupçonné : l’individu qui sent mauvais, dont l’haleine est fétide comme celle d’un lépreux, celui qui postillonne ou dont la morve coule des narines, le charbonnier dont le regard rougi par le feu semble luire. On craint les objets ou les vêtements des sujets atteints de lèpre, de peste ou de fièvres putrides. La méfiance s’étend aux verres, aux pichets, aux meubles et aux haillons. La peur de la contagion a paru quelquefois encourager les plus sales d’entre les humains. Loin d’être paradoxale, l’explication trouve sa logique dans la théorie de l’ouverture des pores de la peau. Plus on se lave à l’eau chaude, plus la peau transpire et se détend, plus les conduits naturels, débarrassés d’une pellicule protectrice, s’ouvrent à l’air pestilent et contaminent le corps devenu poreux ! Serait-ce la vraie raison de la fermeture d’étuves fin XVe siècle et au XVIe siècle ?

    100On évite bien entendu de séjourner dans les chambres de malades fiévreux et les animaux familiers, les oiseaux, les parasites sont incriminés et rendus responsables de tous les maux.

    Les commodités publiques

    101Des travaux sanitaires vont chercher à réduire les inconvénients ressentis par les riverains, les mauvaises odeurs responsables de la corruption de l’air. La pose de toises de pavé, de calades, de minutis lapidibus d’abord dans les villes du Nord (Bruges, Saint-Omer, Douai), du Midi (Avignon dès 1246, Marseille au XIIIe siècle) puis presque partout ailleurs, contribue à éliminer les bourbiers mais pas la totalité des boues et des mauvaises odeurs.

    102Plus utiles pour améliorer l’hygiène sont les aménagements en profondeur et que redécouvrent les archéologues : les fosses à fiens ou à sang, les puisards au rôle déjà salutaire, les conduits, voiries ou égouts et les retraits ou cabinets privés et collectifs.

    103– Un effort pour améliorer la qualité de l’air et limiter les rejets sauvages et les effluves toxiques est accompli avec la création de fosses à fond perdu, des réservoirs d’immondices biodégradables, où se concentrent les mauvaises odeurs. On les désigne par différents noms : trous-punais, creux à fumier, buttes à fiens, gouffres (Laon), heurts (Rouen), mal pertuis, putels, vidages, Eschenwinkel en Alsace51.

    104Ces épandages chtoniens ou à l’air libre sont les ancêtres de nos déchetteries, assez éloignées des centres pour qu’une ville ne soit pas « encerclée ou traversée par l’ordure » comme ce fut longtemps le cas à Chambéry. On découvre ces lieux accoustumez sur des terrains vagues, dans des îles de la Loire comme la Petite Hane à Nantes, sur le site de monuments romains (les arènes de Bourges), sur une grève (Saint-Malo). Au mieux, ces excavations ont la forme de tonneaux ou de caissons ovales ou carrés, atteignent plusieurs mètres de profondeur et sont renforcées par des madriers, tuilées ou empierrées pour que les infiltrations ne nuisent pas aux jardins ; au pire elles forment, en débordant, des buttes à ordures, signalées par des croix de bois à Dijon, dont les amoncellements prennent une telle extension qu’ils empestent l’air à leur tour et contribuent à exhausser le sol ou à combler des fossés. La terre noire de ces dépotoirs a livré aux archéologues des tessons de céramique, des monnaies, des verreries (Chartres, Noyon).

    105Des chantiers de trous perdus, nécessaires « pour sarrer la fange et la bouter hors des murs » s’ouvrent aux XIVe et XVe siècles. De nouvelles fosses sont signalées dans les archives de Langres (1382), à Laon, à Reims riche de 70 nouvelles créations « à un trait d’une arbalète » de tout habitat, à Saint-Omer « à dix pieds des murs », à Rouen, à Nantes sur des terrains vagues, trop près de la cathédrale Saint-Pierre, à l’emplacement de l’actuelle Préfecture, sur la contrescarpe d’un fossé. À l’inverse, la peur de l’infection incite des municipalités à créer des zones interdites. Ainsi les Marseillais prohibent tout dépotoir autour du Vieux Port, dans la plaine Saint-Michel et sur les premières pentes de la colline Saint-Charles pour éviter l’écoulement d’eaux contaminées et les mauvaises odeurs52.

    106Tout est loin d’être parfait. Les puits perdus, en nombre insuffisant (5 à Rouen) manquent souvent de profondeur, sont vite saturés et l’effet de serre en été favorise le développement de miasmes.

    107– L’installation de nouveaux égouts enfouis dans le sol comme l’admirable réseau de Riom étudié par J. Teyssot, comme ceux de Paris ou de Rennes et la présence d’un service de curage ou de nettoyage hebdomadaire (Angers, Nantes, La Rochelle) ont la même bonne intention mais aussi les mêmes limites.

    108Les mots curage et purgation, utilisés pour désigner ce travail, en disent long sur l’état des lieux et l’immensité de l’œuvre à accomplir ! Les conduits d’évacuation des eaux usées se bouchent facilement et leur présence, de bénéfique au départ, devient peu à peu une nouvelle nuisance, la principale cause de mauvaises odeurs, d’épidémie de peste pour des citadins. Des villes propres ou supposées l’être par des historiens ou des archéologues, auteurs de découvertes intéressantes dans un quartier déterminé, ne le sont pas forcément dans la totalité de leur agglomération (Saint-Omer, Paris). Des chercheurs se sont laissés subjuguer par une législation municipale jugée « hygiéniste » ou par des aménagements en surface ou en profondeur, au point d’oublier le caractère répétitif de la plupart des mesures prises faute d’application, et l’inachèvement des entreprises les mieux amorcées (les égouts de Riom, de Paris, de Tournai dès 1231)53.

    Paris renferme des voiries ou circuits de canalisation recevant les ordures et les gravats des chantiers, sept principaux extra-muros et trois intra-muros. Les plus importants se trouvent notamment aux Coupeaux, une butte du Jardin des Plantes, dans le faubourg Saint-Martin, près de la porte Saint-Honoré, près de l’abbaye de Saint-Germain-de-Près, au Monceau Saint-Gervais, près de l’église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle. Les fumiers récoltés dans l’agglomération sont récupérés par les jardiniers pour fertiliser leur tenure54.

    109– Des ordonnances de police commencent aussi à s’intéresser à l’extension des latrines privées et collectives pour remplacer les rues à fiens ou ces rendez-vous du malpropre odoriférant que sont les rues des Aisances, les rues Ordes, aux Crevez ou les Merderons, le traditionnel vase de nuit, l’urinal ou orinal du roman de Renart au XIIIe siècle, fabriqué par des maîtres-verriers, le pot de terre, la chaire de retrait en bois, garnie de tissu et de dentelle.

    110Les petits cabinets que chacun, du plus grand au plus petit, fréquente et où il rencontre des amis, ces lieux de sociabilité et de conversation ont été célébrés à toutes les époques et le Moyen Âge n’échappe pas à cette tradition qui veut qu’on reconnaisse les mérites d’un endroit « où les rois et les philosophes fientent et les dames aussi » (Montaigne). On doit à Gilles Corrozet au XVIe siècle ce délicat éloge du lieu chargé d’érotisme où « le ventre se décharge » et « les aulx se laschent », plutôt que d’accomplir des actes que la morale réprouve dans les ruelles, sur les façades des maisons, ou même sur les murs des églises !

    « Retrait de grand commodité
    Soit aux champs ou en la cité
    Retrait auquel personne n’entre
    Si ce n’est pour purger son ventre
    Retrait de grande dignité
    Où le cul sied en majesté
    Retrait qu’on n’ose découvrir
    Ni le desus du siège ouvrir
    De peur, afin que je ne mente
    Que le fort parfum ne s’évente
    Retrait où l’on se sent à l’aise
    Il vaut bien mieux que je me taise
    Qu’empuanter de tes senteurs
    Les lecteurs et les auditeurs55. »

    111En principe, les ordonnances comme celle de Charles V en 1374, de Charles VI en 1383 et les coutumes locales demandent que « tous propriétaires de maisons en ville et fauxbourgs soient tenus avoir latrines et privez suffisants en leurs maisons » (Paris, Dijon). Des fosses, des retraits, des fosses à retraits, des chambres basses ou aisées, des aisemens, des chambres de nécessité sont signalés dans les documents descriptifs de maisons, apparaissent sur des miniatures (celle du Decameron), ou ont été découverts et analysés par les archéologues (Aix-en-Provence, Amiens, Boulogne, Chartres, Cluny, Senlis). Ces édicules se tiennent au fond de jardins, dans les garde-robes d’hôtels particuliers, en bordure des remparts, dans un angle et en encorbellement ou en bretèche. Mais si la construction de latrines a été encouragée, il n’est pas du tout certain que tous les quartiers en aient été pourvus ; des dispositifs, branchés sur les égouts ou sur de rivières sont devenus en se bouchant, par temps d’orage, des sources d’infection généralisée (Rennes) Décrivant une rue de Troyes, laissée à la libre disposition des usagers, une délégation qui voulait la maintenir en l’état, déclara : « Messieurs, nos pères y ont chié, j’y chions et nos enfants y chierons. » Des ordonnances municipales fixent les modalités de construction : « Qui fait glaçoirs, c’est a scavoir aisance contre mur mitoyant ou aucun mur dans moyen, il doit faire contre mur d’un pied d’espez ou de l’espesseur en tel cas accoustumée entre les maçons, pource qu’autrement la fiente et le pissat pourriroit ledit mur56. »

    112Les municipalités font aménager aussi des latrines publiques dans la plupart des grandes villes. Elles restent sommaires et sont souvent décrites comme sales et peu fréquentables. Les principaux alignements sont construits sur les ponts, sur les rives des cours d’eau (au bord de l’Escaut à Tournai ou sur le Robec et l’Aubette à Rouen), sur les remparts ou près du marché ou d’un hôpital (Strasbourg).

    113L’archéologie et l’examen des textes a beaucoup fait progresser la connaissance des commodités, de leurs équipements modernes, avec des branchements sur des puisards bien calculés dans des donjons (Étampes, Coucy), dans des palais et des hôpitaux, chez des particuliers à Aix-en-Provence, à Chartres, à Périgueux, à Paris, à Rouen, à Strasbourg… Des chambres courtoises mieux conçues, à eau courante, raccordées sur des conduits en terre cuite, avec des couvercles ou planquettes, existent bel et bien dès le XIIIe siècle à Paris. La plupart des chambres dites basses même si elles occupent une position élevée en bretèche se vident dans un fossé ou merderon, dans une rivière, ou sont connectées à un égout.

    114L’habitude se prend de faire appel à des professionnels pour les « chausser » en bonne pierre et de les munir de canalisations appropriées. Des vuidangeurs, des maistres fifi, des ouvriers ès chambres basses, des gadouards sont quelquefois mentionnés dans les archives. Ce sont tantôt de pauvres tâcherons, tantôt des professionnels, des maçons ou des terrassiers de profession qui pratiquent le nettoyage et l’évacuation des ordures au forfait. La plupart sont détenteurs d’un monopole lucratif réservé, selon un poème plein de fiel du XIIIe siècle, aux Bretons domiciliés de Paris. Jean II le Bon s’est soucié de réglementer leur mestier en janvier 135057.

    115La construction d’abattoirs, de nouvelles halles, la mise en place d’un service régulier de répurgation obéissent aux mêmes préoccupations d’hygiène publique qui contribuent à améliorer la qualité de l’air.

    *

    116Partout se conjuguent l’aigreur des odeurs corporelles, le mauvais état de conservation des aliments malsains, qualifiés de grossiers, la pourriture de leurs déchets, la saleté des locaux, les miasmes des ateliers et des tueries, utilisant l’eau courante et le pavé, partout l’excrémentiel devient réalité quotidienne. Les citadins, « pleins de crainte et d’effroi » devant la « grant infficcion d’air », les « puantes maladies » véhiculées par l’eau impure et l’air vicié, ont désormais une peur obsessionnelle des « corruptions et infection nuisables à corps humain », de la contagion qui crée des « infections épydémies ». Si le mot pollution n’est pas encore utilisé, du moins dans le sens donné actuellement, on n’ignore pas, à défaut de connaissance bactériologiques, les causes naturelles (déchets, eaux sales, excréments), chimiques (les gaz et les vapeurs empoisonnées), mécaniques (gravats) de maux qui s’accompagnent d’odeurs putrides. Reprenant une idée développée jadis par Avicenne, les médecins de la fin du Moyen Âge ont conclu : « Lorsque dans certaines conditions, les causes célestes et terrestres se conjuguent, des vapeurs et des fumées s’élèvent et se mélangent à l’air et provoquent sa putréfaction par le biais d’une faible chaleur. » À la théorie « miasmatique » couramment admise par le corps médical d’antan s’ajoute peu à peu la notion de contagion avant que des esprits plus éclairés encore n’attribuent au XVIe siècle avec l’Italien Girolamo Fracastore, avant l’emploi du microscope et les futures découvertes pastoriennes, l’hypothèse de l’intervention de groupuscules vivants invisibles, justifiant le déclenchement des maladies infectieuses.

    117Le danger a eu tendance à s’aggraver dans beaucoup de villes de la fin du Moyen Âge, surtout dans les bas quartiers surpeuplés et menacés par une concentration d’émanations chimiques, de fumées de forges ou de poteries, de rejets sauvages d’abattoirs et de tanneries, au contact de ruisseaux nauséabonds, d’un marécage putride, proche d’une ville comme les marais de Saint-Omer ou de Calais, les palus de Bordeaux, les grèves de Saint-Malo. La vision des déchets et des fumiers accumulés à même le pavé, à la porte des habitations, les miasmes en effleurant les tuiles d’un toit surchauffé, sous une verrière provoquant un effet de serre, justifient une mesure « écologiste » avant l’heure réclamant « que l’air dans lequel tu vis soit clair, pur de tout poison et qu’il ne sente pas mauvais ».

    118Pourtant la réaction n’a pas toujours été à la hauteur des observations et de la tragédie. Une recherche statistique sur Rouen fait remarquer que, sur les 156 ordres du jour de séances municipales rouennaises consacrés à la pollution entre 1389 et 1534, deux actes par an, soit seulement 1,5 % du total des mesures renfermées dans treize registres, s’intéressent vraiment à ce problème majeur ! (Ph. Lardin). On se gardera aussi d’attacher trop d’importance à des ordonnances, à des installations sanitaires. Il est plus facile d’appliquer de bons préceptes d’hygiène dans des maisons bourgeoises disposant de commodités, d’un ou deux cabinets à l’étage, que chez les simples artisans où l’habitat se réduit à des pièces basses et mal aérées, où les fenêtres ne sont que d’étroites ouvertures, où les procédés de chauffage multiplient les mauvaises odeurs. Les rues Orde, Basse-Fesse, du Pipi, des Aisances ne sont pas prêtes de disparaître des paysages urbains !

    Notes de bas de page

    1 La pollution en général a été traitée sous un angle juridique dans l’ouvrage de K. Weidenfeld, La police de la petite voirie à Paris à la fin du Moyen Âge, université de Panthéon-Assas, LGDJ, Paris 1996 – sous un angle technique et historique par A. Guillerme, Le temps de l’eau. La cité, l’eau et les techniques, Seyssel, éd. Champ Vallon, 1983 – J.-P. Leguay, La pollution au Moyen Âge, éd. Jean-Paul Gisserot, Paris, 1999 – C. Monnet, L’évacuation des déchets en milieu urbain au Bas Moyen Âge, Louvain-la-Neuve, 1992 – sous un angle médical par J. N. Biraben, « Épidémies, hygiène et santé publique au Moyen Âge », colloque international d’Histoire de la Médecine médiévale de mai 1985, Orléans, Société Orléanaise d’Histoire de la Médecine, 1985, p. 74-82 et A. Vigarelllo, Le propre et le sale. L’hygiène du corps depuis le Moyen Âge, Paris, éd. du Seuil, 1985 & Le sain et le malsain, santé et mieux-être depuis le Moyen Âge, Paris, éd. du Seuil, 1993. Voir aussi M. Douglas, De la souillure. Essai sur les notions de pollution et de tabou, Paris, La Découverte, 2001.

    2 J. N. Biraben, Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, Paris, Mouton, 2 volumes, 1975-1977 – M. Lucenet, Les grandes pestes en France, Paris, éd. Aubier, 1995.

    3 J. A. Ternisien, Les pollutions et leurs effets, Paris, 1968 – A. Corbin, Les miasmes et la jonquille. L’odorat et l’imaginaire sociale. 18e et 19e siècles, Paris, Aubier, 1982 – A. Picaud, Histoire en parfums, Paris, éd. Du Garde-Temps, 1999.

    4 P. Camporesi, L’officine des sens, Paris, Hachette, 1989 et Les effluves du temps jadis, Paris, Plon, 1995 – D. Laporte, Histoire de la merde, Paris, éd. Christian Bourgeois, 1978 – A. Le Guérer, Les pouvoirs de l’odeur, Paris, éd. Odile Jacob, 1998 et Du miasme au microbe, Paris, éd. Autrement, 1987, no 92 – J.-P. Leguay, « Les mauvaises odeurs, fléau urbain au Moyen Âge » dans les Actes du colloque de Belfort d’octobre 2006, Belfort, 1307, L’éveil de la liberté, p. 249-267.

    5 A. Derville, Saint-Omer. Des origines au début du 14e siècle, Presses Universitaires de Lille, 1995. L’auteur déclare un instant « Contrairement aux villes françaises qui étaient “ordes et punaises”, Saint-Omer comme toutes les villes flamandes était propre »… ce qui ne l’empêche pas d’évoquer ensuite des chaussées devenues des égouts à ciel ouvert, le commerce de boue et de fumier, récoltés dans les rues !

    6 A. Guillerme, Quelques problèmes de l’eau dans les villes du Bassin Parisien au Moyen Âge, thèse de 3e cycle, Paris, 1983.

    7 Fr. Comte, « L’assainissement des rues d’Angers à ses origines », revue 303, no 98, 2007, p. 6-17 – A. Malissard, Les Romains et l’eau, Paris, 1994.

    8 Rigord, Gesta de Philippi Augusti, extrait des chroniques de Saint-Denis, éd. J.-L. Brial, dans le Recueil des Historiens de France, tome XVII, Paris, 1818, p. 359 et Vie de Philippe II Auguste, éd. Paléo, Clermont-Ferrand, 2003, p. 65-66.

    9 J.-P. Leguay, La rue, op. cit., p. 53-63 – L. Vincelet, « Philippe-Auguste et l’hygiène à Paris », Archives médicales de Normandie, 3, mars 1976, p. 109-110. Voir aussi à titre de comparaison avec les époques moderne et contemporaine A. Farge, Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle, Paris, collection Archives, 1979 ou J. Kaplow, Les noms de rois, les pauvres de Paris à la veille de la Révolution, Paris, 1974.

    10 Rigord, Vie de Philippe II Auguste, éd. Paléo, Clermont-Ferrand, 2003, p. 65-66.

    11 P. Amargier, Les Saintes Maries-de-la-Mer au Moyen Âge, Centre d’Études de Sociétés Méditerranéennes, Aix-en-Provence, 1985, p. 29-42.

    12 AD de Loire-Atlantique G 506, paroisse de Saint-Saturnin de Nantes.

    13 F. A. Isambert, Recueil général des anciennes lois françaises, tome V, Paris, 1824, p. 149.

    14 Guillaume Le Breton, Continuation de la vie de Philippe II Auguste, traduction de Fr. Guizot et de R. Fougères, éd. Paléo, Clermont-Ferrand, 2003, p. 206 – A. Franklin, La vie privée d’autrefois. Modes, mœurs, usages parisiens, Paris, volume III, 1890, p. 21,23 & Étude sur la voirie et l’hygiène publique à Paris depuis le XIe siècle, Paris, 1873 – F. Naizet, « Les déchets et leur traitement, éléments de terminologie à l’usage des archéologues » dans les Actes du colloque de l’IPPER de Poitiers de septembre 2002, sur « la ville et ses déchets dans le monde romain : rebuts et recyclages » sous la direction de P. Ballet, P. Cordier et N. Dieudonné-Glad, Archéologie et histoire romaine, volume 10, Montagnac, éd. Monique Merguoil, 2003, p. 14.

    15 J. Dupâquier (dir.), H. Dubois, Histoire de la population française, tome I, Des origines à la Renaissance, Paris, PUF, 1988 – P. Stabel, « Composition et recomposition des réseaux urbains aux Pays-Bas » dans Villes de Flandre et d’Italie (XIIIe-XVIe siècles), Urban Story no 12, sous la direction d’E. Crouzet-Pavan et d’E. Lecuppre-Desjardins, Turnhout, Brepols, 2008, p. 29-63.

    16 J.-P. Leguay, La pollution…, op. cit., p. 17 – C. Monnet, Approche historique de l’évacuation des déchets…, op. cit., Louvain-La-Neuve, 1992, p. 125.

    17 C. Monnet, Approche historique…, op. cit., p. 127.

    18 B. Chevalier, Tours, ville royale (1356-1520), origines et développement d’une capitale à la fin du Moyen Âge, Paris-Louvain, 1975, p. 225, 249, note 23, 253, 527 – A. Curry, « Bourgeois et soldats dans la ville de Mantes pendant l’occupation anglaise de 1419 à 1449 », Mélanges Ph. Contamine, PUPS, 2000, p. 180.

    19 H. P. Duerr, Nudité et pudeur. Le mythe du processus de civilisation, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme (EMSH), 1988, rééd. 1998 – J.-P. Leguay, L’eau dans la ville au Moyen Âge, Rennes, PUR, 2002, p. 242-244.

    20 D. Alexandre-Bidon et M. Closson, L’enfant à l’ombre des cathédrales, Lyon, PUL, 1985, p. 88.

    21 P. Camporesi, Les effluves du temps jadis, op. cit., p. 81-123 – A. Le Guérer, Les pouvoirs de l’odeur, op. cit. – L. Roubin, Le monde des odeurs, Paris, éd. Méridiens-Klincksieck, 1989 – E. Roudnitska, Le parfum, Paris, PUF, 1980.

    22 G. de Lorris et J. de Meung, Le Roman de la Rose, Lettres Gothiques, Paris, 1992, p. 185.

    23 M. Camille, Images dans les marges, Paris, Gallimard, 1997, p. 152-154.

    24 A. Higounet-Nadal, « Hygiène, salubrité, pollutions au Moyen Âge, l’exemple de Périgueux », Annales de démographie historique, 1975, p. 81-92 – J.-P. Leguay, Vivre en ville au Moyen Âge, Paris, éd. J.-P. Gisserot, 2006 – J. Le Goff, Pour un autre Moyen Âge, Paris, Gallimard, 1977, p. 138-140.

    25 « Des chevaliers, des clercs et des vilains » dans V. d’Aignan, 25 fabliaux, Paris, Bibliothèque Gallimard, 2001, p. 14.

    26 D. Barrière, L’eau, la saleté, l’hygiène à Rouen de la fin du Moyen Âge au siècle des Lumières, maîtrise de l’université de Rouen, 1996 – J.-P. Leguay, L’eau au Moyen Âge, op. cit. – K. Weidenfeld, « Le contentieux de la voirie parisienne à la fin du Moyen Âge », Revue Historique no 610, 1999, p. 180-181.

    27 R. Delort, « Les animaux dans la ville occidentale à la fin du Moyen Âge », dans Villes, Bonnes Villes, cité et capitales, Mélanges B. Chevalier, Tours, 1989, p. 343-350.

    28 P. Baer, Les institutions municipales de Moulins sous l’Ancien Régime, Paris, 1906, p. 270-274.

    29 T. Boutiot, Histoire de la ville de Troyes et de la Champagne méridionale, Paris, 1872.

    30 G. Espinas, La vie urbaine à Douai au Moyen Âge, Paris, 1913.

    31 J. Gimpel, La révolution industrielle au Moyen Âge, Paris, éd. du Seuil, 1975, p. 89.

    32 Ph. Lardin, « Les Rouennais et la pollution à la fin du Moyen Âge », Mélanges Anne-Marie Flambard-Héricher, Des châteaux et des sources, PURH, 2008, p. 399-427.

    33 Isambert, Anciennes lois françaises, op. cit., volume IV, p. 623-624 – C. Monnet, Approche historique, op. cit., p. 128.

    34 Dubuisson-Aubenay, Itinéraire de Bretagne de 1636, tome I, Rennes, 1898, p. 5.

    35 F. Humbert, Les finances municipales de Dijon du milieu du XIVe siècle à 1477, Paris, 1961, p. 260.

    36 K. Weidenfeld, La police de la petite voirie à Paris, à la fin du Moyen Âge, université de Panthéon-Assas, LGDJ, Paris, 1996, p. 11 – J.-P. Leguay, La rue au Moyen Âge, Rennes, éd. Ouest-France-Édilarge, 1984, p. 53-91.

    37 A. Guillerme, « Eaux vives et eaux mortes entre Moyen Âge et Renaissance » dans Le Grand Livre de l’Eau, sous la direction de J. Aubouin, Paris, La Manufacture, 1990 – S. Roux, Paris au Moyen Âge, Paris, Hachette Littérature, 2003.

    38 K. Weidenfeld, La police de la petite voirie, op. cit., p. 11.

    39 AM de Rennes, liasse 221, 1463-1464 – J.-P. Leguay, « La pollution de l’air et de l’eau, un fléau urbain méconnu à la fin du Moyen Âge en France » dans Natura I Desenvolupament. El Medi Ambient A L’Edat Mitjana, Pagès editors, Lleida, 2007, p. 99-128.

    40 A. Franklin, La vie privée d’autrefois, Paris, 1890, III, p. 21, 23.

    41 La circulation des nouvelles au Moyen Âge, actes du 24e congrès de la Société des Médiévistes de l’Enseignement Supérieur public tenu à Avignon en juin 1993, publication de l’École Française de Rome et de la Sorbonne, Rome-Paris, 1994 : notamment l’article de C. Beaune, p. 191-203.

    42 Guillaume de Nangis, Chronique latine de 1113 à 1300, Paris, éd. H. Géraud, 1843, p. 31-35 – F. Bériac, Histoire des lépreux au Moyen Âge, une société d’exclus, Paris, éd. Imago, 1988, p. 25 – N. Cohn, Les fanatiques de l’Apocalypse, Dossiers des Lettres Nouvelles, Paris, éd. Julliard, 1962 – D. Nirenberg, Violence et minorités au Moyen Âge, Paris, PUF, 2001 – G. Vigarello, Le sain et le malsain, op. cit., Paris, Éd. du Seuil, 1993, p. 14-15.

    43 S. Albert (dir.), Laver, monder, blanchir. Discours et usages de la toilette dans l’Occident médiéval, Paris, PUPS, 2006 – J. N. Corvisier, Santé et société en Grèce ancienne, Paris, 1984 – D. Jacquart et Fr. Micheau, La médecine arabe et l’Occident médiéval, Paris, Maisonneuve et Larose, 1990.

    44 AM Nantes, BB 1 (1484).

    45 A. Franklin, Paris et les Parisiens au seizième siècle, Paris, 1928, p. 28 – P. Champion, 1934, p. 121.

    46 Registre des comptes de Dijon, texte cité par C. Moonet, Approche historique, op. cit., p. 131.

    47 J.-P. Leguay, « La ville de Quimperlé du XIIe au XVIe siècle », Actes du colloque de l’Abbaye Sainte-Croix de Quimperlé d’octobre 1998, Brest, Publication du CRBC, 1999, p. 126, 131.

    48 J. N. Biraben, « Épidémies, hygiène et santé publique », colloque d’Orléans de mai 1985, Société Orléanaise d’Histoire de la Médecine, 1985, p. 74-82 – S. Guilbert, « Châlons-sur-Marne, un conseil municipal face aux épidémies », Annales ESC, novembre-décembre 1968, no 6, p. 1288 – J.-P. Leguay, Un réseau urbain au Moyen Âge : les villes du duché de Bretagne aux XIVe et XVe siècles, Paris, éd. Maloine, 1981.

    49 R. Brondy, Chambéry, Histoire d’une capitale, Lyon, PUL, 1988 – A. Sadrin, Diverses réglementations urbaines en Avignon au Moyen Âge, Villedieu, 1938.

    50 A. Girardot (dir.), Histoire de Verdun, Toulouse, éd. Privat, 1992 p. 84.

    51 Actes du colloque de Fribourg, Conscience et refus du progrès au Moyen Âge – Fortschritts-verweigerung und de schrittsbewusstein im Mittelalter, sous la direction de H. J. Schmidt, Berlin-New York, éd. Walter de Gruyter, Scrinium Friburgense, Band 18, 2005, p. 107-142 & « Le problème de l’évacuation des ordures au Moyen Âge : pérennité des usages antiques et nouveautés », Colloque de l’IPPER de Poitiers de septembre, op. cit., p. 303-311 – H. du Roselle, Les eaux, les égouts et les fosses d’aisances dans leurs rapports avec les épidémies, Amiens, 1867 – K. Weidenfeld, La police de la petite voirie à Paris à la fin du Moyen Âge, Paris, LGDJ, 1996.

    52 R. Pernoud, Les statuts municipaux de Marseille, Monaco, 1949.

    53 J. Teyssot, « L’eau propre, l’eau sale à la fin du Moyen Âge. Le cas des égouts de Riom en Auvergne », Cahiers d’Histoire, tome XXXVII, no 2, 1962, p. 103-120.

    54 E. Belgrand, Les travaux souterrains de Paris, Paris, 1872. Texte cité par R. H. Guerrand, Les Lieux, Histoire des commodités, Paris, La Découverte, 1985, p. 22.

    55 L. Bourgeois, « Archéologie médiévale et déchets urbains », Actes du colloque de Poitiers, op. cit., p. 313-314 – J.-P. Leguay, La pollution au Moyen Âge, op. cit.

    56 Isembert, Decruzy et Jourdan, Anciennes lois, tome XI, 1830, f° 156-160 – P. Bernardi, Métiers du bâtiment et techniques de construction à Aix-en-Provence à la fin de l’époque gothique (1400-), Aix, Publications de l’université de Provence (PUP), 1990.

    57 A. Chédeville, « L’immigration bretonne dans le royaume de France du XIe au début du XIVe siècle », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, tome 81, 1974, no 2.

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    1 La pollution en général a été traitée sous un angle juridique dans l’ouvrage de K. Weidenfeld, La police de la petite voirie à Paris à la fin du Moyen Âge, université de Panthéon-Assas, LGDJ, Paris 1996 – sous un angle technique et historique par A. Guillerme, Le temps de l’eau. La cité, l’eau et les techniques, Seyssel, éd. Champ Vallon, 1983 – J.-P. Leguay, La pollution au Moyen Âge, éd. Jean-Paul Gisserot, Paris, 1999 – C. Monnet, L’évacuation des déchets en milieu urbain au Bas Moyen Âge, Louvain-la-Neuve, 1992 – sous un angle médical par J. N. Biraben, « Épidémies, hygiène et santé publique au Moyen Âge », colloque international d’Histoire de la Médecine médiévale de mai 1985, Orléans, Société Orléanaise d’Histoire de la Médecine, 1985, p. 74-82 et A. Vigarelllo, Le propre et le sale. L’hygiène du corps depuis le Moyen Âge, Paris, éd. du Seuil, 1985 & Le sain et le malsain, santé et mieux-être depuis le Moyen Âge, Paris, éd. du Seuil, 1993. Voir aussi M. Douglas, De la souillure. Essai sur les notions de pollution et de tabou, Paris, La Découverte, 2001.

    2 J. N. Biraben, Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, Paris, Mouton, 2 volumes, 1975-1977 – M. Lucenet, Les grandes pestes en France, Paris, éd. Aubier, 1995.

    3 J. A. Ternisien, Les pollutions et leurs effets, Paris, 1968 – A. Corbin, Les miasmes et la jonquille. L’odorat et l’imaginaire sociale. 18e et 19e siècles, Paris, Aubier, 1982 – A. Picaud, Histoire en parfums, Paris, éd. Du Garde-Temps, 1999.

    4 P. Camporesi, L’officine des sens, Paris, Hachette, 1989 et Les effluves du temps jadis, Paris, Plon, 1995 – D. Laporte, Histoire de la merde, Paris, éd. Christian Bourgeois, 1978 – A. Le Guérer, Les pouvoirs de l’odeur, Paris, éd. Odile Jacob, 1998 et Du miasme au microbe, Paris, éd. Autrement, 1987, no 92 – J.-P. Leguay, « Les mauvaises odeurs, fléau urbain au Moyen Âge » dans les Actes du colloque de Belfort d’octobre 2006, Belfort, 1307, L’éveil de la liberté, p. 249-267.

    5 A. Derville, Saint-Omer. Des origines au début du 14e siècle, Presses Universitaires de Lille, 1995. L’auteur déclare un instant « Contrairement aux villes françaises qui étaient “ordes et punaises”, Saint-Omer comme toutes les villes flamandes était propre »… ce qui ne l’empêche pas d’évoquer ensuite des chaussées devenues des égouts à ciel ouvert, le commerce de boue et de fumier, récoltés dans les rues !

    6 A. Guillerme, Quelques problèmes de l’eau dans les villes du Bassin Parisien au Moyen Âge, thèse de 3e cycle, Paris, 1983.

    7 Fr. Comte, « L’assainissement des rues d’Angers à ses origines », revue 303, no 98, 2007, p. 6-17 – A. Malissard, Les Romains et l’eau, Paris, 1994.

    8 Rigord, Gesta de Philippi Augusti, extrait des chroniques de Saint-Denis, éd. J.-L. Brial, dans le Recueil des Historiens de France, tome XVII, Paris, 1818, p. 359 et Vie de Philippe II Auguste, éd. Paléo, Clermont-Ferrand, 2003, p. 65-66.

    9 J.-P. Leguay, La rue, op. cit., p. 53-63 – L. Vincelet, « Philippe-Auguste et l’hygiène à Paris », Archives médicales de Normandie, 3, mars 1976, p. 109-110. Voir aussi à titre de comparaison avec les époques moderne et contemporaine A. Farge, Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle, Paris, collection Archives, 1979 ou J. Kaplow, Les noms de rois, les pauvres de Paris à la veille de la Révolution, Paris, 1974.

    10 Rigord, Vie de Philippe II Auguste, éd. Paléo, Clermont-Ferrand, 2003, p. 65-66.

    11 P. Amargier, Les Saintes Maries-de-la-Mer au Moyen Âge, Centre d’Études de Sociétés Méditerranéennes, Aix-en-Provence, 1985, p. 29-42.

    12 AD de Loire-Atlantique G 506, paroisse de Saint-Saturnin de Nantes.

    13 F. A. Isambert, Recueil général des anciennes lois françaises, tome V, Paris, 1824, p. 149.

    14 Guillaume Le Breton, Continuation de la vie de Philippe II Auguste, traduction de Fr. Guizot et de R. Fougères, éd. Paléo, Clermont-Ferrand, 2003, p. 206 – A. Franklin, La vie privée d’autrefois. Modes, mœurs, usages parisiens, Paris, volume III, 1890, p. 21,23 & Étude sur la voirie et l’hygiène publique à Paris depuis le XIe siècle, Paris, 1873 – F. Naizet, « Les déchets et leur traitement, éléments de terminologie à l’usage des archéologues » dans les Actes du colloque de l’IPPER de Poitiers de septembre 2002, sur « la ville et ses déchets dans le monde romain : rebuts et recyclages » sous la direction de P. Ballet, P. Cordier et N. Dieudonné-Glad, Archéologie et histoire romaine, volume 10, Montagnac, éd. Monique Merguoil, 2003, p. 14.

    15 J. Dupâquier (dir.), H. Dubois, Histoire de la population française, tome I, Des origines à la Renaissance, Paris, PUF, 1988 – P. Stabel, « Composition et recomposition des réseaux urbains aux Pays-Bas » dans Villes de Flandre et d’Italie (XIIIe-XVIe siècles), Urban Story no 12, sous la direction d’E. Crouzet-Pavan et d’E. Lecuppre-Desjardins, Turnhout, Brepols, 2008, p. 29-63.

    16 J.-P. Leguay, La pollution…, op. cit., p. 17 – C. Monnet, Approche historique de l’évacuation des déchets…, op. cit., Louvain-La-Neuve, 1992, p. 125.

    17 C. Monnet, Approche historique…, op. cit., p. 127.

    18 B. Chevalier, Tours, ville royale (1356-1520), origines et développement d’une capitale à la fin du Moyen Âge, Paris-Louvain, 1975, p. 225, 249, note 23, 253, 527 – A. Curry, « Bourgeois et soldats dans la ville de Mantes pendant l’occupation anglaise de 1419 à 1449 », Mélanges Ph. Contamine, PUPS, 2000, p. 180.

    19 H. P. Duerr, Nudité et pudeur. Le mythe du processus de civilisation, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme (EMSH), 1988, rééd. 1998 – J.-P. Leguay, L’eau dans la ville au Moyen Âge, Rennes, PUR, 2002, p. 242-244.

    20 D. Alexandre-Bidon et M. Closson, L’enfant à l’ombre des cathédrales, Lyon, PUL, 1985, p. 88.

    21 P. Camporesi, Les effluves du temps jadis, op. cit., p. 81-123 – A. Le Guérer, Les pouvoirs de l’odeur, op. cit. – L. Roubin, Le monde des odeurs, Paris, éd. Méridiens-Klincksieck, 1989 – E. Roudnitska, Le parfum, Paris, PUF, 1980.

    22 G. de Lorris et J. de Meung, Le Roman de la Rose, Lettres Gothiques, Paris, 1992, p. 185.

    23 M. Camille, Images dans les marges, Paris, Gallimard, 1997, p. 152-154.

    24 A. Higounet-Nadal, « Hygiène, salubrité, pollutions au Moyen Âge, l’exemple de Périgueux », Annales de démographie historique, 1975, p. 81-92 – J.-P. Leguay, Vivre en ville au Moyen Âge, Paris, éd. J.-P. Gisserot, 2006 – J. Le Goff, Pour un autre Moyen Âge, Paris, Gallimard, 1977, p. 138-140.

    25 « Des chevaliers, des clercs et des vilains » dans V. d’Aignan, 25 fabliaux, Paris, Bibliothèque Gallimard, 2001, p. 14.

    26 D. Barrière, L’eau, la saleté, l’hygiène à Rouen de la fin du Moyen Âge au siècle des Lumières, maîtrise de l’université de Rouen, 1996 – J.-P. Leguay, L’eau au Moyen Âge, op. cit. – K. Weidenfeld, « Le contentieux de la voirie parisienne à la fin du Moyen Âge », Revue Historique no 610, 1999, p. 180-181.

    27 R. Delort, « Les animaux dans la ville occidentale à la fin du Moyen Âge », dans Villes, Bonnes Villes, cité et capitales, Mélanges B. Chevalier, Tours, 1989, p. 343-350.

    28 P. Baer, Les institutions municipales de Moulins sous l’Ancien Régime, Paris, 1906, p. 270-274.

    29 T. Boutiot, Histoire de la ville de Troyes et de la Champagne méridionale, Paris, 1872.

    30 G. Espinas, La vie urbaine à Douai au Moyen Âge, Paris, 1913.

    31 J. Gimpel, La révolution industrielle au Moyen Âge, Paris, éd. du Seuil, 1975, p. 89.

    32 Ph. Lardin, « Les Rouennais et la pollution à la fin du Moyen Âge », Mélanges Anne-Marie Flambard-Héricher, Des châteaux et des sources, PURH, 2008, p. 399-427.

    33 Isambert, Anciennes lois françaises, op. cit., volume IV, p. 623-624 – C. Monnet, Approche historique, op. cit., p. 128.

    34 Dubuisson-Aubenay, Itinéraire de Bretagne de 1636, tome I, Rennes, 1898, p. 5.

    35 F. Humbert, Les finances municipales de Dijon du milieu du XIVe siècle à 1477, Paris, 1961, p. 260.

    36 K. Weidenfeld, La police de la petite voirie à Paris, à la fin du Moyen Âge, université de Panthéon-Assas, LGDJ, Paris, 1996, p. 11 – J.-P. Leguay, La rue au Moyen Âge, Rennes, éd. Ouest-France-Édilarge, 1984, p. 53-91.

    37 A. Guillerme, « Eaux vives et eaux mortes entre Moyen Âge et Renaissance » dans Le Grand Livre de l’Eau, sous la direction de J. Aubouin, Paris, La Manufacture, 1990 – S. Roux, Paris au Moyen Âge, Paris, Hachette Littérature, 2003.

    38 K. Weidenfeld, La police de la petite voirie, op. cit., p. 11.

    39 AM de Rennes, liasse 221, 1463-1464 – J.-P. Leguay, « La pollution de l’air et de l’eau, un fléau urbain méconnu à la fin du Moyen Âge en France » dans Natura I Desenvolupament. El Medi Ambient A L’Edat Mitjana, Pagès editors, Lleida, 2007, p. 99-128.

    40 A. Franklin, La vie privée d’autrefois, Paris, 1890, III, p. 21, 23.

    41 La circulation des nouvelles au Moyen Âge, actes du 24e congrès de la Société des Médiévistes de l’Enseignement Supérieur public tenu à Avignon en juin 1993, publication de l’École Française de Rome et de la Sorbonne, Rome-Paris, 1994 : notamment l’article de C. Beaune, p. 191-203.

    42 Guillaume de Nangis, Chronique latine de 1113 à 1300, Paris, éd. H. Géraud, 1843, p. 31-35 – F. Bériac, Histoire des lépreux au Moyen Âge, une société d’exclus, Paris, éd. Imago, 1988, p. 25 – N. Cohn, Les fanatiques de l’Apocalypse, Dossiers des Lettres Nouvelles, Paris, éd. Julliard, 1962 – D. Nirenberg, Violence et minorités au Moyen Âge, Paris, PUF, 2001 – G. Vigarello, Le sain et le malsain, op. cit., Paris, Éd. du Seuil, 1993, p. 14-15.

    43 S. Albert (dir.), Laver, monder, blanchir. Discours et usages de la toilette dans l’Occident médiéval, Paris, PUPS, 2006 – J. N. Corvisier, Santé et société en Grèce ancienne, Paris, 1984 – D. Jacquart et Fr. Micheau, La médecine arabe et l’Occident médiéval, Paris, Maisonneuve et Larose, 1990.

    44 AM Nantes, BB 1 (1484).

    45 A. Franklin, Paris et les Parisiens au seizième siècle, Paris, 1928, p. 28 – P. Champion, 1934, p. 121.

    46 Registre des comptes de Dijon, texte cité par C. Moonet, Approche historique, op. cit., p. 131.

    47 J.-P. Leguay, « La ville de Quimperlé du XIIe au XVIe siècle », Actes du colloque de l’Abbaye Sainte-Croix de Quimperlé d’octobre 1998, Brest, Publication du CRBC, 1999, p. 126, 131.

    48 J. N. Biraben, « Épidémies, hygiène et santé publique », colloque d’Orléans de mai 1985, Société Orléanaise d’Histoire de la Médecine, 1985, p. 74-82 – S. Guilbert, « Châlons-sur-Marne, un conseil municipal face aux épidémies », Annales ESC, novembre-décembre 1968, no 6, p. 1288 – J.-P. Leguay, Un réseau urbain au Moyen Âge : les villes du duché de Bretagne aux XIVe et XVe siècles, Paris, éd. Maloine, 1981.

    49 R. Brondy, Chambéry, Histoire d’une capitale, Lyon, PUL, 1988 – A. Sadrin, Diverses réglementations urbaines en Avignon au Moyen Âge, Villedieu, 1938.

    50 A. Girardot (dir.), Histoire de Verdun, Toulouse, éd. Privat, 1992 p. 84.

    51 Actes du colloque de Fribourg, Conscience et refus du progrès au Moyen Âge – Fortschritts-verweigerung und de schrittsbewusstein im Mittelalter, sous la direction de H. J. Schmidt, Berlin-New York, éd. Walter de Gruyter, Scrinium Friburgense, Band 18, 2005, p. 107-142 & « Le problème de l’évacuation des ordures au Moyen Âge : pérennité des usages antiques et nouveautés », Colloque de l’IPPER de Poitiers de septembre, op. cit., p. 303-311 – H. du Roselle, Les eaux, les égouts et les fosses d’aisances dans leurs rapports avec les épidémies, Amiens, 1867 – K. Weidenfeld, La police de la petite voirie à Paris à la fin du Moyen Âge, Paris, LGDJ, 1996.

    52 R. Pernoud, Les statuts municipaux de Marseille, Monaco, 1949.

    53 J. Teyssot, « L’eau propre, l’eau sale à la fin du Moyen Âge. Le cas des égouts de Riom en Auvergne », Cahiers d’Histoire, tome XXXVII, no 2, 1962, p. 103-120.

    54 E. Belgrand, Les travaux souterrains de Paris, Paris, 1872. Texte cité par R. H. Guerrand, Les Lieux, Histoire des commodités, Paris, La Découverte, 1985, p. 22.

    55 L. Bourgeois, « Archéologie médiévale et déchets urbains », Actes du colloque de Poitiers, op. cit., p. 313-314 – J.-P. Leguay, La pollution au Moyen Âge, op. cit.

    56 Isembert, Decruzy et Jourdan, Anciennes lois, tome XI, 1830, f° 156-160 – P. Bernardi, Métiers du bâtiment et techniques de construction à Aix-en-Provence à la fin de l’époque gothique (1400-), Aix, Publications de l’université de Provence (PUP), 1990.

    57 A. Chédeville, « L’immigration bretonne dans le royaume de France du XIe au début du XIVe siècle », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, tome 81, 1974, no 2.

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