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Justice et sociétés rurales

 | 
Frédéric Chauvaud
, 
Yves Jean
, 
Laurent Willemez

Première partie. Équité territoriale et justice sociale

Culture, inégalités spatiales en milieu rural et politiques

Claire Delfosse

Texte intégral

  • 1 Rapport d’information au nom de la délégation à l’aménagement et au développement durable du terri (...)
  • 2 Jean-Pierre Augustin, Alain Lefebre, Perspectives territoriales pour la culture, Bordeaux, Maison (...)

1Cet article part de plusieurs constats et éléments de contexte. Le premier tient à ce que l’on peut appeler l’« effet Guggenheim » et à l’intérêt récent pour l’économie créative qui gagne les espaces et villes industriels en crise et qui est de plus en plus considéré comme un moteur de l’économie des territoires (Leriche, Daviet, 2008). Le deuxième tient aux évolutions démographiques et sociologiques des espaces ruraux au cours de ces dernières décennies. On assiste à une exigence croissante des populations en matière d’offre culturelle, alors que les artistes professionnels sont à la recherche de nouveaux espaces d’investigation, les amenant à intervenir en milieu rural. Le troisième tient aux spécificités rurales en matière de politique culturelle et d’appréhension de l’action culturelle. Le ministère de l’Agriculture a longtemps été le seul à prendre en charge la question de la culture en milieu rural. Les espaces ruraux étant souvent considérés comme un « désert culturel », les politiques culturelles sur-valorisent « l’évidence patrimoniale », voire ont tendance à ne reconnaître que la fonction patrimoniale de la culture en milieu rural. Enfin, les dépenses culturelles des collectivités territoriales sont supérieures à celles de l’État et de toutes les collectivités territoriales, ce sont les communes (donc les villes) qui assurent la plus forte contribution au financement public de la culture, soit près de 40 %, car c’est sur elles que pèse la gestion directe des équipements. Cela pose la question du financement de la culture en milieu rural. Ainsi, comme le constate la délégation à l’aménagement et au développement durable « les collectivités se trouvent donc confrontées à l’organisation et au financement du maillage culturel de leur territoire1 ». Par ailleurs, la RGPP, réduisant les moyens d’État en termes d’ingénierie, affaiblit encore les politiques et actions culturelles qui pouvaient être menées en milieu rural. Les nouvelles compétences des collectivités, voire l’hypothétique disparition des départements, fragilisent particulièrement les moyens alloués à la culture en milieu rural2.

2Ainsi, en matière de culture on peut affirmer qu’il y a une différence nette entre « l’urbain » et le « rural ». Ce qui constitue une forme de paradoxe à l’heure où l’on parle de confusion entre urbain et rural. On assiste à un traitement inégal des territoires.

  • 3 Cette communication repose sur un travail d’investigation mené à l’échelle nationale, notamment da (...)

3Face à cette situation que font les acteurs, les populations rurales, les élus ? Comment perçoivent-ils l’inégalité ? Il est possible d’émettre trois hypothèses. La première est que les acteurs de la culture en milieu rural assument leur « particularisme » patrimonial. La deuxième, corroborée par les études de terrain et des recherches récentes, montre que de nouvelles potentialités pour la culture émergent en milieu rural qui échappent au particularisme et ne mimétisent pas « Guggenheim ». Troisième hypothèse, les acteurs de la culture en milieu rural se jouent des frontières entre urbain-rural, entre pays…, et inventent peut-être une forme d’interaction dans les politiques culturelles3.

Rester dans le patrimoine, un particularisme affiché

4Les acteurs ruraux et les collectivités territoriales ne peuvent rester indifférents à l’évidence patrimoniale, aussi valorisent-ils et donnent-ils à voir leur patrimoine. Mais comment justifient-ils ce particularisme patrimonial et à quelles fins l’utilisent-ils ? Comment peut-il contribuer à la diffusion et à la création culturelle en milieu rural ?

Le patrimoine comme facteur d’enracinement des nouvelles populations

  • 4 Sur ce point voir les travaux sociologue Hervé Glevarec et le politologue Jean-Pierre Saez, qui on (...)

5Le patrimoine faisant l’objet d’un large consensus, il est utilisé comme facteur d’enracinement des nouvelles populations et de lien social entre les différents habitants de l’espace rural, permanents et résidents secondaires, sans oublier les usagers de l’espace rural. Cette mission donnée au « patrimoine » passe par le développement de la création d’associations patrimoniales4. Un certain nombre d’entre elles organisent des fêtes ou des événements festifs, des animations qui touchent ainsi une population plus large que celle de leurs adhérents. Ces animations participent à la fabrication d’identités collectives en constituant des occasions de célébration de la communauté locale.

6Les fêtes jouent le même rôle en milieu rural. Il s’agit notamment de fêtes que l’on peut qualifier d’agriculturelles, comme les anciens comices ou fêtes dédiées à un produit de terroir qui ne cessent de se multiplier ces dernières années. La fête du bleu du Vercors en constitue un bon exemple. Créée en 2001 conjointement par les producteurs du Syndicat interprofessionnel Vercors-Sassenage et le parc naturel régional du Vercors, elle vise à célébrer un produit qui a obtenu une appellation d’origine, à le faire connaître, et a pour but d’assurer une cohérence de territoire : la fête est itinérante, elle a lieu alternativement dans le département de l’Isère et dans la Drôme, le parc étant à cheval sur ces deux départements.

Patrimoine et développement local

  • 5 Voir les travaux de Bernard Pecqueur et de son équipe.
  • 6 Isac Chiva, 1994, Une politique pour le patrimoine culturel rural, Paris, Mission du patrimoine et (...)

7Le patrimoine est de plus en plus considéré, y compris par les économistes, comme une ressource territoriale à « révéler » et à « mobiliser5 » ; une ressource qui est facteur de développement local et plus spécifiquement source de développement économique et touristique. D’ailleurs, la consécration du patrimoine comme ressource date de l’institutionnalisation même du développement local. Dans les années 1990, une série d’outils vise exclusivement à la valorisation du patrimoine rural. La convention de Ville d’art et d’histoire est étendue aux pays et en 1994, à la suite du Comité interministériel d’aménagement du territoire sont créés les Pôles d’économie du patrimoine (PEP). Dans le même temps, la patrimonialisation croissante de l’espace rural rend nécessaire la redéfinition du patrimoine rural6. L’élargissement de la notion de patrimoine rural et sa reconnaissance comme outil de développement se retrouvent dans la place accordée au patrimoine dans les Pôles d’excellence rurale. Cet engouement pour la valorisation du patrimoine rejoint le développement du tourisme dit culturel et de territoire.

8Depuis les années 2000, dans un contexte de compétitivité territoriale, le patrimoine devient un outil de marketing territorial. Il sert de carte de visite pour les territoires nouvellement constitués, ou redécouverts. On l’utilise pour se faire reconnaître. Dans des cas extrêmes, le patrimoine contribue à faire exister des territoires qui ne seraient alors que des espaces en creux. En conséquence, le patrimoine constitue une ressource mobilisable pour « faire » du territoire et développer ce territoire. Cette reconnaissance va jusqu’à la labellisation patrimoniale des territoires que sont les Parcs naturels régionaux (PNR) et les Pays d’art et d’histoire (PAH). Le label PAH illustrant une nouvelle forme de gouvernance patrimoniale de la part de l’État, un processus de co-construction, de co-définition de ce que pourrait être le patrimoine local. Il aboutit toutefois à distinguer des territoires. Les PAH, comme les PNR, concentrent des moyens de financement et de l’ingénierie au profit de certains territoires pour la valorisation, la promotion du patrimoine, ainsi que pour des actions de développement culturel.

Compenser la faiblesse ou l’absence d’ingénierie

9D’autres acteurs patrimoniaux nombreux en milieu rural comme les musées de société ou écomusées interviennent au-delà de leur strict rôle patrimonial en faveur d’un développement culturel plus large. Certes, il existe une grande disparité entre ces structures : certaines disposant de fonds publics importants alors que d’autres de statut privé ou associatif ne sont pas aidées. Ce sont surtout les premières qui peuvent élargir leur fonction initiale de conservation-médiation patrimoniale.

10À cet égard, le « complexe patrimonialo-culturel » du parc textile du Wesserling, dans une vallée rurale alsacienne marquée par la tradition industrielle, est exemplaire. Ce parc conçu autour de la réhabilitation d’une importante friche industrielle et d’un écomusée du textile, peut s’apparenter aux actions conduites au nord de la Ruhr, autour de l’Emscher Park qui symbolise la métamorphose d’un immense site industriel en un projet culturel, social et écologique. Ici, il s’agit de combiner patrimoine et création artistique, culture et développement touristique. Le site concentre donc un écomusée, des jardins, une ferme patrimoniale, un centre de métiers d’art orienté vers la création textile et les arts de la mode et des jardins, ainsi que des ateliers d’artistes, un espace culturel et une salle de spectacle. Il s’agit d’un pôle patrimonial valorisant non seulement l’industrie textile, et une autre activité « traditionnelle » importante de la vallée : l’agriculture, mais aussi une sorte de pôle à la croisée des différentes thématiques des politiques d’aménagement : on y accorde certes une place importante à la culture, mais aussi aux métiers d’art, à la création d’entreprise et à l’offre de services (supérette et pompe à essence).

11D’autres structures muséales ou écomuséales en milieu rural dépassent leur fonction patrimoniale et se constituent en équipement culturel de proximité et même en structure d’ingénierie culturelle au service d’autres structures, ou de communes et d’intercommunalités rurales. Souvent les responsables en élargissant leur vocation, organisent des promenades contées, des festivals, exposent des œuvres d’artistes contemporains, ou proposent des activités extra-scolaires aux enfants des villages environnants. Ces actions sont d’autant plus importantes, que le contexte de la RGPP et les difficultés financières des collectivités territoriales font peser sur leur devenir des incertitudes fortes. Certains étendent leur territoire d’intervention en sollicitant de nouvelles sources de financement. C’est le cas du musée d’Hières-sur-Amby, à l’origine voué aux collections archéologiques, et qui gère désormais l’espace naturel sensible de la commune sur lequel il est implanté, et tend à devenir la structure d’ingénierie et de médiation culturelle du contrat de développement durable de son secteur, gérant ainsi d’autres structures muséales appartenant à d’autres communes. De même l’écomusée Paysalp dans le cadre des réflexions sur la redéfinition des structures de gestion territoriale autour du Grand Genève et d’Annemasse cherche à s’affirmer comme la structure culturelle et patrimoniale-ressource du nouveau territoire en train de se dessiner.

De nouvelles potentialités pour la culture en milieu rural

12La culture en milieu rural ne peut être réduite à l’évidence patrimoniale. De nouvelles potentialités émergent, issues de formes culturelles rurales héritées, de politiques de développement ou de nouvelles populations s’intéressant à l’espace rural et en particulier les artistes.

Des potentialités « héritées » ou formes d’adaptations aux caractéristiques rurales

  • 7 On pourrait citer le festival Labeaume en musique qui a lieu en Ardèche et dont les concerts qui f (...)

13En milieu rural, l’absence d’équipement est souvent compensée par l’itinérance et l’éphémère. La pratique ancienne de l’itinérance, illustrée par les bibliobus, les circuits de cinémas, est toujours vivace en milieu rural. L’absence d’équipement peut aussi être compensée par l’attirance de lieux a-priori non dédiés à la diffusion culturelle. Ainsi des concerts peuvent avoir lieu dans des lieux paysagers extraordinaires7 ; des représentations théâtrales se déroulent dans des exploitations agricoles, des granges… Enfin, on souligne le « retour » des cafés comme lieux de diffusion culturelle, se transformant temporairement ou de façon permanente en salles de concert, en librairie. Les lieux culturels eux-mêmes sont souvent polyvalents, ils se transforment en « multiservices » culturels ruraux. Ainsi, la Halle de Pont-en-Royans, bourg du Vercors, est à la fois médiathèque, lieu de d’art contemporain et lieu de diffusion de spectacle. En collaborant avec de nombreuses collectivités (écoles, halte-garderie, crèches, radios, centres sociaux…), elle attire des adhérents qui viennent de loin pour le prêt et les animations. La Halle cherche à conduire des actions en dehors de ses murs, en direction des petites communes. Elle constitue de ce fait un outil irriguant le parc du Vercors, y compris des régions de très faibles densités et très éloignés des villes.

  • 8 Propos tenus par le secrétaire de l’association lors de la journée « Artistes en milieu rural » or (...)

14Ces lieux interagissent avec le milieu associatif local : les groupes de musiques, radios locales, etc. En effet, une autre potentialité héritée en milieu rural tient dans l’importance du milieu associatif, et notamment les mouvements d’éducation populaire. Ces mouvements ont inventé les bibliothèques associatives, les écoles de musique, les ensembles musicaux, les chorales et les troupes théâtrales d’amateurs, les concerts populaires, les ciné-clubs,… Certes, ce mouvement est aujourd’hui en crise, mais il évolue, s’adapte, voire est à l’origine de la création de nouvelles formes d’associations à vocation culturelle. On pourrait citer l’association « Mont en scène » fondée en 2008 et qui organise des événements et des rencontres culturelles à l’échelle des Monts du Lyonnais : festival de théâtre, concerts, etc. Les créateurs expliquent que leur territoire est un « vivier associatif », et que « l’association est née sur ce matelas8 ».

  • 9 Entretien M2 pro Études rurales, spécialité Patrimoine rural et valorisation culturelle, 2007.
  • 10 Le festival draine entre 5 000 et 7 000 personnes en un week-end.
  • 11 Ce label, donné par le ministère de la Culture, repose sur un triptyque : un lieu, une équipe, un (...)

15« Mont en scène » participe des associations de jeunes œuvrant en faveur de la diffusion culturelle en milieu rural ; des associations souvent à l’origine d’actions culturelles innovantes. Il en est ainsi par exemple de « L’Art scène », association fondée en 1994 par des étudiants de Montpellier pour « installer la culture musicale d’aujourd’hui en milieu rural9 ». Cette association avait dans un premier temps pour but de créer un festival de musiques actuelles (le festival de la Pleine Lune10) dans une commune rurale d’Ardèche de 430 habitants dont l’un des étudiants était originaire. Très vite l’Art scène s’est associé à d’autres acteurs culturels du territoire ardéchois pour développer des manifestations toute l’année (plan d’action envers les publics scolaire et amateur : école de musique, appui aux groupes en développement). Elle a également fondé avec six autres associations ardéchoises « militant dans le domaine des musiques actuelles » un Collectif de Musiques amplifiées. Ce collectif visait à la création d’une Scène de musique actuelle (SMAC11) dans le département d’Ardèche. En 2010, L’art Scène, associée à deux autres structures musicales ardéchoises, la « Cavajazz » à Viviers et la « Presqu’il » à Annonay, a signé une convention avec la DRAC, le conseil général d’Ardèche et la région Rhône-Alpes afin d’être labellisé SMAC ; une SMAC originale, reposant sur plusieurs équipes et sur plusieurs lieux situés au cœur de trois bassins de vie différents ; une SMAC adaptée au contexte du département (ruralité, faible densité de population, absence de points de convergences géographiques et de collectivités locales suffisamment importantes pouvant accompagner un lieu unique,…).

Des procédures et des politiques rurales qui contribuent à l’émergence de ces nouvelles potentialités

16Dans les particularités de la culture en milieu rural il y a l’importance du ministère de l’Agriculture comme acteur du développement culturel en milieu rural. Ce point s’illustre par le rôle dévolu aux lycées agricoles qui disposent depuis 1965 d’enseignants d’éducation socio-culturelle. Depuis 1984, les lycées agricoles ont vocation d’animation rurale. Leur fonction culturelle est renforcée par la dernière loi d’orientation agricole. Ainsi le lycée Olivier de Serres, en Ardèche, est un acteur culturel de son territoire : dans le parc du lycée des artistes invités ont réalisé des sculptures, le lycée est aussi chef de file d’un pôle d’excellence rurale autour de la culture. Autre exemple, le lycée du Pilat a réalisé une salle de spectacle et accueille des spectacles venant de structures culturelles de la métropole stéphanoise.

17L’importance du ministère de l’Agriculture s’est traduite par la signature d’une convention entre les ministères de la Culture et de l’Agriculture en 1990 dans le souci « d’accompagner les mutations difficiles de l’activité agricole et rurale ». La convention vise deux objectifs : favoriser la création, la diffusion, la pratique culturelle et artistique en milieu rural ; donner aux populations rurales les moyens de maîtriser et de s’approprier les bénéfices de la mise en valeur du patrimoine, ainsi que les retombées économiques et symboliques qui y sont liées. Dans la région Rhône-Alpes la mise en œuvre de la convention a donné lieu à un certain nombre d’actions culturelles en lien avec les lycées agricoles ainsi qu’avec les Parcs naturels régionaux, les CIVAM (centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural), les associations de valorisation culturelle, les artistes, les institutions et les collectivités locales.

18Les PNR sont un autre acteur du développement culturel en milieu rural. Certes, la culture n’est pas leur vocation première, ces structures sont plutôt orientées vers l’évidence patrimoniale rurale, mais une réflexion engagée par la Fédération des parcs à la fin des années 1990 et la nécessité de s’afficher comme un acteur du développement local font que certains parcs ont une politique culturelle qui n’est pas strictement patrimoniale.

19Quelques PNR ont affirmé et développé un projet culturel de territoire global, pour la plupart ce sont des parcs qui ont une politique d’action culturelle forte depuis leur création. Tel est le cas des PNR du Livradois-Forez et du Pilat. Dès sa création, le parc du Pilat a impulsé la vie culturelle du territoire par des actions qu’il avait intitulées dans sa charte constitutive « animation de la vie locale ». Depuis 1975, il a conduit, chaque année, un programme culturel en associant les habitants du territoire. Il a créé l’Association culturelle du Pilat et s’est appuyé sur un partenariat avec la région Rhône-Alpes qui alors engageait des Contrats de développement culturel en milieu rural, ainsi que par le biais de conventions avec la DRAC. Mais ces deux parcs précurseurs ont désormais pris du recul par rapport à cette vocation cultuelle : l’analyse de la nouvelle charte du parc Livradois-Forez montre que l’on revient plutôt à l’évidence patrimoniale comme moyen d’affirmer l’identité du territoire, et dans le Pilat, il n’y a plus de volonté d’impulser, mais de suivre, et d’accompagner les actions culturelles.

20Le PNR du Morvan illustre, quant à lui, le passage d’une culture patrimoine à la culture-service ou créative. Ce PNR a créé au début des années 2000, à la faveur d’un programme Leader une Agence culturelle. Il s’agissait de sortir le parc d’une image patrimoniale, d’un patrimoine nostalgique, voire désuet (le Morvan, son accordéon et ses sabots…), en favorisant la création et la diffusion culturelles. Il s’agissait toutefois de s’appuyer sur les dynamiques existantes en termes de musiques traditionnelles, de collecte de mémoire. L’Agence culturelle a ainsi fédéré des cafés pour en faire des lieux de « diffusion culturelle de proximité », et les festivals existant sur le territoire. Elle a créé une structure « Scène en Morvan » qui avait pour mission « de développer des présences artistiques en matière de spectacle vivant sur le territoire ». Cette dernière opération a été plus délicate à mener et ne dépend plus de l’agence culturelle.

21Des parcs récents, ayant besoin de s’affirmer comme un acteur local important, interviennent aussi dans le domaine culturel, autre que patrimonial. Tel est le cas du PNR d’Ardèche, un jeune parc très patrimonial (très lié à l’obtention de l’AOC châtaigne d’Ardèche, au paysage du châtaigner), et qui a du mal à exister dans un espace où les acteurs sont nombreux et où la coopération difficile. Ainsi ce parc a œuvré pour les musiques actuelles et appuyé la création de la SMAC ardéchoise.

Les artistes en milieu rural, nouveaux acteurs entre « rural » et « ailleurs »

22L’intérêt envers le milieu rural manifesté par des artistes constitue un potentiel pour la culture en milieu rural. Leur présence revêt différents aspects : d’une présence ponctuelle à l’occasion d’un évènement ou d’une résidence d’artiste, à ceux qui décident de résider et pratiquer une bonne partie de leur activité en milieu rural en passant par ceux qui reviennent régulièrement, revendiquent des racines rurales et créent des événements réguliers en milieu rural comme des festivals.

23Les artistes s’adaptent aux conditions d’exercice de leur art à la campagne ou recherchent précisément des conditions différentes. Ainsi certains artistes des arts vivants apprécient d’y jouer, car les salles étant petites ou les lieux « autres », cela favorise de nouveaux types d’échanges avec le public. Les résidences d’artistes, formule qui ne cesse de se développer, favorisent la création en milieu rural dans le cadre des politiques publiques sans toutefois rendre nécessaire la création d’équipements lourds. L’accueil d’artistes en résidence encourage également le contact entre les ruraux et les artistes.

  • 12 Ainsi peut-on lire sur le site de la compagnie : « Téatr’éprouvète est une équipe installée à l’ab (...)

24Certains artistes s’installent plus durablement dans l’espace rural à la recherche d’inspiration ou de lieu de « marge », avec une sorte d’ambition missionnaire comme l’annonce la troupe Téatr’éprouvète, installée à l’abbaye de Corbigny (Nièvre12). D’autres ne sont pas indifférents à la nouvelle image de l’espace rural et à l’idée qu’il peut offrir comme lieu d’habitation, une qualité de vie meilleure qu’en ville. Autre argument invoqué par certains artistes : la vie y est moins chère et l’immobilier étant de moindre coût, il y a de la place pour créer. Ainsi, un certain nombre d’artistes a investi les friches textiles de Saint-Julien-Molin-Molette, une commune proche de Lyon et de Saint-Étienne. Cinq des anciennes usines abritent des acteurs culturels, des associations accueillant des artistes de toutes disciplines à la recherche de lieux de création ou de répétition. Dans ce cas l’espace rural est un lieu de création et la diffusion se fait en ville, ailleurs. Toutefois, ces artistes installés à la campagne cherchent pour la plupart à s’inscrire localement et à diffuser ou se faire connaître des habitants. Parfois ils proposent, outre des spectacles ou la participation à des manifestations locales, des stages aux enfants et habitants qui trouvent là des lieux d’enseignement et de pratique culturelle.

25Les artistes contribuent, dans une certaine mesure, au développement culturel en milieu rural. Toutefois, ils s’installent de préférence dans les espaces ruraux « de qualité », ou des espaces ruraux proches de moyens de communication, ce qui leur permet de continuer à diffuser leur œuvre « ailleurs ».

26Dans ce cas encore, des disparités entre les espaces ruraux s’esquissent ou s’affirment. Il y a ceux où le dynamisme associatif est fort, ceux qui, considérés comme de qualité attirent des artistes, ceux qui ne sont pas trop éloignés des villes, ceux qui bénéficient de labels de qualité avec des structures faisant de l’ingénierie culturelle ; et ceux qui sont de plus en plus oubliés des politiques culturelles et des artistes, ceux qui ne disposent pas de dispositifs de développement local leur permettant d’agir également dans le domaine culturel, ceux qui ne sont pas considérés comme attractifs.

27Il reste que les « particularités rurales » suscitent des innovations, de l’invention. La taille des équipements, les particularités des conditions de diffusion contribuent à la redécouverte, notamment dans le domaine des arts vivants, de disciplines oubliées ou négligées comme le conte ou l’art de la marionnette. En matière d’arts plastiques, le Land’Art trouve en milieu rural son espace de prédilection. En effet, inspiré et développé par des citadins, il est mis en œuvre en milieu rural. Toutefois, les particularités rurales (distances, difficultés de déplacement en certaines saisons et dans certains espaces ruraux), amènent organisateurs et artistes à prendre en compte la saisonnalité, ou tenir compte des horaires. Enfin, la particularité même des lieux de diffusion, et notamment les salles de concerts génère parfois certaines formes de clandestinité ou disons de culture parallèle (sur le modèle de l’économie parallèle).

Que peut-on attendre des autres ?

28La diffusion de la culture et de son enseignement en milieu rural passe souvent par des formes de collaboration et parfois de co-construction avec des structures culturelles localisées en ville et à la recherche d’autres publics, voire d’accroissement de leur légitimité. Les recompositions territoriales et des financements publics favorisent ces co-constructions entre territoires.

Les théâtres urbains et les communes rurales, une longue histoire ?

  • 13 Le directeur du théâtre de Bourg-en-Bresse explique ainsi que dans les années 1950-1960 des artist (...)

29Les théâtres urbains jouent le jeu de l’itinérance et contribuent à la diffusion culturelle en milieu rural. Ces liens sont anciens. Dès les premières réflexions sur la décentralisation culturelle, autour du TNP notamment, des actions sont menées en milieu rural. Dans la région Rhône-Alpes deux théâtres s’illustrent, ceux de Saint-Étienne et de Villefranche-sur-Saône. Le premier directeur du théâtre de Saint-Étienne, un des premiers Centres dramatiques nationaux de France (fondé en 1947), a rapidement initié des tournées de village13. Aujourd’hui, la Comédie de Saint-Étienne poursuit cette activité hors les murs. Sur son site internet on peut lire que parmi les salles de théâtre que gère La Comédie, il y a le « Piccolo », théâtre mobile pouvant être installé dans des lieux couverts, comme des salles communales, des gymnases. Ainsi chaque année une création de la comédie « part à la rencontre des spectateurs des communes de la Loire, Haute-Loire et du Puy-de-Dôme ». Depuis quelques années, on note dans les structures labellisées un renouveau des projets visant à aller à la rencontre d’autres spectateurs, ruraux notamment. Ainsi le théâtre de Valence, préfecture d’un département très rural et rayonnant sur le département voisin ne disposant pas de grande ville et étant lui-même très rural, l’Ardèche, obtient le statut de Centre dramatique national (CDN) mais doit irriguer les deux départements de la Drôme et de l’Ardèche. Dès 2001, elle met en place la Comédie itinérante, un dispositif qui propose la programmation de théâtre professionnel dans un réseau de communes des deux départements. Les spectacles sont programmés durant la basse-saison. Le dispositif peut intervenir dans toutes les communes de moins de 3000 habitants et éloignées des villes, et ce durant trois saisons. Afin de continuer à accueillir des spectacles professionnels dans leur commune au-delà des trois ans financés par la Comédie itinérante, des acteurs locaux ont fondé une association : la « Musarde, Scènes itinérantes Ardèche-Drôme ». La naissance de cette association relève ainsi d’un projet culturel local. Cette association, dont le fonctionnement était largement financé par un programme européen, n’a eu qu’une courte durée de vie. On a donc des dispositifs complexes très liés à des financements ponctuels dont la pérennité n’est pas garantie, même si les conseils généraux tendent de plus à plus à financer des actions de diffusion du théâtre en milieu rural.

30D’autres actions d’envergure voient le jour en milieu rural, jouant peut-être sur « l’effet Guggenheim ». C’est le cas du « Préau », dont le siège était initialement à Caen, et qui est depuis 1995 installé en milieu rural, à Vire. Dans cette petite ville il a son lieu propre, un édifice remarquable est construit, qualifié de « l’un des fleurons par son architecture et son efficacité des théâtres de France ». En 1996, le lieu devient Centre Dramatique Régional (CDR) et rayonne sur l’ensemble du territoire rural bas-normand. Il est actuellement Pôle national de référence dans le domaine de la création et de la diffusion de spectacles en milieu rural, et s’est vu attribuer par le ministère de la Culture le titre de Pôle National de Ressources du spectacle vivant en milieu rural (PNR).

31D’autres théâtres et compagnies, par nécessité de se faire reconnaître au-delà de la ville, afin d’acquérir plus de légitimité dans un contexte culturel « mouvant » cherchent à jouer un rôle d’ingénierie culturelle, de pôle de service en direction des espaces ruraux environnants. Tel est le cas du théâtre de la Toupine à Évian, qui a créé un réseau « Rebloch’connection » dont les membres sont les offices de tourisme des communes rurales des environs. Ils reçoivent chaque année un catalogue de spectacles que la Toupine souhaite faire tourner.

  • 14 L’établissement public de coopération culturelle a été créé par une loi du 4 janvier 2002. Il perm (...)

32Les actions conduites par les théâtres illustrent les liens entre petites villes, villes moyennes et espace rural. Les premiers éléments de la décentralisation culturelle renforcent ces partenariats, notamment la création du statut d’Établissement public de coopération culturelle (EPCC14) au début des années 2000.

Des petites villes et villes moyennes co-acteurs de la culture en milieu rural

  • 15 Guy Saëz, 2009, « Les Collectivités territoriales et la culture », in Cahiers français, Les politi (...)

33Comme le souligne Guy Saëz, « petites ou grandes, ce sont les villes qui accueillent biens et services culturels, dans les villes que se créent, se reçoivent et se consomment les propositions artistiques et culturelles15 ». Ce sont elles qui ont bénéficié des politiques d’aménagement culturel de ces dernières décennies, et jouissent ainsi d’un potentiel appréciable d’équipements de proximité (médiathèques, écoles de musique, salles de cinéma, etc., sans oublier comme nous avons pu le voir de théâtres), qui peut irriguer l’espace rural. Les nouveaux contextes territorial, financier et de décentralisation culturelle en cours amènent les petites villes et villes moyennes à renforcer leurs liens avec les communes rurales.

34Ainsi par exemple, la ville moyenne de Bourg-en-Bresse se « tourne » de plus en plus vers les communes rurales environnantes, initiant des actions qui vont au-delà de l’offre de centralité. Cette collaboration est encouragée par le conseil général, qui, depuis 1991, mène une politique de conventionnement culturel avec les villes de l’Ain afin de garantir une offre culturelle sur tout le territoire départemental. Elle est également renforcée par le programme de développement de type pays dans lequel la ville est engagée avec les communautés de communes voisines. Ainsi a été réalisée, de façon classique peut-on dire, avec le théâtre, une opération appelée « Petites scènes vertes ». Il s’agit de diffuser des spectacles « jeune public » dans les communes rurales. Les « petites scènes vertes » fédèrent aussi une association d’éducation populaire ainsi qu’une association gérant un festival favorisant la diffusion des musiques du monde dans les communes rurales. Une réflexion est engagée dans le cadre du contrat de développement, par le théâtre, la ville de Bourg sur les liens urbain-rural en matière de culture et leurs apports réciproques. L’enjeu est d’importance pour cette ville qui jusqu’à présent rayonnait sur son espace rural départemental, mais qui pourrait être éclipsée par la croissance de la métropole lyonnaise.

  • 16 Les premières années le théâtre et l’association ont le même directeur, il s’agit de diffuser l’of (...)
  • 17 Plaquette de présentation du CCAB.

35Le Centre culturel associatif du Beaujolais (CCAB), illustre une forte coopération entre ville moyenne et « son pays », le Beaujolais. Là, la coopération est ancienne et date de la création du théâtre de Villefranche-sur-Saône dans les années 197016. Le CCAB est fondé sur le concept d’itinérance, c’est une « scène mobile » ayant « pour espace d’expression un territoire fait de lieux divers17 ». Au-delà du théâtre, il diffuse d’autres types de spectacles, organise des ateliers, accueille des artistes en résidence et porte le Festival en Beaujolais, qui, pendant sept semaines, chaque été, offre « une sensibilisation à la découverte des Cultures du Monde ». Chaque année le Centre Culturel Associatif Beaujolais accueille 60 spectacles, 600 heures d’ateliers de pratiques artistiques. Le CCAB illustre les coopérations qui peuvent se construire entre collectivités territoriales (communes, ville de Villefranche, intercommunalités « urbaines » et rurales). Ses ressources proviennent de financements publics, mais aussi de financements privés. La ville de Villefranche-sur-Saône soutient cette structure qui contribue à l’existence du pays du beaujolais, et qui renforce ses liens avec les communes du pays, des liens fondamentaux pour affirmer son rôle de capitale du pays du Beaujolais, exister face à la métropole lyonnaise, voire affirmer son rôle lors des nouveaux dessins éventuels des territoires de gestion métropolitains. C’est une stratégie semblable qui peut justifier l’importance croissante accordée à la culture et à son rayonnement sur les communes rurales environnantes, sur le pays du Forez, par la petite ville de Montbrison. Elle s’affiche comme un pôle de services pour les communes rurales, justifiant de l’installation et du co-financement d’équipements culturels.

36Le rôle de co-acteurs de la politique culturelle en direction des espaces ruraux suppose des collaborations diverses et croisées entre financement urbain, départementaux et régionaux.

La coopération internationale

37Une bonne partie des actions culturelles d’ampleur et innovantes en milieu rural a été financée ces dernières années par des programmes européens de développement local. Il s’agit des programmes Leader qui visent à favoriser dans le cadre de la politique de développement rural les actions à caractère patrimonial et culturel. La plupart des actions culturelles d’envergure et particulièrement innovantes menées par les PNR s’appuient sur un financement européen Leader. Ce programme nécessitant des échanges entre programmes financés à travers l’Europe a suscité des coopérations entre territoires ruraux à l’échelle de l’Europe. Le financement d’un programme Leader a ainsi permis à une association d’artistes du sud de la Drôme de passer d’une manifestation locale de faible envergure et en voie d’essoufflement à un projet d’échanges entre l’« ici et l’ailleurs » à l’étranger. Il a contribué à la réalisation de résidences d’artistes étrangers dans le sud de la Drôme et même aux artistes de la Drôme d’aller exposer à Londres et dans d’autres villes d’Europe. L’apport financier européen est circonscrit dans le temps et n’est pas forcément relayé par d’autres programmes de développement ou d’autres financeurs.

38On pourrait faire le même reproche aux programmes Interreg qui, eux aussi, peuvent comporter un volet culturel. Ces projets financent souvent des équipements ou études et les acteurs qui les portent doivent ensuite trouver d’autres sources de financements pour faire fonctionner leur équipement et animer leur territoire. Il reste que ces programmes, intervenant à un moment donné, peuvent contribuer au maintien, au développement, voire légitimer des structures patrimonialo-culturelles qui pourraient être fragilisées par la disparition de lignes budgétaires nationales et locales et qui sont à la recherche de nouveaux soutiens financiers et politiques.

39La coopération internationale à caractère culturel peut aussi passer par des actions de coopération décentralisées. D’ailleurs, les échanges et la volonté de découverte et de diffusion des musiques du monde en milieu rural illustrent cette volonté d’ouverture culturelle.

*

40En définitive, on constate que le milieu rural, face aux disparités rural-urbain en matière de culture, suscite chez les acteurs locaux et les acteurs culturels des innovations, de l’inventivité, voire de l’effervescence qui va au-delà de la problématique patrimoniale. Ce que montre également ce rapide panorama, c’est que les disparités demeurent entre les espaces ruraux eux-mêmes, voire se creusent. Le dynamisme associatif reste très différent d’un espace rural à l’autre. La proximité à la ville joue un rôle contrasté, permettant parfois la co-construction de politiques culturelles ou bien étouffant par un effet de domination la création et l’offre d’équipement (on pense notamment à Paris). La multiplication des labels de qualité à caractère culturel et patrimonial renforce la compétition entre les territoires et la relégation d’un certain nombre ; par ailleurs, ces labels peuvent concentrer les moyens financiers et humains sur un type de culture souvent patrimoniale et figer ou limiter les perspectives d’innovation. Les acteurs culturels, notamment les artistes, tendent à privilégier certains espaces ruraux pour résider et créer, engendrant de fortes disparités spatiales.

Notes

1 Rapport d’information au nom de la délégation à l’aménagement et au développement durable du territoire sur « L’action culturelle diffuse, instrument de développement des territoires » réalisé en 2006.

2 Jean-Pierre Augustin, Alain Lefebre, Perspectives territoriales pour la culture, Bordeaux, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, 2004 ; Patrice Beghain, Le Patrimoine. Culture et lien social, Paris, Presses de Sciences politiques coll. « La bibliothèque du citoyen », 1998, 115 p. ; Laurent Daviez, La République et ses territoires, la circulation invisible des richesses, Paris, Le Seuil, 2008, 111 p. ; Claire Delfosse, Géographie rurale, culture et patrimoine, HDR, université de Lille 1, 2003 ; Claire Delfosse, « Patrimoine et territoire : une relation complexe », Territoires. Villes et pays d’art et d’histoire, Lyon, La passe du vent, 2009, p. 30-31. ; Guy Di Meo, La Géographie en fêtes, Geophrys, Gap-Paris, 2009, 270 p. ; Xavier Greffe et Sylvie Pflieger, La Politique culturelle en France, Paris, La documentation française, 2009, 288 p. ; Yves Jean, Michel Perigord, Géographie rurale. La ruralité en France, Paris, Armand Colin, 2009, 127 p. ; Valérie Jousseaume, Olivier David, Claire Delfosse, « Patrimoine culture et construction identitaire dans les territoires ruraux », éditorial du no de la revue Norois consacré à Patrimoine, culture et construction identitaire dans les territoires ruraux, no 204, 2007, p. 7-9. ; Frédéric Leriche, Sylvie Daviet et alii (dir), L’Économie culturelle et ses territoires, Toulouse, PUM, 2008, 381 p. ; Michel Rautenberg, André Micoud et alii (dir.) Campagnes de tous nos désirs, Paris, éd. de la MSH, 2000, 191 p. ; Guy Saëz, « Les collectivités territoriales et la culture », in Cahiers français, Les politiques culturelles, no 348, 2009, p. 8-14.

3 Cette communication repose sur un travail d’investigation mené à l’échelle nationale, notamment dans le cadre d’une HDR (Géographie rurale, culture et patrimoine, 2003). Il a été approfondi par un important travail de terrain mené dans la région Rhône-Alpes depuis cinq ans et cela notamment dans le cadre de la responsabilité d’un master 2 mention Études rurales – spécialité « Patrimoine rural et valorisation culturelle ».

4 Sur ce point voir les travaux sociologue Hervé Glevarec et le politologue Jean-Pierre Saez, qui ont fait une étude, il y a quelques années, pour le ministère de la Culture sur les associations patrimoniales de trois départements (Finistère, Rhône, Haut-Rhin) (Hervé Glevarec, Guy Saëz, 2002, Le Patrimoine saisi par les associations, Paris, La documentation française, 412 p.).

5 Voir les travaux de Bernard Pecqueur et de son équipe.

6 Isac Chiva, 1994, Une politique pour le patrimoine culturel rural, Paris, Mission du patrimoine ethnologique.

7 On pourrait citer le festival Labeaume en musique qui a lieu en Ardèche et dont les concerts qui font intervenir les meilleurs interprètes ne se déroulent qu’en extérieur.

8 Propos tenus par le secrétaire de l’association lors de la journée « Artistes en milieu rural » organisée par le Master pro Études rurales (Lyon2), le Laboratoire d’études rurales, le Cluster 9 de la région Rhône-Alpes et la maison du patrimoine de Hières-sur-Amby en février 2010. L’association s’appuie, en effet, sur les centres sociaux et MJC qui maillent les Monts du Lyonnais. Le secrétaire de Mont en scène est lui-même vice-président de la MJC de Saint-Martin-en-Haut (commune de 3 000 habitants), créée en 1965, et qui compte aujourd’hui 500 adhérents.

9 Entretien M2 pro Études rurales, spécialité Patrimoine rural et valorisation culturelle, 2007.

10 Le festival draine entre 5 000 et 7 000 personnes en un week-end.

11 Ce label, donné par le ministère de la Culture, repose sur un triptyque : un lieu, une équipe, un projet. Il en existe 130 en France.

12 Ainsi peut-on lire sur le site de la compagnie : « Téatr’éprouvète est une équipe installée à l’abbaye du Jouir à Corbigny (1800 habitants), Nièvre. Après un parcours engagé mais plus tôt conventionnel pour ce qui est de l’esthétique, il pratique depuis plus de dix ans un “théâtre sans h” défini comme un théâtre qui redescendrait de sa hauteur pour prendre en compte le quotidien et la proximité. »

13 Le directeur du théâtre de Bourg-en-Bresse explique ainsi que dans les années 1950-1960 des artistes militants se déplaçaient de village en village avec leurs tréteaux afin de proposer à la population locale des œuvres exigeantes du répertoire classique et faire découvrir les jeunes auteurs de la génération d’après-guerre.

14 L’établissement public de coopération culturelle a été créé par une loi du 4 janvier 2002. Il permet d’associer plusieurs collectivités territoriales et éventuellement l’État dans l’organisation et le financement d’équipements culturels importants.

15 Guy Saëz, 2009, « Les Collectivités territoriales et la culture », in Cahiers français, Les politiques culturelles, no 348, p. 8-14

16 Les premières années le théâtre et l’association ont le même directeur, il s’agit de diffuser l’offre culturelle de Villefranche en direction du Beaujolais.

17 Plaquette de présentation du CCAB.

Auteur

Professeur de géographie à l’université Lyon 2, membre du laboratoire d’études rurales (EA 3728/Usc-INRA 2024). Ses recherches actuelles portent sur les produits agro-alimentaires et leurs liens au territoire, ainsi que sur le développement culturel dans les espaces ruraux. La question de la culture était au cœur de son HDR intitulée Patrimoine, culture et géographie rurale. Elle a publié deux ouvrages sur la géo-histoire des fromages : La France fromagère (2007) et Histoires de bries (2008).

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