1
Hayek F. A., « Les intellectuels et le socialisme » (1949), in Studies in Philosophy Politics, Economics, London, Routledge and Kegan Paul, 1967, trad. fr. Ch. Piton, Essais de philosophie, de science politique et d’économie, Paris, Les Belles Lettres, 2007, p. 292.
2
Rand A., « Conservatism : An Obituary », in A. Rand, Capitalism : The Unknown Ideal, New York, Signet, 1967, p. 201. Les citations extraites d’ouvrages en langue anglaise sont traduites par nos soins.
3
Rothbard M., For a New Liberty : The Libertarian Manifesto, édition mise en ligne par le Mises Institute, 2002 [1973], [http://www.mises.org/rothbard/foranewlb.pdf%5d,%20p.15-19.
4 F. A. Hayek, « Allocution d’ouverture d’un colloque à Mont-Pèlerin » (1947), in Essais de philosophie, de science politique et d’économie, op. cit., p. 232.
5 Ces deux traits se retrouvent dans la définition que Paul Ricœur donne de l’utopie. Pour le philosophe français, l’utopie remplit d’abord une double fonction positive de distanciation (par l’exploration du possible) et de subversion (par une sape de l’autorité existante), puis une fonction négative de fuite, de rupture entre le présent et le futur. Ricœur oppose ainsi l’utopie à l’idéologie qu’il définit aussi à travers trois fonctions : la dissimulation ou la distorsion de l’ordre existant, la légitimation du pouvoir en place et l’intégration du groupe par un ensemble de médiations symboliques. Là où, nous dit Ricœur, l’idéologie dissimule, légitime et intègre, l’utopie explore, subvertit et rompt. Voir RICŒUR P., L’idéologie et l’utopie, Paris, Le Seuil, 1986, rééd. 2005. Il est ici frappant de constater que Hayek oppose son projet d’utopie libérale à ce qu’est devenu le libéralisme exactement de la même manière que Ricœur distingue l’utopie et l’idéologie. Hayek écrit par exemple ceci : « Ce dont nous manquons, c’est d’une Utopie libérale, un programme qui ne serait ni une simple défense de l’ordre établi, ni une sorte de socialisme dilué, mais un véritable radicalisme libéral qui n’épargne pas les susceptibilités des puissants (syndicats compris), qui ne soit pas trop sèchement pratique, et qui ne se confine pas à ce qui semble politiquement possible aujourd’hui » (Hayek F. A., « Les intellectuels et le socialisme », art. cit., p. 292).
6 Voir Caré S., La Pensée libertarienne : Genèse, fondements et horizons d’une utopie libérale, Paris, PUF, 2009.
7
Lipset S. M. & BASU A., « Des types d’intellectuels et de leurs rôles politiques », Sociologie et Sociétés, vol. 7, n ° 1, 1975, p. 51-90.
8 La meilleure définition de cette distinction peut être mise au crédit de Hofstadter, qui écrit : « L’intelligence est une excellence de l’esprit qui trouve son emploi dans un champ étroit, immédiat et prédictible ; c’est une qualité éminemment pratique, qui manipule et s’adapte… l’une des plus éminentes, des plus précieuses vertus de l’animal. L’intelligence fonctionne dans les limites posées par des buts clairement énoncés […] L’intellect, par ailleurs, présente le côté critique, créateur et contemplatif de l’esprit. Alors que l’intelligence cherche à saisir, manipuler, réordonner, ajuster, l’intellect examine, pèse, interroge, théorise, critique, imagine. » Hofstadter R., Anti-intellectualism in American Life, New York, Vintage Books, 1962, p. 25.
9
Hansen E., cité dans Lipset S. M. & Basu A., « Des types d’intellectuels et de leurs rôles politiques », art. cit., p. 63.
10 Schumpeter soulignait ainsi que « l’un des traits qui distingue les intellectuels […] des autres […], c’est l’attitude critique » (in
Schumpeter J., Capitalism, Socialism, and Democracy, New York, Harper Torchbooks, 1950, p. 147), Raymond Aron voyait même dans « la tendance à critiquer l’ordre établi […] la maladie professionnelle des intellectuels », Hosftadter associait l’activité intellectuelle à « l’idée de protestation morale et politique » (Hofstadter R., Anti-intellectualism in American Life, op. cit., p. 38).
11 François Peraldi traduit ici Gatekeeper par « Gardien du Seuil ». Nous préférons la traduction par « prophète » suggérée par Gérard Leclerc, LECLERC G., Sociologie des intellectuels, Paris, PUF « Que sais-je ? », 2003, p. 19.
12 François Peraldi traduit ici par « Protecteur », nous lui préférons encore « idéologue », qui fait écho à la distinction établie par Ricœur entre utopie et idéologie.
13 F. Peraldi traduit par « conservateur », Leclerc par « expert ». La première traduction nous paraît peu convenir, au sens où les conservateurs s’avèrent plus proches du rôle que Lipset et Basu attribuent à l’idéologue (preserver).
14 Lipset et Basu parlent toutefois en termes de tendances et d’idéaux-types, et reconnaissent la possibilité pour un intellectuel de remplir aussi un rôle d’intégration.
15
Hayek F. A., « Les intellectuels et le socialisme », art. cit., p. 273. Nous soulignons.
16
Ibidem, p. 288.
17
Neveu É., Sociologie des mouvements sociaux, Paris, La Découverte, 1996, rééd. 2005, p. 9.
18
Della porta D. & Diani M., Social Movements : An Introduction, Oxford, Blackwell Publishers, 1999, p. 16.
19
Rothbard M., The Ethics of Liberty, Atlantic Highlands, Humanities Press, 1982 ; trad. fr. Guillaumat F. et Lemieux P., L’Éthique de la liberté, Paris, Les Belles Lettres, « Laissez-faire », 1991, p. 349.
20
Tilly Ch., From Mobilization to Revolution, Reading, Addison-Wesley, 1978, p. 69.
21 Lilian Mathieu note en effet une « multiplication des concepts et des perspectives d’analyse » qui « donne une fâcheuse impression de pléthore dépourvue de cohérence », Mathieu L., « Rapport au politique, dimensions cognitives et perspectives pragmatiques dans l’analyse des mouvements sociaux », Revue française de science politique, vol. 52, n ° 1, février 2002, p. 75.
22 Voir Touraine A., La voix et le regard : Sociologie des mouvements sociaux, Paris, Le Seuil, 1978, rééd. 1993.
23 Voir Mc carthy J. D. & Zald M., « Ressource Mobilization and Social Movements : a Partial Theory », American Journal of Sociology, vol. 82, n ° 6, 1977, p. 1212-1241.
24
Kitschelt H., Comparative perspective on social movements : Political opportunities, mobilizing structures, and cultural framings, in
Mcadam D., Mccarthy J., Zald M. N., Cambridge, Cambridge University Press, 1996, rééd. 2001, p. 59.
25 L’expression est souvent employée par les intellectuels libertariens pour décrire leur action. Il est ici intéressant de rappeler que, dans la conception de Joseph Schumpeter, l’entrepreneur est défini comme le porteur d’un projet innovant. Il doit ainsi être distingué du chef d’entreprise ou du manager, qui « dirige une firme sur une ligne établie », et du capitaliste ou du bailleur qui supporte les risques. Schumpeter J. A., Business cycles : A theorical, historical, and statistical analysis of the capitalist process, tome I, New York, Mac Graw Hill Book Company, 1939, p. 102-104. De même que l’entrepreneuriat introduit ainsi toujours une « destruction créatrice » dans les marchés et les secteurs de l’économie, l’entrepreneur d’idées introduit une rupture dans le domaine intellectuel.
26
Boorstin D. J., The genius of American politics, Chicago, University of Chicago Press, 1953, p. 185.
27
Ibidem, p. 186.
28
Hofstadter R., Anti-intellectualism in American Life, op. cit.
29
Ricœur P., L’idéologie et l’utopie, op. cit., p. 38.
30
Hofstadter R., Anti-intellectualism in American Life, op. cit., p. 32.
31 « L’opportunisme de droite, dans sa recherche de gains immédiats, néglige l’objectif social ultime pour se vautrer dans des victoires mineures et sans lendemain et qui sont parfois même en contradiction flagrante avec le but final. Dans sa version libertarienne, l’opportuniste est prêt à se joindre à l’establishment étatique au lieu de le combattre, et à nier l’objectif ultime au nom de victoires immédiates […] De son côté, le gauchiste sectaire flaire l’“immoralité” et la “trahison des principes” dans tout recours à l’intelligence stratégique pour proposer des mesures transitoires sur le chemin de la liberté, même s’il s’agit de mesures en continuité directe avec l’objectif final. » Rothbard M., L’éthique de la liberté, op. cit., p. 352. On peut s’étonner de ce que l’auteur de ces lignes versera lui-même très souvent dans le sectarisme qu’il dénonce ici.
32
Friedman D., The Machinery of Freedom, New York, Harper & Row, 1973 ; trad. fr. F. Liégeois, Vers une société sans État, Paris, Les Belles Lettres, « Laissez-faire », 1992, p. 229.
33
Palante G., L’individualisme aristocratique, Paris, Les Belles Lettres iconoclastes, 1995, p. 114.
34
Ibidem, p. 130.
35
Friedman D., Vers une société sans État, op. cit., p. 240.
36 Entretiens réalisés en 2004 et 2005 avec Nigel Ashford, William Barnett, Walter Block, David Boaz, Paul Cantor, Thomas DiLorenzo, Edward Feser, David Friedman, Stephan Kinsella, James W. Lark, Leonard Liggio, Loren Lomasky, Roderick Long, Tibor Machan, Martin Masse, Jan Narveson, Llewellyn H. Rockwell, Joseph Salerno, Chris Matthew Sciabarra, Mark Thornton et Jerome Tuccille.
37 Archives du Parti Libertarien, numéro d’accès 10187, disponibles au Département des Collections Spéciales de la Bibliothèque de l’Université de Virginie à Charlottesville.
38 Le site Internet du Parti Libertarien a longtemps hébergé les archives couvrant la période allant de 1993 à 2004. L’adresse [http://archive.http://lp.http://org] n’est plus disponible, mais nous avons pu y consulter auparavant toutes les archives dont nous estimions avoir besoin.
39 Les deux bulletins sont disponibles en intégralité sur le site Internet du Mises Institute aux adresses suivantes : [http ://www.mises.org/journals/left-right.asp] et [http://www.mises.org/journals/libertarianforum. asp].