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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Guerre, finances et logistique L’extension des hôpitaux militaires du printemps 1796 à l’été 1797 Notes de bas de page

    L’armée d’Italie

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre IX. Finances, logistique et services à l’épreuve de la guerre de mouvement

    p. 259-289

    Texte intégral Guerre, finances et logistique Saliceti, Hamelin et le nerf de la guerre Opérations de razzia et grande stratégie L’armée, les compagnies de commerce et les réseaux financiers Transport, logistique et effort de guerre L’extension des hôpitaux militaires du printemps 1796 à l’été 1797 La campagne sanitaire de l’armée d’Italie : le fruit de l’expérience du XVIIIe siècle La dimension sanitaire dans la stratégie générale Les témoignages des combattants La grande réorganisation des hôpitaux à la fin de la campagne d’Italie Les services de santé à l’épreuve des populations civiles Notes de bas de page

    Texte intégral

    « La guerre dépend moins des armes que de l’argent qu’on dépense pour elle. C’est l’argent qui rend les armes efficaces, surtout pour des États continentaux qui affrontent un peuple de marins. Il faut donc commencer par nous en procurer, avant de nous laisser entraîner par les discours de nos alliés. Puisque, quelle que soit la suite des événements, nous aurons à assumer la plus grande part des responsabilités, il nous faut à loisir peser les conséquences de nos actes. »
    Thucydide1

    1L’historiographie classique rapporte que la guerre de mouvement imposée aux Austro-Sardes par Bonaparte fut possible grâce aux réquisitions de l’armée française en territoire conquis. Ce choix stratégique eut des conséquences politiques car il imposait aux Français de mettre en place une solide administration financière et de nouer des relations avec les notables locaux. Jacques Godechot et Guglielmo Ferrero ont souligné l’ampleur des prélèvements subis par les différents États italiens, tandis qu’Édouard Pommier a analysé les saisies d’œuvres d’art qui enrichirent la France directoriale2.

    2Étant donné que ces troupes se présentaient comme une force libératrice, elles ne pouvaient agir de façon arbitraire. On se devait de payer le montant des réquisitions. Progressivement, une administration financière fut mise en place par Bonaparte qui sollicita les services de Haller, de retour en grâce. C’était l’aboutissement logique de la marginalisation de Saliceti et de Garrau, commissaires du Directoire. Même si les États d’Italie septentrionale et centrale ont contribué à l’effort de guerre de l’armée d’Italie, l’acheminement des armes légères ou lourdes ainsi que des combattants restait un défi majeur. L’armée des Alpes commandée par Kellermann a joué un rôle non négligeable dans le contrôle des lignes d’approvisionnement qui passaient par les Alpes, et dans la surveillance des départements rhodaniens et alpins où se concentraient de nombreuses manufactures d’armes qui produisaient pour l’armée française. En acheminant sans interruption hommes, matériel et vivres, y compris durant l’automne et l’hiver à travers les cols alpins, l’armée des Alpes a maintenu une ligne de vie au moment où, en Italie, les Français se trouvaient au bord de la rupture. Les questions d’hygiène et de santé furent aussi au cœur de la réflexion des généraux. À une époque où les hommes venaient à manquer, il convenait de prodiguer des soins aux blessés et aux malades pour les remettre rapidement sur pied : les citoyens-soldats devaient bénéficier des meilleurs traitements possibles.

    Guerre, finances et logistique

    Saliceti, Hamelin et le nerf de la guerre

    3C’est à Saliceti qu’incombait la lourde tâche de mettre en place une administration civile chargée des prélèvements3. L’armée d’Italie comptait de nombreux agents civils qui jouissaient d’une sinistre réputation auprès du soldat. On les accusait volontiers de détourner des fonds alors que l’armée « mourait de faim ». Saliceti et Bonaparte épurèrent l’administration civile de l’armée4. Saliceti avait reçu des ordres précis du Directoire qui demandait que l’armée paie les objets dont elle avait besoin – avec des mandats. Personne n’était dupe et le Directoire conclut en affirmant qu’on n’aurait « point l’air de lever de nouvelles contributions5 ». Après leur entrée à Milan, Bonaparte et Saliceti n’hésitèrent pas à lever une contribution de guerre de 20 millions à laquelle s’ajoutaient de nombreux objets en nature. Saliceti confisqua aussi les objets des Monts-de-Piété en prenant soin de rendre les objets d’une valeur inférieure à 200 lires aux pauvres. Cette mesure selon Jacques Godechot était d’inspiration babouviste. Les Monts-de-Piété furent une ressource majeure pour l’armée. Il fallut aussi songer à mettre en place une administration centrale pour organiser les opérations fiscales et les réquisitions. Ainsi, fut créée l’agence militaire de la Lombardie6. Elle parvint à faire rentrer dans les premiers jours 3 millions, puis le reste dans les trois mois suivants. L’impôt foncier levé à partir du cadastre de Lombardie devait fournir 4 millions, mais il ne rentra que 2 millions durant les deux mois d’existence de l’agence. On conserva les vieux impôts comme la capitation ou testatico7 ainsi que les impôts indirects tels que les droits de douane, droits sur les poids et les cartes à jouer qui rapportaient la somme de 10 millions par an. On interdit d’exporter des denrées et du bétail hors de Lombardie vers les pays ennemis. À l’armée des Alpes, Kellermann, par qui transitait un important matériel destiné à l’armée d’Italie, imposa des mesures semblables pour empêcher les exportations savoyardes vers le Piémont ou la Suisse8. L’agence eut une existence éphémère parce qu’elle mécontentait les patriotes lombards qui voulaient avoir la haute main sur les finances de la Lombardie et sur l’administration municipale de Milan. Dès lors, ce fut le congrès d’État de Lombardie qui perçut les impôts et s’engagea à verser un million par mois dans les caisses de l’armée. Pour compenser la perte des revenus indirects, le congrès s’engageait aussi à fournir 60 000 quintaux de blés par mois. Le Directoire n’y voyait pas d’objection tant que l’argent rentrait et que le surplus était envoyé en France.

    4L’administration civile de l’armée d’Italie s’était contentée de détourner les revenus fiscaux de Lombardie à son profit. Dans les parties occupées du Piémont, on s’était servi de l’argent des péages des ponts pour financer le service des équipages mis en place par Andreossy9.

    5L’extension des opérations hors de Lombardie modifia la donne. Il fallut utiliser toutes sortes d’expédients pour faire rentrer l’argent dans les caisses de l’armée. Des gens de finances comme Hamelin, un proche de madame Bonaparte, furent mis à contribution10. Celui-ci a laissé un témoignage pro domo et se qualifie d’« agent de l’armée d’Italie ». Son action, exemplaire à plus d’un titre, s’étendit au Ferrarais puis à Trieste. À Ferrare, le général en chef avait mis en place une « junte » chargée de faire appliquer les ordres de l’armée. Le commandant de la place, le chef de brigade Jhann, lui laissa toute latitude pour organiser les réquisitions.

    6La junte, composée de notables locaux, avait un rôle d’intermédiaire. Mais, très vite, elle multiplia les chicanes alors qu’au même moment, le commandant de la place « pillant tout dans la citadelle » multiplia les maladresses à l’encontre du culte catholique heurtant ainsi les convictions religieuses d’une bonne partie de la population11.

    7Hamelin se rapprocha des élites locales qui devaient le seconder dans son inlassable quête d’argent. Ce fut le cas de la famille Massari, de riches négociants de Ferrare, qui étaient aussi fermiers des pêcheries de la Mesola, près des embouchures du Pô dans l’Adriatique et qui payaient pour cela un bail de 60 000 piastres par an au pape. Un commissaire des guerres avait cassé le contrat qui les liait et les Massari vinrent se plaindre à Hamelin qui les accueillit favorablement. Ces derniers se mirent au service des Français et perçurent d’autres revenus lors de la prise de contrôle des mines de mercure d’Idria en Carniole. Il signale qu’on se servit du produit de ces mines pour offrir diverses gratifications aux officiers généraux12.

    8Comment des opérations frauduleuses pouvaient-elles passer si facilement inaperçues ? Hamelin fournit quelques indices étonnants sur la manière dont étaient menées les opérations financières de l’armée d’Italie. Il déclare qu’il ne tenait qu’une comptabilité à partie simple. Il faudra le retour de Haller pour qu’une gestion centralisée avec comptabilité à partie double soit imposée. Ce dernier qui était rentré dans les bonnes grâces de Bonaparte avait été promu administrateur des finances au cours de la campagne de 179613, puis administrateur des contributions et finances14 en février 1797. Le Suisse envoya des inspecteurs auprès des agents locaux. Un tel système avait l’avantage de limiter les pertes d’argent aux différents niveaux de la hiérarchie administrative et financière de l’armée d’Italie. Haller apura pour un temps les comptes mais fut bientôt accusé de détournement de fonds15 par le général Clarke en mission d’inspection :

    « Voulez-vous savoir en quelles mains reposent les intérêts de la France en Italie, quelle est la cheville ouvrière, le factotum de vos commissaires qui veulent administrer et n’y entendent rien, c’est Haller, jadis banquier, homme taré dans l’opinion et pour lequel vous avez témoigné de la répugnance au citoyen Saliceti dans une de vos lettres que je vous prie de vous faire représenter. Il est plus commissaire du gouvernement que ceux qui en sont revêtus du titre. On dit publiquement qu’il reçoit des sommes pour chaque ordonnance qu’il fait signer à Garrau.
    Le général Bonaparte a été sur le point de faire arrêter cet Haller, mais il sait tous nos secrets et la confiance de vos commissaires pour lui est illimitée. Ils l’ont fait arrêter à Modène, il y a quelque temps où il n’avait aucun besoin et où des caisses de bijoux ont disparu. Haller est momentanément nécessaire. Il travaille dans ce moment à faire des états qui doivent constater notre situation et les recettes et dépenses faites depuis la conquête de l’Italie. Vous devez bien penser que ce sont les mémoires justificatifs des principaux fripons. »

    9Malgré la répugnance que lui inspirait le personnage, le général dut conseiller au Directoire de maintenir le coupable à son poste car « il détenait la clef de tout ». Outre le fait que ce dernier avait peut-être couvert d’importants détournements de fonds au profit des chefs civils et militaires, il était aussi devenu un personnage central dans le ravitaillement de l’armée pendant la mauvaise saison. Les tentatives de prise de contrôle du lac de Garde et du Tyrol ainsi que les rapports diplomatiques avec le pays des Grisons offraient aux Français de nouvelles perspectives en matière de ravitaillement. Les agents envoyés par Haller étaient bien implantés dans cette région. Le Suisse eut l’idée d’installer des fabriques de biscuits en pays neutre. Comeyras, le résident de la République française dans le pays des Grisons, joua le rôle d’intermédiaire en prenant contact avec « le premier des patriotes » du pays16. Le diplomate et Haller développèrent le projet de faire passer ces produits en contrebande à travers le pays ennemi17. Les consignes du diplomate pour camoufler les marchandises sont significatives :

    « On emballerait les unes comme des ballots ou demi-ballots de soie, on donnerait à d’autres la forme d’un tonneau d’huile, à d’autres celles qu’ont les caisses de savon, à d’autres, celles de ballots de coton. Il y en aurait où le milieu seulement renfermerait du biscuit bien serré ; le reste serait bois et paille ; on en ferait passer une partie pour des marchandises anglaises sauvées de Livourne ou de Boulogne [sic] ; une autre pour des marchandises expédiées de Gênes pour le Tirol [sic] et pour Vienne que les expéditeurs intimidés par les progrès des armées françaises ont donné ordre de retenir en grison jusqu’à nouvel ordre. »

    Opérations de razzia et grande stratégie

    10Les Français ont méthodiquement exploité une vaste zone allant de la partie méridionale du Piémont jusqu’à la Terre-Ferme vénitienne en passant par la Lombardie et l’Italie centrale. L’une des conditions du système de guerre de Bonaparte était d’assurer, par ces amples prélèvements, un ravitaillement régulier aux hommes.

    11Mais quelle était la quantité de vivres dont avait besoin l’armée d’Italie ? Enrico Bevilacqua18 fournit quelques données sur le coût effectif du cantonnement d’une armée de plus de 10 000 hommes. D’après lui, « le gouvernement véronais dut s’engager à fournir journellement 50 000 rations de pain de 24 onces chacune, 60 gros bovins, 150 chars de fourrage, de grandes quantités de vin, farine, huile, bois, tout ce dont il avait besoin et même le superflu ». Néanmoins d’après cet auteur, la quantité des approvisionnements demandés était bien supérieure aux besoins réels de l’armée française et dépassait largement les disponibilités locales.

    12Les besoins réels de l’armée demeurèrent un mystère. Ils n’étaient pas connus du ministère de la Guerre au point que celui-ci dut envoyer au printemps 1797 l’agent Bellime afin de contrôler les services des subsistances. Il fut stupéfait par ce qu’il découvrit lorsqu’il inspecta le pays vénitien en insurrection : il y décrivait un despotisme militaire sans bornes reposant uniquement sur la force des baïonnettes19.

    13L’ampleur des prélèvements de l’armée sur les régions où elle séjournait et se battait semble difficile à quantifier tant Bonaparte remaniait régulièrement ses divisions en les déplaçant sans cesse. Mais qu’importe, ce qui compte, c’est la perception des témoins de l’époque. Dans le cas de Vérone et de ses environs, le pays est perçu comme un territoire saturé par la présence française. Plus que la réalité effective des prélèvements, la rumeur et l’image fantasmée d’une armée se comportant comme une nuée de sauterelles et « composée de toute la ladrerie de Provence et de Languedoc20 » pouvaient avoir des effets déterminants sur l’échauffement des esprits21.

    14L’exploitation des pays conquis est bien connue dans le cas de l’histoire de l’armée d’Italie. Bonaparte ne s’est pas privé de faire vivre son armée sur le pays en exigeant des contributions aux pays vaincus et occupés. Il lui arrivait aussi de quémander en utilisant la menace lorsqu’il s’agissait d’obtenir des prêts avantageux aux pays neutres. Il lui fallait impressionner les petits États avec peu de moyens tout en continuant à poursuivre les Autrichiens. Le général en chef explique lui-même sa démarche au Directoire exécutif :

    « Avec une armée médiocre, il faut faire tout. Contenir les armées allemandes, assiéger les places fortes, garder nos derrières en imposer à Gênes, à Venise, à la Toscane, à Rome, à Naples ; il faut partout se trouver en force. Il faut donc une unité et pensée militaire, diplomatique et financière. Ici, il faut brûler, faire fusiller pour établir la terreur et donner un exemple éclatant. D’un autre côté, il est des choses qu’il faut faire semblant de ne pas voir et dès lors ne pas dire, parce que le temps n’est pas encore venu. La diplomatie est véritablement en ce moment-ci toute militaire en Italie22. »

    15Ce commentaire non dénué d’arrière-pensées (il est alors de plus en plus hostile à la présence des commissaires du Directoire) renseigne sur sa manière d’opérer la conquête de l’Italie. Il faut jouer sur la rapidité et la peur quitte à sacrifier temporairement les idéaux démocratiques. Les négociations avec la Sardaigne et l’abandon des patriotes piémontais s’expliquent : une révolution en Piémont aurait obligé l’armée d’Italie à aller jusqu’à Turin et peut-être à occuper le pays méthodiquement. Le maintien de la monarchie sarde avait plusieurs avantages, comme celui de disposer d’une administration efficace qui, si elle jouait le jeu de la collaboration, pouvait récolter des fonds pour le compte des Français tant que la paix n’était pas assurée.

    16Dans une lettre inédite datée de la fin du mois d’avril 1796, Bonaparte confirme son hostilité à la Révolution du Piémont : « Le Piémont est plein de prêtres et de nobles, il n’est pas à penser qu’on puisse sitôt opérer une révolution23. » En revanche, il revient plus volontiers sur la manière de faire la guerre et les moyens de récolter, fonds vivres et matériel :

    « La guerre d’Italie est en ce moment moitié militaire, moitié diplomatique. Endormir l’un par une suspension d’armes (le Piémont) pour avoir le temps d’écraser l’autre (l’Empereur), ou pour obtenir un passage et des subsistances est désormais le grand art de la guerre en Italie. »

    17En novembre 1796, le général Baraguey d’Hilliers, qui commandait la Lombardie déconseilla de soutenir ou d’encourager simplement une révolution24. Elle entraînerait immanquablement une fuite d’argent et une désorganisation générale des filières d’approvisionnement de l’armée :

    « Il me reste à examiner s’il est dans l’intérêt de l’armée qu’il se fasse à ce moment une révolution populaire dans la Lombardie ; vous savez que qui dit révolution dit tempête et bouleversement. Vous savez que la Lombardie est par ses productions et son commerce le magasin de subsistance et le canal restaurant de l’armée française. C’est son magasin, son grenier. Or s’il s’y faisait une révolution populaire, qu’arriverait-il ? L’agriculture serait inquiétée, le commerce paralysé, les impôts mal perçus. Toutes les sources d’abondance et de restaurations seraient desséchées à la fois. Les riches et les prêtres émigreraient et emporteraient le peu de numéraire qui reste au pays. Ils laisseraient des fonds que l’État saisirait et que la superstition empêcherait de vendre. L’étranger cesserait d’y importer des fers, ses draps, ses métaux, ses cuirs et d’en tirer de la soie, des fromages, le riz. Que deviendrait l’armée française au milieu de ces bouleversements ? »

    18Le commandant de la Lombardie sur qui reposait une bonne partie de la logistique conseilla au final l’attentisme politique pour la durée de la campagne. Cela devait se traduire par une surveillance accrue des patriotes lombards. Ainsi, le système de guerre de Bonaparte imposait de maintenir un fragile statu quo permettant à l’armée française de bénéficier temporairement des ressources du pays tout en ménageant les espoirs des révolutionnaires italiens.

    19Lorsque l’armée d’Italie pénétrait dans un État ou une région, ses chefs savaient ce qu’ils pouvaient en tirer. Consuls, agents et ambassadeurs avaient depuis le début de la guerre (et parfois même avant) récolté quantité d’informations sur les possibilités de chaque pays ou province. Ainsi, le 1er mai 1796, de son quartier général d’Acqui, Bonaparte réclamait à Faipoult, le ministre de la République française à Gênes, des comptes rendus précis sur les territoires que la France occupait ou était en passe d’entrer25. Ces renseignements économiques et financiers permettaient de connaître la situation exacte des ressources des États. Cette étrange combinaison de guerre et de diplomatie se retrouve dans les rapports qu’entretint le général en chef de l’armée d’Italie avec Venise. La république aristocratique était officiellement neutre, mais elle avait passé des accords avec l’Empereur et laissait passer ses troupes. Beaulieu, dans sa retraite, s’était emparé de Peschiera sans que les Vénitiens l’en aient empêché. Bonaparte en tira parti pour réclamer à Venise des sommes d’argent supplémentaires pour effacer « cette trahison ». Vérone ayant été le refuge de Louis XVIII, le général en chef se servit de ce fait pour menacer la Sérénissime. L’extorsion de sommes considérables à un pays neutre réclamait cependant l’aval du Directoire et le général en chef présenta de cette manière l’affaire :

    « Si votre projet est de tirer cinq ou six millions de Venise, je vous ai ménagé exprès cette rupture et vous pourriez les demander en indemnité du combat de Borghetto, que j’ai été obligé de livrer pour prendre cette place. Si vous avez des intentions plus prononcées, je crois qu’il faudrait continuer ce sujet de brouillerie, m’instruire de ce que vous voulez faire, et attendre le moment favorable, que je saisirai suivant les circonstances ; car il ne faut pas avoir affaire avec tout le monde à la fois26. »

    20À partir de l’été 1796, Venise devint, par la force des choses, un important fournisseur de l’armée d’Italie, tout en ménageant des apparences de neutralité à l’égard de l’Autriche. Bonaparte entretint sciemment la mésentente avec les représentants de la Sérénissime pour leur extorquer vivres, matériel et pour accélérer les rentrées d’argent que les Vénitiens avaient accepté de prêter27.

    21Lorsqu’au début de l’été 1796, les Français se lancèrent dans une marche en Italie centrale à la faveur d’une pause dans leurs opérations contre les forces de Beaulieu, les objectifs de Bonaparte étaient économiques. Il fallait obtenir rapidement des espèces sonnantes et trébuchantes. Si l’opération se présentait comme une promenade militaire, l’armée souffrit beaucoup de la chaleur, et commença à craindre une trop grande dispersion de ses forces. On atteignait les limites de ce type d’opérations et des dissensions commençaient à se faire jour entre les commissaires du Directoire et le général en chef. Les plénipotentiaires envoyés par Rome s’en étaient rendu compte et préféraient négocier avec les commissaires civils. Bonaparte s’en plaignit amèrement :

    « M d’Azara28 (le négociateur espagnol au service du Pape) qui est vraiment celui avec qui nous avons négocié, a eu l’impudence de nous offrir cinq millions en argent et trois en denrées. Moi avec qui, il a d’abord commencé à négocier, je me suis tenu à quarante millions dont dix en denrées. Voyant qu’il ne pouvait obtenir de diminution, il s’est tourné du côté des commissaires du gouvernement, et il a si bien fait qu’il leur a arraché notre secret, c’est-à-dire l’impossibilité que nous avions d’aller sur Rome. Alors, il n’a été possible d’en tirer vingt millions qu’en faisant une marche sur Ravenne29. »

    22Les Français manquaient de moyens militaires pour mener une opération de conquête en Italie centrale. Rétrograder, même en mettant en place un échelonnement des forces, était risqué. Il fallait se recentrer sur la Lombardie, les petits États de la rive droite du Pô et l’ouest de la Terre-Ferme. Ces riches territoires constituaient les bases arrières de l’armée d’Italie face au Tyrol et à aux possessions des Habsbourg.

    23L’armistice de Bologne, le 23 juin, signé par Bonaparte et les représentants du pape fut une excellente affaire tant dans le domaine stratégique que financier. Le port d’Ancône était livré, ce qui donnait à la France une base navale de premier ordre sur l’Adriatique, les ports des États pontificaux devaient être fermés aux navires des puissances en guerre contre la République. L’armée d’Italie se voyait garantir le libre passage dans les États du pape et Bonaparte obtenait 21 millions dont 15 500 000 en espèces ou lingots d’or et d’argent, 5 500 000 en denrées, marchandises chevaux et bœufs30.

    24L’occupation de Livourne (27 juin 1796) par les Français constituait l’autre volet de la guerre économique menée en Italie centrale. Désormais, les Français disposaient de bases de ravitaillement sur l’Adriatique et sur la mer Tyrrhénienne.

    L’armée, les compagnies de commerce et les réseaux financiers

    25L’entretien de cette machine de guerre nécessitait de passer par les fournisseurs aux armées, intermédiaires spécialisés. L’État qui était incapable de faire face aux demandes grandissantes des généraux dut se résigner à passer des contrats avec des compagnies privées. Elles ne poursuivaient pas des buts politiques ou stratégiques mais avaient pour objectif principal de s’enrichir rapidement et Bonaparte nourrit divers contentieux avec des compagnies de commerce suite à cette prospérité. Très tôt, il fit abstraction de l’organisation mise en place par l’administration des Finances et privilégia un système qu’il croyait plus rationnel. Il conclut directement des arrangements avec les fournisseurs sans l’autorisation du Directoire et de la Trésorerie nationale. Ces fournisseurs constituaient un monde à part et allaient devenir les grands profiteurs des guerres de la Révolution et de l’Empire. Des grands noms de la politique comme Reubell investirent dans ces entreprises très rentables mais Bonaparte se tint à l’écart. Ce qui le séduisait, c’était avant tout la souplesse de leurs structures, ce qui lui évitait la création d’une administration difficile à surveiller. Certaines sociétés comme Flachat-Laporte et Castellin qui disposaient de succursales en France et en Italie, tissèrent une véritable toile de part et d’autre des Alpes constituant une vaste nébuleuse financière. Leur mission était définie dans les contrats passés avec l’armée. Les entreprises concessionnaires se chargeaient de la livraison jusqu’aux garnisons. Autour de ces compagnies, on trouve aussi des banques chargées de fournir des avances aux fournisseurs. On songe notamment au banquier Balbi à Gênes, bien connu de Saliceti31.

    26À côté de ces réseaux commerciaux et financiers actifs depuis le début du conflit, les Français surent nouer de bonnes relations avec des familles de négociants et prêteurs juifs. Hamelin, présent à Ferrare, avait été amené à utiliser leurs services. L’abolition des mesures discriminatoires par l’armée d’Italie amena certaines de ces familles à collaborer. C’est à Livourne que les relations entre les Français et « les représentants de la nation juive » furent les plus fructueuses. Depuis 1676, c’était un port franc considéré comme une des places essentielles de la contrebande internationale au XVIIIe siècle32, même si à la fin du siècle, Pierre-Léopold avait tenté de limiter les abus33. Livourne bénéficiait d’avantages fiscaux : toute marchandise y entrait en franchise, pourvu qu’elle soit destinée à être réexportée par la voie maritime, soit telle quelle, soit après transformation. De nombreux commerçants juifs en avaient fait le centre d’un important commerce des grains, plus ou moins licite. Ces familles, étudiées en particulier par Jean-Louis Miège et Samuel Fettah, disposaient de succursales dans tout le bassin méditerranéen. Bonaparte utilisa leurs services34 non seulement durant la campagne de 1796-1797 mais aussi dans le cadre de la préparation de l’expédition d’Égypte35. En fait, l’armée d’Italie s’était substituée à la Royal Navy. Au lieu d’établir une législation rigide à Livourne à l’image des tentatives du Grand Duc36, Bonaparte préféra maintenir en l’état cette « zone grise » tant que son armée en était bénéficiaire. Mais les compagnies qui étaient arrivées dans le sillage des troupes françaises se révélèrent de plus en plus incontrôlables. Progressivement, on vit apparaître de curieux montages financiers dont l’écheveau est difficile à démêler.

    27Les rapports entre les compagnies et le général en chef ne tardèrent pas à se dégrader. Dès le mois de juin 1796, alors que les Français disposaient des ressources de la Lombardie, Bonaparte se plaignit amèrement à Petiet, ministre de la Guerre, de la conduite des entrepreneurs de la Cerfberr et de ceux qui étaient chargés des transports des vivres et des hôpitaux37.

    28La compagnie Cerberr était en contrat avec plusieurs armées et les relations entre Baruch Cerfberr et les élites politiques du moment lui assuraient de solides protections. Le général en chef fut confronté à une autre compagnie dont les agiotages allaient être signalés par Redon de Belleville, consul de France à Livourne. Le pouvoir de la compagnie Flachat, Laporte et Castelin s’était progressivement accru et elle n’était plus seulement chargée de la fourniture des vivres-pains comme le spécifiait son traité en date du 2 février 1796. Elle avait été autorisée 7 juillet 1796 à centraliser au nom du Trésor public les contributions levées pour les troupes en Toscane38.

    29S’en prendre à la compagnie Flachat, Laporte et Castelin était difficile tant ses dirigeants étaient intégrés aux réseaux de pouvoir depuis le début de la Révolution. Le contentieux apparut à l’occasion de l’occupation du port de Livourne par la division Vaubois. Livourne revêtait pour l’armée d’Italie une importance de premier ordre car c’était le principal port de commerce fréquenté par les marchands anglais en Méditerranée. La surprise fut grande lorsque les agents de la compagnie se présentèrent à Livourne pour s’emparer « des bijoux, effets, marchandises » saisies. Le général en chef refusa de s’incliner et demanda au consul Redon de Belleville de veiller ce qu’on lui fournisse l’or et le numéraire qu’attendait son armée. Les commissaires interdirent à quiconque de pénétrer dans les magasins et de faire main basse sur les objets saisis39. Entre le chef de l’armée et la compagnie, c’était le divorce. Malgré les lettres et les rapports hostiles rédigés par le consul Redon de Belleville et les militaires, Paris renouvela sa confiance aux agioteurs et il fallut s’incliner. Bonaparte continua à réclamer la rupture du contrat et finalement il obtint gain de cause le 17 brumaire an V (7 novembre 1796), lorsque Ramel de Nogaret écrivit au consul Redon de Belleville que la compagnie n’était plus chargée des affaires de la république en Italie. Cette décision était tardive car l’entreprise était parvenue à vendre les marchandises saisies. Un conseil de guerre à Brescia fut chargé de l’affaire, mais les trois co-accusés furent acquittés à la surprise générale40.

    30Une telle affaire démontrait les limites imposées par le système des fournisseurs aux armées. Sans garde-fous, sans administration cohérente, l’armée d’Italie, malgré les immenses ponctions opérées sur le pays, était contrainte de vivre d’expédients et de procéder à des réquisitions qui indisposaient les populations civiles. La guerre se révélait être une entreprise lucrative pour les milieux d’affaires et certaines personnalités du Directoire.

    31À la fin de la campagne, on était revenu à un système mixte : certaines compagnies étaient chargées de fournir en vivres et produits divers les places de l’arrière alors que les commissaires ordonnateurs se chargeaient directement des réquisitions sans passer par ces intermédiaires.

    32Le commissaire ordonnateur en chef Denniée dressa un tableau objectif de la situation de l’armée en septembre 1796. À la différence de ce qui se faisait habituellement, il ne noircit pas la situation41. Il mit en place une administration afin d’avoir la haute main sur toutes les sections du service. Les divisions actives réclamaient le plus de soins face à l’évolution rapide des événements.

    33Les manquements de Flachat, Laporte et Castelin entraînèrent le retour des réquisitions et des achats directs à travers l’Italie occupée. Les autres sociétés connurent aussi des défaillances. Dans le service des fourrages, la compagnie Couasnon ne devait intervenir que dans les Alpes-Maritimes et il fallut s’en remettre à des fournisseurs particuliers dans les pays occupés. Là encore, on paya à crédit et comme l’armée ne remboursait pas ses dettes, les fournisseurs créanciers allèrent jusqu’à poursuivre Denniée au quartier général. Le service des transports généraux ne fonctionnait que par les réquisitions. On ne pouvait pas se permettre de s’en remettre aux bons soins de telle ou telle entreprise vu la rapidité des mouvements de l’armée. Les difficultés s’accumulaient, non pour se procurer chevaux, mulets et voitures, mais parce que le personnel civil requis dans les pays conquis n’était pas payé42 régulièrement. Utiliser comme intermédiaire l’État vénitien comportait un risque politique important, mais Bonaparte multiplia les extorsions en arguant du double jeu de la Sérénissime43.

    34L’armée d’Italie, devenue une machine de guerre redoutable, s’était aussi métamorphosée en une vaste entreprise économique chargée de renflouer les caisses du Directoire. La conquête et l’exploitation du pays conquis avaient nécessité la création d’administrations tentaculaires qui suscitèrent le mécontentement des populations. Le gaspillage fut particulièrement énorme dans cette armée tant les mouvements étaient nombreux et confus. Les dépôts se multipliaient et les réquisitions sauvages suivaient de près l’arrivée des troupes.

    Transport, logistique et effort de guerre

    35Une armée bien ravitaillée et bien équipée avait meilleur moral. Bonaparte s’employa à fournir aux hommes une nourriture convenable tout au long de la campagne. Déjà le 28 mars, Saliceti déclarait au Directoire exécutif que la situation de l’armée était fâcheuse mais pas désespérante : « L’armée mangera dorénavant du bon pain et aura de la viande et déjà elle a touché des avances considérables sur son prêt arriéré44. » Elle devait recevoir une alimentation suffisante en protéines animales : à partir du 30 mars 1796 on distribua de la viande fraîche cinq fois par décade et, les autres jours, de la viande salée.

    36L’eau-de-vie et le pain ne manquèrent pas. Bonaparte tenait à ce que les hommes aient de l’alcool en abondance chaque fois qu’ils le demanderaient. Le pain était l’autre aliment de base du soldat et, pour que celui-ci fût fourni en abondance, on réquisitionna de nombreux fours de la Rivière de Gênes. La question des fours à l’armée d’Italie constitua une préoccupation logistique constante pour Bonaparte et son chef d’état-major. Une des tâches régulières de la cavalerie française était de s’emparer des fours autrichiens avant que ces derniers ne les détruisent en se repliant.

    37Afin d’éviter les détournements, c’est à Voltri, place pourtant très exposée à l’ouverture de la campagne, mais proche de l’armée et de Gênes (d’où provenait une grande quantité de farine) qu’on concentra le plus de fours. Au fil des développements des opérations, le général en chef mit en place tout un réseau de fours pour pouvoir donner à la troupe sa ration quotidienne de pain. Après avoir mis hors de combat l’armée piémontaise, il fit fermer ceux de la rivière de Gênes et ne conserva que les fours qui étaient nécessaires à la nourriture des garnisons en concentrant toute l’activité sur Cherasco dont les boulangeries devaient fournir la division Sérurier, et sur Acqui où l’on préparait le pain pour les autres divisions45. La vallée du Tanaro avait été spécialement aménagée pour devenir la voie sacrée par où on devait acheminer le ravitaillement aux divisions qui avançaient à marche forcée et qui étaient à la limite de leurs possibilités. Ainsi, au tout début du mois d’avril, on avait aménagé d’immenses dépôts à Piève et Ormea46. L’armée en mouvement n’était pas dépendante des lourds convois. Chaque soldat n’emportait dans son havresac qu’une quantité de vivres très limitée.

    38Un tel système logistique ne pouvait fonctionner que si l’armée disposait d’une voirie de bonne qualité. Au printemps 1796, on recruta des ouvriers pour l’entretien et l’amélioration des routes carrossables. Berthier en embaucha 300 pour réparer la route de la corniche entre Nice et Menton47. Les routes de montagne et, en particulier du col de Tende et de la vallée du Tanaro, furent entretenues régulièrement. Le transport des vivres et du matériel s’effectuait avec des chevaux, des bœufs et surtout des mulets. Bonaparte et Berthier créèrent des brigades et des divisions de mulets. Il fallait disposer de grandes quantités de fourrages pour nourrir les animaux de traits le long des axes de communications où s’étalait l’armée d’Italie. Nice et Menton furent approvisionnées pour un mois en fourrages ainsi que les étapes entre le Rhône et le Var où arrivaient les renforts. Loano, Finale et Oneille constituaient d’importants dépôts pour les fourrages48. Tout un réseau logistique parallèle était en train de voir le jour à l’armée d’Italie et cette organisation était sciemment déséquilibrée. Les troupes qui étaient prêtes à fondre au niveau de la jonction des armées sardes et autrichiennes avaient reçu le strict nécessaire car elles allaient être relayées par les troupes en attente stratégique dans la vallée du Tanaro et du col de Tende où se trouvaient aussi d’immenses dépôts. On est loin de la légende d’une armée dépourvue de moyens logistiques. Si les soldats de l’armée d’Italie avaient l’air dépenaillés, c’était plus du fait des intempéries de l’hiver et du début du printemps49 que du manque d’armes et de vivres. Le système avait néanmoins ses limites. Le calcul au plus près des rations entraînait le pillage, en cas d’épuisement de celles-ci, ce qui fut le cas à la division Masséna après la prise de Dego : « Si l’on ne veut pas que nous pillions qu’on nous paye, qu’on nous habille50 », déclara alors un soldat.

    39Une fois la conquête du Milanais achevée, les convois de l’armée empruntèrent trois routes clairement balisées51. Tout au long de la campagne, il fallut maintenir ouverts les cols alpins. Cette tâche ingrate était dévolue à Kellermann et à l’armée des Alpes, ainsi qu’à l’armée piémontaise après l’armistice de Cherasco (26 avril 1796). Ce fut un véritable tour de force car le déglaçage des routes nécessitait la mobilisation de nombreux ouvriers52.

    40Moins connue est l’utilisation des voies d’eau pour l’acheminement de l’artillerie lourde. Le Pô, grand fleuve navigable, fut un axe essentiel pour le transport des armes les plus lourdes : l’artillerie en direction de la zone des combats était embarquée à Valence et à Plaisance. À l’automne 1796, lorsque le siège de Mantoue battait son plein, Bonaparte y fit transiter une bonne partie des gros canons de siège. Le tour de force logistique le plus impressionnant au cours de la campagne se déroula autour du lac de Garde où les forces impériales tenaient le lac avec une petite flottille. Il fallut mener une véritable bataille avec des demi-galères et des navires « corsaires » sur le lac pour s’assurer la maîtrise de cette voie de circulation dont le contrôle facilita le transport du matériel. Lors de la manœuvre de Bassano eut lieu un véritable tour de force logistique : on embarqua à Peschiera 120 000 rations de biscuits et 240 000 d’eau-de-vie, de l’avoine pour nourrir 200 chevaux pendant 20 jours, 3 000 paires de souliers, 60 000 rations d’eau-de-vie, 60 000 de farine, ainsi que de l’avoine pour 4 000 chevaux pendant 10 jours. Ces convois se dirigèrent vers Riva en longeant le rivage est du lac. Peschiera était devenu un immense dépôt du fait de sa situation géographique sur le Mincio (donc près de Mantoue et de Vérone, l’autre grand dépôt). À Peschiera furent installés d’immenses fours pour que les hommes aient du pain frais rapidement53.

    41En matière d’armes à feu et plus particulièrement de fusils54, les sources d’approvisionnement étaient diverses : elles provenaient de France, de Sardaigne, des pays neutres comme Venise et Gênes et des régions occupées. On tenta de récupérer les fusils autrichiens mais, trop lourds, ils furent mis de côté. Les manufactures de la région lyonnaise, de Saint-Étienne et de Grenoble fournissaient une bonne partie des armes et les hommes de Kellermann étaient chargés de les faire transiter par la Savoie en assurant le maintien de l’ordre dans les départements concernés. L’armée d’Italie réquisitionna des manufactures locales, en particulier en Lombardie. Venise fut aussi un gros fournisseur d’armes tout comme la petite république de Lucques qui ne procura pas moins de 6 000 fusils en juin 179655. Au total, l’armée d’Italie parvint en un mois à collecter 48 000 fusils et 500 canons par divers moyens allant de l’achat à la prise de guerre56.

    42Dans le domaine de la fabrication des poudres et salpêtres, Milan et ses environs furent les principaux centres de production : « Nous avons ici des fabriques de poudre dont nous nous servons, cela pourra nous suffire57 » affirme Bonaparte à l’automne 1796. La recherche de l’autonomie en ce domaine obligea les Français à prospecter dans les territoires occupés. Ainsi, le général Meynier signale l’existence d’une importante fabrique de poudre à canon dans les fiefs impériaux occupés produisant quotidiennement de « 12 à 15 rubs par jour58 ».

    43La conquête de l’Italie permit aux Français d’obtenir le monopole des « naval stores » en Méditerranée et d’en exclure les Britanniques. L’Italie devint le grand fournisseur de matières premières à la flotte du Levant. On y produisait bois, chanvre et goudron qui pouvaient approvisionner Toulon. La péninsule disposait de ressources naturelles abondantes qu’on exploita dans une perspective stratégique à long terme. Saliceti, qui ne manquait pas d’idées, conçut alors un vaste projet pour contrôler la Méditerranée occidentale59. Il s’agissait de prendre le contrôle de toutes les matières premières utiles à la marine française pour les diriger vers les arsenaux et port du sud-est de la France. Certains généraux de l’armée d’Italie avaient compris l’enjeu économico-stratégique du conflit qui se jouait en Italie. Par-delà la lutte contre l’empereur, il s’agissait d’anéantir l’influence britannique en Méditerranée. En octobre 1796, le général Gentili, proche de Saliceti et chef de l’expédition de reconquête de la Corse fut chargé d’empêcher le retour en force de la Royal Navy. Dans un rapport adressé à Bonaparte, il souligne l’importance des forêts insulaires et y voit une ressource majeure pour le développement des arsenaux60 :

    « Il a été nommé provisoirement des inspecteurs et conservateurs des bois et forêts pour empêcher les coupes et les dégâts affreux que l’on commettait dans les forêts nationales. Les Anglais n’ayant pas la volonté de se conserver en Corse, sentaient bien qu’elles devaient tôt ou tard rentrer dans l’unité de la République ; aussi ils autorisaient toutes les coupes sans ménagement, dans l’espoir de détruire cette grande ressource pour notre marine. Depuis notre rentrée, nos forêts sont assez respectées ; les officiers provisoires veillent avec soin à leur conservation, et je puis assurer le Gouvernement qu’il trouvera en Corse de grands moyens pour réparer les pertes que le séjour des Anglais à Toulon a procuré à la marine de la République. »

    44On envisageait de plus en plus le rôle de l’armée d’Italie et la campagne qu’elle menait comme un élément essentiel dans la lutte entre le Béhémoth français et le Léviathan britannique. Tout au long des trois années de présence des troupes en Italie, les agents français prospectèrent à travers le pays des ressources nécessaires à la marine.

    L’extension des hôpitaux militaires du printemps 1796 à l’été 1797

    La campagne sanitaire de l’armée d’Italie : le fruit de l’expérience du XVIIIe siècle

    45L’Italia fu e sarà sempre il sepolcro dei Francesi était un dicton connu des militaires et de ceux qui avaient en charge la santé des hommes61. Le pays était réputé pour ses régions à paluds et les fièvres qui leur étaient associées. De tous les services, ceux des hôpitaux devaient avoir un rôle central au cours de la campagne : assurer des soins rapides aux malades et aux blessés sur qui reposait la réussite des opérations. Lorsque Bonaparte62 arriva à Nice, la situation des services de santé n’était guère brillante.

    46Il fallait puiser des troupes parmi les convalescents. L’expérience de la guerre de position dans les montagnes niçoises et en Ligurie avait offert à toute une génération d’officiers de santé l’occasion de se distinguer. D’autres expériences plus anciennes furent prises en compte. On se référa en particulier au précédent constitué par la campagne de Corse63 à la fin de l’Ancien Régime. Au début des opérations du printemps 1796, le ministre de la Guerre Pétiet avait demandé à six inspecteurs généraux des services de santé de rédiger un Avis sur les moyens de conserver ou de rétablir la santé des troupes de l’armée d’Italie64. Les inspecteurs ne devaient pas se rendre sur le front, mais parmi eux se trouvaient des personnalités fortes d’une solide expérience des maux susceptibles d’accabler des armées sous des fortes chaleurs. Faisaient partie de la commission Jean-François Coste qui avait servi en Virginie durant la campagne d’Amérique, Antoine Parmentier qui avait auparavant inspecté dans le Midi et Nicolas Heurteloup qui avait participé aux campagnes de Corse. L’expérience des campagnes de Corse ne doit pas être négligée. D’après Jean-François Lemaire, les inspecteurs se sont largement inspirés des études de Passerat de la Chapelle, ancien premier médecin des armées de Corse. Vincent-Pierre Comiti a récemment démontré l’originalité de la médecine corse, « terre d’arrêt remarquable des épidémies en Méditerranée occidentale et il considère que la confrontation médicale de la fin du XVIIIe siècle, à la fois civile et militaire, en fit une des médecines les plus intéressantes du bassin méditerranéen au XIXe siècle. Le jeune général, un an avant la rédaction de ce rapport, avait d’ailleurs consulté Coste aux Invalides65.

    47La campagne sanitaire et médicale de l’armée d’Italie ne devait rien à l’improvisation. Bonaparte, dès sa prise de commandement, avait activé des mesures afin de garantir aux hommes les soins appropriés dans une logique d’économie des forces. Le général devait constamment manifester son intérêt pour les questions d’hygiène d’autant que lui-même avait souffert de maux répandus au sein des troupes (il avait attrapé la gale à Toulon en 1793).

    48Le jeune général s’appuya sur plusieurs hommes de talent qu’il avait eu l’occasion de côtoyer durant les années 1793 et 1794 à Toulon et à Nice.

    49Une étude prosopographique66 des officiers médecins s’avère impossible du fait de la disparition de nombreux dossiers individuels. Ceux qui nous sont parvenus apportent néanmoins des renseignements sur les origines, la formation et les carrières des médecins de cette armée d’Italie. À l’arrivée de Bonaparte, le médecin en chef qui résidait à Marseille était Bernard Lorenz67, alors âgé de 56 ans, dont Schérer s’était plaint au ministère de la Guerre parce qu’il n’inspectait pas les ambulances de première ligne et parce qu’il se contentait de diriger de loin l’ensemble du service. Une telle tâche était certes difficile du fait de l’éparpillement des troupes et de l’absence de routes praticables. L’hiver venait à peine de s’achever et il n’était pas aisé de se déplacer à travers les Alpes. Ce médecin, âgé et malade, comptait plus de vingt ans de carrière et avait participé aux campagnes de Corse et d’Amérique. Il se révéla bon organisateur et un inspecteur sérieux sous le commandement de Bonaparte : il étudia et inventoria les maladies courantes en Italie du Nord. En revanche, on dut se passer des services de Desgenettes rappelé à Paris.

    50Par l’arrêté précité du 2 nivôse an III, Louis Paul Courtès avait été nommé major-adjoint auprès de Bernard Lorenz ; il n’occupa cette place qu’un mois après l’arrivée de Bonaparte, au moment où la situation de l’armée déjà victorieuse, marchant vers Alexandrie et Milan, nécessitait l’activité d’un médecin chef de valeur. On retrouve dans ses états de service les traces d’une expérience acquise durant les conflits du XVIIIe siècle, en particulier lors de l’expédition de Corse et de lors de la guerre d’indépendance américaine68.

    51Un autre élément de qualité fut le médecin chef Jean-Louis Bruguières69 qui remplaça Courtès nommé à l’hôpital d’instruction de Toulon. Aussi distingué que son confrère, il fut unanimement regretté lorsqu’il mourut à Vérone un an plus tard. Le chirurgien en chef François Bourgine70, fils de chirurgien comme Courtès, depuis ses premières études (1764) était estimé par Bonaparte. Âgé de quarante-sept ans en 1796, il n’avait jamais quitté Nice ni ses environs et avait servi dès 1781 dans les hôpitaux de Toulon et du Midi. Ces médecins et chirurgiens avaient plusieurs points communs. Tous avaient fait une partie de leur service sur les vaisseaux de la flotte ou bien dans les hôpitaux à proximité des arsenaux et y avaient acquis une bonne expérience médicale : ils connaissaient bien les effets des carences alimentaires et la nature des maladies liées à la promiscuité sur les navires.

    52Le Directoire avait autorisé le conseil de santé à nommer Pierre Groffier71 inspecteur général par décret du 25 germinal an IV. Il était chargé de développer « les organisations sanitaires dans les corps actifs et sédentaires » ; homme d’expérience, il avait mis en place une sorte de stage à l’armée des Ardennes où il avait eu à soigner une grave épidémie de « fièvre pétéchiale bilieuse compliquée » qui ravageait Philippeville, et dont il faillit être victime. Il devint ensuite inspecteur du service de santé de l’armée des Pyrénées-Orientales en 1792, puis membre du Conseil de Santé, en 1795, jusqu’à son affectation à l’armée d’Italie.

    53L’armée se trouvant dans une situation précaire, l’ouverture de la campagne devenait urgente : il fallait éviter à tout prix le retour d’une épidémie comme celle de l’hiver 1794-1795. Les évacuations sanitaires ne manqueraient pas d’être difficiles dans la guerre de mouvement qui s’annonçait. Dès son arrivée, Bonaparte72 fit lever une brigade pour le service des hôpitaux et des ambulances afin d’y mettre un peu d’ordre et de les ravitailler. Les premières victoires permirent de tirer ces services d’une pénurie chronique. À ce moment-là, les ambulances établies sous des tentes ou dans des locaux abandonnés suffisaient à peu près aux 2 000 blessés des combats qui eurent lieu jusqu’au 17 floréal. Les Français organisèrent tant bien que mal les évacuations vers les hôpitaux de Nice qui accueillirent les blessés des batailles de Voltri, Millesimo et Montenotte. Nous ne connaissons point le détail des évacuations mais les blessés étaient généralement acheminés par des charrettes vers le littoral. Il faudra attendre l’action de Larrey pour disposer d’ambulances roulantes de qualité mais le système ne sera organisé73 qu’une fois la campagne terminée. Il fallut progressivement installer des entrepôts d’évacuation et des hôpitaux de premières lignes afin de dispenser les premiers soins et de séparer les blessés qui étaient transportables des autres. L’occupation du duché de Parme et de Plaisance permit aux Français de faire main basse sur de grandes quantités de fournitures militaires. Le général en chef ordonna à Plaisance et dans toutes les villes conquises la création d’« ambulances » : il s’agissait d’entrepôts servant d’accueil provisoire pour les blessés évacués qui ne pouvaient endurer de longues étapes.

    54Dans un premier temps, ces mesures portèrent leurs fruits. À la veille de l’arrivée de Bonaparte, une bonne partie de l’armée est alitée (32,7 %)74, mais certaines divisions sont plus touchées que d’autres : la deuxième division de l’avant-garde avait 46,5 % de ses effectifs hospitalisés et la première division du corps de bataille (46,5 % aussi). Le pourcentage d’hospitalisés passa entre le 20 mars et le 2 avril de 32,7 % à 20, 7 %75 puis en juillet 1796 à 15,5 %76. On ne peut expliquer une telle baisse que par une amélioration globale des conditions de vie du soldat. Les mesures de redressement prises par Saliceti et Bonaparte à la veille de la campagne ont porté leurs fruits. Mais cette situation ne devait pas durer. À partir d’août 1796, le pourcentage d’hospitalisés s’élève à plus de 19 % pour atteindre 30 %77 en septembre. L’automne 1796 constitue une période charnière pour la campagne d’Italie. Les Français doivent à la fois mener le siège à Mantoue et résister aux offensives d’Alvinczy. Les fièvres causent d’importants dégâts et les soldats de la division du blocus sont les plus touchés avec 53,8 % d’hospitalisés en novembre78.

    55Les victoires eurent des conséquences paradoxales : les troupes qui occupaient les sommets des Alpes étaient, le froid aidant, protégées des fièvres qui sévissaient dans les zones de paluds. Les soldats de l’armée d’Italie, originaires pour un grand nombre de zones de moyennes montagnes (Basses-Alpes, départements du sud du Massif central), n’étaient guère immunisés contre les fièvres fréquentes que l’on rencontrait dans la plaine du Pô. La victoire sur les Piémontais et les négociations avec la cour de Turin permirent heureusement de se procurer vivres, argent, effets de toutes sortes et surtout médicaments. Bonaparte79 diligenta une enquête pour connaître avec précision les causes de ces fièvres et y porter remède. Dans le jargon médical de l’époque, il s’agissait de fièvres intermittentes. Une connaissance précise des régions insalubres pouvait avoir aussi un intérêt militaire. Les Français devaient les contourner et y attirer les forces ennemies qui n’étaient pas immunisées contre ces maladies endémiques. L’encerclement de l’adversaire dans une place assiégée dans une région insalubre pouvait accélérer l’effondrement de sa capacité de résistance. Les officiers de santé envoyés par le général en chef firent un compte rendu exhaustif reproduit dans une brochure anonyme qui arriva au quartier général le 7 mai80. D’après les résultats fournis par les enquêteurs, le facteur principal, cause des maux dont souffraient les hommes, était la riziculture. À cette époque, l’arrosage des champs se faisait par simple barrage sur des rivières et les eaux se répandaient sans intervention humaine ; des marécages indéfinis se formaient ainsi et « le soleil dardait ses rayons sur ces étangs artificiels et dégageait alors des vapeurs pestilentielles ».

    56L’insécurité dans les campagnes et la fuite des populations devant les belligérants nuisirent au bon entretien des digues. L’inspecteur général Groffier consacra un volume entier à cette question. Mû comme ses collègues par un souci à la fois utilitaire et encyclopédique, il fit l’inventaire des caractéristiques des régions dans lesquelles les Français résidaient et de celles qui étaient convoitées. Ces renseignements furent exploités par Bonaparte et son état-major, lors du siège de Mantoue, région unanimement considérée comme malsaine. Le général en chef parvint à y attirer le gros des forces ennemies81 et prit en revanche des mesures sanitaires pour éviter à ses hommes d’être victimes des fièvres.

    La dimension sanitaire dans la stratégie générale

    57Les médecins avaient pris les devants en organisant des hôpitaux géants à Crémone et à Brescia. Le premier disposait de 1 000 lits82, le second de 1 200. Crémone investie depuis le 23 floréal, devint, du fait de sa situation géographique à l’ouest de Mantoue, le grand centre sanitaire des divisions du blocus : elle pouvait recevoir par Pizzighettone les fournitures d’hôpitaux provenant de Milan, cette ville étant alors le principal dépôt de l’armée d’Italie. On pouvait y développer les établissements déjà existants et en créer de nouveaux. Les commissaires du Directoire Saliceti et Garrau de concert avec Bonaparte remanièrent le service général des hôpitaux. Un décret du 26 messidor portait aussi sur la création de vastes magasins pour le ravitaillement des troupes de siège : ces mesures préventives étaient censées atténuer les souffrances des hommes et éviter un afflux trop rapide de malades. Mais les décrets des commissaires aux armées ne pouvaient avoir d’effets immédiats. Au milieu des grands mouvements d’une armée, l’établissement d’hôpitaux bien pourvus était une tâche laborieuse. Il fallait choisir les lieux, les réquisitionner et installer ce qui était nécessaire au fonctionnement. L’arrivée d’une administration militaire ayant d’impérieux besoins au milieu des tranquilles villes de la région risquait de susciter des mouvements de colère ; la présence de soldats convalescents, oisifs et armés, était mal vue par les habitants. Les fièvres s’abattirent sur les troupes et modifièrent les projets du général en chef. Le siège s’éternisait et le 11 Thermidor an IV, les divisions comptaient déjà 200 malades. Six semaines plus tard, les hôpitaux étaient pleins. Très vite les administrations furent dépassées : les fournitures prises à l’ennemi avaient été dispersées83 ; les vastes magasins d’Acqui, de Cherasco et de Coni qui avaient pourvu aux besoins du moment avaient versé leurs excédents aux places de l’arrière. Les Français en étaient réduits à prélever de maigres ressources sur les hospices civils. Enfin la crise des transports sévissait, accentuée, autour de Mantoue, par le mauvais état des routes, ce qui rendait encore plus difficile les évacuations des malades et des blessés vers les centres de l’arrière et en particulier Plaisance et Crémone84.

    58Les hôpitaux de ces deux villes furent les principaux centres de soins durant la période du siège de Mantoue. Les archives du Val de Grâce n’ont pas conservé de registres généraux des mouvements des malades des hôpitaux. Seules les entrées et sorties de juin à novembre 1796 nous sont parvenues et ces chiffres ne concernent que l’hôpital no 1 de Plaisance qui disposait de 600 lits et pouvait accueillir 1 200 hommes lorsque l’afflux de malades était important.

    Mois

    Restants au premier de chaque mois

    Malades ou blessés entrés pendant chaque mois

    Malades ou blessés sortis pendant chaque mois

    Morts pendant chaque mois

    Restants au dernier de chaque mois

    Prairial (6 juin 1796-18 juin 1796)

    –

    629

    174

    7

    448

    Messidor (19 juin 1796-18 juillet 1796)

    448

    394

    536

    5

    301

    Thermidor (19 juillet 1796-17 août 1796)

    301

    5633

    4353

    109

    1472

    Fructidor (18 août 1796-21 septembre 1796)

    1472

    464

    118

    79

    739

    Vendémiaire (22 septembre 1796-21 octobre 1796)

    739

    1178

    1130

    81

    706

    Brumaire (22 octobre 1796-17 novembre 1796)

    706

    501

    533

    63

    611

    Tableau 4. – Entrée, sortie et décès à l’hôpital no 1 de Plaisance85.

    59On peut constater que sur environ 6 mois d’activité 8 799 malades ont été reçus à l’hôpital no 1 de Plaisance et 344 sont morts durant ce laps de temps soit 3.9 % du nombre total d’hommes y ayant séjourné. Les causes de ces décès sont à attribuer aux maladies et aux blessures reçues sur les champs de bataille de Saint-Georges et de Castiglione. Le surpeuplement eut des conséquences tragiques en matière sanitaire et le tableau affiche un pic de 5 633 entrés en Thermidor. Pour tenter de prévenir les fièvres et épargner ses hommes, le général Sahuguet ordonna que les camps militaires autour de Mantoue fussent situés de cinq à six toises86 au-dessus du lac87. Le général, optimiste, croyait que cette localisation permettrait d’assurer leur bonne santé. Le général Joubert alla plus loin en fixant à trente ou quarante toises le minimum des hauteurs88 sur lesquelles on pouvait échapper au « mauvais air ». La pénurie de médicaments et d’instruments de chirurgie ne tarda pas à se manifester89.

    60Ces mesures préventives s’avérèrent insuffisantes. Bonaparte avait choisi Crémone comme principal centre pour soigner malades et convalescents qui appartenaient surtout à la division du général Sahuguet, la plus touchée par les maladies. Le 7 Vendémiaire an V, le général en chef décida de fonder un nouvel hôpital dans cette place afin de porter le nombre total de places à 3 000. Il avait commencé la campagne avec des effectifs réduits et était jusqu’à présent parvenu à remporter des succès face aux Austro-Sardes. Mais ses troupes étaient décimées et leur cohésion fléchissait. Quant aux renforts tant attendus, ils n’arrivaient qu’au compte-gouttes. Beaucoup d’hommes qui séjournaient dans les hôpitaux ne rejoignaient pas leurs cantonnements et s’égayaient ou désertaient. Rassembler les malades à proximité des zones de combats était nécessaire pour les obliger ensuite à rejoindre leurs unités.

    Les témoignages des combattants

    61La correspondance officielle ne remplace pas les témoignages des hommes qui ont eu à subir un séjour forcé dans les hôpitaux. Pour la période nous concernant, on bénéficie des récits de deux combattants : le grenadier Vigo-Roussillon et le canonnier Bricard. Les hôpitaux militaires avaient une sinistre réputation. Les témoignages des soldats qui y séjournèrent sont unanimes. Les hôpitaux militaires étaient des lieux où vols et trafics divers étaient fréquents. Le grenadier Vigo-Roussillon90 évoque dans son journal de campagne son cheminement lorsqu’il fut blessé d’une balle à la cuisse durant la bataille de Saint-Georges près de Mantoue (28 fructidor an 5). Il fut incapable de rentrer au camp car il perdait beaucoup de sang et était allongé sur le champ de bataille près d’un chef de bataillon du 5e grenadier grièvement blessé, « croyant que le grade de ce dernier lui vaudrait quelque considération de la part des hussards ennemis ». En fait les soldats hongrois, au lieu de leur porter secours se mirent à dépouiller les blessés. Le chef de bataillon fut achevé à coups de crosse ; quant à Vigo-Roussillon91, il n’eut la vie sauve que par l’intervention d’un caporal ennemi qui le protégea, mais on l’abandonna sur le champ de bataille. Un peu avant la nuit, d’autres hussards de Wurmser traversèrent le champ et l’un d’entre eux tenta même d’achever l’infortuné grenadier. Les brancardiers ne se risquaient guère sur les lieux des combats et les blessés, les mourants et les tués étaient laissés sur le terrain labouré par l’artillerie. Les pillards, qu’ils appartiennent à l’armée ennemie, à l’armée française ou à la population civile, devenaient, avec les corbeaux et une fois la nuit venue, les seuls maîtres du champ de bataille. Vigo-Roussillon92 perdit connaissance et passa des heures sur le champ de bataille sans soin. Ce ne fut que le lendemain, à la faveur d’une contre-attaque française, qu’il fut secouru par ses camarades. L’un d’eux le plaça en travers d’un cheval et le ramena à l’arrière vers l’ambulance. Il eut la chance d’être soigné par un chirurgien originaire de Montpellier qu’il connaissait93. Le cas de Vigo-Roussillon n’est d’ailleurs pas unique. Beaucoup de soldats durent leur vie à la chance et évitèrent l’amputation en se faisant soigner par d’autres que les chirurgiens au service de l’armée. On peut évoquer le sort du grenadier Puffeney. Celui-ci avait été blessé au bras et dut entrer à l’hôpital de Livourne pour se faire soigner tout en continuant son service :

    « Les fatigues de la campagne que nous venions de faire avaient fait enfler mon bras et la gangrène s’était introduite dans la plaie. Il ne fut rien moins question que de me faire l’amputation du membre blessé. Un religieux de l’hôpital m’avertit de la décision prise à mon égard par les esculapes dudit hôpital, et me dit en même temps que si je voulais me confier à lui, il promettait de me faire désenfler le bras dans trois ou quatre jours, et de faire disparaître en même temps tous les signes de gangrène qui paraissaient [être] dans ma blessure. Cet homme me parut [être] de si bonne foi que je suivis ses conseils sans hésiter, et dès le jour même je me mis entre ses mains, sans souffrir d’être soigné par d’autres que par lui. Il réalisa de point en point ce qu’il m’avait promis ; car, au bout de quinze jours, je fus tout à fait guéri et je pus, après avoir remercié mon bon religieux de ses soins, sortir de l’hôpital sans y laisser mon bras ou peut-être mon corps entier. »

    62Comme le dit Vigo-Roussillon : « Il y avait tant de blessés qu’un grand nombre périt faute d’être pansé. » Lui-même fut transporté par charrette à Vérone où se trouvaient de nombreux hôpitaux94. Il arriva dans un lieu pestilentiel et par un subterfuge, il décida de quitter l’hôpital pour une auberge où il termina sa convalescence.

    La grande réorganisation des hôpitaux à la fin de la campagne d’Italie

    63Les grandes batailles de novembre 1796 et la victoire de Rivoli avaient eu comme conséquence de solliciter une fois de plus les hôpitaux qui étaient déjà bondés. Une réforme fut entreprise afin d’améliorer le service, de répartir et d’échelonner personnels et produits essentiels. Ainsi se mit en place un important réseau d’hôpitaux auxquels s’ajoutait une trentaine d’entrepôts d’évacuation. Ces établissements disposèrent de 19350 lits95 auxquels il convient d’ajouter les 1 650 lits des entrepôts d’évacuation. Au total, on put en compter 45 de tailles variables96.

    64Le commissaire ordonnateur Villemanzy97 fut le grand réorganisateur des services de santé fut et à l’origine des nombreuses réquisitions de monastères, de collèges ou de demeures appartenant à des nobles. On veillait à ce que les bâtiments bénéficient d’une bonne aération et qu’ils soient à l’écart des zones lacustres et humides où se développaient de nombreuses fièvres. Pour la santé des combattants, il fut même envisagé d’organiser des séjours à Acqui (Piémont), pour que les convalescents profitent des eaux thermales98.

    65Enfin, grâce à Larrey, un système d’ambulances volantes vit le jour sur le modèle de ce qui se faisait à l’armée du Nord99.

    66La formation du personnel devint une priorité. Pendant la campagne, le manque de praticiens compétents contraignit à avoir recours à des expédients. On en arriva à promouvoir chirurgiens de simples sergents d’infanterie qui ne devaient avoir qu’une expérience rudimentaire de l’art de la médecine100. La crise du personnel des services de santé de l’armée d’Italie eut des conséquences d’autant plus fâcheuses que se joignait parfois au manque de compétences des nouveaux promus une certaine immoralité. Certains se livrèrent à d’odieux trafics comme la vente à l’extérieur de l’enceinte des hôpitaux de vivres et médicaments destinés aux malades. D’autres faisaient commerce de la délivrance de billets permettant aux soldats guéris de regagner leurs foyers. La correspondance de Berthier décrit de nombreux faits de ce genre. Le passage par les hôpitaux fut un moyen astucieux pour les hommes de déserter sans être poursuivis. La surveillance était rendue difficile par les mouvements permanents de troupes et certains hommes renonçaient à rejoindre leurs demi-brigades désormais trop éloignées. Bonaparte et son chef d’état-major eurent souvent à sévir contre ces personnages qui ignoraient le serment d’Hippocrate101.

    67Toutefois, plusieurs membres du personnel médical firent preuve d’un dévouement exemplaire102. D’après un rapport de Berthollet, les hôpitaux de l’armée d’Italie furent parfois dirigés par des praticiens italiens de grande valeur : les noms de Moscati, à Milan, de Carminati et du chirurgien Scarpa103, à Pavie, méritent d’être retenus par les éloges qu’il leur prodigue. La fin des opérations militaires permit à l’administration de se concentrer sur la question de la formation des chirurgiens. Une enquête fut diligentée pour connaître le niveau d’études et de pratique de ces personnels. Les médecins militaires durent envoyer la liste du personnel médical de l’armée d’Italie où figuraient leurs dates de naissance, des appréciations, les années de service et d’expérience. Les listes des chirurgiens des hôpitaux de Plaisance et de Crémone ont été conservées aux archives des services de santé du Val-de-Grâce. On constate l’âge relativement jeune ces hommes : sur un total de 16 chirurgiens à l’hôpital de Plaisance, l’âge moyen était de 24 ans. Aux hôpitaux de Crémone, il y avait des chirurgiens plus âgés tels que les chirurgiens de première classe Jean Binau et Jean-Baptiste Durrios (34 ans). Néanmoins, la moyenne d’âge demeurait faible (26 ans). Sur seize chirurgiens aux hôpitaux no 2 et 3 de Crémone, 6 avaient entre 20 et 23 ans et manquaient d’expérience de la chirurgie militaire, ce qui paraissait évident aux inspecteurs. À Plaisance, 5 chirurgiens avaient été recrutés en 1796 contre seulement 3 en 1793. La dernière caractéristique concerne l’origine de ces hommes engagés pendant cette campagne. De nombreux praticiens avaient été recrutés sur place et il s’avéra particulièrement difficile de vérifier la validité des diplômes qu’ils étaient censés détenir. Par exemple, à Nice, le médecin François Emmanuel Fodéré dénonce le cas d’un jeune chirurgien du nom de Bosquet104. Il concluait à la plus parfaite ignorance et à l’incapacité la plus totale de l’examiné. Ce dernier n’était pas éclairé du « flambeau de l’anatomie ». La situation en Italie n’était guère meilleure comme le rappelle le médecin militaire Jean-Baptiste Froment105 pour qui le service de la chirurgie et de la pharmacie se faisait trop précipitamment. Il constatait aussi que « nous n’avons que des chirurgiens italiens qui ne connaissent point le service des hôpitaux militaires et qui sont en général peu instruits ».

    68Il fallait se résoudre en catastrophe à constituer un corps d’officiers de santé, du fait de l’augmentation des besoins de l’armée d’Italie. Un effort dans le domaine de la formation des cadres fut entrepris à la faveur de la fin des hostilités : des cours d’instruction accélérée furent ainsi créés à Milan, Padoue et Crémone. À Crémone on dispensait un cours sur les maladies vénériennes sans doute très répandues bien qu’il en soit peu question dans les archives. De plus en plus de soldats démobilisés étaient attendus à l’arrière et risquaient de répandre ce genre de maladies en France. Des cours d’anatomie furent aussi dispensés : le commissaire ordonnateur Villemanzy décida de les organiser durant l’hiver dans les hôpitaux militaires sédentaires.

    Les services de santé à l’épreuve des populations civiles

    69L’irruption de l’armée française dans les riches plaines d’Italie du Nord tant vantées par Bonaparte à ses soldats aux débuts de la campagne n’a pas eu lieu dans l’indifférence des populations qui subirent la présence de l’armée. La vie économique, les transports et la vie religieuse furent considérablement perturbés par les Français. La réputation des soldats de la Révolution avait de quoi inquiéter les habitants. L’installation des hôpitaux et des divers entrepôts au cœur des bourgs suscita le mécontentement d’une partie des autochtones.

    70Leur mise en place impliquait la réquisition de nombreux édifices religieux, pratique déjà répandue durant les guerres du XVIIIe siècle. La présence des blessés, des malades, des vénériens, des convalescents déambulant dans les rues des villes fut mal ressentie. Il n’est pas surprenant que les premiers édifices visés lors des révoltes populaires aient été les hôpitaux de l’armée. À Pavie, en mai 1796 et surtout à Vérone en avril 1797, la population tenta de massacrer les blessés et malades. Cette agressivité contre des hommes désarmés choqua les généraux de l’armée d’Italie qui feignaient de ne pas voir les nuisances que constituaient ces établissements pour les municipalités. Le cas de Vérone est particulièrement édifiant : à l’automne 1796, la ville devint la base arrière directe des opérations de l’armée d’Italie et reçut les convalescents sortant des hôpitaux de Crémone et de Plaisance censés regagner leurs unités engagées dans les combats. Ces établissements furent rapidement saturés. Forte d’une population de 55 000 habitants environ, la ville eut jusqu’à 15 000 hommes en transit106. C’est elle qui assuma les fournitures. Entre novembre 1796 et mars 1797, le nombre total de soldats alités atteignit le chiffre colossal de 20 000 hommes dont 4 000 furent soignés à Vérone. Les cadavres en décomposition des chevaux et d’autres bêtes mortes polluaient les eaux des rivières. La cohabitation forcée entre les habitants de Vérone et les soldats français entassés dans les maisons, les étables et les églises, augmenta les désagréments de la vie quotidienne pour une population civile déjà éprouvée par les diverses spoliations.

    71Les Véronais, à la différence des Milanais, n’avaient pas manifesté d’enthousiasme pour les Français. La région subissait une crise agricole particulièrement aiguë à laquelle s’était ajoutée une épizootie touchant bovins et chevaux. Les réquisitions des Français destinées aux hôpitaux ne firent qu’exaspérer le mécontentement. Les prévarications du commissaire ordonnateur Bouquet envenimèrent aussi les relations franco-véronaises107. Lors du soulèvement du 17 avril 1797, les Français de l’hôpital San Bernardino108 furent sauvagement massacrés. Selon un témoin, « le peuple allait par ci par là dans les maisons où étaient les Français […]. Les routes étaient remplies de blessés et de morts et l’élan était si enflammé et on m’a dit avoir vu des jeunes gens avec des couteaux s’en prendre aux cadavres des Français ». La population juive de Vérone fut rendue complice des Français et subit le pillage. Ainsi, la maison du chirurgien juif Salomon109 fut visée, sans doute parce qu’il avait soigné les blessés français. La population manifesta son hostilité à l’égard de l’armée française en s’en prenant à l’administration la plus visible et la plus vulnérable : les services de santé. Ces derniers s’étaient installés dans des édifices hautement symboliques de la ville et s’étaient développés en captant les richesses des habitants de la ville et de la campagne. Pour une population échauffée110, les hôpitaux étaient devenus des cibles faciles à conquérir. Cet événement marqua un tournant dans l’organisation de la santé publique. Les militaires ne pouvaient pas continuer à agir comme si les pays qu’ils traversaient ne subissaient que des effets passagers et temporaires.

    72Les services de santé eurent aussi l’occasion de prodiguer de l’aide aux civils. Nous avons vu précédemment que des maladies avaient touché le bétail en Vénétie. Cette situation eut des conséquences graves sur les charrois de l’armée d’Italie. Ces épizooties faisaient peser une lourde menace sur le ravitaillement des troupes qui se battaient en Carinthie. Les trains d’artillerie risquaient d’être désorganisés et le cheptel appartenant à la population civile commençait à être atteint.

    73Dominique Larrey qui avait été envoyé en tant qu’inspecteur à l’armée d’Italie, diligenta une enquête de santé publique afin de connaître l’origine et les symptômes de la maladie. Il se chargea en personne de plusieurs autopsies de bovins111 et finit par conclure qu’il s’agissait d’une fièvre charbonneuse112. Dans un second temps, il procéda à une enquête dans les villages du Frioul pour localiser avec précision le lieu et l’origine de la maladie. Ces recherches finirent par porter leurs fruits lorsqu’on s’avisa que le bétail d’un agriculteur dont la maison était voisine de sources sulfuro-ferrugineuses avait été préservé de l’épizootie. Ce phénomène fut attentivement observé par les habitants qui attribuèrent à l’étable de cette maison des propriétés préservatrices. Pour Larrey et ses adjoints, il fallait simplement faire dépendre ces propriétés anti-contagieuses des « vapeurs qui se dégageaient sans cesse des sources et des bains qui remplissaient l’air atmosphérique que respiraient les animaux, ou qui imprégnaient l’eau des sources dont ils s’abreuvaient113 ». Larrey put envisager des mesures prophylactiques appropriées : il ordonna d’abattre les animaux contaminés114. Il sépara les bêtes malades des animaux sains qui furent dirigés vers des pâturages à proximité des sources d’eau sulfuro-ferrugineuses. Le commissaire ordonnateur se chargea de faire publier les mesures afin d’éclairer les habitants. Quant aux bêtes mortes, il fut interdit de récupérer les cuirs ; les animaux devaient être enterrés et recouverts de chaux vive. Ces épizooties semblent avoir touché la Vénétie durant l’hiver 1796 et le printemps 1797. Autour de Vérone, le bétail fut particulièrement atteint. L’épizootie s’était manifestée à un moment où de nombreuses exploitations agricoles étaient en difficultés. La guerre et les réquisitions ont sans doute contribué à accélérer les progrès de la maladie.

    74L’action de Larrey eut un autre but : il s’agissait de démontrer le rôle bénéfique des services de santé de l’armée à une époque où les hôpitaux militaires cristallisaient les rancœurs d’une partie de la population. Cela permettait aussi d’améliorer l’image de marque de l’armée française à un moment ou était scellé le sort de la République de Venise. De telles opérations de santé publique purent contribuer à se concilier une opinion publique apparemment hostile.

    75On peut affirmer que Larrey s’inscrit dans le courant hygiéniste qui se développe durant le dernier tiers du XVIIIe siècle et dont l’influence sera grande au cours des décennies suivantes. Il a sans doute eu vent des travaux de Félix Vicq d’Azyr (1748-1794), secrétaire de la Société royale de médecine qui constitua un réseau national de correspondants afin de notifier les éventuelles épidémies, l’état de nutrition de la population, son habitat ou encore son hygiène de vie. Larrey semble employer la même méthodologie. Cette génération de savants et de médecins est à l’origine de la transformation du discours médical et de la perception de la maladie à cette période, processus relevé entre autres par Michel Foucault. À la fin du XVIIIe siècle, il y eut mutation du savoir médical notamment grâce aux travaux de Bichat. Ces changements engendrèrent progressivement un nouveau type de regard et de discours sur la représentation de la maladie.

    76Là où les combats s’étaient déroulés avec acharnement comme dans le Mantouan, se posa aussi le délicat problème du ramassage des cadavres et de leur inhumation. Seules les autorités militaires disposaient des moyens et de l’organisation nécessaires pour mener à bien cette opération de salubrité publique. La chute de Mantoue révéla l’ampleur du désastre sanitaire : on estima qu’environ 12 000 soldats et civils avaient péri durant ces dix longs mois de siège. On brûla les cadavres à la chaux115, le feu consuma toutes les fournitures restant dans les établissements hospitaliers. Les médecins firent évacuer dès les premières heures les malades en état de supporter un voyage au-delà du Pô dans des conditions difficiles116. Les patients restés dans Mantoue, furent réunis dans un lieu isolé et traités par des officiers de santé de leur nation117. Les mesures furent rigoureuses : tout ce qui avait été utilisé par la garnison fut lavé à la chaux et les hôpitaux en furent complètement enduits. On fit de même pour les hôpitaux civils. Une brochure contenant tous les moyens sanitaires à employer pour purifier les salles de malades fut remise aux administrateurs des hospices et aux magistrats de la ville. Les cimetières furent couverts d’une épaisse couche de chaux vive.

    77Ces annonces optimistes ne sont pas corroborées par les témoignages des simples soldats118. Le témoignage du canonnier Bricard contredit l’optimisme des généraux. Celui-ci arriva à Mantoue le 6 germinal an V :

    « La plupart des quartiers de la troupe n’étaient pas encore occupés à cause de la mauvaise odeur dont ils étaient encore infectés ; les cimetières de cette ville étaient une peste par le nombre de cadavres nouvellement enterrés. »

    78Les alentours aussi avaient été l’enjeu de violents combats et on avait enterré à la va-vite les cadavres des combattants des deux armées. Bricard en livre une description particulièrement saisissante :

    « Je fus dans les plaines de la Favorite, sous Mantoue, ainsi que dans le village de Saint-Georges pour voir les dépouilles de l’armée vaincue ; des casquettes et des mauvais fourniments couvraient la terre ; les champs étaient encore bosselés par le nombre des cadavres enterrés ; les murs et les arbres étaient criblés de balles119. »

    79La guerre laissait des cicatrices bien difficiles à effacer. Les nouvelles troupes, qui montaient rejoindre leurs compagnons en Frioul et en Carinthie, étaient obligées de traverser ces « champs de gloire et de mort » et avaient un aperçu du caractère meurtrier des batailles qui s’y étaient déroulées.

    80À Nice, place pourtant éloignée de la zone des combats, la question de l’entretien des cimetières devint une pierre d’achoppement entre autorités civiles et militaires. Dès le 3 pluviôse de l’an III, l’administration municipale avait décidé de faire établir un nouveau cimetière à Saint-Pons. Celui de Cimiez était tellement plein que l’on avait été obligé de maçonner les fosses après y avoir jeté de la chaux120. Ces mesures ne furent pas appliquées avec rigueur121, ce qui suscita l’ire de l’officier de santé Rancher qui tentait de faire prévaloir ses conceptions en matière d’hygiène, quitte à se heurter aux traditions locales.

    *

    81La croyance selon laquelle l’armée d’Italie est partie en campagne dépourvue de moyens doit être nuancée. Les troupes disposaient en fait du strict nécessaire pour avancer sans être alourdies. Jusqu’à l’automne 1796, Bonaparte parvint à fournir en permanence des vivres, des armes et des soins. Mais, le système commença à se dérégler après Arcole. Les arrières immédiats de l’armée furent de plus en plus sollicités pour un effort de guerre nécessaire à une campagne plus longue. Le spectre d’une nouvelle guerre de position dans les Alpes autrichiennes se profilait. Dans cette perspective, il fallut se doter de services tant logistiques que financiers ou sanitaires censés être capables de soutenir une guerre plus longue que prévue. À bien des égards, la campagne d’Italie annonce les problématiques des conflits du XIXe siècle. Les succès rapides de Bonaparte ont fait oublier d’autres caractères novateurs de cette campagne où les contingences matérielles influèrent sur les décisions militaires et diplomatiques.

    Notes de bas de page

    1 Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, préface de Pierre-Vidal-Naquet, Folio Classique, Gallimard, 2000, p. 87.

    2 Jacques Godechot a en particulier dépouillé la série AFIII 195 qui rassemble les comptes rendus des sommes versées aux administrations françaises. On doit aussi se référer aux analyses de Guglielmo Ferrero, op. cit., p. 124, et à celles d’Édouard Pommier dans « La saisie des œuvres d’art », « La Liberté en Italie, op. cit., http://www.napoleon.org/fr/hors_serie/1campagne-italie/lesecrits/colloques/art.html.

    3 Jacques Godechot, Les Commissaires aux armées sous le Directoire, op. cit., p. 251. Dès avant la campagne, il avait obtenu auprès des banques de Gênes des sommes si importantes qu’une partie fut envoyée à l’armée du Rhin.

    4 Jacques Godechot, op. cit., p. 289.

    5 AN AFIII370, dossier 1814. Paris, Le Directoire exécutif à Saliceti, 27 floréal an IV, 16 mai 1796.

    6 Jacques Godechot, ibid., p. 370.

    7 Jacques Godechot, op. cit., p. 375.

    8 SHD, B3.26, Kellermann, général en chef de l’armée des Alpes au Directoire exécutif, juillet 1796.

    9 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, p. 76 pièce no 555, Le général en chef de l’armée d’Italie au général Berthier, chef de l’état-major général de l’armée d’Italie, le 1er mai 1796, 12 floréal an IV, Quartier général, Acqui.

    10 A. R. Hamelin, « Douze Ans de ma vie », La Revue de Paris, nov.-déc. 1926, année 33, tome vi, p. 281 à 309.

    11 Il laissa vendre une statue de bronze du pape Clément XIV à des membres de la communauté juive locale soulevant ainsi la colère de la population.

    12 A. R. Hamelin, ibid., p. 298.

    13 La date précise n’est pas connue. Bonaparte dans sa correspondance mentionne Haller pour la première fois le 1er octobre 1796 dans une lettre à son frère Joseph. Voir Correspondance général, op. cit., p. 609 pièce 959.

    14 A. R. Hamelin, ibid., p. 306.

    15 SHD B3.36, Rapport du général Clarke au Directoire exécutif, 7 décembre 1796, 17 frimaire an V. Clarke dans son rapport tient des propos sans aménités sur Haller. Néanmoins, il le considère comme absolument nécessaire.

    16 Louis Burgener, « Napoleon Bonaparte et la Suisse : méthodes et décisions », The French Review, vol. 45, no 1 (oct. 1971), p. 46-55.

    17 SHD, B3.31, Comeyras, le résident de la République française près celle des Grisons, le 18 fructidor an IV, 4 septembre 1796, au général de division Berthier, chef d’état-major de l’armée d’Italie.

    18 Gian Paolo Romagnani, « Dalle “Pasque Veronesi” ai moti agrari del Piemonte », Studi Storici, XXXIX (1998), p. 379.

    19 SHD B3.20, 20 avril 1797, Le C. Bellime chargé par le ministre de la Guerre de contrôler le service général des subsistances militaires de l’armée d’Italie au citoyen ministre de la Guerre.

    20 Emmanuelle Sayag-Boyer emploie une citation d’Alfieri qui décrit l’armée d’Italie comme une bande de gueux et va-nu-pieds dans son article « Vérité et apparence d’un aspect de la campagne de Bonaparte », op. cit., p. 42.

    21 Toute une série de données chiffrées difficilement vérifiables nous sont données par les chroniqueurs et les fonctionnaires vénitiens. Le nombre de soldats français présents à Vérone aurait pu se chiffrer à environ 7 000 selon le podestat Priuli, 10 000 d’après le marquis Agdollo, 50 000 d’après l’aubergiste Valentino Alberti. Cette dernière évaluation est bien sûr exagérée, d’après Gian Paolo Romagnani, op. cit., p. 379.

    22 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., p. 463, Bonaparte au Directoire exécutif, pièce no 710, 21 juin 1796, 3 messidor an IV, Quartier général Bologne.

    23 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., p. 375, pièce no 353. Voir aussi Alberto Lumbroso, « Lettere inedite di Giusippina e di Napoleone, a Barras, a Pico, a Brune, a Menou, a Tallien, a Réal, a Esteve, a Carnot, a Defermon, ed Fouché », Miscellana Napoleonica, Roma, Modes e Mendel, 1898, no 5, p. 259, d’après la collection Danton vendue en Angleterre par la Maison Étienne Charavay.

    24 SHD, B3.35, Le général Baraguey d’Hilliers, commandant la Lombardie au général en chef, 7 frimaire an V, 27 novembre 1796.

    25 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., p. 377, le 1er mai 1796, 12 floréal an IV. Le général en chef de l’armée d’Italie à Faipoult, ministre de la République française à Gênes.

    26 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., Copie d’expédition. SHD 17C1, p. 430, pièce 653, Le général en chef de l’armée d’Italie au Directoire exécutif, 4 juin 1796, 16 prairial an IV.

    27 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, p. 509, pièce 790, Le général en chef de l’armée d’Italie au Directoire exécutif, 20 juillet 1796, 2 thermidor an IV.

    28 Voir la Notice historique sur le chevalier Don Joseph Nicolas d’Azara, Arragonais, ambassadeur d’Espagne à Paris, mort dans cette ville le 5 pluviôse an XII, par le Bon J.-F. de Bourgoing, 26 p. Azara représentait les intérêts de la papauté à cette époque. Le diplomate espagnol José Nicolás de Azara appartient à cette génération de diplomates européens en poste en Italie à l’instar de Cacault et Hamilton à Naples fascinés par le patrimoine antique. Il entretint tout au long de sa carrière un réseau de correspondants qui traquaient les pièces et objets de valeur dans la péninsule. Une thèse lui a été consacrée : Carlos E. Corona Baratech, José Nicolás de Azara, un embajador español en Roma, Zaragoza, 1948, 463 p., Consejo superior de investigaciones científicas. Institucion Fernando el Católico de la Excelentísima Diputación provincial, publicación no 37. Tesis doctorales. 3.

    29 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., p. 471, pièce no 725. Le général en chef de l’armée d’Italie au Directoire exécutif, 26 juin 1796-8 messidor an IV, Quartier général, Pistoia.

    30 Guglielmo Ferrero, op. cit., p. 68.

    31 Pierre-Armel de Beaumont, Le comte de Villemanzy, (1751-1830), intendant général des armées de Napoléon, Éditions SPM, Paris, 2000, p. 66. Le général Clarke dans un rapport adressé au Directoire pour enquêter n’hésite pas à déclarer que Haller est un individu « taré ». Rapport du général Clarke au Directoire exécutif-Archives nationales, AF. III. 72, 7 décembre 1796.

    32 Cité par Samuel Fettah, « Le port de Livourne et la contrebande dans le port franc de Livourne à l’époque du Risorgimento », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 200/2-3, p. 150 et suiv. Du même auteur, voir Les limites de la cité, espace, pouvoir et société à Livourne au temps du port franc, thèse de doctorat sous la direction de R. Ilbert, Aix-en-Provence, 1999, 3 vol., 1001 p.

    33 C. Mangio, « Politica toscana e rivoluzione », Momenti di storia livornese, 1790-1801, Pise, 1974, p. 119-121.

    34 Les réseaux de négoce juif en Méditerranée sont bien connus. Voir en particulier les travaux sous la direction de Jean-Louis Miège, Les relations intercommunautaires juives en Méditerranée occidentale XIIIe-XXe siècle, Paris, éditions du CNRS, 1984. L’ampleur et le poids de ces réseaux du négoce juif dans la Méditerranée du XIXe siècle sont évoqués de façon suggestive dans J.-L. Miège, Le Maroc et l’Europe (1830-1894), Paris, PUF, 1961-1963, 4 vol. Sur les juifs de Livourne à l’époque moderne et durant les années françaises, voir Jean-Louis Filippini, « Livorno e gli Ebrei dell’Africa del Nord nel Settecento », in Gli Gli Ebrei in Toscana dal Medioevo al Risorgimento, Florence, Olschski, 1980, p. 21-32 ; Id., « La comunità israelitica di Livorno durante il periodo napoleonico », Rivista italiana di Studi napoleonici, 1982, no 1 p. 23-113 ; Id., « La nation juive de Livourne, des Lumières au Risorgimento », in Mireille Hadas-Lebel, Évelyne Oliel-Grausz (dir.), Les Juifs et la Révolution française, histoire et mentalité, Louvain-Paris, E, Peeters, 1992, p. 237-247.

    35 Notamment, « deux négociants algériens, Bacri et Busnach, banquiers de la Régence (d’Alger), avaient fait des fournitures considérables en approvisionnements au gouvernement français, de 1793 à 1798, pour nos armées en Italie et pour l’expédition d’Égypte ». Source : Société de militaires et de gens de lettres, France militaire : histoire des armées françaises de terre et de mer, de 1792 à 1837, d’après les Bulletins des armées, le Moniteur, les documents officiels, les notes, mémoires, rapports et ouvrages militaires de l’Empereur Napoléon, etc., revu et publié par A. Hugo, auteur de l’Histoire de Napoléon, à Paris, 1838, chez Delloye, éditeur de la France pittoresque, tome v, p. 329-330.

    36 Jean-Pierre Filippini, « La mer et le ravitaillement de Livourne au XVIIIe siècle », dans L’homme méditerranéen et la mer. Actes du troisième congrès international d’études des cultures de la Méditerranée occidentale, Tunis, Salammbô, 1985, p. 299.

    37 AN, AFIII 182, d. 840, p. 19 et Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., p. 454, pièce no 696, Le général en chef de l’armée d’Italie à Pétiet, ministre de la Guerre 15 juin 1796, 27 prairial an IV, Quartier général, Tortone.

    38 ANC503 et AFIII115, cité par Pierre-François Pinaud, « Les fournisseurs et le diplomate en Toscane pendant le Directoire : Flachat, Redon de Belleville », Bulletin de la faculté des lettres de Mulhouse, fasc. xix, p. 95.

    39 Pierre-François Pinaud, op. cit., p. 98.

    40 Pierre-François Pinaud, ibid., p. 102.

    41 SHD, B3.36, Denniée, Commissaire ordonnateur en chef au ministre de la Guerre, le 5 complémentaire an V, Rapport général sur la situation administrative de l’armée d’Italie.

    42 Le service qui fonctionnait le mieux était cependant celui des postes. Les informations devaient circuler rapidement d’un point à l’autre de l’armée et entre l’Italie et la France. Le service couvrait un vaste territoire allant de la huitième division militaire jusqu’aux États de l’Église et couvrant la plaine du Pô.

    43 A. R. Hamelin, op. cit., p. 286.

    44 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, Le général en chef de l’armée d’Italie au Directoire exécutif, le 28 mars 1796, 8 germinal, Quartier général, Nice, op. cit., p. 304, pièce 426.

    45 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, ibid., p. 378, pièce 560. Le général en en chef à Lambert, commissaire ordonnateur en chef de l’armée d’Italie.

    46 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, ibid., p. 320, pièce 456. Le général en chef de l’armée d’Italie au général Berthier, chef de l’état-major général de l’armée d’Italie-Le 4 avril 1796, 15 germinal an IV, Quartier général, Oneille.

    47 SHD, B3.21, Le général Berthier, chef de l’état-major général de l’armée d’Italie au commissaire ordonnateur Lambert le 2 avril 1796,13 germinal an IV.

    48 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, Le général en chef de l’armée d’Italie à Sucy, commissaire ordonnateur en chef-12 germinal an IV, 1er avril 1796, Quartier général Nice, op. cit., pièce no 453, p. 317.

    49 Félix Bouvier, op. cit., p. 368 et 369. Cet auteur rappelle qu’au cours de ces journées la pluie était telle qu’elle contraria le service des charrois notamment sur la route de Savone ralentissant considérablement l’approvisionnement.

    50 Mémoires de Masséna par Koch, op. cit., tome ii, p. 43.

    51 Il y en avait trois principales : la première passait par Nice, Coni, Fossano, Asti, Alexandrie, Tortone, Pavie, Milan, Cassano, Brescia, Peschiera. Une autre route passait par Pavie, Pizzighettone, Crémone, Casal Maggiore, Borgoforte. Une troisième encore plus méridionale passait par Gênes, Novi et Tortone. Cette réglementation permettait de calculer plus aisément la date d’arrivée des convois et d’empêcher autant que possible la désertion. Une quatrième passait par la vallée d’Aoste mais du fait des neiges en hiver, elle était la moins sûre.

    52 SHD, B3.39, le général en chef de l’armée des Alpes au Directoire exécutif le 24 pluviôse an V, 17 février 1797.

    53 Michel De Jaeghere, Jérôme Grasselli, Atlas Napoléon, La gloire en Italie, op. cit., p. 76.

    54 La provenance de l’artillerie a été étudiée par Matti Lauerma. Cet auteur souligne le caractère très disparate de l’artillerie française. Celle-ci provenait de trois sources principales : on trouvait des pièces de type Gribeauval relativement peu nombreuses et surtout des canons d’origine piémontaise, notamment des gros calibres utilisés durant le blocus de Mantoue, ainsi que de plus en plus de pièces autrichiennes, surtout après la chute de cette place. Voir Matti Lauerma, L’artillerie de campagne française pendant les guerres de la Révolution, op. cit., p. 204.

    55 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, ibid, p. 477, pièce 734. Le général en chef de l’armée d’Italie au sénat de Lucques-11 messidor an IV 29 juin 1796, Voir aussi Guglielmo Ferrero, Aventure Bonaparte en Italie, op. cit., p. 68.

    56 Gulielmo Ferrero, op. cit., p. 69.

    57 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., p. 609, pièce no 258, Le général en chef de l’armée d’Italie au Directoire exécutif le 1er octobre 1796, 10 vendémiaire an V.

    58 SHD B3.26, Le général de division Meynier au général, chef de l’état-major général de l’armée, Tortone, le 25 messidor an IV-13 juillet 1796.

    59 SHD B3.25, Saliceti, commissaire du gouvernement près les armées d’Italie et des Alpes au Directoire exécutif, le 13 juin 1796.

    60 SHD, B3.40, Rapport militaire et politique sur l’île de Corse à Bastia, le 13 ventôse an V de la République française par Gentili, général de division, commandant en chef dans l’île de Corse au ministre de la Guerre. En ce qui concerne les problèmes liés à la gestion des forêts pour les fournitures de bois à la marine pendant la Révolution, on peut consulter Andrée Corvol (dir.), La nature en Révolution, 1750-1800, actes du colloque organisé par Groupe d’histoire des forêts françaises ; textes réunis et présentés par Andrée Corvol, Paris, L’Harmattan, 1993, IV-232 p. Voir aussi Andrée Corvol, Jean-Paul Amat (dir.), Forêt et guerre ; textes réunis et présentés par Andrée Corvol, Jean-Paul Amat, Paris, L’Harmattan, 1994, 325 p. En ce qui concerne plus spécifiquement la situation des forêts des départements méridionaux, on doit se référer à la thèse de Martine Chalvet, L’invention de la forêt méditerranéenne de la fin du XVIIIe siècle aux années 1960, sous la direction de Robert Ilbert, Aix-en-Provence, 2000, 707 p.

    61 Ce qui peut-être traduit par : « L’Italie fut et sera toujours le tombeau des Français. » Alexandre Dumas, Mes mémoires, tome i, Paris, M. Lévy frères puis C. Lévy, 1863-1884, p. 64. Le tome i date de 1863.

    62 La seule étude effectuée sur les hôpitaux durant la campagne d’Italie date de 1936 et a été effectuée par L. Houdard. Le manuscrit a été remis à la section technique du service de le 12 juillet 1938 et a été publié dans la Revue du service de santé militaire en mai 1939, p. 799 à 835.

    63 Jean-François Lemaire, Coste, premier médecin des armées de Napoléon, Stock, 1997, p. 235. Voir aussi la communication de M. Vincent-Pierre Comiti, médecin, ancien responsable du Laboratoire d’anthropologie physique au Collège de France, « La médecine corse à la fin du XVIIIe siècle, au carrefour des savoirs et des pratiques », Relations, échanges et coopération en Méditerranée, Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, 128e congrès, Bastia, 2003.

    64 « J.-F. Coste, Biron, Heurteloup, Bayen, Parmentier, Villars, avis sur les moyens de conserver ou de rétablir la santé des troupes à l’armée d’Italie, Paris, prairial an IV (juin 1796) », cité par Jean-François Lemaire, Coste premier médecin des armées de Napoléon, Stock, 1997, p. 235.

    65 Jean-François Lemaire, op. cit., p. 234.

    66 Il existe des dossiers individuels, mais ils sont répartis entre les archives du SHD et les archives des Services de santé de l’armée au Val-de-Grâce. Plusieurs dossiers manquent ou sont incomplets.

    67 L. Houdard, « Le Service de santé de l’Armée d’Italie sous le commandement de Bonaparte », op. cit., p. 804.

    68 On connaît assez précisément la carrière de Courtès ; son dossier individuel comportant des états de services assez complets. Il était lui-même le fils d’un chirurgien toulonnais ayant commencé cette carrière en cette qualité. Il participa à la guerre d’indépendance américaine. Par la suite, il poursuivit ses études afin de devenir médecin. Il s’était distingué en 1790 lorsqu’il avait combattu les épidémies en Corse.

    69 L. Houdard, op. cit., p. 805.

    70 Dossier Bourgine/certificat Eyssautier, 26 messidor an III, archives du Val-de-Grâce E33.

    71 SHD, 2YE, Dossier Chevalier, et L. Houdard, op. cit., p. 807.

    72 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., tome i, p. 323, pièce no 462.

    73 Dominique Larrey, Mémoires de chirurgie militaire et campagnes de D.-J. Larrey, Paris, J. Smith, 1812-1817, 4 vol.

    74 SHD, B3. 351, situation de l’armée d’Italie, 20 mars 1796.

    75 SHD, B3. 351, situation de l’armée d’Italie, 2 avril 1796.

    76 SHD, B3. 352, situation de l’armée d’Italie, 3 juillet 1796.

    77 SHD, B3. 354, situation de l’armée d’Italie, 2 août 1796.

    78 SHD, B3. 356, Effectifs de l’armée d’Italie, 1er novembre 1796.

    79 L. Houdard, op. cit., p. 810.

    80 SHD, B3.22, 7 mai 1796. Quelques réflexions sur les effets des fièvres sur l’armée en Italie.

    81 Le siège de Mantoue occupa l’armée d’Italie du 16 prairial an IV au 14 pluviôse an V, soit un total de dix mois.

    82 L. Houdard, op. cit., p. 811.

    83 L. Houdard, « La situation sanitaire à Mantoue, mémoires et documents », Carnets de la Sabretache, Paris 1936.

    84 SHD, B3 26. Le ministre de la Guerre Pétiet au chef de l’état-major Berthier. Paris le 22 fructidor an IV.

    85 Archives du Val-de-Grâce, dossier 33E, Armée d’Italie. Entrées et sorties de juin à novembre 1796, Plaisance, hôpital no 1.

    86 On estime que la toise correspond à une longueur de 1,949 mètre.

    87 SHD, B3.26, Sahuguet au général Berthier, 9 fructidor an IV.

    88 SHD, B3.26, 10 fructidor an 6, le général Joubert à Berthier.

    89 SHD, B3.26, Berthollet à Lacuée, Milan 7 messidor an V. Les savants Berthollet et Monge alertèrent le Directoire sur la situation de pénurie : ceux-ci nous ont laissé un rapport alarmant qui mentionnait l’absence totale d’instrument de chirurgie et de quinquina aussi nécessaire au traitement des fièvres qu’à celui de la gangrène d’hôpital très commune à Pavie et à Tortone et qui allait se développer dans les hôpitaux de Crémone en de grandes proportions. Berthollet demandait que l’armée d’Italie fut pourvue de ce précieux médicament, et qu’on l’achetât de préférence en Espagne, le quinquina de Gênes étant médiocre.

    90 Vigo-Roussillon, op. cit., p. 39.

    91 Vigo-Roussillon, op. cit., p. 40.

    92 Vigo-Roussillon, ibid., même page.

    93 Le capitaine Puffeney, 1772-1848, souvenirs d’un grognard, op. cit., p. 24.

    94 Vigo-Roussillon, op. cit. p. 41.

    95 SHD B3.46, Rapport du commissaire ordonnateur Villemanzy, fructidor an V.

    96 Certaines villes comme Milan furent bien loties avec 7 hôpitaux. D’autres places disposèrent de grands centres de soin : Crémone en comptait trois et Plaisance deux. Quant à la place de Vérone, elle disposait de deux hôpitaux fixes et d’un entrepôt d’évacuation. Trois grandes zones concentraient l’essentiel des établissements : le Piémont et la Lombardie avec 9750 lits, le Mantouan avec 6 450 lits et la région de la Piave avec 3 150 lits. Le choix des lieux n’était pas fortuit.

    97 SHD, B3.46, 12 juillet 1797. Organisation des hôpitaux de l’armée d’Italie par le commissaire ordonnateur Villemanzy.

    98 SHD, B3.44, le 11 prairial an V, rapport du citoyen Bruguières, chirurgien en chef à l’armée d’Italie sur l’établissement d’eaux thermales à Acqui.

    99 Dominique Larrey, Mémoires de chirurgie militaire, op. cit., tome ii, p. 324.

    100 SHD, Voir le registre de contrôle de troupes de la 75e demi-brigade d’infanterie de ligne. 18YC. 181. C’est ainsi que Claude Lefenêtre et Jean Chevalier volontaires de l’an II originaires respectivement de la Drôme et de la Haute-Saône furent promus chirurgiens de deuxième classe à l’automne 1796.

    101 SHD 28 prairial an 5, Lettre du chef d’état-major Berthier à Gemona.

    102 SHD. Voir le registre de contrôle de troupes 18 YC 181 75e demi-brigade d’infanterie de ligne.

    103 L. Houdard, op. cit., p. 813.

    104 François Roques, L’organisation de la santé publique à Nice pendant la Révolution et l’Empire, thèse pour le doctorat en droit, université d’Aix-Marseille, 1955.

    105 Rapport de Jean-Baptiste Froment, médecin chef à l’hôpital no 1 de Plaisance, messidor an V, archives du service de santé de l’armée au Val de Grâce, Dossier 33E.

    106 Gian Paolo Romagnani, « Dalle Pasque veronesi ai moti agrari del Piemonte », Studi Storici, p. 389.

    107 Cet administrateur avait détourné des fonds et fut d’ailleurs poursuivi et arrêté sur ordre de Bonaparte, mais seulement après le soulèvement des « Pâques Véronaises ».

    108 Gian Paolo Romagnani, op. cit., p. 389.

    109 Ce personnage fut l’un des fondateurs de la première loge maçonnique de Vérone en 1792.

    110 Lors de la révolte des Pâques véronaises, les habitants insurgés s’en prirent aux blessés entassés dans les hôpitaux. Le chef de bataillon Beaupoil de Saint-Aulaire nous a laissé un récit complet de ces événements. D’après son rapport, sur les 400 soldats blessés ou malades tués lors de cette insurrection, 32 venaient d’être récemment amputés. Ces chiffres font toujours l’objet de débats.

    111 Dominique Larrey, Mémoires de chirurgie militaire, tome ii, p. 161.

    112 Dominique Larrey, Mémoires de chirurgie militaire, ibid., tome ii, p. 161 : « Elle (la maladie) présentait tous les caractères d’une fièvre inflammatoire charbonneuse ou maligne… »

    113 Le médecin français rapprocha ces différents phénomènes avec ceux observés dans des villages bavarois au XVIIIe siècle : « L’épidémie qui ravagea cette contrée, respecta le village de Peters Brauner entouré de sources d’eaux thermales carbonisées et sulfurées. Les vers et les insectes soumis à l’action de ces eaux ou de leur gaz y périssaient tandis que les animaux domestiques n’éprouvaient aucune atteinte de la maladie. » Dominique Larrey, op. cit., p. 164.

    114 Voir Michel Foucault, Naissance de la clinique, une archéologie du regard médical, Paris, Presses universitaires de France, 1963, XVI-215 p.

    115 L. Houdard, « La situation sanitaire au siège de Mantoue 1796-1797 », op. cit., p. 110.

    116 SHD, B3.30, 5e jour complémentaire an IV, Rapport de Denniée au général Berthier.

    117 L. Houdard, op. cit., p. 110.

    118 Bricard, op. cit., p. 262. Il suffit de rappeler que l’un des organisateurs de cette opération de santé publique fut le commissaire Bouquet, prévaricateur notoire, délaissant pour ses trafics, le bien du service.

    119 Bricard, op. cit., p. 262.

    120 AC Nice, délibérations, LibII-f. 62. Cité par François Roques, L’organisation de la santé publique à Nice pendant la Révolution et l’Empire, op. cit., p. 32.

    121 AC Nice, H2.88. En l’an VIII, la situation sanitaire était au même point, le 28 brumaire, le commandant de la place alla se plaindre auprès de la municipalité de ce que les cimetières étant pleins un soldat ait dû être inhumé en plein champ.

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    1 Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, préface de Pierre-Vidal-Naquet, Folio Classique, Gallimard, 2000, p. 87.

    2 Jacques Godechot a en particulier dépouillé la série AFIII 195 qui rassemble les comptes rendus des sommes versées aux administrations françaises. On doit aussi se référer aux analyses de Guglielmo Ferrero, op. cit., p. 124, et à celles d’Édouard Pommier dans « La saisie des œuvres d’art », « La Liberté en Italie, op. cit., http://www.napoleon.org/fr/hors_serie/1campagne-italie/lesecrits/colloques/art.html.

    3 Jacques Godechot, Les Commissaires aux armées sous le Directoire, op. cit., p. 251. Dès avant la campagne, il avait obtenu auprès des banques de Gênes des sommes si importantes qu’une partie fut envoyée à l’armée du Rhin.

    4 Jacques Godechot, op. cit., p. 289.

    5 AN AFIII370, dossier 1814. Paris, Le Directoire exécutif à Saliceti, 27 floréal an IV, 16 mai 1796.

    6 Jacques Godechot, ibid., p. 370.

    7 Jacques Godechot, op. cit., p. 375.

    8 SHD, B3.26, Kellermann, général en chef de l’armée des Alpes au Directoire exécutif, juillet 1796.

    9 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, p. 76 pièce no 555, Le général en chef de l’armée d’Italie au général Berthier, chef de l’état-major général de l’armée d’Italie, le 1er mai 1796, 12 floréal an IV, Quartier général, Acqui.

    10 A. R. Hamelin, « Douze Ans de ma vie », La Revue de Paris, nov.-déc. 1926, année 33, tome vi, p. 281 à 309.

    11 Il laissa vendre une statue de bronze du pape Clément XIV à des membres de la communauté juive locale soulevant ainsi la colère de la population.

    12 A. R. Hamelin, ibid., p. 298.

    13 La date précise n’est pas connue. Bonaparte dans sa correspondance mentionne Haller pour la première fois le 1er octobre 1796 dans une lettre à son frère Joseph. Voir Correspondance général, op. cit., p. 609 pièce 959.

    14 A. R. Hamelin, ibid., p. 306.

    15 SHD B3.36, Rapport du général Clarke au Directoire exécutif, 7 décembre 1796, 17 frimaire an V. Clarke dans son rapport tient des propos sans aménités sur Haller. Néanmoins, il le considère comme absolument nécessaire.

    16 Louis Burgener, « Napoleon Bonaparte et la Suisse : méthodes et décisions », The French Review, vol. 45, no 1 (oct. 1971), p. 46-55.

    17 SHD, B3.31, Comeyras, le résident de la République française près celle des Grisons, le 18 fructidor an IV, 4 septembre 1796, au général de division Berthier, chef d’état-major de l’armée d’Italie.

    18 Gian Paolo Romagnani, « Dalle “Pasque Veronesi” ai moti agrari del Piemonte », Studi Storici, XXXIX (1998), p. 379.

    19 SHD B3.20, 20 avril 1797, Le C. Bellime chargé par le ministre de la Guerre de contrôler le service général des subsistances militaires de l’armée d’Italie au citoyen ministre de la Guerre.

    20 Emmanuelle Sayag-Boyer emploie une citation d’Alfieri qui décrit l’armée d’Italie comme une bande de gueux et va-nu-pieds dans son article « Vérité et apparence d’un aspect de la campagne de Bonaparte », op. cit., p. 42.

    21 Toute une série de données chiffrées difficilement vérifiables nous sont données par les chroniqueurs et les fonctionnaires vénitiens. Le nombre de soldats français présents à Vérone aurait pu se chiffrer à environ 7 000 selon le podestat Priuli, 10 000 d’après le marquis Agdollo, 50 000 d’après l’aubergiste Valentino Alberti. Cette dernière évaluation est bien sûr exagérée, d’après Gian Paolo Romagnani, op. cit., p. 379.

    22 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., p. 463, Bonaparte au Directoire exécutif, pièce no 710, 21 juin 1796, 3 messidor an IV, Quartier général Bologne.

    23 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., p. 375, pièce no 353. Voir aussi Alberto Lumbroso, « Lettere inedite di Giusippina e di Napoleone, a Barras, a Pico, a Brune, a Menou, a Tallien, a Réal, a Esteve, a Carnot, a Defermon, ed Fouché », Miscellana Napoleonica, Roma, Modes e Mendel, 1898, no 5, p. 259, d’après la collection Danton vendue en Angleterre par la Maison Étienne Charavay.

    24 SHD, B3.35, Le général Baraguey d’Hilliers, commandant la Lombardie au général en chef, 7 frimaire an V, 27 novembre 1796.

    25 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., p. 377, le 1er mai 1796, 12 floréal an IV. Le général en chef de l’armée d’Italie à Faipoult, ministre de la République française à Gênes.

    26 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., Copie d’expédition. SHD 17C1, p. 430, pièce 653, Le général en chef de l’armée d’Italie au Directoire exécutif, 4 juin 1796, 16 prairial an IV.

    27 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, p. 509, pièce 790, Le général en chef de l’armée d’Italie au Directoire exécutif, 20 juillet 1796, 2 thermidor an IV.

    28 Voir la Notice historique sur le chevalier Don Joseph Nicolas d’Azara, Arragonais, ambassadeur d’Espagne à Paris, mort dans cette ville le 5 pluviôse an XII, par le Bon J.-F. de Bourgoing, 26 p. Azara représentait les intérêts de la papauté à cette époque. Le diplomate espagnol José Nicolás de Azara appartient à cette génération de diplomates européens en poste en Italie à l’instar de Cacault et Hamilton à Naples fascinés par le patrimoine antique. Il entretint tout au long de sa carrière un réseau de correspondants qui traquaient les pièces et objets de valeur dans la péninsule. Une thèse lui a été consacrée : Carlos E. Corona Baratech, José Nicolás de Azara, un embajador español en Roma, Zaragoza, 1948, 463 p., Consejo superior de investigaciones científicas. Institucion Fernando el Católico de la Excelentísima Diputación provincial, publicación no 37. Tesis doctorales. 3.

    29 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., p. 471, pièce no 725. Le général en chef de l’armée d’Italie au Directoire exécutif, 26 juin 1796-8 messidor an IV, Quartier général, Pistoia.

    30 Guglielmo Ferrero, op. cit., p. 68.

    31 Pierre-Armel de Beaumont, Le comte de Villemanzy, (1751-1830), intendant général des armées de Napoléon, Éditions SPM, Paris, 2000, p. 66. Le général Clarke dans un rapport adressé au Directoire pour enquêter n’hésite pas à déclarer que Haller est un individu « taré ». Rapport du général Clarke au Directoire exécutif-Archives nationales, AF. III. 72, 7 décembre 1796.

    32 Cité par Samuel Fettah, « Le port de Livourne et la contrebande dans le port franc de Livourne à l’époque du Risorgimento », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 200/2-3, p. 150 et suiv. Du même auteur, voir Les limites de la cité, espace, pouvoir et société à Livourne au temps du port franc, thèse de doctorat sous la direction de R. Ilbert, Aix-en-Provence, 1999, 3 vol., 1001 p.

    33 C. Mangio, « Politica toscana e rivoluzione », Momenti di storia livornese, 1790-1801, Pise, 1974, p. 119-121.

    34 Les réseaux de négoce juif en Méditerranée sont bien connus. Voir en particulier les travaux sous la direction de Jean-Louis Miège, Les relations intercommunautaires juives en Méditerranée occidentale XIIIe-XXe siècle, Paris, éditions du CNRS, 1984. L’ampleur et le poids de ces réseaux du négoce juif dans la Méditerranée du XIXe siècle sont évoqués de façon suggestive dans J.-L. Miège, Le Maroc et l’Europe (1830-1894), Paris, PUF, 1961-1963, 4 vol. Sur les juifs de Livourne à l’époque moderne et durant les années françaises, voir Jean-Louis Filippini, « Livorno e gli Ebrei dell’Africa del Nord nel Settecento », in Gli Gli Ebrei in Toscana dal Medioevo al Risorgimento, Florence, Olschski, 1980, p. 21-32 ; Id., « La comunità israelitica di Livorno durante il periodo napoleonico », Rivista italiana di Studi napoleonici, 1982, no 1 p. 23-113 ; Id., « La nation juive de Livourne, des Lumières au Risorgimento », in Mireille Hadas-Lebel, Évelyne Oliel-Grausz (dir.), Les Juifs et la Révolution française, histoire et mentalité, Louvain-Paris, E, Peeters, 1992, p. 237-247.

    35 Notamment, « deux négociants algériens, Bacri et Busnach, banquiers de la Régence (d’Alger), avaient fait des fournitures considérables en approvisionnements au gouvernement français, de 1793 à 1798, pour nos armées en Italie et pour l’expédition d’Égypte ». Source : Société de militaires et de gens de lettres, France militaire : histoire des armées françaises de terre et de mer, de 1792 à 1837, d’après les Bulletins des armées, le Moniteur, les documents officiels, les notes, mémoires, rapports et ouvrages militaires de l’Empereur Napoléon, etc., revu et publié par A. Hugo, auteur de l’Histoire de Napoléon, à Paris, 1838, chez Delloye, éditeur de la France pittoresque, tome v, p. 329-330.

    36 Jean-Pierre Filippini, « La mer et le ravitaillement de Livourne au XVIIIe siècle », dans L’homme méditerranéen et la mer. Actes du troisième congrès international d’études des cultures de la Méditerranée occidentale, Tunis, Salammbô, 1985, p. 299.

    37 AN, AFIII 182, d. 840, p. 19 et Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., p. 454, pièce no 696, Le général en chef de l’armée d’Italie à Pétiet, ministre de la Guerre 15 juin 1796, 27 prairial an IV, Quartier général, Tortone.

    38 ANC503 et AFIII115, cité par Pierre-François Pinaud, « Les fournisseurs et le diplomate en Toscane pendant le Directoire : Flachat, Redon de Belleville », Bulletin de la faculté des lettres de Mulhouse, fasc. xix, p. 95.

    39 Pierre-François Pinaud, op. cit., p. 98.

    40 Pierre-François Pinaud, ibid., p. 102.

    41 SHD, B3.36, Denniée, Commissaire ordonnateur en chef au ministre de la Guerre, le 5 complémentaire an V, Rapport général sur la situation administrative de l’armée d’Italie.

    42 Le service qui fonctionnait le mieux était cependant celui des postes. Les informations devaient circuler rapidement d’un point à l’autre de l’armée et entre l’Italie et la France. Le service couvrait un vaste territoire allant de la huitième division militaire jusqu’aux États de l’Église et couvrant la plaine du Pô.

    43 A. R. Hamelin, op. cit., p. 286.

    44 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, Le général en chef de l’armée d’Italie au Directoire exécutif, le 28 mars 1796, 8 germinal, Quartier général, Nice, op. cit., p. 304, pièce 426.

    45 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, ibid., p. 378, pièce 560. Le général en en chef à Lambert, commissaire ordonnateur en chef de l’armée d’Italie.

    46 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, ibid., p. 320, pièce 456. Le général en chef de l’armée d’Italie au général Berthier, chef de l’état-major général de l’armée d’Italie-Le 4 avril 1796, 15 germinal an IV, Quartier général, Oneille.

    47 SHD, B3.21, Le général Berthier, chef de l’état-major général de l’armée d’Italie au commissaire ordonnateur Lambert le 2 avril 1796,13 germinal an IV.

    48 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, Le général en chef de l’armée d’Italie à Sucy, commissaire ordonnateur en chef-12 germinal an IV, 1er avril 1796, Quartier général Nice, op. cit., pièce no 453, p. 317.

    49 Félix Bouvier, op. cit., p. 368 et 369. Cet auteur rappelle qu’au cours de ces journées la pluie était telle qu’elle contraria le service des charrois notamment sur la route de Savone ralentissant considérablement l’approvisionnement.

    50 Mémoires de Masséna par Koch, op. cit., tome ii, p. 43.

    51 Il y en avait trois principales : la première passait par Nice, Coni, Fossano, Asti, Alexandrie, Tortone, Pavie, Milan, Cassano, Brescia, Peschiera. Une autre route passait par Pavie, Pizzighettone, Crémone, Casal Maggiore, Borgoforte. Une troisième encore plus méridionale passait par Gênes, Novi et Tortone. Cette réglementation permettait de calculer plus aisément la date d’arrivée des convois et d’empêcher autant que possible la désertion. Une quatrième passait par la vallée d’Aoste mais du fait des neiges en hiver, elle était la moins sûre.

    52 SHD, B3.39, le général en chef de l’armée des Alpes au Directoire exécutif le 24 pluviôse an V, 17 février 1797.

    53 Michel De Jaeghere, Jérôme Grasselli, Atlas Napoléon, La gloire en Italie, op. cit., p. 76.

    54 La provenance de l’artillerie a été étudiée par Matti Lauerma. Cet auteur souligne le caractère très disparate de l’artillerie française. Celle-ci provenait de trois sources principales : on trouvait des pièces de type Gribeauval relativement peu nombreuses et surtout des canons d’origine piémontaise, notamment des gros calibres utilisés durant le blocus de Mantoue, ainsi que de plus en plus de pièces autrichiennes, surtout après la chute de cette place. Voir Matti Lauerma, L’artillerie de campagne française pendant les guerres de la Révolution, op. cit., p. 204.

    55 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, ibid, p. 477, pièce 734. Le général en chef de l’armée d’Italie au sénat de Lucques-11 messidor an IV 29 juin 1796, Voir aussi Guglielmo Ferrero, Aventure Bonaparte en Italie, op. cit., p. 68.

    56 Gulielmo Ferrero, op. cit., p. 69.

    57 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., p. 609, pièce no 258, Le général en chef de l’armée d’Italie au Directoire exécutif le 1er octobre 1796, 10 vendémiaire an V.

    58 SHD B3.26, Le général de division Meynier au général, chef de l’état-major général de l’armée, Tortone, le 25 messidor an IV-13 juillet 1796.

    59 SHD B3.25, Saliceti, commissaire du gouvernement près les armées d’Italie et des Alpes au Directoire exécutif, le 13 juin 1796.

    60 SHD, B3.40, Rapport militaire et politique sur l’île de Corse à Bastia, le 13 ventôse an V de la République française par Gentili, général de division, commandant en chef dans l’île de Corse au ministre de la Guerre. En ce qui concerne les problèmes liés à la gestion des forêts pour les fournitures de bois à la marine pendant la Révolution, on peut consulter Andrée Corvol (dir.), La nature en Révolution, 1750-1800, actes du colloque organisé par Groupe d’histoire des forêts françaises ; textes réunis et présentés par Andrée Corvol, Paris, L’Harmattan, 1993, IV-232 p. Voir aussi Andrée Corvol, Jean-Paul Amat (dir.), Forêt et guerre ; textes réunis et présentés par Andrée Corvol, Jean-Paul Amat, Paris, L’Harmattan, 1994, 325 p. En ce qui concerne plus spécifiquement la situation des forêts des départements méridionaux, on doit se référer à la thèse de Martine Chalvet, L’invention de la forêt méditerranéenne de la fin du XVIIIe siècle aux années 1960, sous la direction de Robert Ilbert, Aix-en-Provence, 2000, 707 p.

    61 Ce qui peut-être traduit par : « L’Italie fut et sera toujours le tombeau des Français. » Alexandre Dumas, Mes mémoires, tome i, Paris, M. Lévy frères puis C. Lévy, 1863-1884, p. 64. Le tome i date de 1863.

    62 La seule étude effectuée sur les hôpitaux durant la campagne d’Italie date de 1936 et a été effectuée par L. Houdard. Le manuscrit a été remis à la section technique du service de le 12 juillet 1938 et a été publié dans la Revue du service de santé militaire en mai 1939, p. 799 à 835.

    63 Jean-François Lemaire, Coste, premier médecin des armées de Napoléon, Stock, 1997, p. 235. Voir aussi la communication de M. Vincent-Pierre Comiti, médecin, ancien responsable du Laboratoire d’anthropologie physique au Collège de France, « La médecine corse à la fin du XVIIIe siècle, au carrefour des savoirs et des pratiques », Relations, échanges et coopération en Méditerranée, Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, 128e congrès, Bastia, 2003.

    64 « J.-F. Coste, Biron, Heurteloup, Bayen, Parmentier, Villars, avis sur les moyens de conserver ou de rétablir la santé des troupes à l’armée d’Italie, Paris, prairial an IV (juin 1796) », cité par Jean-François Lemaire, Coste premier médecin des armées de Napoléon, Stock, 1997, p. 235.

    65 Jean-François Lemaire, op. cit., p. 234.

    66 Il existe des dossiers individuels, mais ils sont répartis entre les archives du SHD et les archives des Services de santé de l’armée au Val-de-Grâce. Plusieurs dossiers manquent ou sont incomplets.

    67 L. Houdard, « Le Service de santé de l’Armée d’Italie sous le commandement de Bonaparte », op. cit., p. 804.

    68 On connaît assez précisément la carrière de Courtès ; son dossier individuel comportant des états de services assez complets. Il était lui-même le fils d’un chirurgien toulonnais ayant commencé cette carrière en cette qualité. Il participa à la guerre d’indépendance américaine. Par la suite, il poursuivit ses études afin de devenir médecin. Il s’était distingué en 1790 lorsqu’il avait combattu les épidémies en Corse.

    69 L. Houdard, op. cit., p. 805.

    70 Dossier Bourgine/certificat Eyssautier, 26 messidor an III, archives du Val-de-Grâce E33.

    71 SHD, 2YE, Dossier Chevalier, et L. Houdard, op. cit., p. 807.

    72 Napoléon Bonaparte, Correspondance générale, op. cit., tome i, p. 323, pièce no 462.

    73 Dominique Larrey, Mémoires de chirurgie militaire et campagnes de D.-J. Larrey, Paris, J. Smith, 1812-1817, 4 vol.

    74 SHD, B3. 351, situation de l’armée d’Italie, 20 mars 1796.

    75 SHD, B3. 351, situation de l’armée d’Italie, 2 avril 1796.

    76 SHD, B3. 352, situation de l’armée d’Italie, 3 juillet 1796.

    77 SHD, B3. 354, situation de l’armée d’Italie, 2 août 1796.

    78 SHD, B3. 356, Effectifs de l’armée d’Italie, 1er novembre 1796.

    79 L. Houdard, op. cit., p. 810.

    80 SHD, B3.22, 7 mai 1796. Quelques réflexions sur les effets des fièvres sur l’armée en Italie.

    81 Le siège de Mantoue occupa l’armée d’Italie du 16 prairial an IV au 14 pluviôse an V, soit un total de dix mois.

    82 L. Houdard, op. cit., p. 811.

    83 L. Houdard, « La situation sanitaire à Mantoue, mémoires et documents », Carnets de la Sabretache, Paris 1936.

    84 SHD, B3 26. Le ministre de la Guerre Pétiet au chef de l’état-major Berthier. Paris le 22 fructidor an IV.

    85 Archives du Val-de-Grâce, dossier 33E, Armée d’Italie. Entrées et sorties de juin à novembre 1796, Plaisance, hôpital no 1.

    86 On estime que la toise correspond à une longueur de 1,949 mètre.

    87 SHD, B3.26, Sahuguet au général Berthier, 9 fructidor an IV.

    88 SHD, B3.26, 10 fructidor an 6, le général Joubert à Berthier.

    89 SHD, B3.26, Berthollet à Lacuée, Milan 7 messidor an V. Les savants Berthollet et Monge alertèrent le Directoire sur la situation de pénurie : ceux-ci nous ont laissé un rapport alarmant qui mentionnait l’absence totale d’instrument de chirurgie et de quinquina aussi nécessaire au traitement des fièvres qu’à celui de la gangrène d’hôpital très commune à Pavie et à Tortone et qui allait se développer dans les hôpitaux de Crémone en de grandes proportions. Berthollet demandait que l’armée d’Italie fut pourvue de ce précieux médicament, et qu’on l’achetât de préférence en Espagne, le quinquina de Gênes étant médiocre.

    90 Vigo-Roussillon, op. cit., p. 39.

    91 Vigo-Roussillon, op. cit., p. 40.

    92 Vigo-Roussillon, ibid., même page.

    93 Le capitaine Puffeney, 1772-1848, souvenirs d’un grognard, op. cit., p. 24.

    94 Vigo-Roussillon, op. cit. p. 41.

    95 SHD B3.46, Rapport du commissaire ordonnateur Villemanzy, fructidor an V.

    96 Certaines villes comme Milan furent bien loties avec 7 hôpitaux. D’autres places disposèrent de grands centres de soin : Crémone en comptait trois et Plaisance deux. Quant à la place de Vérone, elle disposait de deux hôpitaux fixes et d’un entrepôt d’évacuation. Trois grandes zones concentraient l’essentiel des établissements : le Piémont et la Lombardie avec 9750 lits, le Mantouan avec 6 450 lits et la région de la Piave avec 3 150 lits. Le choix des lieux n’était pas fortuit.

    97 SHD, B3.46, 12 juillet 1797. Organisation des hôpitaux de l’armée d’Italie par le commissaire ordonnateur Villemanzy.

    98 SHD, B3.44, le 11 prairial an V, rapport du citoyen Bruguières, chirurgien en chef à l’armée d’Italie sur l’établissement d’eaux thermales à Acqui.

    99 Dominique Larrey, Mémoires de chirurgie militaire, op. cit., tome ii, p. 324.

    100 SHD, Voir le registre de contrôle de troupes de la 75e demi-brigade d’infanterie de ligne. 18YC. 181. C’est ainsi que Claude Lefenêtre et Jean Chevalier volontaires de l’an II originaires respectivement de la Drôme et de la Haute-Saône furent promus chirurgiens de deuxième classe à l’automne 1796.

    101 SHD 28 prairial an 5, Lettre du chef d’état-major Berthier à Gemona.

    102 SHD. Voir le registre de contrôle de troupes 18 YC 181 75e demi-brigade d’infanterie de ligne.

    103 L. Houdard, op. cit., p. 813.

    104 François Roques, L’organisation de la santé publique à Nice pendant la Révolution et l’Empire, thèse pour le doctorat en droit, université d’Aix-Marseille, 1955.

    105 Rapport de Jean-Baptiste Froment, médecin chef à l’hôpital no 1 de Plaisance, messidor an V, archives du service de santé de l’armée au Val de Grâce, Dossier 33E.

    106 Gian Paolo Romagnani, « Dalle Pasque veronesi ai moti agrari del Piemonte », Studi Storici, p. 389.

    107 Cet administrateur avait détourné des fonds et fut d’ailleurs poursuivi et arrêté sur ordre de Bonaparte, mais seulement après le soulèvement des « Pâques Véronaises ».

    108 Gian Paolo Romagnani, op. cit., p. 389.

    109 Ce personnage fut l’un des fondateurs de la première loge maçonnique de Vérone en 1792.

    110 Lors de la révolte des Pâques véronaises, les habitants insurgés s’en prirent aux blessés entassés dans les hôpitaux. Le chef de bataillon Beaupoil de Saint-Aulaire nous a laissé un récit complet de ces événements. D’après son rapport, sur les 400 soldats blessés ou malades tués lors de cette insurrection, 32 venaient d’être récemment amputés. Ces chiffres font toujours l’objet de débats.

    111 Dominique Larrey, Mémoires de chirurgie militaire, tome ii, p. 161.

    112 Dominique Larrey, Mémoires de chirurgie militaire, ibid., tome ii, p. 161 : « Elle (la maladie) présentait tous les caractères d’une fièvre inflammatoire charbonneuse ou maligne… »

    113 Le médecin français rapprocha ces différents phénomènes avec ceux observés dans des villages bavarois au XVIIIe siècle : « L’épidémie qui ravagea cette contrée, respecta le village de Peters Brauner entouré de sources d’eaux thermales carbonisées et sulfurées. Les vers et les insectes soumis à l’action de ces eaux ou de leur gaz y périssaient tandis que les animaux domestiques n’éprouvaient aucune atteinte de la maladie. » Dominique Larrey, op. cit., p. 164.

    114 Voir Michel Foucault, Naissance de la clinique, une archéologie du regard médical, Paris, Presses universitaires de France, 1963, XVI-215 p.

    115 L. Houdard, « La situation sanitaire au siège de Mantoue 1796-1797 », op. cit., p. 110.

    116 SHD, B3.30, 5e jour complémentaire an IV, Rapport de Denniée au général Berthier.

    117 L. Houdard, op. cit., p. 110.

    118 Bricard, op. cit., p. 262. Il suffit de rappeler que l’un des organisateurs de cette opération de santé publique fut le commissaire Bouquet, prévaricateur notoire, délaissant pour ses trafics, le bien du service.

    119 Bricard, op. cit., p. 262.

    120 AC Nice, délibérations, LibII-f. 62. Cité par François Roques, L’organisation de la santé publique à Nice pendant la Révolution et l’Empire, op. cit., p. 32.

    121 AC Nice, H2.88. En l’an VIII, la situation sanitaire était au même point, le 28 brumaire, le commandant de la place alla se plaindre auprès de la municipalité de ce que les cimetières étant pleins un soldat ait dû être inhumé en plein champ.

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    Ce livre est cité par

    • Tortosa, Paul-Arthur. (2021) Projet médical, cauchemar sanitaire : les hôpitaux militaires français comme milieux de savoir (Italie, 1796-1801). Cahiers François Viète. DOI: 10.4000/cahierscfv.417

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    Candela, G. (2011). Chapitre IX. Finances, logistique et services à l’épreuve de la guerre de mouvement. In L’armée d’Italie (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.106749
    Candela, Gilles. « Chapitre IX. Finances, logistique et services à l’épreuve de la guerre de mouvement ». In L’armée d’Italie. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2011. https://doi.org/10.4000/books.pur.106749.
    Candela, Gilles. « Chapitre IX. Finances, logistique et services à l’épreuve de la guerre de mouvement ». L’armée d’Italie, Presses universitaires de Rennes, 2011, https://doi.org/10.4000/books.pur.106749.

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    Candela, G. (2011). L’armée d’Italie (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.106692
    Candela, Gilles. L’armée d’Italie. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2011. https://doi.org/10.4000/books.pur.106692.
    Candela, Gilles. L’armée d’Italie. Presses universitaires de Rennes, 2011, https://doi.org/10.4000/books.pur.106692.
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