Chapitre VIII. Une pédagogie en mouvement
p. 169-189
Texte intégral
1On l’a vu précédemment, des modifications avaient été apportées dans la pratique de l’enseignement mutuel dès son introduction en France. La plupart des écoles avaient ainsi adopté le principe du cursus à huit classes pour les trois matières d’enseignement alors que Lancaster avait fait une exception pour l’arithmétique. Il ne faisait commencer cet enseignement que lorsque les élèves étaient arrivés à la cinquième classe de lecture-écriture. En outre, il fallait de dix à douze classes pour atteindre la fin du programme1. Le deuxième changement important avait admis la différenciation de l’avancement des élèves suivant les disciplines. On pouvait ainsi être dans la quatrième classe de lecture, dans la deuxième pour l’écriture et dans la première d’arithmétique. Ce n’était pas le cas dans les écoles anglaises où l’avancement en écriture et en lecture était uniforme. Enfin, on avait senti la nécessité d’ouvrir le champ de l’instruction élémentaire. Des disciplines nouvelles étaient apparues tels la grammaire, le chant et surtout le dessin linéaire.
2Aussi, lorsque la Société de Paris entreprend, en 1829, de modifier certains aspects de la méthode, elle ne fait que poursuivre une réflexion engagée, dès le départ, sur la meilleure pédagogie possible. Ce renouvellement était d’autant plus nécessaire que l’enseignement mutuel avait reconquis l’intérêt du gouvernement et des élites, suite à la poussée électorale des libéraux en 1827.
3Quelques années plus tard, au début de la monarchie de Juillet, des réflexions, venues des sphères du ministère de l’Instruction publique, viendront bouleverser les conceptions patiemment établies et défendues par la Société pour l’instruction élémentaire. En effet, cette fois-ci, il ne s’agit pas d’améliorer l’enseignement mutuel mais de contester son efficacité pédagogique. Il y aura, au départ, les remarques peu flatteuses publiées dans le Manuel général, porte-voix d’une pédagogie officielle naissante. Ensuite, la critique va se développer sous l’égide de Paul Lorain, à la fois rédacteur en chef de cette publication et « éminence grise » du ministère de l’Instruction publique, agissant dans l’ombre de Guizot. Chargé de l’inspection des écoles primaires d’Indre-et-Loire lors de la grande enquête de 1833, il aura l’occasion dans son rapport de développer tous ses arguments contre une méthode, jusque-là, portée aux nues par les libéraux2. Enfin, les nouveaux règlements scolaires découlant de la loi du 28 juin 1833 vont porter à celle-ci un coup fatal. L’organisation en trois cours prévue par les nouvelles dispositions adoptées le 25 avril 1834 contredit celle des écoles mutuelles qui admet huit classes successives.
L’heure de la réglementation scolaire est arrivée
4La loi du 28 juin 1833 définit le but et l’étendue de l’instruction primaire. Elle distingue les écoles privées des écoles publiques. Celles qui doivent être établies par les communes, et c’est le cas majoritaire, ont particulièrement retenu l’attention du législateur. On établit ainsi l’obligation pour toute commune, soit par elle-même, soit en se regroupant avec d’autres, de créer une école. Au cas où les finances locales ne permettent pas de soutenir ce projet, la loi autorise le vote de trois centimes additionnels. De leur côté, les conseils généraux doivent pourvoir aux besoins des localités les plus pauvres. On garantit au maître 200 francs de revenus annuels et un logement. Concernant la gratuité, on l’admet uniquement pour les enfants indigents dont la liste doit être établie par la commune. Pour surveiller les écoles, des comités de notables sont de nouveau constitués, instances qui avaient pourtant prouvé si peu d’efficacité jusque-là. On retient, cette fois, une organisation à deux niveaux. À l’échelon de l’arrondissement, un comité, dont le sous-préfet est le président, détient des pouvoirs étendus. Il doit ainsi encourager le développement de l’instruction primaire, établir un règlement général sur le fonctionnement des établissements et l’organisation des études. Il peut également juger et révoquer les instituteurs. À l’échelon local, on prévoit l’existence d’un comité communal dont le rôle est surtout de visiter et de surveiller la bonne marche des écoles dépendant de son autorité. Aux deux niveaux, on admet la présence du curé. Cependant, le clergé n’a plus la place prépondérante que les ordonnances de la Restauration lui avaient autrefois ménagée.
5S’agissant des écoles mutuelles, la loi du 28 juin 1833 ne se prononce pas. Elle n’offre qu’un cadre général à l’organisation de l’instruction primaire. En réalité, ce qui s’avère plus déterminant pour elles, c’est le texte réglementaire adopté un an plus tard. Celui-ci, approuvé par le Conseil royal de l’Instruction publique, le 25 avril 1834, porte le titre Statuts sur les écoles primaires élémentaires communales3.
6L’aspect le plus important de cette nouvelle réglementation réside dans l’organisation du cursus scolaire en trois classes (article 3). Les articles 5, 6 et 7 précisent la répartition des élèves dans ces différentes divisions et le programme d’enseignement pour chacune d’elle :
« Les enfants de l’âge de six à huit ans formeront la première division. Indépendamment de lectures pieuses faites à haute voix, ils seront particulièrement exercés à la récitation des prières. On leur enseignera, en même temps, la lecture, l’écriture et les premières notions du calcul verbal4.
Les enfants de huit à dix ans formeront la deuxième division. L’instruction morale et religieuse consistera dans l’étude de l’histoire sainte, ancien et nouveau Testament. Les enfants continueront les exercices de la lecture, de l’écriture et du calcul verbal. On leur enseignera le calcul par écrit et la grammaire française5.
Une troisième division se composera des enfants de dix ans et au-dessus, jusqu’à leur sortie de l’école. Ils étudieront spécialement la doctrine chrétienne. Ils continueront les exercices de lecture, d’écriture, de calcul et de langue française ; ils recevront en outre des notions élémentaires de géographie et d’histoire générale, et surtout de la géographie et de l’histoire de la France ; l’enseignement du chant et du dessin linéaire, lorsqu’il aura lieu, sera donné de préférence dans cette division6. »
7On le voit, la réforme est importante à l’égard des écoles mutuelles. En effet, sur trois points, elle vient contredire leurs pratiques. En premier lieu, alors qu’elles adoptent un cursus en huit classes pour la lecture, l’écriture et l’arithmétique, on préconise un système qui n’en comporte que trois. En second lieu, le passage d’une classe à l’autre se fait sur des critères d’âge et non pas de niveau. Enfin, l’avancement différencié en fonction des matières n’est plus possible. C’est sans doute pour les rédacteurs de ce premier règlement scolaire national une manière habile de tordre le cou aux principes lancastériens sans les prohiber officiellement.
8Évidemment, une telle réforme ne peut pas passer inaperçue de la part des comités d’arrondissement favorables à l’enseignement mutuel, surtout lorsque ceux-ci ont pour tâche d’adapter la nouvelle réglementation aux écoles de leur ressort7. À Brest, le président du comité d’arrondissement donne, le 6 novembre 1835, lecture du projet qui doit instituer la division en trois classes. La formulation proposée ne reprend pas les termes du règlement national mais consiste en une mouture extrêmement simple : « La première (division) comprendra ceux qui ne savent pas lire, la deuxième, ceux qui lisent, la troisième, ceux qui écrivent8. » Il est stipulé en outre que « l’instituteur s’occupera pendant une heure de chaque classe, il ne consacrera cependant, en hiver, que trois quarts d’heure à chacune des deuxième et troisième classes9 ». Plusieurs membres du comité réagissent à ce projet. Ils déclarent :
« […] la sollicitude des comités d’arrondissement doit principalement les porter à favoriser les méthodes les plus simples, les plus courtes, les plus expéditives et qui assurent l’instruction du plus grand nombre, que sous ce rapport, le comité devrait favoriser spécialement la méthode mutuelle, et que loin de le faire, l’adoption des articles 8 et 9 en serait le renversement et semblerait même la proscrire puisque ces deux articles et tous ceux qui en sont la conséquence ne s’appliquent évidemment qu’à l’enseignement simultané, ce qui rendrait le règlement inapplicable dans les écoles d’enseignement mutuel établies dans l’arrondissement et en empêcherait peut-être l’établissement de nouvelles10 ».
9Ils proposent alors un article moins contraignant à cet égard. L’ensemble des notables du comité se range à leur avis et adopte la formulation suivante :
« Pour chaque partie de l’enseignement les élèves seront classés par division selon leur degré de force. Tous les élèves seront tenus de suivre toutes les parties de l’enseignement11. »
10À l’instar du comité d’arrondissement de Brest, celui de Saint-Brieuc connaît l’embarras lorsqu’il s’agit d’organiser les écoles conformément à la réglementation nationale. Ils font ainsi remarquer :
« Le comité a pensé que le classement proposé (celui des trois divisions) tendait à retarder les progrès des enfants qui auraient été souvent retenus par leur âge dans une section où ils n’auraient rien eu à apprendre. Cet inconvénient disparaît dans les divisions par mérite12 (celles qui sont adoptées dans l’enseignement mutuel). »
11Mais, au contraire des notables brestois, ils ne refusent pas l’organisation en trois classes prescrite par les Statuts. Ils suppriment uniquement la référence à l’âge des élèves. Quant à Lorient, le règlement adopté en 1836 par le comité d’arrondissement laisse toute latitude pour continuer d’utiliser l’enseignement mutuel. Ainsi, « les élèves seront divisés en plusieurs classes de lecture, selon la méthode qui sera suivie. Quelques-uns pourront être confiés aux élèves surveillants sous la direction du maître13 ».
12Au total, ces trois comités se montrent réticents face aux nouvelles dispositions réglementaires. Tous veulent, d’une manière ou d’une autre, garantir la possibilité pour les écoles mutuelles de fonctionner conformément aux principes de leur méthode.
13Les comités d’arrondissements peuvent d’autant plus aménager les règlements en faveur de l’enseignement mutuel qu’ils disposent de l’indulgence sinon du soutien des autorités académiques. En effet, le recteur Le Grand est favorable à la diversité des méthodes, l’important pour lui étant que l’instituteur comprenne bien celle qu’il utilise et qu’elle soit adaptée à la situation d’enseignement dans laquelle il se trouve. C’est pourquoi, il met en garde contre les excès de chacune d’entre elles. En ce qui concerne la méthode simultanée, il craint que les élèves qui ne suivent pas directement la leçon du maître ne soient pas occupés de manière fructueuse pour leur instruction. Quant à l’enseignement mutuel, il tient à donner des limites précises au rôle que doivent avoir les moniteurs. Ainsi, il explique :
« Dans la méthode mutuelle d’un autre côté, il est à craindre que l’instituteur n’abandonne entièrement le soin de l’enseignement à des moniteurs trop peu instruits. Il est indispensable qu’il donne à ceux-ci, chaque jour, au moins une leçon d’une heure et qu’il les emploie uniquement à exercer les élèves. Ces moniteurs doivent en quelque sorte se borner au rôle de répétiteurs. Ainsi, lorsque le maître aura lui-même expliqué une opération d’arithmétique, un moniteur fera faire des applications, et l’instituteur, qui surveillera de temps en temps ces exercices, saura s’il est nécessaire de donner sur le même sujet une nouvelle explication, ou s’il faut passer à une nouvelle théorie. Si, dans une classe très nombreuse, il devient nécessaire de confier aux moniteurs quelques détails d’enseignement, le maître s’assurera, chaque jour, qu’ils possèdent bien ce qu’ils doivent enseigner à la leçon suivante, et il se gardera bien de perdre de vue un seul instant la direction d’aucune partie de la classe. Un instituteur connaîtrait bien peu ses devoirs, s’il adoptait l’enseignement mutuel, dans l’espoir seulement de se procurer du loisir14. »
14Outre ces deux méthodes, il voit des avantages à appliquer le mode mixte qui emprunte au mode mutuel les procédés utilisés pour les apprentissages mécaniques et au mode simultané ceux qui nécessitent plus de compréhension et de raisonnement.
15De leur côté, les inspecteurs, bien que favorables à l’enseignement mutuel, constatent tous les difficultés de le propager dans leurs départements respectifs. L’avis de Merpaut, inspecteur primaire de la Loire-Inférieure, ne donne aucune illusion sur une possible amélioration de cette situation :
« La méthode d’enseignement mutuel, dont la supériorité est incontestable à tant d’égards, a trop de détracteurs parmi les hommes en possession de régir à leur gré l’opinion de nos bons villageois pour qu’elle puisse faire fortune dans nos campagnes15. »
16Dans le Morbihan, l’inspecteur Chevreau préconise même d’abandonner cette méthode pour les localités rurales. Il argumente :
« Généralement dans les communes rurales, les parents désirent que leurs enfants reçoivent la leçon directement du maître ; c’est peut-être un préjugé mais on doit le respecter quand on veut initier le pays au bienfait de l’instruction primaire. Pour moi, je crois que la méthode de l’enseignement simultané convient mieux à la plupart de nos petites communes, en y joignant toutefois le principe de la mutualité. La vie, la prospérité d’une école mutuelle réside tout entière dans l’instruction, dans la formation de bons moniteurs, et dans les campagnes, surtout pendant l’été, il est impossible d’en avoir. Les enfants passent peu de temps aux écoles, et ils les abandonnent aussitôt qu’ils savent un peu lire, écrire et compter. D’un autre côté, l’instituteur gagnant peu, obligé de donner quelques leçons particulières, ou occupé à la mairie à rédiger les actes de l’état civil, ne peut faire une classe à part à ses moniteurs ; et, selon moi, pas de succès possible dans une école mutuelle, sans une leçon à part donnée aux moniteurs16. »
17Faisant le bilan des 25 écoles mutuelles qui existent dans son ressort, il considère que seules huit sont bien dirigées, soit environ un tiers. Il pense que ce type d’enseignement, à cause de l’activité soutenue et la surveillance que cela nécessite, ne souffre pas la médiocrité.
18Au total, les autorités académiques tendent à redéfinir les conditions d’implantation des écoles mutuelles. À leur avis, celles-ci ne devraient concerner que les localités offrant un nombre suffisant d’élèves. Il faudrait, en outre, à leur tête des maîtres très compétents. Enfin, les moniteurs devraient se cantonner au rôle de répétiteurs et non à l’explication de la leçon elle-même, celle-ci devant être réservée au maître.
L’école des moniteurs, une nouveauté
19Dès 1831, la Société pour l’instruction élémentaire encourage l’instituteur mutuel à donner des leçons particulières à ses moniteurs avant ou après la classe. Quelques années plus tard, en 1835, ce souci est renforcé. Désormais, à Paris, le nouvel emploi du temps organisant les écoles mutuelles oblige les maîtres à consacrer deux heures quotidiennes à l’instruction de leurs moniteurs, soit douze heures hebdomadaires17. Ce temps d’enseignement a lieu de 8 heures à 10 heures du matin. Il s’agit d’un enseignement qui porte, en partie, sur la pratique du monitorat y compris l’art de tailler des plumes. Surtout, il s’agit de renforcer les acquisitions des élèves les plus instruits et d’étendre leurs connaissances dans des domaines nouveaux comme la géographie, l’histoire et le système légal des poids et mesures. Il est précisé que le maître pourra utiliser l’enseignement simultané pour diriger cette classe.
20En Bretagne, à l’instar de la capitale, l’instruction des moniteurs a également été renforcée. Ainsi, à Paimpol, le règlement indique qu’il y aura une classe spéciale pour les moniteurs et les élèves les plus instruits chaque jour pendant une heure. En voici le programme :
« L’objet de la classe spéciale sera l’enseignement de la grammaire et de la géographie pour les deux écoles ; on y ajoutera le dessin linéaire pour l’école des garçons. Les élèves des 7e et 8e classes d’écriture sont tenus d’apprendre le dessin linéaire18. »
21Dans la commune voisine de Plourivo, l’instituteur mutuel donne également une heure chaque jour d’instruction particulière à ses moniteurs. Le contenu de son enseignement s’adressant à des fils de paysans est nettement plus utilitaire. Le maître explique :
« Une demi-heure est consacrée à des exercices pratiques sur l’orthographe, sur les actes sous seing privé, sur la manière d’écrire des lettres. Une demi-heure, à la tenue des comptes à l’usage des cultivateurs (et) les exercices sur la partie de l’arithmétique déjà apprise ou qui ne peut être enseignée en classe19. »
22Cependant, il n’est pas facile d’ajouter une heure à un emploi du temps qui paraît déjà chargé pour des enfants de la campagne, surtout quand le chemin est long pour venir jusqu’à l’école, et quand, à la belle saison, les travaux agricoles réclament des bras. L’instituteur avoue ainsi : « En hiver et pendant une grande partie de l’été, soit que les travaux ou la saison y mettent obstacle, la leçon particulière ne peut être donnée qu’en diminuant la durée de la classe20. » À Lamballe, on s’adapte aussi aux saisons mais on n’ampute pas la durée de la classe habituelle pour cela. Seule celle des leçons qui sont données aux moniteurs varie. En été, c’est six heures par semaine, en automne et au printemps, c’est cinq heures et en hiver, seulement quatre. Évidemment, au chef-lieu du département, les préoccupations concernant le temps de trajet et l’éclairage ont moins d’importance. Aussi, à l’école mutuelle de Saint-Brieuc, n’hésite-t-on pas à faire venir les moniteurs dès 7 h 30, le matin, les retenant jusqu’à 6 h du soir.
23Leur programme d’enseignement est le suivant :
- de 7 h 30 à 9 h : arithmétique ;
- de 13 h à 13 h 30 : géographie ;
- de 17 h à 18 h : grammaire.
24Le maître, Cuvet, signale également qu’il donne des cours de dessin linéaire le jeudi de 7 h à 10 h. Cependant, il ne précise pas si ces leçons sont données aux moniteurs, à des adultes ou aux élèves-maîtres dont il s’occupe également. Au total, dans son école, trois heures quotidiennes sont consacrées aux moniteurs, à savoir 15 heures hebdomadaires si on excepte le jeudi. On sait que, pour cet enseignement spécifique, Cuvet utilise l’enseignement simultané. Il explique alors :
« L’enseignement simultané doit donc être préféré à l’enseignement mutuel toutes les fois que le nombre d’élèves ne sera pas considérable, et par conséquent, lorsque l’enseignement sera mixte, on devra viser à instruire le plus d’élèves qu’on pourra par l’enseignement simultané, surtout en ce qui concerne les parties qui exigent le plus d’intelligence. C’est cette conviction qui m’a toujours porté à donner beaucoup de temps aux moniteurs pour la grammaire et l’arithmétique, et à admettre à ces leçons particulières tous ceux, sans exception, que j’ai supposés pouvoir en profiter21. »
25À Brest, en 1842, à l’école mutuelle communale de Recouvrance, l’instituteur Le Goff donne quotidiennement une leçon d’une heure et demie à ses moniteurs, soient 7 heures et demie hebdomadaires. Une fois par semaine, celle-ci porte sur la pratique de la méthode. Le maître indique que ses petits instructeurs connaissent ainsi le travail à accomplir une semaine à l’avance. À la même époque, dans la deuxième école mutuelle de Brest, ce sont deux heures d’enseignement que Perron leur consacre chaque jour.
26À Rennes, en 1835, de 16 h à 17 h, Lemée, l’instituteur mutuel de la grande école communale de la Halle-aux-Toiles, prépare les plus forts de ses élèves afin de « former le noyau d’une bonne école intermédiaire, qui puisse par la suite fournir à l’école supérieure des élèves déjà formés22 ». Ce degré d’enseignement qui prolonge l’instruction primaire proprement dite avait été établi par la loi du 28 juin 1833. Il s’impose aux communes de plus de 6 000 habitants. Son but est de former des ouvriers plus qualifiés, des chefs d’atelier ou des employés, toutes professions intermédiaires nécessitées par le développement économique.
27Pourtant, il ne faudrait pas croire à la généralisation de la classe des moniteurs. Ainsi, à Landerneau, celle-ci ne dure qu’un temps. En effet, le maître préfère abandonner cette instruction, qui a lieu le jeudi, en raison d’une surcharge de travail administratif. De même, à Lorient, cet enseignement est interrompu durant l’hiver 1841, ce qui constitue pour l’inspecteur Lequinquis une grave négligence de la part de Thomas, directeur de l’école.
28Ce tour d’horizon, même incomplet, permet d’observer que l’enseignement destiné aux moniteurs et aux élèves les plus avancés des écoles mutuelles est souvent donné en dehors de la classe proprement dite, se conformant ainsi aux prescriptions parisiennes. La durée des leçons est très variable, selon la saison mais aussi selon les localités. À cet égard, Cuvet, le maître de Saint-Brieuc, en y consacrant 15 heures hebdomadaires, se montre particulièrement zélé. Quant au contenu de l’enseignement ainsi prodigué, il varie également en fonction des besoins locaux mais aussi de la vision de l’instituteur. À Rennes, Lemée prépare, de cette manière, ses meilleurs élèves pour l’école supérieure. À Saint-Brieuc où il existe une école du même genre annexée à l’école mutuelle, Cuvet n’agit sans doute pas autrement. À Brest, Le Goff préfère insister sur la pratique de la méthode et perfectionne ainsi le fonctionnement de son école. Quant à Le Chapelain, le maître de Plourivo, il est bien conscient des besoins de la population locale dont l’activité est essentiellement agricole. Les leçons données sont alors, avant tout, pratiques. Son témoignage montre également que, dans une petite commune rurale, il n’est pas facile d’organiser un tel enseignement. Le temps d’étude ne peut pas être rendu trop extensible du fait de l’éloignement de l’école et des travaux des champs. Finalement, cela prouve que, s’agissant des leçons particulières, les réformes entreprises par la Société de Paris ne sont guère applicables aux réalités de la plupart des villages de France, surtout en Bretagne où l’habitat est très dispersé et les chemins souvent impraticables pendant la mauvaise saison.
Un enseignement moins mécanique
29L’impulsion de la Société de Paris avait provoqué des changements dans l’exercice de la méthode, notamment, on l’a vu, avec l’introduction de la classe des moniteurs. Mais, d’autres suivront. En outre, les maîtres mutuels doivent s’adapter à leurs élèves ainsi qu’à la demande de leurs parents. Aussi, de nombreuses modifications pédagogiques vont-elles apparaître ici et là. Elles ont trait aussi bien à l’organisation des classes qu’à l’apprentissage de la lecture. Elles concernent également les supports traditionnels de l’enseignement que sont les livres, les tableaux, les ardoises et le papier. Enfin, elles tiennent compte, en certains endroits, de la langue bretonne parlée par les élèves.
30La première modification importante a trait à l’apprentissage de la lecture. Il s’agit alors d’abandonner l’ancienne épellation qui consiste à dire le nom des lettres avant de lire les syllabes ou mots pour lui substituer la prononciation des sons correspondant aux lettres23. Deux auteurs, Peigné et Lamotte, membres de la Société pour l’instruction élémentaire, portent cette réforme24. Cependant, il faut le rappeler, cette innovation avait déjà été adoptée dans les petites écoles de l’abbaye de Port-Royal au milieu du XVIIe siècle25. Si on peut considérer cette réforme comme une petite révolution pédagogique, c’est surtout à cause de son ampleur. En effet, cette fois-ci, il ne s’agit plus d’une expérience limitée. On vise la population scolaire dans son ensemble.
31De son côté, l’autorité universitaire paraît encourager cette innovation. Ainsi, en 1832, Tardivel, inspecteur de l’académie de Rennes, lors d’une conférence d’instituteurs organisée à Saint-Brieuc, précise qu’il faut se conformer au son que font les lettres et non pas aux « sons donnés dans l’alphabet26 ».
32Le conseil paraît être largement suivi. En effet, au cours de l’année scolaire 1836-1837, parmi les 24 écoles mutuelles du Morbihan, 17 utilisent la méthode de Lamotte et 7 celle de Peigné. Pourtant, dans les plus importantes de Bretagne, on préfère plutôt la deuxième. C’est le cas à Brest, à Lambézellec, à Landerneau, à Saint-Brieuc et à Rennes. Dans cette dernière ville, Lemée, directeur de l’école municipale de la Halle-aux-Toiles, affirme qu’elle est reconnue comme étant la meilleure. Son adjoint, Léonard, qui s’occupe de la classe accueillant les jeunes enfants, est plus prolixe sur les bienfaits de la méthode et déclare :
« La méthode que je suis dans ma classe pour l’enseignement de la lecture est celle de Mr Paigner [sic] ; cette méthode déjà outre le grand avantage qu’elle a en rejetant l’ancienne épellation en offre encore un plus grand dans la facilité et la simplicité de ses procédés peu multipliés. Cette méthode de lecture bien suivie par le maître peut conduire en peu de temps à d’heureux résultats ; et j’en ai moi-même depuis peu des preuves bien convaincantes. Plus de 25 élèves qui sont entrés à l’école au mois de janvier, tous enfants âgés de 5 à 6 ans, et qui n’avaient avant aucune connaissance en fait de lecture, se trouvent maintenant une partie lisant très couramment et les autres assez bien27. »
33Les tableaux de lecture sont les supports que les apprentis lecteurs utilisent. Ceux qui lisent couramment, et ils sont désormais plus nombreux, se perfectionnent dans les livres. Pendant la Restauration, les ouvrages étaient rares et d’un contenu presque exclusivement religieux mais qu’en est-il sous la monarchie de Juillet ?
34Si l’on examine les inventaires de l’école mutuelle de Brest, côté ville, le nombre de livres mis à la disposition des élèves croît globalement entre 1820 et 1839. Ainsi, pendant cette période, il est presque multiplié par huit, passant de 35 à 275. C’est entre 1833 et 1834 que se produit la plus importante augmentation. Au cours de cette année-là, le nombre d’ouvrages fait plus que tripler, s’élevant de 59 à 205. Il faut peut-être attribuer ce progrès au zèle de Lemée, alors directeur de cette école. Mais cet essor ne dure pas. Dès 1836, on constate une baisse des livres disponibles. Il faut dire que l’établissement connaît une période difficile et il est probable que, cette fois, le nouveau maître, Laurent, laisse la situation se dégrader. En effet, les livres ont été abîmés ou ont disparu. C’est le cas par exemple de la belle collection de Maître Pierre, sorte d’encyclopédie populaire. Achetée en 1834, elle a perdu 17 volumes trois ans plus tard. Et encore, sur les 53 volumes restants, seuls 23 sont en bon état. Heureusement, à partir de 1837, le nouvel instituteur, Palud, qui deviendra plus tard inspecteur primaire, augmente le nombre de livres et en accroît un peu la variété en introduisant 10 exemplaires narrant l’aventure de Robinson Crusoë.
35À l’école mutuelle de Pont-Scorff, grâce à l’action conjointe du sous-préfet et de l’inspecteur, les livres sont également assez nombreux et variés. Il y a, hormis les livres religieux, 24 Vie de Louis-Philippe, 10 Simon de Nantua et 10 Morale en action. Les autres inventaires étudiés, à part celui de Brest, ne montrent pas une bibliothèque aussi riche. Cependant, pour l’instituteur, Le Merle, ce n’est pas encore assez. Deux ans plus tard, il réclame encore des livres à l’inspecteur. Il explique : « Il n’y a pas d’argent ; cependant toujours les mêmes livres, toujours les mêmes tableaux. Les élèves les savent par cœur et s’ennuient de lectures qui n’ont pas été changées depuis cinq ans28. »
36Si l’on considère le contenu des ouvrages, on peut observer que, sur 11 inventaires conservés, 43 % sont de nature religieuse, 8 % ont trait à la morale dont le plus emblématique est Simon de Nantua, 18 % sont des abécédaires. Les livres à caractère instructif représentent 23 % de l’ensemble. Il s’agit, d’une part, de petites encyclopédies populaires tels Maître Pierre ou le savant de village29 ou Les Petits livres du père Lami30. D’autre part, ce sont des livres dont le but est avant tout de diffuser des connaissances pratiques tel le Manuel d’agriculture31 de Gossin.
37Les manuscrits lithographiés peuvent également être considérés comme instructifs, En effet, outre la fonction d’entraîner les élèves à lire les textes manuscrits, ces ouvrages permettent de diffuser auprès d’eux des connaissances tant générales qu’usuelles. Voici ce qu’en dit Merpaut, l’inspecteur primaire du département de la Loire-Inférieure, dans son rapport général pour l’année scolaire 1835-1836 :
« Une amélioration que je ne dois pas passer sous silence, c’est l’introduction, dans beaucoup d’écoles, des manuscrits lithographiés ou fac simile. J’ai été plus d’une fois agréablement surpris de la facilité avec laquelle de jeunes enfants de la campagne déchiffraient sans hésitation, au premier endroit venu, des pages entières qui eussent présenté des difficultés réelles, même à des hommes habitués aux affaires. La lecture de ces manuscrits gradués remplace très avantageusement la lecture des vieux contrats qui sont presque toujours semés d’une foule de fautes grossières d’orthographe et d’expressions impropres, que le maître est rarement capable de faire apercevoir aux enfants. On peut tirer un parti immense du plaisir que les jeunes gens prennent à vaincre la difficulté que présente la lecture des manuscrits lithographiés. Je regarde ces manuscrits comme un des moyens les plus propres à inspirer le goût de l’étude et à propager les connaissances utiles à toutes les classes de la société. Les personnes qui s’occupent de la composition de cette espèce d’ouvrages, où l’on peut traiter toutes sortes de sujets et de matières, rendent, à l’instruction primaire, un service tout à fait important, qui doit leur valoir la reconnaissance des instituteurs et celle des enfants et de leurs parents32. »
38Malgré le silence des fondateurs parisiens sur l’apprentissage du français par des populations ne le parlant pas, ce qui est le cas des Bretons de Basse-Bretagne, il existe quelques témoignages qui font penser que certains maîtres mutuels ont dû adapter leur méthode. Ainsi, l’instituteur de l’école de Pont-Croix, Odéyé, lui-même bretonnant, explique la solution qu’il a trouvée pour pallier cet obstacle :
« L’idiome bas-breton avait déjà été l’objet de mes relations avec M. Bégé, justement alarmé du retard qu’apporterait cette différence de langage. Pour y remédier nous convînmes que la marche à suivre serait de ne rien changer à la méthode d’enseignement : que les explications seraient données en français et aussitôt traduites dans la langue du pays33 […]. »
39À l’école mutuelle de Lambézellec (Finistère), on paraît se servir de colloques français-breton dont 24 exemplaires figurent à l’inventaire. Voici ce que l’inspecteur Dufilhol déclare à leur sujet :
« Le livre intitulé Colloques français-breton mérite l’attention la plus sérieuse : c’est le seul qui ait pour objet l’enseignement du français aux Bretons. Il se compose de deux parties : 1° un vocabulaire, 2° des dialogues. Le vocabulaire est divisé en deux colonnes : la première renferme les mots français les plus usuels, la seconde les mots bretons correspondants. Les élèves doivent chaque jour apprendre un certain nombre de mots. Le maître énonce d’abord le mot breton ; l’enfant dit le mot français ; ou bien l’exercice est inverse. Les dialogues sont familiers et la plupart se rapportent aux circonstances les plus communes. L’exercice sur les dialogues a lieu comme celui du vocabulaire ; c’est une véritable méthode interlinéaire. Mais, d’une part, le vocabulaire est trop court et aurait besoin de nombreux perfectionnements quant au choix des mots, quant à leur classification ; de l’autre, les dialogues sont souvent très mal choisis pour les jeunes paysans. Ainsi, l’un de ces dialogues a lieu entre deux demoiselles qui dissertent sur leur leçon de danse. Il serait donc nécessaire de revoir les dialogues, et d’ajouter à l’ouvrage une troisième partie qui contînt des lectures françaises bien graduées, avec la traduction bretonne interlinéaire ; enfin, une quatrième partie donnerait aux instituteurs des préceptes sur la manière de se servir du livre34. »
40Cependant, la prise en compte du bilinguisme par les maîtres est sans doute relative et très limitée. En effet, en 1833, le même inspecteur se félicite de la manière qu’ont certains instituteurs de punir les élèves qui parlent breton à l’école :
« Celui qui a parlé breton le dernier ne peut participer aux jeux et il est obligé de tenir en main un assez lourd morceau de bois jusqu’à ce qu’il ait entendu un de ses camarades parler breton. Il court alors lui remettre son fardeau et se trouve délivré. Les enfants exercent cette surveillance d’une manière fort active et fort gaie35. »
41S’agissant de l’enseignement de l’écriture, la grande innovation des écoles mutuelles avait été d’introduire l’usage du sable et de l’ardoise. Il semble que celui du sable soit tombé en désuétude dans certaines localités pendant la monarchie de Juillet. On sait, par exemple, que ce procédé n’est pas employé, en 1835, à Rennes, ni dans la grande classe mutuelle, ni dans celle des petits enfants tenue par Léonard. Dans les établissements brestois, il n’est pas indiqué non plus. En revanche, il est signalé à Lorient et à Paimpol. Concernant la première ville, seul un petit nombre d’élèves est concerné par cette première étape. Ainsi, dans cette école, ils sont seulement 20 sur 175 enfants présents qui s’initient de cette manière à la calligraphie. Quant à Paimpol, on apprend que les membres du comité communal ont voulu améliorer le procédé en bannissant le tracé avec le doigt et en prévoyant un marquage de lignes. Voici leur décision telle qu’elle apparaît dans le nouveau règlement :
« Afin d’habituer les commençants à tenir régulièrement la plume, les élèves des bancs du sable seront pourvus de petits bâtons dont ils se serviront pour tracer les lettres. Les rabots seront déposés de manière à tracer deux traits saillants sur le sable qui serviront de régulateurs pour la hauteur des caractères36. »
42Quant à l’usage de l’ardoise, il semble ne pas beaucoup varier d’une école à l’autre. À Rennes, ils sont 70 élèves sur 212, en 1835, à écrire sur ce support, soit un tiers de l’effectif. On retrouve la même proportion à Brest, à l’école de Recouvrance en 1840 (52 sur 160). À Lambézellec, en 1836, c’est un peu plus : 32 sur 80, soit 40 %. Les situations les plus favorables se rencontrent à Brest (côté ville) en 1844 : 52 sur 112 et à Lorient en 1843 : 90 sur 175, soit, dans ce dernier cas, un peu plus de la moitié de la classe. Dans ces écoles mutuelles qui sont parmi les plus importantes de Bretagne à cette époque, la proportion des élèves écrivant sur l’ardoise varie d’un tiers à environ la moitié de l’effectif total. Ainsi, ce support paraît moins utilisé que sous la Restauration où seule une minorité avait accès à la plume.
43Parallèlement, l’écriture sur papier se développe. À l’école mutuelle de Brest (côté ville), ce changement d’usage est nettement perceptible après 1833. Ainsi, sur l’inventaire de 1834, on constate que l’école vient de recevoir 46 nouveaux encriers en plomb. L’inventaire dressé l’année précédente ne révélait la présence que d’une seule « écritoire » en faïence. Autant dire que la plupart des élèves ne s’étaient, jusqu’à cette date, sans doute jamais exercés à écrire avec une plume.
44Enfin, il faut parler d’un dernier progrès, celui de l’introduction de la plume métallique. On sait qu’elle est utilisée dès 1842 à l’école des Frères de Brest. Cependant, le sous-inspecteur, venu visiter cet établissement n’est pas favorable à son emploi. Il déclare :
« Le principal obstacle, à mon avis, aux progrès en écriture, c’est l’emploi de plumes métalliques. Il est rare d’en trouver de bonnes, à moins d’y mettre un prix fort élevé. Seraient-elles, d’ailleurs, de première qualité, elles ne tardent pas à alourdir la main de l’enfant. Les pleins qu’elles forment sont maigres et durs ; les déliés et les liaisons, péniblement conduits37. »
45Quels que soient les défauts de ce nouvel instrument, les écoles mutuelles semblent, de toute façon, le négliger à cette époque. En effet, pour la période de la monarchie de Juillet, on n’en trouve aucune trace dans les inventaires connus. Le premier témoignage qui atteste son introduction dans une école mutuelle, en Bretagne, est assez tardif. Il concerne l’école de Recouvrance à Brest et date de 1851. Jusqu’à cette époque, il faut tailler les plumes d’oie avec un canif, tâche souvent confiée aux moniteurs.
46Concernant la pédagogie de l’arithmétique, Lemée, directeur de l’école de la Halle-aux-Toiles à Rennes livre un témoignage précieux :
« Les élèves étaient tous si faibles que j’ai repris à la numération. Plusieurs font très bien les 4 premières règles et calculent vite. Ce résultat est dû à ce qu’une partie de la classe d’arithmétique est consacrée, chaque jour, au calcul de mémoire pour les 4 opérations fondamentales. Deux cercles font la division et résolvent de petits problèmes relatifs aux quatre opérations ; ils commencent à raisonner leurs opérations. Quatre cercles font les trois premières opérations mais sont moins forts que les précédents pour le calcul de mémoire. Les trois autres cercles font l’addition et la soustraction ; mais sans raisonnement. Sept cercles font l’addition seulement. Trois cercles écrivent et lisent des nombres assez considérables ; les 3 derniers n’écrivent que des nombres de 3 chiffres et apprennent à compter38. »
47La pédagogie ainsi décrite recentre les apprentissages sur la connaissance des nombres et celle des quatre opérations. En outre, pour les élèves les plus avancés, on souhaite qu’ils « raisonnent » leurs opérations. Dans le même esprit, on introduit les petits problèmes dans la dernière classe.
48La loi du 28 juin 1833 insiste particulièrement sur l’enseignement de système légal des poids et mesures. À Rennes et à Brest, il ne concerne pourtant qu’une minorité des élèves. À Lorient, c’est le contraire car tous doivent connaître la nomenclature dès les premières classes. Évidemment, une chose est de réciter par cœur les noms des différentes unités de mesure, une autre est de comprendre et d’utiliser de manière pertinente le nouveau système.
49Enfin, s’agissant du matériel pour l’arithmétique, il faut mentionner l’utilisation de tableaux muraux comme pour la lecture. Mais la grande nouveauté dans ce domaine, ce sont les tableaux noirs préconisés par la Société pour l’instruction élémentaire et indiqués par le manuel de Sarazin. À Brest, ceux-ci arrivent entre octobre 1833 et octobre 1834. Il en existe un pour chaque cercle. Il semble que toutes les écoles mutuelles bretonnes soient bien fournies de ce mobilier nouveau. Ainsi, celle de Lambézellec en possède 18, celle de Pont-Scorff, 10, celle de Josselin, 6 et celle de Lorient, 34. Il faut dire que les tableaux noirs ne servent pas qu’à l’arithmétique, ils sont aussi utilisés pour le dessin linéaire.
50Hormis le contenu et les procédés d’enseignement, l’organisation des classes hiérarchisées en huit degrés, à l’origine, est également l’objet de modifications. À ce propos, voici ce que les notables du comité local, venus visiter l’école mutuelle de Rennes en 1835, expliquent :
« Les trois premiers cercles apprennent à connaître les lettres. Les sept cercles suivants lisent des sons simples ou composés, ou même des mots entiers dans une série de tableaux d’une difficulté toujours croissante. Passé le onzième cercle, la traduction des évangiles est entre les mains de tous les élèves. Ils commencent à lire couramment, surtout dans les cercles supérieurs, mais tous font encore des fautes plus ou moins nombreuses39. »
51Ainsi, dans cette école, il existe plus de onze classes. En réalité, se dégagent trois grandes divisions didactiques. Mais, à l’intérieur de celles-ci, les niveaux intermédiaires se laissent entrevoir lorsqu’il est question de tableaux de difficulté croissante entre le 4e et le 10e cercle. De même, les cercles du niveau supérieur, entre le 11e et le dernier cercle, ne sont pas, de l’avis des visiteurs, de même force.
52La situation brestoise apporte des éléments qui aident à comprendre l’évolution de la classification des élèves, particulièrement en ce qui concerne la lecture. Ainsi, en 1840, à l’école de Recouvrance, Durbec, rompu depuis vingt ans à l’enseignement mutuel, conserve toujours les huit classes caractéristiques de cette méthode. Cependant, pour distinguer les niveaux d’acquisition à l’intérieur de la huitième classe, il la divise en quatre sections de force croissante. Son collègue, Perron, qui enseigne de l’autre côté de la Penfeld, rend compte, à sa manière, de la même réalité :
« La lecture se divise en 14 divisions. Les 3 premières lisent très bien. Les 3 après lisent bien et les 3 suivantes passablement. Les autres lisent dans les tableaux. Ce sont en grande partie de nouveaux élèves qui sont venus à l’école connaissant à peine leurs lettres40. »
53Dans cette ville, comme à Rennes, les élèves ayant achevé leur lecture sur les tableaux étaient assez nombreux. Dix cercles sur 20 à Rennes et 9 divisions sur 14 à Brest (côté ville) lisent dans les livres. À Recouvrance, ce sont 60 élèves sur 160 qui sont arrivés à la fin du cursus. Il est nécessaire, dans ce cas, de dépasser le classement en huit degrés induit par les tableaux. Ainsi aux classes traditionnelles du mode mutuel s’ajoutent désormais des divisions de lecture déterminées par le seul jugement du maître.
54Il ne faudrait pas croire cependant que toutes les écoles mutuelles admettent les modifications observées à Rennes ou à Brest. Ainsi, à Lorient, en 1838, quand Thomas, l’instituteur de l’école communale rend compte des progrès de ses élèves auprès de l’inspecteur, il dresse un tableau où il fait apparaître huit classes dans chaque matière. Enfin, il faudrait citer l’école communale des Ponts à Nantes. La description faite par les membres du comité local venus la visiter montre les classes de lecture telles qu’elles avaient été pensées à l’origine. Voici leur récit :
« Quand nous entrâmes les enfants étaient à la leçon de lecture : dans une classe on apprenait à connaître les lettres, dans une autre à les assembler ; dans celle-ci on lisait les mots, dans celle-là les phrases. Dans les deux classes supérieures on faisait des exercices d’analyse grammaticale41. »
55Cependant, il n’y a pas encore assez d’élèves dans cette école qui vient d’être établie depuis un an seulement. Aussi, le maître n’a pas formé le nombre de classes nécessaires à la progression prévue par la méthode. Les délégués du comité local veulent que le nombre des élèves augmente afin, disent-ils, « de multiplier les classes » et ainsi réduire les « nuances trop prononcées » qui existent entre elles. Ils expliquent que, dans la situation actuelle, « les élèves se trouvent dans une classe au-dessus ou au-dessous de leur force ».
56Ainsi, on observe, sous la monarchie de Juillet, un certain éclectisme pédagogique. En effet, les maîtres ont composé avec le principe des huit classes hiérarchisées hérité de la méthode d’enseignement mutuel. On assiste parfois à la réduction du nombre de classes prévu comme à l’école des Ponts, à Nantes. Mais, dans d’autres endroits, comme à Rennes et à Brest, on tend plutôt à les augmenter. Cela est dû à la présence, dans ces grandes villes, d’élèves plus instruits. Paradoxalement, dans ce dernier cas, la perspective change. Les multiples divisions sont perçues dans des ensembles plus larges. Cette évolution est peut-être aussi la conséquence de la nouvelle réglementation scolaire qui n’admet plus que trois niveaux depuis avril 1834. En tout cas, elle la rejoint sous la forme d’un compromis.
Succès de la géographie mais déclin du dessin linéaire
57Lire-écrire-compter, ce n’est pas le seul programme des écoles mutuelles, on l’a vu précédemment. Quant à la loi du 28 juin 1833, elle distingue deux sortes d’instruction primaire : élémentaire et supérieure. L’instruction élémentaire comprend « l’instruction morale et religieuse, la lecture, l’écriture, les éléments de la langue française et du calcul, le système légal des poids et mesures42 ». Quant à l’instruction supérieure, elle inclut en outre « la géométrie, particulièrement le dessin linéaire et l’arpentage, les notions de sciences physiques et de l’histoire naturelle, applicables aux usages de la vie ; le chant, les éléments de l’histoire et de la géographie, et surtout de l’histoire et de la géographie de la France43 ». Voilà pour l’héritage et les principes mais qu’en est-il dans la pratique ? En réalité, deux de ces enseignements paraissent évoluer de manière significative dans les écoles mutuelles par rapport à la période précédente. Il s’agit du dessin linéaire et de la géographie.
58Le dessin linéaire, sous l’impulsion du ministre Decazes, avait été très en vogue dans les écoles mutuelles sous la Restauration. Force est de constater qu’il est moins en faveur pendant la période suivante. Il est enseigné dans seulement la moitié des 24 établissements étudiés. En outre, il ne concerne bien souvent qu’une minorité des élèves. À cet égard, il faut noter une exception, celle concernant l’école tenue par Campion à Saint-Brieuc en 1834 où 71 % des enfants apprennent à mesurer et à reproduire des figures.
59Une des difficultés réside dans le manque de matériel. Ainsi, à Brest, le maître mutuel, Palud, dénonce la pénurie :
« Avec quoi entretiendrai-je maintenant la classe ? J’ai besoin, en outre, de tableaux, de 4 ou 5 douzaines de livres, et je ne puis enseigner ni la géographie, ni le dessin linéaire, vu que la classe n’est pourvue ni de cartes, ni de tableaux, ni d’instruments44. »
60Quelques années plus tard, son successeur, Perron, signale qu’il commence l’enseignement du dessin linéaire dans cette école et que celui-ci est pratiqué sans instrument. En réalité, cela veut sans doute dire que les tracés se font à main levée, comme sous la Restauration. Les mesures sont ensuite vérifiées par le maître ou le moniteur avec une règle. À Landerneau, le maître, Pierre, est confronté au même problème. Il ne débute cette sorte de géométrie pratique qu’en 1841, et cela sans grand enthousiasme. En effet, il déplore : « Nous avons commencé l’enseignement du dessin linéaire. Mais je ne pourrai aller bien loin, n’ayant ni instruments, ni tableau45. » À Vannes, le maître, Le Verger, pense que cet enseignement est utile pour des enfants se destinant aux « professions mécaniques ». Lui, non plus, n’a pas le matériel nécessaire. Aussi, demande-t-il humblement que la municipalité lui achète trois ou quatre compas dont il prendra soin et qui ne seront destinés qu’aux élèves indigents46. On le voit, il faut ménager la pingrerie des édiles !
61À Rennes et à Nantes, la situation semble plus favorable de ce point de vue et les autorités ont l’air plus soucieuses de cette branche de l’enseignement. Ainsi, dans la capitale bretonne, le programme, quoique modeste, paraît satisfaisant pour les délégués du comité local venus inspecter la marche de l’école. Ils expliquent :
« Il n’est encore enseigné qu’à un très petit nombre d’élèves. Ils connaissent les figures géométriques à trois et à quatre côtés et leurs définitions, et sont exercés à tracer, à vue d’œil, des lignes et des angles d’une grandeur donnée47. »
62Quant à Nantes, montrant également leur intérêt pour le dessin linéaire, les inspecteurs délégués par le comité local ne se laissent pas abuser par les productions un peu trop léchées que Touron, le maître de l’école mutuelle de Ponts, leur présente. Ils rapportent :
« Nous avons, il est vrai, trouvé quelques dessins linéaires dans des cartons mais ils étaient très rares. Ils étaient lavis, finis, en un mot travaillés comme pour la montre. Ce n’est pas là ce que désire le comité. Ce qu’il désire, c’est que les élèves fassent beaucoup de ces dessins, qu’ils les fassent correctement mais qu’ils ne perdent pas des semaines, des mois peut-être à finir et peindre ces dessins qui devraient être faits chacun en un ou deux jours48. »
63En réalité, l’enseignement du dessin linéaire est très variable suivant les localités. Dans la moitié d’entre elles, il est ignoré. Il est surtout présent dans les villes les plus importantes. Cependant, cela concerne peu d’élèves et le programme est peu étendu faute de matériel ou d’ambition. Il n’y a qu’à Nantes où le maître semble faire du zèle en présentant de véritables petits chefs-d’œuvre de dessin faits davantage pour épater les visiteurs que pour exercer l’ensemble des élèves dans cette discipline. Au total, cette nouveauté dont les écoles mutuelles s’étaient enorgueillies pendant la Restauration ne réussit pas à se développer pendant la période suivante. Aux premiers enthousiasmes succède le manque d’ambition pour cette nouvelle branche de l’enseignement. Sont en cause les municipalités qui rechignent devant les dépenses matérielles nécessaires mais aussi la formation insuffisante des maîtres.
64Autant le dessin linéaire avait été l’innovation de la Restauration, autant la géographie est celle de la monarchie de Juillet. Sur les 24 écoles mutuelles considérées, 14 proposent cette matière. Il faut, cependant, relativiser son importance car, là aussi, seuls les élèves les plus avancés sont concernés. Le matériel requis pour cet enseignement fait son apparition pour la première fois dans les écoles primaires. Il s’agit de cartes murales, dont certaines sont muettes alors que d’autres comportent des indications écrites, ce qui constitue une nouveauté pédagogique. Ce sont Meissas et Michelot qui publient, les premiers, ces supports en 183249. Dans les grandes écoles mutuelles, les cartes se diffusent dans la première décennie de la monarchie de Juillet. À Saint-Brieuc, Campion, directeur de l’école mutuelle, est un précurseur enthousiaste. Il achète, dès 1832, à ses frais, sept cartes, à savoir celles du monde, des cinq continents (Afrique, Amérique, Asie, Océanie et Europe) et sans doute celle de France avec les cartes muettes correspondantes. Il a ainsi dépensé 40 francs qu’il espère se faire rembourser par la municipalité. Mais celle-ci refuse, du moins dans un premier temps. À Rennes, elles existent dès 1835. À l’école mutuelle de Brest (côté ville), celle de France apparaît en 1837, suivie un an après de celle de l’Europe et du monde. À Lorient, une carte de France et une d’Europe sont acquises en 1840. Mais dans certains endroits, ce matériel nouveau se fait attendre comme à Landerneau où, en 1843, l’inspecteur désire que la municipalité fasse l’acquisition de « cartes muettes et parlantes50 ».
65Quant au contenu de cet enseignement, Le Mée, directeur de l’école mutuelle de Rennes, le décrit ainsi :
« Un petit nombre d’élèves apprennent la géographie ; il n’y a encore que 3 cercles. Les plus forts savent les contrées, mers, détroits, golfes, îles, presqu’îles, isthmes, caps et montagnes de l’Europe, et passeront incessamment à la France. Le second cercle sait les contrées, mers, détroits, golfes. Le troisième ne sait encore que les contrées, les mers et les détroits. Tous étudient sur des cartes muettes51. »
Une pédagogie des éléments
66Ayant examiné les différents aspects de la pédagogie des écoles mutuelles, il est possible de dresser quelques conclusions. La première est que, loin de se figer, celle-ci continue d’évoluer au cours de la monarchie de Juillet. Ainsi, à l’instar des classes parisiennes, la classe des moniteurs fait son apparition dans certaines écoles mutuelles de Bretagne, particulièrement à Rennes, Saint-Brieuc et Brest. L’enseignement est alors dispensé après la classe suivant les principes de la méthode simultanée. Cependant, dans certains endroits l’instruction des moniteurs est difficile à établir durablement, soit du fait de l’éloignement des habitations, soit à cause de la surcharge de travail que cela induit pour le maître.
67Du point de vue des contenus, les écoles mutuelles font preuve d’innovation et d’adaptation. En lecture, la nouvelle épellation est généralisée. Les élèves lisent un peu plus dans les livres. Cependant, ceux-ci sont encore trop peu nombreux et ne favorisent guère la compréhension. Ils sont avant tout religieux et moraux. Le contenu instructif n’est pas très développé et l’aspect distractif est une exception. Les tableaux, quant à eux, gardent toute leur utilité, surtout pour les commençants.
68Rompant avec les pratiques de la Restauration, les élèves écrivent moins sur le sable et sur les ardoises. On utilise davantage la plume et le papier que durant la période précédente. L’arithmétique fait place désormais au raisonnement même si celui-ci ne concerne que les élèves les plus instruits. Le tableau noir qu’on introduit alors dans beaucoup d’écoles rend, de son côté, l’enseignement plus démonstratif. Enfin, la géographie apparaît pour la première fois avec l’utilisation des cartes sous deux formes : indicative ou muette.
69Pourtant, de manière globale, l’extension des disciplines observée lors de la période précédente marque le pas. Elle concerne toujours une minorité d’élèves. Il s’agit surtout d’orthographe et de quelques notions de grammaire. Le dessin linéaire recule même. Il faut dire qu’il existe désormais un enseignement supérieur sur lequel, dans les plus grandes villes, on compte pour assurer un enseignement plus poussé.
70Au total, même si les écoles mutuelles gardent l’essentiel de ce qui les caractérise et savent se moderniser, elles semblent confinées à l’enseignement des premiers éléments. La classe des moniteurs et les écoles primaires supérieures assurent désormais l’instruction plus avancée.
Notes de bas de page
1 Salmon D., The practical parts of Lancaster’s Improvements and Bell’s Experiment, p. 19.
2 Nique C., Comment l’école devint une affaire d’État (1815-1840), Paris, Nathan, 1990, p. 201-207.
3 Gréard O., La législation de l’instruction primaire en France, depuis 1789 jusqu’à nos jours, t. ii, de 1833 à 1847, Paris, typographie Delalain, imprimeurs de l’Université, 2e édition, 1891, p. 123-128, Statuts sur les écoles primaires élémentaires communales, approuvés par le Conseil royal de l’Instruction publique, le 25 avril 1834.
4 Statuts sur les écoles primaires élémentaires communales, 25 avril 1834, article 5.
5 Ibid., article 6.
6 Ibid., article 7.
7 L’article 13 des Statuts stipulait : « Il y aura pour les écoles de chaque arrondissement une répartition des leçons et d’exercices qui sera faite par le comité supérieur et soumise à l’approbation du Conseil royal. »
8 AD 29, 1 T 10, registre des délibérations du comité d’instruction primaire de l’arrondissement de Brest, séance du 6 novembre 1835.
9 Ibid.
10 Ibid.
11 Ibid.
12 AD 22, 1 T 37, extrait du registre du comité d’instruction primaire de l’arrondissement de Saint-Brieuc, séance du 1er décembre 1834, statut sur les écoles primaires élémentaires communales.
13 AD 56, T 7, règlement pour les écoles primaires élémentaires de l’arrondissement de Lorient, adopté et arrêté par le comité supérieur de l’arrondissement, dans sa séance du 20 juin 1836, et approuvé par M. le Recteur de l’académie, le 28 septembre 1842.
14 AD 56, T 212, lettre du recteur de l’académie de Rennes, Le Grand, à l’inspecteur primaire du Morbihan, 15 décembre 1837.
15 AN, F17, 9 370, rapport fait par Merpaut, inspecteur des écoles primaires de la Loire-Inférieure, 4 décembre 1836.
16 AN, F17, 9 370, rapport fait par Chevreau, inspecteur des écoles primaires du Morbihan, année scolaire 1835-1836.
17 Sarazin, op. cit., édition de 1839, nouvel emploi du temps adopté par le comité d’instruction primaire de Paris, 29 avril 1835, p. 188.
18 AM, Paimpol, 1 R 2, registre du comité local d’instruction primaire, règlement complémentaire pour les écoles de Paimpol, article 3, séance du 4 septembre 1838.
19 AD 22, 1 T 37, enquête du comité d’instruction primaire de l’arrondissement de Saint-Brieuc en vue de régler la répartition des leçons et des exercices des écoles de son ressort, 30 avril 1839. Tableau de l’école mutuelle de Plourivo.
20 AD 22, 1 T 37, enquête du comité d’instruction primaire de l’arrondissement de Saint-Brieuc en vue de régler la répartition des leçons et des exercices des écoles de son ressort, 30 avril 1839. Tableau de l’école mutuelle de Plourivo.
21 AM, Saint-Brieuc, 1 R 2, lettre de Cuvet, directeur de l’école mutuelle de Saint-Brieuc, aux membres de la commission du conseil municipal de Saint-Brieuc chargée d’examiner la proposition relative à la réunion de l’école primaire supérieure et de l’école mutuelle de cette ville, 18 janvier 1841.
22 AM, Rennes, R 11, rapport fait par Lemée au président du comité communal sur la marche des études, les progrès et la situation de l’école municipale de la Halle-aux-Toiles pour le 1er trimestre 1835, 9 avril 1835.
23 Prost A., Histoire de l’enseignement en France, 1800-1967, Paris, Armand Colin, 1968, p. 127.
24 Juanéda-Albarède C., Cent Ans de méthodes de lecture, Paris, bibliothèque Richaudeau, Albin Michel, 1998, p. 28 et p. 48.
25 Grammaire générale et raisonnée, Paris, 1754, p. 52-24. La première édition date de 1660.
26 AM, Saint-Brieuc, 1 R 9, registre du comité d’instruction primaire de l’arrondissement de Saint-Brieuc, séance du 7 juin 1832.
27 AM, Rennes, R 11, rapport fait au président du comité communal sur la marche des études de l’école élémentaire, 9 avril 1835.
28 AD 56, T 463, lettre de l’instituteur de l’école mutuelle de Pont-Scorff, Le Merle, à l’inspecteur des écoles primaires du Morbihan, 9 novembre 1839.
29 Maître Pierre ou le savant de village, Paris ou Strasbourg, F.-G. Levrault.
30 De Jussieu L.-P., Les Petits livres du père Lami, Paris, Louis Colas, 1819.
31 Gossin L., Manuel élémentaire d’agriculture à l’usage des écoles primaires des départements de la Mayenne, d’Ille-et-Vilaine, des Côtes-du-Nord, du Finistère, du Morbihan et de la Loire-Inférieure, Nantes, 1840.
32 AN, F17, 9 370, rapport fait par Merpaut, inspecteur des écoles primaires de la Loire-Inférieure, année scolaire 1835-1836, 4 décembre 1836.
33 AD 29, 1 T 201, lettre du maître de l’école mutuelle de Pont-Croix, Adolphe Odéyé, au préfet du Finistère, 10 mai 1831.
34 AD 29, 1 T 35, inspection des écoles primaires de l’arrondissement de Brest, extra muros, par M. Dufilhol, l’inspecteur délégué pour les écoles primaires de l’arrondissement de Brest, 18 octobre 1833.
35 AD 29, 1 T 35, inspection des écoles primaires de l’arrondissement de Brest, extra muros, par M. Dufilhol, l’inspecteur délégué pour les écoles primaires de l’arrondissement de Brest, 18 octobre 1833.
36 AM, Paimpol, 1 R 2, délibérations du comité communal d’instruction primaire, règlement complémentaire pour les écoles de Paimpol, article 6, séance du 4 septembre 1838.
37 AD 29, 1 T 36, rapport adressé à Monsieur le Préfet du Finistère, sur sa demande, par le sous-inspecteur primaire du département, 10 mars 1842.
38 AM, Rennes, R 11, rapport de Lemée (directeur) fait au président du comité communal sur la marche des études à l’école municipale de la Halle-aux-Toiles, 9 avril 1835.
39 AM, Rennes, R 11, rapport d’inspection des écoles communales de la ville de Rennes, fait par Le Hennaf et Vannier au comité local d’instruction primaire, 21 décembre 1835.
40 AM, Brest, 1 R 2, école mutuelle de Brest, rapport du 1er trimestre de l’année 1840-1841, établi par Perron, directeur de l’établissement.
41 AM, Nantes, R 1, carton 4, registres des délibérations du comité de surveillance de l’enseignement primaire, 4e canton, procès-verbal de la visite faite aux écoles publiques le 21 mars 1836.
42 Loi du 28 juin 1833 sur l’instruction primaire, titre 1er, article 1er.
43 Ibid.
44 AM, Brest, 1 R 2, lettre du directeur de l’école communale de Brest (côté ville), Palud, au maire, 18 septembre 1838.
45 AD 29, 1 Z 178, rapport de Pierre, directeur de l’école communale de Landerneau, au maire et aux membres du comité local d’instruction primaire, 17 octobre 1841.
46 AM, Vannes, lettre du directeur de l’école communale mutuelle de Vannes au maire, 16 février 1838.
47 AM, Rennes, R 11, rapport d’inspection des écoles communales de la ville de Rennes, fait par Le Hennaf et Vannier au comité local d’instruction primaire, 21 décembre 1835.
48 AM, Nantes, R 1, carton 4, délibérations du comité de surveillance de l’enseignement primaire, 4e canton, séance du 12 juillet 1847.
49 Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, sous la direction de Ferdinand Buisson, 1re partie, tome premier, Paris, Hachette, 1887, p. 339.
50 AM, Landerneau, série R, extrait du registre d’inspection de l’école mutuelle de Landerneau, inspection du 30 mai 1843.
51 AM, Rennes, R 11, rapport de Lemée (directeur) fait au président du comité communal sur la marche des études à l’école municipale de la Halle-aux-Toiles, 9 avril 1835.
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