Chapitre IX. Des intermédiaires entre auteurs et lecteurs
p. 267-279
Texte intégral
1La plupart des ouvrages du corpus sont imprimés, édités et vendus à Paris. C’est ainsi le cas, avant tout, des dictionnaires encyclopédiques et dictionnaires spécialisés, seul le Dictionnaire œconomique de Chomel étant édité ailleurs au XVIIIe siècle, en l’occurrence à Lyon en 1709 mais aussi à Paris dès 1718. Mais on ne peut pas poser le même regard sur les libraires et imprimeurs parisiens et sur les libraires et imprimeurs provinciaux, comme les premiers ont plus souvent la capacité de tirer davantage d’exemplaires et de mieux les distribuer, l’édition provinciale restant le plus souvent limitée à une diffusion locale, en tout cas au sujet de la littérature agronomique spécialisée, avec un moins grand nombre supposé d’exemplaires, si ce n’est dans quelques exemples rares, à Strasbourg, à Lyon… L’imprimerie rouennaise n’apparaît quasiment pas dans notre corpus, contre une activité éditoriale globale qui en fait l’une des trois premières villes de France en la matière au Siècle des Lumières, à côté de Lyon et de Paris.
2L’historien Wallace Kirsop insiste sur le cloisonnement du monde éditorial de l’Ancien Régime, avec une concurrence que chacun des acteurs connaît bien, autour du Quartier latin, du Palais ou du quai des Augustins, à Paris, autour de la rue Mercière à Lyon1. Les libraires et imprimeurs parisiens ont davantage de protections par rapport aux provinciaux, avec des privilèges solides, quasi perpétuels jusqu’aux arrêts de 1777. Les auteurs, par contre, ont des droits restreints vis-à-vis de leurs éditeurs, ne pouvant pas, par exemple, se charger eux-mêmes de la vente des livres avant 1777, année au cours de laquelle on leur accorde ce droit, avec la multiplication des mentions « chez l’Auteur » dans les années 1780. Les auteurs sont rétribués le plus souvent par un forfait, avec parfois la charge de corriger les épreuves, de fournir les illustrations et de payer les frais du privilège. De là peu d’auteurs vivent seulement de leur plume, et certains font aussi des traductions et des collaborations pour augmenter leurs revenus2. L’arrêt du Conseil du 30 août 1777 enlève certains bénéfices aux libraires et imprimeurs les plus solides puisque l’on fait tomber dans le domaine public tous les ouvrages dont les auteurs sont morts depuis plus de 10 ans, ce qui facilite les rééditions pour les libraires et imprimeurs de province, à 77,5 % au nord d’une ligne entre Avranches et Besançon3.
3La mention du prix des ouvrages est fréquente, mais on ne connaît quasiment jamais le nombre d’exemplaires qui sort des imprimeries. Le prix a un rôle important, en tout cas, dans la diffusion de l’écrit et des idées nouvelles, d’autant qu’on a de plus en plus de petits ouvrages, aux formats in-8 ° ou in-12, avec des adaptations au format supérieur et sur papier fin quand on veut aussi proposer une édition de luxe à côté d’une édition simple. On permet parfois aux auteurs de distribuer certains exemplaires gratuitement, pour créer des réseaux, et on engage certaines sommes, souvent faibles, à l’effet d’annonces, à la confection de prospectus, quelquefois avec des modalités de souscriptions, un phénomène qui vient d’Angleterre, qui voit le jour en 1716 en France et se développe après 1750 par le biais des prospectus et des annonces, dans le but de diminuer les risques de l’édition. Le Code de la librairie et imprimerie de Paris de 1723 réserve cette pratique de la souscription aux grands ouvrages, aux grandes publications, avec un élargissement des possibilités par la suite ; par contre, contre l’usage anglais, on fait très peu de souscriptions de parties, de fascicules, de cahiers4.
4En 1704 et en 1739, la ville de Paris est autorisée à compter 36 ateliers d’imprimerie. Les villes de Lyon et Rouen sont limitées à 18 ateliers en 1704 et à 12 en 1739. Chaque ville de Bordeaux, Toulouse, Caen, Rennes, Troyes et Strasbourg possède 8 à 12 ateliers au XVIIIe siècle. En 1704, on compte 278 ateliers pour 110 villes, et en 1739 ce sont 250 ateliers pour 110 villes. Ces règlements sont rarement respectés dans la réalité, d’autant que ces ateliers, normalement limités à deux presses, en possèdent souvent davantage5. Jean Quéniart, enfin, met en avant la supériorité du nord de la France en matière d’édition, une supériorité due en particulier au taux d’alphabétisation.
5À la veille de la Révolution, on compte 250 libraires et imprimeurs à Paris, et ce nombre passe à 600 dans les années 1790-95. Le métier d’éditeur apparaît dans les années 1780 avec la démarche de Panckoucke, d’abord avec un supplément à l’Encyclopédie en 1776 et 1777, et surtout avec la publication de l’Encyclopédie méthodique à partir de 1782, date de son premier prospectus publicitaire.
L’édition parisienne
6Dans le corpus, sur 183 traités d’agriculture ou d’économie rurale dont le lieu d’édition est connu, 146 sont des publications parisiennes (79,8 %), avec une 2e ville dans 11 cas. Au sujet de l’architecture, 10 ouvrages sur 12 sont publiés en Île-de-France, les deux autres à Toulouse (1820 et 1827). Dans la plupart des productions spécialisées, le constat est identique : en élevage et en économie animale, 41 publications sur 63 sont parisiennes dans la 1re édition (65,1 %), avec une ville secondaire dans 7 cas (Saint-Jean-d’Angely, Lyon, Limoges, Versailles) ; de même au sujet des vaches et de leur production laitière, avec 18 éditions parisiennes sur 27 (66,7 %). On est au même niveau ou au-delà en ce qui concerne les droits communaux (66,7 %), les arts et métiers (77,3 %), le commerce de la boucherie (83 %), l’art vétérinaire (67,7 %), et c’est un peu moins au sujet de l’alimentation des bestiaux, avec 96 ouvrages parisiens sur 165 (58,2 %), et dans le domaine du droit (56 %).
7La prédominance parisienne s’estompe au sujet des travaux locaux ou régionaux, avec 46,9 % de publications parisiennes (23 titres sur 49). De même la publication parisienne est moindre, en proportion, au sujet des fumiers et engrais (39 %), surtout du fait que ce domaine très spécialisé se voit consacrer des ouvrages plus tardivement, quand l’édition provinciale est plus développée.
8Globalement, sur 917 ouvrages dont on connaît la ville d’édition (sur 992 titres), 632 sont publiés à Paris (69,1 %), parmi lesquels 102 sont aussi édités en province.
Les maisons parisiennes : au Palais et à Saint-Germain
9Sur 632 éditions parisiennes, on connaît le nom de l’imprimeur, du libraire ou de l’éditeur dans 595 cas, parmi lesquels 145 présentent plusieurs adresses, avec un lieu précis pour 503 noms sur 794, en ne comptant que la 1re édition de chaque éditeur pour chaque titre. On observe globalement que les grandes maisons se situent autour du Palais, au début du XVIIIe siècle, puis davantage autour du quai des Augustins et de la rue de l’Éperon, avec quelques maisons plus ou moins isolées dans Paris, ce qui concorde avec l’édition imprimée dans sa globalité.
10Les Huzard, de Jean-Baptiste à la veuve Bouchard-Huzard, du quartier Saint-Germain (rue de l’Éperon), sont concernés par 155 éditions dans le corpus, premières éditions seulement analysées (19,5 %). Suit l’imprimerie de l’État, à savoir l’Imprimerie royale (1749-90, 1819 et 1847), puis nationale (1790-1799, 1801 et 1849), de la République (1795-1797) et impériale (1808-1812), avec en tout 54 éditions (6,8 %).
11Au Siècle des Lumières, ce sont aussi Claude Prudhomme et sa veuve, au Palais (1710-1749), Michel Brunet au Palais (1719-1740), l’imprimerie de Pierre Prault père, quai de Gesvres (1749-1757), Saugrain père au Palais (1755-1758) et son fils à Saint-Germain (1765-1769), Vallat-la-Chapelle et sa veuve au Palais (1766-1790). Dans le quartier de Saint-Germain on distingue Jean-Thomas Hérissant (1759-1772), la veuve d’Houry (1760-1789), les Debure (1765-1789), François Buisson (1782-1788), Barrois jeune (1785-1798), Delalain jeune (1785-1789) et Belin père (1785-1803).
12La disponibilité des ouvrages « chez l’Auteur » apparaît seulement à Paris après l’arrêt du Conseil du 30 août 1777 qui permet la vente au domicile, mais on est surpris de trouver la mention pour l’Histoire générale des animaux de Buc’hoz dès 1776 d’après la notice du catalogue BN-Opale Plus. Les ouvrages de cet auteur sont toujours en vente chez lui, dans le quartier Saint-Germain, de 1776 à 1796, seule son Histoire des insectes nuisibles… étant distribuée avant, chez Laporte en 1781, la 3e édition chez Buc’hoz en 1784. L’architecte Cointeraux utilise le même moyen de diffusion pour L’école d’architecture rurale en 1790 et 1791 et pour Les Erreurs de mon siècle sur l’agriculture et sur les arts en 1793, rue du faubourg Saint-Honoré. On compte quatre autres cas dans le corpus, en 1788 (R.-X. Mallet), en 1808 (S.-M.-C. Miroir), en 1814 (Reboul aîné) et en 1838 (Claude Tollard aîné).
13Pendant la Révolution se distingue l’Imprimerie de la Feuille du Cultivateur, du nom du périodique qu’elle publie, avec huit éditions dans le corpus entre 1793 et 1798, mais aussi Jean-François Baudouin, imprimeur de l’Assemblée nationale (1789-1791). Au XIXe siècle s’imposent la Librairie encyclopédique de Roret avec 15 éditions (1826-1842) et la Libraire agricole de la Maison rustique (1834-1850), à côté de plus petits fonds agronomiques, chez Déterville, libraire qui devient éditeur en 1809, à Saint-Germain (1798-1827), chez l’imprimeur-libraire Antoine Bailleul près la Bourse (1802-1812), le libraire Adrien-Joseph Marchant dans la rue des Grands-Augustins, à Saint-Germain (1802-1812). Ce sont aussi Méquignon l’aîné, libraire de la Faculté de Médecine (1812-1819), Delaunay au Palais royal (1819-1831), le libraire Audot près l’École de Médecine (1820-43), Rousselon (1824-30), l’imprimeur Paul Dupont près des Invalides (1833-1847). Ce sont encore Béchet jeune, près l’École de Médecine pour des ouvrages liés à l’art vétérinaire (1838-1847), Labé aussi près l’École de Médecine mais pour des sujets variés (1841-1849) et Jules Dusacq à Saint-Germain, qui prend officieusement la place de Bixio à la Librairie agricole en 18466. On trouve des « éditeurs » dès les années 1780, mais cette profession se développe surtout dans les années 1820, au regard du corpus, essentiellement dans le quartier Saint-Germain.
L’Imprimerie royale et les dynasties d’imprimeurs et libraires
14Fondée en 1640, l’Imprimerie royale devient le plus grand atelier typographique d’Europe à partir de 1725, grâce aux travaux dirigés par le duc d’Antin. On y imprime entre autres les actes et documents royaux, de plus en plus, les travaux des académiciens, des sociétaires, certains ouvrages commandités par le gouvernement, le roi se réservant quelques exemplaires, ainsi 350 pour chaque volume de l’Histoire naturelle de Buffon. On passe de 16-17 presses en 1725 à 54 en 1790, avec 166 ouvriers en 17937. Cet établissement publie 29 ouvrages du corpus, sept mémoires sur les épizooties et l’art vétérinaire (1770-77 et 1781-90), l’étude de Parmentier sur des fourrages alternatifs, dont la pomme de terre (1781), huit Instructions sur les cultures fourragères lors de la disette de 1785 et 1786, la 1re édition de l’Instruction sur la manière de conduire et de gouverner les vaches laitières par Chabert (1785), le Mémoire sur l’amélioration des biens communaux, les desséchements des marais, le défrichement des terres incultes et la replantation des bois par Cretté-Palluel (1790), l’Excursion agronomique en Auvergne de Victor Yvart (1829). Les 20 publications de l’Imprimerie nationale et de l’Imprimerie impériale sont plus variées, toujours à la recherche d’améliorations, en particulier au sujet des fourrages et des types bovins.
15Au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, on observe des successions familiales parmi les spécialistes de la publication et de la vente de littérature agronomique. Ce phénomène non négligeable rejoint la situation de privilège des libraires et imprimeurs, situation réglée par l’État et remise en cause à partir de 1777, mais avec encore des maisons fortes avant l’essor de nouveaux groupes d’édition à partir des années 1820. Ainsi Claude Prudhomme, au Palais, « au sixième Pilier de la Grand’Sale, vis-à-vis de la Montée de la Cour des Aydes, à la Bonne-Foi couronnée », publie la 2e édition de la Nouvelle Maison Rustique de Liger en 1708, la 4e en 1732. Sa veuve publie la 5e édition, en 1740 et 1743, du même endroit. À Jean-François Hérissant, mort vers 1753, succède le fils, Jean-Thomas Hérissant, avec quatre publications du corpus de 1759 à 1772, puis la veuve Hérissant, avec trois publications de 1782 à 1791. Les frères Debure sont installés sur le quai des Augustins (1765) puis se séparent ; Belin fils (1808) succède à Belin père (1785-1803), respectivement rue Saint-Jacques et quai des Augustins, avec une maison fondée dès 1777.
16La dynastie des Huzard apparaît dans 19,5 % des premières éditions, présente dans chaque domaine, spécialisée dans la publication à caractère scientifique. Les travaux de Marion Duvigneau permettent de mieux approcher l’histoire de cette famille8. De 1766 à 1770, on trouve chez Pierre Vallat-de-la-Chapelle, imprimeur-libraire « au Palais, sur le Perron de la Sainte-Chapelle » depuis 1759, trois ouvrages fondateurs de Claude Bourgelat sur la médecine vétérinaire. Sa veuve donne une 7e édition du Traité du charbon de Chabert (1790), une 2e édition du Précis anatomique du corps du cheval, comparé avec celui du bœuf et du moutons de Bourgelat (1791), au Palais, mais aussi le premier opuscule de Jean-Baptiste Huzard (1755-1838), un Essai sur les eaux aux jambes des chevaux. En 1792 Huzard épouse la fille de cet éditeur, Marie-Rosalie Vallat-de-la-Chapelle, qu’on retrouve ensuite dans les publications sous le nom de Mme Huzard. L’époux nourrit une grande bibliothèque, évaluée à 74 730 francs en 1839, et possède une librairie rue Jussienne, mais c’est son épouse qui devient titulaire des brevets d’imprimeur et de libraire, confirmés en 1816 et 1820.
17Jean-Baptiste Huzard reprend l’établissement de son père, maréchal-ferrant, et se distingue dans des publications sur l’art vétérinaire, tandis que Mme Huzard développe son commerce. Sous la Révolution, dès l’an IV, les époux acquièrent un immeuble au 11 (puis 7), rue de l’Éperon, au cœur du quartier Saint-Germain, près de Panckoucke et de quantité d’éditeurs ; on agrandit l’établissement en 1835. En 1826, à 60 ans, Mme Huzard cède la moitié de l’imprimerie à son fils aîné Jean-Baptiste, vétérinaire, et la librairie à son gendre Louis Bouchard, déjà breveté imprimeur en 1825, qui a épousé Adèle Huzard en 1823 ; c’est ce dernier seul qui reprend le brevet d’imprimeur en 1839. Les publications sont très variées, tout au long de la période, et l’établissement imprime en 1833 65 % des journaux agricoles édités à Paris, compte quantité de parutions provinciales dans son catalogue, traite des commandes pour d’autres librairies9. Louis Bouchard meurt en 1841 ; Adèle Bouchard-Huzard lui succède, mais de manière moins efficace, n’imprimant que 22 % des publications agricoles en 1845.
18Dans le catalogue de 1849, on compte 36 traités d’agriculture, 13 études agronomiques locales, 17 sur l’étranger, une sur l’agriculture des anciens, 17 publications sur les prairies et les fourrages, 11 sur les racines, légumineuses et choux, 3 sur le maïs, 2 sur la betterave, 4 sur la prévention de la disette, 22 publications sur les engrais, une sur la conservation des produits d’après Nicolas Appert, 44 ouvrages de médecine vétérinaire générale, 16 sur les bêtes à cornes en particulier, 3 sur l’élevage, 6 sur le secteur laitier, 5 sur la boucherie, 5 sur l’engraissement…
L’édition provinciale
19Les maisons parisiennes ont certes les moyens de diffuser sur l’ensemble du territoire français, mais les relais et les imprimeurs provinciaux sont nécessaires à la diffusion de l’information sur les nouveautés éditoriales auprès des lecteurs potentiels. Selon les thématiques définies pour l’ensemble du corpus, on observe quelques pôles d’édition et de vente en province, avec des différences chronologiques certaines. L’analyse des éditions et des ventes locales vient préciser la connaissance du lectorat rural, en supposant que l’offre répond à une demande réelle, mais sans informations suffisantes en aval sur la possession des ouvrages imprimés.
Les pôles d’édition en province
20Parmi les traités d’agriculture et d’économie rurale, 31 ouvrages sont édités dans des villes de province (16,9 %), et cinq en Suisse, un à Hambourg, quatre d’entre eux connaissant une réédition à Paris. Chaque ville n’apparaît qu’une ou deux fois, sans qu’on puisse donc distinguer d’éditeurs spécialisés. L’édition provinciale vient surtout après 1780, avec seulement 8 titres concernés avant cette date, puis 9 jusqu’en 1800, 25 de 1800 à 1850. La carte de l’édition provinciale de ces traités montre la prédominance des villes du nord de la Loire, sans que cela change au cours de la période, d’autant que, entre 1700 et 1780, les huit villes concernées sont autant au Nord qu’au Sud (Yvetot, Sens, Dijon, Besançon, Bordeaux, Montauban, Toulouse, Avignon), alors que les périodes suivantes confirment l’importance des cités franciliennes et normandes (Clermont, Senlis, Versailles, Rambouillet, Rouen, Évreux, Caen, Cherbourg), avec en outre quelques publications le long de la Loire (Château-Gontier, Angers, Orléans), en Lorraine (Nancy et Bar-le-Duc), en Franche-Comté (Vesoul et Besançon) et autour de Lyon.
21Pour la sélection de 55 travaux locaux et l’édition provinciale de 31 d’entre eux (dont 5 à Paris mais avec une ville secondaire), on voit d’abord certains creux, ainsi pour les départements actuels de l’Aveyron, de la Lozère et de l’Ardèche, au Sud, mais avec trois mentions génériques pour le Midi, une autre pour le Sud-Ouest, alors qu’on a toujours davantage de précisions au Nord, au moins au niveau provincial ou régional, et souvent au sujet de départements, mais aussi avec quelques creux en Picardie, en Alsace, en Touraine et dans l’ouest de la Bretagne. On note des points plus importants au sud de la Loire (Limousin, Auvergne et Midi) dans la première période de 1750 à 1799, avec une absence du Grand Ouest qui n’apparaît véritablement qu’entre 1830 et 1850, si ce n’est dans les travaux normands de Gilles Roussel et d’Henri-François-Antoine Roussel, en 1800 et 1811. On recense par ailleurs beaucoup d’ouvrages concernant le pays du Poitou et les rives de la Loire, jusqu’au Nivernais, dans la 1re moitié du XIXe siècle, tandis que l’Est, des Vosges aux Hautes-Alpes, apparaît surtout entre 1800 et 1829.
22En élevage et en économie animale, on compte 21 villes qui publient 22 ouvrages (34,9 %), surtout après 1820 et 1830 ; seule Toulouse apparaît deux fois, alors que les provinces du Nord s’imposent largement sur le sud de la France10. Au sujet du secteur laitier, 9 références sont éditées en province (33,3 %), avec aussi la ville secondaire de Lyon, après Paris, pour l’ouvrage de Lafore (1843) ; chaque ville de province n’apparaît qu’une fois, si ce n’est Rouen, et uniquement au XIXe siècle11.
23Pour ce qui concerne l’alimentation des bestiaux, on publie dans des villes secondaires, en plus de Paris, dans 17 cas, en particulier avec le relais des imprimeurs locaux pour les Instructions éditées après la disette de fourrages de 1785, sur la culture des turneps, des prairies artificielles. L’alimentation des bestiaux, pour l’édition agronomique, fait appel à 41 villes de province, pour 76 ouvrages concernés (46,1 %). Lyon domine dans ce domaine, avec sept publications de 1760 à 1840, suivies par six publications de Besançon, uniquement dans la dernière période de 1830 à 1850. Le Nord-Est et l’Est sont des régions particulièrement prolifiques, jusqu’à Bourg-en-Bresse et Lyon au Sud, jusqu’à Rouen et Caen à l’Ouest, voire en Bretagne dans la 1re moitié du XIXe siècle. On observe par contre un grand vide dans un hexagone entre Paris, Caen, Rennes, Nantes, Poitiers et Orléans, ainsi qu’en Bourgogne, mais aussi en Languedoc et dans le Sud-Ouest, Bordeaux et Agen étant seulement présentes, discrètement, en 1760, 1795 et 1817. Concernant la question des droits communaux et des clôtures, on a des villes secondaires à Paris dans trois cas (Montpellier en 1809, Bordeaux en 1818, Rouen en 1825), et peu de publications provinciales au XVIIIe siècle (Nancy en 1763 et 1766 et Caen en 1765), avec ensuite Aubusson (1831), Arras (1832), Lyon (1837), Besançon (1842), Bourg-en-Bresse (1848) et Béthune (1850).
24Au sujet des fumiers et engrais, 22 ouvrages sur 36 sont publiés en province (61,1 %), dans 20 villes, seules Metz (1843 et 1849) et Strasbourg (1843 et 1847) apparaissant deux fois, avec ensuite La Rochelle (1762), Marseille (1780), Troyes (1786), Avallon (1804), Mont-de-Marsan (1810), Brive (1821), Toulouse (1823), Besançon (1830), Évreux (1831), Dijon (1835), Avranches (1837), Bourg-en-Bresse (1841), Nantes et Tours (1842), Melun (1843), Compiègne (1847), Poitiers (1849), Avignon et Rouen (1850), sans aucune publication dans le Nord, le Centre, le Limousin ou encore l’Auvergne. Sur les Arts & Métiers, 10 titres sur 44 sont publiés en province (22,7 %), avec trois villes secondaires à Paris dans deux cas (Yverdun, Amsterdam, Lyon), et 8 villes françaises, à savoir Lyon (1706), Marseille (1819), Metz (1822), Narbonne (1825), Le Guéd’hossus près Rocroi, dans les Ardennes (1830), Rouen (Girardin en 1831), Pont-Audemer (1832) et Nantes (Heuzé en 1840).
25En ce qui concerne le commerce des bestiaux, apparaissent les villes de Saint-Lô (1838), Lyon (1839 et 1841), Limoges (1841 et 1849), Nantes (1841 et 1842) et Caen (1848). En jurisprudence, ce sont des villes secondaires dans trois cas (Orléans en 1764, Dijon en 1765 et Lyon en 1814), puis, essentiellement après 1836, onze villes, avec une importance pour le Sud, Agen (1823), Castres, Toulouse et Lyon (1838), Draguignan et Espalion (1839), jusqu’à Mâcon (1841), puis avec quelques villes du Nord, à savoir Orléans (1836), Rouen (1840), Nantes (1842), Laval (1848) et Bar-le-Duc (1849).
26Avec 20 publications de médecine vétérinaire, Lyon domine le sujet de 1760 à 1850. Ensuite, ce ne sont pas des villes, mais plutôt des régions qui sont mises en avant, avec, de 1760 à 1800, un grand Nord-Est, de Lille à Lyon, jusqu’à Strasbourg, puis Rouen et Alençon en Normandie, Bordeaux et Agen au Sud-Ouest, Montpellier et Avignon dans le Midi. Au début du XIXe siècle, le Nord-Est s’affirme, en particulier en Lorraine et en Franche-Comté à partir de 1817, avec d’autres éditions éparses, en particulier dans le Languedoc, à Albi (1804), Montpellier (1807, 1810 et 1833), Toulouse (1819, 1834 et 1835) et Castres (1827). La fin de la période confirme l’importance du Nord-Est, jusqu’à Bourg-en-Bresse, et du Sud, mais on retrouve quelques villes normandes (Bayeux en 1845, Honfleur en 1849) et on voit apparaître des cités du Centre (Orléanais et Berry). Bretagne, Maine, Anjou, Dauphiné, Provence : toutes ces provinces sont absentes de l’édition vétérinaire, ainsi que le Sud-Ouest, absent après 1800.
27L’édition provinciale s’affirme surtout au XIXe siècle, en particulier dans le Grand Ouest mais avec une multiplication globale de l’édition locale sur l’ensemble du territoire français. Comme à l’égard des ateliers typographiques, on note de grands vides dans l’édition agronomique au Siècle des Lumières en Bretagne, dans le Maine et l’Anjou, entre Angers et Moulins, dans les Landes, au Sud-Est, avec quelques occurrences dans ces régions, rares au XVIIIe siècle, plus fréquentes au XIXe siècle. À l’Est, Lyon, Bourg-en-Bresse et Besançon apparaissent comme de hauts lieux pour l’édition, jusqu’à Nancy, Strasbourg et Metz au Nord-Est, toutes périodes confondues, avec ensuite une nébuleuse de points jusqu’à Lille et jusqu’à Caen, Nord et Normandie proposant aussi nombre de publications, d’abord dans les villes de Caen, Rouen et Lille, puis dans des villes secondaires, surtout après 1830. On distingue par ailleurs une zone qui va de Nantes à Clermont-Ferrand, en passant par Niort et Limoges, avec un développement de l’édition plus important que dans les régions limitrophes au XIXe siècle. Au Sud-Ouest, l’édition agronomique tend à se rassembler à Toulouse après 1800, après un partage avec Bordeaux, Agen et Montpellier au siècle précédent.
Les grandes maisons de province
28Parmi les libraires, imprimeurs et éditeurs, on distingue quelques grandes maisons, quelques grandes familles, dans le secteur agronomique. À Agen, les ouvrages sont disponibles chez la veuve Noubel en 1789 et 1795 et sont imprimés chez Prosper Noubel, certainement fils aîné, de 1817 à 1844, d’abord au sujet des épizooties et des prairies artificielles, puis à propos des pommes de terre, entre autres. À Bourg-en-Bresse, les neuf ouvrages du corpus sont issus des presses de P.-F. Bottier (1820) et de Milliet-Bottier (1841-50), en particulier sur l’alimentation et la médecine vétérinaire. à Nancy, on distingue l’imprimerie de la veuve et de C. Leseure avec des publications sur les droits communaux et le ray-grass (1760 et 1766), l’imprimerie de Boutoux au sujet des prairies et de la pomme de terre (1802 et 1817). À Nantes, on retient l’imprimerie de Mellinet-Malassis (1828), de C. Mellinet (1841) et de sa veuve (1842), ainsi que celle de P. Sebire (1840-42), avec en tout huit ouvrages sur l’élevage et ses produits. À Rouen ce sont la veuve Besongne et Besongne fils pour le Parfait bouvier de Boutrolle (1766), puis F. Baudry, imprimeur du Roi, en 1831 et 1839, ou encore A. Péron sur la méthode de Guénon (1845), l’emploi du sel en agriculture (1849) et l’usage des fumiers (1850). À Toulouse, on distingue l’imprimerie de Jean-Mathieu Douladoure, avec six publications de 1820 à 1846, sans thématique spécifique. On trouve deux ouvrages de Lafore, professeur à l’École vétérinaire de cette ville, en 1838 chez J.-M. Corne, imprimeur-libraire, en 1845 chez J.-M. Pinel, l’auteur étant par ailleurs souvent publié à Lyon.
29À Lyon, on publie 12 titres du corpus au XVIIIe siècle, 11 entre 1800 et 1829, 19 entre 1830 et 1850. On distingue, au Siècle des Lumières, les frères Bruyset (1765-87) et les frères Périsse (1771-1835), mais aussi l’imprimerie des Ballanche père et fils (1811 et 1814), celle de Brunet (1813 et 1814) ou celle de J.-M. Barret (de 1827 à 1833, entre autres avec deux ouvrages de Grognier), le libraire Savy (1838) et Savy jeune, libraire-éditeur (1840-43), qui publient les vétérinaires Grognier, Lafore et d’autres professeurs de médecine vétérinaire, essentiellement de Lyon mais parfois aussi d’Alfort (Magne) et de Toulouse (Lafore). Dans cette ville, on compte 13 imprimeries et 14 librairies en 1789, 19 imprimeries en 1810, 29 libraires en 1815, 46 au début des années 1830, en dessous de la moyenne nationale. La production majoritaire de cette ville reste le livre religieux, en particulier chez les Périsse, maison héritière de l’Ancien Régime, et certains ouvrent des succursales parisiennes, les Périsse dès 1812 – Étienne Périsse jusqu’en 1834, et André Périsse jusqu’en 1860, ainsi que Rusand, Pélagaud, Bohaire, Babeuf, qui imprime un ouvrage sur les prairies en 1835 et qui publie Gellé et Lafore la même année12. Il n’y a pas de véritable spécialiste en littérature agronomique, même si les Savy se distinguent au sujet de la médecine vétérinaire dans les années 1830 et 1840.
30À Strasbourg, François-Georges Levrault tient une maison ancienne, au moins de 1676, avec beaucoup de difficultés dans les deux premiers tiers du XVIIIe siècle, l’entreprise survivant grâce aux commandes de l’administration, notamment de l’Intendance. Le décollage date seulement des années 1770, quand Levrault trouve un public alsacien pour les livres des Lumières et ose investir, avec l’achat d’une papeterie en 1782, le développement de l’atelier de reliure, l’achat d’une fonderie de caractères en 1789, la multiplication des presses, en comptant au moins cinq en 1789, et la multiplication du nombre d’ouvriers, autour de 20 en 1789. Alors il est le seul à pouvoir répondre à l’accroissement formidable de la demande en papeterie et formulaires administratifs ou militaires qu’entraîne l’installation sur le Rhin d’administrations nouvelles et d’une armée importante. On profite des campagnes napoléoniennes pour étendre le réseau de correspondants en Allemagne, en s’orientant davantage vers le commerce de librairie. Levrault apparaît pour des publications annexes à celles de Paris, ainsi en 1785 pour l’Instruction [de Lavoisier] sur les moyens de suppléer à la disette des fourrages, et d’augmenter la subsistance des bestiaux, d’abord de l’Imprimerie royale à Paris, en 1798 pour les Précis d’expériences et observations sur les différentes espèces de lait de Parmentier et Deyeux, disponible à Paris chez Barrois et Huzard, et encore sur des sujets de médecine vétérinaire en 1797 et 1802. Dans les années 1820, c’est la maison la plus importante de l’est de la France, avec deux presses en 1823, et on entretient une importante librairie d’assortiment à Paris13.
Le prix et le tirage, facteurs de diffusion
31Adrien-Joseph Marchant est dit « libraire pour l’agriculture » dans le Mémoire sur la manière de cultiver et d’employer le maïs à fourrage de Parmentier, en 1812. En 1810, il publie son Répertoire, qui permet de connaître son offre, mais aussi le prix des différents volumes, avec des fluctuations de valeur selon l’ancienneté des ouvrages, selon leur succès, selon leur intérêt scientifique. Sur des sujets tout autres que celui de l’agronomie, Voltaire met en avant les facteurs du format et du prix des ouvrages dans la diffusion des idées. « Jamais vingt volumes in-folio, dit-il, ne feront de révolution ; ce sont les petits livres portatifs à trente sous qui sont le plus à craindre. Si l’évangile avait coûté 1 200 sesterces, jamais la religion chrétienne ne se serait établie14. »
32Dans le corpus, on connaît le prix de 152 références (sur 992), dont 130 éditions parisiennes, avec 26 titres dans le catalogue de Marchant en 1810. L’information concerne essentiellement les éditions du XIXe siècle, avec seulement le prix de 5 ouvrages publiés avant 1780, de 5 autres publiés entre 1790 et 1799. Un peu plus de 90 % des ouvrages sont vendus entre 25 centimes et 14 francs, et sur les 152 références, près de la moitié (73) sont au prix de un à 4,5 francs, l’augmentation du prix correspondant à un plus grand nombre de pages ou à un plus grand format : le prix courant de un à 5 francs concerne des volumes au format in-8° ou in-12, de 100 à 300 pages. Les prix paraissent corrects, dans l’ensemble, selon les frais engagés et les gains espérés, dans une concurrence certaine entre les libraires comme on ne voit pas de véritable monopole au début du XIXe siècle et surtout à partir des années 1820 et 1830 avec le développement de nouvelles maisons d’édition.
33Parmi les œuvres les moins coûteuses, généralement de 20 à 50 pages, on trouve de courtes instructions et quelques mémoires, surtout sur les fourrages et l’art vétérinaire. Les ouvrages très spécialisés, souvent peu épais à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, sont moins chers que les traités d’agriculture et d’économie rurale, plus volumineux, si bien que l’on peut constater des prix assez bas mais sans que les contenus de base soient accessibles à tous. On dépasse 5 et 6 francs quand il est question de livres de 400 pages ou plus, par exemple jusqu’à 36 francs (48 francs de port) pour la nouvelle édition du Théâtre d’agriculture d’Olivier de Serres (1804-1805).
34Dans quatre cas où l’on peut comparer le prix d’une édition postérieure à 1810 et le prix affiché dans le catalogue de Marchant, on constate une augmentation, qu’il s’agisse ou non d’une nouvelle édition. Le même phénomène apparaît dans cinq autres cas, avec aussi trois exemples de stagnation, ainsi pour le Calendrier du bon cultivateur de Mathieu de Dombasle (à 4,5 F de 1840 à 1860), deux baisses, par exemple de 12 à 6 francs entre 1822 et 1849 pour les Moyens d’améliorer l’agriculture en France. Les frais de port varient de 25 centimes à un franc, en particulier selon la taille des volumes, jusqu’à 2 ou 3 francs en moyenne pour les gros ouvrages ; les 48 francs de port pour le Théâtre d’agriculture apparaissent comme un extrême.
35On ne connaît le tirage que pour un ouvrage de littérature agronomique, celui du Traité du Charbon de Chabert, qu’on trouve d’abord dans le Journal d’agriculture, en juin et juillet 1779 (50 p.), puis à 1 200 exemplaires depuis l’Imprimerie royale en 1780, dans l’Almanach vétérinaire en 1782 (27 p.), à 1 000 exemplaires en deux éditions, les 4e, 5e et 6e éditions, en 1782, 1783 et 1786, comptent 500 exemplaires chacune15. Le tirage de 1780 entre dans la catégorie des publications bien diffusées, tout au moins dans la sphère parisienne, tandis que la majorité des ouvrages scientifiques sont d’abord tirés entre 200 et 500 unités. Le cas du Traité du Charbon est extraordinaire comme le sujet du charbon ou anthrax est actuel à la fin des années 1770 et dans les années 1780, après la grande crise épizootique de 1775 et avec l’appui du gouvernement pour ce type de publications issues d’un travail scientifique, ici depuis l’École vétérinaire d’Alfort.
*
36Les dictionnaires encyclopédiques connaissent des tirages larges, suivis par les dictionnaires spécialisés, mais souvent l’ensemble des volumes est trop onéreux pour de simples cultivateurs. L’édition essentiellement parisienne se diffuse faiblement dans les petits bourgs et dans les campagnes, si bien que l’ensemble de la littérature agronomique connaît des difficultés pour atteindre le public recherché par une majorité des auteurs qui ne sont pas dupes et qui mettent en avant ces soucis de diffusion. Le prix est compris parmi d’autres facteurs, ainsi l’alphabétisation, l’intérêt des cultivateurs pour la littérature scientifique et/ou spécialisée, la publicité éditoriale et son accès.
37Au XIXe siècle, l’édition provinciale se développe, au regard du corpus agronomique, mais les tirages restent faibles, les librairies locales peu nombreuses. L’édition marche de pair avec le développement de l’éducation, de l’alphabétisation, de l’accès à la culture, mais l’évolution est lente, mais avec des relais plus nombreux entre le monde scientifique et le monde pratique, avec de riches propriétaires, de riches cultivateurs et des notables ruraux, certains apportant des éléments à leurs fermiers ou à leurs voisins. L’exemplarité et l’observation ne sont plus du seul ressort de la littérature agronomique, à l’échelle locale, mais elles peuvent être suscitées par des conversations savantes et par un souci d’amélioration des conditions financières des foyers, donc par une volonté de faire évoluer l’ensemble de l’agriculture dans un sens positif du point de vue économique, d’après des préceptes hygiénistes, individualistes, « progressistes » au sens où l’on tend au meilleur, cette fois-ci d’un point de vue global.
38Comme les dictionnaires, les périodiques sont d’abord édités à Paris, ainsi les journaux économiques du XVIIIe siècle, à partir des années 1750. Ce support se transmet peu dans les campagnes, en tout cas avant la Feuille du Cultivateur et les Annales de l’agriculture françoise. La diffusion se restreint à la sphère parisienne et aux notables des grandes villes, à quelques grands propriétaires ruraux, aux administrations. Par contre, le développement de la presse généraliste ou agricole au niveau local, au cours du XIXe siècle, peut apporter de nouvelles informations, de nouveaux conseils et de nouvelles directives législatives aux éleveurs, toujours par le biais d’administrateurs locaux, de maîtres de poste, de grands propriétaires, de membres du clergé. Quel que soit le moyen de médiation, il reste très difficile de mesurer l’influence de telle ou telle publication sur la pratique, précisément, avec des exemples concrets particulièrement rares dans les Archives et des liens souvent impossibles à discerner d’après les différentes sources, surtout à cause de l’absence des livres ou de leur description détaillée dans les inventaires mobiliers. Mais l’étude des concordances est possible dans certains cas, en décelant certains espaces où la diffusion agronomique n’est pas négligeable, où le cheminement de l’auteur au lecteur s’avère efficace.
Notes de bas de page
1 Kirsop W., in Histoire de l’édition française, t. ii, 1984, p. 21-33.
2 Ibid., p. 21-33.
3 Martin H.-J., ibid., t. ii, 1984, p. 95-103 ; Furet F., in Livre et société…, t. i, 1965, p. 6 ; Brancolini J. et Bouyssy M.-T., in Livre et société…, t. ii, 1965, p. 3-37.
4 Kirsop W., ibid., t. ii, 1984, p. 21-33.
5 Martin H.-J., ibid., t. ii, 1984, p. 95-103, et Quéniart J., p. 282-293.
6 Duvigneau M., in Traditions agronomiques européennes, 1998, p. 65-83.
7 Martin H.-J., op. cit., t. ii, 1984, p. 50-51.
8 Duvigneau M., op. cit., 1998, p. 65-83.
9 Ibid., p. 65-83.
10 Soissons (1765), Troyes (1786), Lunéville (1808), Bourg-en-Bresse (1820), Clermont-Ferrand (1825), Lyon (1827), Rouen (1832), Périgueux (1833), Versailles (1833), Morlaix (1837), Toulouse (1838 et 1845), Amiens (1840), Lille (1841), Nantes (1841), Agen (1844), Vesoul (1845), Pont-l’Évêque (1846), Valenciennes (1847), Épinal (1849), Argentan (1850), Chartres (1850).
11 Rouen (1802 et 1845), Caen (1822), Provins (1825), Versailles (1827), Bordeaux (1838), Avesnes (1844), Nantes (1845), Besançon (1849).
12 Varry D., in Le commerce de la librairie…, 1997, p. 61-69.
13 Barbier F., in Histoire de l’édition française, t. ii, 1984, p. 545-551 et p. 558-569.
14 Lettre à d’Alembert, le 5 avril 1766, in Correspondence and related documents, éd. Besterman, The Complete works of Voltaire, Genève, Banbury, Oxford, 1968; cité par Andries L., 1989, p. 20.
15 D’après les Instructions et observations…, t. v, 1794, p. 422-425.
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