Introduction
p. 9-16
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Index géographique : France
Texte intégral
1Mai 2009. Deux ans après la création de son journal en ligne Médiapart, quelques mois après l’appel de la Colline (24 novembre 2008), Edwy Plenel fait la promotion de son livre «Combat pour une presse libre1 » dans lequel il défend, comme il le défendait lors du lancement de Médiapart (dont le livre est le manifeste), « la liberté de la presse ». Son modèle : celui d’un journalisme irrévérencieux, contre-pouvoir essentiel d’une démocratie menacée par la collusion entre les élites journalistiques, politiques et économiques et par l’emprise des grands groupes capitalistes sur les entreprises de presse. Au centre de ce modèle on trouve le «public citoyen » auquel le journaliste doit sa seule allégeance et la réactivation de principes professionnels qu’il juge oubliés : transparence, pluralisme, et vérité. Il réclame (paradoxalement ?) une régulation de l’État semblable à celle du Freedom of Information Act adopté aux États-Unis en 1967 et qui permet au journaliste d’accéder à certains documents des agences gouvernementales américaines. La «promotion » de ces principes en appelle à des figures «journalistiques engagées » dont Emmanuelle Collas, éditrice du livre, évoque les grands noms à l’occasion de la sortie du livre sur le site de Médiapart : « Je pense à Marat, Bailly, Hugo, Jaurès, Bloch, Arendt ou Camus2 ». Les « anciens modèles », à la fois figures littéraires et figures politiques, connaissent ainsi une « nouvelle » gloire journalistique et Edwy Plenel revient quant à lui « sur sa part d’ombre3 », son expérience militante et journalistique à Rouge désormais valorisée.
2Si l’exemple évoqué peut être pris comme un coup journalistique visant à imposer un nouveau modèle économique, il peut aussi s’analyser comme un indicateur parmi d’autres de transformations plus profondes que semble aujourd’hui connaître l’espace journalistique. Si la définition même de cet espace reste un enjeu de lutte important4, il semblait dominé par la figure du journaliste « désengagé », « neutre » (et en partie neutralisé par l’emprise économique qui uniformiserait style et format journalistique). Du même coup, la déclaration d’intention du fondateur de Médiapart, est une contribution parmi d’autres5 au débat sur ce que doit être le journalisme aujourd’hui, plaidant pour un retour à un journalisme de combat, un journaliste acteur à part entière de l’espace public. La distance ou le désengagement qui semblait jusqu’alors s’imposer comme norme professionnelle apparaît dès lors comme une source de dérive conduisant les journalistes à la connivence à l’égard des élites en général. Ainsi, refonder l’autorité journalistique6 passerait par un retour aux sources (réelles ou mythiques) d’un journaliste critique, d’un journaliste prenant position afin d’éclairer le peuple de ses avis.
3Si la sociologie des médias n’a encore pas pris à bras-le-corps l’ensemble de ces transformations, les observateurs attentifs des médias collectent des indicateurs de ces changements induits notamment – mais pas seulement – par l’apparition des publications électroniques : les formats sont bouleversés (les articles en ligne sont d’autant plus longs que le « zapping » des journaux télévisés ou l’emprise du marketing sur les rédactions semblaient jusqu’alors exercer sur la presse écrite une cure sans cesse plus drastique du nombre de « signes ») ; le style se veut du même coup plus littéraire ; la frontière entre journaliste et « public » (re) devient au travers des blogs plus floue que jamais, brouillant la limite entre producteurs et récepteurs d’information, et la subjectivité est admise voire revendiquée par ces « nouveaux » fournisseurs d’information ; des journaux « alternatifs » et leurs entrepreneurs trouvent une audience et une légitimité professionnelles accrue ; des titres, comme le Monde Diplomatique semblent déjouer les lois du marché en affichant dans le marasme économique que connaissent les entreprises médiatiques une relative santé financière tout en prônant un engagement politique remarquable et remarqué.
4Il ne s’agit pas de dire que la période actuelle est une phase d’une exceptionnelle agitation. La résurgence dans les années 1970, de contre modèles tels que celui du new journalism incarné par Tom Wolf constitue un exemple historique des luttes existantes autour de ce que doit être le journalisme et des tensions entre le modèle d’un journalisme coupé de toute forme d’allégeance, et celui fondé sur «une forte dimension littéraire et une revendication de subjectivité critique7 ». Le journalisme est comme toute activité professionnelle aux contours flous et aux frontières mouvantes, un monde en «crise perpétuelle8 » depuis le milieu du XIXe siècle, période à laquelle ont commencé les luttes pour la définition légitime de son contenu, de ses formes, de ses principes d’excellence professionnelle. Les débats qui animent la profession aujourd’hui peuvent dès lors être considérés comme les indicateurs de l’exacerbation (provisoire ?) de la lutte entre deux définitions du métier, d’un côté celle qui cherche à imposer la représentation d’un journaliste libre de toutes attaches, rapporteur des faits bruts et de la réalité, et de l’autre un journaliste auxiliaire de la démocratie, défendant un projet de société, bref d’un journalisme de combat, chargé d’éclairer le peuple y compris en défendant ses propres idées. De ces deux figures du civisme au fondement même des principes d’excellence professionnelle si bien décrits par Cyril Lemieux9 et sur lesquels s’est construite la profession, la première, celle d’un journalisme « désengagé » s’impose comme « mythe professionnel » dominant. Incarné par le modèle américain ou anglo-saxon, fondé sur la stricte séparation du fait et du commentaire, ce modèle semble avoir relégué, partout ou presque dans le monde, celui d’un journalisme à la française plus politique10.
5Ce « mythe professionnel » a trouvé écho dans les sciences sociales, pour lesquelles les processus de professionnalisation journalistique ont souvent été synonymes d’autonomisation et de dépolitisation. Sur un plan professionnel autant que sur un plan académique, le produit de ces luttes a été analysé comme un long chemin vers une autonomie, une indépendance grandissante des journalistes à l’égard d’autres espaces sociaux et en particulier les espaces politiques et littéraires. D’un côté, les journalistes ont entretenu la représentation d’une profession coupée de toutes formes d’allégeance. On trouve ainsi, dans les récits propres à la profession, des dates et des événements marquants et garantissant progressivement (et souvent juridiquement) une indépendance chèrement acquise : la Révolution française et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la loi de 1881 sur la liberté de la presse, la charte de 1918, la loi de 1935, la charte de Munich de 1971, l’éclatement de l’ORTF, la loi sur l’audiovisuel de 1982… sont scandés comme autant d’étapes qui permettent désormais aux journalistes d’être libres, indépendants et de construire un système de valeurs professionnelles propre fondé sur « l’objectivité » inscrites dans des règles pratiques d’exercice du métier dont la transgression constitue des fautes plus ou moins condamnées et sanctionnées. D’un autre côté, historiens et sociologues des médias ont analysé un processus de professionnalisation journalistique marquée par l’autonomisation progressive d’un espace professionnel doté d’intérêts propres et animé par des agents ayant des parcours sociaux, des modes de socialisation qui laissent entrevoir la formation d’un groupe social spécifique doté de valeurs particulières et d’une certaine cohérence sociologique.
6Ainsi la sociologie des professions dans sa version parsonnienne notamment apprend à mesurer le processus de professionnalisation à l’aune d’un certain nombre d’épreuves qu’un groupe aurait à passer pour devenir une profession à part entière, c’est-à-dire « coller » au modèle professionnel dominant que représentent les professions libérales. Ce modèle qui guide implicitement les travaux historiens11, notamment ceux qui, collant parfois avec l’historiographie journalistique elle-même, analysent le chemin « parcouru » par le groupe professionnel pour se différencier progressivement d’autres activités. La constitution d’associations professionnelles12, la naissance de codes de déontologie, d’écoles, ou l’acquisition d’un statut reconnu par l’État (la loi de 1935) sont autant d’étapes qui permettent au journaliste d’affirmer son autonomie. C’est à la formation d’un illusio journalistique construit sur l’indépendance et la formation de principes professionnels fondés sur l’objectivité journalistique que conduisent ainsi ces travaux rejoignant, du même coup, la saga glorieuse écrite par les journalistes euxmêmes. L’histoire du groupe professionnel réalisée par Thomas Ferenczi13 montre très bien comment la profession journalistique à la française s’est construite en se démarquant, d’ailleurs pas complètement, du journaliste littéraire détenteur d’une bonne plume, et du journaliste politique et engagé dont la figure ambiguë de l’éditorialiste est aujourd’hui en France l’incarnation14.
7D’autres modèles plus sociologiques, comme celui proposé par Denis Ruellan15, ont travaillé l’idée que la formation d’un groupe professionnel devait très largement à la fermeture plus ou moins réussie et progressive de ses frontières, à des processus d’inclusion et d’exclusion qui conduisaient à rejeter les amateurs. Inspirés de ce modèle et empruntant plus largement à la sociologie critique, les travaux sur les spécialités journalistiques et en particulier sur les spécialités thématiques, que sont les journalistes sociaux16, médicaux17, religieux18, sportifs19, européens20, etc. ont finalement eux aussi conclu à une forme de « désengagement » individuel et collectif des journalistes du milieu qu’ils sont censés couvrir. Au fil du temps et pour le dire vite, ces journalistes semblent avoir de moins en moins d’affinités sociales objectives avec le milieu couvert (ils n’en sont plus issus notamment) ; ils développent du même coup une forme d’expertise critique21 qui remplace des prises de position plus engagées et dénoncées en temps que telles. Des travaux plus récents22 menés sur la rubrique politique analysent les indicateurs de dépolitisation de cette rubrique pourtant intrinsèquement politique. Dans le même temps, ce processus d’autonomisation est jugé relatif, et subsistent des formes d’homologie structurale qui interdisent toute rupture entre les journalistes en question et leurs sources23. Les journalistes restent ainsi très largement «pris dans leurs sources24 ». Leur parcours, leur habitus et l’emprise économique déterminent ainsi très largement leur prise de position professionnelle. Le prolongement politique de ces analyses conduit ainsi à dénoncer ces prises de parti journalistique en même temps, et c’est un paradoxe, qu’elle appelle de ces vœux un retour à des formes plus civiques d’engagement fondés notamment sur une posture réflexive des journalistes en question25. Ainsi des associations comme ACRIMED ou des ouvrages comme celui de Serge Halimi26 dénoncent des journalistes aux ordres (du système capitaliste), empêtrés dans leur vision de classe dominante (et les connivences qu’elle induit) et qui se devraient de rompre avec ces visions surplombantes pour défendre le point de vue des dominés. Soutenant notamment l’idée que les journalistes ignorent voire « maltraitent » les mouvements sociaux du fait même de leur positionnement social27 (induisant un positionnement idéologique), ils préconisent un travail de réflexivité sociologique comme moyen de se libérer des formats médiatiques dominants et d’offrir une vision alternative de l’information qui serait, pour le coup, favorable aux mouvements sociaux qu’ils décrivent. Les journalistes seraient ainsi dans un cas de figure paradoxal où ils seraient sommés d’abandonner (par la socioanalyse) leurs allégeances inconscientes (liées à leurs trajectoires et à leurs positions dans un système économique qui les aliènent) pour adhérer « consciemment » et volontairement à un projet politique, ce qui, sur les mêmes fondements, pourrait aussi leur être reproché.
8Les études sociographiques sur les journalistes réalisées ces dernières années28 tendent à confirmer les indicateurs de l’autonomie. Une profession plus jeune, plus diplômée (notamment en sciences sociales et en communication), plus féminine aussi constituerait dès lors le creuset d’un groupe professionnel plus critique, plus unifié socialement et susceptible d’affirmer des valeurs partagées qui leur sont propres, fondées notamment sur des formes d’indépendance à l’égard du pouvoir en général et de leurs sources d’information en particulier. On analyserait ainsi l’émergence des affaires en politique (notamment au niveau local) mais aussi dans le sport29 ou dans la justice30 comme autant d’indicateurs et de révélateurs d’une autonomisation croissante, produit des transformations « morphologiques » du groupe.
9Suivant les travaux de Gayle Tuchman31, les analyses du travail journalistique fondées sur des études menées dans les rédactions ont complexifié cette approche. Montrant que les principes d’excellence professionnelle (notamment ceux fondés sur le principe « d’objectivité » journalistique) s’actualisent dans des pratiques spécifiques (vérification et croisement des sources, mise en scène du pluralisme notamment), ils pointent les tensions inhérentes au métier. Le travail journalistique est ainsi inséré dans un ensemble de contraintes qui nuance l’idée même d’objectivité alors pensée comme un rituel stratégique. Ce discours est aujourd’hui repris par bon nombre d’acteurs pour qui l’objectivité journalistique n’existe pas en tant que telle. Les journalistes pris dans ces contraintes naviguent ainsi au quotidien, entre deux nécessités contradictoires, celle de l’engagement (nécessaire pour obtenir de « bonnes » informations) et celle de la distanciation (comme fondement de leur autorité professionnelle). Du même coup, c’est du mauvais ajustement entre ces deux postures contradictoires que naissent les principales fautes journalistiques32. Dans ce cadre, un trop fort engagement est à terme condamnable par la communauté professionnelle et même si cette sociologie admet des styles journalistiques différents dans des configurations de travail diversifiées, elle prend au sérieux (et renforce du même coup) l’illusio de l’indépendance et du désengagement.
10Sans rejeter aucun des modèles théoriques évoqués, nous souhaiterons interroger dans cet ouvrage les conditions de possibilité d’un journalisme engagé, voire d’un journalisme militant, mettant au service de sa cause professionnelle, des ressources a priori stigmatisantes tel l’engagement politique passé ou présent ou les pratiques alternatives ou jugées comme telles à un moment donné par le groupe professionnel de référence. Il s’agit plus précisément de saisir comment des acteurs, investis à la fois dans l’action militante et dans une carrière professionnelle, simultanément ou à des moments distincts, dans des espaces parfois différents et souvent mêlés, organisent leurs rôles et leurs investissements, et les rendent cohérents.
11L’analyse des fictions cinématographiques réalisée par Denis Ruellan montre qu’un reporter engagé est une figure acceptable voire inévitable de la profession. Pris dans leurs sources, dans leur vécu, dans leurs contradictions humaines et professionnelles, ces journalistes inventés par les cinéastes des années soixante-dix et quatre-vingt, figurent un idéal-type professionnel en rupture avec le modèle montant du journaliste coupé de toute forme d’allégeance et possiblement formaté par des entreprises de presse soumises aux lois du marché. Les enquêtes sociologiques qui forment le corps du présent ouvrage permettent quant à elles de penser la question des formes de l’engagement journalistique autour de trois thématiques.
12La première est celle de la (dé) politisation des espaces médiatique marchands. Il s’agit alors d’évaluer ce que la notion de politisation médiatique recouvre, et d’apporter des éléments d’appréciation d’un éventuel désinvestissement de la dimension politique au regard des trajectoires professionnelles des journalistes qui travaillent l’information politique. Eugénie Saitta et Nicolas Kaciaf reviennent ainsi, sur des terrains différents, l’un au niveau des rubriques, l’autre au niveau des titres d’information politique, sur les formes de dépolitisation observées dans les espaces les plus légitimes de la production de l’information politique. Marie Laure Sourp s’interroge quant à elle sur la manière dont s’actualisent les engagements politiques des rubricards Front national tant dans leurs trajectoires que dans leurs pratiques professionnelles quotidiennes.
13L’investissement militant dans les arènes médiatiques est le second pôle où s’exprime l’engagement des rôles journalistiques. Au-delà du constat d’une croissante dimension médiatique de l’action des mouvements sociaux, au-delà aussi de l’appréciation des stratégies militantes qui visent à créer des espaces autonomes d’information, il s’agit ici de comprendre comment les militants articulent un double registre, celui de la critique des médias et celui de la production alternative au sein de ceux-ci. Les expériences de la conversion à l’économie de marché de deux journaux « alternatifs » français et allemand étudiés par Nicolas Hubé montrent comment sous la pression de l’économie, ces journaux militants (et ceux qui les font vivre) vont chercher à promouvoir un modèle professionnel « efficace » d’un point de vue industriel et néanmoins conforme à l’idéal militant de leur origine. L’observation des journalistes et militants réunis à l’occasion de la V e Conférence Ministérielle de l’Organisation Mondiale du Commerce à Cancún (Mexique) en 2003, par Benjamin Ferron, montre que les transactions entre espaces médiatiques et militants à l’occasion d’un tel événement brouillent les frontières établies entre médias et sources d’information.
14Enfin, il s’agit de montrer comment la subversion des règles professionnelles dominantes passe dans des configurations particulières par la valorisation à un moment donné de ressources a priori discriminantes. Il s’agira notamment d’éclairer ici comment dans des contextes variés, des journalistes engagés dans leur carrière mobilisent concomitamment des convictions politiques et des compétences professionnelles, comment ils parviennent (ou non) à relier celles-ci, à faire d’un engagement professionnel une forme de réalisation d’un autre militant (Cégolène Frisque), et inversement, comment ils font de leur engagement une de leurs ressources professionnelles (Camille Aubret).
Notes de bas de page
1 Plenel E., Combat pour une presse libre. Le manifeste de Médiapart, Paris, Galaade, 2009.
2 http://www. mediapart. fr/club/edition/article/140509/combat-pour-une-presse-libre-notre-manifeste (le 15 mai 2009).
3 Plenel E., La part d’ombre, Paris, Gallimard, 1992. Cet ouvrage est un ouvrage dans lequel Edwy Plenel dénonce le système mitterrandiste.
4 Voir sur ce point Mathien M., Pelissier N., Rieffel R., « Avant propos : figure du journalisme, critique d’un imaginaire professionnel », Quaderni, n° 45, Automne 2001.
5 On peut citer de nombreux essais qui aujourd’hui tendent à dénoncer les « dérives » réelles ou supposées du journalisme. Parmi eux et pour les plus récents, on citera par exemple l’ouvrage de Cohen P. et Levy E., Notre métier a mal tourné. Deux journalistes s’énervent, Paris, Mille et une nuits, 2008.
6 Sur la notion d’autorité journalistique, on se reportera à Lemieux C., « Autorités plurielles. Le cas des journalistes », Esprit, mars 2005.
7 Neveu E., Sociologie du journalisme, La Découverte, 2001.
8 Mathien M., Pelissier N., Rieffel R., « Avant propos : figures du journalisme, critique d’un imaginaire professionnel », art. cit.
9 Lemieux C., « La Révolution française et l’excellence journalistique au sens civique. Note de recherche », Politix n°19, 1992.
10 Pour Erik Neveu, le modèle qui semble s’imposer aujourd’hui est le modèle anglo-saxon, fondé sur la quête du factuel, la prédominance d’un discours de l’objectivité, la quête du lectorat ; la soumission à des logiques entrepreneuriales. Il n’empêche, que bien que dominant, ce modèle qui s’oppose au journalisme politique et littéraire à la française est susceptible de connaître des inflexions et qu’il s’agit en aucun cas de les naturaliser. Neveu E., op. cit.
11 Voir notamment sur ce point Delporte C., Les journalistes en France. 1880-1950. Naissance et construction d’une profession, Paris, Le Seuil, 1999.
12 Sur le rôle des associations de presse dans le processus de professionnalisation journalistique, on se reportera aux travaux de Marc Martin et notamment « Journalistes parisiens et notoriété (vers 1830-1870). Pour une histoire sociale du journalisme », Revue historique, juillet-septembre 1981 ; « Profession et idéologie : le journalisme français à la fin du XIXe », Recherches Contemporaines, université de Paris X-Nanterre, n° 1, 1993 ou « La grande famille : l’association des journalistes parisiens 1885-1939 », Revue Historique, n° 557, janvier/mars 1986.
13 Ferenczi T., L’invention du journalisme en France. Naissance de la presse moderne à la fin du XIXe siècle, Plon, Paris, 1993.
14 Riutort P., « Grandir l’événement. L’art et la manière de l’éditorialiste », Réseaux, n°76, 1996.
15 Ruellan D., Le professionnalisme du flou. Identité et savoir-faire des journalistes français, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1993 (nouvelle édition actualisée et augmentée en 2007). Les « Pro » du journalisme. De l’état au statut, la construction d’un espace professionnel, Presses universitaires de Rennes, 1997.
16 Lévêque S., Les journalistes sociaux. Histoire et sociologie d’une spécialité journalistique, Rennes, PUR, 2000.
17 Marchetti D., Contribution à une sociologie des évolutions du champ journalistique, thèse de doctorat en sociologie, Ehess, 1998.
18 Riutort P., « L’information en matière religieuse. Une spécialité moralement fondée », Réseaux, n°111, 2002.
19 Dargelos B., Marchetti D., « Les professionnels de l’information sportive : entre exigences professionnelles et contraintes économiques », Regards sociologiques, 20, 2000.
20 Baisnee O., La production de l’actualité communautaire. Éléments d’une sociologie comparée du corps de presse (France, Grande-Bretagne), thèse de doctorat en science politique, université Rennes I, 2003.
21 Padioleau J. -G., « Système d’interaction et rhétoriques journalistiques », Sociologie du Travail, vol. 76, n°3, juillet/septembre 1976.
22 Voir sur ce point Kaciaf N., Les métamorphoses des pages Politique dans la presse écrite française (1945-2000), Thèse de science politique, université Paris 1, 2005 et Saitta E., Les transformations du journalisme politique depuis les années 1980. Une comparaison France/Italie, thèse de doctorat en science politique, université Rennes 1, 2006.
23 Duval J., Critique de la raison journalistique : Les transformations de la presse économique en France, Paris, Le Seuil, 2004.
24 Haegel F., « Les journalistes pris dans leur source. Les accrédités à l’Hôtel de ville de Paris », Politix, n°19, troisième trimestre 1992.
25 Lemieux C., « Une critique sans raison ? L’approche bourdieusienne des médias et ses limites », in Lahire B., Le travail sociologique de Pierre Bourdieu. Dettes et critiques, Paris, La Découverte, 1999.
26 Halimi S., Les Nouveaux Chiens de garde, Paris, Le Seuil, 1997 (nouvelle édition actualisée et augmentée en 2005).
27 Sur les limites d’une telle critique, on se reportera à Lévêque S., « Travail journalistique et mouvements sociaux. Analyse d’une coproduction médiatique. L’exemple du mouvement altermondialiste », Table Ronde du 8 e congrès de l’AFSP, septembre 2005. http ://sites. univ-lyon2. fr/congres-afsp/article.php3 ? id _ article = 142
28 Plusieurs enquêtes menées depuis 1966 confirment cette tendance :
- CEREQ, les journalistes. Etudes statistique et sociologique de la profession, La Documentation Française, 1975.
- Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels, Enquête statistique et sociologique. Liste des titulaires de la carte professionnelle au 1er juillet 1966, Paris CCIJP, 1967 ;
- Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels, Cinquante ans de carte professionnelle : profil de la profession. Enquête socioprofessionnelle, Paris, CCIJP, 1986 ;
- Institut Français de la Presse, Les journalistes en France en 1990. Radiographie d’une profession, Paris, SJTI/La documentation française, 1992 ;
- Devillard V. et alii, Les journalistes français à l’aube de l’an 2000. Profils et parcours, Paris, Édition Panthéon Assas, 2001.
29 Lemieux C., « Contraintes du travail journalistique et affaires de dopage : pour une approche sociologique », in Diana J. -F., Meyer V., « Dire le dopage », Questions de communication, Hors série, n°1.
30 Voir notamment sur ce point Lenoir R., « La parole est aux juges. Crise de la magistrature et champ journalistique », Actes de la Recherche en sciences sociales, n°101-102, mars 1994.
31 Tuchmann G., Making News. A study in the construction of reality, New York, The Free Press 1978.
32 Lemieux C., Mauvaise presse. Une sociologie compréhensive du travail journalistique et de ses critiques, Paris, Métailié, 2000.
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