Chapitre 8. Des vies diversement studieuses
p. 275-290
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Index géographique : France
Texte intégral
1Le questionnaire de l’enquête Conditions de vie est riche d’enseignements sur la manière dont les étudiants organisent leur temps studieux, c’est-à-dire, à la fois le temps passé à assister aux cours mais aussi le temps passé, à domicile ou ailleurs, à effectuer du travail personnel (révision, préparation d’un examen ou d’un exposé…). De façon plus précise, il apporte aussi des informations sur les modes de révision, la tenue d’un emploi du temps, l’assiduité et les jugements portés par les étudiants sur leur environnement de travail. L’analyse des comportements et de leurs évolutions repose principalement sur les distinctions qui s’opèrent selon la filière d’études. Le clivage le plus net opposant les formations universitaires « traditionnelles », où les étudiants conduisent eux-mêmes leurs études, aux formations les plus encadrées, où les étudiants sont davantage conduits par l’institution et donc très suivis. Par ailleurs, l’investissement studieux n’est pas le même entre les filières élitistes et celles plus largement ouvertes à l’ensemble des bacheliers et le temps libéré par les études est utilisé plus ou moins fréquemment pour exercer une activité rémunérée susceptible de freiner la réussite. Enfin, l’analyse de la vie studieuse et de la place occupée par les études dans la vie des étudiants ne se limite pas à l’année en cours et doit aussi intégrer des dimensions relatives aux parcours. On verra notamment quelle place occupe la mobilité internationale dans les parcours étudiants dans un contexte d’élargissement du champ de l’enseignement supérieur.
LE TEMPS CONSACRÉ AUX ÉTUDES
2La manière dont se structure la répartition entre heures de cours ou TD et heures de travail personnel varie de façon significative selon le cycle et la filière d’études. Ainsi, au niveau licence, l’emploi du temps studieux est principalement organisé autour de l’assistance aux enseignements (22 heures en moyenne par semaine) alors que le travail personnel en semaine et en weekend occupe les étudiants 15 heures en moyenne. Au niveau master la situation s’équilibre (17 heures d’enseignement et 19 heures de travail personnel) et au niveau doctorat le travail personnel (26 heures) prend le dessus sur le temps passé en cours (5 heures).
Graphique 1 : Heures de cours-TD et heures de travail personnel selon le type d’études en 1er cycle en 2005-2006

Source : OVE, enquête Conditions de vie 2006.
3L’organisation du temps consacré aux études observée sous l’angle de la filière d’inscription permet d’isoler des « familles » d’étudiants qui correspondent aussi à des profils et des styles de vie différents (graphique 1). Pour comparer des étudiants comparables, il faut s’intéresser à ceux de 1er cycle (inscrits en licence, IUT ou classes supérieures de lycée). Depuis 1997, pour cette frange de la population étudiante, la durée hebdomadaire de l’assistance aux cours ou TD ainsi que le temps passé à effectuer du travail personnel sont stables. Néanmoins, il est possible de distinguer quatre familles d’étudiants principalement autour du clivage entre filières universitaires « traditionnelles » et formations sélectives à plus fort encadrement pédagogique.
- Ceux qui cumulent beaucoup d’heures de cours et de TD hebdomadaires et de nombreuses heures de travail personnel : il s’agit des élèves de CPGE qui assistent, en moyenne, à 34 heures d’enseignement par semaine et travaillent 24 heures à titre personnel. Parmi eux, on peut observer que les scientifiques déclarent plus d’heures d’enseignement que les littéraires (35 heures contre 30) mais un peu moins de travail personnel (24 heures contre 26).
- Ceux qui ont beaucoup d’heures de cours et de TD hebdomadaires et relativement peu d’heures de travail personnel : les élèves de STS et d’IUT. Ils ont sensiblement le même nombre d’heures d’enseignement au total (28 heures et IUT et 31 heures en STS) mais beaucoup plus souvent sous forme de TD ou de TP en IUT (17 heures) qu’en STS (8 heures). En revanche, le nombre d’heure de travail personnel est moins élevé dans ces formations (11 heures en STS, 12 heures en IUT) que dans toutes les autres formations de 1er cycle.
- Ceux qui ont relativement peu d’heures de cours et de TD hebdomadaires et beaucoup d’heures de travail personnel : les étudiants en Santé. Alors que leur volume horaire consacré aux enseignements se situe en dessous de la moyenne (19 heures, dont 13 heures de cours et 6 heures de TD), ils ont un nombre d’heures de travail personnel inégalé et deux fois plus élevé que la moyenne (29 heures). On sait, en effet, toute l’exigence du concours de fin de 1re année de médecine et de l’investissement studieux qu’il implique.
- Ceux qui ont peu d’heures de cours et de TD hebdomadaires et relativement peu d’heures de travail personnel : les étudiants inscrits en UFR d’Université, Santé exceptée. C’est en Lettres et Sciences humaines que le nombre d’heures moyen d’enseignement est le moins élevé (15 heures) alors qu’en Sciences, filière dans laquelle le temps de travail personnel est le plus faible en Université, il est légèrement supérieur à la moyenne (23 heures). Enfin, c’est en Droit et Sciences économiques que le nombre d’heures de travail personnel est le plus important (15 heures).
4Plus les étudiants ont un volume de travail personnel important à fournir en dehors des enseignements, plus ils organisent rigoureusement leur temps. Dans la filière Santé, en 1er cycle, ils sont ainsi 44,7 % à déclarer se fixer un emploi du temps strict, contre 20,3 % en STS. De même, travailler tôt le matin ou tard le soir est beaucoup plus fréquent en santé ainsi qu’en CPGE où 70,2 % effectuent souvent du travail personnel après 22 heures. Concentrer ses efforts à l’approche des épreuves est une attitude commune à la grande majorité des étudiants (86,5 %), les clivages entre filières étant très faibles. Réviser de façon régulière tout au long de l’année caractérise une nouvelle fois les élèves de CPGE (81,8 % le font contre 55,6 % pour l’ensemble des inscrits en 1er cycle) et les étudiants en Santé (72,8 %). Il s’agit aussi d’un comportement plus répandu chez les filles que chez les garçons dans toutes les filières. Elles sont aussi plus nombreuses à se fixer un emploi du temps strict (33,3 % contre 25 % chez les garçons) et à utiliser un agenda pour gérer leur temps (76 % contre 55 %). Ce sont aussi des pratiques plus fréquentes chez les étudiants les plus avancés dans les cycles d’études. Ainsi, au niveau doctorat, 42,3 % des étudiants déclarent se fixer un emploi du temps strict (contre 27,8 % en licence) et 55,4 % utiliser un agenda (contre 35,1 % en licence). On notera enfin que la rigueur dans la tenue de l’emploi du temps ainsi que la manière de préparer les examens (régulièrement toute l’année ou au dernier moment) n’ont pas connu d’évolution significative au cours de la période 1997-20061.
5L’investissement dans le travail personnel se fait le plus souvent au détriment de la vie sociale. En effet, plus l’étudiant déclare un volume de travail personnel important, moins il se déclare satisfait de son rythme de vie et de ses possibilités de détente. En 1er cycle, ils sont ainsi 43,1 % à juger de façon satisfaisante cet aspect de leurs conditions de vie parmi ceux qui ont moins de 10 heures de travail personnel par semaine, contre seulement 19,3 % parmi ceux pour qui le travail personnel excède 25 heures. Il en va de même concernant le jugement porté sur la vie sociale et le rapport aux autres : 59,1 % d’étudiants satisfaits parmi ceux dont le temps de travail personnel hebdomadaire est inférieur à 10 heures contre 44,4 % parmi ceux pour qui ce volume de travail est supérieur à 25 heures. C’est donc logiquement dans les filières où l’investissement studieux en dehors des enseignements est le plus important que les étudiants sont les moins satisfaits de leur rythme de vie : 15 % d’étudiants satisfaits en CPGE et 25,2 % en Santé. Dans les autres filières, le taux de satisfaction est plus élevé. Il varie entre 31,8 % (STS) et 39,8 % (Sciences). Le jugement porté sur la vie sociale suit la même tendance puisque dans toutes les filières la majorité des étudiants se déclarent satisfaits à deux exceptions près : les CPGE (43,8 %) et la Santé (43,8 %). C’est en IUT et STS que la part des étudiants satisfaits de leur vie sociale est la plus élevée : respectivement 57,1 % et 57,9 % de satisfaits. Dans les formations universitaires de 1er cycle, la proportion d’étudiants satisfaits atteint 56,6 % en Sciences, 53,2 % en Droit, Sciences économiques et 53,7 % en Lettres, Sciences humaines.
ASSIDUITÉ OU ABSENTÉISME
6En 2006, seulement 2,8 % des étudiants déclarent ne pas assister à presque tous les enseignements par choix et près des trois quarts (72,3 %) peuvent être considérés comme assidus puisqu’ils ne manquent volontairement les enseignements que rarement ou jamais. Ici, aussi la situation varie selon les filières et l’assiduité des étudiants est plus élevée, car aussi plus encadrée et contrôlée, dans les filières courtes et sélectives. Ainsi en CPGE, 92,6 % des élèves ne manquent jamais un cours ou alors de façon exceptionnelle ; ils sont respectivement 82 % et 83,7 % dans ce cas en STS et IUT. En UFR d’Université, l’absentéisme est plus fréquent, notamment en Santé où 22,7 % des étudiants déclarent faire le choix de ne pas assister à certains cours, voire à tous. Les étudiants en Médecine sont, nous l’avons vu, ceux qui ont le volume de travail personnel le plus élevé et on sait par ailleurs qu’ils s’organisent traditionnellement pour se procurer le contenu des cours sans y être présents (voir infra). Dans toutes les filières, à la seule exception des CPGE, les filles adoptent des comportements plus studieux en manquant moins souvent les cours par choix que les garçons. Les différences sexuées sont particulièrement marquées en Santé (62,5 % des filles ne manquent jamais ou presque jamais les cours contre 48,3 % des garçons), dans les filières scientifiques d’Université (77,9 % contre 66,4 %) ainsi qu’en STS (88 % contre 76,3 %).
7En 2006, plus de la moitié des étudiants qui déclarent manquer volontairement des enseignements le font par absence d’envie d’aller en cours (Tableau 1). C’est la principale raison invoquée pour justifier la non-assiduité dans toutes les filières à deux exceptions près :
- en Santé où 66,6 % des étudiants qui font l’impasse sur des enseignements déclarent que des photocopies ou des livres leur suffisent et 53,7 % qu’ils s’organisent de façon à échanger leurs notes de cours avec des camarades ;
- en CPGE où la préparation d’un examen, d’un contrôle ou d’un test est la première raison de non assistance à certains cours (57,3 %).
8Après le manque de motivation, c’est la manière dont les enseignants assurent les cours qui est mise en avant par les étudiants pour justifier leurs absences. Ceci est encore plus vrai en Université (de 47,4 % en Lettres et SHS à 55,2 % en Sciences) qu’en classes supérieures de lycées (43,3 % en CPGE et 44,2 % en STS). Enfin, notons que l’utilisation de ressources pédagogiques en ligne (Internet ou Intranet) est citée par 20,3 % des étudiants. C’est dans les filières scientifiques d’Université (26 %) et en Santé (36,3 %) que cette pratique est la plus répandue. Passé ce constat, on observe des tendances allant dans le sens d’une plus grande assiduité lorsque l’on s’intéresse à l’évolution des absences volontaires et de leurs motivations au cours de la dernière décennie. Ainsi, en 2006, près des trois quarts des étudiants (72,3 %) déclarent ne manquer les enseignements que rarement ou jamais alors qu’ils n’étaient que deux tiers (65,8 %) dans ce cas en 1997. Pendant la même période, la part de ceux qui « sèchent » souvent ou presque toujours est passée de 10,3 % à 8,5 %. Cette hausse de l’investissement studieux a surtout été portée par un changement de comportement dans les filières universitaires qui comprennent le plus d’étudiants. Ainsi, en Lettres et sciences humaines, ils sont 72,2 % à manquer rarement ou jamais des enseignements en 2006, alors qu’ils étaient 61,5 % en 1997. Parmi les filières courtes, on distinguera les classes supérieures de lycées (CPGE et STS) où la situation n’a guère évolué, le niveau d’assiduité étant déjà très élevé en 1997, et les IUT pour lesquels la hausse est proche de la moyenne d’ensemble.
9Plus assidus, les étudiants semblent aussi davantage motivés. En effet, si l’absence d’envie d’aller en cours reste la principale raison invoquée pour justifier les absences quelle que soit l’année d’enquête, ce motif est de moins en moins cité : parmi ceux qui manquent les cours de façon volontaire même occasionnellement, ils étaient 67,8 % à y faire référence en 2000 (point le plus haut) et ne sont « que » 57,9 % en 2006. Sans que l’on sache si ces résultats sont corrélés avec les précédents, on constate aussi que les absences volontaires motivées par la manière dont l’enseignant fait ses cours ou par une déception quant au contenu de la matière sont en baisse depuis 2000. Enfin, si les étudiants manquent moins les cours c’est aussi parce qu’ils échangent moins souvent leur note de cours entre eux : 43,7 % évoquent ce motif pour justifier leurs absences en 2006 contre 51,5 % en 1997.
Tableau 1 : Raisons invoquées de la non-assistance aux enseignements (en %)

Source : OVE, enquêtes Conditions de vie.
Où les étudiants travaillent-ils ?
Qu’ils soient cohabitants ou indépendants du point de vue résidentiel, les étudiants sont près de 90 % à déclarer travailler souvent à domicile. Le travail régulier en bibliothèque (bibliothèque universitaire, municipale ou autre) vient loin derrière. Il concerne 23,6 % des étudiants, soit une proportion stable depuis 1997. À niveau de cursus égal, les cohabitants s’y rendent plus fréquemment. Ainsi, en 2006, parmi les étudiants inscrits en master, 27,9 % de ceux qui habitent chez leurs parents y vont souvent contre 24,7 % des indépendants. Par ailleurs, travailler en bibliothèque est une pratique plutôt féminine puisque les trois quart des filles (75,1 %) déclarent y travailler au moins occasionnellement alors que les deux tiers des garçons (65,1 %) sont dans ce cas. Mais plus que le mode de logement, le niveau de cursus et le sexe, c’est la filière d’études qui s’avère discriminante. Ce sont les étudiants inscrits en Université dans des filières pour lesquelles l’apprentissage passe davantage par la lecture d’ouvrages et de revues qui utilisent le plus souvent les bibliothèques comme lieu de travail. Ils sont ainsi 32,3 % à déclarer y travailler souvent en Droit et Sciences économiques et 32,7 % en Lettres et Sciences humaines. Dans les filières les moins littéraires et où l’apprentissage est le plus encadré, l’utilisation des bibliothèques est peu fréquent : respectivement 9,5 % des inscrits en IUT et 3,8 % des inscrits en STS y travaillent souvent. Par contre, dans ces filières ainsi qu’en CPGE le travail personnel se fait plus fréquemment à l’intérieur de l’établissement (hors bibliothèque) : ils sont 32,7 % à y travailler souvent en CPGE, 20,2 % en STS et 19,2 % en IUT. La mise à disposition de salles de travail est, en effet, beaucoup plus répandue dans ce type de formation2.
JUGEMENT SUR LES CONDITIONS DE TRAVAIL
10Le regard que les étudiants portent sur leurs conditions de travail, c’est-à-dire à la fois l’organisation de leur cursus et des enseignements mais aussi les conditions matérielles dans lesquelles ils étudient, permet tout d’abord de voir qu’aucun aspect étudié ne suscite l’enthousiasme général. Cependant, en regardant les résultats dans le détail, il convient de nuancer ce premier constat puisque la tendance est à l’amélioration pour la quasi-totalité des aspects étudiés par l’enquête Conditions de vie.
Jugement sur l’organisation, l’enseignement et les relations sociales
11Concernant l’enseignement et les relations sociales, deux points négatifs ressortent : la disponibilité des personnels administratifs et l’information. Information sur la vie dans l’établissement, le calendrier mais aussi concernant l’orientation et les débouchés. À l’opposé, la disponibilité des enseignants, l’organisation et la surveillance des examens ainsi que l’entraide au sein de la population étudiante sont les aspects les plus appréciés. Même s’il faut souligner que le niveau de satisfaction se situe toujours en dessous de 40 %, on observe que, quel que soit l’aspect considéré, la tendance est à l’amélioration au cours de la décennie 1997-2006. La progression la plus forte concerne la disponibilité des enseignants (+5,7 points).
12Dans le domaine de l’organisation, de l’information et des relations sociales, les variations du taux de satisfaction sont surtout liées au type d’études, c’est à dire à la fois au type de cadre pédagogique (encadrement serré d’effectifs restreints vs enseignement « de masse » donné en amphi) et à la hiérarchie des études suivies (hiérarchie scolaire et sociale des recrutements, hiérarchie économique et symbolique des débouchés prévisibles). La combinaison de ces deux dimensions opère de telle sorte que les taux de satisfaction les plus élevés se retrouvent dans des études à encadrement serré, le plus souvent dans les plus élitistes, les CPGE, parfois en IUT, mais jamais en STS. À l’opposé, les étudiants en Lettres et Sciences humaines sont les moins satisfaits pour six des huit aspects évalués.
Tableau 2 : Enseignement et relations sociales, part d’étudiants satisfaits (en %)

Source : OVE, enquêtes Conditions de vie.
Jugement sur les conditions matérielles et les équipements
13L’implantation géographique de l’établissement, les bibliothèques et centres de documentation ainsi que la sécurité des lieux sont les aspects qui donnent le plus de satisfaction. Par contre, les équipements sportifs, les services de santé ainsi que les activités et équipements culturels font l’objet d’une certaine critique. Depuis 1997, le jugement des étudiants a évolué favorablement sur tous les aspects concernés, exceptés ceux relatifs au confort et à la propreté des établissements. Les progrès les plus notables concernent l’appréciation des bibliothèques (voir encadré) et, à un degré moindre, l’implantation géographique et les équipements pédagogiques.
14Les taux de satisfaction varient notamment selon la taille de la ville d’études. Les étudiants parisiens jugent plus favorablement que les autres l’implantation géographique de leur établissement (71,4 % de satisfaits) ainsi que la sécurité des lieux (55,7 %). Ces deux aspects sont, en revanche, jugés de façon négative, voire très négative par ceux qui étudient dans la petite couronne de la région parisienne (46,4 % de satisfaits concernant l’implantation géographique et 36 % pour la sécurité des lieux). Les équipements sportifs et les activités culturelles sont évalués de façon plus positive dans les grandes unités urbaines de province (de 100 000 à 300 000 habitants) où les universités prennent fréquemment la forme d’un campus. Quant aux équipements pédagogiques ils rassemblent le plus d’étudiants satisfaits (39,1 %) dans les villes de province de moins de 100 000 habitants dont il faut rappeler qu’elles sont les seules à regrouper majoritairement des inscrits en filières courtes (CPGE, STS et IUT) où cet aspect est plébiscité par environ 40 % des étudiants, soit 10 points de plus que la moyenne.
Tableau 3 : Conditions matérielles et équipements, part d’étudiants satisfaits (en %)

Source : OVE, enquêtes Conditions de vie.
Les bibliothèques universitaires
Amélioration des conditions de travail…
Un tiers des étudiants inscrits en Université déclare ne jamais rencontrer de difficultés pour travailler à la bibliothèque universitaire (BU). Cette part est en hausse depuis 1997 (Tableau 4). Au cours de la même période, la part de ceux qui reprochent aux BU le manque de place, de calme ou d’ouvrages a décliné de façon assez marquée. Ces différents indicateurs sont autant de révélateurs d’une amélioration des conditions de travail en bibliothèque. Ils sont à mettre en relation avec les données nationales qui indiquent à la fois une hausse du nombre de BU (de 95 en 1997 à 105 en 2005) et de places assises (de 90 267 en 1997 à 111 299 en 20053). Le seul indicateur de mécontentement en hausse est relatif aux horaires d’ouverture.
Tableau 4 : Difficultés rencontrées pour travailler en bibliothèque universitaire (en %)
Source : OVE, enquêtes Conditions de vie.
… mais baisse de la fréquentation
L’amélioration du contexte de travail en BU ne s’accompagne pas d’une hausse de la fréquentation. Au contraire, la part des étudiants qui s’y rendent au moins une fois par semaine est passée de 54 % en 1997 à 49,9 % en 2006 et ceux qui n’y vont jamais sont désormais 13,2 % contre 10 % en 1997. Néanmoins, les étudiants qui y vont tous les jours représentent près de 8 % de l’ensemble quelle que soit l’année d’enquête.
La baisse de fréquentation est particulièrement visible parmi les étudiants inscrits en Sciences ou en IUT. Chez ces derniers la part de ceux qui ne vont jamais à la BU a doublé sur la période pour atteindre 16,1 % en 2006. Chez les étudiants en Droit, économie ou Lettres et Sciences humaines, principaux utilisateurs des BU, la baisse est moins marquée4.
Alors que la fréquentation des BU décline sensiblement, celle des salles informatiques mises à disposition dans les universités a connu une forte hausse lors de la dernière décennie puisque les étudiants sont désormais 55,4 % à les utiliser, contre 35,1 % en 1997. Il y a lieu de penser que les salles informatiques, qui permettent notamment d’accéder aux ressources en ligne des bibliothèques et à des bases de données documentaires, se sont en partie substituées aux BU pour les recherches que font les étudiants dans le cadre de leurs études. Interrogés en 2006 sur leur utilisation personnelle d’Internet, ils sont ainsi 86,9 % à déclarer qu’ils s’en servent pour effectuer des recherches liées aux études.
VIE STUDIEUSE ET TRAVAIL RÉMUNÉRÉ
15Comme nous l’avons vu précédemment, avec la progression en cycles, la structure du temps dédié aux études se modifie et, quelle que soit la filière, le nombre d’heures de cours diminue sensiblement alors que le temps de travail personnel augmente pour devenir dominant en 3e cycle. Parallèlement, la proportion des étudiants qui ont un emploi durant l’année universitaire progresse : de 39,3 % en licence à 76,7 % en doctorat. La nature des activités rémunérées exercées évolue aussi. Ainsi, en 3e cycle, la moitié des étudiants (48,8 %) exercent un emploi intégré aux études, contre 4,4 % en 1er cycle. À l’inverse, les activités correspondant à des jobs déclinent avec l’avancement dans le cursus (de 25,1 % en 1er cycle à 8,8 % en 3e cycle). Quant aux emplois très concurrents des études5, ils occupent environ 20 % des étudiants à partir du 2e cycle contre un peu moins de 10 % avant.
16Selon les filières d’études, les situations sont contrastées. Ainsi, en classes supérieures de lycées, l’exercice d’une activité rémunérée est peu fréquent, surtout en CPGE où seulement 15,2 % des étudiants travaillent et quasiment exclusivement dans le cadre de petits boulots d’appoints (baby-sitting, cours particuliers…). En Université, les étudiants en Santé occupent une place à part. En effet, alors qu’ils sont relativement peu nombreux à exercer une activité rémunérée en 1er cycle où le travail personnel leur accapare beaucoup de temps, la part des actifs croît nettement à partir du 2e cycle pour dépasser les 80 % en doctorat. Ces activités rémunérées sont le plus souvent intégrées aux études comme c’est notamment le cas de l’internat hospitalier. Parmi les autres filières universitaires, c’est en Lettres et Sciences humaines que le travail rémunéré entre le plus souvent en concurrence avec les études et que les activités intégrées au cursus sont les plus rares.
17D’une manière générale et de façon stable depuis 1997, l’exercice d’une activité rémunérée est étroitement lié à l’emploi du temps studieux. On observe ainsi, pour les étudiants de 1er cycle, un écart global de 4 heures entre ceux qui déclarent avoir une activité rémunérée durant l’année universitaire et ceux qui n’en ont pas (35 heures contre 39 heures). Cet écart se creuse encore si la comparaison se fait entre les étudiants qui ont une activité rémunérée très concurrente des études et ceux qui n’en n’ont pas. En 1er cycle l’écart global est de 12 heures : les étudiants ayant une activité très concurrente de leurs études assistent aux enseignements en moyenne 8 heures de moins que les non-actifs et consacrent 4 heures de moins à leur travail personnel que ces derniers. C’est donc dans les filières où ces activités concurrentielles sont les plus répandues que les étudiants doivent le plus souvent faire l’impasse sur des enseignements. Ainsi, en 1er cycle, 20,3 % des étudiants inscrits en Lettres et Sciences humaines déclarent qu’il leur est impossible d’assister à des enseignements à cause de leur activité professionnelle. En Droit ou économie, ils sont 13,5 % dans ce cas, en Sciences 9,5 % et en Santé 7,4 %. En classes préparatoires de lycées et en IUT cette situation est marginale.
Tableau 5 : Type d’études et degré d’activité rémunérée pendant l’année universitaire en 2005-2006 (en %)

Source : OVE, enquête Conditions de vie 2006.
Note de lecture : 7,4 % des étudiants en Sciences inscrits au niveau licence exercent une activité rémunérée très concurrente des études pendant l’année universitaire.
LES SÉJOURS D’ÉTUDES À L’ ÉTRANGER DES ÉTUDIANTS FRANÇAIS
18En 2006, 15 % des étudiants de nationalité française déclarent avoir effectué un ou plusieurs séjours à l’étranger en relation avec leurs études6 depuis leur inscription dans l’enseignement supérieur. Il n’y a donc pas eu progression et on observe même un léger recul depuis 2000 où le taux enregistré était de 16,2 %7. Néanmoins, pendant la même période, la proportion d’étudiants ayant fait un ou plusieurs séjours dans le cadre d’un programme européen (Erasmus, Leonardo ou autre) a crû : de 16,4 % en 2000 à 23 % en 2006 parmi ceux qui ont séjourné à l’étranger pendant leurs études8. Par ailleurs, on observe une hausse des séjours correspondant à une poursuite d’études avec inscription dans un établissement d’accueil : de 17,6 % en 2000 à 26,6 % en 2006. L’évolution de ces deux indicateurs est à mettre en relation avec l’harmonisation de l’enseignement supérieur en Europe, matérialisée par le passage au LMD. L’élargissement de l’espace de l’enseignement supérieur s’est aussi matérialisé par la progression des séjours à l’étranger qui permettent aux étudiants d’exercer une activité professionnelle (stage en entreprise ou autre). Ils sont, en effet, 36,7 % a avoir effectué un séjour de ce type depuis leur entrée dans le supérieur parmi les étudiants français interrogés en 2006, alors qu’ils étaient 30,2 % en 2000.
Tableau 6 : Principaux motifs des séjours à l’étranger en relation avec les études chez les étudiants français (réponses multiples en %)

Source : OVE, enquêtes Conditions de vie.
19La hiérarchie des pays de destination des étudiants français dans le cadre de leurs séjours en lien avec les études supérieures est stable depuis 2000. Ainsi, les étudiants se rendent le plus souvent en Grande-Bretagne (23,2 % des séjours en 2006). Les deux autres pays européens les plus cités sont l’Espagne (12,6 %) et l’Allemagne (11,8 %). Au total, les trois quarts des séjours se font dans un pays européen. En dehors du vieux continent, c’est aux États-Unis que les étudiants se rendent le plus souvent (6,8 %). Enfin, 5,3 % des séjours se font dans un pays africain et, respectivement, 3,9 % et 1,9 % en Asie et en Océanie.
20Toutes choses égales par ailleurs, la probabilité d’effectuer un séjour à l’étranger dans le cadre de ses études est déterminée par l’origine sociale, le passé scolaire, la filière d’inscription, la progression en âge (associée à une progression dans les années d’étude) et aussi, dans une mesure moindre mais non négligeable, par le sexe.
21Concernant l’origine sociale, on observe que la probabilité de connaître une période de mobilité internationale pendant les études est dépendante de deux variables principales : le niveau de diplôme le plus élevé des parents et les revenus parentaux. Quelle que soit la variable retenue, la probabilité augmente à mesure que l’indicateur choisi illustre une origine sociale favorisée : probabilité maximum pour les étudiants dont les parents sont diplômés du supérieur et ont des hauts revenus.
22Lorsqu’on neutralise l’influence de l’origine sociale, mais aussi du type d’études suivies, de l’âge et du sexe, on observe que le passé scolaire, mesuré ici par l’âge au baccalauréat, exerce aussi une influence sur la probabilité de faire un séjour à l’étranger pendant les études. Ainsi, plus les étudiants entrent dans l’enseignement supérieur en avance (situation de ceux qui ont leur baccalauréat avant 18 ans) plus ils ont de chances de « bouger » pendant leurs études. À l’inverse, ceux qui ont leur baccalauréat en retard ont une probabilité plus faible de partir à l’étranger.
23Le type d’études suivies est, bien sûr, aussi un facteur déterminant de la mobilité. Ainsi, toutes choses étant égales par ailleurs, les étudiants d’Université inscrits en Lettres et Langues ont plus de chances que tous les autres d’effectuer un séjour à l’étranger, ce qui est logique étant donné le contenu de ces formations.
24Plus les étudiants sont âgés, plus les chances d’avoir effectué un séjour à l’étranger en relation avec les études augmentent, en partie parce que ces séjours s’effectuent souvent une fois atteint un certain niveau du cursus (notamment après le 1er cycle). Enfin, à situation égale (donc indépendamment du fait qu’elles sont plus souvent inscrites en Lettres et Langues), les filles ont un peu plus de chances que les garçons d’aller étudier à l’étranger, peut-être parce qu’elles adoptent plus fréquemment les comportements considérés comme rentables dans l’enseignement supérieur.
Les stages
Au cours de la période 1997-2006, la professionnalisation de l’enseignement supérieur a notamment été matérialisée par le développement de formations comprenant au moins un stage. Ainsi, en 1997, un tiers des étudiants déclaraient avoir effectué un stage lors de la précédente année universitaire9. En 2006, ils sont un peu plus de 40 %, soit une hausse de 22 %. Celle-ci a surtout été portée par les filières universitaires traditionnellement les moins professionnalisantes dans lesquelles les stages sont plus souvent facultatifs. C’est notamment le cas en Droit et Sciences économiques où la proportion de stagiaires a progressé de 39 % sur la période et où, en 2006, 56,9 % des étudiants déclarent que les stages effectués sont obligatoires contre 48,7 % en 1997. En Santé et en IUT la progression est moins forte alors qu’elle est nulle en STS. Il s’agit en effet de formations dans lesquelles les stages sont inscrits dans le cursus et sont obligatoires dans plus de 90 % des cas.
En 2006, 29,6 % des étudiants stagiaires lors de l’année universitaire précédente déclarent avoir perçu une rémunération pour cette activité, soit une baisse par rapport aux deux précédentes enquêtes (34,7 % en 2003 et 33,4 % en 2000). Plus l’étudiant avance en âge et progresse dans les cycles d’études, plus il a de chances de voir son stage rémunéré : 44,1 % des 24-25 ans ont été rémunérés pour l’ensemble des stages qu’ils ont effectué l’année précédente contre 22,7 % des moins de 20 ans.
25Les différents résultats présentés ici montrent que la dernière décennie a été marquée par un mouvement de professionnalisation de l’enseignement supérieur, illustré notamment par la hausse du nombre de formations dans lesquelles un stage est obligatoire. Sous l’impulsion du processus de Bologne, elle a aussi vu progresser la mobilité internationale. Enfin, à rebours de certaines idées reçues sur le dilettantisme étudiant, les données de l’enquête Conditions de vie permettent d’observer une progression de l’assiduité.
26Cependant, derrière ces évolutions d’ensemble, l’approche par filières d’études demeure essentielle, car très clivante, dans l’analyse de l’investissement studieux. On l’a vu, les différences observées reposent essentiellement sur le volume de travail studieux, le niveau d’encadrement des formations et le suivi pédagogique mis en place. Les formations les plus sélectives sont celles ou l’implication dans les études (sur le site d’enseignement mais aussi en dehors) est la plus forte. Les étudiants qui y sont inscrits ont des conditions d’intégration et des perspectives d’insertion professionnelle qui rendent plus acceptable le temps de travail contraint10. À l’inverse, à l’exception de la Santé qui s’apparente à certains égards aux écoles supérieures, l’investissement est moins important dans les UFR d’Université. Le temps laissé libre par les études y est plus souvent utilisé non seulement pour pratiquer des loisirs mais aussi pour exercer un travail salarié.
Notes de bas de page
1 Se fixer un emploi du temps strict concerne environ 30 % des étudiants quelle que soit l’année d’enquête. Réviser régulièrement caractérise un peu plus de la moitié des étudiants et ils sont près de 90 % à concentrer leurs efforts avant les examens.
2 Seulement 6,5 % des inscrits en CPGE déclarent ne pas disposer de salles de travail dans leur établissement. Ils sont 8,8 % en STS et 14,6 % en IUT. En Droit, Sciences économique et en Lettres et Sciences humaines, ils sont respectivement 24 % et 29,7 % à ne pas en disposer.
3 Cardona J. et Lacroix C., Chiffres clés, Statistiques de la culture 2008, Paris, La Documentation française, 2008.
4 En Droit-économie la part des étudiants qui ne vont jamais à la BU est passée de 5,8 % en 1997 à 7 % en 2006. Sur la même période, la part des utilisateurs réguliers (au moins une fois par semaine) est passée de 68 % à 61,5 %. En lettres et sciences humaines la part des étudiants qui ne vont jamais à la BU est restée stable alors que la part des utilisateurs réguliers est passée de 60,2 % à 58,7 %.
5 Les jobs sont les activités rémunérées exercées moins d’un mi-temps, voire occasionnellement pendant l’année universitaire. Quant aux emplois très concurrents des études, il s’agit des activités rémunérées exercées au moins à mi-temps, au moins 6 mois par an pendant l’année universitaire.
6 Les séjours à l’étranger en relation avec les études comprennent les poursuites d’études avec inscription, les cours de langue, l’exercice d’une activité professionnelle (stage en entreprise, etc.), les activités artistiques ou culturelles, les écoles d’été et les voyages d’études.
7 Les enquêtes Conditions de vie 1994 et 1997 ne permettent pas de disposer de données comparables concernant les séjours d’études à l’étranger.
8 Lors de l’année universitaire 1999/2000, 17 093 étudiants français ont participé au programme Erasmus. En 2005/2006, ils étaient 22 501 dont 58 % de filles. Source : Agence Europe-éducation-Formation France.
9 Dans le questionnaire de l’enquête Conditions de vie, les questions portent sur les stages effectués l’année précédente. Les stages de fin d’études sont donc exclus puisque les sortants ne sont pas interrogés et il est probable que cela entraîne une légère sous-estimation du nombre de stagiaires.
10 Sur la perception de l’insertion professionnelle par filières d’études, voir chapitre 11.
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