Desktop versionMobile Version

En France rurale

 | 
Jean-François Simon
, 
Bernard Paillard
, 
Laurent Le Gall

Première partie. La tradition des grandes enquêtes

La DGRST et les enquêtes collectives en sciences humaines et sociales durant les années 1960

Alain Chatriot

Volltext

  • 1 Aux travaux pionniers de Picard J.-F., La République des savants. La recherche française et le CNR (...)
  • 2 Rouban L., L’État et la science. La politique publique de la science et de la recherche, Paris, CN (...)
  • 3 Pestre D., Jacq F., « Une recomposition de la recherche académique et industrielle en France dans (...)
  • 4 Chatriot A., Duclert V. (dir.), Le gouvernement de la recherche. Histoire d’un engagement politiqu (...)
  • 5 En particulier, le rapport méconnu présenté au Conseil économique par Camille Soula après un long (...)
  • 6 Duclert V., « Le colloque de Caen – 1956. La IVe République et la mobilisation scientifique », Hist (...)

1Longtemps restée dans l’ombre, la politique scientifique française commence à avoir fait l’objet de plusieurs enquêtes des spécialistes en sciences sociales, qu’ils soient historiens1, politistes2 ou sociologues3. Un peu méconnue, la DGRST, Délégation générale de la recherche scientifique et technique au début de la Ve République a tenu un rôle, qui a été réévalué, à une époque où il n’existe pas encore de ministère de la Recherche ni d’administration qui y soit spécifiquement dédiée4. La IVe République avait tenté à plusieurs reprises de réfléchir aux formes de coordination d’une politique scientifique. Les initiatives prises pendant le passage de Pierre Mendès France à la présidence du Conseil restent limitées même si elles montrent l’importance de la volonté politique sur ces questions. Différents rapports5 et manifestations dont la plus célèbre reste le « colloque de Caen » (« Colloque national sur la recherche et l’enseignement scientifiques », 1er au 3 novembre 19566) avaient posé les bases des réformes institutionnelles amorcées avec l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle.

2C’est en fait le dernier gouvernement de la IVe République qui, sous l’autorité du général de Gaulle, décide par les décrets des 28 et 29 novembre 1958, de créer deux comités : un Comité interministériel de la recherche scientifique et technique (CIRST), présidé par le Premier ministre, regroupant tous les ministres qui se partagent la responsabilité de ce secteur, et ouvert à des personnalités choisies en raison de leurs compétences en la matière, lesquelles formaient une seconde instance, le Comité consultatif de la recherche scientifique et technique (CCRST) appelé aussi « Comité des douze ». Le secrétariat de ces deux instances est assuré par un délégué général. Pierre Piganiol, un chimiste, normalien, résistant, qui travaillait alors pour l’industrie, est choisi. Très vite, avec une petite équipe, il affirme son action et obtient une officialisation de la Délégation moins de trois ans plus tard par le décret du 8 avril 1961. La DGRST se place au cœur d’un dispositif inédit de direction de la recherche fondée sur une triple perspective de coordination interministérielle, d’expertise professionnelle et de création institutionnelle.

  • 7 Charle C., « L’organisation de la recherche en sciences sociales en France depuis 1945 : bref bila (...)
  • 8 Le texte qui suit reprend des éléments d’abord rassemblés dans : Chatriot A., Duclert V., « Fonder (...)

3Poser la question de l’action de la DGRST envers les sciences humaines et sociales peut sembler provocateur. En effet, dans la mémoire de la plupart des témoins de la période, la DGRST est liée à la médecine, à la biologie moléculaire, aux sciences physiques ou à la création de nouveaux organismes, ceux-ci n’étant le plus souvent pas liés avec ce type de discipline. Cependant, si la recherche scientifique en ces domaines passe essentiellement par le CNRS et par le monde universitaire7, la DGRST ne s’en désintéresse pas et cela mérite d’être d’autant plus signalé que la DGRST a joué un rôle spécifique dans l’aide apportée à quelques-unes des grandes enquêtes collectives menées au cours des années soixante et soixante-dix8. Cette première approche permet de fournir des éléments précis sur ce cadre institutionnel très spécifique à ces années et ouvre sur de possibles enquêtes complémentaires.

4Le mécanisme de financement choisi par la DGRST mérite d’être précisé tant il semblait assez exceptionnel pour des chercheurs dans la France du tout début des années soixante. Il s’agissait de permettre que des laboratoires placés sous la tutelle de différents ministères ou même localisés dans des entreprises soient financés par contrat pluriannuel dans le but d’orienter les travaux des chercheurs ou de lancer de nouveaux secteurs de recherche. De nombreux scientifiques ont vu toute l’innovation que portait un tel projet car le mécanisme des Actions concertées autorisait ainsi une sortie de l’annualité budgétaire. Les premières Actions concertées se transformèrent parfois pour aboutir à la formation d’un organisme comme pour l’exploitation des océans avec le CNEXO, ancêtre de l’IFREMER, ou à leur rattachement à un lieu d’accueil durable. D’autres furent modifiées ou arrêtées à leur terme. Un bilan précis en fut dressé lors de la préparation des IVe et Ve plans. Au-delà de ces nouvelles facilités budgétaires, le rôle de la DGRST est très net lorsqu’il s’est agi de désenclaver des approches disciplinaires parfois encore prisonnières de cadres très classiques dans la France de l’après-guerre. Le délégué général et son équipe jouent ainsi parfois un rôle d’aiguillon en soutenant des projets pluridisciplinaires et en prise sur le monde contemporain. Ces éléments expliquent pour une part les choix originaux faits dans le soutien à des projets en sciences sociales.

Les « 12 sages » et les premières Actions concertées

  • 9 Rosental P.-A., Couzon I., « Le Paris dangereux de Louis Chevalier : un projet d’histoire utile », (...)
  • 10 Dufumier M. (dir.), Un agronome dans le siècle : actualité de René Dumont, Paris, Karthala, 2002.

5Dans le premier « Comité des 12 », les sciences sociales ne sont représentées que par Louis Chevalier, démographe et professeur au Collège de France9. On peut aussi considérer que René Dumont, agronome mais aussi expert en développement10, représente les sciences humaines. Les dix autres membres nommés par le décret constitutif du 29 novembre 1958 sont : Pierre Aigrain (physicien), Jean Bernard (médecin), Paul Germain (physicien), Raymond Latarjet (radiobiologiste), Maurice Letort (directeur général scientifique du Centre d’études et de recherches des Charbonnages de France), André Lichnerowicz (mathématicien), Maurice Ponte (président de la Compagnie générale de TSF), Charles Sadron (chimiste), Pierre Taranger (ingénieur et membre du Commissariat à l’énergie atomique) et Félix Trombe (physicien).

  • 11 Robert Gessain, 1907-1986, Paris, Musée de l’homme, Muséum national d’histoire naturelle, 1988.
  • 12 « Robert Goetz-Girey : in memoriam », Revue économique, volume 16, no 2, 1965, p. 177-198.
  • 13 Boiteux M., « Souvenirs d’un président des douze », dans Chatriot A., Duclert V. (dir.), Le gouver (...)

6Les nominations successives au CCRST n’accordent que la même part réduite à ces disciplines. En décembre 1960 sont nommés parmi les douze Robert Gessain (anthropologue, sous-directeur du Musée de l’homme11) et Robert Goetz, professeur à la faculté de droit et de sciences économiques de Paris12. Ils sont reconduits dans leur fonction en décembre 1962. En décembre 1964, Marcel Boiteux, normalien, agrégé de mathématiques et directeur à la direction générale d’Électricité de France, est nommé pour représenter les sciences économiques13 ; le philosophe, professeur au Collège de France, Jean Hyppolite, désigné en même temps, est remplacé en juillet 1966 par Jean Cazeneuve, directeur scientifique au CNRS puis professeur en Sorbonne. Boiteux et Cazeneuve sont reconduits pour deux ans en mai 1967.

  • 14 Délégation générale à la recherche scientifique et technique, Fonds de développement, Les Actions (...)

7Les sciences humaines et sociales ne sont donc pas au cœur des projets de la DGRST mais elles ne sont pas oubliées pour autant et, dans le cadre des premières Actions concertées du fonds de développement en 1961, deux Actions sur neuf concernent l’analyse démographique, économique et sociale d’une part et la science économique et les problèmes de développement d’autre part. Les autres Actions concertées concernent alors les domaines suivant : application de la génétique, biologie moléculaire, cancer et leucémie, conversions des énergies, exploitation des océans, fonctions et maladies du cerveau (neurophysiologie psychopharmacologie), et nutrition animale et humaine14.

  • 15 Arrêté du 9 décembre 1959, Journal officiel, 15 décembre 1959, p. 11931-11932.

8Les deux Actions concertées concernant les sciences humaines et sociales ont été préparées par deux comités d’étude dont la composition est proche de celle des deux comités scientifiques finalement institués pour les piloter. Respectivement pour « Analyse démographique, économique et sociale » – souvent dénommé CADES pour Comité d’analyse démographique, économique et sociale – : Louis Chevalier, Jean Fourastié, Georges Friedmann, Robert Gessain, Pierre Gourou, Ernest Labrousse, Maurice Le Lannou, Claude Lévi-Strauss, Alfred Sauvy et Jean Stoetzel ; et, pour « Science économique et problèmes de développement » : Georges Balandier, Gaston Berger, Denis Bergmann, Charles Bettelheim, Fernand Braudel, Maurice Byé, René Dumont, Jacques Dumontier, Jean Fourastié, Joseph Klatzmann, Joseph Lajugie, Edmond Malinvaud, Tibor Mende, Jules Milhau, André Piatier et Jean Sutter15.

« Analyse démographique économique et sociale »

  • 16 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1961, p. 91-92.

9La première Action consiste en fait à déterminer une « enquête-pilote » de grande dimension qui porte sur « l’étude du monde agricole et rural français dans son adaptation aux conditions de la vie moderne ». Ce choix est justifié par des considérations de deux ordres : « Elles tenaient, d’une part, à l’utilité politique : problèmes universels dans l’espace et urgents à résoudre, comme devaient d’ailleurs le démontrer les crises qui, peu de temps après le début des recherches, survenaient sur le plan national en ce même domaine ; d’autre part, à l’intérêt scientifique : caractère interdisciplinaire des recherches avec participation de toutes les sciences humaines et confrontation de leurs méthodes et de leurs résultats16. »

  • 17 Pour un regard rétrospectif autour de la problématique des enquêtes collectives : Burguière A., «  (...)
  • 18 Pour une mise en perspective du rôle de ce scientifique : Rosental P.-A., « Jean Stoetzel, la démo (...)
  • 19 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1961, p. 100.

10Sans entrer dans le détail de cette enquête qui prit pour cœur Plozévet17, une commune du Finistère, du canton de Plogastel-Saint-Germain, en pays bigouden, il est intéressant de voir ce double registre de justification. En fait, le choix de Plozévet est bien au croisement entre des préoccupations scientifiques (de différents registres d’ailleurs, en fonction des spécialités disciplinaires ; sont membres de ce comité scientifique « Analyse démographique, économique et sociale » : Jean Stoetzel (président18), Maurice Le Lannou (vice-président), Pierre Bauchet, Léon Buquet, Louis Chevalier, Jean Fourastié, Georges Friedmann, Robert Gessain, Pierre Gourou, Ernest Labrousse, Claude Lévi-Strauss, Philippe Madinier, Alfred Sauvy et Claude Vimont) et un souci politique centré sur le monde agricole alors en mutation19. Il faut ainsi noter que les nouveaux membres par rapport au comité nommé en 1959 sont Pierre Bauchet, Léon Buquet, Philippe Madinier et Claude Vimont – si les deux premiers sont professeurs dans des facultés de droit et de sciences économiques, les deux autres personnalités sont des hauts fonctionnaires respectivement chargé de mission au Commissariat général du Plan d’équipement et de la productivité et administrateur au Conseil économique et social. En 1962, ils sont rejoints, conformément au développement de l’enquête, par Jean Bourgeois-Pichat, directeur de l’INED, et François Bourlière, professeur à la Faculté de médecine. À partir de 1963, un secrétariat scientifique du CADES est assuré par Raymond Fusilier, maître de recherche au CNRS.

  • 20 Drouard A., « Les trois âges de la Fondation française pour les problèmes humains », Population, v (...)
  • 21 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1961, p. 92.

11La question de la filiation entre une partie de ces recherches et les expériences antérieures de certains chercheurs durant la Seconde Guerre mondiale dans le cadre de la Fondation française pour l’étude des problèmes humains a déjà fait l’objet de plusieurs enquêtes20. Dans le rapport de la DGRST, en 1961, on souligne que « l’originalité de l’enquête de base anthropo-démo-généalogique provient ainsi justement de la concentration des techniques et méthodes de toutes les sciences humaines sur un échantillon relativement faible de population21 ». Le rapport de 1961 rend compte en trois parties des débuts de la recherche : l’enquête fondamentale, les monographies et les recherches de synthèse. Les premiers résultats concernent l’établissement de la base démographique (avec ses « 30 000 fiches » !), l’étude de consanguinité et de généalogie, le rassemblement de la documentation anthropo-biologique (dans les archives et par examens anthropologiques sur environ 400 sujets), l’étude psycho-ethnologique et la documentation filmée. Six recherches monographiques sont d’abord effectuées sur l’implantation des techniques nouvelles, les phénomènes d’émigration sur Paris, l’évolution des habitudes alimentaires, l’état d’esprit de la population rurale au cours des enquêtes multidisciplinaires, les pêcheurs et les transformations du milieu technique. Les recherches de synthèse portent sur les dimensions optimales des exploitations agricoles, l’inadaptation et l’insatisfaction du monde agricole et rural, l’inventaire et la typologie des sociétés rurales françaises.

  • 22 Ibid.
  • 23 Pelras C., Goulien, commune bretonne du Cap Sizun. Entre XIXe siècle et IIIe millénaire, Rennes, P (...)
  • 24 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1961, p. 97.

12D’une dépense relativement modeste, cette recherche est d’abord présentée comme interdisciplinaire, comme une « recherche-pilote » soigneusement menée et pouvant servir de prototype pour tous les chercheurs et organismes de recherche en matière de sciences humaines. L’objectif politique, la dimension de recherche appliquée, est aussi important : « Les manifestations d’insatisfaction du monde agricole et rural ont à de nombreuses reprises alerté l’opinion aussi bien que les pouvoirs publics. La division de la population selon l’habitat – rural ou urbain – ou selon l’activité – agricole ou non agricole – repose sur de nombreux critères. Le Comité a estimé qu’une des conséquences de recherche appliquée des plus évidentes de l’enquête sur le monde agricole et rural devait être la détermination scientifique de ces causes d’inadaptation et d’insatisfaction22. » Il faut signaler que l’étude ne se limite pas à Plozévet, même si cela en constitue la partie la plus connue, mais se double d’un autre « isolat » : la commune de Goulien, également dans le Finistère23. Il est au départ question de produire des « éléments comparatifs dans des régions fort différentes mais où les conditions paysannes pouvaient être étudiées également dans le cadre d’un isolat24 ». Deux enquêtes ont été menées, l’une dans la région de Kédougou, au Sénégal oriental, l’autre en Corse.

  • 25 L’un des éléments intéressants consiste à voir comment chacun des savants présente l’enquête dans (...)
  • 26 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1963, p. 281.

13Les rapports annuels successifs décrivent l’évolution de l’enquête. Ils insistent en particulier sur les problèmes rencontrés, l’exigence permanente de multidisciplinarité. Ils s’intéressent aussi aux contacts avec les chercheurs étrangers – en particulier américains et polonais – ou aux questions d’édition et de diffusion des résultats – progressivement, les rapports annuels présentent les bibliographies des différentes Actions concertées25. L’un des objectifs sans cesse réaffirmé de manière presque incantatoire consiste à affirmer que l’activité du comité n’a « pas recoupé celle des organismes classiques, tel le CNRS, mais a permis de réaliser des recherches-pilotes de grande ampleur et suivant des méthodes nouvelles, que les organismes existant ne pouvaient, de par leur structure, assurer26 ». À partir de 1964, le Comité s’interroge sur le devenir d’une telle entreprise. La DGRST se félicite que l’expérience multidisciplinaire menée dans ce canton de Plogastel-Saint-Germain fournisse le modèle des Recherches coopératives sur programme de la commission anthropologique et ethnologique du CNRS.

  • 27 Dans les années soixante-dix, l’enquête se poursuit avec le soutien de la DGRST dans d’autres cadr (...)
  • 28 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1965, p. 621.

14En 1965, le rapport insiste particulièrement sur les résultats en terme de « résistance au changement ». L’un des intérêts est que cela entraîne une ouverture thématique plus grande avec aussi bien une étude sur la formation des administrateurs dans les pays en voie de développement, des recherches en sociologie de l’éducation, ou sur la participation des syndicats de salariés aux travaux du Plan – cette dernière recherche étant menée par Jean-Daniel Reynaud27. Dans la synthèse de 1965, le rapport explique que « si l’on peut regretter la fragmentation méthodologique de l’enquête multidisciplinaire de Pont-Croix, il faut insister sur le fait qu’elle a constitué pour les différentes sciences humaines un “terrain d’essai” pour éprouver et confronter leurs méthodes28 ».

Science économique et problèmes de développement

  • 29 Le fort engagement politique de cet économiste n’y est peut-être pas étranger ; voir Denord F., Zu (...)

15La seconde Action partage elle aussi le double souci scientifique et politique par ses choix de terrains de recherche. Sont membres de ce comité scientifique « Science économique et problèmes de développement » : André Piatier (président), Jules Milhau (vice-président), Georges Balandier, Denis Bergmann, Marcel Boiteux, Fernand Braudel, Maurice Byé, René Dumont, Jacques Dumontier, Jean Fourastié, Joseph Klatzmann, Joseph Lajugie, André Laure, Edmond Malinvaud, Tibor Mende et Jean Ripert. Un phénomène proche de celui des changements du comité de la première Action concertée est également observable pour le deuxième comité : Gaston Berger, Charles Bettelheim29 et Jean Sutter sont remplacés par trois hauts fonctionnaires : Marcel Boiteux, directeur chargé des études économiques générales à l’Électricité de France, André Laure, ingénieur des Ponts et Chaussées, chargé de mission au Commissariat général du plan d’équipement et de la productivité, et Jean Ripert, chef de la division économique dans la même institution. À partir de 1963, le secrétariat scientifique du comité est assuré par René Marzocchi, sous-directeur d’études à l’École pratique des hautes études.

  • 30 Caro P., Dard O. et Daumas J.-C. (dir.), La politique d’aménagement du territoire : racines, logiq (...)

16Les scientifiques mobilisés approuvent en effet de travailler sur deux questions : l’expansion régionale et les recherches nécessaires à la préparation du plan national d’équipement et de productivité. L’importance consacrée aux régions est là encore intéressante à replacer dans le contexte plus général d’évolution de la politique d’aménagement du territoire30. Trois centres d’études sont choisis : Bordeaux, Montpellier et Rennes et, outre des thèmes spécifiques aux régions respectives, sont alors étudiés la conjoncture économique régionale, la comptabilité régionale, les relations ville-campagne et les niveaux de consommation.

  • 31 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1962, p. 149.

17La préparation du Plan permet la création du CERMAP (Centre d’études et de recherches mathématiques sur la planification) puis du CEPREL (Centre d’études de la prospection économique à moyen et long termes). Créé en septembre 1961, le CEPREL a pour premiers sujets d’étude l’application à la France du modèle des experts de la CECA, la projection des échanges extérieurs et test de cohérence multinational, le progrès technique et les investissements dans les modèles de croissance et, enfin, l’étude comparative des objectifs et des résultats du IIIe plan français31.

  • 32 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1963, p. 325-347, et DGRST, Les Actions (...)

18En 1963, une troisième Action concertée est créée concernant les « problèmes de planification », son comité scientifique étant placé sous la présidence de Claude Gruson32. Cette Action concertée s’intéresse aussi bien à la consommation et au mode de vie, à la formation et à l’emploi, à la technologie, aux problèmes de développement du tiers-monde, qu’à la formation des chercheurs. En 1964, en plus de ces thèmes très généraux et dans le cadre de l’orientation des IVe et Ve plans, le comité s’intéresse à l’aménagement de l’espace et à la socioéconomie régionale.

  • 33 Ibid., p. 109.
  • 34 Rosental P.-A., L’Intelligence démographique. Sciences et politiques des populations en France (19 (...)

19La justification de ces recherches fait également le lien avec les politiques publiques : « Toute recherche économique et sociale intéresse directement ou indirectement les programmes nationaux puisqu’elle conduit à une meilleure connaissance des phénomènes économiques et sociaux sur lesquels les programmes tentent d’agir33. » Certains instituts tels que l’INED dirigé d’une main ferme par Sauvy s’intéressent aussi ouvertement aux commandes étatiques des différents ministères et les pages de la revue Population témoignent de la volonté de répondre aux demandes étatiques concernant des politiques publiques allant de l’immigration à la sécurité sociale en passant par les politiques coloniales34.

Enquêtes, publications et logiques de la recherche

  • 35 « La recherche en sciences sociales et humaines. Quelques données statistiques », Le Progrès scien (...)
  • 36 Boulat R., Jean Fourastié, un expert en productivité. La modernisation de la France (années trente (...)

20L’action de la DGRST envers les sciences sociales et humaines passe aussi par des enquêtes globales sur l’ensemble de la politique de la recherche française et la recension de données statistiques régulièrement publiées dans sa revue, Le Progrès scientifique. En 1966, l’enquête commence par rappeler les difficultés pour ces sciences de « délimiter ce qui est recherche scientifique et ce qui ne l’est pas35 ». À partir des données statistiques de l’année 1963, l’équipe de la DGRST considère que le financement s’élève à 134 millions de francs dont 70 % proviennent du ministère de l’Éducation nationale, 15 % du ministère des Finances (principalement par l’INSEE), moins de 5 % du Premier ministre (par le biais des Actions concertées de la DGRST) et quelques éléments venant de l’Agriculture ou des Affaires étrangères (pour les unités de recherche de l’ORSTOM en territoire étranger). La suite de cette présentation insiste sur la dispersion des centres de recherches de taille relativement petite mais souligne aussi les liens existants et leur renforcement. Ainsi, est signalée la création, en décembre 1965, du CLERES (Centre de liaison des études et recherches économiques et sociales) qui doit matérialiser les liens existant entre le BIPE (Bureau d’informations et de prévisions économiques), le CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie36) et la SEDES (Société d’études pour le développement économique et social).

  • 37 Bezes P., de Montricher N., « Le moment CORDES (1966-1979) », dans Bezes P. et alii (dir.), L’État (...)
  • 38 Ibid., p. 76.

21Enfin, cet article réalisé par les équipes de la DGRST annonce la future création du CORDES (Centre de coordination des recherches sur le développement économique et social37) et précise à son propos : sa « mission sera d’assurer une liaison plus étroite et plus efficace entre les utilisateurs (essentiellement les administrations responsables de la politique de développement) et les équipes de chercheurs, de définir et diriger des programmes de recherches appliquées qu’il fera exécuter par des organismes extérieurs, de mettre à la disposition des responsables de décisions (gouvernementaux, administratifs, privés), et sous une forme appropriée, les résultats de ces recherches38 ».

  • 39 Son travail (voir Masson P., « Le financement de la sociologie française : les conventions de rech (...)
  • 40 Netter M.-L., « Les enquêtes collectives. Une utopie scientifique ? », Cahiers du Centre de recher (...)
  • 41 Mazon B., Aux origines de l’École des hautes études en sciences sociales : le rôle du mécénat amér (...)

22À la fin des années soixante et durant les années soixante-dix, le CADES et le CORDES jouent un rôle majeur pour le financement d’une partie des sciences sociales. Le dossier a été bien investigué par plusieurs chercheurs. Pour la sociologie, Philippe Masson a montré la manière complexe dont s’articulaient des travaux scientifiques et la « demande sociale39 ». Pour la discipline historique, les enquêtes collectives, qu’elles soient financées ou pas d’ailleurs par la DGRST, ont bien marqué un horizon scientifique des années soixante et du début des années soixante-dix40. Ce fut particulièrement le cas à la VIe section de l’École pratique des hautes études, devenue en 1975 l’École des hautes études en sciences sociales41. L’historien Louis Bergeron en donne un bon témoignage en 1967 :

  • 42 Bergeron L., « Problèmes de la recherche historique en France », Le Progrès scientifique, no 107, (...)

« La recherche en Histoire devient toujours davantage une recherche collective. Les enquêtes viennent ôter aux thèses le monopole de la production des travaux scientifiques de haute qualité. Elles sont le fait d’équipes : équipes de chercheurs élaborant en commun de nouvelles méthodes et de nouvelles problématiques, équipes de collaborateurs techniques ou de “vacataires”. Elles se prêtent à l’exploitation accélérée de grandes séries documentaires, à l’élargissement géographique et chronologique des recherches et donc à des études comparatives et à des analyses portant sur la longue durée, permettent d’aboutir plus rapidement à des publications. C’est aussi dans le cadre de telles enquêtes et de telles équipes que peuvent être tentées les expériences de collaboration entre Histoire et Sciences humaines42. »

23On comprend ainsi que les mutations institutionnelles et organisationnelles sont inséparables de questionnements scientifiques et intellectuels.

  • 43 Riviere G. H. (dir.), L’Aubrac, Paris, éditions du CNRS, 1982.
  • 44 Chiva I., Goy J. (dir.), Les Baronnies des Pyrénées, Paris, éditions de l’EHESS, 1981-1986. Voir a (...)
  • 45 Par exemple, pour le cas du CRH dont les enquêtes collectives constituaient un élément identitaire (...)

24D’autres enquêtes collectives comparables à celle de Plozévet furent menées. Ainsi en alla-t-il des approches de l’Aubrac43, du Châtillonnais ou des Baronnies44, sous les directions respectives de Georges Henri Rivière, Claude Lévi-Strauss, Isac Chiva et Joseph Goy. Cette forme d’enquête est cependant entrée en crise avec les changements historiographiques des années 1980 et 199045. Si une analyse des changements des approches en histoire a déjà été effectuée, il serait intéressant, en suivant le devenir de ces enquêtes et des chercheurs qui les réalisèrent, de comprendre les mutations tout à la fois des institutions et des pratiques de recherche dans la France de la fin du XXe siècle.

*

  • 46 « Pour une histoire de la recherche collective en sciences sociales. Réflexions autour du cinquant (...)
  • 47 On se permet de renvoyer à Chatriot A., « L’Inra et la coordination des politiques scientifiques, (...)
  • 48 Sur la période précédente, voir Marcel J.-C., Les avatars de l’héritage durkheimien, une histoire (...)
  • 49 Godelier M., Les sciences de l’homme et de la société en France, tome 1 : Analyse et propositions (...)

25Ces expériences, pour limitées qu’elles soient, aident à mieux percevoir les spécificités des sciences humaines et sociales dans la période des « grandes enquêtes collectives46 ». La DGRST ne consacre donc qu’une petite partie de ses projets aux « humanités » et aux nouvelles sciences sociales – les évaluations budgétaires restent assez délicates à proposer de manière synthétique. Ses domaines d’intervention sont très divers et elle joue parfois un rôle crucial de soutien à certains grands organismes, comme l’Institut national de recherche agronomique (INRA47). Il serait intéressant de poursuivre l’analyse de l’évolution de la politique scientifique française durant cette période sur une discipline comme la sociologie qui se structure alors fortement entre CNRS et université48. De même, on pourrait mener une analyse sur des périodes ultérieures en voyant la manière dont les sciences humaines et sociales ont été régulièrement appréhendées de manière spécifique dans le cadre de la politique nationale de recherche49.

  • 50 « La recherche en sciences sociales et humaines. Quelques données statistiques », Le Progrès scien (...)
  • 51 Lefer P., Querette M. et Spindler J.-P., « Aperçu sur les moyens consacrés aux recherches en scien (...)
  • 52 Bergeron L., « Problèmes de la recherche historique en France », op. cit., p. 14.

26La revue de la DGRST se fait cependant accueillante à divers articles réunissant des données statistiques50 et posant nettement les questions de l’évolution des pratiques scientifiques de ces différentes disciplines en France et à l’étranger51. Ainsi, Louis Bergeron explicite en 1967 les « problèmes de la recherche historique ». Ces disciplines sont aussi concernées par les questions de réorganisation de la politique scientifique car elles sont prises en plein dans les mutations de l’enseignement supérieur et des structures créées par le CNRS. La conclusion de la contribution de Louis Bergeron, alors chargé de recherche au CNRS, est très intéressante sur les attentes des acteurs de la recherche dans ces disciplines : « Ne serait-ce que par souci d’efficacité, et pour éviter à la recherche de dévier en Histoire vers un certain dilettantisme, une “politique de la recherche” est nécessaire dans cette discipline. Le CNRS, intermédiaire représentatif entre l’aide de l’État et ses usagers, peut définir et appliquer cette politique : il suffit pour cela que l’État se convainque de l’utilité sociale de dépenser pour l’Histoire52. »

Anmerkungen

1 Aux travaux pionniers de Picard J.-F., La République des savants. La recherche française et le CNRS, Paris, Flammarion, 1990, se sont ajoutées, entre autres, les recherches de Pinault M., La science au Parlement. Les débuts d’une politique des recherches scientifiques en France, Paris, CNRS éditions, 2006.

2 Rouban L., L’État et la science. La politique publique de la science et de la recherche, Paris, CNRS, 1988.

3 Pestre D., Jacq F., « Une recomposition de la recherche académique et industrielle en France dans l’aprèsguerre ; 1945-1970. Nouvelles pratiques, formes d’organisation et conceptions politiques », Sociologie du travail, no 3, 1996, p. 263-277.

4 Chatriot A., Duclert V. (dir.), Le gouvernement de la recherche. Histoire d’un engagement politique de Pierre Mendès France au général de Gaulle (1953-1969), Paris, La Découverte, 2006.

5 En particulier, le rapport méconnu présenté au Conseil économique par Camille Soula après un long travail d’auditions et de négociations : Conseil Économique, Les problèmes de la recherche scientifique et technique, Études et travaux no 27, Paris, Presses Universitaires de France, 1953.

6 Duclert V., « Le colloque de Caen – 1956. La IVe République et la mobilisation scientifique », Historiens & Géographes, no 361, mars-avril 1998, p. 337-360.

7 Charle C., « L’organisation de la recherche en sciences sociales en France depuis 1945 : bref bilan historique et critique. L’organisation de la recherche en France », Revue d’histoire moderne et contemporaine, no 55-4bis, 2008, p. 80-97.

8 Le texte qui suit reprend des éléments d’abord rassemblés dans : Chatriot A., Duclert V., « Fonder une politique de recherche : les débuts de la DGRST », dans Bézès P., Chauvière M., Chevallier J., De Montricher N. et Ocqueteau F. (dir.), L’État à l’épreuve des sciences sociales. La fonction recherche dans les administrations sous la Ve République, Paris, La Découverte, 2005, p. 23-36, et dans Chatriot A., « La DGRST et les sciences humaines et sociales », dans : Chatriot A., Duclert V. (dir.), Le gouvernement de la recherche. Histoire d’un engagement politique de Pierre Mendès France au général de Gaulle (1953-1969), op. cit., p. 174-179.

9 Rosental P.-A., Couzon I., « Le Paris dangereux de Louis Chevalier : un projet d’histoire utile », dans Lepetit B., Topalov C. (dir.), La ville des sciences sociales, Paris, Belin, 2001, p. 191-226 et 373-386. Il faut rappeler cependant qu’à l’époque le Collège de France n’a pas encore le renom qui lui sera apporté par les grandes figures intellectuelles des années soixante-dix. Il reste dans la France des années cinquante une institution certes prestigieuse mais pour une part moins influente sur la vie des disciplines que la Sorbonne voisine.

10 Dufumier M. (dir.), Un agronome dans le siècle : actualité de René Dumont, Paris, Karthala, 2002.

11 Robert Gessain, 1907-1986, Paris, Musée de l’homme, Muséum national d’histoire naturelle, 1988.

12 « Robert Goetz-Girey : in memoriam », Revue économique, volume 16, no 2, 1965, p. 177-198.

13 Boiteux M., « Souvenirs d’un président des douze », dans Chatriot A., Duclert V. (dir.), Le gouvernement de la recherche. Histoire d’un engagement politique de Pierre Mendès France au général de Gaulle (1953-1969), op. cit., p. 231-233.

14 Délégation générale à la recherche scientifique et technique, Fonds de développement, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1961.

15 Arrêté du 9 décembre 1959, Journal officiel, 15 décembre 1959, p. 11931-11932.

16 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1961, p. 91-92.

17 Pour un regard rétrospectif autour de la problématique des enquêtes collectives : Burguière A., « Plozévet, une mystique de l’interdisciplinarité ? », Cahiers du Centre de recherches historiques, no 36 : « Pour une histoire de la recherche collective en sciences sociales. Réflexions autour du cinquantenaire du Centre de recherches historiques », octobre 2005, p. 231-263.

18 Pour une mise en perspective du rôle de ce scientifique : Rosental P.-A., « Jean Stoetzel, la démographie et l’opinion : autour des soixante ans de Population », Population, volume 61, no 1-2, janvier-avril 2006, p. 31-43.

19 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1961, p. 100.

20 Drouard A., « Les trois âges de la Fondation française pour les problèmes humains », Population, volume 38, no 6, novembre-décembre 1983, p. 1017-1047, et surtout Reggiani A. H., God’s Eugenicist : Alexis Carrel and the Sociobiology of Decline, New York-Londres, Berghahn, 2007.

21 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1961, p. 92.

22 Ibid.

23 Pelras C., Goulien, commune bretonne du Cap Sizun. Entre XIXe siècle et IIIe millénaire, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2001.

24 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1961, p. 97.

25 L’un des éléments intéressants consiste à voir comment chacun des savants présente l’enquête dans les numéros spéciaux des publications disciplinaires spécialisées : Stoetzel J., Revue française de sociologie, no H. S., 1965, p. 1 ; Gessain R., « Introduction au Cahier no 5 », Cahiers du Centre de recherches anthropologiques, 1966, volume 6, no 10-11-12, 1966, p. 5-9 ; Le Lannou M., « Une enquête multidisciplinaire de sciences humaines en Finistère », Revue de géographie de Lyon, no 4 2-2, 1967, p. 3.

26 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1963, p. 281.

27 Dans les années soixante-dix, l’enquête se poursuit avec le soutien de la DGRST dans d’autres cadres ; voir Jerome D. Y., Reynaud, J.-D., « Une action d’incitation à la recherche sur les conditions de travail : les recherches conduites dans le cadre de l’Action RESACT de la DGRST », Revue d’économie industrielle, no 70, 1979, p. 104-113.

28 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1965, p. 621.

29 Le fort engagement politique de cet économiste n’y est peut-être pas étranger ; voir Denord F., Zunigo X., « “Révolutionnairement vôtre”, Économie marxiste, militantisme intellectuel et expertise politique chez Charles Bettelheim », Actes de la recherche en sciences sociales, no 158, 2005/3, p. 8-29.

30 Caro P., Dard O. et Daumas J.-C. (dir.), La politique d’aménagement du territoire : racines, logiques et résultats, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2002.

31 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1962, p. 149.

32 DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1963, p. 325-347, et DGRST, Les Actions concertées. Rapport d’activité, Paris, 1964, p. 433-488. Le comité regroupe donc son président Claude Gruson, inspecteur des finances, son vice-président Jean Stoetzel, et comme membres Robert Gessain, André Piatier, EPHE, Georges Plescoff, inspecteur des finances, Raymond Poignant, maître des requêtes au Conseil d’État, les secrétaires scientifiques étant Jean Daney de Marcillac, X-administrateur INSEE et Michelle Querette, HECJF, auxquels s’est joint Jean Ripert, commissaire général adjoint au Plan en 1964.

33 Ibid., p. 109.

34 Rosental P.-A., L’Intelligence démographique. Sciences et politiques des populations en France (1930-1960), Paris, Odile Jacob, 2003, p. 139-156, et Rosental P.-A., « Le premier monde de la recherche : la gestion du personnel dans l’INED d’Alfred Sauvy (1946-1962) », Genèses, no 51, juin 2003, p. 128-146.

35 « La recherche en sciences sociales et humaines. Quelques données statistiques », Le Progrès scientifique, no 102, novembre 1966, p. 70-76, p. 70.

36 Boulat R., Jean Fourastié, un expert en productivité. La modernisation de la France (années trente-années cinquante), Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2008.

37 Bezes P., de Montricher N., « Le moment CORDES (1966-1979) », dans Bezes P. et alii (dir.), L’État à l’épreuve des sciences sociales. La fonction recherche dans les administrations sous la Ve République, op. cit., p. 37-71.

38 Ibid., p. 76.

39 Son travail (voir Masson P., « Le financement de la sociologie française : les conventions de recherche de la DGRST dans les années soixante », Genèses, no 62, mars 2006, p. 100-127) apporte beaucoup d’éléments neufs sur le débat classique des rapports entre la sociologie et l’État. Voir entre autres Amiot A., Contre l’État, les sociologues, Paris, éditions de l’EHESS, 1986, et Spenlehauer V., « Intelligence gouvernementale et sciences sociales », Politix, no 48, 1999, p. 95-128.

40 Netter M.-L., « Les enquêtes collectives. Une utopie scientifique ? », Cahiers du Centre de recherches historiques, no 43 : « Hommage à Jacques Ozouf », avril 2009, p. 11-17.

41 Mazon B., Aux origines de l’École des hautes études en sciences sociales : le rôle du mécénat américain : 1920-1960, Paris, Cerf, 1988, et Revel J., Wachtel N. (dir.), Une école pour les sciences sociales. De la VIe section à l’École des hautes études en sciences sociales, Paris, Cerf, 1996.

42 Bergeron L., « Problèmes de la recherche historique en France », Le Progrès scientifique, no 107, avril 1967, p. 2-14, p. 4.

43 Riviere G. H. (dir.), L’Aubrac, Paris, éditions du CNRS, 1982.

44 Chiva I., Goy J. (dir.), Les Baronnies des Pyrénées, Paris, éditions de l’EHESS, 1981-1986. Voir aussi le témoignage rétrospectif de Bonnain-Dulon R., « Petite histoire d’une recherche », Ethnologie française, 2004/4, p. 679-682.

45 Par exemple, pour le cas du CRH dont les enquêtes collectives constituaient un élément identitaire : Lemercier C., « Le Centre de recherches historiques comme “structure fédérative” ? Réseaux de collaboration et thèmes de recherche (1974-1997) », Cahiers du CRH, no 36, octobre 2005, p. 297-327.

46 « Pour une histoire de la recherche collective en sciences sociales. Réflexions autour du cinquantenaire du Centre de recherches historiques », Cahiers du Centre de recherches historiques, no 36, octobre 2005.

47 On se permet de renvoyer à Chatriot A., « L’Inra et la coordination des politiques scientifiques, 1953-1968 », dans Bonneuil C., Denis G., Mayaud J.-L. (dir.), Sciences, chercheurs et agriculture. Pour une histoire de la recherche agronomique, Paris, L’Harmattan, 2008, p. 137-153.

48 Sur la période précédente, voir Marcel J.-C., Les avatars de l’héritage durkheimien, une histoire de la sociologie en France (1920-1958), thèse de doctorat de sociologie sous la direction de François Gresle, Université Paris 1, 2 volumes, 1997.

49 Godelier M., Les sciences de l’homme et de la société en France, tome 1 : Analyse et propositions pour une politique nouvelle, rapport au ministre de la Recherche et de l’Industrie, Paris, La Documentation française, 1982. Voir aussi le dossier présenté par Martin O., « Menaces sur les sciences sociales vers 1980 », Revue pour l’histoire du CNRS, no 7, novembre 2002.

50 « La recherche en sciences sociales et humaines. Quelques données statistiques », Le Progrès scientifique, no 102, novembre 1966, p. 70-76.

51 Lefer P., Querette M. et Spindler J.-P., « Aperçu sur les moyens consacrés aux recherches en sciences sociales et humaines en France. Quelques données sur les pays étrangers », Le Progrès scientifique, no 136, décembre 1969, p. 2-13.

52 Bergeron L., « Problèmes de la recherche historique en France », op. cit., p. 14.

Der Text und andere Elemente (Illustrationen, importierte Anhänge) stehen unter OpenEdition Books License, sofern nicht anders angegeben.

Suche in OpenEdition Search

Sie werden weitergeleitet zur OpenEdition Search