Logique de libération ou marché ? Syndicats et associations de tourisme social dans l’après-68
p. 163-178
Texte intégral
1Dans « La production de l’idéologie dominante », Pierre Bourdieu et Luc Boltanski décrivent comment, suite au mouvement de Mai 68, le discours conservateur a su se renouveler et emprunter les traits de la modernisation de la société1. Un tel discours s’appuie sur la rhétorique du changement nécessaire, de la satisfaction des aspirations individuelles. Ce renouvellement du discours conservateur ne signifie pas pour autant que les militants de 1968 auraient été « les fourriers d’un libéralisme mâtiné de libération des mœurs2 ». Mai 68 a bien été un grand mouvement social, une crise profonde du consentement, sans ambiguïté possible3. Mais à partir de 1973, le contexte de crise économique, un rapport de force dégradé en défaveur du mouvement ouvrier, permettent une appropriation de certains thèmes du mouvement par une pensée libérale en plein essor avec notamment la victoire de Valéry Giscard d’Estaing. La temporalité du social est ici rattrapée par celle du politique et de l’économique.
2L’analyse de ce retournement, de la conjonction/confrontation entre la conflictualité sociale issue de Mai 68 et la libéralisation économique liée à la crise, peut se faire à l’échelle d’un secteur économique particulier, celui du tourisme social, à travers le cas de Tourisme et travail. Cette association, fortement liée à la CGT, n’est pas née dans le contexte d’effervescence politique et culturelle de Mai 68. Elle se rattache plutôt à la culture militante de 1936, même si elle n’a été fondée qu’en 1944, se fixant alors pour objectif d’organiser des vacances « par et pour les travailleurs », avec des ambitions d’éducation populaire. Le contexte social de Mai 68 semble pourtant lui être favorable, tout d’abord parce que Tourisme et travail est une organisation liée au mouvement syndical. Elle a toujours relié les revendications en termes de vacances aux revendications plus classiques, notamment salariales, du mouvement ouvrier. D’autre part, la conjonction, lors du mouvement de Mai 68, d’aspirations matérielles et culturelles, va dans le sens des objectifs de l’association et légitime son action, même si les modalités diffèrent de l’héritage de 1936. « Du pain et des roses », titre Tourisme et travail, sur fond d’usine Renault occupée, à l’issue du mouvement4. Les années 1970, marquées par les luttes sociales et « l’insubordination ouvrière5 », voient un développement des activités de l’association. Les vacances proposées par Tourisme et travail, fruit d’une action collective, syndicale, liée aux comités d’entreprise, sont loin d’être incompatibles avec l’essor des aspirations à l’épanouissement individuel, à l’hédonisme, de l’après-68, et semblent même en profiter. Pourtant, Tourisme et travail fait faillite en 1985. Il s’agit donc ici d’évaluer en quoi l’exemple de cette association, et plus largement du sort du tourisme social, permet de comprendre le passage d’une temporalité marquée par la conflictualité sociale à une temporalité de crise et d’influence croissante du libéralisme économique.
L’après-Mai 68 : logique de libération et éléments favorables à Tourisme et travail
Émancipation individuelle et émancipation collective
3Dans Le nouvel esprit du capitalisme, Luc Boltanski et Eve Chiapello distinguent deux sortes de critique du capitalisme : la critique artiste, hédoniste et culturelle, et la critique sociale, davantage axée sur des revendications matérielles, qui recouperait selon eux une césure entre étudiants et ouvriers6. Les travaux récents sur Mai 68 ont conduit à relativiser cette distinction et ont démontré que le mouvement ouvrier avait su conjuguer critique artiste et critique sociale, dans une circulation avec le monde étudiant7. Les activités de Tourisme et travail semblent s’inscrire dans cette perspective. Cette inscription est d’ailleurs plutôt renforcée qu’initiée par le mouvement de Mai 68 : la culture de 1936 dont se réclame Tourisme et travail associait déjà culture et revendications matérielles. La perspective de proposer aux travailleurs un loisir différent des vacances marchandes, d’en faire un moment utile d’éducation populaire, est inscrite dans les objectifs initiaux de l’association : « Organiser au profit des travailleurs français de toutes catégories : manuels et intellectuels, du commerce, de l’industrie et de l’artisanat, des administrations publiques et privées, des voyages destinés à leur permettre de mieux connaître leur pays et à compléter leur formation morale, intellectuelle et civique8. » Les loisirs ne sont pas considérés comme un temps vide voué à l’oisiveté. Dans ce domaine, l’association est en phase avec sa confédération syndicale. Le but est de promouvoir un tourisme culturel, non un « tourisme d’évasion9 ». Les militants doivent « veiller à ce que [les] prestations, en même temps qu’elles délassent le corps, enrichissent l’esprit » : cet élément de définition est très important puisque « c’est par là [que Tourisme et travail] diffère des agences à bon marché10 ». Le temps consacré aux loisirs doit être utile et il appartient à Tourisme et travail en lien avec les confédérations syndicales de rendre ces loisirs « plus profitables11 ». Bien entendu, les vacances organisées par Tourisme et travail prennent en compte la dimension du repos : « Après une année passée à la soudure, au chromage, la tranquillité12 ! » Cependant, le repos est justement propice à l’éducation et à l’apprentissage, dans une rupture avec la dimension aliénante du temps du travail : les jeunes doivent voir respectées des vacances « auxquelles ils ont droit et surtout tant besoin, pour se reposer d’une longue année de travail et de fatigue abrutissants qu’ils subissent par suite des cadences infernales qui leur sont imposées ». Cette disponibilité de l’esprit et du corps au repos permet de transformer les vacances en moment privilégié d’une prise de conscience, aspect développé dès les premières années de l’association et qui prend de plus en plus d’importance dans le discours interne de Tourisme et travail. Les travailleurs ont « du talent, du goût et des possibilités », que les militants de Tourisme et travail doivent « encourager13 » en les encadrant.
4Mai 68 ne transforme donc pas le projet de Tourisme et travail mais contribue à réaffirmer son sens : lier émancipation individuelle et collective. La volonté de l’association d’offrir aux travailleurs des vacances semblables à celles des bourgeois, à travers des aspects symboliques qui sont l’objet de luttes politiques en constitue une manifestation particulièrement spectaculaire. À différentes reprises, Tourisme et travail tente, en effet, d’investir des lieux de prestige. À partir de 1971, Tourisme et travail défend le projet d’aménager la citadelle de Villefranche-sur-Mer en centre de tourisme populaire, s’opposant à celui d’un lieu de villégiature plus luxueux appuyé par Jacques Médecin, maire de la ville de Nice toute proche. Le projet connaît diverses péripéties jusqu’à la fin de la décennie et n’aboutit finalement pas, d’autant que le maire de Nice est devenu en 1975 secrétaire d’État au Tourisme. Si Tourisme et travail échoue à Villefranche-sur-Mer, il n’en va pas de même, à partir de 1975, au Havre. La délégation locale de Tourisme et travail et une Société civile immobilière (SCI) composée de trente-quatre comités d’entreprise louent au châtelain René de Lamorandière, pour une somme dérisoire, le parc de neuf hectares du château de Valmont en Seine-Maritime, édifice des XIIe, XVe et XVIe siècles, ancien château des sires d’Estouteville, par un bail emphytéotique de cinquante ans14. Ils initient dans le parc du château diverses activités de loisirs, réalisant le rêve d’amener les travailleurs au château. La dimension de revanche sociale combinée à la déférence envers le prestige des lieux entraîne un mode particulier d’appropriation du lieu, qui oscille entre sacralisation et désacralisation, entre hommage aux vieilles pierres et pétanque au château. La prise du château signe le passage d’un usage familial à un usage collectif des lieux. À l’occasion de la fête de Valmont qui rassemble 12 000 personnes en 1975, la foule, massive, piétine le parc du château. L’espace est organisé en fonction de cette fréquentation : des jeux pour enfants, des terrains de boules, un camping de trois hectares, un golf miniature, des chemins de promenade, des parkings sont aménagés15. L’usage collectif du château s’ouvre aussi aux « gens du pays », puisque Tourisme et travail châtelain propose une « intégration étroite à la vie locale et régionale16 ».
5Tourisme et travail développe aussi des séjours de ski populaire et des voyages à l’étranger en liaison avec les comités d’entreprise. De telles activités ne sont pas neuves mais connaissent un essor nouveau à partir de la fin des années 1960. Dans une publicité de Tourisme et travail parue en 1969, le « premier pas sur la neige inconnue » des vacanciers populaires est comparé sans hésitation au « premier pas sur la lune » comme symbole d’une « vie nouvelle », celle des « vacances d’hiver ». L’image du premier pas sur le sol lunaire mise en parallèle avec celle du premier pas sur la neige n’obéit pas seulement à une logique de ressemblance entre les deux empreintes : l’entreprise de conquête de la lune a constitué l’enjeu d’une lutte de prestige, dans le cadre de la conquête spatiale, entre les États-Unis et l’URSS. De telles activités permettent d’obtenir des gains symboliques pour l’ensemble du groupe ouvrier, puisque ses organisations sont capables de prendre en charge des vacances tout aussi légitimes que celles des bourgeois. Ce développement d’un tourisme populaire représente un des éléments de l’instauration d’une « société salariale » qui a connu son apogée au cours des « Trente Glorieuses17 ». Les activités de Tourisme et travail participent ainsi de la « promotion », des « positions nouvelles » et « opportunités inédites » offertes par la société salariale des Trente Glorieuses, qui trouve son apogée au début des années 197018.
Un développement sans précédent dans les années 1970
6Ces opportunités inédites sont liées aux effets différés de la croissance des Trente Glorieuses, conjuguées aux acquis de Mai 68 : augmentations de salaires, multiplication des comités d’entreprise. Entre 1969 et 1973, le nombre de journées de vacances à l’étranger passe, par exemple, de 33 à 132 millions19. Le nombre moyen de Français partis à l’étranger progresse au rythme moyen annuel de 3,3 %. Ces évolutions touchent toutes les catégories sociales, même si les élites partent proportionnellement davantage. Le tourisme social participe de ce développement global du tourisme. Il profite aussi de l’augmentation, depuis les années 1960, des subventions publiques. Le tourisme ne devient pas une priorité mais l’importance croissante que lui apportent les pouvoirs publics est marquée par la création d’un secrétariat d’État au milieu des années 1970. Le tourisme social bénéficie d’une mosaïque de dispositifs d’aides grâce aux subventions des pouvoirs publics locaux et des collectivités territoriales, grâce aussi aux aides des Caisses d’allocation familiales20. Les subventions sont dirigées en partie vers des aides à l’équipement, à la pierre, qui permettent aux associations de tourisme social de renforcer leur parc immobilier de centres de vacances.
7Il en résulte un accroissement sans précédent des activités de Tourisme et travail. Les effectifs de collectivités adhérentes triplent entre 1970 et 1975 et sont multipliés par cinq entre le début et la fin de la décennie. Le chiffre des 3 000 collectivités est dépassé en 1975. Les associations locales de Tourisme et travail sont 70 en 1966, 120 en 1974 et 180 en 1980. Une telle multiplication résulte d’une politique volontariste des dirigeants de l’association, mais elle est permise par le contexte favorable. Le militantisme au sein de Tourisme et travail devient une voie de spécialisation possible pour des syndicalistes ouvriers passionnés par la question des loisirs et des vacances, parfois en lien direct avec Mai 68. Les dirigeants de l’association locale du Havre correspondent à ce profil. Jean-Marie Huret a connu ses premières expériences dans le domaine du loisir en fréquentant les foyers de jeunes à Honfleur et au Havre21. Il est staffeur en 1954, puis tronçonneur aux Forges et chantiers de la Méditerranée à partir de 1956, une entreprise de construction navale qui se transforme en société Mazeline. En 1957 puis en 1958, il est délégué du personnel puis délégué du comité d’entreprise. Menacé de licenciement pour ses activités syndicales en 1966 et acteur du mouvement de Mai 68, il est marqué par l’irruption de « la culture, les artistes, les créateurs au cœur des usines ». En 1970, celui qui organisait à travers son CE des séjours en camping-caravaning avec Tourisme et travail devient permanent de l’association et il dirige à partir de 1975 le parc de Valmont. Sa reconversion au sein de Tourisme et travail représente un aboutissement logique aux yeux de ses camarades, car « l’action culturelle a toujours été pour Jean-Marie au cœur même de son engagement militant » et il avait participé aussi à la Maison de la culture locale. Son parcours est similaire à celui de Claude Petit, autre militant du Havre, qui a lui aussi participé avant Tourisme et travail à l’expérience des foyers de jeunes22.
8L’après-68 est également marqué par de nouvelles revendications liées au tourisme, portées par Tourisme et travail conjointement avec d’autres associations liées au mouvement syndical. Le chèque vacances est le principal exemple d’unité ponctuelle, sur une revendication, des confédérations syndicales et de leurs associations de tourisme. Dès son congrès de 1970, la CGT envisageait un « système d’épargne vacances » qu’elle souhaitait promouvoir dans un cadre large, celui de l’Union nationale des associations de Tourisme (UNAT) ou « en collaboration avec d’autres associations23 ». En 1971, une Union coopérative est créée à l’initiative de la CGT-FO pour la mise en place d’un système d’aide à la personne sous la forme d’un chèque-vacances, contribution de l’employeur compensée par une exonération des charges fiscales et sociales24. Elle rassemble durant toute la décennie 1970 la CFDT, la CGT, la FEN et les fédérations mutualistes et coopératives, et de nombreuses associations : Léo-Lagrange, Ligue française de l’enseignement, Loisirs, Vacances, Tourisme (LVT), les Maisons familiales de vacances (MFV), l’Organisation des camps et auberges de jeunesse (OCCAJ), Renouveau, Tourisme et travail et même le Touring Club de France.
9L’Union de la gauche représente un espoir pour ces revendications, qui semblent trouver un débouché politique. Tourisme et travail considère le combat en faveur du tourisme comme « une partie du combat » de la gauche25 et entend participer à la définition d’une « autre politique » en matière de tourisme en vue des élections législatives de 197826. Après 1977, la rupture du Programme commun n’entame pas cet enthousiasme. En janvier 1978, une conférence nationale est organisée à Paris, avec cent cinquante dirigeants d’associations locales et unions départementales, pour rédiger une « contribution à l’élaboration d’une politique sociale du tourisme, des vacances et des loisirs », explicitement considérée comme un « apport, en pleine campagne électorale27 ». Le document qui en résulte est tiré à 650 000 exemplaires, dont 250 000 insérés dans Tourisme et travail à destination des abonnés28. L’arrivée de la gauche au pouvoir semble couronner ces espoirs et préparer un âge d’or du tourisme social, même si la proximité au PCF de l’association ne la place pas directement dans l’orbite du Parti socialiste. En 1982, Jean Faucher, président de Tourisme et travail, publie de manière significative, avec Léo Lorenzi, un ouvrage préfacé par Georges Séguy intitulé Vacances pour un autre temps29. Le temps libre est à l’honneur et dispose même jusqu’en mars 1983 de son ministère, attribué à André Henry. Le changement politique entraîne de nouvelles mesures législatives. Le 13 janvier 1982, les congés payés passent à cinq semaines. Le 26 mars de la même année, une ordonnance abaisse l’âge légal de la retraite à 60 ans. L’Agence nationale pour le chèque vacances (ANCV) est créée par une ordonnance du 26 mars 1982 et placée sous la tutelle du ministère délégué au Tourisme et du ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie30. Pourtant, dès les années 1970, des éléments viennent nuancer ce tableau idyllique.
Des éléments de libéralisation dans la libération ?
Une concurrence marchande accrue
10Si Tourisme et travail semble connaître un essor continu dans les années de l’après-1968, si les évolutions sociales et politiques semblent aller dans le sens d’un développement du tourisme, l’association est néanmoins confrontée à une série de problèmes. Le premier concerne l’essor de la concurrence commerciale, antérieure à Mai 68 mais qui se nourrit des mêmes facteurs de croissance que le secteur associatif. En ce qui concerne les voyages à l’étranger, le nombre de départs collectifs organisés par Tourisme et travail passe de 3 600 en 1974 à 11 000 en 1975, 22 000 en 1976, 30 000 en 1977 et 37 000 en 1978. Ces résultats sont à relativiser comparés à ceux des agences du secteur marchand : en 1975, Jet Tours avec 70 000 départs, Air Tour avec 65 000 ou le Club Méditerranée avec 220 000, ont une audience bien plus importante31. Les 11 000 départs de Tourisme et travail pour les séjours à l’étranger en 1975 occupent une place modeste par rapport aux 451 000 clients des tour-opérateurs et les prévisions optimistes sont démenties par les résultats : 40 000 départs prévus en 1976 contre 22 000 départs effectifs. La comparaison des prix avec Jet Tours ou Tunisie contact est clairement au désavantage de Tourisme et travail32. C’est le secteur marchand qui modèle les goûts, fixe les normes et oriente la formation professionnelle en ce domaine, ce qui entraîne des décalages avec les conceptions d’éducation populaire de Tourisme et travail33. Le phénomène de concurrence s’accentue au fur et à mesure de la décennie, sous les effets de la crise. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, la stagnation relative de la croissance du tourisme pousse les agences commerciales à démarcher les comités d’entreprise pour gagner une nouvelle clientèle. Les fractions du salariat recevant des aides de leur comité d’entreprise intéressent le secteur marchand et certains comités d’entreprise sont séduits par les avantages financiers qu’il offre. Le tourisme social s’était construit en opposition au tourisme marchand, mais les deux secteurs ne visaient pas véritablement le même public. Or, « à la fin des années 1970, la situation s’est profondément modifiée. Ce n’est plus la complémentarité mais la concurrence qui régit les rapports entre les deux secteurs34 ».
11Tourisme et travail subit de plein fouet les effets de cette concurrence, même s’ils sont difficilement chiffrables. Dans les Ardennes par exemple, l’association ne parvient pas à convaincre tous les comités d’entreprise de travailler avec elle : « Il y a toutefois des collectivités avec des budgets conséquents […] qui travaillent pour le moment surtout avec le secteur privé, en particulier Est voyages, agence liée à L’Est républicain et un journal local : L’Ardennais35. » De nombreux comités d’entreprise choisissent de partager leurs commandes entre le secteur commercial et le secteur associatif. C’est le cas de celui de Turboméca dans les Pyrénées-Atlantiques, qui souhaite « investir en priorité avec le secteur commercial à Barcarès et un peu avec Tourisme et travail36 ». Les comités d’entreprise, sommés de rendre des comptes à leurs ressortissants et sujets à une concurrence syndicale interne, peuvent plus difficilement, en période de crise, privilégier les associations proches de leur syndicat sous peine d’accusations de parti pris idéologique, surtout si les tarifs de la concurrence sont moins élevés. Les municipalités proches de Tourisme et travail suivent des logiques similaires. L’adjointe au maire de Thourotte, dans l’Oise, pourtant secrétaire du conseil local de Tourisme et travail, reconnaît ne pas pouvoir favoriser l’association outre mesure : « Impulser TT d’accord, mais l’imposer non… ! […] Il est de mon devoir de présenter plusieurs projets et de faire bénéficier les thourottois de voyages aux prix les plus compétitifs. […] Pas question d’écarter TT mais de la mettre en concurrence et non de lui donner le monopole37. » La concurrence joue d’ailleurs à tous les niveaux : l’association locale de Marseille doit se mesurer au secteur marchand et aux clubs mutualistes38.
12À la frontière entre association et société commerciale, Tourisme et travail souffre de défauts qui sont autant de handicaps par rapport au secteur marchand. Son mode de fonctionnement interne, malgré les tentatives de modernisation des années 1970, reste lourd et parfois trop lent. Les reproches adressés par les adhérents à ce sujet sont récurrents. À Belfort, un comité d’entreprise à majorité CGT se plaint de la réponse trop tardive de Tourisme et travail pour un voyage en Roumanie, d’autant plus que ses tarifs sont plus chers que ceux de la compagnie privée Estours39. L’attitude de Tourisme et travail est jugée « inadmissible et suicidaire ». La CCAS (Caisse centrale d’activités sociales des électriciens et gaziers) d’Eure-et-Loir pratique la comparaison avec le secteur marchand, pour mieux souligner les limites de Tourisme et travail après le refus de remboursement d’un voyage annulé40. Aux problèmes de fonctionnement s’ajoutent ceux de l’offre de Tourisme et travail, trop peu diversifiée. Les destinations vers l’étranger varient peu41. Lors du congrès de 1980, un délégué responsable d’un comité d’entreprise note une « lassitude, chez nos gars, de devoir toujours retourner aux mêmes endroits42 ».
13La concurrence est renforcée par les changements en matière de goûts et de manières de consommer les vacances, relevés par d’autres associations de tourisme social. L’INVAC (invitation aux vacances), proche de la CFDT, regrette l’« attirance des travailleurs pour le tout-prêt, le tout mâché, le tout-prévu » et se demande : « Peut-on échapper à la reproduction des modèles de consommation43 ? » L’association déplore que « les travailleurs refusent de plus en plus de s’intégrer dans les structures traditionnelles », qu’« ils refusent la conception de la vie collective dans les centres de vacances44 ». « Le voyage “individualisé” se développe au détriment du voyage de groupe45. » Le tourisme social a la réputation d’être « triste46 » et après avoir « été novateur, aux yeux de cette nouvelle clientèle, il fait aujourd’hui terriblement ringard47 ». Il répond principalement aux « demandes traditionnelles en famille » et a « beaucoup de difficultés à prendre en charge les aspirations nouvelles48 ». Cette analyse oppose les vacances des plus jeunes, demandeurs de davantage d’autonomie et de confort, à celles des plus anciens. Elle témoigne d’un désarroi du secteur et d’une remise en cause. Les difficultés à répondre aux demandes des adhérents à moindre frais et la concurrence accrue du secteur marchand confrontent Tourisme et travail, comme les autres associations de tourisme social, à une série de problèmes. Sans doute attestent-ils aussi un décrochage générationnel entre les dirigeants de Tourisme et travail et les vacanciers plus jeunes. Les premiers, âgés pour la plupart d’une cinquantaine d’années, ont certes contribué pendant les années 1970 à la modernisation de l’association. Mais leur militantisme touristique, initié dans les années 1950, comme c’est le cas pour Jean Faucher est marqué par l’esprit pionnier de 1936. Il en résulte un certain décalage sur les exigences en matière de vacances.
Crise sociale, crise du syndicalisme, crise politique
14Les effets de la crise suivant le choc pétrolier de 1973 ne jouent pas immédiatement : ils ne provoquent pas d’effets perceptibles en matière de tourisme avant les années 1990. Le taux de départ des ouvriers et des employés ne stagne ou ne diminue légèrement que dans la première moitié des années 1980. Il tourne autour entre 56 et 60 % au cours de la décennie 1980, alors qu’il était passé de 43 à 56 % lors des quinze années précédentes49. Il faut noter également, compte tenu du public prioritaire du tourisme social, une légère diminution ou une stagnation du nombre moyen de journées de vacances par personne partie, notamment chez les employés et les ouvriers, entre 1980 et 198550. Le fait marquant ne réside donc pas dans une diminution spectaculaire des taux de départ en vacances, mais dans le coup d’arrêt à leur augmentation régulière, initiée dans les années 1960. Ce phénomène a des effets sur le développement du secteur du tourisme, provoquant un tassement, même si cette évolution n’est pas analysée immédiatement par les acteurs, associatifs ou marchands. En ce qui concerne les associations liées aux confédérations syndicales, il faut aller au-delà des statistiques établies par l’INSEE. Plus que du taux de départ des ouvriers ou employés en général, leur activité découle du nombre de ceux qui partent par l’intermédiaire de leur comité d’entreprise. Or, de nombreux facteurs se conjuguent pour réduire la part jouée par ces derniers dans le tourisme, même si nous ne disposons pas de chiffres précis. En 1975, le million de chômeurs a été dépassé. En 1982, ils sont deux millions. L’industrie française perd 800 000 emplois de 1982 à 199051. Les comités d’entreprise sont affaiblis par les effets de la désindustrialisation sur leur nombre et leur budget. Les fermetures d’entreprises dans des secteurs ayant constitué des bastions syndicaux comme la sidérurgie ou la métallurgie entraînent une baisse d’influence de la CGT et du nombre de comités d’entreprise qu’elle contrôle. Les syndicalistes sont moins en mesure d’imposer dans ces derniers une lecture idéologique des choix en matière de tourisme.
15Le coup de grâce porté au tourisme social réside pourtant dans le changement de politique des pouvoirs publics. Si l’arrivée de la gauche au pouvoir est analysée par les dirigeants de Tourisme et travail comme un facteur favorable au tourisme social, l’action du gouvernement socialiste après 1982 se révèle, en France, un vecteur de la nouvelle modernité libérale. Le remaniement gouvernemental du 22 mars 1983 voit disparaître le ministère du Temps libre et le secrétariat d’État au Tourisme, confié à Roland Carraz, est rattaché au ministère du Commerce extérieur. La mise en place du chèque vacances s’accompagne d’une nouvelle politique sociale du tourisme, qui tourne le dos à celle des Trente Glorieuses, malgré une meilleure intégration des associations aux institutions du tourisme. Dans un contexte de « désengagement financier des pouvoirs publics et des grands organismes sociaux », les aides de l’État et de la CNAF diminuent « brutalement à partir de 198352 ». Selon les différentes estimations, elles sont réduites de la moitié ou des deux tiers par rapport à leur montant moyen des dix années précédentes. De 1979 à 1986, selon un rapport du Conseil national du tourisme, l’aide cumulée de l’État et de la CNAF passe de 410 à 85 millions de francs par an, soit une érosion de 80 %53. La CGT-FO observe « une évolution des subventions d’investissements d’une valeur de 180 millions en 1978 à moins de 50 millions en 1987 », en francs constants54. En outre, les pouvoirs publics décident une « réduction du champ des interventions publiques » en matière de tourisme social : le ministère délégué au Tourisme et la CNAF participent seulement à « quelques opérations bien précises55 ». La diminution des aides de la CNAF s’explique également par un changement de priorités dans ses politiques sociales. Face à la montée de « l’exclusion, [elle] décide que l’aide à la personne doit se substituer à l’aide à la pierre56 ». Elle prône le « développement d’une politique plus sociale et décentralisée d’aide aux vacances et aux loisirs57 ». La CNAF refuse clairement de privilégier le secteur social par rapport au secteur marchand :
« S’agissant des vacances familiales, les Caisses orienteront leur politique d’aides individuelles vers une plus grande neutralité à l’égard des diverses formes de vacances. […] Seule subsistera au niveau national une enveloppe réduite affectée aux rénovations de Centres familiaux de vacances, à l’exclusion des créations et extensions. »
16Le chèque-vacances, « nouveau maillon de la chaîne des aides à la personne », est avant tout un chèque loisirs58. Ceux qui les reçoivent ont le libre choix de son utilisation et, plus que le tourisme social, « c’est surtout le tourisme commercial qui en bénéficie59 ». Ils constituent une aide à la personne qui risque d’« éloigner une clientèle familiale jusqu’ici relativement captive du tourisme social60 ».
17L’usage de ce qui était perçu comme une avancée sociale est, du point de vue des associations, détourné. La décentralisation aggrave la diminution des ressources publiques perçues par les associations. Elle multiplie les centres de décision dans un secteur déjà morcelé et « loin de compenser le désengagement de l’État, les aides régionales au tourisme social suivent, au contraire, le même mouvement de repli61 ». La multiplicité des sources de subventions avait été un avantage au cours des années précédentes, constituant un palliatif pour Tourisme et travail, souvent en butte à l’hostilité des pouvoirs publics nationaux. Dans un contexte de diminution des dépenses publiques pour le tourisme social, elle se transforme en profond handicap.
Faillites et nouvelles fonctions associatives
18En 1985, la faillite de Tourisme et travail peut s’expliquer par différents facteurs : la mauvaise gestion d’une direction associative qui s’est autonomisée de la CGT, la crise économique, des investissements démesurés liés aux espoirs de développement du tourisme social après la victoire de la gauche, la désaffection pour les modèles de vacances collectives. D’autres associations liées à d’autres confédérations syndicales sont cependant touchées, à des degrés divers, par des problèmes identiques qui résultent des changements des politiques publiques. Le désengagement politique et financier de l’État entraîne un « éclatement du modèle associatif » de l’éducation populaire62. Toutes les associations ne subissent cependant pas la crise, bien au contraire, puisqu’à partir de 1981-1982 « la désyndicalisation et le déclin relatif des mouvements sociaux accompagnent, sur fond d’hégémonie du libéralisme économique, la reconnaissance institutionnelle du monde associatif63 ». Une partie des associations s’inscrivent « dans la logique, redéfinie, de l’État en s’affirmant pour des “sous-traitants” de l’impuissance publique », à ce titre « bénéficiaires de délégations et de financements publics64 ». Il se produit un glissement de la complémentarité État/associations des Trente Glorieuses vers une instrumentalisation65. Tourisme et travail, du fait de sa proximité avec le monde syndical, ne parvient pas à s’inscrire dans ces nouvelles relations d’instrumentalisation. La contractualisation des relations avec les pouvoirs publics a un prix que l’association refuse de payer : la reconnaissance comme partenaire entraîne une fragmentation des objectifs et des actions66. Alors que le « développement du chômage et de la précarité, et l’impuissance des responsables à l’enrayer et la défiance envers les médiations traditionnelles, politiques et syndicales, constituent la toile de fond de la création d’associations », Tourisme et travail refuse d’utiliser ces ressorts, ou ne le peut pas. Le Secours populaire, dont la vocation est humanitaire, s’approprie la thématique des vacances en organisant des séjours pour les enfants des victimes de la crise, mais l’association cégétiste n’investit guère ce terrain assistanciel, qui joue sur un registre misérabiliste, en rupture trop brutale par rapport à sa conception de gains symboliques à travers le tourisme67. À partir du moment où l’urgence compte plus que le projet, celui de Tourisme et travail, au contraire du Secours populaire qui obéit à une chronologie radicalement divergente, n’a plus sa place.
19Dans le secteur du tourisme, cette crise du projet ne concerne pas exclusivement Tourisme et travail ou les associations de tourisme social. L’année 1984 est celle de la faillite du Touring Club de France. Tourisme et travail, qui avait pour ambition d’être la grande association du tourisme populaire, ne survit qu’un an à son ancêtre bourgeoise, née plus d’un demi-siècle avant elle. Selon Catherine Bertho Lavenir, « plusieurs raisons expliquent la mort de la vieille dame68 ». Elle distingue des causes immédiates, avec des « problèmes de gestion » et des « causes plus profondes ». Les cartes et guides, raison d’être de la revue à ses origines, sont désormais dans toutes les librairies. Le fléchage des routes est complet et « d’autres instances, plus officielles, s’occupent désormais de normaliser les chambres d’hôtel, d’attribuer des étoiles aux campings, de protéger les monuments ». Confrontée à l’essor du Guide du Routard, la revue souffre d’un « air légèrement démodé » et de « textes sages ». La crise du tourisme social est donc plus largement une crise du tourisme associatif. Il se produit alors une « politique de modernisation tous azimuts » qui voit la « transformation d’associations de militants et de bénévoles en entreprises gérées avec une rigueur toute professionnelle69 ». Les associations sont sommées de « concilier une nouvelle fonction de productivité économique » avec leur « fonction traditionnelle de productivité sociale70 ».
20Le tourisme social parvient à survivre, en partie au prix de l’abandon de ses ambitions d’éducation populaire. La recomposition des relations entre les pouvoirs publics et les associations et la redéfinition des fonctions associatives autour de la sous-traitance de l’impuissance publique entraînent une mutation des grands projets éducatifs. Il y a deux sorties possibles à la « crise du projet » : par le culturel ou par la lutte contre l’exclusion71. À travers cette distinction se dessinent deux types de devenir pour les associations issues du secteur : derrière une même dénomination de tourisme associatif, certaines sont tournées vers les fractions les plus solvables du salariat et vers les classes moyennes. Leur vocation culturelle se construit à partir de projets qui les « démarquent » et vise à séduire un public attiré par un tourisme différent, qui recèle, comme le tourisme d’éducation populaire, sa part d’illusions72. Celles qui gardent la dénomination de tourisme social ont pour finalité d’être tournées vers les plus démunis, à travers le public bien spécifique des allocataires des caisses d’allocations familiales. Quel que soit son public, l’association de tourisme social aux objectifs d’éducation populaire s’est davantage transformée en « entreprise associative », « au carrefour de l’association du fait de ses finalités sociales et de l’entreprise par ses responsabilités économiques et sociales73 ». Il y a bien, comme le prévoyait en 1984 un cadre de l’INVAC, « glissement du terrain associatif vers le terrain de l’économie sociale […], les associations entreprises étant conduites à se centrer sur la productivité des outils dont elles disposent et à abandonner des fonctions plus engagées ou plus désintéressées74 ». Le social est redéfini et désigne moins le secteur du travail que celui de la pauvreté.
21La crise du tourisme social a pour conséquence, même si elle n’en est pas le seul facteur, un accroissement des inégalités entre salariés, certains d’entre eux bénéficiant encore, dans de grandes entreprises, d’un accès privilégié aux vacances et du bénéfice des survivances des écosystèmes vacanciers, comme la CCAS d’EDF, avec des ambitions et des contradictions sans doute semblables à celles observées pour Tourisme et travail. Plusieurs registres d’accès aux vacances coexistent donc, mais le discours syndical construit autour de la gestion de leurs loisirs par les salariés eux-mêmes, des gains symboliques du tourisme, articulé autour d’une identité sociale, disparaît largement, sauf dans quelques secteurs limités. Cette crise du tourisme social, si elle est bel et bien liée à un mouvement de libéralisation économique, est indépendante de Mai 68 : elle dépend largement d’événements et de politiques qui, loin de s’inscrire dans le prolongement de 1968, marquent plutôt une profonde rupture.
Mai 68, du côté de la libération plus que de la libéralisation
22Le temps court de la crise politique et culturelle de Mai 68, dont on pouvait s’attendre à ce qu’il produise des effets majeurs, agit en définitive assez peu sur les pratiques et les discours d’une association telle que Tourisme et travail, intégrée dans la chronologie plus longue de la croissance du taux de départs en vacances, bien plus significative du point de vue des associations de tourisme social. Les aspirations à la libération liées à Mai 68 et à ses suites ne sont pas contradictoires avec le projet collectif hérité de 1936 de Tourisme et travail et le renforcent dans une certaine mesure, même si certains aspects familiaux des centres de vacances de l’association sont confrontés à un décalage générationnel. L’association trouve des raisons supplémentaires de légitimer ses objectifs dans les aspirations exprimées dans les années 1968 et elle accroît ses moyens du fait des acquis sociaux obtenus. Il n’est pas question immédiatement de libéralisation, même si le secteur commercial accroît sa concurrence et si les associations connaissent dès la décennie 1960 des évolutions entrepreunariales. Dans ce domaine, il n’y a donc pas de lien direct entre libéralisation et Mai 68, qui semble se ranger essentiellement du côté de la libération. Ce sont plutôt les années 1980 qui apparaissent comme le moment d’une rupture, à travers la grave crise de ces dispositifs vacanciers. La rupture est d’abord sociale, en lien avec la persistance de la crise économique. Elle est également politique à double titre : celui de la victoire électorale de la gauche et des espoirs qu’elle suscite, et celui du changement d’orientation des pouvoirs publics en matière de tourisme social. En 1985, plus de quinze ans après Mai 68, les aspirations à la libération penchent dans le sens du marché, vers la libéralisation, alors que le rapport de force est défavorable au syndicalisme et au monde du travail. La disparition de Tourisme et travail participe alors de la mise à bas des formes collectives qui permettaient aux individus de se reconnaître, à travers l’entre-soi des vacances collectives, non seulement des intérêts mais des propriétés en commun75. Face à la crise, le pain a triomphé sur les roses.
Notes de bas de page
1 Bourdieu P. et Boltanski L., « La production de l’idéologie dominante », Actes de la recherche en sciences sociales, 1976, p. 4-73.
2 Vigna X., « Clio contre Carvalho. L’historiographie de 68 », Revue internationale des livres et des idées, no 5, mai-juin 2008. Voir aussi Audier S., La Pensée anti-68, Paris, La Découverte, 2008, 380 p.
3 Gobille B., Mai 68, Paris, La Découverte, 2008, 128 p.
4 Tourisme et travail, juin 1968.
5 Vigna X., L’insubordination ouvrière dans les années 68. Essai d’histoire politique des usines, Rennes, PUR, 2007, 380 p.
6 Boltanski L. et Chiapello E., Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard, 1999, 844 p.
7 Voir notamment Vigna X., op. cit. ; Gruel L., La rébellion de 68. Une relecture sociologique, Rennes, PUR, 2004, 198 p. Jérome Vidal réfute vigoureusement cette césure entre critique artiste et sociale dans son essai : La fabrique de l’impuissance. La Gauche, les intellectuels et le libéralisme sécuritaire, Paris, Éditions Amsterdam, 2008, 184 p., p. 79-101. Voir également les ouvrages édités à l’occasion des quarante ans de Mai 68 : Artières P. et Zancarini-Fournel M., 68, une histoire collective (1965-1981), Paris, La Découverte, 2008, 868 p. ; Damamme D., Gobille B., Matonti F. et Pudal B., Mai-Juin 68, Paris, Éd. de l’Atelier, 2008, 448 p.
8 Archives départementales de la Seine-Saint-Denis (AD Seine-Saint-Denis), 53 J 1-9.
9 Tourisme et travail, no 65 bis, supplément spécial Congrès, mars 1954.
10 Tourisme et travail, no 3, juin 1948.
11 Tourisme et travail, no 5, novembre 1946.
12 Tourisme et travail, no 44, mars 1952.
13 AD Seine-Saint-Denis, 53 J 1, « Assemblée générale congrès national, 3 et 4 avril 1954 Bordeaux, Résumé analytique des travaux et texte des vœux, motions et résolutions présentés au congrès », no 66 bis de Tourisme et travail, août 1954, intervention de M. Boucheron, p. 24-25.
14 Huret J.-M., « La preuve par Valmont », Tourisme et travail, no 7, décembre 1974.
15 AD Seine-Saint-Denis, 53 J 178, lettre du 17 mai 1973 de Jean-Marie Huret, responsable de l’association locale du Havre, à Jean Faucher, président de Tourisme et travail.
16 AD Seine-Saint-Denis, 53 J 180, lettre de Jean Faucher à Jean-Pierre Dannaud, conseiller d’État, commissaire au Tourisme, 15 décembre 1972.
17 Castel R., Les métamorphoses de la question sociale, Une chronique du salariat, Paris, Fayard, 1995, 814 p., p. 519-601.
18 Ibid., p. 522.
19 Les vacances à l’étranger représentent 11,5 % des journées de vacances en 1964, 17,5 en 1972 et 18 % en 1973 (Les vacances des Français en 1973, Paris, INSEE, 1975, p. 8).
20 Froidure J., Du tourisme social au tourisme associatif. Crises et mutations des associations françaises de tourisme, Paris, L’Harmattan, 190 p., 1997.
21 AD Seine-Saint-Denis, 53 J 205, discours d’Albert Perrot, président de l’association locale TT du Havre, pour le départ en retraite de Jean-Marie Huret, 20 novembre 1982. Voir aussi, sur la spécificité du rôle des Foyers de jeunes travailleurs au Havre : Reneau S., Politiques et pratiques culturelles au Havre. 1944-1983, thèse de doctorat d’histoire, Institut d’études politiques de Paris, 2002, p. 599.
22 AD Seine-Saint-Denis, 53 J 205, discours d’Albert Perrot pour le départ en retraite de Jean-Marie Huret, 20 novembre 1982.
23 AD Seine-Saint-Denis, 53 J 1, rapport préparatoire au 19e congrès de Tourisme et travail, 13-15 mars 1970.
24 Archives confédérales de la CGT-FO, lettre de Willy Gitler, secrétaire confédéral, aux Unions départementales, Fédérations nationales, Union locales, 26 octobre 1979 ; brochure Vers des vacances pour tous avec le chèque vacances, 1979.
25 Faucher J., « Une partie du combat », Tourisme et travail, no 28, mai 1977.
26 Tourisme et travail, no 08, février 1975.
27 Tourisme et travail, no 33, janvier 1978.
28 Tourisme et travail, no 36, avril 1978.
29 Faucher J. et Lorenzi L., Vacances pour un autre temps, Paris, Éditions sociales, 1982, 202 p.
30 Ordonnance no 82-283 du 26 mars 1982 portant création des chèques vacances, Journal officiel, 3 mars 1982.
31 AD Seine-Saint-Denis, 53 J 210, note du département diffusion-promotion.
32 Tourisme et travail, no 21, septembre-octobre 1976.
33 Pattieu S., « “Nous n’avons rien à Katmandou”. Production militante et usages populaires du tourisme », Actes de la recherche en sciences sociales, no 170, décembre 2007, p. 88-101.
34 Froidure J., op. cit., p. 50.
35 AD Seine-Saint-Denis, 53 J 191, note de Robert Gambier au secrétariat général, 1er juillet 1982.
36 AD Seine-Saint-Denis, 53 J 202, lettre de M. Simard à Guy Dupuy, 8 décembre 1981.
37 AD Seine-Saint-Denis, 53 J 201, lettre de C. A., adjointe au maire de Thourotte, secrétaire du conseil local de Compiègne, 22 mars 1985.
38 AD Seine-Saint-Denis, 53 J 1, BF du 5 juin 1984.
39 AD Seine-Saint-Denis, 53 J 192, lettre de la CGT SGF, 28 novembre 1984.
40 AD Seine-Saint-Denis, 53 J 195, lettre de la CCAS d’Eure-et-Loir, 29 octobre 1982.
41 AD Seine-Saint-Denis, 53 J 202, procès-verbal de l’AG de l’UD Pyrénées-Atlantiques, 9 juillet 1984.
42 Tourisme et travail, no 60, octobre 1980.
43 INVAC, no 14, mai 1981.
44 Archives confédérales de la CFDT, 8 H 1510, procès-verbal conseil d’administration de l’INVAC, 20-21 septembre 1984.
45 Archives confédérales de la CFDT, 8 H 1678, compte rendu de la réunion de la commission voyages de l’INVAC, 7 mars 1985.
46 Archives confédérales de la CFDT, 8 H 1510, procès-verbal conseil d’administration de l’INVAC, 20-21 septembre 1984.
47 INVAC, no 26, mars 1985.
48 Archives confédérales de la CFDT, 8 H 1492, compte rendu de la réunion du CECOREL régional, 20 janvier 1982.
49 Christine M., Filipowski V. et Monteiro S., Les vacances des Français : évolution sur 20 ans et résultats détaillés de 1986 à 1990, Paris, INSEE, 1992, 286 p., tableau 1.
50 Ibid.
51 Dreyfus M., Histoire de la CGT, Bruxelles, Complexe, 1995, 408 p., p. 301.
52 Archives confédérales de la CFDT, 8 H 1526, conférence des CECOREL régionaux, octobre 1984 ; Froidure J., op. cit., p. 33-34.
53 Bullat G. et Ravanel J., « Politique à mener en matière d’équipements touristiques à vocation familiale et sociale », Gazette officielle du tourisme, no 911, 1988 (cité in Froidure J., op. cit., p. 34). Les sommes sont données en valeur 1986.
54 Rapports, 16e congrès de la CGT-FO, 1989, p. 472-473.
55 Froidure J., op. cit., p. 35.
56 Ibid., p. 37.
57 AD Seine-Saint-Denis, 53 J 319, circulaire de la CNAF no 24, 25 juin 1984.
58 Froidure J., op. cit., p. 147.
59 Ibid., p. 160.
60 Archives confédérales de la CFDT, 8 H 1526, lettre de Gérard Bullat, 2 août 1984.
61 Froidure J., op. cit., p. 37.
62 Barthélemy M., Associations : un nouvel âge de la participation ?, Paris, Presses de Sciences Po, 2000, 286 p., p. 105. Jean-Louis Laville et Renaud Sainsaulieu décrivent également la crise et la disparition de l’association d’éducation populaire Peuple et culture en Isère, les difficultés du CEMEA Languedoc-Roussillon (Centre d’entraînement aux méthodes de l’éducation active) dans : Sociologie de l’association : des organisations à l’épreuve du changement social, chapitre 3 et 5, Paris, Desclée de Brouwer, 1997, 404 p.
63 Barthélemy M., Associations : un nouvel âge de la participation ?, op. cit., p. 80.
64 Tartakowsky D., « Convergences », in Tartakowsky D. et Tétard F. (dir.), Syndicats et associations : concurrence ou complémentarité ?, Rennes, PUR, 2006, 482 p., p. 358.
65 Barthélemy M., Associations : un nouvel âge de la participation ?, op. cit., p. 116-117.
66 Ibid., p. 118.
67 Brodiez A., Le Secours populaire français, 1945-2000, Du communisme à l’humanitaire, Paris, Presses de Sciences Po, 2006, 366 p., p. 248-249.
68 Bertho Lavenir C., La roue et le stylo, comment nous sommes devenus touristes, Paris, Odile Jacob, 1999, 438 p., p. 427.
69 Froidure J., op. cit., p. 43-45.
70 Ibid., p. 48.
71 Barthélemy M., op. cit., p. 125.
72 Archives confédérales de la CFDT, 8 H 1675, étude CECOREL sur l’image de marque du tourisme social, 1986. Sur les illusions du tourisme solidaire, voir Chabloz N., « Tourisme solidaire : les malentendus de la rencontre entre visiteurs et visités », Actes de la recherche en sciences sociales, no 170, décembre 2007, p. 32-47.
73 Archives confédérales de la CFDT, 8 H 1675, intervention de C. Jugueux, fédération services CFDT, au colloque de l’INVAC, janvier 1985.
74 Archives confédérales de la CFDT, 8 H 1526, lettre de Gérard Bullat, 2 août 1984.
75 Boltanski L., Rendre la réalité inacceptable, Paris, Démopolis, 2008, 192 p.
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