Les Néerlandais du Centre-Ouest français au Canada : des relations particulières au XVIIe siècle
p. 123-137
Texte intégral
1À partir de la décennie 1560-1580, les Néerlandais, c’est-à-dire les habitants des Provinces-Unies ou des Pays-Bas, connaissent un essor économique basé sur l’industrie mais surtout sur le commerce1. Ils acquièrent une expérience telle dans ce dernier domaine, qu’ils deviennent les transporteurs les plus présents sur toutes les mers, et ce jusqu’à la fin du XVIIe siècle, au point qu’il leur sera attribué le surnom de « rouliers de la mer »2. Leur présence dans les villes du Centre-Ouest atlantique se complète par celle, à la fin du XVIe siècle, sur les côtes américaines. La présence hollandaise dans l’espace délimité se mesure en termes de concurrence et de rivalité mais aussi d’imitation et d’émulation. Au XVIIe siècle, la participation hollandaise au développement des échanges entre le golfe du Saint-Laurent et le littoral entre Loire et Gironde peut donc être étudiée dans ses dimensions commerciales, militaires et humaines.
Des relations commerciales « intenses » et variées de 1580 à 1670, puis plus difficiles et complexes du fait des conflits
2À la suite des autres nations européennes, les Néerlandais se sont lancés dans l’exploration et l’installation de comptoirs sur le continent américain. La plus connue des colonies, mais aussi la plus septentrionale, est celle de Nouvelle-Amsterdam. Toutefois, les Néerlandais établissent des relations avec Terre-Neuve à la fin du XVIe siècle, soit un siècle après sa découverte par Giovanni Caboto en 1497. Ils n’y pêchent pas la morue, mais se contentent de la transporter. Les raisons de l’absence de morutiers hollandais résultent de l’antériorité des autres nations européennes, mais surtout de la consommation d’autres poissons (le hareng) et de la proximité des bancs de la mer du Nord, auxquels se consacrent des flottes de pêches de Rotterdam, Enkhuizen, Zierickzee3.
3Le trafic de Terre-Neuve s’inscrit dans un commerce quasi triangulaire. Les contrats de frets signés à Amsterdam distinguent deux circuits4 :
- dans le premier, le navire part d’Amsterdam pour le sud de l’Angleterre ou il achète aux pêcheurs anglais leur morue, qu’il revend ensuite dans la péninsule Ibérique ;
- dans le second, le navire se dirige vers le sud de l’Angleterre ou l’ouest de la France, s’informe de l’effectif des flottes morutières et des besoins des pêcheurs et colons, avant d’acheter, parfois dans ces pays les biens nécessaires. Il navigue ensuite vers Terre-Neuve où il échange les biens contre de la morue qu’il rapporte en Méditerranée (Marseille, Gêne et Livourne, Cadix, San Lucar de Barrameda), voire en Bretagne (Saint-Malo) ou en Normandie (Le Havre-de-Grâce), notamment après 1650.
4La période 1640-1659 constitue l’apogée de ce trafic. Le déclin s’amorce dès 1660 et à partir de 1670, il n’y a plus d’échange avec Terre-Neuve. La principale raison de cette disparition est à mettre au compte du développement de la flotte de commerce et de pêche française, notamment les Malouins qui, entre 1650 et 1660, effectuent des retours vers Marseille de plus en plus fréquemment5.
5La morue n’est pas la seule denrée à laquelle s’intéressent les Néerlandais. Le commerce de la fourrure et pelleteries conduit ceux-ci à participer aux premières expéditions à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, directement, ou en prenant des parts dans des expéditions françaises6. Les peaux sont acheminées en France, notamment Paris, ou vers le reste de l’Europe. Ce négoce est effectué par quelques familles liées aux marchands de La Rochelle ou de Rouen. Des rivalités naissantes se terminent parfois par des actes de piraterie : en 1606, le Witte Leeuw (litt. Lion Blanc), un navire marchand de 320 tonneaux armé en guerre et appartenant à Bernart Berrewijns et alii (le capitaine étant Hendrick Lonck7) s’approche du golfe du Saint-Laurent. Aux environs de Tadoussac, Lonck rencontre deux navires français et il leur enlève leurs fourrures, les munitions, les canons et leurs montures. Il traita ensuite avec les Montagnais. Au retour, il capture un navire espagnol et un navire portugais à Terre-Neuve.
6Ce commerce canadien reste secondaire par rapport à celui avec la France et la région du Centre-Ouest. Les données existantes sont éparses, discontinues, globales, mais certains indices témoignent de l’importance du Centre-Ouest français dans ces échanges.
7Le Vénitien Guicciardini donne en 1567, dans son récit de voyage, un tableau du commerce extérieur des futurs Pays-Bas. Les échanges s’élèvent à 22.5 millions de florins pour les importations et 16 pour les exportations8. La France se positionne au 6e rang avec 2.7 millions de florins9. Les guerres de religion sont favorables aux Néerlandais qui prennent des parts aux transporteurs bretons et normands. La France reste un partenaire important au XVIIe siècle, en terme d’échange, comme le montrent les tableaux suivants10.
Répartition des navires hollandais avec le tonnage et le nombre de marins selon le secteur commercial en 163611
Secteur | Nombre de navires | Tonnage moyen |
Baltique | 400 | 200 |
Norvège et mer du Nord | 350 | 200 |
Archangel | 50 | 240 |
Allemagne du Nord | 150 | 40 |
Angleterre et Ecosse | 150 | 70 |
Ouest France | 140 | 80 |
Sud-Ouest France | 300 | 200 |
Espagne, Portugal, Méditerranée | 200 | 300 |
8Le commerce avec la France constitue un enjeu, même en temps de guerre. Entre 1688-1713, certains Néerlandais n’hésitent pas à faire de la contrebande, quand d’autres font appel aux neutres (Scandinaves) ou prennent des passeports permettant de maintenir des relations commerciales.
Passeports délivrés pour les Néerlandais12
Ports basques 1705-1710 | 252 |
Bordeaux 1704-1711 | 2237 |
La Rochelle 1705-1711 | + de 956 |
Nantes 1702-1711 | + de 557 |
St-Malo 1702-1711 | + de 77 |
9Déjà lors de la guerre de la Ligue d’Augsbourg, ce procédé est attesté dans les papiers de l’amirauté de Guyenne. Le 11 avril 1690, elle accorde la permission à Luisen Corn, capitaine hollandais de la Rosée Dalles (Roesendal), de naviguer dans les eaux françaises. Le 20 avril 1691, Andrias de Servr, capitaine de la Demoiselle Envertrias, 300 tonneaux, obtient l’autorisation de décharger de l’eau-de-vie et autres marchandises. À côté des vins et alcools, les Néerlandais s’intéressent au sel13. Ces deux biens représentent 50 % de la valeur des importations en 1567 ! Le sel en provenance de Brouage et de Bourgneuf dépasse celui de Setubal dans les frets à destination de la Baltique après 1598. Cette demande est à relier à l’essor de la pêche, notamment du hareng. Toutefois à la fin du XVIIe siècle le sel portugais redevient apprécié sur le marché d’Europe du Nord. La preuve est fournie par le prix du sel sur le marché d’Amsterdam : 840 florins en 1694 pour 7 lasts contre 720 pour le sel français14. Le vin provient de la Charente, de Nantes. Bordeaux reste le principal exportateur, les Néerlandais y sont les plus gros clients : en 1651 ils y envoient 446 navires jaugeant 74526 tonneaux, représentant 26,5 % des navires sortis du port et 70,8 % du tonnage15.
10Le reste du fret concerne des eaux-de-vie, du lin, du papier, des céréales quelques tissus puis après 1700 une part prépondérante de produits coloniaux comme le sucre, tabac, riz, indigo et le café (50 % des importations vers 1750). En contrepartie qu’amènent les Néerlandais ? En dehors des produits de la Baltique, comme du bois, d’autres matières premières pour la construction navale, des céréales qui joueront un rôle dans les années difficiles de la décennie 1640, ce sont du fromage, du cuivre, des armes, du textile tissé en Hollande sans compter quelques épices ainsi que les marchandises chargées dans les différents ports français et autres16.
11En effet, ces échanges sont intégrés aux circuits du cabotage européen. La Baltique constitue la destination primordiale pour le sel français porté par les Néerlandais17. Alors qu’entre 1597-1632 moins d’un dixième des voyages effectués par des navires d’Amsterdam destinés à Danzig mentionnent une escale en France, on passe à plus de la moitié ensuite. La route dominante est la suivante Amsterdam – France (Nantes, La Rochelle, Brouage, Bordeaux) – Danzig (parfois Koenigsberg18) – Amsterdam.
12Cependant, d’autres axes d’échange coexistent. Les archives notariales de Rotterdam signalent plusieurs contrats de transport entre ports français ; par exemple quatre chartes parties entre Jan Fransz de Vries, marchand de Rotterdam, et Johan Heuft, marchand de Rouen, pour faire transporter du sel de Brouage à Rouen par divers navires entre 1609 et 1615. Un autre acte de 1629 indique que Jan de Neve de Middelburg vivant à La Rochelle est en affaire avec Anthoni Casteleyn, marchand nantais19. Certains commerçants français donnent les raisons pour lesquelles ils utilisent les navires hollandais. Le 4 avril 1668, à Bordeaux, Pierre Cournut déclare avoir fait acheter par des marchands hollandais une part dans plusieurs vaisseaux de Hollande, dont le Patriarche Izaac de Rotterdam ci-devant appelé Sainte-Thérèse de Bordeaux. Il s’agit d’utiliser le pavillon de Hollande pour se garantir des corsaires d’Espagne20. Ce n’est pas la seule raison. Leur coût et leur disponibilités rendent les navires hollandais compétitifs21. D’autres documents montrent la participation des Néerlandais dans les échanges entre les ports du Centre-Ouest Français et l’Angleterre22, la péninsule Ibérique et ses colonies américaines, ou encore la Méditerranée, autre marché d’expansion capital. Plusieurs contrats concernent des voyages Rotterdam – La Rochelle – Espagne. En 1596, le patron du flieboot la Fortune se charge d’emmener des biens de La Rochelle pour Bilbao. Le 28 janvier 1605 une charte partie voit Jacques Coyfert, patron du Magdalena de 27 lasts, et Pierre Respinet, patron du navire Maria de 24 lasts, habitants de La Rochelle, se charger pour Jaspar Moermans, ainsi que Michiel Janss Sasboudt, marchands de Delft, d’emmener du blé vers Séville pour le livrer à Joost de Bye, marchand. En 1655 Guillaume Belin de la Garde, un Malouin, est en relation avec des marchands hollandais pour participer à des expéditions de traite à destination du Venezuela actuel. Un de ses navires, La Paix, a pour route La Rochelle, Canaries, Carthagène, Porto-Bello, Curaçao et Amsterdam23. Quant aux relations commerciales avec l’Angleterre, dans les archives de Rotterdam, elles concernent un voyage Rotterdam – La Rochelle – Yarmouth – La Rochelle24, mais il en existe sans doute bien d’autres avec les ports de l’East Anglia ainsi que le sud de l’Irlande. Dans certains cas, une escale à La Rochelle constitue un moyen de compléter un voyage dont la mission principale n’est pas forcément commerciale. Ainsi Michiel de Ruyter qui, parti escorter et amener des renforts au Brésil, s’en retourne ensuite en Europe en passant par les Antilles françaises, arrive le 1er avril 1641 dans ce port pour y charger du vin avant de terminer son périple à Flessingue.
13Toutes les régions hollandaises ne commercent pas avec la France et encore moins le Centre-Ouest. Certes, on a évoqué la Hollande à travers Rotterdam et Amsterdam, mais la Zélande entretient des relations anciennes avec cette partie de la France. En 1508, la ville de Middelburg obtient du futur Charles Quint le privilège d’entrepôt pour tous les Pays-Bas sur les vins provenant d’Espagne et de France, notamment du Centre-Ouest. Les registres des droits de douane (tol van Iersekeroord et het Ankerageld) confirment l’enjeu des relations commerciales françaises. En 1630, concernant les importations réalisées par les Zélandais, 57 % proviennent de France contre 29 % du Royaume-Uni25. Des demandes sont adressées dans les années 1620-1640 par la province de Zélande pour protéger ces flux, par la mise en place de convois escortés à destination de Saint-Malo, Nantes, La Rochelle et Bordeaux.
14L’existence de ces flux commerciaux attise de nombreuses convoitises auxquelles s’ajoute l’évolution des relations entre états. Des rives du Centre-Ouest au Saint-Laurent apparaît une conflictualité particulière, caractérisée par l’absence de grande confrontation navale et par la multiplication des raids et guerre de course.
De Bellum. De La Guerre
15De la fin du XVIe siècle jusqu’aux années 1650, le golfe de Gascogne (de Biscaye dans les sources hollandaises) est un espace militarisé. Entre 1570 et 1575, les Gueux de mer viennent vendre des prises à La Rochelle. Mais ils ne sont pas les seuls. Des pirates anglais ou barbaresques s’y pressent entre 1600-164026 ; sans compter les déprédations commises par des Français, notamment lors des troubles des guerres civiles27. En 1598 Abraham Abrahams, patron du Saint-Pierre de 34 lasts, est capturé par le capitaine de navire français Buse et ramené à La Rochelle. Le 18 avril devant le notaire David Lion Royael et le marchand Gedeon van der Plancke, il obtient la libération de son navire contre versement de la somme de 1 500 couronnes françaises, garantie par Ezechiel Bonhomme, marchand de la Rochelle, et versée par ledit Plancke à Guillaume van Offenberch28.
16En septembre 1654, les marchands de la ville de Rouen envoient un député à M. le Chancelier afin de lui demander la mainlevée de deux vaisseaux hollandais pris et amenés à La Rochelle par le chevalier de Neuchèze29 : ce sont La ville de Staden parti du Havre avec des toiles blanches de cette région ; L’Isabelle de Saint-Malo revenant d’Espagne avec de l’huile. Tout deux ont des congés du roi et du Grand-Maître de la Navigation. En réponse à ces menaces, les états-Généraux n’hésitent pas à armer des flottes pour protéger les convois dits de Bordeaux ou de Brouage, à destination ou en provenance de la péninsule Ibérique et de la Méditerranée. Cette mission est exercée par des officiers prestigieux comme Marteen Tromp, en 1651, ou d’autres qui le feront au prix de leur vie comme Jan Evertzen décédé en 1617 à la suite d’un combat contre un pirate français, et enterré à La Rochelle30.
17Un changement s’opère sur la période 1665-1715. C’est l’essor de la guerre de course à plus grande échelle et des raids côtiers. Les récents travaux sur la course hollandaise montrent qu’une région s’illustre tout particulièrement, la Zélande. Les corsaires zélandais se distinguent par une forte propension à établir les champs d’action loin de chez eux. Leurs principaux terrains d’opération sont l’Atlantique Nord, la Manche mais plus encore le golfe de Biscaye. Très tôt ils prennent conscience des perturbations causées aux commerces anglais et français. Une lettre écrite à son capitaine corsaire par un armateur, le 28 juillet 1705, illustre cette réalité. Il lui indique que les navires français sont à destination principalement des Indes occidentales, des bancs de Terre-Neuve, de « Plaissanse Cannada », des Antilles, de Cadix et de la Méditerranée. Les corsaires étaient très actifs dans cet espace qui correspond au retour des navires des Antilles pour Bordeaux, Nantes, La Rochelle31. En septembre 1691, les capitaines Leijnsen et Hendrickx de Veere ramènent trois groenlandais français capturés au large d’Islande. En décembre, un autre corsaire détruit vingt-six petits navires près de Terre-Neuve et en ramène cinq32. En 1708, le navire le Saint Pierre d’Enkhuizen voyage en direction de Bordeaux lorsqu’il rencontre quatre corsaires zélandais qui avaient capturé onze « Westindivaarders » (mot hollandais désignant un navire commerçant avec l’Afrique ou l’Amérique) remplis de colons. En tout, 348 hommes, femmes et enfants sont transbordés à son bord et seront débarqués à Bordeaux33.
18Les statistiques traduisent cette omniprésence de la course dans le golfe de Gascogne34. Lors de la guerre de la Ligue d’Augsbourg, pour 663 navires pris dont le port de départ est connu, 232 soit 35 % sont originaires d’un port du golfe de Gascogne (La Rochelle, Nantes, Bordeaux) ; tandis que la Bretagne et la Normandie représentent 102 navires, soit 15 %. Sur 595 dont on connaît le port de destination, 117 vont vers un port dudit golfe ; 182 vers la Bretagne, au Nord de la France, mais aussi 29 à destination des Provinces-Unies. En tout, 47 % des vaisseaux sont pris dans le golfe de Gascogne !
19La menace est constante. Au début de l’année 1672, les Néerlandais lancent une nuée de corsaires, ce qui permet à l’intendant Hubert de dire « en six mois, ils sont devenus sy riches par leur volleries qu’on croit qu’ils s’en abstiendront difficilement quand mesme la paix se feroit ». En 1676-1678, le secteur de la pêche maritime en haute mer paye un lourd tribut, malgré une liberté de la pêche signée en mai 1676. Entre juin et juillet 1677, des vaisseaux malouins et dunkerquois saisissent dans l’Atlantique Nord 43 navires hollandais et en rançonnent 23 autres. Il s’ensuit des représailles hollandaises sur les terre-neuvas français : la Miséricorde du maître Jean Le Clerc du Havre et trois autres navires sont rançonnés pour 8 300 livres par des Flessinguois et un navire est pillé. Trois autres navires sont pris, l’un est même obligé d’attester en quoi il n’a pas été molesté ! En tout cela concerne quatre navires du Havre, deux de La Rochelle et deux de Nantes. Certains pêcheurs sont encore prisonniers en 1679-168035. Dans quelques cas, ces pêcheurs, du moins leurs convoyeurs, ne se laisseront pas faire36.
20Le « kaper » zélandais du fait de son terrain de chasse dispose de bases relais à l’étranger, que ce soit en France (La Rochelle entre 1665-1667), en Espagne ou au Portugal (La Corogne, Saint-Sébastien, Bilbao, Lisbonne), mais aussi en Angleterre (Falmouth, Plymouth), ou en Italie (Livourne, Naples, Venise). Dans ces villes, la présence de consuls ou d’agents d’armateurs hollandais facilite la vente des prises, l’avitaillement ou l’information des corsaires. L’existence de lignes régulières maritimes, comme celle qui relie Falmouth à La Corogne, favorise la circulation rapide des renseignements.
21Hormis cette menace corsaire, les Néerlandais peuvent constituer un danger au travers de leurs flottes de guerres ou provenant des grandes compagnies de commerce, c’est-à-dire la VOC et la WIC (Compagnie des Indes orientales et Compagnie des Indes occidentales)37. Excepté le siège de La Rochelle auquel participa la flotte hollandaise dirigée par Willem de Soete, seigneur de Haulthain38, il n’y a pas de confrontation majeure entre le golfe du Saint-Laurent et le Centre-Ouest. Pourtant, durant la période 1665-1678, les raids côtiers menés par les Néerlandais se multiplient. La première de ces attaques concerne la dernière partie de la campagne menée par De Ruyter en 1664-1665. Après avoir repris des établissements hollandais en Afrique et détruit des comptoirs anglais, il fond sur les Antilles anglaises qu’il attaque puis il remonte par la Floride. Ne pensant pas pouvoir reprendre, Nouvelle-Amsterdam, il razzie les pêcheries anglaises et celles de leurs alliés à Terre-Neuve39.
22Une nouvelle expédition est menée en 1672-1673 par Cornelis Evertzen de Jongste et Jacob Binckes40. Le premier dirige une flotte de 6 navires, 586 hommes et 115 canons. Le second se joint à lui avec 4 navires, dont son navire amiral qui porte 46 canons et 210 hommes. Evertzen fait comme De Ruyter un voyage qui passe par l’Afrique, puis les Antilles et l’Amérique. Son but est de porter préjudice aux installations anglaises et françaises. Avec Binckes, il s’empare de New York en août 1673. Peu de temps après, Evertzen envoie une escadre de 4 navires, totalisant 156 canons, sous la direction de Nicolas Boes. Il lui assigne comme objectif de détruire les installations de Terre-Neuve, mission secrète allouée par l’amirauté de Zélande mais qu’Evertzen ne peut exécuter du fait des nombreuses prises. Boes arrive en octobre 1673 sur Terre-Neuve ou, en moins de deux semaines, il détruit de nombreux entrepôts et installations ainsi qu’entre 70 et 150 navires anglais, gardant les huit navires les plus gros. Les comptoirs français, mieux défendus, sont épargnés cette année-là mais en 1674 le fort de Pentagouet est pris par le corsaire hollandais Jurriaen Aernoutsz41. Ces attaques démontrent la prise de conscience par les Néerlandais de l’importance des pêcheries dans l’activité économique anglaise puis française42.
23Mais les raids côtiers ne se limitent pas à l’Amérique. Fin 1673 Guillaume III d’Orange prépare avec Michiel De Ruyter et Cornelis Tromp un plan qui prévoit de frapper la France et ses colonies, profitant de la présence de la flotte française en Méditerranée et d’un traité secret avec des Huguenots en vue d’une attaque des ports sur la côte Atlantique. Tandis que De Ruyter est chargé d’attaquer les Antilles, Tromp doit se trouver une cible entre la rade de Brest et la Charente. La flotte commandée par Tromp ne part que le 18 juin. Il dispose de 36 vaisseaux, 9 brûlots, 7 snauw et 8 galiotes avec 4 000 hommes et est secondé par les chefs d’escadre Aert van Nes, Willem Bastiaenszoon Schepers et Adriaen Banckert, et le général d’armée Van Hoorne.
24La flotte arrive le 23 juin devant Belle-île mais le débarquement n’a lieu que le 27. La résistance du château forçe les Néerlandais à se retirer le 2 juillet. Le 4 juillet, ils débarquent sur l’île de Noirmoutier : après quelques combats les Français fuit en terre ferme ; les Néerlandais perdent selon les sources entre 10 et 45 morts et 40 à 65 blessés. L’île est pillée et deux navires français ne sachant pas la prise de l’île sont capturés. Sur terre, des descentes sont menées et des cloches des églises embarquées, notamment celles de l’abbaye de Saint-Philibert. Elles sonnent encore en Hollande (Oud-Loosdrecht et Kortgene). Tromp ne rencontre aucune proie intéressante et seule une frégate et quelques barques de pêcheurs sont capturées. Le 23 juillet, il quitte cet endroit après avoir fait exploser le château et emmené 18 otages. Voyant qu’il ne peut plus rien faire de sérieux, la décision est prise de naviguer en direction de Cadix. L’expédition est infructueuse tout comme pour De Ruyter. L’échec est imputable aux conflits avec Van Hoorne, aux retards dans l’armement qui permettent aux Français d’être informés du projet et de fortifier Brest et Rochefort.
25En dehors de ces actions, les échanges entre les Provinces-Unies et le Centre-Ouest de la France n’ont pas été seulement constitués de flux commerciaux, d’échanges de biens et de marchandises. Ces contacts ont engendré des migrations entre les ports principalement. La communauté hollandaise la plus représentative est celle des marchands. Plusieurs factums, rapports ou libelles soulignent la présence des marchands hollandais pour mieux la contester, parfois au prix de discours xénophobes. C’est le cas chez Antoine de Montchrestien en 1615, dans son Traité de l’Esconomie Politique43 ou chez Jean Eon dans son Le commerce honorable, considérations politiques sur le faict du commerce de France composées par un habitant de Nantes, paru en 1656, qui constitue un véritable réquisitoire. Mais ce n’est pas la seule communauté marchande à subir les critiques des marchands français44.
26La communauté marchande hollandaise dans les ports du royaume constitue la principale cohorte étrangère au milieu du XVIIe siècle45. Dans les échanges et participations au commerce avec le Canada, des réseaux et des clans se créent avec la bourgeoisie locale rochelaise. En ce début du XVIIe siècle, les noms souvent évoqués sont ceux de Jean Macain, Jabach, Hunthum (alias Hontom), Vogels, et Duysterloo. En dehors de ces noms, la documentation consultée signale aussi certaines familles célèbres qui ont envoyé un de leurs membres en apprentissage ou en affaires, comme la famille Raule (Jan, frère de Benjamin, sera consul à La Rochelle notamment46), ou De Moucheron47. En Zélande, on retrouve aussi d’autres familles marchandes comme les Lampsins, Sautijn… qui opèrent aussi en course. Quelques actes notariés de Rotterdam permettent de mettre à jour ces relations. Guillaume Henry et Elias Carré, marchands de La Rochelle, emploient les mêmes facteurs à Rotterdam, Adriaen van der Goes, 78 ans, et Jan van der Goes, 34 ans en 163948. La présence de marchands français dans les Provinces-Unies est attestée dans les rapports de Janot, consul à Amsterdam, ou parmi les actes notariés de Rotterdam, mais sa faiblesse numérique et économique explique sans aucun doute l’absence de travaux sur celle-ci49.
27Les informations restent plus prolixes concernant les marins. Les législations nationales interdisent généralement l’emploi de marins nationaux à l’étranger, en temps de guerre comme en temps de paix50. L’ordonnance du 31 janvier 1692 qui rappelle l’interdiction faite aux Néerlandais de prendre du service à Dunkerque, ne fait que reprendre une précédente réglementation formulée en 1674. Malgré les interdictions de part et d’autre, de nombreux marins hollandais et français servent dans d’autres pays51. Les États-Généraux dénoncent, à plusieurs reprises, la présence de marins hollandais sur les navires de guerre ou corsaires français52. Quant à la marine de commerce et de pêche, nous en avons connaissance par quelques allusions. En 1651 un armateur de La Rochelle arme un terre-neuva de 80 hommes, dont 8 Hollandais53 ! Devant un notaire de Rotterdam, un capitaine signale en 1632 son engagement par le seigneur de la Ralde54 marchand de Dieppe55.
28À l’inverse, la présence des Français dans les différentes flottes hollandaises est perceptible. Dans la marine de commerce hollandaise, les équipages sont constitués de 25 à 42 % d’étrangers, contre 25 % dans la marine de guerre. Les Anglais, Écossais et Flamands du début du XVIIe siècle laissent la place aux Allemands et Scandinaves, prédominants dans les années 1680-170056. La part des étrangers dans les baleiniers s’élève au début du XVIIe siècle au tiers de l’équipage, mais se réduit au cinquième au milieu de ce même siècle. Parmi ces étrangers, la grande majorité est composée de Basques français ou espagnols.
Emploi des marins hollandais selon les secteurs d’activités en période normale
Secteur | 1610 | 1630/40 | 1680 |
Marine de guerre | 3000 | 8000 | 3500 |
Commerce | 21500 | 25000 | 22500 |
VOC | 2000 | 4000 | 8000 |
Baleine | 1500 | 9000 | |
Autres pêches | 6500 | 7000 | 6500 |
Total | 33000 | 46000 | 50000 |
29Parmi les Français employés sur un navire de guerre ou de commerce, les Normands, Bretons et Flamands sont nombreux ; toutefois, la part des Saintongeais et Bordelais n’est pas négligeable. Ainsi dans les archives notariées de Rotterdam, on trouve trace de 49 marins français sur la période 1626-1654 : 1 d’Audierne, 1 de Calais, 2 de Boulogne, 1 du Havre, 1 de Lille, 1 de Dieppe, mais aussi Jean Moulinou de La Rochelle en 1630 qui sert sous Van Diemen ; Jean Le Lesier et Pierre Jubert aussi rochelais ; Jean Grimmert, Jean Ranman et Petit Jean, tous de Bordeaux ; Andries Gatino de Saint-Martin de Ré. La révocation de l’édit de Nantes en 1685 a provoqué une migration massive. Le chiffre de 9 000 marins absents à La Tremblade est avancé. Cela semble exagéré au vu de la masse de marins disponibles en France et de la part des marins dans les marines hollandaises, à moins qu’une part encore inconnue n’ait choisi de se faire employer en Angleterre57. Quelques indices soulignent l’emploi des marins parmi les corsaires zéelandais et hollandais. L’origine géographique de 2 981 marins servant sur les navires de l’amirauté de Zélande entre 1688-1697 a pu être déterminé. Sur ce groupe, 39,5 % proviennent de Zélande ; 24,5 % du reste de la République ; 3,6 % de terres inconnues ; les étrangers sont 32,4 %, dont Flandres 7 % ; France 3,5 % ; Écosse 3 % ; Angleterre 2,4 %. Pour l’origine géographique des marins sur les corsaires de Zélande en 1688-1691, l’échantillon ne porte que sur 169 d’entre eux. Le résultat est le suivant : 60,3 % de Zélande ; 23,7 % du reste des Provinces-Unies et 16 % d’étrangers : Flandres, 4,6 %, mais aucun Français, ce qui paraît étrange alors que l’amirauté de Zélande autorise en juin 1689 le recrutement parmi les prisonniers français, et notamment les Huguenots, afin de faire face aux besoins croissants58. En février 1689 Jean Bart doit croiser sur les côtes françaises afin de transporter des armes et des hommes à Dunkerque, tout en chassant les capres hollandais, « qui sont en grand nombre sur les costes de France », et de capturer surtout un navire commandé par un fugitif de La Rochelle nommé Petit (Gillis ou Hubert). Le 7 avril 1697 devant le détroit de Gibraltar, monsieur de Champigny59, capitaine du Content, et monsieur Duquesne-Mosnier, capitaine du Trident, s’emparent, après un très vif combat d’une heure, de deux corsaires flessinguois : le Neptune de 32 canons, 6 pierriers et 94 hommes et le Concorde de 22 canons, 6 pierriers et 48 hommes. Le capitaine du Neptune est Pierre Valantin Rochard de La Rochelle, réfugié de la Religion, tout comme le chirurgien, le contremaître et quelques matelots. Les pertes sont sur les corsaires de 4 tués et 21 blessés. Sur le Trident il y a 9 morts et 4 blessés60.
30Autre exemple : Daniel Le Clercq de La Tremblade se signale comme corsaire en 1629, mais il est présent à Flessingue depuis 1625, dont il devient un citoyen en 163261. Certains de ces marins sont célèbres. Alors que l’on connaît bien la famille Gabaret62, la pourtant célèbre famille Forant l’est moins63. Jacques Forant ramène à Flessingue en 1631 et 1632 plusieurs prises espagnoles64. En 1634 il agit toujours comme corsaire, si l’on en croit une lettre écrite par Huygens à Joachimi, ambassadeur hollandais à Londres. Il poursuit sa carrière dans la marine hollandaise à partir de 1635 et joue un rôle capital dans la victoire des Dunes en 1639. Une de ses filles épouse un neveu de Piet Hein. Quant à son fils Job, il suit la trace de son père en ayant en 1646 le commandement d’un navire hollandais65, jusqu’en 1648. Par la suite comme corsaire de Charles II, il sera à l’origine d’un incident diplomatique en attaquant, au large de Calais, un navire qui transporte un ambassadeur hollandais. En 1652 il sert dans la flotte française puis en 1657 effectue une campagne de course au Brésil66, où il combat un navire hollandais. En 1664, capitaine du Brézé de 800 tonneaux, il est chargé d’amener des troupes du régiment de Carignan-Sallières au Québec. En 1667 il est envoyé aux Provinces-Unies et au Danemark pour surveiller la construction de navires destinés à la France. Ce ne seront pas les derniers contacts avec les Néerlandais…
*
31La carrière de Job Forant, toute originale, montre en quoi les relations entre le Centre-Ouest et les Provinces-Unies sont multiples, complexes et ont évolué dans les temps. Il apparaît ainsi que le Centre-Ouest français n’est pas un espace négligeable du point de vue commercial, ni militaire, au cœur des multiples flux commerciaux du grand cabotage européen. D’autres fonds d’archives hollandais devraient permettre d’affiner cette vision globale, un travail qui reste à défricher67.
Notes de bas de page
1 NB : même si dans les documents d’époque et dans le langage courant, il est fait une utilisation du terme Hollandais pour désigner les habitants des Pays-Bas, il faut rappeler que ce terme désigne seulement les habitants de la province de Hollande. Les habitants des Pays-Bas sont les Néerlandais.
2 de Vries J. et Van der Woude A., Nederland 1500-1815 De eerste ronde van moderne economische groei, Amsterdam, Editions Balans, 2005, 894 p.
3 Van Vliet A. P., Vissers in oorlogstijd. De Zeeuwse zeevisserij in de jaren 1568-1648, Koninklijk Zeeuwsch Genootschap der Wetenschappen, Middelburg, 2003, 224 p. ; Van Bochove C., « De Hollandse Haringvisserij tijdens de vroegmoderne tijd », Tijdschrift voor sociale en economische geschiedenies, 2004, no 1, p. 3-27.
4 Heerlien M., « Stokvishandel tussent de Republiek, Newfoundland en het Middelandse-Zeegebied (1590-1670) », Tijdschrift voor Zeegeschiedenis, no 25, 2006-2, p. 123-137.
5 Dès la fin du XVIe siècle, selon André Lespagnol : voir Ces Messieurs de Saint-Malo : une élite négociante au temps de Louis XIV, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1997, 2 volumes, notamment les pages 271 et suivantes. Cette perte de marché est imputable aussi aux guerres qui bloquent l’accès de la Méditerranée aux marchands et pêcheurs hollandais, mais pas aux corsaires ; ainsi qu’au déclin des flottes de pêche. Sur ce point voir l’article de Bochove C., art. cit., p. 15-24.
6 Bosher J. F., « Huguenot Merchants and the Protestant International in the Seventeenth Century », WMQ, 3rd ser., 52 (1995), 77-102 ainsi que « French Ports and North America before 1627: the view from La Rochelle », sur le lien suivant www.islandnet.com/~jberry/nfbefo22.pdf. Voir Jaenen C., « Champlain et les Néerlandais » dans Litalien R. et Vaugeois D., dir., Champlain. La naissance de l’Amérique Française, Québec, Editions Septentrion, 2004, 400 p.
7 Hendrick Lonck (Loncque ou Lonc), né en 1568, mort en 1634. Patron, marchand d’Amsterdam, il participe à plusieurs expéditions ainsi qu’à des campagnes contre les Barbaresques qui lui valent de se faire remarquer par la WIC. En 1628, il est de l’expédition sous Piet Hein qui se solde par la capture de la flotte espagnole, puis devient capitaine-général de la WIC. En 1630, il dirige la flotte qui s’empare des villes brésiliennes d’Olinda et de Pernambouc. Ce sera sa dernière campagne.
8 de Vries J. et Woude A., op. cit., p. 423.
9 Francke J., Utiliteyt voor de Gemeen Saake. De Zeeuwse commissievaart enn haar achterban tijdens de Negenjarige Oorlog, 1688-1697, Koninklijk Zeeuwsch Genootschap der Wetenschappen, no 12, Middelburg, 2001, 498 p. L’auteur donne plusieurs références d’unités monétaires permettant le change suivant : 1 stuiver équivaut à 5 cents, et 20 stuivers font 1 florin. La livre tournois équivaut à environ 55 cents, soit 11 stuivers ou ½ florin.
10 Voir la balance du commerce de la France au milieu du XVIIe dans Braudel F., Histoire Economique et sociale de la France, Paris, PUF, 1993, p. 342.
11 Davis K., « Maritime Labour in the Netherlands 1570-1870 », dans Van Royen P., Bruijn J. et Lucassen J., dir., Those Emblems of Hell ? European sailors ante the maritime labour market 1570-1870, Maritime History no 13, International Maritime Economic History Association, St. John’s Newfoundland, 1997, p. 41-71. Voir dans cet article la répartition des emplois de marins selon les destinations.
12 Bromley J. S., « Le commerce de la France de l’Ouest et la guerre maritime », Annales du Midi, 1958, p. 49-66, repris dans son recueil, Corsairs and Navies 1660-1760, Londres, Hambledon Press, 1987.
13 Wegener-Sleeswijk A., « Les vins de Guyenne sur le marché hollandais à la fin du XVIIe & au XVIIIe siècle », Chronique d’Histoire Maritime, 1998, no 2, p. 31-41. Voir l’ouvrage de De Bruyn Kops H., A Spirited Exchange: The Wine and Brandy Trade Between France and the Dutch Republic in Its Atlantic Framework, 1600-1650, Leiden, Brill, 376 p., 2007.
14 Francke J., op. cit., p. 477-480.
15 Boutruche R., Histoire de Bordeaux 1453-1715, Bordeaux, Fédération Historique du Sud-Ouest, 1966, p. 470.
16 Sur le commerce avec la Baltique, voir Christiaan Van Bochove, The Economic Consequence of the Dutch. Economic integration in the North Sea, 1500-1800 ; Amsterdam, éditions Aksant, 2008, 313 p. Sur le commerce des armes par les Pays-Bas, voir le livre de Michiel De Jong, Staat van Oorlog : Wapenbedrijf en militaire hervorming in de Republiek der Verenigde Nederlanden 1585-1621, Hilversum, éditions Verloren, 2005, 384 p.
17 Collins J. B., « The Role of Atlantic France in the Baltic Trade: Dutch Traders and Polish Grain at Nantes 1625-1675 », Journal of European Economic History, 1984, p. 239-289. Bogucka M., « Amterdam and The Baltic in the first half of the Seventeenth Century », Economic History Review, 1973, volume 26, no 2, p. 433-447.
18 Archives de Rotterdam Oud Notarieel Archief Rotterdam (ONA par la suite) Inventarisnummer 47 Aktenummer/Blz. 189/275. Déclaration du 04/12/1610 étude de Jacob Duyfhuysen.
19 ONA, Inventarisnummer 98, Aktenummer/Blz. 181/470 Date 25/08/1629 Acte devant notaire Jan van Aller Az.
20 Cette stratégie est évoquée dans plusieurs documents. Archives départementales de la Charente-Maritime, Série 6B Amirauté de Guyenne 218, f. 166, 21 oct. 1669. BnF. Fonds Clairambault, 433 volumes, 145 f° 48-53. Lettres de Janot du 12 avril 1651.
21 Lettre de l’intendant Le Blanc le 15/12/1710 cité par Huetz de Lemps C., Géographie du commerce de Bordeaux à la fin du règne de Louis XIV, Paris, édition Mouton, 1975, p. 535.
22 Michon B., « Les activités commerciales de Louis Acland marchand d’origine anglaise, installé à Nantes au milieu du XVIIe siècle », Revue d’Histoire Maritime, no 5, 2006, p. 239-261.
23 CRESPO Solana A., « Dutch Merchant Communities and the Hispanic Port Cities in the Atlantic: Traders and information (1689-1730) », XIV International Economic History Congress, Helsinki 2006, p. 3 et 4 note 4. Willem K. Illicit Riches. Dutch Trade in the Caribbean, 1648-1795, Leiden, KITLV, 1996.
24 ONA, Inventarisnummer 36, Aktenummer/Blz. 34/68, Date 25/07/1616, Aktesoort bevrachtings-overeenkomst of chartepartij ; Notaris Jacob Duyfhuysen.
25 Kluiver J. F., De Souvereine en Independente Staat Zeeland, Middeburg, éditions de Zwaarte Arend, 1998, 295 p. Voir notamment les pages 54-66.
26 Appleby J. « A Pathway out of debt: the privateering activities of Sir John Hippisley during the Early Stuart Wars with Spain and France 1625-1630 », American Neptune, 1975, p. 251-261; ainsi que OHLMEYER J., « Irish Privateering during the civil war 1642-1650 », Mariner’s Mirror, mai 1990, no 76, p. 119-133.
27 Voir la capture faite en 1627 par Abraham Duquesne I d’un navire hollandais : Vergé-Franceschi M., Abraham Duquesne Huguenot et marin du Roi-Soleil, Paris, Éditions France-Empire, 1992, p. 68-71.
28 ONA Inventarisnummer 6 Aktenummer/Blz. 103/278 Acte du 24/11/1598 Notaris Jacob Symonsz.
29 Poumarede G. et Cras J., « Entre finance et diplomatie, les armements du commandeur François de Nuchèze pour le secours de Candie », dans Tollet D., dir., Guerres et paix en Europe centrale aux époques moderne et contemporaine. Mélanges d’histoire des relations internationales offerts à Jean Bérenger, Paris, PUPS, 2003, p. 507-544.
30 Jan, né vers 1571, est l’initiateur de la lignée des officiers de marine. Il ne sera pas le seul Evertzen dont le corps repose à La Rochelle. Il y aura aussi ceux de deux de ses petits fils en 1659. Sur ces points, voir la biographie de la famille, par Roos D., Twee eeuwen varen en vechten 1550-1750, Het admiralengeslacht Evertsen, ADZ Vlissingen, 2003, p. 106-107, 171 et 365.
31 ONA Inventarisnummer 1604, Aktenummer/Blz. 68/119, Date 30/03/1690, Notaire Johan van Lodenstein. Document qui relate la capture d’un navire à destination de Rochefort en provenance des Antilles, puis ramené à Plymouth pour réparation.
32 Francke J., op. cit., p. 144-145.
33 Vrihees-van Meer J.T., De Zeeuwse Kaapvaart tijdens de Spaanse successieorloog, Middelbourg, Koninklijk Zeeuwsch Genootschap der Wetenschappen, 1986, 295 p. Thèse soutenue à Leiden en 1986. Voir la page 69.
34 Francke J., op. cit., p. 150-155.
35 Archives Nationales, fonds Marine, série B4 volume 7 f° 247 mais surtout f° 337-352.
36 Archives Nationales, fonds Marine, série B4 volume 12. Voir le récit concernant la défense faite le 15/8/1689 par le capitaine Jullian commandant le Dragon Volant de 10 canons.
37 Une communication sur l’activité corsaire des ces compagnies de commerce néerlandaise a été faite au cour de l’année 2009 par Roberto Barazzutti dans le cadre des communications de la délégation Ile-de-France de la Société française d’Histoire maritime.
38 Roos D., op. cit., p. 132.
39 Le butin est estimé à 165 000 florins. Ruud Bruijn J., « Dutch Privateering during the second and Third Anglo-Dutch Wars », dans The Low Countries History Yearbook 1978, Acta Historiae Nederlandicae, numéro 11, 1977, p. 79-93.
40 Cornelis Evertsen de Jongste naît en 1642 et meurt en 1706. Il sera chef d’escadre de la marine hollandaise en 1675 puis lieutenant général en 1684. Voir ROOS D., op. cit., le chapitre 6 consacré à ce personnage. Jacob Binckes naît en 1637 à Koudum en Frise et meurt en 1677 à Tobago. Jan de Vries prépare un ouvrage sur ce marin.
41 Sur Jurriaen Aernouts, voir la notice très complète de Raynald Laprise sur son site internet Le Diable Volant.
42 BNF, Mélanges Colbert, voir le courrier du 4 septembre 1677 (f° 80) de La Lande de Bayonne qui parle du projet des hollandais d’attaquer les vaisseaux de Terre-Neuve. Le 25 juin de la même année (f° 393), le comte d’Estrées signale que des corsaires hollandais devaient aller piller l’établissement de Denys à l’entrée du fleuve Saint-Laurent.
43 Paris, Edition de Funck-Bretano, 1889, p. 161-166 : « Ce sont (les marchands étrangers) des poux affamés qui sucent le suc et s’en nourrissent jusqu’à en crever ; mais qui le quitteraient s’il était mort. Ils amassent, pour parler ouvertement et sans figure, tout l’or et l’argent de France, afin de l’emporter, qui a Seville, qui a Lisbonne, qui a Londres, qui a Amsterdam, qui a Middelbbourg ».
44 Voir l’article de Guy Saupin sur un mouvement à Nantes vers 1630.
45 Israel J. I., « The Dutch Merchant Colonies in the Mediterranean during the Seventeenth Century », Renaissance and Modern Studies, vol. 30, 1986, p. 87-108; Velelu Wenkamp J.W., « Merchant Colonies in the Dutch Trade System (1550-1750) », dans DAVIS C.A., éd., Kapitaal, ondernemerschap en beleid. Studies over economie en politiek in Nederland, Europa en Azië van 1500 tot heden, Amsterdam 1996, p. 141-164; Lesger C. et Noordegraaf L., éd., Entrepreneurs and Entrepreneurship in Early Modern Times. Merchants and Industrialists within the Orbit of the Dutch Staple Market, Den Haag, n. p., 1995. Concernant les communautés hollandaises en France, voir les différents articles dans Bottin J. et Calabi D., Les étrangers dans la ville. Minorités et espace urbain du bas-Moyen-âge à l’époque Moderne, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 1999. Une contribution de Peter Voss et Bertrand Gautier sur les communautés à Rouen et Bordeaux. Pour Nantes, on peut ajouter Michaud V., Les Négociants étrangers à Nantes pendant la première moitié du règne de Louis XIV (1661-1685), Nantes, Université de Nantes, 1996.
46 Bruijn J. R., op. cit., p. 88.
47 Jean-Pierre Moreau indique aussi la présence de François Moucheron, sans doute un frère ou oncle de Balthasard Moucheron, un des marchands qui sera favorable à la création de la WIC : Moreau J.-P., Pirates, Paris, Tallandier, 2006, p. 222.
48 ONA Inventarisnummer 182 Aktenummer/Blz. 8/26 Date 31/12/1639 Notaire Nicolaas Vogel Adriaansz. Les actes permettent de constater l’envoi de 13 navires ayant transportés en tout 3285 tonneaux d’orge. Certains sont achetés à Marans au prix de 18 florins le tonneau.
49 Information provenant d’échanges avec Oscar GelderBlom qui travaille sur les communautés marchandes.
50 J. F. Bosher, dans l’article précité, indique que le roi Henri IV autorise l’emploi d’étrangers dans la marine.
51 Pour preuve dans les archives départementales de la Charente-Maritime, supplément E 52 sur les protestants, « le 12/9/1676 a esté enterré le corps de défunt Thomas Laurens, matelot d’un vaisseau espagnol pris par M Forant, agé de 39 ans, non marié natif de Hollande, ville de Reüe, a eu le bras coupé dans le combat, décédé le 11 septembre à l’hôpital de La Rochelle ».
52 Toutefois l’absence de rôle d’équipage ne permet pas de l’affirmer, seuls quelques cas individuels ont pu être remarqués. Cf. Francke J., op. cit., p. 99.
53 BnF, Mss Français no 1852, f° 548-558. En avril 1651 Louis Godin, marchand hollandais d’Amsterdam, arrive à La Rochelle. Il frète son navire les Armes de France à James de Combes pour pêcher la morue à Terre-Neuve. Combes entre comme capitaine sur ledit navire avec 80 hommes, dont 72 Français et le reste de Néerlandais. Ce navire en plus de sa campagne de pêche capture un navire espagnol, mais à son retour il est lui-même pris par Guinant et Bochart du Menillet, d’où un procès qui est relaté dans ce document datant de 1654.
54 Sur Raymond de la Ralde, voir la notice de Marcel Hamelin dans le Dictionnaire Biographique du Canada au lien suivant http://www.biographi.ca/FR/.
55 ONA, actes notariés no 320, f° 489, étude Arnout Wagensvel, du 10/12/1632.
56 Davis K., op. cit.
57 Voir l’article de Robert Gwyn, « Huguenots in English Sea Port in the late 17th century », paru à l’université de Kobé, dans Journal of Port cities studies, numéro de 2008, p. 15-30. L’auteur rappelle que le chiffre de 9000 marins souvent évoqué est une estimation fournie par Vauban. Warren Scoville, chercheur américain, aurait critiqué ce chiffre en 1960. Gwyn rapporte que Robert Morrice, un prêtre bien informé sur les réfugiés, écrit dans son registre le 5 mars 1687 que 2000 réfugiés sont arrivés à Plymouth, Falmouth, Sussex et Londres, dont 600 marins. Beaucoup de marins craignent de s’embarquer par peur, en cas de capture, d’être envoyés aux galères. Il cite le cas d’étienne Bourdet de La Rochelle qui deviendra capitaine dans la Royal Navy.
58 Francke J., op. cit., p. 94.
59 C’est Jacques Charles Bochart, marquis de Champigny, né en 1673, mort le 20 mai 1754, chef d’escadre des armées navales.
60 Archives Nationales Fonds Marine, Série B4, volume 18, fol. 222-228.
61 Van Loo I. « Profijt voor Daniel ? De Zeeuwse Kaapvaart en het Spaans-Engelse vredesverdrag van 1630 », Archief, 1999, p. 33-63. L’auteur prépare une thèse sur la course zélandaise au cours de la guerre de Quatre-Vingt Ans, qui devrait être bientôt soutenue.
62 Barazzutti R., « Les Gabaret : trois générations d’officiers de marine de Louis XIII à Louis XIV », dans Pièces et Notices pour servir à l’histoire d’Angoulins-sur-Mer, no 3, 3e trimestre 2007, p. 9-21, et sur le site http://hpang.blogspot.com/2006/01/les-gabaret-trois-gnrationsdofficiers.html.
63 Barazzutti R., « Job Forant » quelques précisions sur un marin méconnu !, Revue de la Société Française d’Histoire Maritime, mars 2005, no 57-58, p. 15-24. L’article fait largement place aux informations provenant des archives hollandaises et anglaises.
64 Sturm L. J., « Repertorium van de namen van Kaperskapitein en schepen voorkomende in de rekeningen van de vendumeesters van de admiraliteit in Zeeland 1596-1713 », Middelburg, 1995, édité par les Archives zélandaises. Barazzutti R., « La guerre de course zélandaise sous Louis XIV », Revue de la Société Française d’Histoire Maritime, no 4, décembre 2001, p. 15-31. Voir aussi « La guerre de course hollandaise sous Louis XIV. Essai de quantification », La Revue Historique de Dunkerque et du Littoral, no 37, janvier 2004, « Colloque Jean Bart et son temps », p. 269-280.
65 Bruijn J. R., The Dutch Navy of the 17 and 18 centuries, Columbia, University of South Carolina Press, 1993, p 61. Van Hoboken W. J., Witte de With in Brazilië, 1648-1649, Amsterdam, UM, 1955, p. 192-208.
66 Barazzutti R., « Deux campagnes de course en Amériques : Mathurin Gabaret 1650-1652 et Thimoléon Hotman de Fontenay 1658 », consultable sur le site sur l’histoire de la flibuste Le Diable Volant. www.geocities.com/trebutor/Livre/3F/0311barazzutti.html. Ainsi que « Thimoléon Hotman de Fontenay », Généalogie et Histoire de la Caraïbe, no 174, octobre 2004, p. 4314-4315.
67 Depuis la communication de ces actes, des travaux sont en cours de publication concernant certains personnages néerlandais évoqués ici, comme Lonc, Tromp, Evertzen, De Ruyter, dans un dictionnaire sur la piraterie et la course qui comportera de nombreuses notices. D’autres travaux ont porté sur les communautés marchandes. Il faut voir à ce titre les travaux d’Oscar Gelderblom. Citons aussi le livre Les Huguenots et l’Atlantique sous la direction de Mickaël Augeron, Didier Poton et Bertrand Van Ruymbeuke, Paris, Presses Universitaires de Paris-Sorbonne, Paris, 2009, 563 pages qui comportent quelques informations sur les relations avec les Néerlandais.
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