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  • Chapitre I. De l’invention à l’évènement...
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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Une révolution physique Et le ballon fut… La concurrence des deux techniques à la source de l’événement Des tuileries au faubourg, préparer les premiers vols habités Notes de bas de page

    L’aérostation au temps des Lumières

    Ce livre est recensé par

    • Thierry Vivier, Annales historiques de la Révolution française, mis en ligne le 27 mai 2011. URL : https://journals.openedition.org/ahrf/11970 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ahrf.11970
    • André Guillerme, Documents pour l'histoire des techniques, mis en ligne le 21 septembre 2012. URL : https://journals.openedition.org/dht/1843 ; DOI : https://doi.org/10.4000/dht.1843
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    Table des matières

    Chapitre I. De l’invention à l’évènement

    p. 31-61

    Texte intégral Une révolution physique Mesurer le phénomène Irruption, rupture et progrès Et le ballon fut… Généalogie d’une invention La stratégie des Montgolfier L’expérience publique La concurrence des deux techniques à la source de l’événement Été 83 Charles, inventeur méconnu de l’aérostation ? Automne 1783 à Paris Des tuileries au faubourg, préparer les premiers vols habités Derrière les murs de la « Folie Titon » Charles aux Tuileries Le statut de l’inventeur, hasard ou génie ? La captation politique de l’invention Notes de bas de page

    Texte intégral

    « Il est certain que les expériences aérostatiques commencent à devenir extrêmement intéressantes ; les personnes mêmes qui tâchent de se défendre d’un enthousiasme qui enflamme actuellement toutes les têtes, n’ont pu voir sans la plus vive admiration le ballon marchant majestueusement dans les airs, et transportant deux intrépides voyageurs. Ils sont certainement les premiers depuis le commencement du monde […] l’art de voyager dans les airs n’est donc pas une chimère pour les hommes. Le voilà tenté et exécuté, cet essai seul fait une époque très remarquable dans notre siècle et couvre surtout de gloire MM de Montgolfier1. »

    1Été-automne 1783 à Paris. Comme s’en émerveille l’abbé de Fontenay, rédacteur des Affiches annonces et avis divers ou Journal Général de France, la réalité s’est ici bel et bien séparée de la fiction, contrer la pesanteur pour s’élever dans le ciel n’est plus une chimère. À la suite du premier vol humain, réalisé le 21 novembre 1783 par Pilâtre de Rozier et le marquis d’Arlandes survolant la capitale à bord d’un ballon à air chaud, il souligne le fait que l’expérience aérostatique constitue une véritable expérience historique. Elle se mesure, à l’échelle du temps universel, puisqu’il s’agit du premier vol humain « de l’histoire du monde », elle fait époque à l’échelle de l’histoire des Lumières, car elle révèle justement l’habileté des connaissances et le soutien des politiques éclairées, et enfin, elle prend sens à l’échelle des individus qui en sont les témoins. Les acteurs ont conscience de vivre à travers cet événement une « époque mémorable ». Une dizaine de jours plus tard, le premier décembre 1783, tout Paris réuni au jardin des Tuileries assiste à l’envol d’un autre ballon, à gaz hydrogène cette fois-ci, monté par Jacques Charles et son assistant Robert, engendrant « l’hilarité universelle ». Autant que la nature de l’invention elle-même, l’ensemble des conditions particulières qui sous-tendent la production de ces vols, a contribué à en faire un événement culturel et social majeur.

    Une révolution physique

    Mesurer le phénomène

    2Ces premiers vols humains scellent l’enthousiasme né à peine trois mois auparavant par la découverte et les premiers essais menés par les frères Montgolfier en juin à Annonay, puis en août à Paris : l’aérostation est une technique éprouvée aux yeux de milliers de personnes. « Nous avons été témoins oculaires de cette espèce de « révolution physique2 » écrit le mémorialiste Louis-François Mettra. Mais plus que la nature spectaculaire de l’invention, l’engouement qu’il suscite constitue en soi un véritable phénomène, dont il est possible de mesurer la réalité par une approche quantitative des productions imprimées qu’elle génère.

    3En premier lieu, les périodiques sont envahis par le sujet en 1783-1784 : le recensement des articles concernant l’aérostation, effectué soit par le dépouillement direct des périodiques, soit par le traitement des index existants confirme cette impression3. Le phénomène perce dans les périodiques généraux : gazettes littéraires et politiques, journaux d’annonces, journaux littéraires, affiches locales, publications mensuelles, hebdomadaires, bihebdomadaires ou quotidiennes. La presse d’annonce y consacre une très large place. Ainsi l’analyse de la table des matières du Journal Général de France révèle 49 % des articles de la rubrique « mathématiques, physique, histoire naturelle » occupés par l’aérostation en 1784. Cet engouement touche très largement la presse d’annonces provinciale, comme l’a souligné Jean Sgard, car la montgolfière déclenche un immense enthousiasme et « devient symbole prométhéen et signe des pouvoirs de la science ; les étonnements, les rêves, les anticipations s’accompagnent de précisions techniques, de réflexions sur la physique des gaz ou sur la dirigeabilité4 ». La découverte semble de plus épouser le goût prononcé des Affiches de province pour la science appliquée5. Mais à côté de cette presse d’annonce, les publications savantes ne sont pas en reste, toutes y consacrent de longs articles, y compris les périodiques littéraires comme la Correspondance littéraire du baron de Grimm, d’ordinaire peu tournée vers les nouvelles scientifiques, ou l’Année littéraire, le journal de Stanislas Fréron.

    4Mais comment le fait est-il catégorisé ? Fait notable, curiosité, découverte de physique ? De fait, dans la nomenclature usuelle utilisée par les périodiques de la fin de l’Ancien Régime, la rubrique « événement » n’existe pas plus que les « Unes ». Dans les Gazettes, les nouvelles s’intègrent non en fonction de leur chronologie ou de leur importance, mais dans un classement par pays. Pour les journaux d’annonce, il existe des rubriques thématiques dont l’ordre est assez immuable. Ce qu’on ne sait pas classer se retrouve sous la catégorie « variétés6 ». L’aérostation entre avant tout dans les « avis divers », liée à la science mais en marge de celle-ci. La récurrence cependant des articles encourage la création temporaire de la catégorie « ballon » ou « machine aérostatique » en sous-titre à l’intérieur ou dans les tables. Le Courrier de l’Europe crée dès 1784, de manière ponctuelle, un renvoi « ballon » dans son index annuel. Cette singularisation de l’objet est un fait intellectuel signifiant. Elle répond également aux demandes des lecteurs. La bibliothèque municipale de Lyon conserve une table manuscrite du Journal de Paris, où cette catégorie spécifique a été construite par le lecteur du journal afin de lui faciliter le repérage des informations disséminées au fil des jours. Dans sa nomenclature des faits, il range la découverte « ballon », au-dessous de « sciences », de même qu’il crée celle de « magnétisme » en marge de « médecine » ; le terme renvoie ensuite aux pages contenants les comptes rendus d’expériences. Pour ce lecteur anonyme, l’apparition d’un objet nouveau est ici un fait remarquable et bien identifié7.

    5Outre les journaux, le relevé quantitatif des productions imprimées en second lieu permet de confirmer le phénomène8. En effet, 206 ouvrages paraissent en 1783 et 1785 – une vingtaine de livres publiés avant la fin 1783, 116 en 1784 – sans tenir compte des multiples feuilles volantes, reprises, recueils et compilations. Les feuilles volantes comme les chansons et les estampes sont extrêmement nombreuses. On ne dénombre pas moins de 115 estampes publiées (comprenant copies et adaptations) relatant l’expérience de Charles et Robert aux Tuileries le 1er décembre9. L’événement initial produit alors une série d’échos de natures différentes, touchant des réseaux de lecteurs, de spectateurs et de consommateurs qui prolongent l’événement, car c’est à la fois « un effet de la structure narrative et une modalité de l’organisation de l’information10 ». À titre de comparaison, pour le sujet scientifique prédominant du XVIIIe, l’agronomie, André Jean Bourde avait recensé 800 titres parus entre 1750 et 1810. L’aérostation ne constitue donc pas un phénomène marginal et révèle des mutations culturelles plus profondes.

    Irruption, rupture et progrès

    6La perception de l’innovation, connotée encore négativement dans le Dictionnaire d’Antoine de Furetière à la fin du XVIIe siècle, s’inverse tout au long du XVIIIe siècle. Plus radicale que le concept d’amélioration11 elle entend l’irruption d’une nouveauté remplaçant une situation antérieure, mais ici elle investit ici non le domaine des idées mais de la technique. La nouveauté change petit à petit de statut et devient marque d’excellence sociale dans un ensemble de domaines12. Or, la sensation d’appartenir à une histoire en évolution est indissociable d’une expérience intime de la rupture. La lecture des papiers privés, journaux et lettres, qui courent sur l’année 1784 permet de saisir la manière dont la découverte apparaît dans la vie des contemporains13. Tous décrivent avec les premiers ballons l’avènement d’un temps ressenti comme « nouveau », inscrit dans l’ordre des progrès de l’entendement humain. Comme l’écrit le Duc de Croÿ, pair et maréchal de France, peu de temps avant sa mort en 1784, dans son journal :

    « Ainsi de mon vivant, on a fixé le système de Newton, M. Franklin a conduit le tonnerre, on a découvert les longitudes, les marées, M. Cook a parachevé la connaissance du globe dont on ne connaissait guère que la moitié, on a trouvé les airs factices qui faisaient parties des corps et on a analysé l’air. La chimie et les hautes sciences se sont éclaircies et prouvées, etc. Enfin, voilà des hommes élevés dans l’air à de grandes hauteurs, ce qu’assurément on aurait juré impossible, il y a un an, sans compter tout ce qu’on perfectionna14 ! »

    7Il jette un verdict émerveillé en forme d’inventaire sur son temps, énonçant une véritable profession de foi dans ces découvertes. Ce propos tenu par un représentant de la haute aristocratie est largement partagé par l’ensemble de la société. L’essor des sciences, écrit Reinhardt Koselleck, laisse espérer à l’avenir toujours plus de découvertes et d’inventions et permet de créer « un effet rétroactif favorisant l’émergence de la conscience d’une histoire universelle entrant tout entière dans un temps nouveau15 ». L’événement vient ponctuer l’écoulement du temps, et donner sens à un enchaînement progressiste. Et c’est dans ce schéma que s’inscrit l’invention aérostatique, par sa faculté à créer des attentes futures. Surgi comme nouveauté pour la société sous l’angle de la science, le ballon, objet jusqu’alors impensé, s’expose aux regards de tous dans une évidence implacable. La sensation de rupture accompagne la réception de l’expérience, elle en affirme la « modernité » travaillant à cette conscience du temps historique qui prend forme pour les hommes de la fin du XVIIIe, dans le quotidien comme dans l’espace public16. Construite sur une dynamique de progrès, l’expérience aérostatique instruit temporalité et événementiel.

    8Par ce même processus, le vol devient un « moment mémorable ». Il constitue une époque de l’histoire décrite, racontée, diffusée, célébrée. Lorsque le premier accident mortel survient en juin 1785, l’Europe a déjà connu une trentaine de vols habités. La mort de Pilâtre de Rozier dans sa tentative de traverser la Manche de la France vers l’Angleterre clôt la période. Celui qui fut le premier aéronaute prend alors la figure d’un « Icare moderne ». Les commentaires sur cet accident montrent que les premières expériences sont déjà de l’histoire ancienne. Un très long article anonyme du 28 juin 1785 parut dans le Journal de Paris, permet de saisir le regard rétrospectif sur l’événement déjà construit :

    « Qu’on se souvienne du moment où l’on vit pour la première fois un ballon s’élever au milieu du champ de Mars, et se perdre dans les nuages aux yeux de tout Paris, étonné de ce prodige de la physique comme d’un miracle qui interrompait les lois de la nature [puis vint le premier vol humain, des progrès fulgurants, mais] à peine cette merveille a été répétée quatre ou cinq fois qu’on voulut la dédaigner. On en parlait comme d’un jeu d’enfant, qui n’exigeait aucun courage […] ainsi l’opinion des contemporains flotte sans arrêt entre le dédain et l’admiration17. »

    Image

    Graphique 1. – Courbes des articles sur l’aérostation parus dans le Journal de Paris par genre, 1783-1789.

    9À peine deux années se sont écoulées et la page de l’aérostation se tourne avec déception. L’événement est devenu un récit historique. Ce regard pointe aussi les processus d’obsolescence, lieu commun consubstantiel à la description d’une opinion extrême, et donc versatile. Alors que l’aérostation comme art s’est profondément inscrit dans le paysage culturel et technique de la fin des Lumières et du XIXe siècle, dans la mémoire des contemporains domine la nostalgie d’un enthousiasme figé par le souvenir. Le ballon demeure une figure signifiante qui peut connaître de nouveaux emprunts faisant appel par réminiscence à la mémoire collective des premiers vols, les nouvelles expériences sont encore relatées par les journaux, mais le phénomène culturel et social que nous analysons est lui bien terminé. L’euphorie se conjugue au passé.

    Et le ballon fut…

    Généalogie d’une invention

    10Pour les témoins des vols, l’histoire de la découverte et l’histoire de sa réception sont intimement mêlées, comme le laissent transparaître les mémoires écrits au début du XIXe revenant sur ce grand événement de la France prérévolutionnaire. Le récit que dresse le Comte de Ségur, fils du ministre de la Guerre et parfait représentant de la France de Louis XVI, est de ce point de vue exemplaire. La découverte des aérostats, perçue comme une application de la chimie, lui a permis à l’époque d’entrer de plain-pied dans la culture scientifique et technique :

    « Ce fut dans ce moment qu’un simple manufacturier, Montgolfier, nous inspira le téméraire espoir de nous approcher des astres. Cet homme justement célèbre, et qui le premier en France avait fabriqué le papier vélin, immortalisa Annonay, lieu de sa naissance, la France sa Patrie, et le nom de sa famille, par l’invention des ballons aérostatiques. […] La moitié de toute grande découverte est due au hasard et l’autre au génie. Montgolfier, dans sa manufacture de papeterie, faisait un jour, en 1783, bouillir de l’eau dans une cafetière que couvrait un papier ployé en forme de sphère ; ce papier se gonfle et s’élève. Le philosophe s’étonne, répète l’expérience ; il médite, calcule, conçoit l’effet d’un air raréfié plus léger que l’air atmosphérique ; l’aérostat est inventé, et l’empire des airs devient une nouvelle carrière où l’audace des hommes s’élance18. »

    11Il prend acte de l’invention comme d’une activité singulière, participant à l’émancipation de l’individu indépendamment de son statut social, grâce à son ingéniosité. Son récit, inexact, sonne juste. L’historiographie de l’invention, nourrie des mythes de l’inventeur au XIXe, en revient souvent au récit « des origines ». Christine MacLeod a montré combien le processus de singularisation des figures des inventeurs par leur héroïsation s’inscrit dans des usages politiques et industriels de la pratique inventive19. Les généalogies font toutes ressortir le génie naturel de l’inventeur, sa capacité à surmonter les obstacles pour créer un bienfait qui non seulement le touche mais rejaillit immédiatement sur la collectivité entière, faisant de l’invention un emblème. L’intérêt pour les origines de l’invention favorise donc au cours du XIXe siècle de nombreuses conjectures et recherches érudites concernant la naissance de l’aérostation. Gaston Tissandier, ou l’historien de la famille Léon Rostaing20, à travers une recherche scrupuleuse d’éléments et d’archives, voire de témoignages, ont apporté de nouveaux éléments. Si certains papiers ont depuis disparu, la redécouverte dans les années 1930 de l’ensemble des lettres des frères Montgolfier (ajouté aux papiers privés possédés encore dans la famille) ont permis de cerner les zones d’ombre et de démêler les fils des histoires fantaisistes. Elles trouvent une synthèse incontournable dans l’ouvrage de Gillispie. Au reste peu importe qui, de la cafetière, nuage flottant dans le ciel, ou culotte séchant sur une corde à linge gonflée par le vent, anime l’origine de la découverte. L’artefact narratif qui sert les récits, comme celui de Ségur, permet surtout d’exprimer l’articulation entre une observation née de la vie quotidienne, accessible à tous, et le principe physique de la poussée d’Archimède – par le gonflement et élévation d’un objet volumineux plus léger que l’air.

    12L’aérostation se fonde sur ce principe de la différence d’air. Jules Duhem, procédant à la synthèse des idées du vol jusqu’à l’invention des frères Montgolfier, mit bien en évidence le paradoxe de l’invention. En effet, si les frères Montgolfier mettent en application l’observation de la force ascensionnelle de la chaleur c’est uniquement parce qu’ils la comprennent à partir du cadre intellectuel très récent de la toute nouvelle chimie des airs21. Au cours du XVIIe siècle la notion de pesanteur de l’air a été acquise. L’air se trouve en effet au centre des querelles sur le « vide », dont l’analyse favorise le développement de la physique expérimentale22. L’élasticité et la compression de l’air sont mises en évidence. Mais la chimie pneumatique se complexifie avec la découverte, à la fin des années 1760, selon laquelle l’air atmosphérique serait composé de gaz, d’airs différents que l’on peut caractériser et que l’on tente alors de classifier, c’est une discipline « en révolution23 ». Les airs et la chaleur sont des domaines de pointe sur lesquels travaille la communauté internationale des chimistes. Duhem, dans la perspective à la fois de caractériser des formes imaginaires et réelles du vol, et d’étudier la cohérence de cette invention, a mis en évidence l’existence d’une pensée aérostatique née de la connaissance de l’équilibre des corps dans l’air. Elaborer d’abord avec le « vide », puis « l’air subtil », cette pensée nécessitait pour être réalisée « de reconnaître la spécificité des aériformes, notion qui conditionne la possibilité de produire et de capter un fluide plus léger que le fluide atmosphérique24 ». La découverte aérostatique procède de cet environnement intellectuel. Le ciel, fluide, transparent et composite, se constitue d’un ensemble d’airs aux propriétés distinctes qui rend possible une approche différentielle appréhendée en termes de principes d’équilibres des airs. Comme Joseph Montgolfier l’explique à l’académie de Lyon en novembre 1783 : « Nous avons imaginé mon frère et moi, de renfermer dans un vaisseau léger un fluide spécifiquement moins lourd que l’air atmosphérique, afin de tirer parti de la rupture d’équilibre entre ces deux fluides, pour élever dans l’air des masses proportionnées au volume du vaisseau ascendant25. » Ensuite, leur idée repose sur la proportionnalité du principe. Le fluide dont se servent les Montgolfier, produit par la chaleur, est vraiment pensé comme un gaz ; Gillispie a étayé le fait que Joseph de Montgolfier avait connaissance des œuvres de Priestley – de plus traduites en français. Ils essaient sans succès de fabriquer de l’air inflammable puis utilisent cet air raréfié par la chaleur. En outre, les hommes de sciences de la période moderne ont le plus grand mal à comprendre la nature et les effets de la chaleur, compris encore comme un corps chimique. Cette difficulté épistémologique constitue une vraie question qui éclaire les quiproquos, adaptations et discussions accompagnant la diffusion de l’aérostation. « Le premier moyen qu’on employa fut la vapeur du feu […] mais bientôt on se servit de gaz. » Pour Ségur, les deux techniques procèdent bien de la même pensée. Ici la capacité du « simple manufacturier » Montgolfier, à se saisir d’un trait de hasard (grâce à un papier sur une cafetière) par son intelligence vient faire rivaliser avec le développement de la chimie des gaz, et son procédé est adapté par Jacques Alexandre César Charles avec de l’air inflammable (l’hydrogène). « Mais jamais je n’oublierai l’impression vive et profonde que produisit sur moi, ainsi que sur toute la population de Paris, la première ascension de Charles et Robert au milieu du jardin des Tuileries26 » ; par ce récit, Ségur expose surtout la complexité des champs que l’invention doit traverser pour prendre corps. Il identifie un principe et deux moyens, faisant entrer en jeu différents acteurs et surtout, l’impact social de l’expérience qui lui confère sa qualité d’événement marquant de la France de Louis XVI. L’invention crée une impression vive et profonde, autant physiquement que collectivement ressentie, et ce, en partie à cause de la dimension festive et urbaine. La configuration, complexe, nous invite donc à remettre en perspective l’histoire de l’invention au regard des formes empruntées par sa médiation.

    13De fait, ce n’est pas tant la réalité de l’invention que les espaces sociaux qu’elle traverse qui sont ici en jeu. L’irruption de la découverte des frères Montgolfier présente un cas de figure bien spécifique pour aborder les structures de l’information, le rôle des cercles de légitimations qui prennent acte et diffusent la nouvelle. En effet, ce que souligne Joseph de Montgolfier à l’Académie des sciences de Lyon en octobre 1783 c’est leur démarche car « quelque simple que ce moyen puisse paraître au premier coup d’œil, [comme] on n’avait jusqu’ici négligé de l’éprouver27 ». Leur idée c’est bien d’avoir réalisé le changement d’échelle, et d’avoir posé par l’expérience en grand la reconnaissance collective comme source d’accréditation. Dans ces processus de productions et d’expérimentations un acteur majeur se distingue à tous les niveaux : le public. Et les frères Montgolfier, par la mise en scène spectaculaire de l’expérience, pourraient être assimilés à des charlatans, mais ils se trouvent paradoxalement légitimés par leur situation sociale, combinant une position à la fois marginale vis-à-vis de l’espace savant parisien avec une reconnaissance locale très solide.

    La stratégie des Montgolfier

    14Par quels moyens un améliorateur, provincial de surcroît, peut-il faire connaître sa découverte ? Dans la France d’Ancien Régime, Liliane Hilaire-Pérez a retracé toutes les stratégies que peut entreprendre un inventeur pour protéger son idée, dans le système français où il n’y a ni patente ni brevet28. Ce dernier peut choisir de répondre à un concours, ou envoyer son projet à des sociétés savantes d’émulation, comme celle de l’abbé Beaudeau par exemple. Enfin, il peut encore directement faire une démarche auprès de la Maison du roi ou à l’Académie royale des sciences. Tout un système d’accréditation et d’examen en fonction de l’utilité et de l’efficacité du procédé proposé est pensé. L’académie locale et l’intendance semblent un relais important, de même que l’intendance du commerce. L’Académie royale des sciences dont la fonction depuis sa fondation en 1699 par Louis xiv est de produire des expertises pour les besoins de la monarchie29, continue d’être incontournable notamment pour l’attribution des privilèges exclusifs. Les privilèges, qui protègent la production et la fabrication de certaines inventions sont attribués par le bureau du commerce fondé en 1722, annexe du contrôle général où collaborent l’intendant du commerce, le lieutenant général de Paris et les inspecteurs généraux du commerce, mais auquel les académiciens experts sont intégrés au cours du siècle. Or au cours du XVIIIe siècle, le poids de la science tend à s’accentuer dans les décisions, et l’Académie reste le lieu indiscutable de légitimation de la preuve30.

    15Ces démarches longues, jalonnées de petits essais devant emporter la conviction à différents stades, peuvent durer plusieurs années. Dans l’éventail des stratégies de reconnaissance pour l’invention technique, la preuve spectaculaire joue toujours un rôle essentiel vis-à-vis des autorités, des marchés et des entrepreneurs, alors même que dans l’espace de « l’avant-garde savante », après les années 1770, son impact est contrebalancé par d’autres processus de légitimation31. Les inventeurs recherchent surtout des moyens financiers pour réaliser un prototype et si possible une expérience à grande échelle. Quelques hommes à projets se lancent dans de telles initiatives, à l’exemple de Jouffroy D’Alban32 qui construit un bateau censé remonter la Saône, ou encore Jean-Pierre Blanchard. Avant de devenir un brillant aéronaute, ce mécanicien a connu une carrière active : il propose avec l’appui de mécènes qu’il a su convaincre, de grandes démonstrations d’hydrauliques ou de mécanique comme sa « voiture volante », lancée au Champ-de-Mars en 1781, et dont l’insuccès fait de lui la risée de tout Paris.

    16Les raisons qui ont amené les frères Montgolfier à faire le choix de l’expérience publique ont fait l’objet de maints récits33. On sait que les frères mènent diverses expériences durant l’année 1782 dont ils divulguent les résultats avec parcimonie. Dans un premier temps ils passent par leur réseau de connaissances en écrivant à Nicolas Desmarest. Ce minéralogiste est membre de l’Académie, et il est leur référent en tant qu’inspecteur des manufactures de papiers pour le bureau du commerce34. Il est donc tout à fait naturel qu’ils se réfèrent à son autorité. Sous sa direction, ils ont récemment introduit les cylindres hollandais dans l’usine et leur production a fait l’objet d’un rapport élogieux à l’Académie l’année précédente35. Desmarest ne porte pas attention à leur découverte aérostatique, sans doute comme l’écrit Gillispie, parce qu’elle lui paraît fantaisiste.

    17Joseph de Montgolfier justifiera la publicité de leur découverte comme un acte politique et patriotique. Il se place dans le champ du bien public, épousant la rhétorique utilitaire de l’invention technique parfaitement commune. Par ailleurs, si les Montgolfier poursuivent une logique de l’innovation à l’intérieur de leur manufacture, par l’adoption de nouvelles technologies autant managériales qu’industrielles, l’aérostation reste complètement déconnectée de leur production papetière. Il devient cependant nécessaire de faire une expérience afin de protéger leur découverte36. En fait, leur objectif est double. Il s’agit effectivement de porter à connaître un procédé dont la société pourrait faire usage, mais aussi de récupérer des avantages acquis par le crédit symbolique de l’invention pour le développement de leur propre manufacture, en termes d’amélioration du site (modernisation, projet d’école) et de débouchés (nouveaux marchés). Il y a bien une stratégie sociale et industrielle dans leur démarche sans qu’elle coïncide exactement avec le perfectionnement de l’invention même. Devant l’absence de réaction de Desmarest, ils comprennent qu’ils doivent rechercher hors de la caution savante de l’Académie la validation de leur découverte.

    L’expérience publique

    18Ils décident donc d’organiser une démonstration de leur procédé dans un lieu où leur légitimité sociale est complète afin qu’elle soit reçue comme parfaitement crédible. Les Montgolfier sont des représentants éminents de la ville d’Annonay, bien inscrits dans les sociabilités locales. Ils figurent par exemple parmi les membres fondateurs de la loge maçonnique de la ville37 qui rassemble les négociants ayant pignons sur rue comme eux et les hommes de l’administration du royaume – Chomel, le conseiller du roi au siège royal, Bollioud de St Jullien, le receveur général du clergé, Peron, le maire de la ville, de Monneron, l’inspecteur des manufactures. Ils ne rencontrent donc aucun obstacle à la réalisation pratique de l’expérience sur la place du couvent des cordeliers. De plus, leur assise familiale et manufacturière leur permet de faire l’expérience à leurs frais ; la fabrique représente un certain capital d’immobilisation, riche d’espace, de matière première et d’ouvriers à leur disposition. Mais, afin de faire jouer pleinement la preuve par l’autorité, ils choisissent un moment où ils disposent d’une assemblée plus large et prestigieuse que celle des notables de la ville. La présence des États particuliers du Vivarais alors réunis à Annonay leur fournit l’occasion escomptée.

    19On peut s’interroger sur la valeur de cet essai en public. Les champs de l’expérience dépendent des dispositifs symboliques et sociaux qui la construisent. Simon Shaffer et Steven Shapin, dans le Léviathan et la pompe à air, avaient mis en évidence l’émergence du fait expérimental où technologie spectaculaire et probatoire produisent des formes spécifiques dans le contexte du XVIIe siècle à la Royal Society. L’essai devant l’assemblée politique régionale sur la place d’Annonay propose un tout autre dispositif, hors du contrôle d’un espace expérimental et des procédures de validation savante38 :

    « M. le syndic a dit que les membres des États ayant été invités hier dans l’après-midi à assister à l’essai de la machine aérostatique découverte par les frères Montgolfier, de cette ville, la plupart des membres se rendirent sur la Place des Cordeliers où ils aperçurent un vaisseau de 8 000 pieds cube, Ce globe de 35 pieds de diamètre construit en toile et doublé intérieurement de pièces de bois, fils de fer, après s’être enflé insensiblement, s’est élevé au grand étonnement des spectateurs, de 500 toises, autant qu’on ait pu en juger à l’œil. Comme cette découverte pouvait devenir utile, M. Chaxdene, syndic, a cru devoir proposer à l’assemblée d’insérer dans son procès-verbal […] l’assemblée a ainsi délibéré39. »

    20Les Montgolfier jouent ici sur les ressorts de la civilité et du crédit social des membres d’une assemblée large de notables40. En restant strictement dans le registre du témoignage, leurs observations ne peuvent prétendre se substituer à l’approbation scientifique, car le crédit traditionnel des élites dans la validation de la preuve rencontre des limites. Dans les années 1780, le pouvoir d’expertise de l’Académie royale des sciences devient incontournable41. L’adjonction du procès-verbal de l’expérience aux comptes rendus des États officialise la découverte faite devant toute la ville, et assure cependant que l’information remontera au contrôle général. L’expérience d’Annonay fait l’objet d’un enregistrement officiel du pouvoir puis de l’Académie Royale des Sciences. Dans une lettre du 2 juillet 1783, Condorcet, secrétaire de l’Académie, lit la lettre du contrôleur général d’Ormesson, datée du 28 juin 1783, de Versailles :

    « J’ai l’honneur de vous envoyer le procès-verbal de l’expérience faite à Annonay pour constater les principaux effets d’une machine inventée sous le nom d’aérostatique par les sieurs Montgolfier : il peut être utile que l’Académie connaisse les résultats de cette expérience et qu’elle juge des avantages qu’il serait possible d’en promettre et je vous prie de bien vouloir m’en rendre compte et de me faire part de ses réflexions42. »

    21L’injonction du pouvoir à l’académie d’exercer sa fonction d’expertise s’exprime ici de manière claire43. Une commission est alors nommée, composée dans un premier temps du chimiste Lavoisier, de Desmarest, de l’abbé Bossut, mathématicien et surtout hydraulicien, de Le Roy, physicien ami de Benjamin Franklin et responsable du cabinet de physique du Roi à la Muette, et enfin du mathématicien Monge, professeur de l’École Royale du Génie. Les inventions requièrent en général deux commissaires, il s’agit donc d’une forme inhabituelle qui marque la naissance de ces grandes commissions d’expertise et qui répond à de nouveaux besoins44. La complexité de l’objet, nécessite une approche pluridisciplinaire, et incite à élargir l’expertise : Cadet de Vaux, chimiste apothicaire se joint aux commissaires le 30 août puis Jacques Mathurin Brisson, le 3 septembre.

    22On fait souvent le tableau d’Étienne de Montgolfier, provincial arrivé à Paris pour reproduire son expérience, étranger au monde savant parisien comme à celui de la cour, soudain confronté à l’effervescence qu’a suscitée sa découverte. Dans les lettres qu’il envoie à sa famille, se laisse deviner cette peur d’être sans cesse devancé. Son frère l’abbé, resté à Annonay, et qui semble faire office de stratège, le soupçonne d’être gagné par l’esprit d’« inventeur ». Ce n’est donc pas comme tel que se pensent les Montgolfier. Pourtant la situation le conduit à investir cette posture, parfois à regret. Alors qu’il semble se reprocher précisément l’expérience d’Annonay, son frère l’abbé répond à ses scrupules et lui écrit au début du mois d’août 1783 :

    « Tu blâmes ta complaisance vis-à-vis des états particuliers : mais avec ta permission qu’est-ce qui a donné une certaine célébrité, qu’est ce qui l’a fait connaître du Ministre, qu’est-ce qui est cause que l’académie s’en occupe ! N’est-ce pas cette expérience publique ! N’est-ce pas un boulevard qui s’élève contre tous les contrefacteurs45. »

    23L’expérience « en grand » des Montgolfier à permis de focaliser l’intérêt des publics et des autorités. Elle pose l’invention comme due aux frères Montgolfier, effet obtenu avant même les rapports de l’académie sur le sujet – rendus publics seulement en décembre 1783 – et lui donne une « célébrité ». La renommée est le domaine des hauts faits guerriers. Dans la société d’Ancien Régime, la reconnaissance de mérites liés à l’industrie et aux savoirs donne lieu en général à un processus beaucoup plus long. Sans doute, la perception depuis Annonay est-elle quelque peu exagérée ; elle transcrit néanmoins l’idée qu’Étienne de Montgolfier par sa démonstration aurait acquis un crédit coupant court aux procédures ordinaires de validation de l’invention technique, précisément à cause de son effet dans l’espace public. Le fait que l’essai ait été réalisé en public, puis qu’une seconde expérience ait lieu dans la capitale avec un procédé différent sous la conduite d’un physicien, Jacques Alexandre Charles, va créer des conditions spécifiques de diffusion et de réception. Ici, entrent en scène les publics intermédiaires parisiens : élites acculturées et curieuses des sciences, audiences des cours publics et musées, monde des artistes, mécaniciens et entrepreneurs, bref, un milieu réceptif qui va donner consistance à l’événement et produire du débat général.

    La concurrence des deux techniques à la source de l’événement

    Été 83

    24Revenons sur ce moment particulier de l’été 1783 et sur l’autre expérience, à air inflammable. Après l’expérience d’Annonay, un intérêt diffus autour des protagonistes, et des essais en prévision est palpable sans toutefois capter une large attention. Quelques périodiques insèrent de courtes notices en juillet et août sur la « curieuse » découverte46. Beaucoup de confusions, sur les procédés comme sur leurs auteurs circulent, comme l’écrit le marquis de Bombelles depuis Versailles lui est parvenue par le chirurgien La Caze une nouvelle dont « on est fort occupés à Paris » sur un « ballon de bois enduit et recollé de papier47 ». La cour, clairsemée en cette période, suit de loin l’effervescence qui semble surtout parisienne. Des informations sur l’expérience filtrent par les commissaires de l’Académie qui sont en interaction constante avec la Cour, la ville et l’Europe savante. Cadet de Gassicourt, un des rédacteurs du Journal de Paris tient ses nouvelles de première main de son frère académicien Cadet de Vaux, et Le Roy s’empresse de diffuser la nouvelle à ses correspondants scientifiques européens, comme le montre le post scriptum ajouté à une lettre du 16 juillet 1783 qu’il écrit à son confrère Georg Christoph Lichtenberg, professeur de physique expérimentale à l’université de Göttingen : « Je ne puis m’empêcher de profiter de ce petit espace qui me reste pour vous dire un mot, Monsieur, d’une expérience curieuse qui a été faite à Annonay en Vivarais48. » Par ses liens avec les sociétés savantes allemandes et sa participation aux périodiques de Göttingen, Lichtenberg est un pivot majeur de la circulation des informations en Allemagne. L’Europe savante prend plus ou moins connaissance de la découverte. Cependant le phénomène ne prend une véritable ampleur qu’au lendemain de l’expérience du 27 août à Paris au Champ-de-Mars, qui compte des milliers de spectateurs.

    25Cette expérience est conduite par Jacques Alexandre César Charles et les frères Anne-Jean et Marie-Noël Robert. Bien qu’elle prouve aux yeux de tout Paris la possibilité du phénomène du vol, il ne s’agit pas du procédé de Montgolfier. En effet, courant juillet, cette entreprise qui ne relève pas du champ d’expertise de l’Académie se met en place. Barthélemy Faujas de St Fond, un naturaliste proche de Buffon, en est souvent décrit comme le véritable artisan49. Il aurait organisé le financement du ballon grâce à une souscription ouverte au café du caveau au Palais Royal – un des points névralgiques de ces circulations savantes50 – et s’en remettrait alors aux compétences techniques d’un physicien et démonstrateur réputé de la capitale, Charles, qui habite place des Victoires à quelques pas de là51, alors « désigné » par les souscripteurs.

    26Ce dernier propose une tout autre version de l’entreprise. Devenu après la Révolution bibliothécaire de l’Institut, ses papiers conservés permettent de confronter un premier mémoire manuscrit écrit en 1784, avec une version de son cours public de l’an II sur les aérostats, dans laquelle il reprend ce premier mémoire presque mot pour mot, sans rien changer de sa version des faits. Une telle constance mérite de porter un certain crédit à ses propos. Charles prétend avoir commencé l’expérience de manière complètement indépendante, et avoir « engagé » les frères Robert, mais « les bruits de nos préparatifs se répandirent, on vint se jeter à la traverse, s’immiscer avec nous et brouillant tout on parvint à changer insidieusement en souscription publique une opération particulière52 ». L’incertitude demeure sur l’origine de l’association initiale qui conduit à l’expérience du 27 août, mais elle met en lumière le procédé intéressant de la souscription. Usuel dans les grands projets éditoriaux, ce procédé est moins courant pour les prototypes, et demeure alors original pour ce type d’objet éphémère. Mais les rôles et les responsabilités des entrepreneurs et des souscripteurs ne sont pas nécessairement clairement fixés ; ainsi, les souscripteurs pourraient imaginer que la machine leur appartient. Cependant, grâce à ce cadre, « tout Paris » participe, y compris le lieutenant général de police Lenoir, qui non seulement donne l’autorisation mais encadre le bon déroulement de l’expérience. Le problème de la filiation de cette expérience avec celle d’Étienne de Montgolfier se pose immédiatement : du point de vue des souscripteurs, l’expérience serait une répétition de l’invention d’Annonay. Du point de vue de Charles, il s’agit de sa création, car le procédé utilisé n’est pas identique à celui des Montgolfier.

    27En effet, Charles utilise l’air inflammable tiré de l’acide dilué sur le fer, qui produit un gaz inflammable (hydrogène) léger. Il fait l’objet d’une expérience amusante dans ses cours publics où Charles, tout comme le physicien Tibérius Cavallo à Londres, emprisonne le gaz dans des bulles de savon53. Le procédé employé par les frères Montgolfier n’est pas celui-là, mais on ignore exactement ce qu’ils enferment dans leur enveloppe, car il n’existe courant août que des rapports imprécis et aucune image disponible. On sait en revanche que les frères ont trouvé un procédé différent en dégageant un gaz par une combustion, ce détail laisse alors cours à beaucoup de conjectures. On prétendrait même qu’ils gardent leur « secret ». Or, dans l’héritage d’un idéal de partage du savoir hérité de l’Encyclopédie contre les corporatismes et tours de main jalousement gardés, l’ouverture des procédés fait l’objet de débat. La circulation des procédés rencontre cependant des limites dans les stratégies des inventeurs, car le secret demeure la seule protection de l’invention dans un système sans brevet. Mais comme d’autres découvertes contemporaines de la même période comme celle de l’automate de Kempelen, et bien entendu le débat autour de Mesmer, ne pas dévoiler son procédé pourrait conduire à la suspicion de charlatanerie54. Ici la différence des procédés permet de justifier la poursuite de l’expérience de Charles alors qu’Étienne de Montgolfier, arrivé à Paris, s’emploie à refaire son expérience pour les commissaires de l’Académie des sciences à la manufacture de Jean-Baptiste Réveillon. L’idée semble identique, enfermer un gaz plus léger que l’air dans une enveloppe souple pour créer un envol, et l’expérience du Champ-de-Mars le 27 août 1783 éprouve le « principe Montgolfier » aux yeux de la capitale. La démonstration de Charles pourrait donc bien être perçue comme une démonstration de l’invention des frères Montgolfier dont l’académie s’occupe.

    Charles, inventeur méconnu de l’aérostation ?

    28L’extraordinaire rapidité de l’organisation de l’expérience du ballon à hydrogène a souvent suscité l’admiration, mais aussi des questions. Charles réussit en deux mois à adapter le procédé et à produire une grande quantité de gaz, ce qui n’avait jamais été entrepris, ainsi qu’à trouver l’étoffe imperméable adéquate. C’est un véritable tour de force et Lavoisier qui travaille essentiellement sur les « airs inflammables » à cette période et qui tient Charles en grande estime, n’aura de cesse de louer cette prouesse « il y du mérite à avoir rempli celui de douze pieds qui a été enlevé au Champ-de-Mars55 ». Charles refuse également la position d’homme à projet. Il incarne un type de savant non académicien mais bien intégré au monde savant parisien, et il semble afficher une grande distance, si ce n’est du mépris pour l’activité inventive. Il se définit avant tout comme un pédagogue, théoricien et expérimentateur, qui ne recherche pas de développement des principes qu’il met en œuvre. Et, dans son mémoire, il déclare sans ambiguïté avoir théoriquement pensé complètement l’aérostation dès 1782 :

    « Il y avait plus de deux ans qu’en dissertant dans mes cours sur les propriétés de l’air inflammable, faisant observer sa légèreté par l’expérience connue des bulles de savons j’en tirai cette conclusion si naturelle […] l’homme lui-même pourrait fuir avec lui et s’élever dans l’atmosphère56. »

    29Son auditoire l’écoute alors en souriant, mais il explique qu’il reprend la théorie plus sérieusement après les expériences du bateau volant de Blanchard en 1781, et pense alors à faire une sorte de « poisson aérien » :

    « Je fis connaître les avantages qu’il pourrait tirer de moyens aérostatiques pour nager dans l’atmosphère. Bref je développais alors toutes les théories que l’expérience a depuis démontrées, j’en fis les calculs préliminaires57. »

    30Les raisons pour laquelle ces déclarations ne sortent pas de son cabinet relèveraient de son habitus de savant ? Il se distinguerait ici de l’inventeur précisément par sa démarche. Non seulement réaliser l’expérience en grand serait trop dispendieux mais surtout, il n’en voit pas la nécessité : « N’apprenant rien de neuf pour qui voit le fait dans le possible, ces théories restèrent oiseuses et je ne songeais guère à me procurer les moyens pécuniaires de les réaliser58. » Des échos de ces propos curieux se retrouvent à l’automne 1783 dans les Mémoires secrets de Mettra et dans ceux de Bachaumont qui rapportent avec étonnement qu’il faut être bien sot ou bien méchant pour avoir caché la découverte ! La pique a le mérite de prendre Charles dans ses contradictions ; il maîtrise certes le processus de fabrication de l’air inflammable (hydrogène) par dissolution du fer par l’acide vitriolique (sulfurique) dilué et sait de plus s’agréer les hommes habiles en la personne des frères Robert, dépeints comme « zélés et industrieux ». L’étoffe très imperméable à l’air est un point clef si l’on veut utiliser l’air inflammable, extrêmement volatil. Or, les frères Robert ne mettent pas au point ce procédé durant l’été. Leur savoir-faire est donc déjà bien au point sur les essais de taffetas et de vernis à y appliquer. Ils savent non seulement fabriquer un vernis souple et étanche et en ont déjà fait l’application sur des étoffes ou des matériaux souples, Charles possède par exemple une pompe à soufflet qu’ils ont fabriquée, en cuir enduite de cette dissolution à base de gomme élastique (caoutchouc) dissoute par les huiles. Ils proposent également à la société de l’abbé Baudeau en 1782 un taffetas imperméable à l’air, leur objectif étant alors de maintenir l’étanchéité afin de fabriquer une sorte de cloche contre l’émanation méphitique (gaz carbonique issu des fosses d’aisances)59. Techniquement il ne reste qu’à changer l’échelle, les matériaux étant bien identifiés, mais Charles n’a probablement jamais eu l’intention de réaliser en grand l’expérience. Or c’est précisément cette question qui le distingue des Montgolfier, car ces derniers expliquent qu’après avoir pensé la proportionnalité du principe théoriquement et expérimentalement, ils entreprennent de la réaliser.

    31Des logiques d’actions se distinguent et entrent en jeu : les cours de physique expérimentale pour la bonne société ou la logique entrepreneuriale des manufacturiers, dessinent ici les contours de cultures différentes. Les expériences « en grand » sont plutôt le fait d’innovations mécaniques, liées à l’hydraulique par exemple, moins en lien avec la chimie, plus confinée et restreinte dans ses cercles d’utilisation. La mettre en place publique correspond aussi à l’émergence de ce champ de savoir qui contribue à refaçonner de nombreuses activités manufacturières, des formations (celles des métiers avec la transformation de la formation de la médecine et des apothicaires) et les disciplines (minéralogie, météorologie, etc.). Charles manipule ces savoirs pour son cours mais sa pédagogie semble soudainement en porte à faux avec la demande des audiences, n’ayant pas saisi les attentes nouvelles suscitées par la montée croissante de l’idée utilité pour une partie du public. Cette configuration le conduit donc à se métamorphoser, et de professeur de physique il devient un inventeur floué : « Ne pouvant plus être le premier, il me restait une ressource de faire beaucoup mieux, j’osai l’espérer60. » Les récits d’antériorité ne peuvent contrebalancer le poids de l’expérience publique. Charles doit donc s’y résoudre.

    Automne 1783 à Paris

    32Ces expériences révèlent les capacités d’organisation d’amateurs, d’inventeurs, de manufacturiers, bref d’un milieu actif et sensibilisé aux questions scientifiques, capable de compétence et de créativité : les deux premiers ballons, ceux d’Annonay et celui du Champ-de-Mars à Paris, sont produits par des financements autonomes et conçus hors du champ de la subvention royale ou de l’Académie des sciences. Ils vont initier un véritable événement dont l’ampleur est autant due à l’impact des premiers essais qu’à la forme de leur diffusion. Qu’il s’agisse des Montgolfier ou de Charles, ni l’un et l’autre ne revendique donc le statut d’inventeur, mais ils s’y voient contraints par la situation de concurrence, ce qui les amène à exposer et défendre la différence de leur procédé. Autour de ce singulier conflit d’invention, les attentions vont se nouer. Ces démonstrations produisent aux yeux de tous des procédés encore non identifiés, innovants, et dont les effets sont spectaculaires. Dans ce cas le public, avant la commission de l’Académie des sciences, est convié à départager les procédés par son témoignage. Ce processus particulier résonne dans les différents espaces de légitimation qui sont mobilisés par les acteurs : le pouvoir, l’académie, les périodiques, créant les conditions d’une très large réception, car le débat public ne peut se passer de l’explication des procédés techniques. Loin du secret, la clarification des opérations, les gestes et les matériaux seront en revanche largement diffusés pour susciter la comparaison entre les deux techniques concurrentes. Entre la Place des Victoires et le Faubourg Saint-Antoine, un véritable bouillon de culture scientifique et technique s’ouvre autour de ce nouvel objet, les hommes circulent d’un lieu à l’autre, font des propositions sur la combustion, les airs inflammables, les vernis, les étoffes. Or les enjeux sont forts puisque en septembre 1783, aucune sanction n’a réglé encore les prérogatives entre les protagonistes et que les deux équipes essaient chacune de réaliser les premiers vols humains de l’histoire.

    33La tension qui a parfois été minorée – Gillispie l’interprète comme une invention des journalistes – semble en fait extrêmement vive. Certes, les rumeurs sont parfois infondées, mais les querelles structurent également la diffusion de l’information. Ainsi de nombreuses estampes comportent une légende indiquant l’envol du Champs de Mars comme étant l’expérience des Montgolfier, et contribuent à entretenir la confusion. Le procédé fait entrer Charles en fureur et dans son mémoire rédigé en 1784 il relate « la douleur de se voir retirer les honneurs de l’expérience », car l’ignorance qui « s’empara de tous les journaux dissémina des images populaires sur les quais, fit frapper une médaille honteuse dans laquelle sous prétexte d’éterniser la gloire de l’auteur de l’expérience d’Annonay, on lui attribuait injustement l’expérience du Champ-de-Mars à laquelle il n’avait pas la plus petite part61 ». On sait que Pilâtre de Rozier, lance à l’initiative du Musée de Monsieur qu’il dirige, ce projet de médaille par souscription en l’honneur de l’inventeur, qu’il sollicite pour devenir « premier navigateur ». Ce sont les frères Robert qui répondent alors aux feux des polémiques en intervenant régulièrement dans le Journal de Paris : dès le 14 septembre, soit 15 jours après l’expérience du Champ-de-Mars, et en vue de rétablir les « fausses » nouvelles qui circulent : « Les estampes de tous côtés, l’article de la gazette de France du 5 de ce mois, celui du Mercure suivant […] enfin les propos inconsidérés dont retentissent les cafés, et qui de là circulent dans les sociétés particulières62 », ils se font l’écho de Charles dans le débat public63. Mais ces récits et ces images peuvent être une riposte au fait que Jacques Charles a interdit l’entrée à Étienne Montgolfier dans l’enceinte de l’expérience le 27 août. L’anecdote, rapportée abondamment dans les périodiques, est bien corroborée64. Rousseau, musicien de chez Grétry et fidèle de Jacques Charles dont il suit les cours, participe au montage des expériences. Il raconte par le menu ce climat tendu :

    « M Charles en faisant son expérience au Champs de Mars n’avait pas voulu laisser entrer M Montgolfier dans l’enceinte des travailleurs parce qu’il importait à sa gloire que tout le public fut témoin que son moyen n’avait aucun rapport à celui de Montgolfier et que les envieux avaient le projet de couronner ce dernier comme inventeur de la machine comme ayant dirigé les travaux. Une grande partie du public trouva cette injustice criante, mais M. Charles laissa parler tant qu’on voulut, mettant en lui toutes les ressources nécessaires de faire taire les bruits et faire briller la vérité ; il eut à s’applaudir de sa fermeté65… »

    34Éclairer sur la distinction des procédés techniques est une stratégie vitale qui permet de dissocier totalement le lien entre les deux expériences. La position d’Étienne de Montgolfier est bien inconfortable car il n’a en rien contribué à cette première expérience parisienne. Sa propre expérience devant les commissaires de l’Académie n’a lieu en effet que le 12 septembre 178366, soit dix jours après celle de Charles et Robert au Champs de Mars, puis le 19 septembre, à Versailles devant le Roi. À cette date, tout Paris a déjà vu l’autre expérience, la « répétition » de Charles. Sitôt l’envol effectué Montgolfier monte aux appartements du Roi :

    « Je trouvais le Roy encore occupé à observer la machine avec sa lunette ; il me montra l’endroit où elle était tombée, me témoigna sa satisfaction, et sur ma demande donna l’ordre qu’on alla au lieu où elle était gisante, pour vérifier l’état dans lequel étaient les animaux. Le contrôleur général était là, qui marqua sa satisfaction et m’invita à dîner avec les académiciens67. »

    35À cet instant précis Étienne de Montgolfier reprend la main. L’expérience faite à Versailles le 19 septembre 1783, après l’expertise de la commission de l’Académie royales des sciences chez Réveillon le 12 septembre, est validée par l’œil du roi. L’envol de ce ballon azur orné aux armes de Louis xvi qui emporte une cage contenant un mouton, un canard et un coq, n’était pas sans risque, car ce jour-là à la cour se trouvait réunie une bonne partie des délégations étrangères et ambassadeurs venus pour la signature le 2 septembre du Traité de Paris, ayant pour objet de réguler les relations entre l’Angleterre et les États-Unis d’Amérique et les pays alliés. Le soutien du Roi à Montgolfier alors exprimé de façon ostentatoire devient irréversible et incontestable, et transforme le ballon à air chaud en une invention royale qui peut illustrer l’ingéniosité française aux yeux des nations européennes.

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    Figure 1. – Expérience aérostatique faite à Versailles le 19 septembre 1783 reprise de la gravure de Delaunay pour l’ouvrage de Faujas de Saint-Fond. Estampe coloriée. Collection du Musée de l’Air et de l’Espace. Estampe.

    36Après cette expérience, Charles ne peut prétendre à être mis sur un pied d’égalité. Cependant la politique libérale de protection des arts semble guider les autorités, et ce, de manière partagée sur tout le territoire car elle favoriserait le progrès. Dans ses mémoires, le lieutenant de police de Paris, Lenoir, qui soutient et encadre toutes les expériences aérostatiques, s’en explique :

    « La police pour l’encouragement et le progrès des arts mécaniques, devait recevoir presque toutes les choses dites inventions que des ouvriers donnaient comme nouvelles. Elle en faisait les épreuves en public ; la publicité attirait toujours l’émulation et procurait souvent quelque degré de plus à la perfection68. »

    37La publicisation des procédés constitue un processus accepté et les essais divers d’inventions sont largement encouragés, y compris venant des milieux d’artisans et artistes. Ainsi, la scène parisienne semble véritablement occupée par l’irruption des ballons, recueillant et diffusant des anecdotes au fur et à mesure que les machines se construisent et que les premiers essais ont lieu. Comme l’écrit Benjamin Franklin à Joseph Banks, le secrétaire de la Royal Society, en novembre 1783, « l’émulation entre les deux camps augmente de jour en jour, les essais dans la construction des ballons ont déjà fait de très réels progrès69 ». On ne peut avancer que cette concurrence ait été orchestrée, mais elle a été largement autorisée, mettant en valeur l’activité inventive parisienne70.

    Des tuileries au faubourg, préparer les premiers vols habités

    38Ainsi, deux lieux se dessinent au sein de l’espace parisien. Étienne Montgolfier a la chance de pouvoir compter sur son ami Réveillon dont la manufacture devient le cadre idéal et stable de ses essais, tandis que Jacques Charles navigue dans des espaces plus décousus et exigus du Palais Royal à la place des victoires, ne disposant que tardivement pour le dernier assemblage et remplissage d’un enclos aux Tuileries.

    Derrière les murs de la « Folie Titon »

    39La florissante fabrique de papiers peints de son ami Réveillon en plein Faubourg St Antoine,71 est un havre pour Étienne de Montgolfier qui y dispose d’espace et d’ouvriers compétents. Autour de Montgolfier et de Réveillon, beaucoup de bonnes volontés se rassemblent, notamment Amy Argand, un entrepreneur suisse, qui devient le bras droit d’Étienne de Montgolfier pour l’expérience du 19 septembre, et qui est alors de passage à Paris avec un modèle très innovant de lampe « à cheminée et double courant d’air » de son invention72. L’endroit fait l’objet de visites des commissaires de l’académie, d’allers et venues d’un certain nombre de physiciens et de mécaniciens, de curieux de toute sorte, qui tournent autour de la construction, voire participent aux améliorations : Meusnier de la Place, Faujas de Saint-Fond, Pilâtre de Rozier, Quinquet, Lange, mais aussi Abeille, l’intendant du commerce, ou encore Lenoir. D’autres encore, comme Dom Gauthey, qui sollicite en octobre l’inventeur pour lui proposer son aide73. Étienne de Montgolfier est inscrit dans des réseaux qui sont ceux de l’entreprise capitaliste et marchande, un milieu fortuné, mais bien loin des salons et de la société de cour. Léonard Roseband a détaillé la figure à la fois paternaliste et particulière d’un entrepreneur capitaliste français comme Réveillon74, dont le profil semble assez similaire à celui des Montgolfier. Leur fabrique est leur domaine. Si ce sont des hommes curieux et cultivés, ayant le goût de la lecture et de la méditation philosophique, ils cultivent la plus grande méfiance pour le monde des intrigues et de la politique, mais ils sont pragmatiques et ambitieux. Leur revendication se porte sur l’amélioration de leur statut par leurs outils de production et l’un comme l’autre ont un sens non discuté de la hiérarchie, mêlé de paternalisme. Très apprécié des autorités, Réveillon est bel et bien du côté de l’encouragement royal et son aide à Montgolfier ne comptera pas pour rien dans la récompense d’une médaille d’or que le gouvernement lui octroie en 1786.

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    Figure 2. – Machine aérostatique de M. de Montgolfier construite dans le jardin de M. Réveillon. Collection du Musée de l’Air et de l’Espace.

    40Les connexions d’Étienne de Montgolfier à Paris sont aussi celles des architectes de l’entourage de Soufflot dont il fut élève. Ainsi reste-t-il en contact avec Legrand et Molinos, les architectes de la coupole de la halle au blé. Enfin, son réseau « ardéchois » transparaît dans sa correspondance, notamment avec Pache, ou le comte d’Antraigues75. Son appartenance à la Franc-maçonnerie aurait pu constituer une ressource, car son accueil par les loges parisiennes se fait en grande pompe76. La position de Montgolfier est en effet confortée depuis qu’il a produit les expériences devant l’Académie, puis à Versailles devant la cour. Pour sa seconde machine commencée sur ses propres fonds, mais assurée d’être remboursée, l’Académie royale des sciences puis la Maison du Roi définissent les règles du jeu77. Montgolfier s’inscrit alors plus traditionnellement dans l’usage que le pouvoir fait de l’invention, qui par son cadre, fournit le contrepoids à son isolement a priori du milieu scientifique et mondain parisien comme des intrigues de cour. Il fait même l’objet d’une attention extraordinaire entre septembre et décembre 1783, demandes d’entrevues par les rédacteurs de journaux, invitations à diner, les sollicitations multiples affluent… Pendant tout le mois d’octobre s’y pressent donc des curieux et savants, des hommes de l’art habiles. Des essais de ballons captifs sont faits comme des expériences semi-publiques. L’expérience « privée » du 15 octobre d’un vol captif habité, réunit en fait plus de 2 000 personnes dans les jardins comme l’écrit avec amusement Étienne de Montgolfier à sa femme. Enfin le 21 novembre 1783 le premier vol habité qui a lieu depuis le château de La Muette marque le triomphe de l’entreprise.

    Charles aux Tuileries

    41Parallèlement aux expériences que poursuit Montgolfier, Charles s’engage également dans un projet de vol habité, accompagné des frères Robert et de ses émules, financé à nouveau par souscription, mais en tirant les leçons de la première tentative, « il est attendu beaucoup de la nouvelle expérience entreprise avec une souscription par Messieurs Charles et Robert, qui sont des hommes savants et d’une grande habileté mécanique78 » écrit Franklin à ce propos. Cependant, le physicien élégant et admiré de la capitale se trouve un temps marginalisé et concurrencé par l’attention qui se concentre autour des essais et des préparatifs de Montgolfier. Son obstination à revendiquer l’invention produit également un certain agacement, voire une tension politique. Or Charles a clairement l’appui du Duc de Chartres. L’entreprise est donc menée de façon plus complexe avec pour premier soutien le noyau de ses élèves. Son cours réunit une population mêlant profession libérale ou artistes comme le musicien Rousseau, l’élite aristocratique dans l’entourage de Chartres, mais aussi de jeunes hommes comme le chimiste angevin Louis Joseph Proust qui y fait son apprentissage79. Enfin, des représentants de l’autorité parisienne le soutiennent, comme Lenoir, le lieutenant de police, premier souscripteur semble-t-il. Mais l’entreprise semble périlleuse. Si une souscription prestigieuse a engagé des hommes de qualité qui en sont la caution, elle fait appel aussi au financement d’un large public ; les accusations de charlatanisme (« Charles attend », par exemple est un calembour qui court) vont bon train. Cette expérience se fait en outre totalement en dehors du champ d’expertise de l’Académie qui aurait alors quelques réticences sur le procédé de l’utilisation de l’air inflammable80. Et le seul académicien dans l’entourage immédiat de Charles est le chimiste Sage, qui l’épaule de ses conseils.

    42Rousseau, qui aide à la fabrication de l’hydrogène pour le gonflement du ballon, relate l’ambiance particulière autour de cette opération qui a lieu dans les jardins des Tuileries, à l’air libre. Le froid est extrême et les tonneaux gèlent, c’est une organisation improvisée, on y recrute les bonnes volontés. Ainsi, il enrôle son frère, puis embauche son serviteur le temps d’une manipulation, les amateurs, musiciens, médecins, proches de Charles sont transformés en aides de camp, chargés de produire l’air inflammable. Le musicien se partage entre l’entreprise aérostatique et ses propres affaires, Tuilerie le jour, concert le soir, où il peut distiller l’information de première main sur la fabrication qui intéresse les sociétés mondaines devant laquelle il se produit, mais en retour il recueille d’autres précieuses nouvelles, certaines venues directement de la cour.

    43L’entreprise est compliquée à mettre en œuvre, et des contretemps obligent Charles à décaler le jour du départ, alimentant les rumeurs. Enfin, la veille du vol, alors que celui de Pilâtre de Rozier et du marquis d’Arlandes a déjà eu lieu, une interdiction orale du roi vient de Versailles. L’Académie essaie alors de temporiser et propose sa médiation, nonobstant le droit pour les commissaires de suivre l’expérience. Mais l’offre est fraîchement accueillie :

    « M Robert l’aîné qui était le seul de ces trois Mrs qui fut sur les lieux était fort embarrassé lui-même. Sur ces entrefaites, Mr Leroi de l’Académie des Sciences arriva et feignit d’être pénétré de douleur du contretemps qui leur arrivait, il parut n’avoir pas la moindre idée de la raison qui avait fait donner un pareil ordre et proposa à Mr Robert de suspendre l’expérience pour quatre jours encore et de faire nommer quatre commissaires à l’académie pour examiner la machine. Robert ne goûta pas l’avis et il fut universellement rejeté. Alors M Leroi se retira ayant toujours l’air au désespoir81. »

    44Ils refusent l’expertise académique. Charles est « désespéré », Rousseau et ses camarades le trouvent « noyé dans les larmes […]. Il resta longtemps incertain sur le parti qu’il prendrait dans une pareille crise, il avait toujours devant les yeux cet indigne public dont il n’avait que trop appris à connaître l’injustice et toutes ses idées se confondaient82 ». Le Duc de Chartres, protecteur de l’entreprise, propose de racheter la machine, afin que Charles puisse rembourser les souscripteurs, mais ce dernier s’y refuse. Le matin même, ils disposent le ballon rempli et se décident à partir : « Il était environ dix heures du matin et déjà le public abondait en foule par toutes les portes et se préparait pour son petit écu à voir le plus beau spectacle qu’on eut jamais vu au monde83. » Malgré la rumeur, le vol une fois réalisé, la preuve est totale, collective aux yeux de tout le royaume et vaut contre l’ordre royal. A-t-il bien été donné ? N’étant qu’oral, les rapports qui en sont faits ensuite sont très variables, soit les périodiques feignent totalement d’en ignorer l’existence, soit les correspondances secrètes en font bien mention mais reconstruisent des scénarios, tous différents84. En tout état de cause, le vol, réussi, semble effacer l’interdit. Charles peut prétendre mettre son invention en équivalence avec celle des Montgolfier. Mais afin d’apaiser les dissensions, il offre un petit ballon vert, avant son expérience, dont Étienne de Montgolfier, présent cette fois-ci dans l’enceinte, coupe la corde afin de signifier publiquement sa priorité. Lui reconnaissant l’antériorité, Charles souhaite prouver la supériorité de son procédé – quand Montgolfier aurait trouvé le moyen de poser une planche sur l’eau, lui aurait inventé le navire… Le partage symbolique des honneurs pour les protagonistes de ces vols peut désormais s’opérer dans la concorde.

    45Le conflit latent entre les protagonistes a favorisé la naissance d’un débat notamment sur la clarification entre les deux procédés, mais, comme l’écrit avec raison Gillispie, le contraste entre les deux techniques n’avait rien d’aussi flagrant : « La combinaison de l’air et de la chaleur était une réaction aussi chimique que la production d ‘ air inflammable. La chaleur de l’hydrogène n’était pas entièrement différente et pouvait au fond se réduire à un seul et même principe85. » Le rôle attribué à la chaleur d’une part, et aux airs inflammables d’autre part, se pose au moment même où la chimie connaît des transformations autour notamment des expériences de composition de l’eau. Les ballons se retrouvent au cœur de ces transformations. La distinction des procédés tient plus à une nécessité dans le conflit de l’invention, et à l’instrumentalisation qu’en feront les autorités ou les savants pour des raisons contingentes qu’à une distinction chimiquement pertinente. Ces deux procédés naissent autant des stratégies personnelles des acteurs que des configurations sociales particulières qui structurent le monde savant parisien réagissant à leur initiative : les entreprises sont menées à terme parce qu’une élite complexe et marquée par les courants et des oppositions (tant savant que politique) soutient, finance, autorise l’entreprise concurrente. De plus, ces expériences s’inscrivent dans une économie des inventions qui produit ici de la connaissance et participe à l’émergence d’une sphère publique autonome. Celle-ci formule des attentes fortes, en marge du travail académique et les alternatives techniques sont rendues légitimes par la justification de l’amélioration.

    Le statut de l’inventeur, hasard ou génie ?

    46Ces processus nous permettent de souligner les éléments qui éclairent le statut social de l’inventeur en France. Montgolfier ou Charles ne rentrent pas exactement dans le cas de figure de l’inventeur professionnel pointé par Liliane Pérez (ceux qui font des demandes de privilèges exclusifs). Mais il n’en demeure pas moins qu’ils se heurtent à une question pratique cruciale qui est de trouver la mise de fond leur permettant de mener les expériences nécessaires à leur reconnaissance. En effet pour de nombreux inventeurs, le recours à une expertise est demandé (à la Maison du Roi, au bureau du commerce..) car elle est nécessaire pour obtenir des accréditations, mais elle ne signifie pas pour autant une prise en charge et c’est souvent à l’inventeur d’avancer l’argent. Les inventeurs justifient leur demande de soutien en se plaçant toujours sur le plan de l’utilité publique, rencontrant à la fois l’essor du marché des inventions et les demandes des états.

    47Avec ces expériences aérostatiques on voit deux logiques se dégager, tout en appelant largement le public à juger. D’une part, les Montgolfier sont dans une logique d’action plus habituelle aux manufacturiers qui consiste à solliciter le pouvoir, par des subventions et titres ; d’autre part, Charles se sert d’un financement autre, le système de la souscription, assez usuel pour les entreprises culturelles d’envergure (livres) et plus rarement utilisé pour des projets techniques. Mais dans ce cas précis comment cette entreprise se définit-elle par rapport au monde savant ? La démarche des Montgolfier est sujette à la critique. Antoine de Rivarol, saisit l’occasion pour faire un exercice de style brillant dans lequel il prend ouvertement le parti de Charles contre Étienne de Montgolfier, qu’il dépeint sous les traits d’un provincial « lourdaud », qui « s’est hâté de répéter son expérience, non pas comme nos savants au fond de leurs cabinets, mais en public, avec un appareil imposant, et comme un homme sûr d’enlever des montagnes […]. Le succès de l’expérience a été complet et le bruit en ayant pénétré jusqu’à Paris, y a fait une sensation incroyable86 ». Rivarol montre le poids que ce type de démonstration peut avoir sur l’opinion, mais il met à jour aussi l’ambiguïté de l’expérience sans identifier qu’elle relève en fait plus de la démonstration technologique que de la science expérimentale. Or, Rivarol ne critique Montgolfier que du point de vue sa légitimité savante, et l’écrivain pose l’attraction spectaculaire comme antinomique de la démarche scientifique (ce schéma structurera la considération pour l’aérostation « foraine » au XIXe). À la violence des attaques, on mesure cependant bien la position étrange que cause l’irruption de ces fabricants de papiers dans le monde savant parisien et le mépris singulier pour Montgolfier qui ne possède « qu’une brutalité de physique87 » mais ose mettre la chimie en place publique. Ces propos soulignent plutôt le fossé qui se creuse autour de la question des sciences et de la légitimité à intervenir.

    48À l’inverse, et tout en affirmant leur appartenance provinciale et industrieuse, la position sociale des Montgolfier se trouve subvertir la critique en épousant précisément le modèle, valorisant cette fois-ci, du génie de l’invention. Leur découverte prône au contraire le partage des savoirs car elle est une mise en œuvre de procédés bien identifiés et sus de tous. Ainsi, ils réalisent une avancée technique improbable qui peut-être interprétée comme une preuve de leur intelligence. Ils ont capturé, détourné et se sont appropriés le savoir. L’attaque peut même se radicaliser contre le monde savant, celui auquel appartient Charles, remis en cause par son incapacité à innover, comme l’écrit Xavier de Maistre : « Il semble que la découverte dont nous parlons est particulièrement faite pour humilier les savants d’Europe. Que leur manquait-il pour y parvenir, rien88 ! » Faisant ses armes de tout jeune écrivain sur ce sujet, il épouse ici la posture classique de l’anti-académisme (dont on trouve l’écho dans de nombreux pamphlets, comme celui de Villars, un arpenteur lyonnais en conflit avec l’académie locale)89. La simplicité des moyens est ici un atout et l’invention est subversive. Xavier de Maistre inverse la proposition dans des termes percutants, le « génie de la physique » change l’ordre des choses et la hiérarchie des savoirs, et voulant enfin apprendre à l’homme qu’il pouvait devenir l’égal des oiseaux « il n’alla point chez vous, messieurs de Londres et de Paris ; mais pour opérer son prodige, il alla trouver des destinées où ? Dans Annonay ! […] Tandis que l’orgueilleuse théorie calcule ou rêve doctement dans les académies, l’expérience loin des capitales et de leurs lycées, enfante les miracles chez l’amateur modeste90 ». L’invention est née de l’hétérogénéité, de la différence, de territoires éloignés de Paris, réunissant des conditions plus propre en somme à la créativité que la routinisation et le contrôle élitiste des lieux de transmission du savoir. Leur rapport à la pratique est également souligné, car l’invention se fait de manière désinhibée, « sans respect pour tous les calculs de tous les grands hommes ». De fait, elle devient potentiellement source d’égalité et accessible à tous. La découverte mettrait donc en évidence l’infinie ressource des amateurs : aux théories de laboratoire, il oppose le génie, qui est un droit naturel91.

    49Les enjeux qui se dessinent donc autour de l’irruption de Montgolfier dans les sciences parisiennes relèvent donc bien de configurations locales qui sont propres à l’histoire institutionnelle et politique, à la place de l’Académie royale des sciences dans le long processus pour autonomiser et professionnaliser le travail savant. Les frères Montgolfier prouvent que les amateurs curieux, entreprenants, peuvent faire de la science appliquée un territoire partagé. L’identité sociale du savant étant l’objet d’enjeux pour la communauté elle-même, elle essaie en permanence de tracer les frontières. Dans ce cas, l’Académie, de façon exceptionnelle trouvera le moyen de régler la question de la marginalisation savante des frères Montgolfier en élisant Étienne de Montgolfier comme correspondant de l’Académie, ce qui revient à l’intégrer officiellement à la compagnie – répondant ainsi à l’intérêt soutenu du roi pour la découverte92. La position de Montgolfier redonne à penser la place des talents et des inventeurs dans la science française, elle ouvre un débat, non exempt de tensions.

    La captation politique de l’invention

    50Ainsi le pouvoir prodigue-t-il des signes fort à l’égard des inventeurs. En ce début d’année 1784, l’ensemble des académies, l’Académie d’inscription et belles lettres, l’Académie d’architecture, l’académie des sciences, travaillent au service de la célébration monarchique via l’aérostation. La réception par le pouvoir permet une lecture politique de l’événement.

    51Une récompense particulière couronne les inventeurs, rejoignant une politique de récompense des talents, l’anoblissement. C’est une décision d’autant plus remarquable qu’elle est rarement utilisée par le monarque, les Montgolfier font donc partie de ces quelques anoblis du dernier tiers du XVIIIe pour leur talent93. Promotion sociale exceptionnelle, certes, mais comme lui écrit l’abbé Montgolfier à son frère, « nous ne sommes pas assez riches pour en profiter94 », de fait, les lettres d’enregistrements coûtent très cher et le mode de vie nobiliaire ne leur correspond pas. En revanche la dernière récompense, essentielle aux yeux des Montgolfier, est le titre de « Manufacture Royale » obtenu pour la manufacture de Vidalon ; pour l’enregistrement de 400 livres, Étienne de Montgolfier obtient cette fois-ci une facilité95. Réveillon fait également une requête pour l’obtention de ce titre en décembre 1783. Il y a donc une mise en valeur, par ces choix de promouvoir le commerce de l’industrie et l’innovation technique à laquelle le nouveau contrôleur général, Calonne semble très sensible.

    52Cette fièvre des ballons, serait-elle consciemment entretenue par le gouvernement, afin de détourner l’attention sur les problèmes intérieurs qui ne sont pas des moindres ? Suite à la catastrophe de la caisse d’escompte et le remplacement de d’Ormesson par Calonne en novembre 1783, le ballon arrive à point nommé pour distraire, et inaugurer par une expérience majestueuse, la politique d’investissement faite par le gouvernement96. L’intérêt du roi a en outre pour effet d’estampiller immédiatement la découverte comme « française ». L’importance est grande alors même que la France est en pleine signature des traités de paix avec l’Angleterre97. L’une des versions de la genèse de l’invention montre Joseph de Montgolfier rêvant à la prise de Gibraltar, en regardant les effets de l’air chaud soulever un papier dans la cheminée… L’invention peut être interprétée comme une pierre dans le jardin des anglais, et à leur réputation d’avance en matière d’innovations. La France savoure le prestige donné par cette découverte extraordinaire, qui sert ses intérêts au mieux, sur le plan extérieur, comme sur le plan intérieur jusqu’au Te Deum fêté le 14 décembre 1783. L’aérostation devient la toile de fond d’un gouvernement qui en fait l’expression de sa bienveillance pour la créativité et le génie français.

    Image

    Figure 3. – « Globe aérostatique de MM. Charles et Robert », vue originale de l’expérience du 1er décembre 1783 au Jardin des Tuileries. Estampe coloriée d’après un dessin de Duperreux fils, collection du Musée de l’Air et de l’Espace.

    Notes de bas de page

    1 Journal général de France, samedi 26 novembre 1783, no 48, p. 191.

    2 Mettra L-F., Correspondance secrète, tome XV, 17 décembre 1783, no 51-3, p. 287-292.

    3 Lénardon D., Index du « Journal encyclopédique », 1756-1793, Genève, Slatkine, 1976, et id., Index de « L’Année littéraire » : 1754-1790, Genève, Slatkine, 1979 ; Berglund-Nilsson B. et Ohlin B., Inventaire et index de la « Correspondance littéraire secrète », dite de Mettra, avec la collaboration de Ulla Kölving, Centre international d’étude du XVIIIe siècle Ferney-Voltaire, 1999.

    4 Sgard J. (éd.), La presse provinciale au XVIIIe siècle, Grenoble, Centre de recherche sur les sensibilités, 1983, p. 51.

    5 Favre R., Rétat P, « L’amélioration de la vie quotidienne », p. 65-77, et Chouillet A.-M., « Les sciences », p. 99-106, Sgard J. (éd.), La presse provinciale au XVIIIe siècle, Grenoble, Centre de recherche sur les sensibilités, 1983 ; Favier R., « Les affiches et l’innovation en Dauphiné à la fin du XVIIIe siècle », Annales du Midi, avril-mai 1785, p. 157-167, p. 164 ; Gérard R., Un journal de province sous la révolution, le « journal de Marseille » de Férréol Beaugeard, Paris, 1964 ; Gasc M., « La naissance de la presse périodique locale à Lyon : les Affiches de Lyon, annonces et avis divers », Études sur la Presse au 18e siècle, 3, 1978, p. 61-80.

    6 Sur l’histoire de la presse d’Ancien Régime voir les incontournables Dictionnaire des journaux et Dictionnaires des journalistes, la thèse de Feyel G., L’annonce et la nouvelle, Oxford University Press, 2000, et également, Barker H., Burrows S. (éd.), Press, Politics and the Public Sphere in Europe and North America, 1760-1820, Cambridge.

    7 Bibliothèque municipale de Lyon, Ms 142 234, Tables manuscrites du Journal de Paris.

    8 Conlon P-M., Le siècle des Lumières, bibliographique chronologique, tome XX, 1782-1783, et tome XXI, Droz, 2000, et tome XXI, 1784-1785, Genèse, 2001.

    9 Mondain G., Inventaire analytique du recueil « Histoire des Ballons », BNF, Cabinet des estampes, Paris, 1977, 2 vol., manuscrits, BNF Cabinet des estampes et id., Histoire de la locomotion aérienne, don de la collection de sir David Salomon en 1935.

    10 Labrosse C., « Le récit des gazettes », in L’attentat de Damiens, discours de l’événement au XVIIIe siècle, Retat P. (dir.), Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1979, p. 41.

    11 Gascogne J., « The principles and practice of improvement », Joseph Banks and the english enlightenment, useful knowledge and polite culture, Cambridge, 1994, p. 185-224.

    12 Lipovesky G., L’empire de l’éphémère, la mode et son destin dans les sociétés modernes, Paris, Gallimard, Bibliothèque des Sciences humaines, 1987, p. 37, il souligne le radicalisme historique instauré par ce système social d’essence moderne.

    13 Entre autre pour les expériences parisiennes, le journal d’Anna Cradock, une anglaise voyageant à Paris à cette période, les mémoires du Marquis de Bombelles, le journal du graveur du roi Johan Georg Wille et celui du libraire Prosper Siméon Hardy.

    14 Bib. Instit., Paris, Mss 1680. de Croÿ E, Journal, IV, p. 309-311.

    15 Koselleck R., Le Futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, Paris, EHESS, 1990, p. 284.

    16 Ibid.

    17 Journal de Paris 28 juin 1785, no 179, p. 739.

    18 De Ségur L.-P., Mémoires ou Souvenirs et anecdotes, tome second, par M. le comte de Ségur, l’éd. de Paris : A. Eymery, 1826, p. 37-38.

    19 MacLeod C., Heroes of Invention: technology, liberalism and British national identity 1750-1914, Cambridge University Press, 2007.

    20 Rostaing L., La famille de Montgolfier, ses alliances, ses descendants, Clermont-Ferrand, G. de Bussac, 1960, p. 39.

    21 Scott A., « L’invention du Ballon », Pour la science, no 77, mars 1984.

    22 Shapin S. et Shaffer s., Leviathan and the air-pump. Hobbes, Boyle, and the Expérimental Life, Princeton, 1985 (trad. 1993), Le léviathan et la pompe à air, Paris, La Découverte, 1993.

    23 Cette terminologie est très courante, voir par exemple le discours d’ouverture du cours public de chimie de Guyton de Morveau 1782, Archives de l’académie de Sciences de Dijon, Registre de séance académie de Dijon, 1782, Bensaude-Vincent B., « Sur la notion de révolution scientifique : une contribution méconnue de Lavoisier », Il y a 200 ans Lavoisier : actes du colloque organisé à l’occasion du bicentenaire de la mort d’Antoine Laurent Lavoisier le 8 mai 1794, Paris et Blois, 3-6 mai 1994, Demeulenaere-Douyèr C. (éd.), Paris, 1995, p. 275-283.

    24 Duhem J., Histoire des idées aéronautiques avant Montgolfier, Paris, 1943, chapitre xiv, Le fluide léger, p. 395.

    25 Montgolfier J., Discours prononcé à l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Lyon, octobre 1783. Paris, 1784, in-8°, 16 p., p. 6.

    26 De Ségur L.-P., op. cit.

    27 Montgolfier J., op. cit., texte repris dans Faujasde Saint Fond B., Première suite de la description des expériences de la machine aérostatique de Monsieur de Montgolfier, 1784, p. 100.

    28 Hilaire-Pérez L., « Technical invention and institutional Credit », History and Technologie, 2000, 16, p. 295-306.

    29 Hahn R., The Anatomy of a Scientific Institution: the Paris Academy of Sciences, 1666, 1803, University of California Press, 1971. Brian, La mesure de l’état, administrateurs et géomètres au XVIIIe, Paris, Albin Michel, coll. « Évolution de l’humanité », 1994 ; Bret, « La prise de décision académique : les procédures et pratiques de choix et d’expertise à l’Académie Royale des Sciences » in Règlements, usages et science dans la France de l’Absolutisme, Brian E., Demeulenaere C. (dir.), tech. et doc., Paris, 2002, p. 321-362 ; Vérin, « Expertise et État fondé en raison au XVIIIe siècle », in Damien R. (dir.), L’Expertise, Besançon, Presses Universitaires franc-comtoises, 2000, p. 175-195.

    30 Hilaire-Pérez, « Inventeur et administrateurs en France, la science la preuve et le marché », L’invention technique, op. cit., p. 59 sq.

    31 Licoppe C., « Spectacle expérimental et controverse », La formation de la pratique scientifique, le discours de l’expérience en France et en Angleterre (1630-1820), Paris, 1996, p. 182 et p. 193.

    32 Payen J., Capital et machine à vapeur au XVIIIe siècle. Les frères Périer et l’introduction en France de la machine à vapeur de Watt, Paris, La Haye, Mouton, 1969.

    33 Gillispie C. CL., Les frères Montgolfiers et l’invention de l’aéronautique, Actes Sud, 1989, p. 36-52, et Clément P.-L., Les Montgolfiers. Leur invention, leur évolution du XVIIIe à nos jours, Paris, Tardy, 1982, p. 15-30.

    34 Minard P., La Fortune du colbertisme, Paris, Fayard, 1998.

    35 Le rapport de l’Académie englobe aussi le travail des concurrents de Montgolfier à Vidalon, les papetiers Johannot. Cf. Gillispie C. CL., op. cit., p. 39-44. Les tentatives de rationalisation de la manufacture et les bouleversements de l’organisation du travail qu’ils entraînent sont à la source de fortes tensions entre les ouvriers et Étienne de Montgolfier qui mènent d’ailleurs à une grève en 1781. Ces éléments sont développés précisément dans l’ouvrage de Roseband L. N., Management, Labor, and Revolution at the Montgolfier Mill, 1761-1805, Baltimore London, 2001, « The modes and the lock out of 1781 », p. 49-61.

    36 Gillispie C. Cl. op. cit., p. 17. Il s’appuie sur le brouillon d’une lettre d’Étienne de Montgolfier aux États, conservés dans les archives familiales privées auxquelles il a eu accès, Fonds Montgolfier, IV, 13.

    37 BNF. Manuscrits. Fonds maçonnique. FM2, Tableaux des loges. Annonay. Fol. 55, Tableau de la loge de la vraie vertu, 1782.

    38 Gillispie C. Cl., op. cit., p. 17-18.

    39 La Vaux et Tissandier G., Joseph et Étienne de Montgolfier, Annonay, 1926, planche XVI reproduit la notice des minutes.

    40 Licoppe C., op. cit., p. 185.

    41 Hahn R., op. cit., et Brian E., « Académies », in Dictionnaire des Lumières, Delon M. (éd.).

    42 Archives de l’Académie des Sciences. Registre des procès-verbaux de séances 1783, séance du 2 juillet 1783, p. 149.

    43 Bret P., « La prise de décision académique : les procédures et pratiques de choix et d’expertise à l’Académie Royale des sciences », art. cit. Ayant appris qu’Étienne de Montgolfier se rend à Paris pour répéter l’expérience, l’Académie choisie de l’attendre avant de poursuivre ses investigations. Gillispie C. Cl., op. cit., « L’arrivée à Paris », p. 57.

    44 Mafarette-Dayries P., « L’académie royale des sciences et les grandes commissions d’enquête et d’expertise à la fin de l’ancien régime », in Annales historiques de la Révolution française, no 320, mis en ligne le 23 janvier 2006 : http://ahrf.revues.org/document152.html.

    45 MAE. FM, VIII-12, L’abbé à Étienne, 31 juillet, 1-2 août 1783.

    46 Mercure de France, 26 juillet 1783, no 30, p. 177, Journal de Paris, 27 juillet 1783, no 208, p. 861 ; Journal encyclopédique, Gazette des deux ponts, 19 juillet 1783.

    47 Bombelles marquis de, Journal, texte établi, présenté et annoté par Jean Grassian et Frans Durif, tome I, année 1783, p. 251.

    48 Lichtenberg G.-C., Briefwechsel. 2, 1780-1784, im Auftrag der Akademie der Wissenschaften zu Göttingen hrsg. von Ulrich Joost und Albrecht, München: C. H. Beck. (1985), lettre no 1112 de Jean Baptiste Leroy, portant sur les instruments de cabinets et sur l’électrophore et le paratonnerre.

    49 Gillispie C. Cl., op. cit., p. 61-62.

    50 Darnton R., « Public Opinion and Communication Networks in Eighteenth-Century Paris », in Knabe (éd.) Opinion, Berlin, 2000, p. 149.

    51 Gough J. B., in Dictionnary of Scientific Biography, Champeix R., Savants méconnus, 1966, p. 1-52.

    52 Bib. Instit., MSS 2104, Papiers Jacques-Alexandre-César Charles, Mémoire sur les aérostats, daté de 1784, non paginé.

    53 Cavallo T., The History and Pratice of aérostation, Londres, 1785.

    54 Darnton R., La fin des Lumières. Le mesmérisme et la Révolution, Paris, Perrin, 1984.

    55 Lavoisier A.-L., Œuvres complètes, éditées par J.-B Dumas et E. Grimaux, Paris, 1864-1894, tome III, « Lettre à Monsieur le duc de La Rochefoucault, à La Roche-Guyon par Bonnières », p. 737.

    56 Bib. Instit., op. cit.

    57 Ibid.

    58 Ibid.

    59 Archives nationales T* 160.4. Société de l’abbé Beaudeau, 3 volumes 1778-1782, Tableau de présence, séances et projets proposés, commissaires/rapports. 2 août 1781, no 554, fol. 83. Mémoire présenté par MM Robert mécanicien ingénieur du roi, par lequel ils proposent un nouveau récipient d’air en forme de domino de taffetas enduit de sa composition, sous lequel une personne pourra rester quarante-cinq minutes sans changer d’air.

    60 Bib. Instit., Mss 2104, ibid.

    61 Ibid.

    62 Journal de Paris, no 257, 14 septembre 1783, art. Physique, Lettre aux auteurs du journal, 10 septembre.

    63 Voir également le procès-verbal publié dans le Journal encyclopédique, oct. 1783, t. VII, part. 1, p. 128-132, très critique à l’égard de Faujas de Saint-Fond.

    64 Gillispie C. Cl., op. cit., p. 70, donne à l’anecdote un statut improbable. On voit à quel point elle est signifiante du climat et de la tension réelle entre ces hommes. Pilâtre fera également allusion dans une lettre à Étienne de Montgolfier du refus des frères Robert de le laisser accéder à l’expérience de juillet 1784 à Saint-Cloud. MAE. FM-XV-11. Voir également MAE-FM-V-7, « Réponse aux plaintes de M. Robert aux souscripteurs ».

    65 MAE. 8R24020. Frédéric Rousseau, Récit des détails de la manipulation et de l’ascension du globe de M Charles et Robert enlevé aux Thuileries, lundi premier décembre 1783, écrit par M. Frédéric Roupeau, manuscrit, p. 16.

    66 Archives de l’Académie des sciences, pochette de séance, 15 novembre 1783.

    67 MAE. FM. VII-3. Lettre d’Étienne à Adélaide, de Paris, le 19 septembre 1783 (copie de Jean-Pierre Montgolfier).

    68 Bibliothèque municipale d’Orléans, Papiers de Lenoir, Titre neuvième, « des manufactures et des arts mécaniques », fol. 596, transcription de Vincent Milliot. Cf. id., « Jean-Charles-Pierre Lenoir (1732-1807), lieutenant général de police de Paris (1774-1785) : ses “mémoires” et une idée de la police des Lumières », Mélanges de l’École française de Rome, 2003, t. 115-2, p. 777-806.

    69 Franklin B., Lettre à Joseph Banks, de Passy le 21 novembre 1783, in Rotch A.-L., Benjamin Franklin and the first balloon, « The emulation between the two parties running high, the improvement in the construction and management of the balloons has already made a rapid progress », Worchester, 1907, p. 9-12.

    70 Mémoires secrets, 1783, t. 24, 24 novembre, p. 347.

    71 Archives nationales F12. 1475. Dossier VI. JB Réveillon fabricant Paris et Courtalin, 1783-86. Réveillon est un entrepreneur qui a le vent en poupe, à la tête d’une innovante fabrique de « papier peint » première du genre qui connaît un grand succès, cf. Velut C., « L’industrie dans la ville (faubourg Saint-Antoine, 1750-1820) », Revue d’Histoire moderne et Contemporaine, janvier mars 2002, 49-1, p. 115-137.

    72 MAE. FM. dossier XIII, contient 17 lettres d’Argand à Étienne Montgolfier ; Abeille P.-L., Découverte des lampes à courant d’air et à cylindre par M. Argand, Genève, 1785, il décrit les allées et venues à la manufacture pendant la construction de l’expérience. Sur Argand et Montgolfier, voir également Schroder M., The Argand burner, Its origins and developpemnt in france and England, 1780-1800, Odense University Press, 1969, p. 71 et suivantes. Wolfe, Brandy, balloon and lamps: Amy Argand, 1750-1803, Southern Illinois University Press, 1999.

    73 MAE. FM. XXI-10, de l’Abbaye de Saint Antoine, Gauthey écrit le 13 octobre 1783 à Étienne de Montgolfier pour le saluer et lui proposer son aide.

    74 Roseband L. N., « Jean Baptiste Réveillon; a man on the make in old regime », French historical studies, XX, 1997, p. 49-71.

    75 MAE. FM. XVII 34 et suiv., série de lettres à Étienne.

    76 Courrier de l’Europe, no 2, mardi 6 janvier, p. 14, de Paris le 18 décembre, relate le discours de la marquise de Rouiller à l’occasion du Te Deum à la loge du Contrat Social : « MM. de Montgolfier et Pilâtre de Rozier se trouvaient dans l’assemblée elle a su par une heureuse transition leur témoigner la reconnaissance patriotique que tout français doit à une découverte que les nations rivales nous envient. »

    77 Archives nationales F17 12021 B, Lettre du contrôleur général, le 24 septembre 1783.

    78 Franklin, op. cit., « Most is expected of the new one undertaken upon subscription by messieurs Charles et Robert, who are men of science and mechanic dexterity », lettre de Passy, 8 oct. 1783.

    79 Il comptera aussi Robertson ou Biot dans ses élèves à cette période.

    80 Bombelles, op. cit., tome I, décembre 1783, laisse entendre qu’il s’agirait de Condorcet.

    81 MAE. 8R24020, op. cit., p. 10-11.

    82 ibid.

    83 ibid., p. 13.

    84 Mémoires secrets, t. 24, le 1er décembre 1783, p. 64-65, évoque le baron de Breteuil qui aurait pris sur lui « de fermer les yeux sur la transgression ».

    85 Gillispie C. Cl., op. cit., p. 35-36.

    86 Rivarol, Lettre à Monsieur le Président de *** sur le globe aérostatique, les têtes parlantes et sur l’état présent de l’opinion publique à Paris, (signé RVL), Londres et Paris, Cailleau, 1783, p. 6.

    87 Ibid., p. 17.

    88 Maistre X. de, Prospectus de l’expérience aérostatique de Chambéry publié au nom des premiers souscripteurs, Chambéry, 1784, 15 p. Ce prospectus très rare dont un exemplaire se trouve à la Bibliothèque de Chambéry, a été reproduit par Philippe J., Les premiers essais aérostatiques de Xavier de Maistre, Chambéry et Annecy, 1874, cf. p. 19. Nous avons pris ici comme référence la pagination des fac-similés de Jules Phillippe.

    89 Ibid. Ce paragraphe se retrouve étrangement mot pour mot sous la plume d’un géomètre lyonnais très en conflit avec l’académie locale, in Villars, Observations sur le rapport fait à l’académie des sciences belles lettres et arts de Lyon, 19 mars à l’occasion de l’expérience de M Joseph de Montgolfier, faite aux Brotteaux le 19 janvier 1784, à Lyon, le 17 avril 1784. On notera aussi ici la puissance que prend sous « leur » plume la mise en avant de la facilité, fumée et toile, contre la complication sophistiquée du processus de réaction chimique. La simplicité va dans le sens de la nature, c’est un argument positif.

    90 Maistre, op. cit., p. 24.

    91 Hilaire-pérez, op. cit., p. 183-184.

    92 MAE. FM. XIII-5, Lettre de Condorcet à Étienne de Montgolfier, Archives Académie Royale des Sciences, Procès Verbaux des séances, décembre 1783.

    93 Chaussinand Nogaret G., La noblesse au XVIIIe siècle, de la féodalité aux Lumières, Paris, 1976. p. 53-59, note la relative fermeture des anoblissements, les lettres d’enregistrements coûtent 6 000 livres ; on compte pour le second XVIIIe, 22 artistes et intellectuels et 12 ingénieurs avec montée des inventeurs (comme Philippe de Lassale) qui incarne ce modèle culturel de l’élite du royaume.

    94 MAE. FM-X Lettre du 12 janvier 1784 de l’abbé à Étienne de Montgolfier.

    95 Archives nationales F12 1477. Manufactures. Papeterie. Dossiers Montgolfier et Réveillon.

    96 Gazette de Leyde, 5 décembre 1783, no XCVII. Le périodique rapporte l’importance donnée par le gouvernement français à la découverte, dont il est question en conseil.

    97 Les signatures ont lieu début septembre à Versailles, et la célébration de la paix est proclamée par la suite, les Te Deum ont lieu dans les diverses capitales régionales dans le courant du mois de décembre.

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    1 Journal général de France, samedi 26 novembre 1783, no 48, p. 191.

    2 Mettra L-F., Correspondance secrète, tome XV, 17 décembre 1783, no 51-3, p. 287-292.

    3 Lénardon D., Index du « Journal encyclopédique », 1756-1793, Genève, Slatkine, 1976, et id., Index de « L’Année littéraire » : 1754-1790, Genève, Slatkine, 1979 ; Berglund-Nilsson B. et Ohlin B., Inventaire et index de la « Correspondance littéraire secrète », dite de Mettra, avec la collaboration de Ulla Kölving, Centre international d’étude du XVIIIe siècle Ferney-Voltaire, 1999.

    4 Sgard J. (éd.), La presse provinciale au XVIIIe siècle, Grenoble, Centre de recherche sur les sensibilités, 1983, p. 51.

    5 Favre R., Rétat P, « L’amélioration de la vie quotidienne », p. 65-77, et Chouillet A.-M., « Les sciences », p. 99-106, Sgard J. (éd.), La presse provinciale au XVIIIe siècle, Grenoble, Centre de recherche sur les sensibilités, 1983 ; Favier R., « Les affiches et l’innovation en Dauphiné à la fin du XVIIIe siècle », Annales du Midi, avril-mai 1785, p. 157-167, p. 164 ; Gérard R., Un journal de province sous la révolution, le « journal de Marseille » de Férréol Beaugeard, Paris, 1964 ; Gasc M., « La naissance de la presse périodique locale à Lyon : les Affiches de Lyon, annonces et avis divers », Études sur la Presse au 18e siècle, 3, 1978, p. 61-80.

    6 Sur l’histoire de la presse d’Ancien Régime voir les incontournables Dictionnaire des journaux et Dictionnaires des journalistes, la thèse de Feyel G., L’annonce et la nouvelle, Oxford University Press, 2000, et également, Barker H., Burrows S. (éd.), Press, Politics and the Public Sphere in Europe and North America, 1760-1820, Cambridge.

    7 Bibliothèque municipale de Lyon, Ms 142 234, Tables manuscrites du Journal de Paris.

    8 Conlon P-M., Le siècle des Lumières, bibliographique chronologique, tome XX, 1782-1783, et tome XXI, Droz, 2000, et tome XXI, 1784-1785, Genèse, 2001.

    9 Mondain G., Inventaire analytique du recueil « Histoire des Ballons », BNF, Cabinet des estampes, Paris, 1977, 2 vol., manuscrits, BNF Cabinet des estampes et id., Histoire de la locomotion aérienne, don de la collection de sir David Salomon en 1935.

    10 Labrosse C., « Le récit des gazettes », in L’attentat de Damiens, discours de l’événement au XVIIIe siècle, Retat P. (dir.), Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1979, p. 41.

    11 Gascogne J., « The principles and practice of improvement », Joseph Banks and the english enlightenment, useful knowledge and polite culture, Cambridge, 1994, p. 185-224.

    12 Lipovesky G., L’empire de l’éphémère, la mode et son destin dans les sociétés modernes, Paris, Gallimard, Bibliothèque des Sciences humaines, 1987, p. 37, il souligne le radicalisme historique instauré par ce système social d’essence moderne.

    13 Entre autre pour les expériences parisiennes, le journal d’Anna Cradock, une anglaise voyageant à Paris à cette période, les mémoires du Marquis de Bombelles, le journal du graveur du roi Johan Georg Wille et celui du libraire Prosper Siméon Hardy.

    14 Bib. Instit., Paris, Mss 1680. de Croÿ E, Journal, IV, p. 309-311.

    15 Koselleck R., Le Futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, Paris, EHESS, 1990, p. 284.

    16 Ibid.

    17 Journal de Paris 28 juin 1785, no 179, p. 739.

    18 De Ségur L.-P., Mémoires ou Souvenirs et anecdotes, tome second, par M. le comte de Ségur, l’éd. de Paris : A. Eymery, 1826, p. 37-38.

    19 MacLeod C., Heroes of Invention: technology, liberalism and British national identity 1750-1914, Cambridge University Press, 2007.

    20 Rostaing L., La famille de Montgolfier, ses alliances, ses descendants, Clermont-Ferrand, G. de Bussac, 1960, p. 39.

    21 Scott A., « L’invention du Ballon », Pour la science, no 77, mars 1984.

    22 Shapin S. et Shaffer s., Leviathan and the air-pump. Hobbes, Boyle, and the Expérimental Life, Princeton, 1985 (trad. 1993), Le léviathan et la pompe à air, Paris, La Découverte, 1993.

    23 Cette terminologie est très courante, voir par exemple le discours d’ouverture du cours public de chimie de Guyton de Morveau 1782, Archives de l’académie de Sciences de Dijon, Registre de séance académie de Dijon, 1782, Bensaude-Vincent B., « Sur la notion de révolution scientifique : une contribution méconnue de Lavoisier », Il y a 200 ans Lavoisier : actes du colloque organisé à l’occasion du bicentenaire de la mort d’Antoine Laurent Lavoisier le 8 mai 1794, Paris et Blois, 3-6 mai 1994, Demeulenaere-Douyèr C. (éd.), Paris, 1995, p. 275-283.

    24 Duhem J., Histoire des idées aéronautiques avant Montgolfier, Paris, 1943, chapitre xiv, Le fluide léger, p. 395.

    25 Montgolfier J., Discours prononcé à l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Lyon, octobre 1783. Paris, 1784, in-8°, 16 p., p. 6.

    26 De Ségur L.-P., op. cit.

    27 Montgolfier J., op. cit., texte repris dans Faujasde Saint Fond B., Première suite de la description des expériences de la machine aérostatique de Monsieur de Montgolfier, 1784, p. 100.

    28 Hilaire-Pérez L., « Technical invention and institutional Credit », History and Technologie, 2000, 16, p. 295-306.

    29 Hahn R., The Anatomy of a Scientific Institution: the Paris Academy of Sciences, 1666, 1803, University of California Press, 1971. Brian, La mesure de l’état, administrateurs et géomètres au XVIIIe, Paris, Albin Michel, coll. « Évolution de l’humanité », 1994 ; Bret, « La prise de décision académique : les procédures et pratiques de choix et d’expertise à l’Académie Royale des Sciences » in Règlements, usages et science dans la France de l’Absolutisme, Brian E., Demeulenaere C. (dir.), tech. et doc., Paris, 2002, p. 321-362 ; Vérin, « Expertise et État fondé en raison au XVIIIe siècle », in Damien R. (dir.), L’Expertise, Besançon, Presses Universitaires franc-comtoises, 2000, p. 175-195.

    30 Hilaire-Pérez, « Inventeur et administrateurs en France, la science la preuve et le marché », L’invention technique, op. cit., p. 59 sq.

    31 Licoppe C., « Spectacle expérimental et controverse », La formation de la pratique scientifique, le discours de l’expérience en France et en Angleterre (1630-1820), Paris, 1996, p. 182 et p. 193.

    32 Payen J., Capital et machine à vapeur au XVIIIe siècle. Les frères Périer et l’introduction en France de la machine à vapeur de Watt, Paris, La Haye, Mouton, 1969.

    33 Gillispie C. CL., Les frères Montgolfiers et l’invention de l’aéronautique, Actes Sud, 1989, p. 36-52, et Clément P.-L., Les Montgolfiers. Leur invention, leur évolution du XVIIIe à nos jours, Paris, Tardy, 1982, p. 15-30.

    34 Minard P., La Fortune du colbertisme, Paris, Fayard, 1998.

    35 Le rapport de l’Académie englobe aussi le travail des concurrents de Montgolfier à Vidalon, les papetiers Johannot. Cf. Gillispie C. CL., op. cit., p. 39-44. Les tentatives de rationalisation de la manufacture et les bouleversements de l’organisation du travail qu’ils entraînent sont à la source de fortes tensions entre les ouvriers et Étienne de Montgolfier qui mènent d’ailleurs à une grève en 1781. Ces éléments sont développés précisément dans l’ouvrage de Roseband L. N., Management, Labor, and Revolution at the Montgolfier Mill, 1761-1805, Baltimore London, 2001, « The modes and the lock out of 1781 », p. 49-61.

    36 Gillispie C. Cl. op. cit., p. 17. Il s’appuie sur le brouillon d’une lettre d’Étienne de Montgolfier aux États, conservés dans les archives familiales privées auxquelles il a eu accès, Fonds Montgolfier, IV, 13.

    37 BNF. Manuscrits. Fonds maçonnique. FM2, Tableaux des loges. Annonay. Fol. 55, Tableau de la loge de la vraie vertu, 1782.

    38 Gillispie C. Cl., op. cit., p. 17-18.

    39 La Vaux et Tissandier G., Joseph et Étienne de Montgolfier, Annonay, 1926, planche XVI reproduit la notice des minutes.

    40 Licoppe C., op. cit., p. 185.

    41 Hahn R., op. cit., et Brian E., « Académies », in Dictionnaire des Lumières, Delon M. (éd.).

    42 Archives de l’Académie des Sciences. Registre des procès-verbaux de séances 1783, séance du 2 juillet 1783, p. 149.

    43 Bret P., « La prise de décision académique : les procédures et pratiques de choix et d’expertise à l’Académie Royale des sciences », art. cit. Ayant appris qu’Étienne de Montgolfier se rend à Paris pour répéter l’expérience, l’Académie choisie de l’attendre avant de poursuivre ses investigations. Gillispie C. Cl., op. cit., « L’arrivée à Paris », p. 57.

    44 Mafarette-Dayries P., « L’académie royale des sciences et les grandes commissions d’enquête et d’expertise à la fin de l’ancien régime », in Annales historiques de la Révolution française, no 320, mis en ligne le 23 janvier 2006 : http://ahrf.revues.org/document152.html.

    45 MAE. FM, VIII-12, L’abbé à Étienne, 31 juillet, 1-2 août 1783.

    46 Mercure de France, 26 juillet 1783, no 30, p. 177, Journal de Paris, 27 juillet 1783, no 208, p. 861 ; Journal encyclopédique, Gazette des deux ponts, 19 juillet 1783.

    47 Bombelles marquis de, Journal, texte établi, présenté et annoté par Jean Grassian et Frans Durif, tome I, année 1783, p. 251.

    48 Lichtenberg G.-C., Briefwechsel. 2, 1780-1784, im Auftrag der Akademie der Wissenschaften zu Göttingen hrsg. von Ulrich Joost und Albrecht, München: C. H. Beck. (1985), lettre no 1112 de Jean Baptiste Leroy, portant sur les instruments de cabinets et sur l’électrophore et le paratonnerre.

    49 Gillispie C. Cl., op. cit., p. 61-62.

    50 Darnton R., « Public Opinion and Communication Networks in Eighteenth-Century Paris », in Knabe (éd.) Opinion, Berlin, 2000, p. 149.

    51 Gough J. B., in Dictionnary of Scientific Biography, Champeix R., Savants méconnus, 1966, p. 1-52.

    52 Bib. Instit., MSS 2104, Papiers Jacques-Alexandre-César Charles, Mémoire sur les aérostats, daté de 1784, non paginé.

    53 Cavallo T., The History and Pratice of aérostation, Londres, 1785.

    54 Darnton R., La fin des Lumières. Le mesmérisme et la Révolution, Paris, Perrin, 1984.

    55 Lavoisier A.-L., Œuvres complètes, éditées par J.-B Dumas et E. Grimaux, Paris, 1864-1894, tome III, « Lettre à Monsieur le duc de La Rochefoucault, à La Roche-Guyon par Bonnières », p. 737.

    56 Bib. Instit., op. cit.

    57 Ibid.

    58 Ibid.

    59 Archives nationales T* 160.4. Société de l’abbé Beaudeau, 3 volumes 1778-1782, Tableau de présence, séances et projets proposés, commissaires/rapports. 2 août 1781, no 554, fol. 83. Mémoire présenté par MM Robert mécanicien ingénieur du roi, par lequel ils proposent un nouveau récipient d’air en forme de domino de taffetas enduit de sa composition, sous lequel une personne pourra rester quarante-cinq minutes sans changer d’air.

    60 Bib. Instit., Mss 2104, ibid.

    61 Ibid.

    62 Journal de Paris, no 257, 14 septembre 1783, art. Physique, Lettre aux auteurs du journal, 10 septembre.

    63 Voir également le procès-verbal publié dans le Journal encyclopédique, oct. 1783, t. VII, part. 1, p. 128-132, très critique à l’égard de Faujas de Saint-Fond.

    64 Gillispie C. Cl., op. cit., p. 70, donne à l’anecdote un statut improbable. On voit à quel point elle est signifiante du climat et de la tension réelle entre ces hommes. Pilâtre fera également allusion dans une lettre à Étienne de Montgolfier du refus des frères Robert de le laisser accéder à l’expérience de juillet 1784 à Saint-Cloud. MAE. FM-XV-11. Voir également MAE-FM-V-7, « Réponse aux plaintes de M. Robert aux souscripteurs ».

    65 MAE. 8R24020. Frédéric Rousseau, Récit des détails de la manipulation et de l’ascension du globe de M Charles et Robert enlevé aux Thuileries, lundi premier décembre 1783, écrit par M. Frédéric Roupeau, manuscrit, p. 16.

    66 Archives de l’Académie des sciences, pochette de séance, 15 novembre 1783.

    67 MAE. FM. VII-3. Lettre d’Étienne à Adélaide, de Paris, le 19 septembre 1783 (copie de Jean-Pierre Montgolfier).

    68 Bibliothèque municipale d’Orléans, Papiers de Lenoir, Titre neuvième, « des manufactures et des arts mécaniques », fol. 596, transcription de Vincent Milliot. Cf. id., « Jean-Charles-Pierre Lenoir (1732-1807), lieutenant général de police de Paris (1774-1785) : ses “mémoires” et une idée de la police des Lumières », Mélanges de l’École française de Rome, 2003, t. 115-2, p. 777-806.

    69 Franklin B., Lettre à Joseph Banks, de Passy le 21 novembre 1783, in Rotch A.-L., Benjamin Franklin and the first balloon, « The emulation between the two parties running high, the improvement in the construction and management of the balloons has already made a rapid progress », Worchester, 1907, p. 9-12.

    70 Mémoires secrets, 1783, t. 24, 24 novembre, p. 347.

    71 Archives nationales F12. 1475. Dossier VI. JB Réveillon fabricant Paris et Courtalin, 1783-86. Réveillon est un entrepreneur qui a le vent en poupe, à la tête d’une innovante fabrique de « papier peint » première du genre qui connaît un grand succès, cf. Velut C., « L’industrie dans la ville (faubourg Saint-Antoine, 1750-1820) », Revue d’Histoire moderne et Contemporaine, janvier mars 2002, 49-1, p. 115-137.

    72 MAE. FM. dossier XIII, contient 17 lettres d’Argand à Étienne Montgolfier ; Abeille P.-L., Découverte des lampes à courant d’air et à cylindre par M. Argand, Genève, 1785, il décrit les allées et venues à la manufacture pendant la construction de l’expérience. Sur Argand et Montgolfier, voir également Schroder M., The Argand burner, Its origins and developpemnt in france and England, 1780-1800, Odense University Press, 1969, p. 71 et suivantes. Wolfe, Brandy, balloon and lamps: Amy Argand, 1750-1803, Southern Illinois University Press, 1999.

    73 MAE. FM. XXI-10, de l’Abbaye de Saint Antoine, Gauthey écrit le 13 octobre 1783 à Étienne de Montgolfier pour le saluer et lui proposer son aide.

    74 Roseband L. N., « Jean Baptiste Réveillon; a man on the make in old regime », French historical studies, XX, 1997, p. 49-71.

    75 MAE. FM. XVII 34 et suiv., série de lettres à Étienne.

    76 Courrier de l’Europe, no 2, mardi 6 janvier, p. 14, de Paris le 18 décembre, relate le discours de la marquise de Rouiller à l’occasion du Te Deum à la loge du Contrat Social : « MM. de Montgolfier et Pilâtre de Rozier se trouvaient dans l’assemblée elle a su par une heureuse transition leur témoigner la reconnaissance patriotique que tout français doit à une découverte que les nations rivales nous envient. »

    77 Archives nationales F17 12021 B, Lettre du contrôleur général, le 24 septembre 1783.

    78 Franklin, op. cit., « Most is expected of the new one undertaken upon subscription by messieurs Charles et Robert, who are men of science and mechanic dexterity », lettre de Passy, 8 oct. 1783.

    79 Il comptera aussi Robertson ou Biot dans ses élèves à cette période.

    80 Bombelles, op. cit., tome I, décembre 1783, laisse entendre qu’il s’agirait de Condorcet.

    81 MAE. 8R24020, op. cit., p. 10-11.

    82 ibid.

    83 ibid., p. 13.

    84 Mémoires secrets, t. 24, le 1er décembre 1783, p. 64-65, évoque le baron de Breteuil qui aurait pris sur lui « de fermer les yeux sur la transgression ».

    85 Gillispie C. Cl., op. cit., p. 35-36.

    86 Rivarol, Lettre à Monsieur le Président de *** sur le globe aérostatique, les têtes parlantes et sur l’état présent de l’opinion publique à Paris, (signé RVL), Londres et Paris, Cailleau, 1783, p. 6.

    87 Ibid., p. 17.

    88 Maistre X. de, Prospectus de l’expérience aérostatique de Chambéry publié au nom des premiers souscripteurs, Chambéry, 1784, 15 p. Ce prospectus très rare dont un exemplaire se trouve à la Bibliothèque de Chambéry, a été reproduit par Philippe J., Les premiers essais aérostatiques de Xavier de Maistre, Chambéry et Annecy, 1874, cf. p. 19. Nous avons pris ici comme référence la pagination des fac-similés de Jules Phillippe.

    89 Ibid. Ce paragraphe se retrouve étrangement mot pour mot sous la plume d’un géomètre lyonnais très en conflit avec l’académie locale, in Villars, Observations sur le rapport fait à l’académie des sciences belles lettres et arts de Lyon, 19 mars à l’occasion de l’expérience de M Joseph de Montgolfier, faite aux Brotteaux le 19 janvier 1784, à Lyon, le 17 avril 1784. On notera aussi ici la puissance que prend sous « leur » plume la mise en avant de la facilité, fumée et toile, contre la complication sophistiquée du processus de réaction chimique. La simplicité va dans le sens de la nature, c’est un argument positif.

    90 Maistre, op. cit., p. 24.

    91 Hilaire-pérez, op. cit., p. 183-184.

    92 MAE. FM. XIII-5, Lettre de Condorcet à Étienne de Montgolfier, Archives Académie Royale des Sciences, Procès Verbaux des séances, décembre 1783.

    93 Chaussinand Nogaret G., La noblesse au XVIIIe siècle, de la féodalité aux Lumières, Paris, 1976. p. 53-59, note la relative fermeture des anoblissements, les lettres d’enregistrements coûtent 6 000 livres ; on compte pour le second XVIIIe, 22 artistes et intellectuels et 12 ingénieurs avec montée des inventeurs (comme Philippe de Lassale) qui incarne ce modèle culturel de l’élite du royaume.

    94 MAE. FM-X Lettre du 12 janvier 1784 de l’abbé à Étienne de Montgolfier.

    95 Archives nationales F12 1477. Manufactures. Papeterie. Dossiers Montgolfier et Réveillon.

    96 Gazette de Leyde, 5 décembre 1783, no XCVII. Le périodique rapporte l’importance donnée par le gouvernement français à la découverte, dont il est question en conseil.

    97 Les signatures ont lieu début septembre à Versailles, et la célébration de la paix est proclamée par la suite, les Te Deum ont lieu dans les diverses capitales régionales dans le courant du mois de décembre.

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    Ce livre est cité par

    • Stewart, Larry. (2013) In Praise of Ordinary People. DOI: 10.1057/9781137380524_5
    • (2022) Paris savant. DOI: 10.3917/arco.belho.2022.01.0315
    • Rosental, Claude. (2017) Cultures without Culturalism. DOI: 10.1215/9780822373094-008
    • Montandon, Alain. (2022) Petite bibliographie sélective. Romantisme, n° 197. DOI: 10.3917/rom.197.0125
    • Giraudeau, Martin. (2018) Proving Future Profit: Business Plans as Demonstration Devices. Osiris, 33. DOI: 10.1086/699293
    • Simard-Houde, Mélodie. (2019) Porter le journal jusqu’aux nues. Mémoires du livre, 10. DOI: 10.7202/1055407ar

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