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Jeunesse et discrimination

 | 
Piero-Dominique Galloro
, 
Antigone Mouchtouris

Des lieux et des jeunes. Regards croisés sur un phénomène perçu comme préoccupant

Gilles Henry

Texte intégral

Des lieux et des jeunes : un phénomène perçu comme préoccupant

  • 1 Antenne 2, lors de l’émission, Envoyé Spécial, du jeudi 22 mars 2007 à 20h50 diffuse un reportage a (...)
  • 2 Le matin même, France Inter, lors de son 7h-9h30, accueille José Bové à 8h20, en campagne pour l’él (...)
  • 3 Le Républicain Lorrain, 09 Mars 2003.

1Le présent article traite de la question des regroupements de jeunes gens dans des lieux situés dans le territoire de résidence de leur cercle familial. Il s’appuie sur une recherche que nous avons menée dans le département de la Moselle, non spécifique du phénomène et qui débouche sur la soutenance d’une thèse de doctorat en sociologie à l’Université Paul Verlaine de Metz, en janvier 2009. Il tente de donner un éclairage particulier sur un phénomène qui se manifeste par sa visibilité et qui suscite plus souvent des polémiques qu’il ne fait l’objet d’une acceptation bienveillante par ceux qui le côtoie au quotidien. Il est observable par tout un chacun, en milieu urbain, périurbain et rural. En effet, qui n’a pas déjà vu au détour de ses déambulations la présence ici ou là de petits groupes de jeunes gens ? Ceux-ci appartiennent à une classe d’âge que nous situons entre 13 et 25 ans. Le phénomène se manifeste par l’appropriation sur le territoire de résidence de leur cercle familial, de lieux tels que : halls d’entrée, paliers, pieds d’immeuble, abribus, bancs publics, lavoirs et bien d’autres niches que l’espace public, semi-public ou privé, peut offrir à cette fin. Les plus emblématiques de ces lieux appropriés sont les halls d’entrée en milieu urbain et les abribus en milieu périurbain et rural. Force est de constater que le phénomène ne laisse pas indifférent. Suscitant des polémiques, il est souvent montré dans les médias1 comme une des causes du supposé climat d’insécurité, où des jeunes gens d’une classe d’âge allant de 13 à 25 ans, se trouvent systématiquement désignés, notamment à l’approche de la précédente campagne électorale de 2007, en vue de l’élection présidentielle2, mais pas seulement. En 2003, le maire de la commune mosellane d’A. (647 h)3 avait instauré un « couvre-feu pour mineurs », interdisant à tout adolescent de moins de 18 ans de circuler entre 22h00 et 6h00 du matin sans être accompagné de ses parents, de participer à des rassemblements et de faire du bruit.

  • 4 Le Républicain Lorrain, 05 novembre 2009.
  • 5 Le Républicain Lorrain, 17 juillet 2011.

2Aujourd’hui, ce phénomène semble toujours, faire plus l’objet de la réprobation sociale, que de la bienveillance des résidents qui le côtoient quotidiennement, quand il n’est pas considéré comme criminogène. En novembre 2009, le maire d’une autre commune mosellane, celle de V.F. (522h)4, réglemente l’accès à la place de l’abreuvoir et à la voirie y attenant. Un arrêté interdit sur cette place, entre 22h00 et 6h00 du matin, les jeux de ballon ainsi que tout rassemblement, sauf dérogation pour ceux qui auront fait l’objet d’une autorisation de la mairie. Il est remarquable de constater que même l’interdiction de jouer au ballon est notifiée dans cet arrêté. Et plus récemment, en juillet 2011, celui de la commune d’E. (1758h)5 promulgue un arrêté interdisant les regroupements de plus de deux personnes sur la voie publique dans l’ensemble des rues d’un de ses lotissements périphériques, et ce, « du 1er mars au 31 octobre entre 18h00 et 6h00 du matin, du lundi au jeudi, et entre 12h00 et 8h00 du matin, les vendredis, samedis, dimanches et jours fériés ». Il est précisé que le non-respect de ces interdictions peut faire l’objet d’une « contravention de 1ère classe punie d’une amende pouvant s’élever à 38 € ». Entre « atteinte tranquillité publique » et trouble de la quiétude, la frontière semble si ténue que tout atermoiement d’un résident se plaignant de la présence d’un groupe de jeunes gens, sous sa fenêtre ou à proximité de son pavillon, pourrait être interprété dans un sens comme dans un autre.

La « tranquillité publique » : un enjeu de politique publique

3La tranquillité publique devient, au nom du supposé climat d’insécurité, un enjeu de politique publique. Force est de constater que l’émergence de ce phénomène ici ou là, constitue encore et toujours un facteur déclencheur de tensions entre les jeunes gens qui en sont à l’origine, les résidents qui le côtoient dans sa proximité, et les maires qui sont amenés à prendre des décisions allant, soit dans le sens de la répression, soit dans celui de la prévention.

4La première option consiste, pour le premier magistrat de la commune, au titre de la répression des atteintes à la tranquillité publique, à promulguer un arrêté interdisant tout regroupement de plus de deux personnes de 18h00, 20h00 ou 22h00 à 6h00 du matin, du 1er mars au 31 octobre, par exemple. C’est sur la base de l’article L.2212.1 du Code Général des Collectivités Territoriales que celui-ci agit dans une telle circonstance. En effet, le maire est chargé, sous le contrôle de l’État dans le département, de la police municipale, de la police rurale et de l’exécution des actes de l’État qui y sont relatifs. Outre le fait qu’il soit responsable de la police municipale et rurale, cet article précise qu’il est chargé de faire appliquer les textes édictés par la puissance publique. L’article L.2212.2 de ce même code précise que la police municipale a pour objet d’assurer le bon ordre, la sûreté et la salubrité publique. Elle a notamment le devoir de réprimer les atteintes à la tranquillité publique, telles que les rixes et disputes accompagnées d’ameutement dans les rues, le tumulte excité dans les lieux d’assemblée publique, les attroupements, les bruits, y compris les bruits de voisinage, les rassemblements nocturnes qui troublent le repos des habitants et tous actes de nature à compromettre la tranquillité publique. A cette possibilité de promulguer des arrêtés et avant d’en arriver à cette posture extrême, le maire peut faire préalablement procéder à des contrôles inopinés d’identité par la police ou la gendarmerie nationale aux endroits où se retrouvent ces jeunes gens. La démarche des forces de l’ordre a comme objectif implicite de dissuader ces jeunes gens à ne plus s’y donner rendez-vous, face à l’impossibilité de leur interdire de s’y trouver au moment de leur passage, s’agissant de l’espace public, et dans la mesure où il est constaté qu’ils ne portent pas atteinte à la tranquillité publique. En effet, parler au coin d’une rue ou sous un abribus, voire éclater de rire, n’est pas encore interdit par la loi, même après 22h00.

5La seconde est complémentaire de la première. Elle se traduit dans la plupart des grandes villes, par la mise en place de dispositifs se référent au concept de médiation, où des agents dits de « médiation », à travers une présence assidue et visible dans des espaces repérés comme sensibles, assurent une fonction de dissuasion d’éventuels passages à l’acte. Les transports en commun, sur certaines lignes qualifiées de sensibles peuvent être concernés. C’est par le dialogue que ces agents sont censés dissuader les éventuels passages à l’acte. Leur visibilité est fondamentale. Elle a pour fonction essentielle de rassurer les usagers et de permettre un usage paisible de ces espaces.

  • 6 Circulaire du 15 décembre 1997 relative aux agents locaux de médiation sociale, adressée aux préfet (...)
  • 7 Notamment les éducateurs spécialisés des associations de prévention spécialisée qui s’appuient sur (...)
  • 8 La ville de Nantes a créé une Direction de la Sécurité et de la Tranquillité Publique, celles de Ro (...)
  • 9 « Les incivilités sont définies comme l’ensemble des désordres échappant aux sanctions du Code péna (...)
  • 10 Comité National de Liaison des Associations de Prévention Spécialisée.
  • 11 « Éducateurs de rue et médiateurs sociaux : oser la coopération », in Actualité Sociale Hebdomadair (...)

6Cette nouvelle forme d’intervention sociale est de nature différente de celle du travail social traditionnel dont les missions ne se sont jamais inscrites dans des logiques de sécurisation des espaces publics et de territoires dits sensibles. Une des caractéristiques des personnes affectées à ces fonctions est leur connaissance des publics susceptibles de partager les espaces à sécuriser, souvent du fait de leur statut d’habitant des espaces urbains concernés. L’origine de ces nouveaux modes d’interventions dans l’espace public est à rechercher dans la circulaire du 15 décembre 1997 signée par les Ministres de l’Emploi, de la Solidarité et de l’Intérieur de l’époque6. Les collectivités territoriales et les associations sont alors invitées à créer des emplois d’« Agents Locaux de Médiation Sociale », au titre d’un dispositif baptisé « Nouveaux Emplois – Nouveaux Services ». Pour ce faire, elles bénéficient de contrats d’insertion aidés par l’État à hauteur d’environ 80 % du SMIC. Ces agents d’un nouveau type se doivent d’intervenir à la lisière des missions déjà dévolues aux policiers ainsi qu’à une partie des travailleurs sociaux7, sans ne jamais être assimilés à ces deux métiers. Quand ils sont employés par les communes, ils interviennent généralement en complémentarité de l’action la police municipale. Pour accentuer leur visibilité dans l’espace public, ils portent une tenue vestimentaire spécifique qui les singularise des passants. Ces deux corps professionnels travaillent en très étroite collaboration et en toute transparence. Certaines villes ont transformé ces emplois en de véritables métiers, avec un référentiel et une formation professionnelle adaptée. C’est sous l’égide d’une grande direction qui intègre dans son libellé le souci de préserver la tranquillité publique qu’ils développent leur action8. Nous qualifions de « situationnelle (Robert, 1991 : 16-17) » cette forme d’intervention, complémentaire de celle de la police (municipale ou nationale). Elle vise à modifier les situations pour les rendre moins favorables au développement de comportements incriminables, en dissuadant les éventuels passages à l’acte ainsi que le développement des incivilités (Roche, 1996 : 86-999). Elle cible les victimes potentielles qui sont censées se sentir rassurées par la présence visible dans l’espace publique de ces agents que nous qualifierons d’un « troisième type », à l’intersection des métiers de l’action sociale et de la sécurité, et qui portent, en fonction de leur mission, le titre d’« agent de médiation », « médiateur de proximité », « correspondants de nuit », « médiateurs sociaux », « agent de dialogue », etc. La question de l’articulation de leur mission avec celles des éducateurs spécialisés se pose dans certains quartiers, du fait positionnement éthique de ces deux métiers. Le président du CNLAPS10 affirme que ces nouvelles formes d’intervention représentent un nouveau besoin dans notre société, relatif à la tranquillité publique, et pas seulement à la sécurité publique11. Est-il possible de concilier une approche sécuritaire avec une démarche éducative fondée sur l’anonymat et la libre adhésion ?

7La troisième option vise à soutenir le développement d’actions socioculturelles et sportives avec, dans certaines situations, la mise à disposition d’une salle à partir de laquelle peuvent naître des projets. Dans leur perception du phénomène, un certain nombre d’élus considèrent encore que c’est par ce qu’ils s’ennuient que les jeunes « traînent dans la rue » et que, pour éviter cela, il faut leur proposer des activités et une salle pour se réunir. L’adage qui consiste à dire que l’oisiveté est la mère de tous les vices, fonctionne encore et toujours, comme un des présupposés fondateurs des politiques publiques en direction de la jeunesse. Le droit à ne rien faire semble proscrit. Lors de nos déambulations, l’adjointe au maire de la commune de N. (1853h) nous dit :

« Ce que notre génération supporte mal, c’est le désoeuvrement de ces jeunes. De notre temps, on traînait aussi dans la rue et c’était bien ! Mais aujourd’hui, ce n’est plus ce que c’était ! Notre proposition à nous, élus, était d’ouvrir un « foyer des jeunes », style de ce qu’on offrait aux jeunes dans le temps ! On a tendance à tourner en rond ! On ne sait pas vraiment ce que les jeunes veulent ! Et puis, quand j’interroge mon fils de 22 ans, sur les besoins des jeunes, il me répond qu’aujourd’hui, un abribus suffit ! C’est selon lui, le symbole d’un lieu ouvert sur l’extérieur qu’on s’approprie. Pour consommer de la bière ou je ne sais quoi entre copains, ça peut suffire ! »

8La sempiternelle réponse du foyer est toujours avancée comme un point de départ, susceptible de contribuer à dissuader les jeunes gens de se retrouver dans un lieu qu’ils se sont appropriés dans l’espace public. Or, la réalité des pratiques montre qu’il n’en est rien. L’ouverture d’une salle n’empêche pas le phénomène d’exister.

  • 12 C’est le cas notamment de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle.

9Les réflexions autour de la coordination des actions s’inscrivant dans le cadre de ces trois options, s’élaborent le plus souvent au sein de Conseils Locaux de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CLSPD), et ce, principalement dans les grandes villes qui en disposent. Certains départements initient des politiques en direction de la jeunesse, en complément de l’action des équipes de prévention spécialisée qu’ils financent par ailleurs, et en partenariat avec des communes et des communautés de communes avec lesquelles ils contractualisent12. Ces politiques affichent l’ambition d’inciter les jeunes gens qui ne fréquentent pas les activités socio-éducatives et sportives à s’y inscrire. Elles soutiennent financièrement les initiatives qui concourent à cet objectif, en encourageant l’établissement de passerelles entre les associations socioculturelles et sportives et les équipes de prévention spécialisée quand il en existe.

10Bref, là où cette mobilisation de moyens se déploie, le phénomène dérange quand il n’est pas perçu comme suspect. En fonction des territoires où il se développe, les tentatives pour le circonscrire se traduisent par la mise en oeuvre de programmes d’actions qui oscillent entre la répression et la prévention. Dans les rhétoriques de légitimation de ceux-ci, la jeunesse est en général évoquée comme un tout homogène, sans qu’il soit fait la distinction d’une catégorie à cibler en particulier. Dans les diagnostics locaux de sécurité, les dégradations constatées sont souvent implicitement associées à la présence de ces groupes de jeunes gens dans l’espace public. Les parents sont généralement rendus responsables de ce qui se passe. Il existe aussi des territoires où le phénomène est accepté avec une relative bienveillance, en milieu urbain, périurbain et rural. Il ne s’agit pas non plus de noircir le tableau.

11Notre article s’inscrit dans la modeste ambition d’éclairer le débat que suscite l’émergence de ce phénomène en milieu urbain, périurbain et rural. Il fait bien évidemment écho, d’une part à toutes les décisions prises ici ou là, par des maires, pour interdire, à tort ou à raison, les regroupements de jeunes gens au sein de leur commune et, d’autre part, à toutes les initiatives en matière de prévention qui sont développées pour tenter de l’endiguer ou au moins d’en réduire ses effets sur l’opinion publique, toujours au nom du supposé sentiment d’insécurité.

Les jeunes feraient-ils peur ?

  • 13 Le Courrier des Maires, Mars 2003.
  • 14 Considérant les halls d’immeubles comme des lieux d’insécurité, la loi sur la sécurité intérieure d (...)
  • 15 Le Républicain Lorrain, 09 Mars 2003.

12Ce à quoi nous assistons, n’est-ce pas une manière de poser à nouveau la question des relations entre les adultes et les jeunes gens de la cité ? Les jeunes feraient-ils peur ? Faudrait-il s’en protéger ? En tout cas, le langage utilisé pour en parler, nous paraît plus proche de celui d’un état major de corps d’armée que de celui d’un cabinet d’architecte ou d’une agence d’urbanisme. Ils « occupent » les entrées d’immeuble, comme un ennemi extérieur occuperait le territoire qu’il viendrait d’envahir et la « bataille des halls13 » semble être déclarée à grand renfort de dispositifs de lutte contre leurs occupants et de textes législatifs transformant le phénomène en délit14. Nous entendons fréquemment des professionnels du travail social, utiliser le terme guerrier de « en première ligne (Henry, 2009 : 39) » pour évoquer leur travail en direction de ces jeunes gens. Certains maires expriment, comme nous l’avons déjà montré, la volonté d’installer un « couvre-feu15 », dispositif en général appliqué pendant les périodes de trouble grave de l’ordre publique, voire de guerre. Sur le plan de la rhétorique, c’est souvent la métaphore guerrière qui supplante les discours inspirés par la raison, pour évoquer la manière de circonscrire et contrôler ces groupes de jeunes gens. Ces derniers ne sont-ils pas les enfants de résidents des territoires où se développe ce phénomène ? Ces rassemblements de jeunes gens sont ils suspects ? Qu’on soit habitant d’un village de 250 habitants qui ne défraie pas la chronique des faits divers ou résidant d’un quartier urbain d’une grande ville, faut il s’en protéger ?

Le phénomène n’est pas récent

13Djamel, âgé de 38 ans au moment de notre rencontre, habite toujours le quartier urbain de son enfance, à quelques entrées de celle de ses parents. Il témoigne :

« On fréquentait trois lieux où on était presque scotchés, tous les jours et aux mêmes heures. Il y avait la barrière d’école, située derrière l’immeuble, quand il faisait beau et avant que la nuit tombe, puis le hall d’entrée, le week-end et la nuit quand il flottait, et enfin le fort, vieil ouvrage de la ligne Maginot, situé à l’entrée de notre quartier. Et aujourd’hui, rien n’a changé ! ».

14Quant à Stéphane, âgé de 20 ans lors de notre passage dans son village de 580 habitants, il nous dit :

« L’abribus c’est notre QG et on s’y retrouve avec des potes tous les soirs de la semaine ».

Des espaces de paroles impossibles ailleurs

15Le nombre d’individus composant les groupes de jeunes gens rencontrés varie entre 5 et 10. La classe d’âge dont ils sont membres, oscille entre un minimum de 13-14 ans et un maximum de 25-26 ans, ces deux extrêmes ne s’y côtoyant jamais dans la mesure où les regroupements s’organisent par affinité d’âge. Ils sont résidents du territoire où se situent les lieux qu’ils s’approprient avec d’autres. Ils s’élisent entre eux et se choisissent librement (Bidart, 2004) sur des critères précis. En effet, ils sont sensiblement du même âge, partagent les mêmes goûts, les mêmes références culturelles, la même manière de s’habiller, le même vocabulaire et adoptent les mêmes postures. Ils représentent néanmoins une part infime de leur classe d’âge, difficile à quantifier, car très variable d’un territoire à un autre. Les groupes sont majoritairement homogènes sur le plan sexuel, sauf exceptions observées en milieu périurbain et rural. Ils sont mixtes sur le plan ethnique dans des territoires où sont présents des habitants issus de l’immigration. Le nombre restreint de leurs membres est propice à la discussion. Ce constat nous permet de considérer qu’il s’agit de « groupes primaire (Anzieu, 2004 : 38-39) ». Il permet à chacun d’eux de percevoir individuellement les autres, développant ainsi la possibilité de nombreux échanges interindividuels. Les relations affectives entre les membres sont relativement intenses, allant jusqu’à produire le départ volontaire de certains membres n’y retrouvant plus leur compte. C’est bien l’affinité entre les membres qui fait la cohésion de ces groupes, mais aussi leur fragilité. La façon la plus simple de décrire une telle totalité est de dire qu’elle est un « nous (Cooley, 1909) ». En effet, entre tous les membres de ces « nous », les liens personnels sont intimes, chaleureux et chargés d’émotion.

16Déborah, âgée de 14 ans et rencontrée en présence de ses amies dans un square d’une commune de 23 000 habitants, nous livre son témoignage :

« On se retrouve, intimement pour délirer et discuter calmement. Je me confie et avec tout notre petit groupe, on refait le monde. ».

17S’agissant de « groupes primaires » réunissant des jeunes gens désireux de se retrouver pour discuter, se faire plaisir, être entre eux hors la présence d’adultes pour « refaire le monde », nous constatons que tout y est partage. Que ce soient les émotions, les confidences, les états d’âme à propos de tel ou tel sujet d’actualité, les ruptures ou les conquêtes amoureuses, les ennuis familiaux, la nourriture que chacun amène en fonction de ses moyens (paquets de gâteaux, sandwichs, etc.), ou bien la boisson (eaux minérales, jus de fruits, bière, sodas, mixtes et autres alcools forts comme la Vodka), sans oublier le tabac et le shit, de plus en plus présent dans les habitudes de consommation.

18En dehors de ces lieux, ils sont soit chez eux, soit à l’école (collège, lycée), ou bien à leur travail pour les plus âgés d’entre eux. Tous sont encore tributaires d’adultes qui se trouvent être pour la plupart d’entre eux, leur(s) parent(s). Ces « nous » constituent des « espaces de paroles impossibles ailleurs (Henry, 2009) ». Cet autre témoignage de Djamel confirme :

« C’était notre clope qu’on fumait, nos blagues qu’on se racontait (…) Des trucs qu’on causait pas avec la famille (…) A cet âge, quand tu commençais à avoir des pulsions, quand t’avais envie d’être avec une gonzesse, que t’avais envie de sortir tard la nuit, c’était pas avec tes parents que t’en parlais (…) Quand t’en parlais, tu te faisais jeter ! ».

19En aucun cas, il ne s’agit de bandes. En effet, la bande renforce sa cohésion interne en se dotant généralement de leaders, d’épreuves d’entrée, d’une unité de style et en se distribuant souvent des pseudonymes (Dubet, 1987). Elle s’impose souvent dans des territoires qui possèdent généralement une unité ethnique ou sociale assez forte, impliquant des affrontements avec d’autres bandes afin d’en contrôler les accès. Il peut s’agir d’un quartier ou d’une partie de celui-ci, de cafés ou bien d’emprises territoriales consacrées au développement d’activités illicites. Ces groupes de jeunes gens ne sont pas non plus assimilables aux groupes dont l’organisation est dédiée au trafic de produits stupéfiants, qui peuvent s’installer dans un hall d’immeuble et que nous classerons la catégorie des « groupe secondaires » au sens de la typologie d’Anzieu et Martin. Leur composition est structurée autour de l’objectif de vendre. Chaque membre est affecté à une mission qui concourt à cet objectif (guetteur, rabatteur, vendeur).

20Seul l’attachement au territoire de résidence de son cercle familial, reste commun à ces deux formes d’organisation. Le quartier fait figure de « support d’identité essentiel (Lepoutre, 1997 : 104) » pour les jeunes. Il en est de même pour le village. La référence au territoire de résidence du cercle familial est une posture commune à ces « nous », qu’ils résident en milieu urbain, périurbain ou rural. Les « marqueurs signets (Goffman, 1973 : 55) » témoignent de ce fort attachement : « LTG 57 », pour se revendiquer du village mosellan de L. (752 h), « RTF » pour R. (1372 h), « Bledlainville 5-7 » pour B. (598 h), « KSC » pour K. sur C. (1183 h), « HDV » pour le quartier messin des H. de V., « HBF » pour celui d’H.-B.-F., voire tout simplement le nom du quartier quand celui-ci a atteint un certain niveau de notoriété, au titre d’incidents qui ont fait l’objet d’une sur-médiatisation.

Des « aires intermédiaires d’expérience » entre chaos et cosmos

  • 16 Ensemble des récits mythiques qui expliquent la naissance de l’univers et son évolution.

21Pour procéder à l’analyse de ce phénomène, nous prenons l’option de sortir du « concept de l’espace géométrique », homogène et neutre, caractérisé par le fait qu’aucune rupture, ne différencie qualitativement les différentes parties de sa masse, en croisant des regards sociologiques et philosophiques. Nous choisissons de nous centrer sur l’« expérience de l’espace », qui fait qu’à un moment donné le lieu approprié est vécu comme qualitativement différent par ses occupants, à savoir : heureux, aimé et louangé (Bachelard, 2004). Cette approche nous permet de dépasser les problèmes de description en montrant comment des jeunes gens s’installent jour après jours dans un « coin du monde (Bachelard, 2004 : 24) », voire un « cosmos » dans toute l’acceptation de ce terme, en référence à la cosmogonie16. Ils vivent d’une certaine manière une forme de « primitivité » qui appartient à tous, riches ou pauvres, à partir du moment où ils acceptent de rêver (Bachelard, 2004 : 26). Ces jeunes gens établissent, d’une certaine manière, des « liens anthropocosmiques (Bachelard, 2004 : 24) » avec le lieu qu’ils s’approprient. Cette perspective nous invite à préciser le caractère sacré du processus d’appropriation. Le lieu approprié par ces jeunes gens, n’est pas n’importe quel espace, fût-il un abribus ou un hall d’entrée. Tout espace sacré implique une « hiérophanie », c’est-à-dire, « une irruption du sacré qui a pour effet de détacher un territoire du milieu cosmique environnant, de le rendre qualitativement différent (Eliade, 1965 : 29) » pour devenir un « coin du monde ». En s’appropriant ces lieux, ces jeunes gens s’engagent dans un processus de « cosmisation » pour se préserver du « chaos » et « refaire le monde ». Le lieu devient alors un « espace sensé, approprié à nos sens, un espace qui nous convient, habité ou habitable (Goetz, 2001 : 29) ».

22Le processus d’appropriation d’un lieu n’implique donc pas seulement la « délimitation objective d’un lieu géographique ». Sa valeur est essentiellement existentielle. Elle « circonscrit pour chacun le champ du familier et de l’attachant (Zourabichvilli, 2003 : 28-29) », elle « marque les distances avec autrui » et « protège du chaos ». Ne serait-ce qu’en parlant entre eux, les membres du groupe font déjà l’expérience de « plus de société (Simmel, 1908) ». Nous empruntons le concept d’« aire intermédiaire d’expérience (Winnicott, 1975) » à Donald W. Winnicott pour qualifier la principale fonction de ces lieux appropriés par des jeunes gens dans le territoire de résidence de leur cercle familial.

Un processus dynamique, malgré les apparences

23L’apparente immobilité qui se donne à voir, à travers le cliché de jeunes gens « qui tiennent les murs », n’est-elle pas qu’une illusion ? Les regards de Gilles Deleuze et Félix Guattari, nous permettent de lever en partie le voile sur cette question. La perspective d’un mouvement permanent est présente à travers le point de vue qu’ils développent sur le territoire comme « produit de la territorialisation des milieux et des rythmes (Deleuze-Guettari, 1980) ». En effet, la vie quotidienne de ces jeunes gens ne se résume pas uniquement à leur seule présence dans ces lieux qu’ils s’approprient avec d’autres le temps d’une soirée, voire plus, sur une période pouvant aller de trois mois à plusieurs années selon les individus. Pour transposer ce regard à notre objet de recherche, nous interprétons la notion de « milieux » comme étant les espaces qui participent du processus de socialisation (famille, école, associations, groupes de pairs, rue, etc.), chacun de ses « milieux » disposant de ses propres codes, et nous gardons la notion de « rythme » telle qu’ils la définissent, comme « passage transcodé d’un milieu à un autre ». Pour ces deux auteurs, il y a territoire quand le « rythme » devient expressif.

24L’expressivité est première par rapport au possessif, les qualités expressives étant forcément appropriatives. Le processus d’appropriation du lieu s’accomplit une fois la manifestation de cette expressivité. Le lieu approprié devient territoire pour ces jeunes gens, parce qu’il est le produit d’une territorialisation momentanée des « milieux » et des « rythmes » dont chacun d’eux est lui-même la résultante ou le produit (Henry, 2009). Le lieu, en tant que passage transcodé d’un « milieu » à un autre, est lui-même un « rythme ». Il devient « expressif » par la simple présence de ces jeunes gens qui le marquent d’« indices » provenant de tous les « milieux », à commencer par eux-mêmes quand ils s’y retrouvent, sans oublier les autres formes de marqueurs qu’ils laissent en rentrant chez eux.

25Enfin, pour ces deux auteurs, le « rythme » ou « passage entre deux milieux », n’agit pas comme une cadence avec sa régularité et son tempo, il est « inégal et incommensurable », « toujours en transcodage ». Le mouvement est permanent, malgré les apparences de ce qui se donne à voir. Les jeunes gens restent dans le lieu qu’ils s’approprient, le temps qu’il faut, en fonction de leur propre rythme.

La thèse ambiguë de l’agressivité, comme base du territoire

26Chez Gilles Deleuze et Félix Guattari, c’est la critique des thèses de l’éthologue Konrad Lorenz qui nous séduit, dans le passage traitant des « poissons de corail (Henry, 2009 : 185) ». Contrairement à cet auteur, ils voient à travers la couleur de leur robe, l’expressivité comme première et non l’équivalent d’un étendard montrant qu’un territoire a trouvé un propriétaire définitif, prêt à tout pour le défendre. En effet, ils considèrent que la thèse qui consiste à dire qu’il existe un lien entre la conduite agressive et le territoire est « ambiguë », dans le sens où mettre l’agressivité à la base du territoire a des « résonances politiques dangereuses (Deleuze-Guettari, 1980 : 388) ». Pour eux, le facteur « T » ou « facteur territorialisant » doit être recherché ailleurs que dans l’instinct d’agression d’une même espèce. Effectivement, les retours de témoignage montrent que la motivation première de ces jeunes gens est tout simplement de se retrouver « entre eux » et non de s’approprier un lieu dans le but de le défendre coûte que coûte, contre d’éventuels agresseurs. L’analyse des interactions montre que les excès de violence de part et d’autre, ne portent pas sur le lieu approprié à défendre coûte que coûte, contre des agresseurs potentiels, mais sur la qualité des relations entre des jeunes gens qui y sont installés et ses autres usagers potentiels, ces derniers leur contestant cette possibilité de se réunir. De même, cette analyse montre que ces jeunes gens peuvent dans certains cas être capables d’anticiper les réactions de mécontentement potentiels en mettant en place des actions telles que le nettoyage systématique du lieu, tenir la porte aux usagers du hall d’entrée, aider à porter les courses ou à déménager, etc. Le témoignage de Youssef nous semble significatif de cet état d’esprit :

« Les gens savaient où nous trouver. On donnait des coups de mains de temps en temps. J’ai plein d’anecdotes en tête comme par exemple : une famille nombreuse avait besoin d’un coup de main pour monter tous les meubles d’une salle à manger au 6ème étage, puis tout installer une fois sur place. Une autre fois, une maman avait besoin qu’on l’aide à monter ses courses. Une autre fois encore, des grands de 16/17 ans venaient de taper des jeunes de 11/12 ans. Les parents de ces jeunes sont venus nous voir et c’est nous qui sommes allés leur donner la leçon ».

27Il s’opère dans ces situations des « transactions sociales (Voyé, 1992) ». La prise en compte des attentes de l’autre participe de cette dynamique, chacun jaugeant les conséquences pour lui de telle ou telle prise de position ou de tel ou tel acte posé. Pour Maurice Blanc, la transaction sociale présente l’avantage de prendre en compte la constitution des positions des acteurs, avec leurs limites et leurs possibilités. Dans le cas de figure qui nous préoccupe, les acteurs occupent des positions inégalitaires et le rapport qu’ils subissent est un rapport de domination. Pour cet auteur, les acteurs dominés disposent d’une certaine marge de manœuvre et la domination connaît des limites qu’on ne transgresse pas impunément (Blanc, 2002 : 274). Pour lui, un acteur habile est celui qui pousse au maximum son avantage sans pour autant dépasser la limite. Les jeunes gens montrent que dans certaines situations, ils peuvent se montrer habiles, comme ils peuvent aussi dépasser les limites de l’acceptable. Ce témoignage de Djamel en dit long sur cet aspect :

« Tout le monde nous connaissait et personne ne nous parlait. Dès qu’on était en groupe et qu’il y avait un adulte qui passait à côté de nous, il se passait deux choses. Soit tout de suite, des insultes et de la bagarre ! Soit la personne faisait un écart pour nous éviter ! Pourtant, une personne qui ne nous connaissait pas et qui, passant à côté de nous, répondait à notre « bonjour », ça nous faisait vraiment plaisir ! Mais si elle ne nous répondait pas, alors, c’était tout de suite des insultes de notre part ! ».

Entre déficit de régulation et délinquance

28L’analyse des conséquences du phénomène sur le plan politique, pose la question de sa non régulation par les habitants eux-mêmes. Elle interroge également la mise en place d’expériences ici ou là, susceptibles de se substituer par défaut à cette régulation, au nom de l’objectif visant à réduire le sentiment d’insécurité ressenti par les habitants des territoires concernés. Des « correspondants de nuit » et des « agents de médiation » finissent par se substituer aux habitants (Henry, 2009), pour ne citer que ces deux exemples. Les objectifs dévolus à leurs missions sont des plus ambitieux. En effet, ils doivent, souvent sans aucun niveau de qualification requis et sans aucune formation préalable, rattraper tout ce que les autres acteurs (parents, enseignants, éducateurs spécialisés, animateurs socioculturels, policiers, magistrats, chauffeurs de bus, concierges, habitants, etc.) n’ont pas réussi à empêcher, à savoir : les actes que les décideurs (élus et opérateurs de politiques publiques) qualifient d’incivisme ou d’incivilité en tant que, constitutifs d’une forme de « désordre échappant aux sanctions du Code pénal (Roché, 1996) ». Entre déficit de régulation et délinquance, tel est le dilemme qui se pose à nous. Selon François Dubet, la régulation est entendue comme la série de réajustements réciproques qui permettent à un groupe de préserver son intégration et son unité. Celle-ci peut prendre un caractère « spontané » quand elle résulte d’une densité d’interactions qui règlent une foule de petits problèmes. Elle est à ce moment là, l’expression du contrôle social lorsqu’il se réalise dans la communauté de vie elle-même, sans recours à une institution particulière, généralement sans le recours de l’État (Dubet, 1987). Quelle lecture pouvons nous avoir de ce phénomène ? Nous considérons, en tout cas, que ces regroupements de jeunes gens dans des lieux qu’ils s’approprient dans le territoire de résidence de leur cercle familial, doivent être lus comme des « analyseurs du social dans sa tension entre socialisation et désocialisation (Joseph, 1984 : 20) ». Le couple « socialisation - désocialisation » doit nous inviter à abandonner le concept de « pathologie sociale » pour évaluer les conséquences de ce phénomène en terme de déviance. C’est plus en termes de « désorganisation partielle et transitoire » s’inscrivant dans une « sociologie de l’adaptation », que nous lisons le phénomène qui nous préoccupe en tant que chercheur. Nous considérons sans angélisme aucun, les jeunes gens de ces lieux comme à la fois « insérés et exclus, dedans et dehors, périls et ressources (Vulbeau, 2002) ».

Bibliographie

Références bibliographiques

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Notes

1 Antenne 2, lors de l’émission, Envoyé Spécial, du jeudi 22 mars 2007 à 20h50 diffuse un reportage ayant pour titre, Retour sur l’Ain où Jean Marie LE PEN était arrivé en tête en avril 2002, est filmé le témoignage d’un maire expliquant pourquoi il vient de faire démonter deux bancs publics sur lesquels se retrouvent, des jeunes gens.

2 Le matin même, France Inter, lors de son 7h-9h30, accueille José Bové à 8h20, en campagne pour l’élection présidentielle de 2007, et diffuse le témoignage d’une enseignante dénonçant la présence dans sa cage d’escaliers d’un groupe de jeunes gens qui s’y retrouvent tous les jours, pour manger, boire et fumer, et qui en repartent en laissant leurs détritus sur place.

3 Le Républicain Lorrain, 09 Mars 2003.

4 Le Républicain Lorrain, 05 novembre 2009.

5 Le Républicain Lorrain, 17 juillet 2011.

6 Circulaire du 15 décembre 1997 relative aux agents locaux de médiation sociale, adressée aux préfets par les ministres de l’Intérieur et de Défense. Accompagnée d’une charte d’objectifs signée par Madame Martine Aubry, Ministre de l’Emploi et de la Solidarité et Jean Pierre Chevènement, Ministre de l’Intérieur, elle invitait les employeurs potentiels de ces « agents locaux de médiation sociale » à s’appuyer sur le dispositif « Nouveaux services, nouveaux emplois » pour développer ce type d’action, en veillant à ce que le recrutement reflète le plus fidèlement possible la diversité des habitants des villes et des quartiers où ils sont amenés à intervenir.

7 Notamment les éducateurs spécialisés des associations de prévention spécialisée qui s’appuient sur le travail de rue pour assurer leur mission.

8 La ville de Nantes a créé une Direction de la Sécurité et de la Tranquillité Publique, celles de Rouen et de Bobigny, une Direction de la Tranquillité Publique, etc.

9 « Les incivilités sont définies comme l’ensemble des désordres échappant aux sanctions du Code pénal. (…) Il s’agit d’une notion sociale et non pas juridique. Les incivilités engagent l’ordre social ordinaire tel qu’il est souhaité et parfois négocié dans la vie quotidienne ».

10 Comité National de Liaison des Associations de Prévention Spécialisée.

11 « Éducateurs de rue et médiateurs sociaux : oser la coopération », in Actualité Sociale Hebdomadaire, 24 août 2011 - n° 2721, pp 30-33.

12 C’est le cas notamment de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle.

13 Le Courrier des Maires, Mars 2003.

14 Considérant les halls d’immeubles comme des lieux d’insécurité, la loi sur la sécurité intérieure du 18 mars 2003 et la loi de prévention de la délinquance du 05 mars 2007, prévoient des peines de prison de deux mois ainsi que des amendes pouvant atteindre 3750 € pour sanctionner les attroupements qui s’y développent.

15 Le Républicain Lorrain, 09 Mars 2003.

16 Ensemble des récits mythiques qui expliquent la naissance de l’univers et son évolution.

Auteur

Sociologue
Laboratoire 2L2S
Université de Lorraine

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