Reconstruction de l’université Toulouse le Mirail
L’esprit de Georges Candilis
p. 191-212
Texte intégral
1L’architecture de l’université de Toulouse II-le Mirail a été largement évoquée dans plusieurs publications récentes1 et plus particulièrement, en décembre 2013, dans les actes du colloque Conservation-restauration de l’architecture du Mouvement Moderne : l’exemple de l’université Toulouse II-Le Mirail de Georges Candilis où il était question de mettre en exergue les problèmes liés au projet de reconstruction des bâtiments de l’université. Une réflexion largement avancée, mais pas encore aboutie à cette époque, envisageait une démolition pure et simple de l’architecture de Georges Candilis au profit de la construction d’un projet nouveau. Le colloque et la publication des actes qui le suivit ont alerté la communauté scientifique sur le risque de voir disparaître du paysage architectural du XXe siècle cette architecture singulière, emblématique d’une période sensible de l’histoire de l’architecture, de l’œuvre d’un architecte et de l’histoire moderne d’une ville.
2Les deux textes qui suivent proposent, alors que l’université de Candilis a effectivement été détruite dans le second semestre de l’année 2013, de s’interroger sur les notions, dans le cas présent antinomiques, de réhabilitation et de reconstruction. Le concours de sélection des architectes du projet principal ayant fait le choix de la destruction/reconstruction, le premier texte s’attachera à évoquer le long cheminement de cette décision et ses conséquences en présentant le nouveau projet d’architecture. En outre, parmi les quatre projets retenus, l’un d’eux, soutenu par l’architecte Jean-Paul Viguier, valorisant l’idée de réhabilitation, il nous a paru indispensable de le présenter dans le but de montrer comment, au XXIe siècle, il aurait été possible de redonner vie à l’architecture de Georges Candilis.
POUR 2016, L’ARCHITECTURE DE L’UNIVERSITÉ DU MIRAIL2 : UN RENOUVEAU FIDÈLE À L’HÉRITAGE DE GEORGES CANDILIS
Catherine Compain Gajac
3Chronique d’une destruction annoncée...
4Avant d’évoquer ce que sera la nouvelle architecture de l’université du Mirail en 2016, et parce qu’une des principales consignes du programme imposé aux architectes par le concours réclamait la prise en compte du concept architectural développé par Georges Candilis, nous nous devons de procéder à un très rapide rappel historique du contexte d’une démarche politique qui avait, quelques années plus tôt (années 1955), fait le pari d’une nouvelle ville à construire près de Toulouse afin d’accueillir 100 000 habitants dans un avenir de 20 à 25 ans précise Gérard Huet, l’un des architectes lauréats3.
5L’architecture de l’université du Mirail, conçue et construite au début des années 1970 par l’équipe Candilis, Josic et Woods, reposait sur deux des principes développés au sein du groupe Team Ten pour la construction de la ville nouvelle du Mirail : le stem (la tige, l’ossature) et le web (le réseau).
6Après dix années de gestation hésitante l’Université Toulouse le Mirail a été construite et achevée dans la suite du vaste projet de logements de « Mirail Ville nouvelle ».
7À cette époque, si l’on compare avec ce qui est pratiqué sur le reste du territoire français, c’est un campus universitaire d’une conception absolument novatrice qui est proposé. Master-plan et architecture s’y confondent en effet en un ensemble bâti homogène, intégré à un site mi-industriel, mi-paysager, situé en bordure d’une vaste zone de grands ensembles de logements collectifs, au sud-ouest de Toulouse. Construite à partir d’une trame de six mètres destinée à se développer en web, selon le principe du ground scrapper évoqué par l’architecte Rémi Papillault4, cette architecture se veut reproductible sans limites et donc capable de s’agrandir.
8Le campus du Mirail s’est ainsi développé en une composition de modules de béton orthogonaux, organisés en damier et imbriqués les uns dans les autres, dont la hauteur ne dépassait pas deux niveaux. Entre ces modules venaient s’intercaler des espaces libres accueillant des patios paysagers. L’ensemble était desservi par un maillage de rues couvertes, se croisant à la perpendiculaire d’est en ouest et du nord au sud. L’ensemble architectural était posé sur une dalle, accrochée à la pente naturelle du terrain, conçue pour permettre une circulation aisée et sécurisée des piétons tandis que la circulation des voitures se faisait au niveau inférieur.
9Orthogonalité du plan, patios, coursives couvertes, horizontalité des lignes, tout indiquait une volonté affirmée de souscrire aux principes du Team Ten dont Georges Candilis était le fondateur. Amphithéâtres, salles de cours, bibliothèques, bâtiments administratifs étaient ainsi regroupés dans ce bâti caractérisé par l’homogénéité de ses formes et de ses volumes répétitifs [ill. 1].

ill. 1 - L’université Toulouse-Le Mirail, architecture originelle.
10L’ouverture sur la ville était un autre des objectifs de l’architecture de Georges Candilis. Le campus devait en effet assurer une transition entre la ville nouvelle du Mirail et la ville historique. Il devait être perçu comme un ensemble urbain illimité, induisant l’idée d’une université ouverte, perméable à son environnement.
11Mais l’histoire n’écrit pas les choses de la même façon que les concepteurs les ont posées, pour des raisons multiples, croisées et contradictoires, souligne encore Gérard Huet. Et, avec le temps, de la même manière que la Ville Nouvelle du Mirail s’est modifiée et altérée, l’université s’est façonnée d’une manière imprévue. Ainsi, au lieu d’être l’université ouverte rêvée par Candilis, perçue comme un lieu de transition entre deux entités urbaines, est-elle devenue un système fermé, pour des raisons essentiellement sociales et de sécurité. Ce constat, vécu comme un échec par les urbanistes, fut à l’origine d’une exigence essentielle du concours pour un nouveau projet.
12Une autre incertitude majeure a porté sur l’état de conservation de l’architecture de Candilis. On ne peut que regretter aujourd’hui les mauvaises conditions dans lesquelles fut édifié le concept développé par l'architecte. La qualité de la construction n’a en effet pas été à la hauteur de sa singularité5. Il n’y eut ainsi, jamais de réception des travaux et, avec le temps, malfaçons et défauts de conception ont empêché l’utilisation normale des bâtiments, provoquant, à long terme, des désagréments devenus insurmontables. Une suite de procès sans résultat et de travaux de maintenance inorganisés et inefficaces ne réussirent jamais à donner à cette architecture la dimension qui aurait dû être la sienne.
13À ce constat, est venue s’ajouter la question de l’augmentation constante des effectifs. Conçus en effet pour accueillir 8 à 10 000 étudiants au début des années 1970, les bâtiments se sont révélés insuffisants pour accueillir, au début des années 2000, jusqu’à 26 000 étudiants.
14C’est à cette époque que la dégradation et la paupérisation de la construction obligèrent les instances de gouvernance à reconsidérer le devenir de l’architecture elle-même.
15Auparavant, à partir de la fin des années 1990, la situation de dégradation des locaux universitaires avait commencé à être prise en compte par les pouvoirs publics. L’université ayant fait l’objet d’un « Plan d’Urgence 1990 » et bénéficié du « Schéma Université 2000 » quatre nouveaux bâtiments avaient été construits sur le campus : l’Arche6 [ill. 2] et l’UFR d’histoire dans les angles laissés libres au sud-est et au nord-est de la dalle, la Maison de la recherche7 [ill. 3] et la Bibliothèque Universitaire centrale (2004)8 [ill. 4] en contrebas de la dalle.
16C’est ainsi, à partir de l’idée d’un campus élargi, que deux schémas directeurs d’aménagement (SDA) tentèrent en 2009 (Atelier Choiseul) et en 2010 (Urbane)9 d’ordonner l’architecture de Candilis et les nouveaux bâtiments. Si chacun des projets prévoyait une destruction partielle de l’architecture originelle, ils n’en conservaient pas moins la dalle, la prolongeant même dans le but d’assurer un lien formel et efficace entre les anciens et les nouveaux bâtiments.
17C’est le second SDA qui servit de référence à la réflexion qui précéda la décision de démolition. Jusque-là, malgré la destruction des modules correspondants et l’édification des deux nouveaux bâtiments sur la dalle de Candilis, l’idée d’une réhabilitation du cœur du campus pouvait encore être imaginée. Mais en 2010, alors qu’il mettait l’accent sur le graphisme orthogonal du plan-masse hérité de Candilis et privilégiait de larges plages de végétation autour et à travers le campus afin de compléter les percées vertes des patios, le SDA proposait la destruction de la frange est10 du campus. Les espaces paysagers, la circulation piétonnière protégée et surtout l’intégration des nouveaux bâtiments prenaient alors place dans un master plan élargi en forme de triangle isocèle orienté au nord11. Malgré une lourde amputation, on continuait à affirmer le respect de la « lettre » de Candilis.
18Le SDA de 2010 définissait également les grandes orientations du programme de reconstruction de l’université en trois phases. La première phase prévoyait la construction de trois nouveaux bâtiments : La Fabrique12 sur la dalle de Candilis à la place d’un module détruit [ill. 5], le Restaurant universitaire13 reconstruit à la place l’ancien [ill. 6] et la première tranche de l’UFR de langues et civilisations étrangères14 au pied de la dalle [ill. 7]. La phase suivante envisageait la construction de la seconde tranche de l’UFR LCE15 [ill. 8], de l’UFR de psychologie16 [ill. 9] et la réhabilitation/reconstruction des amphithéâtres mutualisés.

ill. 2 - Arche d’entrée.

ill. 3 - Maison de la recherche.

ill. 4 - Bibliothèque universitaire centrale.

ill. 5 - La Fabrique.

ill. 6 - Restaurant universitaire.

ill. 7 - UFR de langues 1.

ill. 8 - UFR de langues 2.

ill. 9 - Projet pour l’UFR de psychologie
©architectes Espagno&Milani.
19La troisième phase concerne aujourd’hui la reconstruction du noyau central du campus. Si l’idée de réhabiliter l’architecture de Candilis a largement prévalu jusqu’au début de l’année 2010, ensuite, la nouvelle politique au niveau de la gouvernance de l’université a fait prévaloir l’idée d’une possible démolition/reconstruction du campus. La décision finalement prise de démolir entraina, au sein de la communauté universitaire, de nombreuses questions mais pas de véritable opposition17. Si la destruction radicale était espérée de nombre d’usagers des lieux, elle était redoutée de la communauté des historiens de l’architecture. Les services de l’état n’émirent pas de véritable réserve et seul l’architecte des bâtiments de France, à l’occasion de l’enquête publique, précisa qu’il souhaitait voir respectés les quelques derniers éléments sauvegardés dont certaines coursives pour lesquelles il demanda une restauration à l’identique18. De fait, même ceux qui avaient manifesté leurs doutes se rendirent à la raison de cette décision19.
20Notre propos n’est pas de reprendre la chronologie des évènements, ni de développer davantage l’histoire de l’échec d’un combat qui a montré ses faiblesses malgré l’appui de Docomomo-France et de la communauté scientifique internationale. Regarder au-delà et observer l’architecture nouvelle en devenir paraît aujourd’hui indispensable à la démarche que nous poursuivons20.
21Depuis le mois de juin 2013 période à laquelle ont commencé les travaux, l’université de Toulouse II Le Mirail, est ainsi en train de se reconstruire sur elle-même21. Cette construction est l’une des plus importantes et un exemple unique en France, et sans doute en Europe, de démolition/reconstruction d’un campus universitaire dans sa quasi intégralité. Le seul bâtiment épargné par la destruction est le premier module édifié par Candilis pour la construction duquel il a mis en œuvre la structure d’origine en acier.
22La nouvelle architecture représentera un ensemble bâti de 130 000 m2 d’espaces intérieurs sur un total de 23 hectares entièrement réaménagés dans une démarche de développement durable visant à accueillir dans des conditions optimales les 24 000 étudiants inscrits.
23Si notre propos s’oblige à porter un regard juste et serein, objectif, sur le nouveau projet, nous accorderons une attention particulière à la manière dont les concepteurs vont illustrer l’élément fédérateur du raisonnement qui a fondé le projet : l’esprit de Candilis.
24Cette idée, construire dans l’esprit de Candilis, a été en effet une des contraintes majeures du programme. Pour les architectes, cela implique :
le maintien de la trame orthogonale afin de permettre modularité et évolution possible de l’architecture dans le temps ;
le maintien du principe des allées couvertes afin d’abriter les circulations ;
le maintien du principe des patios ;
une organisation générale conforme à l’idée d’une séparation claire des fonctions ; - le développement et la restructuration de l’ouverture sur la ville dans le cadre du Grand Projet de Ville22.
25Le principe d’un projet global, ouvert, identitaire et fédérateur, non seulement intégré à son environnement urbain23, mais aussi capable de dynamiser l’exercice d’une vie en dehors des heures de cours grâce à la création de logements, de magasins et d’activités diverses, aptes à accueillir la formation continue et la population toulousaine en général était ainsi affirmé.
26À l’automne 2012, les lauréats du concours24, les agences Valode & Pistre et Cardete & Huet, sont nommés. Un partenariat public-privé (PPP) pour le projet principal est signé le 21 décembre 201225 par le président de l’Université de Toulouse II-Le Mirail, Jean-Michel Minovez et par Gino Gotti26 en association avec le fonds d’investissement DIF dans le cadre de la société Miralis27. Le reste des travaux de réhabilitation/construction est financé par la formule d’un engagement conjoint et solidaire de l’État et des collectivités territoriales sous la forme de contrats État-région.
27Quatre projets architecturaux vont ainsi être menés28 de front entre 2013 et 201629.
En premier lieu, le projet porté par la société MIRALIS (filiale du groupe VINCI) comporte la démolition/reconstruction ou réhabilitation d’un certain nombre de bâtiments qui concernent pour l’essentiel (46 %) l’ancienne architecture de Candilis.
Le deuxième projet, porté par le Conseil Régional de Midi-Pyrénées, concerne la démolition/reconstruction de l’UFR de psychologie30 et des amphithéâtres mutualisés.
Le troisième projet, porté par la société SA HLM de Chalets, prévoit la construction de logements pour étudiants et jeunes actifs et d’une crèche.
Le dernier projet porté par le Conseil Général de Haute-Garonne concerne l’Université ouverte31 [ill. 10].
28Dans l'esprit de Georges Candilis, lequel avait choisi de protéger la végétation autour des bâtiments et au cœur des patios ainsi que le parc du château, le nouveau projet fait la part belle aux espaces verts qui seront redéployés32. De même, grâce à l’évidente amélioration des nouveaux bâtiments tant au plan de la sécurité que des bilans thermiques et de consommation en eau et électricité, le projet aura une portée significativement positive sur l’environnement.
29Nous concentrerons notre attention sur le projet Miralis.
30Son volet financier33, signé à Toulouse le 23 mai 2013 entre l’Université, la société Miralis, les établissements bancaires et la Caisse des Dépôts34, met en œuvre les divers marchés passés avec l’ensemble des entreprises de VINCI Energies France ainsi qu’avec diverses entreprises spécialisées35. Le contrat PPP36 porte sur 416 M € de travaux et concerne la démolition, la conception, la construction ainsi que la restructuration de trois des cinq unités du campus, soit 60 000 m2 de locaux neufs, dont sept amphithéâtres. Les travaux comprennent également la construction d’une canopée de plus 7 000 m2, de 200 logements étudiants, de 120 logements pour jeunes actifs, de 1 100 places de parking, d’équipements sportifs et d’aménagements extérieurs sur 90 000 m2. Le constructeur prend en outre des engagements de performance énergétique et environnementale, notamment pour la valorisation de plus de 92 % des 55 000 tonnes de matériaux issus de la déconstruction. VINCI Facilities prend enfin en charge l’exploitation, la maintenance, le gros entretien, ainsi que le service de nettoyage des locaux pour une durée moyenne de 27 ans37.

ill. 10 - Projet pour l’université ouverte
©Architectes agences Forma 6 et Joyes.
31Le projet englobe la reconstruction des Unités de formation et de recherche (UFR) d’Histoire, de Sciences et de Lettres, du nouveau siège de la gouvernance, le pavillon de la Recherche, le Pôle Archéo-Sciences et divers locaux communs dont un grand amphithéatre de 1 200 places. Il inclut également la réalisation des dessertes internes, la rénovation et l’isolement des galeries techniques et la refonte de l’ensemble des espaces verts de l’Université38.
32Les architectes lauréats du concours, les agences Valode&Pistre architecte mandataire, et Cardete et Huet architectes, architecte associé, proposent un projet qui se veut une réponse autant intellectuelle que technique à la question posée. Ils se sont ainsi entourés d’une équipe, composée d’universitaires et de chercheurs, réunie autour de l’académicien et philosophe Michel Serres. « Riche déjà de l’expertise de ses enseignants et de la curiosité de ses étudiants chercheurs, l’université dont je rêve doit être adaptée, pour l’enseignement, la recherche et le partage des connaissances, au monde actuel et à ses moyens de communication, capable donc d’être connectée à tous et ouverte sur le monde. Elle fonde alors une communauté cognitive et humaine nouvelle, vivifiée d’autre part, on le verra, par des pratiques sportives, sociales et solidaires » relève le philosophe traduisant ainsi l’esprit dans lequel ont travaillé les architectes. Avec Béatrice Salviat39 et Michel Authier40 l’équipe a pensé le projet avec une vision prospective, anticipative de ce que sera l’université demain exprimée dans ces termes41 :
Toulouse Mirail : Utopie des années 65/Réalité de 2012
La réalisation de l’UTM a été en son temps, un véritable manifeste de liberté, d’ouverture et de générosité tant des commanditaires que de leurs architectes Candilis, Josic et Woods.
Une utopie, certes, mais héritière de ce courant philosophique du XIXe siècle incarné par Proudhon, Fourrier.
Ces utopies, traduction des aspirations sociales, sont aujourd’hui nos réalités !
Basée sur la rencontre créative entre les étudiants, la communication avec leurs enseignants, l’absence de frontière entre les enseignements, l’ouverture à la ville, l’architecture de l’université Toulouse le Mirail dite « archi Candilis » se voulait un moyen d’épanouissement de l’individu, un support construit de la liberté au cœur de la cité.
Il s’est écrit sur ce site une incontestable étape de l’histoire de l’architecture universitaire contemporaine dans ce que ce projet véhicule comme rapport entre l’homme et son accès à la connaissance ; son émancipation !
Le projet que nous proposons a l’ambition de recouvrer et perpétuer le souffle initial qui fut à l’origine de cette université.
L’évolution du site depuis son avènement a généré un dévoiement régulier du dispositif fondateur en proposant autre chose que la continuité conceptuelle originelle :
De la nappe modulaire originelle dite « proliférante » jusqu’aux bâtiments singuliers de ces 20 dernières années, réponse à un besoin conjoncturel ;
Nous constatons une adhésion aux principes fondateurs limitée au seul maintien du maillage des circulations / galeries. Nous constatons aussi une opposition à l’écriture Candilis par l’expressivité architecturale des derniers bâtiments :
Une adhésion parce que des générations d’étudiants, d’enseignants en ont apprécié les intentions, l’échelle, sa capacité d’intégration et d’évolution.
Une opposition eu égard à l’inconfort, créé par manque :
De repérage,
D’a daptation aux conditions climatiques,
De sécurité.
Aussi, la question qui aujourd’hui résulte de cette dichotomie adhésion/opposition, consiste à savoir si l’on pérennise le modèle, d’autant que notre réponse affiche des dispositions claires de mise en relation Ville / Université.
Une réponse qui affiche ses principes d’ouverture, de lien social qu’UTM et Ville ne peuvent ignorer.
Nous nous sentons donc en ce sens dépositaires du « leg Candilis ».
Notre projet se fonde sur une analyse objective de la situation ; entre remise aux normes du Candilis qui semble extrêmement délicate au vu du rapport pessimiste sur l’état des structures et poursuite de l’édification de bâtiment sur le foncier disponible, nous avons fait le choix d’ouvrir une nouvelle voie qui adopte la pensée de Candilis et qui édifie un projet global...
Notre proposition se fonde sur 3 axes :
Non conservation du bâti Candilis
Adoption de la pensée Candilis, de l’esprit novateur de l’Université Toulouse Mirail
Édification d’un projet global, ouvert, identitaire, fédérateur
Candilis- Concours 1966 - « La nappe modulaire » Candilis 2012 - « Les bâtiments singuliers ».
33La nouvelle architecture de l’université est ainsi conçue comme un maillage de connexions tridimensionnelles, entre enseignants, entre étudiants et chercheurs d’une part et entre production, diffusion et partage du savoir d’autre part. De même que Candilis avait imaginé la mission fédératrice du campus universitaire dans son environnement urbain, de même, les architectes d’aujourd’hui ont compris la nécessité de redéfinir et de développer ce rôle « urbain » en redonnant une place active à l’université au centre du quartier auquel elle appartient. À cette fin, ils ont voulu installer une architecture capable42 de se comporter comme un facteur de cohésion urbaine dans le contexte difficile du quartier du Mirail. Afin de renouveler l’idée d’une université ouverte aux habitants du quartier, ils ont fait disparaitre les grilles qui enserraient l’université dans son territoire43, ils ont pensé le concept de commerces solidaires (dont une épicerie44 un restaurant et un garage associatifs, un café des humanités du Crous) [ill. 11], ils ont construit un stade ouvert aux clubs du quartier et des logements étudiants à proximité. Le projet de l’université tend ainsi vers un nouveau modèle de campus45, fondé non seulement sur un projet pédagogique et de formation mais aussi sur un véritable projet de vie, en rupture, comme l’avait été le campus de Candilis en son temps, avec les campus à la française traditionnels.

ill. 11 - Le café des humanités
© Valode & Pistre architectes. Architecte associé Cardete Huet architectes.
34Pour les bâtiments, une démarche environnementale ambitieuse a été adoptée. Favorisant l’entrée de la lumière naturelle, elle privilégie un confort acoustique, thermique et ergonomique46 [ill. 12].
35Le parti d’ensemble est la réinterprétation du concept initial de maillage47 cher à Candilis. Les grands principes d’organisation urbaine pensés par Candilis, Josic et Woods dans les années 1960 appliqués au campus du Mirail structureront ainsi le nouveau projet [ill. 13].

ill. 12 - UFR HAA-SEE
© Valode & Pistre architectes. Architecte associé Cardete Huet architectes.

ill. 13 - Projet, vue en plongée depuis le sud
© Valode & Pistre architectes. Architecte associé Cardete Huet architectes.

ill. 14 - Vue du mail central - allée de l’université
© Valode & Pistre architectes. Architecte associé Cardete Huet architectes.

ill. 15 - Projet, vue sur les gradins végétalisés
© Valode & Pistre architectes. Architecte associé Cardete Huet architectes.
36- La trame qui génère les espaces n’est pas remise en cause. Son principe constructif continuera à favoriser modularité et évolution possible de l’architecture dans le temps, et elle continuera à jouer le rôle social pour lequel elle est conçue.
37- De même le principe de la rue et les coursives traversantes, véritable réseau de communication entre la diversité des espaces, restent facteur de contacts sociaux. Elles prendront même une ampleur quasi monumentale, abritées par une véritable canopée posée sur des piliers à 8 mètres de hauteur et des allées couvertes continueront à abriter les circulations [ill. 14].
38- Les espaces verts conservent la fonction que Candilis avait mise en place. Avec l’organisation de placettes, des patios paysagers sont installés entre les bâtiments de hauteur modérée (R+ 2 au maximum) [ill. 15].
39- Enfin, l’organisation générale des bâtiments répond à la volonté d’une séparation claire des fonctions mise en œuvre par Candilis. La circulation automobile et les parkings sont maintenus sous les bâtiments afin de permettre un rez-de-dalle intégralement piétonnier.
40En attendant de prendre connaissance de la nouvelle réalité architecturale de l’Université du Mirail, nous découvrons le projet architectural tel qu'il est suggéré par le master-plan [ill. 16] et les nombreuses images en 3D qui nous sont proposées par les architectes. Ces dernières nous montrent une architecture blanche, ouverte, légère, joyeuse, avec une touche de monumentalité. Les modules sont organisés autour d’un vaste mail de 200 m de large, couvert et élevé, ouvert sur le quartier du Mirail et traversant [ill. 17 et 18], destiné à établir un lien significatif entre les quartiers nord et sud, entre la ville nouvelle et la ville ancienne. Des installations destinées à nourrir la convivialité (cafés, équipements sportifs, espaces solidaires [ill. 19]), ainsi que des lieux d’accueil pour les étudiants48 aboutiront l’idée d’ouverture. Bien que révisée à 10,20 m, la trame constructive de Candilis est reprise. Par souci d’apport de lumière, les toitures du mail seront translucides, et le concept de rues perpendiculaires sera repris et développé. Les quatre façades d’inspiration végétale sont orientées aux quatre points cardinaux et le parc, de composition linéaire, illustrera le thème des étapes de la connaissance.

ill. 16 - Projet final
© Valode & Pistre architectes. Architecte associé Cardete Huet architectes.

ill. 17 - Vue de l’entrée du campus - entrée nord, © Valode & Pistre architectes. Architecte associé Cardete Huet architectes.
41Ce sont ainsi des réponses engagées que les architectes lauréats du concours de reconstruction de l’université du Mirail, l’Agence parisienne Valode et Pistre et l’agence toulousaine Cardete et Huet Architectes ont apportées au programme proposé par les instances de l’UTM. Leurs choix architecturaux ont pour objectif d’affirmer l’identité de l’université comme symbole de savoir et de partage. En cela sans doute la référence aux grandes universités européennes et américaines s’impose-t-elle. Le nouveau campus, conçu comme un système urbain, rompant avec l’état de repliement sur lui-même, se doit effectivement d’être relié à l’environnement extérieur.

ill. 18 - Vue de l’entrée du campus - entrée sud
© Valode & Pistre architectes. Architecte associé Cardete Huet architectes.

ill. 19 - Le village solidaire
© Valode & Pistre architectes. Architecte associé Cardete Huet architectes.
42Leur projet propose clairement, dans l’esprit de Candilis renouvelé, un nouveau modèle de campus49 universitaire fondé non seulement sur un projet pédagogique et de formation mais aussi sur un véritable projet de vie et urbain, en rupture avec les campus français traditionnels.
RESTRUCTURER L’UNIVERSITÉ DE TOULOUSE LE MIRAIL AMÈNE UNE RÉPONSE COMPLEXE ET DIVERSIFIÉE50
Jean-Paul Viguier
43D’abord l’architecture de cet ensemble constitue une référence incontournable de la période postcorbuséenne telle que Candilis, Josic et Woods l’interprétaient dans un projet à la fois novateur et utopique dans ses objectifs universitaires et architecturaux ; le désir de campus était rapproché de celui plus difficile à cerner, de « perméabilité urbaine », et d’enseignement supérieur réservé au plus grand nombre. C’est ainsi que cet ensemble se trouve relié à celui du quartier d’habitation du Mirail dont on connait les mérites et les échecs.
44Ce campus ouvert sur la ville, perméable à toutes les populations, se présente comme un espace « tramé », sur la base d’un module de structure dimensionnel de 6 x 6 mètres permettant par l’alternance des pleins et des vides de constituer des jardins patios ou bien des espaces d’enseignement et de services. La flexibilité théorique affichée par ce système se veut telle que le projet puisse dans le temps faire face à toutes les évolutions, aussi bien pédagogiques que sociales.
45Ce système de structure et de distribution orthonormé est traversé par de grandes et longues galeries, donnant accès aux différents départements universitaires, sortes de métaphore de « rue universitaire » prenant origine dans la ville environnante et ouvertes à tous les publics. C’est un système à la fois simple et permettant par ailleurs de grandes complexités combinatoires, théoriquement infinies.
46Il a marqué les esprits et notamment le mien, alors que j’étais étudiant d’abord aux Beaux-arts puis à Harvard où George Candilis était venu présenter ce projet considéré par la communauté internationale comme extrêmement novateur et ouvrant des perspectives nouvelles et passionnantes dans le domaine de l’architecture universitaire. Nous recherchions alors des voies nouvelles, notamment par rapport au conservatisme des campus anglo-saxons et à l’architecture de l’après-guerre français fondée sur l’industrialisation, la norme et l’urgence. À cet égard, le projet du Mirail était reçu avec enthousiasme.
47Aujourd’hui, intervenir sur cet ensemble suppose de le faire avec respect et lucidité, mais aussi réalisme : manifester un esprit critique capable de transformer cet ensemble en un campus du XXIe siècle.
48Le projet de restructuration sera donc multiple ; il comprendra des parties conservées et réhabilitées, des parties combinées avec des structures nouvelles, des parties détruites et remplacées. Le projet repositionnera le campus en proposant de nouvelles relations avec le quartier environnant, avec la ville de Toulouse et le centre-ville en organisant le bâti et la distribution des fonctions afin de permettre aux étudiants, aux professeurs et aux personnels un séjour sur place stimulé par les échanges [ill. 1].
49Le lien entre la qualité de ce projet de restructuration et la notoriété de l’Université du Mirail s’établira au bénéfice d’une plus grande attractivité du site pour les professeurs et les étudiants, signe d’un renouveau dans le public en général.

ill. 1 - Le campus universitaire du Mirail : vue générale
©Jean-Paul Viguier et Associés.

ill. 2 - Depuis la pelouse Campus, le bâtiment d’accueil de l’Université au premier plan de la Grande Galerie des étudiants
©Jean-Paul Viguier et Associés.
LES GRANDES LIGNES ARCHITECTURALES DE LA REFONDATION [ill. 2]
50La refondation du bâti est en l’occurrence indissociable de la refondation du paysage ; en effet le rapport plein-vide produisant des jardins tramés de 6 x 6 m doit être revu pour donner un second soufle aux patios, c’est-à-dire des espaces plus créatifs et plus utiles, mais aussi apporter des espaces paysagers nouveaux.
51La démolition de certaines parties du bâti offre l’occasion de créer des espaces ouverts et plantés adaptés au désir de prolonger son séjour sur le campus, comme le fait un parc en site urbain ; le projet de paysage proposera ainsi une vaste gamme de thèmes : parc, patios, jardins, toitures-terrasses, sports [ill. 3].

ill. 3 - La mosaïque des jardins
©Jean-Paul Viguier et Associés.

ill. 4 - Vue sur la galerie Candilis, le Pavillon d’accueil et la Grande Galerie des étudiants. ©Jean-Paul Viguier et Associés.

ill. 5 - Le Café des Humanités, ouvert en terrasse sur les jardins en bande, le « cœur actif »
©Jean-Paul Viguier et Associés.
52Le « bloc central » sera conservé et réhabilité avec le plus grand soin, car il doit redonner l’image du projet telle que souhaitée par ses concepteurs : formes, trames, couleurs, matières. La distribution pourra être modifiée en fonction du nouveau programme tirant dans ce sens parti de la flexibilité inhérente au concept même du projet. La grande galerie qui le borde sera conservée pour le desservir et en fixer la limite sur un côté ; en effet le « deuxième bloc » sera démoli pour laisser place à un jardin qui constituera le deuxième côté de la grande galerie. Ce jardin en prolongement des patios créatifs dessinera un des espaces clés du projet présenté : le « quartier des étudiants » ; « ce troisième bloc » sera en partie démoli, en partie conservé ; la trame de structure ne subsistera qu’à certains endroits, étant à d’autres effacée pour laisser place à un nouveau bâtiment se déployant de part en part de l’« ancien bloc » dans un registre formel libre, n’utilisant la trame que comme un fond régulateur formant ainsi un palimpseste architectural [ill. 4].
53Ce concept totalement nouveau permettra de développer « le quartier des étudiants », identifié par une architecture en mouvement, créative et inattendue, faite de matériaux contemporains, colorés et légers, peu coûteux et inventifs. Ici notre référence est le « student center » de l’Illinois Institute of Technology à Chicago, IIT, conçu par Rem Koolhas, autour de la ligne de métro et entre les bâtiments d’enseignement et les résidences.
54Au Mirail cet ensemble bâti fournira aux étudiants un ensemble de services liés directement aux études : bibliothèque et services connectés à la toile, auditoriums et salles de travail ou de réunion, salons, et plus généralement pour les loisirs et sports indoor, cafétérias et snacks, petits commerces de commodité, terrasses donnantsur les jardins. Cet ensemble, dessiné par le biais d’une architecture « décontractée » et inventive, devrait recréer pour les étudiants l’ambiance urbaine de centre-ville afin de les inciter à prolonger leur temps de séjour sur le campus dans des lieux conçus pour leur permettre de travailler, tout en ayant la proximité de services, et celle d’autres étudiants de toutes les disciplines [ill. 5].
55Cet ensemble bâti pénétré par le paysage issu du Parc, est conçu pour être animé : la présence de petits amphithéâtres et de salles de cours permet d’y faire venir les professeurs, et aussi les personnels dont certains services seront logés à l’opposé du Parc dans une partie de ce bloc où la structure ancienne sera principalement conservée. Ce bloc s’étend depuis le campus paysager jusqu’à « la maison des professeurs », puis au bâtiment de la Gouvernance. Il renforcera l’attirance de l’Université et de son campus vis-à-vis des étudiants, surtout si l’on y trouve une connexion directe avec le métro.
LA CONNEXION AVEC LE MÉTRO
56La ligne de métro reliant l’Université du Mirail au centre-ville offre une station à l’extérieur du campus, en direction des quartiers d’habitations ; il semble que ce projet de restructuration serait pleinement accompli s’il était possible de créer une station de ce métro qui soit dédiée au campus ; alors le lien imaginaire avec le centre-ville serait rétabli et l’identité du campus renforcée par une station portant son nom. Cette station générerait tout un potentiel d’équipements tels que les amphis, ou bien des équipements culturels qui pourraient être ouverts au public accédant par le métro. Cette station serait située à l’extrémité de l’espace campus paysager, facilement accessible et pourrait déboucher dans le quartier des étudiants [ill. 6].

ill. 6 - Vue sur la gouvernance de l’UFR sciences - Espaces Sociétés et Histoire, Arts et Archéologie
©Jean-Paul Viguier et Associés.
LA MAISON DES PROFESSEURS
57À l’autre extrémité du quartier des étudiants, le projet propose la création d’« une maison des professeurs », précédant le bâtiment de Gouvernance. Cette maison permettra aux professeurs, toutes disciplines confondues, de se retrouver dans un Club avec services de restauration, espaces de réunion, bibliothèque et salle de travail ; quelques chambres d’hôtes permettront d’accueillir des confrères et autres invités. Les professeurs pourront y recevoir leurs invités, y organiser des réceptions et des réunions de travail ou des conférences. Et pourquoi ne pas y associer les étudiants. Les deux grands amphithéâtres en béton brut seront démolis pour assurer une continuité entre successivement le campus paysager, le quartier des étudiants, la maison des professeurs et le bâtiment de la Gouvernance. Au bout du campus paysager, il sera nécessaire de déplacer le bâtiment du CNET, afin de recréer une véritable entrée, au pied du métro, près des accès routiers et conforme à celle prévue dans le plan d’origine de Candilis-Josic-Woods.
58Ainsi le prestige de l’entrée se trouve rétabli au moyen d’une longue perspective allant du métro au parc du Château, le long d’un vaste espace vert planté. Le bâtiment du CNET retrouve un terrain près de la nouvelle entrée, et le bâtiment destiné à l’archéologie devient à nouveau visible et occupe une place en vue lui aussi près de l’entrée.
59Enfin, le « bloc » est lui, surélevé : il conserve sa structure dans la partie basse, et reçoit par-dessus une nouvelle structure développant le potentiel de verticalité du projet de Candilis. En effet les vides de la trame permettent de relier les espaces verticalement, soit par le biais de circulations verticales panoramiques, soit par la mise en place d’atriums ; cette disposition permet une organisation plus rationnelle des locaux et des fonctions en les rendant plus compactes, et une meilleure lisibilité des départements, dorénavant organisés autour de verticalités identifiables. Ainsi la distribution anonyme de la trame disparait au profit d’un système organisé par pôles, chacun ayant ses caractères architecturaux propres.

ill. 7 - La Grande Galerie des étudiants
©Jean-Paul Viguier et Associés.
60Cet ensemble de blocs assemblés préserve la cohérence du projet dont l’ilot central a été conservé ; ils apparaissent comme des variations autour d’un même thème, explorant le potentiel du concept d’origine : pour de nouveaux usages, de nouvelles fonctions, pour une nouvelle Université.
UNE ARCHITECTURE DANS LE CHAMP DE LA « CONSERVATION-CRÉATION »
61L’université française entreprend en ce début de XXIe siècle une profonde mutation ; l’installation des grandes écoles puis de pans universitaires entiers sur les nouveaux campus fait écho à une mondialisation de la distribution du savoir, à la mobilité des idées et des personnes. Ce mouvement puissant influence profondément l’organisation spatiale du bâti universitaire et des concepts qui président à son architecture. De nombreux sites universitaires bâtis dans la hâte des années 60 se trouvent ainsi confrontés à la question de leur évolution profonde remettant en question leurs fondements mêmes, après avoir, pour certains, été les lieux iconiques admirés, discutés et parfois copiés, attirant les grands architectes de par l’importance de l’enjeu.
62C’est le cas du Mirail où le projet dessiné par Candilis, Josic et Woods nait de la conjonction entre une utopie sociale (« l’université pour tous ») et une utopie architecturale issue de la Charte d’Athènes et des travaux de Le Corbusier sur une « Architecture Universelle ».
63Le projet que j’ai présenté au concours part du principe que cette inscription dans l’université nouvelle sera d’autant plus forte et remarquable qu’elle s’inscrit dans une forme de reconnaissance de ses principes fondateurs, pour établir une base culturelle à partir de laquelle elle se réforme, se refonde puis se reconstruit [ill. 7].
64C’est dans cet esprit qu’un regard neuf s’est porté sur l’Architecture de Candilis, Josic et Woods s’appuyant sur les principes énoncés dans le texte « Mémoire et Projet » (ministère de la Culture, Direction de l’Architecture et du Patrimoine) et principalement sur l’énoncé portant sur le rapport entre « conservation et création ». L’Architecture du projet présenté remet l’Université du Mirail en mouvement à partir des fondements qui en avaient assuré sa notoriété, dans un esprit nouveau.
Bibliographie
Compain-Gajac, 2011 : C. Compain-Gajac, « Conservation, restauration de l'architecture du Mouvement Moderne : l'exemple de l'université de Toulouse Le Mirail de Georges Candilis », In Situ [En ligne], 17 | 2011, Les patrimoines de l'enseignement supérieur, mis en ligne le 23 novembre 2011, consulté le 14 décembre 2014. URL : http://insitu.revues.org/9540 ; DOI : 10.4000/insitu.9540.
Compain-Gajac, 2012 : C. Compain-Gajac, « Avec la mise en œuvre de son projet de reconstruction, l’Université Toulouse II-Le Mirail ouvre "une nouvelle page de notre histoire" », p. 233, dans C. Compain-Gajac, Conservation - Restauration de l’architecture du Mouvement Moderne, ouvrage collectif, Collection Histoire de l’art 2, Presses Universitaires de Perpignan, 2012.
Compain-Gajac, 2012 : C. Compain-Gajac, « L’Arche du campus de l’université Toulouse le Mirail : une entrée remarquable », Conservation - restauration de l’architecture du Mouvement Moderne Choix d’architectures - États des lieux - Regards croisés, PUP 2012 d’après Gérard Huet, « Toulouse-Le Mirail, son université... une empreinte emblématique des "modernes" », colloque Conservation-restauration de l’architecture du Mouvement Moderne, Toulouse, avril 2010, http://www.canal-u.tv/video/universite_toulouse_ii_le_mirail/toulouse_le_mirail_son_universite_une_empreinte_emblematique_des_modernes_gerard_huet.5906, consulté le 13/12/2014.
Compain-Gajac, 2013 : Entretien avec Gérard Huet, mai 2013
Golovtchenko, 2010 : N. Golovtchenko, Schéma directeur-schéma d’aménagement : dynamiques d’un projet controversé, intervention au colloque Conservation, restauration de l’architecture du Mouvement Moderne : exemple de l’Université du Mirail, Toulouse, 8-10 avril 2010, http://www.canal-u.tv/video/universite_toulouse_ii_le_mirail/schema_directeur_schema_d_amenagement_dynamiques_d_un_projet_controverse_nicolas_golovtchenko.5907, 04/04/2014.
Jaillet, 2012 : M.-C. Jaillet, « Préface » dans C. Compain-Gajac, Conservation - restauration de l’architecture du Mouvement Moderne, ouvrage collectif, Collection Histoire de l’art 2, Presses Universitaires de Perpignan, 2012, p. 9.
Minovez, 2012 : J.-M. Minovez, « Faut-il reconstruire le campus de l’université du Mirail ? » dans C. Compain-Gajac, Conservation - restauration de l’architecture du Mouvement Moderne, ouvrage collectif, Collection Histoire de l’art 2, Presses Universitaires de Perpignan, 2012, p. 216 et 217.
Miralis, 2012 : Note de présentation générale, Offre Finale 12 juin 2012.
Paoli, 2014 : S. Paoli, « L’Université du XXe siècle », dans 3D dimanche, émission de sur France Inter, 28 avril 2013 ; http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=619786, 31/05/2014.
Papillault, 2012 : R. Papillault, « 1966-1972, l’Université du Mirail de Candilis, Josic et Woods comme composition ouverte », dans C. Compain-Gajac, Conservation - restauration de l’architecture du Mouvement Moderne, ouvrage collectif, Collection Histoire de l’art 2, Presses Universitaires de Perpignan, 2012.
Enquête publique unique du 07/06/2013 au 09/07/2013 sur une demande présentée par l’université de Toulouse le Mirail et la société Miralis. Rapport et conclusions du commissaire enquêteur, Commissaire Enquêteur, Christian Lasserre Commissaire suppléant : Isabelle Zuili.
http://www.archicool.com/ PPP : Reconstruction totale de l’Université de Toulouse II-Le Mirail.
http://www.v-p.com/fr/news/universite-toulouse-mirail-valode-pistre-laureat.
http://www.cardete-huet.com/fr/references/education/348.
Dossier de presse, avril 2013 : Reconstruction intégrale du campus du Mirail, http://lareconstruction.univ-tlse2.fr/accueil-la-reconstruction/consultéle13/12/2014.
Documentation transmise par l’agence d’architectes Cardete et Huet : revues de presse, dossier iconographique de modélisation du projet.
Notes de bas de page
1 Papillault, 2012, p. 185 ; Compain-Gajac, 2012, p. 233.
2 « L’Université du XXIe siècle », dans 3D dimanche, émission de Stéphane Paoli sur France Inter, 28 avril 2013 ; http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=619786, 31/05/2014.
3 Écouter Gérard Huet, dans « L’Université du XXIe siècle », dans 3D dimanche, émission de Stéphane Paoli sur France Inter, 28 avril 2013 ; http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=619786, 04/04/2014.
4 Papillault, 2012, p. 185.
5 Papillault, 2012, p. 185.
6 L’Arche, 1992, Architectes Cardete et Huet, architecture emblématique pour marquer l’entrée de l’université.
7 MDR, 1994, Architecte Dominique Alet, MOuvrage : Rectorat de l’académie de Toulouse, 7,623 M€ ¤, financement CPER 1994-1999 (Schéma U2000). Bâtiment de béton haut de sept étages qui s’ouvre par de larges baies vitrées sur de vastes patios intérieurs.
8 BUC (2004), Architecte Pierre Riboulet&LCR Architecture, MOuvrage : Rectorat de l’Académie de Toulouse. Vaste bâtiment de brique rose éclairé par de larges baies-bandeaux.
9 Urbane (urbanistes mandataires) - Rémi Papillault (architecte).
10 Compain-Gajac, 2012, p. 233.
11 Minovez, 2012, p. 216 et 217.
12 La Fabrique, 2009, dédiée aux arts contemporains, destinée à accueillir les pratiques artistiques. Architectes Gouwy Grima Rames & bureau d’études Beterem. Architecture de béton recouvert d’acier corten. Sa vocation à rassembler en un seul lieu l’activité artistique sous toutes ses formes, à mettre à disposition les outils nécessaires à la création et à la diffusion des arts, en organisant une ouverture systématique au-delà du champ universitaire en fait un concept unique en Europe, difficile à comprendre pour les décideurs car il ne rentrait pas dans les « référentiels », cf. J.-M. Minovez, in L’Université du XXIe siècle, 3D dimanche, émission de Stéphane Paoli sur France Inter, 28 avril 2013 ; http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=619786, 04/04/2014.
13 RU, Arch. Atelier 13-Loupiac. 2013. Une macro-grille en béton léger habille ses façades largement vitrées percées de boites rouges.
14 UFR LCE, 2009, Arch. Dominique Alet & bureau d’études Cotéba, MO Région Midi-Pyrénées.
15 2012, Arch. Atelier du Prieuré, et Hirsch & Zavagno. Architecture aux formes géométriques oblongues qui se croisent orthogonalement, posées sur pilotis et percées de baies bandeaux, le bâtiment se positionne en mitoyenneté et dans le prolongement du bâtiment de Dominique Alet et semble revendiquer une filiation décomplexée au Mouvement Moderne.
16 Projet porté par le Conseil régional de Midi-Pyrénées, architectes Espagno&Milani, livraison 2015.
17 Golovtchenko, 2010.
18 Enquête publique unique du 07/06/2013 au 09/07/2013.
19 Jaillet, 2012, p. 9.
20 Les développements exposés dans cet article prennent appui sur les informations proposées par : - le site mis en place par l’Université, http://lareconstruction.univ-tlse2.fr/accueil-la-reconstruction/les-realisations/la-fabrique/le-plan-du-campus-134702.kjsp?RH=1323094484312 ; - la documentation délivrée par l’agence Cardete & Huet : le dossier de presse Reconstruction intégrale du campus du Mirail, avr. 2013 ; les articles : HYPERLINK « http://www.batiactu.com» www.batiactu.com, 17/04/13 : L’Université du Mirail à Toulouse, entre passé et futur et HYPERLINK « http://www.toulouseblog.fr » www.toulouseblog.fr, 16/04/13, Vinci obtient le chantier du campus de la fac du Mirail et surtout la note de présentation générale du projet, Offre finale 12 juin 2012, éditée par Miralis ; - l’agence Cardete & Huet architectes a mis gracieusement à notre disposition l’ensemble de l’iconographie du projet.
21 http://www.ladepeche.fr/article/2013/04/17/1607262-facdu-mirail-le-campus-fait-tomber-les-grilles.html, 31/05/2014.
22 http://www.lemoniteur.fr/133-amenagement/article/actualite/20916082-coup-d-envoi-de-la-reconstruction-de-luniversite-du-mirail-a-toulouse 03/11/2014.
23 En ce sens, il s’agit d’un projet urbain, d’ailleurs intégré dans le Grand Projet de Ville et encadré par un projet directeur.
24 Projet de réhabilitation totale : 94000 m2 de bâtiments rénovés ou reconstruits, 1 100 places de parking. Projet PPP : Lieu : Toulouse ; Livraison : 2016 ; Maîtrise d’ouvrage : Université Toulouse-II Le Mirail ; Maîtrise d’œuvre : PPP : Vinci - Adim Ouest ; Architecte Mandataire : Valode & Pistre ; Architectes : Cardete Huet Architectes ; Mission complète : SHON : 60 000 m2 ; Coût HT : 120 M€ ; Partenariat : BDSP Partnership.
25 La société privée Vinci Construction sera propriétaire pendant 27 ans et touchera un loyer de l’État.
26 Groupe VINCI Construction France et VINCI Facilities (VINCI Energies).
27 La société Miralis formée notamment de Vinci Construction France et de Vinci Facilities (Vinci Energies), attributaire du contrat de partenariat de rénovation de l’université du Mirail.
28 http://www.haute-garonne.gouv.fr/content/download/7665/47690/file/Universit%C3%A9%20du%20Mirail%20-%20rapport.pdf, 03/11/2014.
29 Budgets d’investissement : - projet Miralis : 167 millions d’euros ; - logements étudiants et crèche : 18,2 millions d’euros ; - UFR de Psychologie et amphithéâtres mutualisés : 33,3 millions ; - université ouverte : 18,4 millions d’euros. Soit un total de 236,9 millions d’euros.
30 La région Midi-Pyrénées a lancé une reconstruction de l’UFR Psychologie et des amphithéâtres associés sur l’Université du Mirail à Toulouse (31). En co-traitance avec le cabinet d’architectes Espagno-Milani, F4 INGENIERIE a été nommé lauréat du concours. Le projet est complexe car l’équipe de Maîtrise d’Œuvre doit composer avec un patrimoine architectural fort (trame Candilis), améliorer sensiblement le confort intérieur et atteindre des performances environnementales élevées. L’isolation thermique renforcée, la sur-ventilation nocturne et une optimisation des apports solaires permettent au projet d’avoir des consommations énergétiques réduites et d’éviter l’utilisation de la climatisation. Livraison 2015.
31 Architectes agences Forma 6 et Joyes assistées par le bureau d’études Séti. Projet porté par le Conseil Général de Haute-Garonne.
32 cf. : enquête publique unique du 07/06/2013 au 09/07/2013 sur une demande présentée par l’université de Toulouse le Mirail et la société Miralis, relative : - au permis de construire de l’opération « Miralis » ; - la déclaration d’utilité publique de l’ensemble du programme de restructuration envisagé ; - la cessibilité du foncier non maîtrisé : rapport et conclusions du commissaire enquêteur, Commissaire Enquêteur, Christian Lasserre Commissaire suppléant : Isabelle Zuili.
33 Budgets d’investissement des travaux en cours : projet Miralis : 167 millions d’euros, logements étudiants et crèche : 18,2 millions d’euros, UFR de Psychologie et amphithéâtres mutualisés : 33,3 millions, université ouverte : 18,4 millions d’euros. Soit un total de 236,9 millions d’euros. Budget des travaux réalisés depuis 1990 : 450 millions d’euros. Constructions de bâtiments annexes sur des crédits de contrats de plan État-Région successifs (150 M€¤) : Maison de la Recherche, Bibliothèque universitaire centrale, Fabrique, Restaurant universitaire, L’Arche.
34 http://www.caissedesdepots.fr/actualites/toutes-les-actualites/en-region-hors-menu/un-pret-sur-fonds-depargne-pour-luniversite-de-toulouse-le-mirail.html. L’opération, d’un montant d’investissement global de 151 M€, bénéficie d’un prêt de la Caisse des Dépôts sur fond d’épargne de 35 M€ d’une durée de 26 ans qui représente 25 % du besoin d’emprunt total.
35 Tunzini Toulouse, FG Toulouse et Cegelec Toulouse Grands Projets : climatisation, plomberie et travaux d’électricité. Axians Toulouse : vidéosurveillance et réseau WiFi. Barde Sud-Ouest Garonne et Lot : éclairage extérieur (23,3 M€).
36 PPP : Reconstruction totale de l’Université de Toulouse II-Le Mirail http://www.archicool.com/index.php?option=com_k2&view=item&id... Et cf. enquête publique unique du 07/06/2013 au 09/07/2013.
37 Investissement total 202 millions d’euros TTC et 200 millions d’euros pour la maintenance et l’entretien des locaux sur les 26 ans du contrat de PPP, avec un « loyer » financé par l’État d’environ 15 millions d’euros par an.
38 Superficie du projet : 60000 m€ soit 46 % de la surface de l’université ; sur 23 ha. Hauteur maximale des bâtiments : 8 mètres.
39 Agrégée de biologie, chargée de mission à l’Académie des Sciences.
40 Mathématicien philosophe, inventeur de l’Arbre de connaissances.
41 Cf. Miralis, Note de présentation générale, Offre Finale12 juin 2012, p. 12.
42 Gérard Huet.
43 http://www.ladepeche.fr/article/2013/04/17/1607262-facdu-mirail-le-campus-fait-tomber-les-grilles.html.
44 http://www.20minutes.fr/toulouse/1139283-detruit-tout-recommence.
45 http://www.lemoniteur.fr/133-amenagement/article/actualite/20916082-coup-d-envoi-de-la-reconstruction-de-l-universite-du-mirail-a-toulouse
46 http://www.v-p.com/fr/news/universite-toulouse-mirail-valode-pistre-laureat.
47 http://www.ladepeche.fr/article/2013/04/16/1606913-lafac-du-mirail-sera-reconstruite-par-vinci.html.
48 http://www.cardete-huet.com/fr/references/education/348.
49 http://www.lemoniteur.fr/133-amenagement/article/actualite/20916082-coup-d-envoi-de-la-reconstruction-de-l-universite-du-mirail-a-toulouse.
50 Fiche technique : Construction, restructuration et réaménagement du Campus du Mirail - Toulouse, France, concours 2012. MAÎTRE D’OUVRAGE : université Toulouse II le Mirail. Architectes : Jean-Paul Viguier et associés. Constructeur : CARI. BET : snc Lavallin. Architecte associé : Icr. Paysagiste : agence Babylone. Surface du projet : 60 000 m2 shon. Site : 13 ha. Coût des travaux estimé : 100 m euros ht. Type de mission : avant-projet détaillé (conception, construction, architecture et aménagement intérieur).
Auteurs
-
Catherine Compain-Gajac
Docteur en Histoire de l’art, Agrégée d’Arts plastiques CRHiSM – EA 2986, UPVD
-
Jean-Paul Viguier
HonFAIA, AA - Architecte DPLG, MCP UD
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Conservation-restauration de l’architecture du mouvement moderne
Catherine Compain-Gajac (dir.)
2012
Iconographie funéraire romaine et société
Corpus antique, approches nouvelles ?
Martin Galinier et François Baratte (dir.)
2013
Vierges à l’Enfant médiévales de Catalogne
Mises en perspectives. Suivi du Corpus des Vierges à l'Enfant (xiie-xve s.) des Pyrénées-Orientales
Marie-Pasquine Subes et Jean-Bernard Mathon (dir.)
2013
Les campus universitaires
Architecture et urbanisme, histoire et sociologie, état des lieux et perspectives
Catherine Compain-Gajac (dir.)
2014
Rotte mediterranee della pittura
Artisti e committenti tra Sardegna e Catalogna nella prima età moderna
Mauro Salis
2015
L’invention d’une Méditerranée
Patrimoine, création, identité en Roussillon de la fin du xviiie siècle à l’entre-deux-guerres
Marie-Hélène Solère-Sangla
2016
Les échanges artistiques entre la France et l’Espagne, xve-fin xixe siècles
Julien Lugand (dir.)
2012
Circulations artistiques dans la Couronne d'Aragon
Le rôle des chapitres cathédraux, xvie-xviiie siècles
Julien Lugand (dir.)
2014
Passió col·leccionista
El museu-biblioteca de mossèn Pere Valls i Vilà (1848-1925)
Gabriel Alcade Gurt et Francesc Miralpeix Vilamala (dir.)
2014