De l’exurbanisation à la réurbanisation des campus universitaires
30 ans d’urbanisme et d’architecture : 1960-1990
p. 35-44
Texte intégral
1L’accroissement considérable du nombre des étudiants dans la seconde moitié du XXe siècle – un peu plus de 150 000 dans les années 1950, ils sont presque 300 000 au début des années 1960, plus de 600.000 au début des années 1970 et plus de 1 100 000 en 1990 –conséquence de l’évolution démographique de l’après-guerre, mais aussi de l’augmentation du taux de scolarisation, pousse les pouvoirs publics, dès le début des années 1960, à « construire, agrandir, moderniser »1 les lieux d’enseignement et de recherche. Placés devant ce difficile problème, ils tentent d’abord l’expérience de l’exurbanisation des sites universitaires avant de chercher à les réurbaniser.
ANNÉES 1960 : L’UNIVERSITÉ HORS LA VILLE
2Dès le début du 3e plan, en 1957, de nombreuses opérations d’extensions et de constructions d’établissements neufs voient le jour. Cet effort se poursuit tout au long du 4e plan, entre les années 1962 et 1965, et s’amplifie jusqu’aux années 1968-1969, caractérisées par toute une série de programmes dits « d’urgence ». Les nouveaux bâtiments sont implantés dans des villes aux traditions universitaires anciennes comme dans des villes auparavant dépourvues d’équipements d’enseignement supérieur.
3Dans l’un comme dans l’autre cas, l’importance des besoins en matière de locaux d’enseignement et de recherche est telle, durant cette période, que leur satisfaction globale ne peut être envisagée à l’intérieur du périmètre des villes existantes. Face à la nécessité de trouver rapidement, au moindre coût et en évitant des procédures d’expropriations longues et complexes, les dizaines, voire les centaines d’hectares nécessaires aux nouvelles implantations, l’administration de l’Éducation nationale procède à des acquisitions foncières massives hors des centres urbains. Les campus universitaires réalisés durant les années soixante n’échappent ainsi pas au mouvement d’exurbanisation qui affecte un certain nombre de fonctions et d’activités jusqu’alors traditionnellement implantées dans les villes. De ce point de vue, le processus de constitution de ces campus est comparable à celui des grands ensembles.
4Les conséquences d’un tel choix sont aujourd’hui bien connues. Les centres urbains voient disparaître une partie importante de leurs activités et de leurs populations traditionnelles qui, même si leur pouvoir économique était faible, contribuaient au fonctionnement d’un certain nombre de leurs services. Quant aux campus, implantés dans des zones mal desservies et insuffisamment préparées à les accueillir, ils sont privés de centres, d’équipements –commerciaux, culturels ou de loisirs – et donc de toute possibilité d’animation, ils sont dotés de faibles coefficients d’occupation des sols – les bâtiments étant dispersés et séparés les uns des autres par des espaces médiocrement structurés, des routes ou des parcs de stationnement automobiles, etc. La Faculté des lettres de Nanterre construite par les architectes Jean-Paul et Jacques Chauliat –et point de départ du mouvement étudiant de mai 1968 ! –est ainsi sèchement décrite dans les revues d’architecture en 1965, comme « un ensemble universitaire qui occupera un terrain de 32 hectares au lieu-dit Nanterre-la-Folie situé dans la zone d’aménagement de La Défense. En plus de la Faculté des lettres, l’ensemble doit comporter une Faculté de droit, une annexe de l’Institut des sciences politiques, deux restaurants de 1 200 places, une résidence d’étudiants de 1 500 chambres, une bibliothèque littéraire et juridique et un ensemble sportif comprenant une piscine avec bassin de 50 m. Les terrains seront aménagés en voiries, jardins, terrains de sports et parcs de stationnement »2.
5On attribue souvent cette situation à « l’influence de la centralisation politique et administrative », à « la nouveauté de l’expression de la croissance pour une administration traditionnelle, plus gestionnaire, tatillonne et contrôleuse, qu’encline à l’imagination créatrice, à la souplesse des solutions, à la différenciation locale, régionale, des règlements et des normes », enfin à « l’indifférence à l’égard de l’environnement » et au « dédain pour les valeurs dont le cadre de vie peut et doit être porteur »3. À ces raisons, on ajoute également l’absence de concertation entre l’Éducation nationale, les services locaux de l’État et les collectivités territoriales.
6La réalité de l’urbanisme universitaire des années soixante est bien plus complexe. On observe d’abord que certains ont vu, au travers de la réalisation des campus, la possibilité de donner un prestige nouveau à l’université française en lui offrant des zones où la méditation devait être favorisée par un environnement de calme et de verdure. Les municipalités ont été associées et ont soutenu cette politique qui a souvent été pour elles l’occasion inespérée de développements nouveaux. De ce point de vue, cette période marque le début du processus d’engagement des collectivités territoriales dans le domaine des constructions universitaires, alors que celles-ci ont toujours été de la compétence exclusive de l’État4. Les universitaires eux-mêmes –doyens de facultés et professeurs– ont contribué à l’élaboration des programmes de ces campus et à la définition de leur configuration. Enfin, les projets ont été systématiquement soumis aux autorités compétentes en matière d’architecture et d’urbanisme, notamment le Conseil général des bâtiments de France qui a été amené à les examiner tous, sous l’angle de leur insertion urbaine, de leur composition, de leur fonctionnalité, de leur qualité architecturale, et à s’assurer du talent des architectes choisis par le ministère de l’Éducation nationale. Ces derniers comptent d’ailleurs généralement parmi les personnalités les plus prestigieuses de la profession de cette période : Louis Arretche intervient à Rennes, Daniel Badani et Pierre Roux-Dorlut à Clermont-Ferrand, Olivier Cacoub à Orléans, René André Coulon à Bordeaux, René Egger à Marseille et à Montpellier, Marcel Lods à Reims, Noel Le Maresquier à Lille, etc. Tous ont « montré que pouvait être trouvé un juste équilibre entre le palais universitaire (...) et le campus strictement utilitaire »5, selon le constat établi, en 1965, par Jean Raynaud, un des directeurs de l’équipement scolaire, universitaire et sportif du ministère de l’Éducation nationale.
7Ces réalisations ne sont donc pas, comme on les présente trop souvent, la conséquence d’erreurs commises par des hommes politiques, des fonctionnaires, des architectes ou des urbanistes incompétents. Elles sont, en réalité, le résultat d’une entreprise collective et le produit d’une société à un moment donné de son développement. L’œuvre obtenue est d’ailleurs considérée par ses promoteurs non seulement comme réussie, mais aussi comme exemplaire. Christian Fouchet, ministre de l’Éducation nationale du général de Gaulle, n’écrit-il pas en 1965, en introduction d’un numéro de « L’architecture française » consacré aux constructions universitaires, que « les œuvres ici rassemblées expriment l’heureuse alliance du beau, de l’utile et du simple, attestant ainsi des plus hautes qualités architecturales », ajoutant que « ce numéro spécial de la revue constituera pour les cadres de l’Éducation nationale, pour les professeurs, pour les hommes de l’art, et pour bien d’autres, un sujet de réflexion et aussi un motif de fierté et d’espérance »6.
LE RÔLE DE L’INDUSTRIALISATION
8Si les responsables de l’administration de l’Éducation nationale innovent dans le domaine de l’urbanisme, ils innovent également le domaine des techniques, en faisant appel –pour construire vite des surfaces très importantes de locaux– à des procédures constructives originales, celles de l’industrialisation. Déjà largement utilisées pour combler le retard de notre pays dans le domaine des constructions scolaires, celles-ci permettent de résoudre, dans des conditions sensiblement comparables, une partie du problème de son sous-équipement universitaire. Jouant un véritable rôle précurseur, le ministère de l’Éducation nationale bouleverse l’organisation de la maîtrise d’ouvrage public comme celle de la maîtrise d’œuvre privée.
9Pour le maître d’ouvrage, les procédures d’industrialisation sont l’occasion de regrouper les commandes sur le plan national et de constituer une masse de manœuvres importante qui lui permet de réduire les délais administratifs d’instruction des dossiers, d’accélérer des études propres à chaque opération, de diminuer la durée des chantiers, d’obtenir une baisse des coûts de chaque opération. Intervenant sur la conception de modèles répétitifs –et non plus sur la définition d’une œuvre unique– et sur leur harmonisation dans les sites, les architectes voient, quant à eux, leur rôle évoluer. Assurées, sur le long terme, de débouchés importants, les entreprises peuvent mettre en œuvre des formes d’organisation – tant en ce qui concerne les bureaux d’études que les ateliers ou les chantiers – qui les rapprochent du secteur industriel dont le bâtiment reste traditionnellement éloigné. Pour la conception des projets, le choix des formes ou des matériaux comme pour la définition des structures ou des équipements techniques, les uns et les autres doivent établir entre eux une collaboration plus étroite qu’elle ne l’est habituellement.
10Cette généralisation des méthodes industrielles de construction permet au gouvernement, en particulier durant l’été 1968, de répondre dans des délais exceptionnellement rapides aux revendications des étudiants en matière de locaux. Paul Chaslin, alors président-directeur général d’une entreprise construction industrialisée, GEEP Industrie, évoque cette situation particulière7 : « C’était une fièvre incroyable ; nous faisions tourner les usines et, en moins de quinze jours, nous nous sommes engagés à faire 10 000 m2 à Clichy, 10 000 m2 à Clignancourt, 10 000 m2 à Asnières et 30 000 m2, par tranches de 10 000 (...) à Vincennes »8. Toutes ces opérations, commandées avant les vacances d’été de 1968 sont livrées pour la rentrée universitaire de la même année.
11Parallèlement à ces programmes « d’urgence », quelques constructions sont réalisées dans les centres-villes, notamment à Paris et dans la région parisienne. Elles restent comme des points de repère forts de notre histoire urbaine et architecturale récente : la Faculté de droit d’Assas dessinée par Charles Le Maresquier, le centre universitaire Censier de Jacques Carlu, le campus de Jussieu, que l’on doit à Édouard Albert, Urbain Cassan, René André Coulon, Louis Madeline, Roger Séassal et Constantin de Gortchakoff, le pavillon de l’Iran de la Cité internationale universitaire de Paris, œuvre de Claude Parent, Mohseine Foroughi et Heydar Ghiai, la Maison des Sciences de l’Homme conçue par Marcel Lods et Paul Depondt, la bibliothèque universitaire du campus de Nanterre d’Édouard Albert, etc.
12Ces choix techniques sont –eux aussi– l’expression d’une politique globale et volontariste et non pas le résultat d’une soi-disant incohérence des responsables du pays. Ces derniers en défendent d’ailleurs les fondements avec enthousiasme. Au satisfecit de Christian Fouchet qui écrit en 1966 : « Ce combat (de l’industrialisation), nous l’avons engagé et nous sommes fiers des résultats déjà atteints »9, répond celui d’Olivier Guichard –autre ministre de l’Éducation nationale– quatre ans plus tard : « Les techniques industrialisées (...) permettent de construire vite, dans des conditions de prix acceptables, des établissements qui n’ont rien à envier aux constructions dites traditionnelles. (...) Les innombrables possibilités offertes par ce mode de construction permettent un jeu de formes et de lignes très séduisant. L’architecte moderne pour qui la beauté est avant tout fonctionnelle peut y donner libre cours à son imagination créatrice : si bien que construire vite c’est aussi construire avec goût »10.
ANNÉES 1970 : LE TEMPS DES CRITIQUES
13Cet élan est cependant cassé au début des années 1970 pour deux raisons :
les chocs pétroliers, qui frappent le secteur du bâtiment de plein fouet ;
le tassement du rythme de croissance des effectifs globaux de l’enseignement supérieur, que les pouvoirs publics croient alors pouvoir discerner et qui servent de justifications à une forte diminution des financements de l’État.
14Il s’en suit un freinage très brutal des constructions universitaires. Les superficies nouvelles mises en service décroissent régulièrement et passent de plus de 800 000 mètres carrés en 1968 à moins de 20 000 mètres carrés au début des années quatre-vingt.
15Au même moment, les politiques urbaines et techniques développées dans les années 1960 font l’objet de fortes critiques –notamment au sein de la profession d’architecte– en raison des excès qu’elles comportaient. Ces critiques trouvent un écho favorable dans une communauté universitaire et un monde estudiantin, eux-mêmes dans une phase de profonde mutation –qui connaît son paroxysme au moment des événements de mai 1968.
16Les pouvoirs publics doivent corriger ce qui, aux yeux de beaucoup, était devenu des erreurs graves d’urbanisme et d’architecture11. Sous des formes variées, des recherches nouvelles sont menées sur les relations des universités avec leur environnement et sur la conception d’une architecture moins figée qu’auparavant. Quelques exemples sont là pour en témoigner : à Orléans La Source ou à Créteil, avec l’établissement d’une liaison entre les locaux universitaires et les quartiers nouveaux ; à Paris, avec le centre Tolbiac construit dans la ville par les architectes Michel Andrault et Pierre Parat ; à Lyon ou à Compiègne12 où sont réalisées des universités de « nouvelle génération », offrant une partie de leurs locaux à l’usage de la ville. Ces exemples restent cependant peu nombreux.
LE TOURNANT DES ANNÉES 1980
17Au début des années 198013, le patrimoine immobilier de l’enseignement supérieur et de la recherche universitaire représente une surface globale d’environ 12 millions de mètres carrés dont 2,5 millions pour les résidences et les restaurants universitaires.
18Dans la foulée de l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République en 1981, une demande pressante de constructions universitaires –qui avait renoncé à s’exprimer du fait de la conjoncture antérieure– se manifeste à nouveau. Elle porte autant sur la création de nouvelles capacités d’accueil, que sur la restructuration ou la reconstruction de bâtiments existants. Selon un recensement de la totalité de ces demandes réalisé par le ministère de l’Éducation nationale, le coût de besoins exprimés s’élève à environ 3 milliards de francs –valeur 1981– chiffre que l’on peut rapprocher, pour en prendre la mesure, de celui de l’enveloppe annuelle qui était consacrée, durant cette même période, par l’État, aux investissements universitaires, soit environ 100 millions de francs.
19Les pouvoirs publics décident alors d’impulser une nouvelle politique immobilière universitaire, structurée autour de trois grands axes :
la modernisation du parc immobilier existant pour en favoriser l’utilisation optimale ;
la reprise des grands investissements universitaires et, pour y parvenir, la recherche d’une concertation active avec les collectivités territoriales directement intéressées ;
le rattrapage, au travers des deux axes précédents, des inconvénients de l’urbanisme universitaire périphérique et des désagréments d’une architecturale industrialisée répétitive –ce dernier axe reprenant les réflexions déjà menées dans les années 1970, mais abandonnées avec la chute du volume des constructions universitaires.
DES RELATIONS NOUVELLES ENTRE L’ÉTAT ET LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
20Parce que les disponibilités financières de l’État sont insuffisantes, mais aussi parce que les autorités gouvernementales prennent conscience que, dans le contexte de la décentralisation mise en œuvre par les lois de 1982, il n’est plus possible de traiter les constructions universitaires de manière centralisée comme par le passé, on assiste, au cours des années 1980, à l’affirmation d’une volonté nouvelle des pouvoirs publics de définir les projets de l’enseignement supérieur en liaison avec les régions, les départements et les communes, ouvrant ainsi la voie à la recherche d’une meilleure insertion des constructions dans les sites urbains. Cette volonté d’associer les collectivités territoriales à la définition de ces opérations, est d’autant mieux accueillie par ces dernières, que la plupart d’entre elles s’intéressent depuis longtemps, et de très près, aux formations universitaires et sont disposées, dans leur majorité, à investir des sommes considérables pour hâter la réalisation de projets majeurs pour leur développement.
21Ces orientations trouvent leur concrétisation au travers de l’élaboration et de la mise en œuvre des contrats de plan. Négociés par les préfets de régions et les présidents de conseils régionaux et signés par eux après un processus d’aller et retour coordonné par la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale –DATAR–, ces contrats regroupent les priorités de l’État et des régions. Les constructions universitaires y trouvent toute leur place grâce à une carte universitaire, qui constitue « le cadre des décisions relatives à la localisation géographique des établissements, à l’implantation des formations supérieures et des activités de recherche et de documentation, aux habilitations à délivrer des diplômes nationaux et à la répartition des moyens ». Cette carte universitaire est un outil important d’intégration cohérente des universités dans leur environnement14.
LA RECHERCHE D’UNE NOUVELLE QUALITÉ ARCHITECTURALE ET URBAINE
22C’est le président de la République lui-même –on connaît l’attachement de François Mitterrand aux arts et à l’architecture– qui, en juin 1983, puis au cours d’un conseil des ministres du 18 janvier 1984, demande à tous les ministres qui se trouvent à la tête de ministères dits « constructeurs » de mettre en chantier des opérations exemplaires de qualité architecturale. Le ministre de l’Éducation nationale répond à cette demande par plusieurs projets dont certains concernent le secteur universitaire. Le « premier lieu pédagogique doit être beau, fonctionnel et harmonieux. L’équilibre des formes et l’harmonie des matériaux et des couleurs ont une influence considérable sur l’éveil de l’intelligence. Le collège, le lycée et l’université représentent, après l’école primaire, un ensemble de bâtiments dans lesquels les jeunes de ce pays passent le temps de leurs vingt premières années. Nous avons la responsabilité de leur offrir un cadre de vie et de travail qui les attire et les épanouit », déclare alors Jean-Pierre Chevènement15.
23Sur la base des travaux antérieurs de la Mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques –MIQCP16– un effort très important est entrepris par les services ministériels17. Ils généralisent, pour chaque projet, le recours aux études préalables –souvent négligées dans le passé– et favorisent la prise en compte des caractéristiques des sites, de l’environnement humain, de la typologie des bâtiments, des données historiques, physiques, climatologiques, réglementaires, etc. Ils s’obligent à porter une attention particulière à l’élaboration des programmes des opérations et à la définition précise –par une « équipe de projet » formée autour du maître de l’ouvrage– des objectifs quantitatifs, fonctionnels et qualitatifs de chacune d’elle. Ils choisissent les architectes de manière aussi objective que possible, par le biais de concours soigneusement organisés. Ils veillent enfin à ce que la réalisation de chaque opération soit suivie attentivement.
24Il résulte de ces initiatives une amélioration notable de la qualité des constructions universitaires. Plusieurs exemples en témoignent : l’Unité d’enseignement et de recherche de Sciences économiques d’Aix-en-Provence –réalisée par CCD Architecture, Gérard Cerrito, Xavier Chabrol et Régis Daniel– celle de Droit et Sciences économiques de Brest –œuvre de Christian Hauvette– l’Institut universitaire de Technologie de Calais –conçu par Rémy Butler– ou l’Unité d’enseignement et de recherche de Lettres et Sciences humaines d’Orléans –que l’on doit à A.C.M. : Dominique Armand, Henry Chomette et Thierry Melot18.
25Les résultats sont tels, note avec satisfaction le président de la République, « que la procédure ainsi mise au point peut être proposée en exemple, non seulement aux autres administrations, mais encore aux collectivités locales qui seront (...) qui sont déjà plus directement intéressées aux projets de constructions publiques »19. Les municipalités qui –par exemple à Amiens– impulsent des opérations de constructions universitaires sur leur territoire reprennent en effet ce dispositif, généralement avec des résultats très positifs20.
26C’est ensuite le ministre de l’Éducation nationale qui, le 29 septembre 1988, annonce aux présidents d’Universités : « Je souhaite promouvoir une véritable politique d’urbanisme et d’architecture des campus, car je suis persuadé, comme vous, que le cadre et les éléments de vie sur les campus contribuent à l’efficacité de l’université (...). Les domaines universitaires sont trop souvent coupés du milieu dans lequel ils s’inscrivent, désertés le soir et durant les périodes de vacances ». Se plaçant résolument aux antipodes des dispositions urbaines des années 1960, les responsables ministériels veulent redonner à l’université un rôle dans la cité, réurbaniser les campus en imaginant la capacité des sites à pouvoir recevoir des lieux de culture, de sport, d’habitation et de travail compatibles avec les missions universitaires traditionnelles, tant pour les étudiants, les enseignants, les chercheurs et l’ensemble des personnes qui y travaillent que pour les habitants des agglomérations environnantes.
27Les pouvoirs publics engagent ainsi un processus –qui se poursuit encore aujourd’hui– de redéfinition des lieux d’enseignement supérieur comme points forts des trames urbaines, les villes pouvant, quant à elles, redéfinir leur image par le choix de ces éléments structurants21.
Bibliographie
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Revue Hygiène et confort des collectivités, no 85, décembre 1966.
Revue Hygiène et confort des collectivités, no 105, janvier 1970.
Cahiers de L’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la région parisienne, mai 1971.
Techniques et Architecture no 295, novembre 1973.
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« Le programme pluriannuel des constructions dans les universités », Le Moniteur des Travaux publics et du Bâtiment, no 10, 4 mars 1983.
Entretien avec Pierre Denizet, Le Moniteur des Travaux publics et du Bâtiment, no 26, 22 juin 1985.
Architecture et constructions scolaires : dix constructions exemplaires, Paris, ministère de l’Éducation nationale, 1985.
Le Moniteur Architecture-AMC, 25 octobre 1991.
« Plaisirs d’architecture », entretien avec Gilles de Robien, Jean-Yves Andrieux et Frédéric Seitz, Pratiques architecturales et enjeux politiques, France 1945-1995, Paris, Éditions Picard, 1998.
Notes de bas de page
1 Aigrain, directeur des enseignements supérieurs au ministère de l’Éducation nationale, 1965.
2 L’architecture française, op. cit.
3 Cahiers de L’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la région parisienne, mai 1971.
4 Si les lois de décentralisation de 1982 et de 1983 ont sensiblement accru le rôle des régions et des départements –les premières se voyant attribuer la responsabilité de la construction, des grosses réparations et du fonctionnement des lycées, les seconds recevant les mêmes compétences pour les collèges– ces mêmes lois prévoient que les communes continuent de s’occuper des établissements d’enseignement primaire et l’État des établissements d’enseignement supérieur.
5 L’architecture française, op. cit.
6 L’architecture française, op. cit.
7 Chaslin, 1994. À propos de Paul Chaslin, cf. Seitz, 2002.
8 Les bâtiments de Vincennes sont démolis dans les années 1980 à la suite du déménagement de l’Université de Paris 8 à Saint-Denis.
9 Revue Hygiène et confort des collectivités, no 85, décembre 1966.
10 Revue Hygiène et confort des collectivités, no 105, janvier 1970.
11 On notera que les effets de ces erreurs ont alors déjà été quelque peu atténués, grâce notamment à l’extension de l’urbanisation autour des campus, ce qui a conduit certains à défendre l’idée que les schémas d’urbanisme universitaire ont seulement péché par un calendrier de réalisation trop optimiste.
12 L’ensemble de Bron-Parilly qui regroupe des activités de l’Université de Lyon II a été conçu par l’architecte René Dottelonde, cf. Techniques et Architecture no 295, novembre 1973. Le pôle central de l’Université de technologie de Compiègne est l’œuvre d’Adrien Fainsilber et son centre de recherches de Royallieu, celle de René Dottelonde, cf. Techniques et Architecture no 295, novembre 1973.
13 Sur la politique immobilière de l’État à partir de 1981, on peut lire : « Le programme pluriannuel des constructions dans les universités », Le Moniteur des Travaux publics et du Bâtiment, no 10, 4 mars 1983 ; Entretien avec Pierre Denizet, Le Moniteur des Travaux publics et du Bâtiment, no 26, 22 juin 1985 ; Frédéric Seitz, « L’aménagement du territoire », Urbanisme, no 210, octobre-novembre 1985 et Jean-Jacques Payan, « Universités : déconcentrer les travaux de maintenance », Constructions scolaires et universitaires, no 3, mai-juin 1986.
14 À propos d’une première utilisation de cet outil, connue sous le nom « Université 2000 », on peut lire le dossier paru dans Le Moniteur Architecture-AMC, 25 octobre 1991.
15 Chevènement, 1985.
16 Créée par un décret du 20 octobre 1977 et placée auprès du ministre chargé de l’Architecture –actuellement le ministère de la Culture et de la Communication– la MIQCP a pour rôle de promouvoir la qualité architecturale des constructions publiques.
17 Cf. à ce sujet Dubois, 1985.
18 Ces projets sont exposés dans Architecture et constructions scolaires : dix constructions exemplaires, Paris, ministère de l’Éducation nationale, 1985.
19 Allocution de François Mitterrand, Président de la République, lors de l’inauguration de l’exposition « Architecture et constructions scolaires » à Paris, Sorbonne, 23 avril 1985.
20 Cf. « Plaisirs d’architecture », entretien avec Gilles de Robien, Jean-Yves Andrieux et Frédéric Seitz, Pratiques architecturales et enjeux politiques, France 1945-1995, Paris, Éditions Picard, 1998.
21 À ce propos, on peut lire : Gérard Courtois, « Des urbanistes pour l’université », Le Monde, jeudi 19 janvier 1989 ; Lionel Jospin, ministre de l’Éducation nationale, « Construisons ensemble l’école de demain », Le Monde, jeudi 26 janvier 1989 ; « Programme d’Architecture nouvelle : l’Université et la Ville », supplément à Plan Construction actualités no 34.
Auteur
Architecte DPLG, Professeur à l’Université de technologie de Compiègne
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