Préface

Gérard Monnier

p. 9-10


Texte intégral

1Après le Colloque « Conservation, restauration de l’architecture du Mouvement Moderne : exemple de l’Université du Mirail », Université Toulouse II-Le Mirail, en avril 2010, la présente publication se propose de combler le retard des historiens dans la représentation et dans l’interprétation des manifestations de ce programme architectural, le campus universitaire. Partout il a répondu, dans les années 1950 et suivantes, à un accroissement important des effectifs étudiants, à des évolutions profondes des contenus des formations et des recherches ; partout il interprète le début de la prospérité économique, qui conduit par exemple à prévoir des vastes parkings, sur un modèle venu d’outre-Atlantique.

2Aujourd’hui, les campus universitaires sont engagés dans des processus de restauration, de réhabilitation, de restructuration et d’extension de leurs architectures et de leurs sites.

3Les auteurs se proposent de faire le point sur les campus universitaires en France et dans le monde, sur leur histoire et sur leur architecture. Pour la France, ces contributions mettent bien en valeur l’obligation d’abandonner le modèle urbain, qui s’est imposé dans la première moitié du XXe siècle à Dijon (Bibliothèque et Faculté des lettres, rue Chabot-Charny, 1903-1923), à Marseille (Faculté des sciences Saint-Charles, 1911) et à Paris (Faculté de Médecine, rue des Saints-Pères, 1934-1953). Notons que, sous la IVe République, le développement des Universités dans la planification n’est pas une priorité ; elles ne sont pas mentionnées avant le 2e plan national, 1954-1959. Il faut attendre la création de la DATAR en 1963 et les objectifs des huit « métropoles d’équilibre » qui, recevant des financements adéquats, devaient créer de vrais quartiers de ville avec des emplois et des équipements. C’est de cette façon que Toulouse a été désignée comme métropole d’équilibre pourvue d’une grande Université. Sur le plan national, les autorités font, à la fin des années 1950 et dans les années 1960, et pour la plupart des sites (à l’exception de l’Université de Tours) le projet d’une implantation de l’université en dehors de la ville historique : à Bordeaux, à Dijon, à Marseille, à Rennes, à Lille, à Grenoble, à Orléans, etc. C’est l’occasion d’une résurgence sympathique de la toponymie locale : Toulouse-Le Mirail, Marseille-Luminy, entre autres.

4À Paris, l’Université de Nanterre est héritière de la Faculté des lettres et sciences humaines, fondée en 1964, et de la Faculté de droit et des sciences économiques, créée en 1966 afin de désengorger la Sorbonne. Après 1968, cet enseignement supérieur de masse doté de multiples implantations sur le territoire régional, reçoit un cadre institutionnel pérenne en rupture avec la forme unifiée et centralisatrice de l’ancienne Université de Paris. Il faut mentionner ici l’application de la loi Faure sur les universités, votée le 12 novembre 1968, qui prescrit le principe de la pluridisciplinarité des universités, de manière à mettre fin au « cloisonnement » des anciennes facultés. Aujourd’hui est à l’ordre du jour la création de l’Université Paris-Saclay, qui réunira au sud de Paris dix-neuf des établissements les plus réputés de l’enseignement supérieur et de la recherche français.

5Cependant, à Marseille, à Paris et à Poitiers, les auteurs montrent que le modèle urbain persiste : à Marseille, dans les années 1950, on constate le développement important de la Faculté des sciences Saint-Charles (Bibliothèque, F. Pouillon, arch.) ; à Paris, la Faculté des sciences de la Halle aux vins (engagé dès 1942, réalisation 1959, Urbain Cassan, arch.), germe du Centre Universitaire de Jussieu (1964-1972, Édouard Albert arch.), un projet ambitieux, porté par le doyen Zamansky et par le ministre de la Culture André Malraux, auquel font suite le Centre Universitaire de Tolbiac (1970-1972, Andrault et Parat, arch.) et la toute récente Université Paris VII, intégrée à un ensemble d’habitations du XIIIe arrondissement ; tandis qu’à Poitiers, les hôtels Berthelot et Fumé, deux monuments de la Renaissance, sont réaménagés au profit de l’Université pour accueillir les Facultés de Sciences humaines. Un exemple du réemploi du patrimoine bâti préexistant, les autres Facultés formant à l’Est de la ville un campus universitaire.

6À l’étranger, on sait que les universités édifiées au XXe siècle ont leur place dans le livre d’or de la modernité architecturale : les auteurs traitent le cas en Amérique centrale du campus de l’Université de Mexico, le campus de Simon Frazer University à Vancouver, au Canada, le campus de l’Université de Constantine en Algérie, etc. Plusieurs auteurs mettent l’accent sur les problèmes de réhabilitation : ce sont les cas du campus de l’Université de Montréal au Canada, du campus de l’Illinois Institute of Technology aux États-Unis, des campus de l’Université de Nagoya au Japon.

7Cette publication est nécessaire, au moment où la documentation sur le programme du campus s’impose.


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