Le trône de la Vierge : essai de typologie
p. 147-162
Texte intégral
1L’appellation Vierge en majesté est traditionnellement réservée, dans le domaine de la sculpture, à un type de représentation de la Vierge, assise, de face, tenant l’Enfant, assis lui aussi, sur ses genoux dans une position le plus souvent frontale. Cette iconographie implique que la Vierge soit assise sur un siège et l’appellation « Vierge trônant » (ou « trônante ») est utilisée, en concurrence avec celle de « Vierge en majesté », comme un synonyme. Mais les sièges ainsi représentés ne sont pas d’un type uniforme et je voudrais attirer l’attention sur la variété de leur typologie, sans avoir l’ambition de proposer une répartition topographique et chronologique fiable des formes les plus caractéristiques, même si certains regroupements semblent s’imposer1.

ill. 1 - Poitiers. Église Notre-Dame-la-Grande. Vierge en majesté dite « Notre-Dame des Clés ». Bois doré et peint. Fin du XVIe siècle. Trône refait au XVIIIe s. d’après un modèle roman (cl. auteur).
2Il convient cependant d’indiquer, au préalable, les limites de cette enquête. D’une part, elle concerne essentiellement les statues ou statuettes, c’est-à-dire les figures en ronde-bosse et n’inclut les reliefs, et éventuellement les images peintes, qu’à titre d’éléments de comparaison. D’autre part, comme il n’existe pas de corpus sur lequel elle puisse se fonder, elle est nécessairement incomplète et susceptible d’être amendée sur un grand nombre de points2. Si les statues de la Vierge en majesté sont en effet nombreuses, le terme recouvre des réalités fort diverses. Le cadre chronologique qui serait indispensable pour parvenir à un recensement cohérent, est très incertain, moins pour le point de départ qui se situe, si l’on s’en tient aux œuvres conservées, au plus tôt dans la seconde moitié du XIe siècle, que pour la date à partir de laquelle il conviendrait de ne plus utiliser l’expression « Vierge en majesté » ; certaines œuvres du milieu du XIIIe siècle, voire même plus tardives, semblent parfaitement correspondre à la définition donnée plus haut. Et il serait possible d’affirmer que, par le biais des copies à l’identique, des imitations et des retours à la tradition (dont la Vierge de Notre-Dame la Grande à Poitiers est un bon exemple) des effigies de la Vierge en majesté ont continué à être sculptées jusqu’à la période la plus contemporaine. D’un point de vue géographique, il faut aussi rappeler combien les actes de vandalisme antireligieux, les mutations du goût et l’évolution des formes de dévotion ont été destructeurs pour ce type d’œuvres, surtout dans certaines aires géographiques. C’est ainsi, par exemple, que, pour les Iles britanniques, nous ne connaissons, de telles images qu’à travers un très petit nombre d’ivoires3.
3Par ailleurs, d’un point de vue matériel, le siège de la Vierge est rarement taillé dans le même bloc que la figure elle-même, sauf dans le cas des statues en pierre : il est sculpté à part, très fréquemment par l’assemblage de plusieurs pièces de bois. Plus encore que les autres parties rapportées, il a, dans bien des cas, été modifié ou remplacé [ill. 1]4 lorsqu’il n’a pas totalement disparu, ce qui explique peut-être que cet élément ait assez peu retenu l’attention5. Exemple parmi bien d’autres, la Vierge dite du « Palazzo di Venezia », à Rome [ill. 2], l’une des plus belles des « Majestés » italiennes, particulièrement célèbre pour sa polychromie6, est ainsi assise « dans le vide » et il est impossible de reconstituer avec certitude le type du siège sur lequel elle était placée7. On peut enfin noter que dans le cas des statues (plus spécialement celles en pierre), placées dans une niche8 ou intégrées à un ensemble monumental, le siège est parfois totalement occulté par la figure de la Vierge elle-même ; il ne peut donc être défini que de façon négative : il est sans dossier apparent, sans accoudoirs, et parfois sans montants latéraux visibles...
4Lorsque ce siège est conservé et que l’on peut raisonnablement penser qu’il s’agit bien, pour l’essentiel, du siège d’origine, il n’est pas aisé de le désigner par un nom qui corresponde à une appellation médiévale car, en fait, très peu de textes font mention de cet élément. Dans la mentalité de l’époque romane, suivant en cela une longue tradition, c’est le corps de la Vierge elle-même, et donc sa représentation, qui est un « trône ». Même si, comme l’a bien montré Robert Favreau9, la formule, essentiellement épigraphique, mais quelque peu polysémique, In gremio Matris (ou Mariae), sedet (ou residet) Sapientia Patris (Dans le giron de la Mère, siège la Sagesse du Père) ne remonte, au plus tôt, qu’au Xe siècle, un grand nombre de textes sont, dès le VIe siècle, porteurs de la même idée. Commentant au départ le mystère de l’Incarnation, ils aboutissent à définir la totalité du rôle de la Vierge dans l’histoire du Salut. L’appellation Sedes Sapientiae, introduite, à une date incertaine (peut-être dès la fin du XIIe siècle ?), dans les « Litanies de la Vierge », a, en quelque sorte, pérennisé une notion dont les images de la Vierge en majesté pourraient apparaître comme la plus parfaite représentation.

ill. 2 - Rome. Museo del Palazzo di Venezia. Vierge en majesté, provenant d’Acuto. Bois polychrome avec cabochons incrustés. Vue latérale montrant la découpe pour l’insertion du trône disparu. Latium, début du XIIIe siècle (cl. auteur).
5J’ai qualifié de « trône » le siège sur lequel la Vierge est assise, mais peut-être ce nom pourrait-il paraître inadéquat10. Le trône est un attribut divin, réservé, dans l’antiquité païenne, aux dieux, et plus particulièrement à Jupiter (et par extension à l’empereur divinisé). À partir du IVe siècle, les Chrétiens adoptent le terme avec une acception tout aussi restrictive, Christus residens in throno écrit, beaucoup plus tard, Guillaume Durand pour définir l’une des images « licites » du Sauveur11. En fait le vocabulaire latin utilisé au Moyen Âge pour désigner toutes sortes de sièges est relativement imprécis12. Le « thronus » est sans doute le terme le plus prestigieux ; il est lié, comme on vient de le voir, à la représentation de la Majestas Domini. Il s’applique aussi au siège de l’évêque qui est inthronizatus lorsqu’il prend ses fonctions dans son église cathédrale dont le nom même indique qu’elle abrite la cathedra, la « chaire » ; ce terme lui aussi prestigieux, lié à la notion d’enseignement (il suffit de se référer à la cathedra sancti Petri et aux autres « chaires apostoliques »)13, est un peu galvaudé du point de vue iconographique, par son utilisation dans des représentations très diverses, comme par exemple la scène illustrant le mois de février dans le calendrier du portail dextre de la façade occidentale de Saint-Denis14. Plus rare, le terme de solium qui désignait, dans l’Antiquité, le siège, très honorable, du maître de maison, semble réservé au trône royal et avoir (comme celui de limen) un sens, non pas tant matériel, qu’institutionnel pour indiquer le lieu (ou le « siège ») du pouvoir et même le territoire gouverné par le souverain15. Reste le terme de sella qui désigne un siège carré, sans accoudoirs ni dossier, qui est donc plus précis que celui de sedes et qui est plutôt lié (en souvenir de la sella curulis ?) à des fonctions de gouvernement civil ou de justice16. Dans le vocabulaire français, on peut éliminer le terme faudesteuil dérivé du germanique fall, c’est-à-dire plier, mais retenir au contraire chaiere, qui dérive de cathedra, ainsi que cheize ce qui peut surprendre, tant le meuble que nous désignons sous le mot qui en dérive paraît éloigné de la gloire de la Vierge ; mais ce mot pouvait aussi avoir une acception plus prestigieuse comme le montre l’appellation « chaise d’or » donnée à une monnaie de Philippe VI de Valois, qui porte l’effigie du souverain assis sur un trône à l’architecture très riche17.
6Il était inévitable, en abordant, même rapidement, les problèmes de vocabulaire, de remonter jusqu’à l’antiquité romaine et aux pratiques de l’église ancienne. Mais il faut noter que les statues de Vierge en majesté de l’époque médiévale n’ont pas conservé de traces évidentes de ce que l’on voit sur les plus anciennes images de la Vierge assise, tenant l’Enfant sur ses genoux, incluse, pour une très large majorité, dans des représentations de l’Adoration des Mages : ni le « klismos », à quatre pieds, sans accoudoirs, mais pourvu d’un dossier incurvé et garni d’un coussin18, ni la cathedra en osier tressé dont l’usage est attesté par Pline, et qui est abondamment représentée dans la sculpture des sarcophages19, ne semblent avoir été reproduits dans la sculpture du Moyen Âge. Quant à la cathedra velata que recouvre un tissu largement débordant, tissu qui peut même être drapé, comme un rideau, derrière ou par-dessus le dossier, elle fut adaptée sous des formes très diverses par les peintres byzantins et connut une longue fortune dans la peinture italienne en devenant indépendante du siège pour devenir derrière la figure de la Vierge une forme de « drap d’honneur »20.
7On rencontre, dans la peinture de manuscrit et surtout dans la « petite sculpture » en matériau précieux, quelques imitations des sièges impériaux du Bas-Empire, connus par leurs dérivations byzantines. Ainsi, à une date précoce (vers l’an mil ?), la très célèbre Vierge en ivoire du musée de Mayence est placée devant un double rideau accroché à un arc en plein cintre et enroulé autour des colonnettes latérales21. Sur une plaque de reliure conservée à Anvers, également en ivoire, mais plus tardive (milieu du XIe siècle), la Vierge est assise sur un trône très orné, pourvu d’un dossier de forme ovale qui l’inscrit dans une sorte de gloire22 Plus étrange, sur un relief d’argent du « paliotto » de Torcello la Vierge est représentée sur un trône en forme de lyre, attesté dans l’art byzantin, mais fort rare en Occident23. La cathedra velata apparaît à une date beaucoup plus tardive, dans des sculptures en marbre ou en pierre exécutées dans la zone adriatique, au contact direct de l’art byzantin : sur une statue de la cathédrale d’Aquilée, le drapé du tissu placé derrière le trône participe à une sorte d’agitation générale de la composition qui marque une rupture avec l’iconographie traditionnelle, beaucoup plus conforme aux usages, d’un haut relief conservé au Louvre mais provenant de San Francesco de Ravenne ; malgré ses analogies formelles avec la Vierge d’ivoire de Mayence, ce dernier n’est sans doute pas antérieur aux premières années du XIVe siècle24. Peut-être la cathedra velata est-elle aussi à l’origine, quoique singulièrement déformée, d’un type italien de Vierge en majesté, daté en général du XIIIe siècle provenant de la région ombrienne [ill. 3] : la Vierge, assise sur un siège très simple, s’y détache sur un fond rectangulaire, parfois pourvu d’une sorte de fronton ; la polychromie de ce fond imite manifestement un tissu, non plus drapé, mais tendu25.

ill. 3 - Florence. Museo nazionale del Bargello. Vierge en majesté. Bois polychrome. Ombrie, début ou milieu du XIIIe siècle (cl. auteur).
8Encore plus rares sont les images de la Vierge en majesté où le siège affecte la forme d’un X orné de pattes et de têtes de félin, comme on peut en voir dans quelques peintures de manuscrit (en particulier dans le « Psautier d’Angers »)26 ; je n’en connais, pour l’époque romane, que deux exemples sculptés en ronde-bosse : la statue provenant d’Urnes27, en Norvège (Musée historique de l’Université de Bergen) [ill. 4] et celle de la chapelle de la Nativité de la Vierge dans la commune de La Marche (Vosges)28.
9Le terme de « cathèdre » paraît particulièrement adapté pour désigner un type de siège utilisé dans nombre de représentations de la Vierge en majesté, en France, au nord de la Loire, dans le domaine germanique et dans les pays scandinaves29 : ce meuble, haut et étroit, est caractérisé par quatre montants cylindriques, en général moulurés de façon plutôt sommaire (mais la polychromie compense, ou compensait, en partie cette simplicité) ; les deux montants antérieurs soutiennent des accoudoirs haut placés ; les deux autres montants encadrent un dossier élevé qui atteint au moins le niveau des épaules de la Vierge [ill. 5]. Une certaine ressemblance entre ces cathèdres et celle qui est représentée sur la plus plausible des images conservées de la très vénérée statue de Notre-Dame de Chartres avait suggéré l’hypothèse selon laquelle les Vierges de ce type, fort nombreuses en Europe du Nord, étaient de libres copies de ce prototype perdu30. La verticalité, les proportions très allongées, imposées au corps de la Vierge par la forme du trône, et même le traitement du drapé paraissaient présenter des analogies avec les statues du Portail royal de Chartres et donc renforcer cette interprétation31. Celle-ci n’est plus guère admise actuellement, tant ces œuvres s’insèrent parfaitement dans le contexte de la sculpture de leur région d’origine et certaines de leurs caractéristiques se retrouvent en Suède, dans les images, assez nombreuses, d’évêques trônant32. Le même type de cathèdre a été adopté dans des œuvres très raffinées comme la Vierge d’Hoven33, ou plus monumentales, comme celle, en haut-relief, du Retable d’Oberpleis34. Une statue du musée de Dusseldorf35 provenant semble-t-il de l’ouest de l’Allemagne, montre qu’à une date relativement avancée du XIIIe siècle, la cathèdre à haut dossier était encore mise en œuvre. En France, pour ne citer que quelques exemples, la Vierge de Saint-Martin-des-Champs36 ou la célèbre « Diège » de Jouy-en Josas sont assises sur de telles cathèdres, alors que le dossier de la Vierge de Limay, iconographiquement si proche de la « Diège », est nettement moins élevé37. Il en va de même de celui que l’on aperçoit sur le retable de Carrière-sur-Seine où les montants du siège enserrent d’ailleurs moins étroitement le corps de la Vierge38.

ill. 4 - Bergen. Historik Museum. Vierge en majesté. Provenant d’Urnes. Bois polychrome. Trône en forme de pliant à protomés de félins. Norvège, seconde moitié du XIIe siècle (cl. musée).

ill. 5 - Heda. Église. Vierge en majesté. Bois polychrome, Trône de type cathèdre à haut dossier. Suède (Ostergotland), vers 1200 (cl. département Sculptures Louvre).
10On peut opposer à ce type de cathèdre que l’on pourrait qualifier de « septentrional », une large « famille » méridionale qui rassemblerait des modèles, certes très différents entre eux, mais qui auraient en commun d’être relativement larges et de ne jamais comporter un dossier aussi développé en hauteur. Généralement, celui-ci reste au même niveau que les accoudoirs ou les dépasse à peine. En présence des plus célèbres statues de Vierge en majesté dites « auvergnates », en particulier dans le cas, exceptionnel il est vrai, de la Vierge d’Orcival qui a conservé son revêtement métallique39, le terme « trône » vient presque spontanément à l’esprit pour définir le siège sur lequel elles sont assises. De plan carré ou plus rarement semi-circulaire, ces sièges reposent sur des colonnettes, au nombre de quatre dans le premier cas, de six dans le second [ill. 6]. Les accoudoirs sont, dans les statues dont l’exécution est la plus soignée, du type « à balustres et arcatures »40 ; l’ensemble constitué par le dossier et les accoudoirs est un élément fragile qui a souvent beaucoup souffert, réduit parfois aux seuls montants antérieurs ; il peut avoir presque complètement disparu comme c’est le cas pour la« Vierge Pierpont Morgan », à New York et pour un grand nombre de statues encore en place dans leur église41.

ill. 6- Paris. Musée du Louvre. Vierge en majesté (dite « du Forez »). Bois polychrome. Trône à balustres et arcatures et de plan semi-circulaire. Auvergne, milieu du XIIe siècle (cl. musée).
11Les statues de la région bourguignonne, peu nombreuses d’ailleurs, présentent souvent des formes un peu intermédiaires ; ainsi celle de la collégiale de Beaune [ill. 7], étroitement enserrée par les montants antérieurs de sa cathèdre, paraît, vue de face, appartenir au modèle septentrional ; mais le dossier est bas, ajouré, comme les accoudoirs, d’arcatures et surmonté d’un élément triangulaire dont la pointe se situe au niveau des coudes de la figure. Le dossier de la Vierge d’Autun (New York, musée des Cloîtres) a disparu, mais il ne devait guère être plus élevé. Le trône de cette statue présente cependant une particularité exceptionnelle : il est recouvert d’un tissu drapé selon la formule la plus élémentaire, et peut-être la plus ancienne, de la cathedra velata antique42.

ill. 7 - Beaune (Côte d’Or). Église Notre-Dame. Vierge en majesté. Bois polychrome. Trône de type cathèdre à dossier bas. Bourgogne, milieu du XIIe siècle (cl. auteur).
12Le trône à accoudoirs et à dossier bas, connaît, on le sait, une fortune toute particulière dans les statues de la Vierge en majesté réalisées en Catalogne au XIIe siècle et au début du XIIIe siècle. Je n’y insisterai pas dans le contexte de ce colloque, sauf pour souligner un détail qui paraît assez spécifique : les montants antérieurs du trône sont fréquemment traités comme des colonnettes torses dont les stries sont soit véritablement sculptées, comme dans le cas de la Vierge de Corneilla de Conflent [ill. 8]43, soit peintes. Tel est le cas, par exemple de la statue provenant de l’ermitage de Santa Barbara à Montagut de Fluvià dans la Garroxta, au musée de Barcelone44, ou, dans le même musée, de celle naguère à Santa Maria d’All45. Il est assez fréquent que dans les trônes de ces statues catalanes, la polychromie joue un rôle dévolu ailleurs à la sculpture : ainsi sur la statue provenant de S. Maria « del Marquet », à Vilomara (Bages), dont le trône est orné sur ses flancs d’arcatures peintes, presque en trompe l’œil46.

ill. 8 - Corneilla de Conlent (Pyrénées-Orientales). Vierge en majesté dite « Notre-Dame de Corneilla ». Bois polychrome. Trône à montants antérieurs bas, torsadés, sans accoudoirs ni dossier. Roussillon, premier quart du XIIIe siècle (cl. auteur).

ill. 9 - Berlin, Bodesmuseum. Vierge en majesté « du Prêtre Martin », datée de 1199 et provenant de Borgo San Sepolcro. Bois polychrome. Ombrie in du XIIe siècle (cl. arch. musée).
13Quelques-unes des plus remarquables statues italiennes de Vierge en majesté sont également dépourvues de haut dossier,47 mais le siège en est parfois très étroit tout en étant rendu plus prestigieux par la présence, sous les pieds de la Vierge, non pas d’un simple tabouret bas (que l’on trouve dans d’autres régions, sans pouvoir toujours être certain qu’il s’agit bien d’un dispositif d’origine), mais d’une structure plus complexe qui le surélève. L’exemple le plus connu et le plus spectaculaire d’un tel dispositif est la colossale Vierge du Prêtre Martin (musée de Berlin), provenant de Borgo San Sepolcro et datée de 1199 [ill. 9]48 ; ses pieds reposent sur un élément en saillie, comme une console, soutenu par deux protomés de lions, au-dessus d’une moulure qui évoque une sorte d’emmarchement. Le même dispositif se retrouvait sur les statues de Santa Maria in Camucio a Todi et de S. Maria Infraportas à Foligno, œuvres, il est vrai, très remaniées et partiellement refaites au XVIe siècle.49 La présence de ces lions signifie-t-elle que le trône de la Vierge est assimilé à celui de Salomon, selon une formule clairement attestée à la fin de l’époque gothique ?50 Dans d’autres images sculptées italiennes on note que le trône est simplement surélevé ; dans une statue en marbre du musée de Lucques, un petit personnage en proskynèse occupe la place ainsi laissée libre, juste sous les pieds de la Vierge.
14Dans tous les sièges munis d’accoudoirs dont il a été question jusqu’ici, ceux-ci étaient caractérisés par un plan supérieur horizontal, perpendiculaire au dossier lorsqu’ils ne formaient pas avec ce dernier une structure horizontale continue, comme dans le cas de certaines statues auvergnates. Mais sur plusieurs statues, auxquelles on peut assigner une date relativement tardive, on peut observer que les accoudoirs changent radicalement d’aspect, au point de disparaître presque complètement. L’un des exemples les plus remarquables, peut-être aussi l’un des plus anciens mais bien difficile à situer, car sa provenance est inconnue, est conservé au musée national de Varsovie où il est considéré comme français : la Vierge y est représentée assise sur un siège de plan carré, pourvu de deux montants antérieurs qui ne dépassent pas le niveau de ses genoux et semblent se prolonger par une sorte de rebord peu élevé51. C’est un siège de type assez comparable que l’on observe sur une statue en pierre, nettement plus tardive, actuellement chez les Pères capucins de Santa Margherita Ligure et qui provient très probablement de Gênes : son trône est pourvu d’un dossier un peu plus marqué que celui de la statue de Varsovie mais il est pratiquement dépourvu d’accoudoirs, alors que les montants sont surmontés de deux petites sphères, ainsi qu’on en trouve sur les trônes à accoudoirs. Les flancs sont ornés de trois rangées d’arcatures très serrées52.
15Dans quelle mesure ce type de siège est-il l’héritier d’une forme de trône très ancienne, à accoudoirs incurvés dont la Sainte Foy de Conques et le « trône impérial » de Goslar sont les principaux témoins ?53. Des éléments au dessin courbe, sur lesquelles, à la vérité, il ne serait pas possible de s’accouder, mais qui assurent la liaison entre le siège proprement dit et son dossier, se rencontrent, assez rarement à la fin du XIIe siècle et au début du siècle suivant. Le cas, le plus remarquable sans doute par la richesse de son ornementation, s’observe sur une statue supposée provenir du prieuré d’Oignies, aujourd’hui au Metropolitan Museum de New York54 [ill. 10] ; certaines analogies qui ont pu être notées entre les ornements des côtés du trône et un dessin de l’album de Villard de Honnecourt pour une jouée de stalle, impliqueraient une datation relativement tardive (second quart du XIIIe siècle ?) alors que le rapprochement avec une jouée de stalle en pierre de Tournai du musée de Douai plaiderait pour une datation plus précoce.

ill. 10 - New York. Metropolitan Museum. Vierge en majesté dite « d’Oignies ». Bois décapé. Trône à accoudoirs curvilignes. Brabant ou Nord de la France, premier quart du XIIIe siècle ? (cl. archives Demotte).
16À la date, supposée ou probable, à laquelle fut exécutée la Vierge dite d’Oignies, un autre type de siège tendait à se généraliser dans les représentations de la Vierge en Majesté, type attesté et appelé à une longue fortune au point, de devenir au cours du XIIIe siècle, en certaines régions, l’unique modèle en usage dans des représentations de la Vierge assise55 : il se présente comme un bloc plein, souvent recouvert d’un coussin, presque toujours pourvu d’une mouluration à la base et à la partie supérieure. Ce modèle de siège, qui semble dériver d’une forme élémentaire dont il est bien difficile de déterminer l’origine, se rencontre, au moins depuis le début du XIIe siècle, dans des représentations sculptées en bas-relief, en particulier sur les chapiteaux, dans les scènes de l’Enfance du Christ, en concurrence avec une autre catégorie de siège, presque aussi simple, de plan rectangulaire, sans accoudoir ni dossier, posé sur deux supports et souvent garni d’un coussin. L’un des exemples les plus célèbres de cette seconde formule est certainement la Vierge allaitant dite « de Dom Rupert », relief en pierre conservé au musée Curtius à Liège, datable entre 1149 et 115856 ; la partie horizontale, ornée, sur sa tranche, de petites rosaces à quatre pétales, est soutenue par des supports décorés d’arcatures. Ces motifs (petits quadrilobes, inscrits parfois dans des cercles et arcatures superposées) se retrouvent, sculptés ou peints57 sur de nombreux sièges monoblocs58. Mais l’un des plus beaux exemples de ce type de siège est indiscutablement celui de la Sedes Sapientiae de Saint-Jean de Liège où le bloc, mouluré à la base et à la partie supérieure, est orné sur les côtés de grandes rosaces à quatre pétales inscrites dans des rectangles59.
17Il peut paraître un peu déconcertant que ce soit durant la période où l’iconographie « royale » de la Vierge-Mère (couronne, sceptre) tend à devenir la règle que le trône à dossier et accoudoirs se fasse plus rare au profit d’un type de siège d’apparence plus modeste. Peut-être le désir de donner plus de liberté à la position des bras de la Vierge et aux drapés de la partie supérieure de son corps a-t-il joué un rôle, même si beaucoup de ces statues ont une gestuelle extrêmement sobre. Mais en fait on ne sait trop comment nommer ce simple bloc mouluré, si discret que l’on oublie parfois sa présence. On emploie assez souvent, pour le décrire, l’expression « siège en forme d’autel » ou « trône-autel », quand il n’est pas tout simplement indiqué que la Vierge est assise sur un autel. Une telle interprétation est-elle recevable ? Le plus souvent ces sièges sont peu développés en largeur et ne peuvent être assimilés à celui de la « Vierge de la Chandeleur » qui est effectivement assise sur un autel, dont les dimensions sont suffisantes pour que deux chandeliers puissent y trouver place, selon une iconographie bien attestée, mais fondamentalement picturale60. De plus d’autres personnages que la Vierge ont été représentés, en sculpture et plus encore en peinture, assis sur des sièges en forme de bloc plus ou moins ornés ; il paraît difficile d’admettre que des Évangélistes, des évêques et plus encore des laïcs aient été placés ainsi sur des autels. Il y a bien longtemps, le comte Borchgrave d’Altena avait proposé, sans s’y attarder, de désigner ce type de siège par le nom latin de scamnum que l’on traduit par banc, mais dont l’emploi éviterait le caractère un peu trivial que ce terme a pris en français61.

ill. 11 - Soest. Burghofmuseum. Trône de l’abbesse de Soest. Bois. Début du XVe siècle.
18Il m’est évidemment impossible d’éviter le problème des rapports entre les sièges, quelle que soit leur forme, dont les statues de Vierge en majesté nous ont transmis l’image et les sièges qui ont été, dans la réalité, en usage, durant la période médiévale. Il n’existe plus qu’un très petit nombre de sièges remontant à l’époque romane, qui sont, pour la plupart des trônes épiscopaux ou abbatiaux, le plus souvent en marbre, rarement en bois62. Sans entrer dans le détail d’une discussion qui impliquerait l’examen des autres représentations de meubles sculptées ou peintes, pour l’époque concernée63, je me bornerai à signaler l’intérêt de deux œuvres :
19D’une part, le trône de l’abbesse de St Walburgis [ill. 11] à Soest64 qui ne date que de la fin du Moyen Âge mais qui semble être resté fidèle à des formes plus anciennes. Le type des montants de ce siège, de plan carré, a déjà été rapproché de celui des trônes des statues de la Vierge assise qui, même à une date tardive, siègent encore, en Rhénanie, sur des cathèdres dont le dossier est très développé en hauteur. Le trône de Soest serait, par ailleurs, sans doute sensiblement plus récent que celui (complété au XVIe siècle par une icône) qui est traditionnellement considéré, au monastère de Rila, en Bulgarie, comme celui du prince Stefan Dragomir, dit Hrelio (†1342), fondateur dudit monastère65. Dans l’un et l’autre cas, ces sièges, sans être à proprement parler des insignes du pouvoir, étaient liés à l’exercice d’une autorité.
20D’autre part, un trône de marbre, conservé au musée de Philadelphie, et qui proviendrait de Saint-Genis-des-Fontaines. [ill. 12]66. Pour des raisons diverses, des doutes se sont élevés au sujet de la provenance et donc de l’authenticité, de cette pièce. On peut noter, toutefois, le décor des deux montants antérieurs, assez comparables, par leurs stries hélicoïdales, à celui des trônes de certaines statues catalanes en bois polychrome évoquées précédemment. Par ailleurs la présence sur le dossier d’une croix inscrite dans un cercle se situe dans la tradition des plus anciens sièges épiscopaux67. En revanche, il n’existe, me semble-t-il, aucun rapport entre le trône épiscopal de la cathédrale de Gérone, qui fut sans doute celui de Pere Roger (1015-1040)68 et les trônes des statues catalanes dont aucune ne reprend sur les montants antérieurs (même s’il y a un doute pour celui de la Vierge de Ger)69 le motif de rinceaux qui caractérise ceux du trône de Gérone.

ill. 12 - Philadelphie Museum of Arts. Trône abbatial. Provenant de Saint-Genis-des-Fontaines (Pyrénées-Orientales) ? Marbre rouge veiné. Roussillon, seconde moitié du XIIe siècle ? (cl. Gouvert).
21Peut-être l’étude systématique des représentations romanes de meubles, sculptées ou peintes, apporterait-elle d’utiles indications sur la typologie et la chronologie des « trônes de la Vierge ». Beaucoup de ces représentations sont certes irréalistes, soit qu’elles se réfèrent à des modèles iconographiques parfois très anciens et plus ou moins bien compris, soit que les artistes, et tout particulièrement les peintres, aient donné libre cours à leur esprit inventif sans avoir, comme les sculpteurs de statues de pierre ou de bois, à s’inquiéter de la solidité et de la stabilité de leurs œuvres. Mais le souci du « détail vrai » qui n’est pas étranger à l’art roman, peut donner un réel intérêt à ces témoignages indirects.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Andersson, 1957 : Aron Andersson, Mariabilder. Skulptur 1160-1450, Stockholm, 1957, 36 p., 31 pl., (Ur Statens historikh a Museums Samlingen, vol. 6).
Andersson, 1966 : Aron Andersson et Bengt Thordemaun, Medieval wooden sculpture in Swedenn Stockholm, 1964-1966, 2 vol.
Apphun, 1978-1979 : Horst Appuhn, « Beiträge zur Geschichte des Herrschersitzes im Mittelalter. 1 Teil Gedreschsitze », Aachener Kunstblätter, t. 48, 1978-1979, p. 25-52.
Appuhn, 1986-1967 : Horst Appuhn, « Beiträge zur Geschichte des Herrschersitzes im Mittelalter. 2. Teil. Der sogennante Krodo-Altar und der Kaiserstuhl in Goslar », Aachener Kunstblätter, t. 54-55, 1986-1987, p. 69-98.
Bacci, 1996 : Michele Bacci, « La tipologia della Madonna in Trono. Innovazioni e resistenze », dans cat. exp. Lucques, 1995-1996 (Scultura lignea. Lucca 1200-1425, Lucques Palazzo Mansi et Museo nazionale della villa Guinigi, 16 décembre 1995-30 juin 1996), p. 59-80.
Baümer et Scheffczyk, 1994 : Remigius Baümer et Leo Scheffczyk (dir.), Marienlexicon, St Ottilien 1988-1994, 6 vol.
Beckwith, 1972 : James Beckwith, Ivory Carvings in Early Medieval England, Londres, 1972, 168 p.
Blindheim, 1998 : Martin Blindheim Painted wooden sculpture in Norway c. 1100-1250, Oslo, 1998, 100 p., (coll. Medieval art in Norway. éd. par les universités d’Oslo et de Bergen).
Blindheim, 2004 : Martin Blindheim, Gothic painted Wooden Sculpture in Norway, 1120-1350, Oslo, Stockholm, Oxford, Boston, 1998, 160 p., 88 ill.
Bloch, 1970 : Peter Bloch, Kölner Madonna, Mönchengladbach, 1970, 25 p., 43 pl.
Bode, 1888 : Wilhelm Bode, « Die Madonnen Statue des Presbyter Martinus vom Jahre 1199, im Museum zu Berlin », Jahrbuch der Königliche Preussisches Kunstsammlungen, IX, 3, 1888, p. 97-99.
Bon Valsassina, 1992 : Caterina Bon Valsassina, La Statua lignea della « Sedes Sapientiæ » nella chiesa di Santa Maria in Camuccia di Todi. Recupero, restauro, valorizzazione. Todi, 1992, 35 p., 17 fig.
Borchgrave d’Altena, 1937 : comte Joseph de Borchgrave d’Altena, « À propos des Vierges en majesté conservées en Belgique », Bulletin de la Société d’Art et d’Histoire du diocèse de Liège, t. 28, 1937, p. 1-44, 51 fig.
Borchgrave d’Altena, 1948 : comte Joseph de Borchgrave d’Altena, « Madones anciennes du Pays Gaunois et de la région française voisine », Pays Gaunois, no 9, 1948.
Borchgrave d’Altena, 1955 : comte Joseph de Borchgrave d’Altena, « Notes au sujet de sculptures en bois », Bulletin des musées royaux (Bruxelles), t. 27, 1955, p. 4 et suiv.
Brandt, 1989 : Michael Brandt. « Grosse Goldene Madonna [von Hildesheim] », dans cat. exp. Aus Kirchenkunst des Mittelalters, Hidesheim, 1989, no 4, p. 37-84.
Breckenridge 1980-1981 : J. D. Breckenridge, « Christ on the Lyre-backed Throne », Dumbarton Oaks Papers, 1980-1981, p. 247-260.
10.2307/1291454 :La Bulgarie médiévale, 1980 : La Bulgarie médiévale [Exposition, Paris, 1980].
Cassagnes-Brouquet, 1991 : Sophie Cassagnes-Brouquet, Marie en Limousin, Rodez, 1991, 286 p.
Camps, 2008 : Jordi Camps, « Wood Carvings » dans Manuel Castineiras et Jordi Camps, Romanesque Art in the M.N.A.C. collection, Barcelone, 2008, p. 137-163.
Carli, 1960 : Enzo Carli, La Scultura lignea italiana, Milan, 1960, 289 p., 90 pl.
Castelfranco, 1929-1930 : Francesco Castelfranco, « Madonne romaniche in legno », Dedalo, IX, 1929-1930, p. 768-778.
Curzi, 2011 : Gaetano Curzi, « La diffusione delle Sedes Sapientiae. Questioni chronologiche tra Toscana, Umbria, Lazio e Abruzzo nei secoli XII e XIII », dans Abruzzo : un laboratorio di ricerca sulla scultura lignea (dir. G. Curzi et A. Tomei) Studi medievali e moderni, t. XV, 2011 (no 1/2), p. 19-42.
Destrée, 1925 : Joseph Destrée, « La Vierge et l’Enfant, groupe en bois, provenant du prieuré d’Oignies ; origine, description et rapprochements », La Revue d’art, mars-avril 1925, p. 101.
Di Fabio, 1987 : Clario Di Fabio et Anna Daquino, « Ianua, fra l’Europa e il mare : la scultura in un territorio di frontiera, XII-XIII », La Scultura a Genova e in Liguria. Delle Origine al Cinquecento, Campomorone, 1987, p. 85-213.
Du Cange, 1842 : Charles Dufresne, sieur Du Cange. Glossarium mediæ et infimæ latinitatis, (éd. D. P. Charpentier) Paris, t. II, 1842.
Du Cange, 1865 : Charles Dufresne, sieur Du Cange, Glossarium mediæ et infimæ latinitatis, (éd. D. P. Charpentier) Paris, t. VI, 1846.
Ehrhardt et Wentzel, 1940 : Alfred Ehrhardt et Hans Wentzel, Niederdeutsche Madonnen, Hambourg, 1940, XXXIX p., 120 pl.
Énaud 1961 : François Énaud, « Remise en état de la Vierge à l’Enfant d’Orcival », Les Monuments historiques de la France, 1961 (2).
Les fastes du gothique, 1981 : Les fastes du gothique. Le siècle de Charles V [Exposition. Paris. 1981-1982].
Favreau, 1995 : Robert Favreau, « Origine et succès d’une formule épigraphique : In gremio Matris residet Sapientia Patris », Annales Universitatis Mariae Curie-Sklodowska, Lublin Polonia, vol. XIV, 1995 : Discernere Vera ac Falsa (Mélanges Jòzef Szymanski), p. 99-108.
Figures de Madones, 2005 : Figures de Madones. Vierges sculptées des Vosges, XIIe-XVIe siècle [Exposition, Musée départemental d’art ancien et moderne, Epinal, 2005].
Forsyth, 1972 : Ilene H. Forsyth, The Throne of Wisdom. Wood sculpture of the Madonna in Romanesque, France Princeton, 1972.
Francastel, 1973 : Galienne Francastel, Le Droit au trône : un problème de prééminence d’Occident du IVe au XIIe siècle, Paris, 1973 (coll. « Le signe de l’art », no 9), 388 p., 64 pl.
La France romane, 2005 : La France romane. Au temps des premiers Capétiens (987-1152) [Exposition, Paris, 2005].
Francovich, 1935-1936 : Ceza de Francovich, « Una scuola d’intagliatore tedesco-tirolesi e le Madonne romaniche umbre in legno », Bolletino d’Arte, 1935-1936, t. XIV, p. 207-228.
Francovich, 1943 : Geza de Francovich, « A Romanesque School of Wood Carvers in Central Italy », Art Bulletin, XIV, 1937, p. 5-57.
Gaborit et Faunières, 2009 : Jean-René Gaborit et Dominique Faunières, Une Vierge en majesté, Paris, 2009, (Musée du Louvre, Collection « Solo »).
Goldschmidt, 1918 : Adolf Goldschmidt, Die Elfenbeinskulpturen aus der Zeit der karolingischen und sachsischen Kaiser. VIII-XI Jahrhundert, Berlin, t. 2, 1918 (rééd. 1970), 78 p. lxx pl.
Hamann, 1927 : Richard Hamann, « Die Salzwelden Madonna », Marburger Jahrbuch für Kunstgeschichte, t. III, 1927, p. 71-147.
Hursdmann, 2001 : Rolf Hursdmann, « stuhl » dans Der Neue Pauly. Enzyclopâdie der Antike. Stuttgart-Weimar, t. 11, 2001, col. 1059-1060.
Kargere, 2002 : Lucretia G. Kargere « The Montvianeix Madonna : materials and technique in the 12th Auvergn », 13 Triennal Meeting. Rio de Janeiro, 27 sept. 2002, Icom-preprint. II, p. 607-612.
Kochanowska-Reiche, 2002 : Malgorzata Kochanowska-Reiche, Galeria Sztuki Średniowiecznej. (Muzeum Narodowe, w, Warszawie), Varsovie, 2002, 31 p.
Leclercq, 1913 : Dom Henri Leclercq, « cathedra » dans F. Cabrol et H. Leclercq, Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, Paris, t. 3/1, 1913, p. 20 et suiv.
Leclercq, 1950 : Dom Henri Leclercq, « siège apostolique » dans F. Cabrol et H. Leclercq. Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie. Paris, t. 15, 1950, col. 1427-1431.
Le Pogam, 2009 : Les premiers retables. Une mise en scène du sacré. (XIIe-début du XVe siècle), sous la dir. de Pierre-Yves Le Pogam, avec la coll. de Christine Vivet-Peclet, Paris, 2009, 280 p. (publié en liaison avec l’exp. du musée du Louvre, 10 avril-6 juillet 2009).
Maillard, 1921 : Élisa Maillard, La sculpture de la cathédrale de Poitiers, Poitiers.
Mathon (dir.), 2011 : J.-B. Mathon (dir.), Romanes et Gothiques. Vierges à l’Enfant restaurées des Pyrénées-Orientales, Milan, Silvana Editoriale, 2011.
Nadal i Farreras, 2002 : Joaquim Nadal i Farreras, La Catedral de Girona. Una interpretaciòn, Barcelona/Madrid, 2002, 269 p.
Pradalier, 1992 : Michèle Pradalier « L’Image de la Vierge de la Chandeleur au XIIIe et au XIVe siècle », dans De la création à la restauration. Travaux offerts à Marcel Durliat, Toulouse, 1992, p. 341-350.
Rhin et Meuse, 1972-1973 : Rhin et Meuse. Art et civilisation. 800-1400 [Exposition, Bruxelles et Cologne, 1972-1973].
Rocacher, 1995 : Jean Rocacher, « L’ancienne cathédrale Saint-Bertrand » dans Toulousain et Comminges. Congrès archéologique de France, 157e session, 1996, Paris, 2002, p. 81-91.
Romanesque Sculpture, 1999 : Romanesque Sculpture in American Collections. II. New-York and New-Jersey. Middle and South Atlantic States (dir. Walter Cahn), Brepols, 1999.
Russo, 1996 : Daniel Russo, « Les représentations mariales dans l’art d’Occident. Essai sur la formation d’une tradition iconographique », dans Marie. Le culte de la Vierge dans la société médiévale, Études réunies par Dominique Iognat-Prat, Éric Palazzo et Daniel Russo, Paris, 1996, p. 173-291.
Sacre Passioni, 2000-2001 : Sacre Passioni. La Scultura lignea a Pisa dal XII al XV secolo [Exposition, Pise, 2000-2001].
Sastre-Vasquez, 2006 : Carlos Sastre-Vasquez, « La Portada de las Platerias y la "Mujer adultera" : una revision », t. LXXIX, no 314, avril-juin 2006, p. 182-184.
Sauerländer, 1970 : Willibald Sauerlânder, Gothische Skulptur in Frankreich. 1140-1270, Münich, 1970, 207 p.
Sculptures européennes, 2006 : Musée du Louvre. Département des Sculptures. Sculptures européennes, (dir. Geneviève Bresc-Bautier), Paris, 2006, 623 p.
Les Vikings, 1992 : Les Vikings. Les Scandinaves et l’Europe. 800-1200 [Exposition, Paris, 1992].
Notes de bas de page
1 Je remercie mes collègues Françoise Baron et Pierre-Yves Le Pogam pour les précieuses indications qu’ils m’ont fournies au cours de mes recherches.
2 Le recensement le plus complet pour la France est celui de Forsyth, 1972 ; pour la Belgique, on peut se référer aux travaux (vieillis) de Borchgrave d’Altena, et en particulier à un article de 1937. En ce qui concerne le Saint-Empire, Ehrhart et Wentzel, (1940, pl. 18) ne recensent, pour le nord de l’Allemagne, que la seule Vierge en majesté d’Helmeren et, pour la région de Cologne, on ne peut guère dénombrer qu’une demi-douzaine de sculptures de ce type (Bloch, 1970, N. 3, 6, 7, 10 et quelques reliefs) ; cf. aussi Hamann, 1927 ; pour la Norvège, Blindheim, 1998 ; pour la Suède, Andersson, 1966.
3 Beckwith, 1972, n. 40 et 85.
4 L’un des cas les plus curieux est celui de la Vierge en majesté, dite « Notre-Dame de Chaley », à Massiac (Cantal), par ailleurs très fortement modifiée, qui est placée sur une sorte de fauteuil rustique, difficile à dater précisément, mais qui ne peut guère être antérieur au XVIIe siècle. On peut aussi citer l’exemple, infiniment plus prestigieux, de la Vierge d’or d’Hildesheim qui, lors de sa restauration en 1664 (les têtes furent alors remplacées), fut pourvue d’un somptueux siège de style baroque (Brandt, 1989, p. 59-60 et fig. 37-39).
5 Michele Bacci, par exemple, ne prend pas cet élément en considération dans son étude sur la typologie des statues de la Vierge en Italie centrale (Bacci, 1996).
6 Carli, 1960, p. 29 et pl. 2 ; provient d’Acuto, près de Fiuggi, dans le Latium.
7 Le trône de la Vierge de S. Maria in Vulturella, assez proche de celle d’Acuto, a été refait à une date très tardive (Carli, 1960, p. 29 et fig. p. 28).
8 Par exemple sur le chapiteau de l’Adoration des Mages à Saint-Pierre de Chauvigny ou sur l’étrange relief de Moulinssur-Céphons (Indre) ; en Limousin, à Arnac-Pompadour, il s’agit d’une ronde-bosse, sans doute assez tardive, placée dans une niche et l’on hésite à reconnaître dans le pli « en crosse » du côté senestre de la robe le montant d’un siège plus ou moins dissimulé (Cassagnes-Brouquet, 1991, p. 142).
9 Favreau, 1990.
10 Une des premières attestations de l’emploi de ce terme, en liaison avec une statue de la Vierge, pourrait être un passage relatif au rachat de biens appartenant au monastère d’Ely, usurpés par Guillaume le Conquérant (AA SS, juin, t. V, p. 453) ; on envoya, à cette occasion, à la fonte imaginem sanctae Mariae cum puero, sedentem in throno, mirabiliter fabricatam, quam Elsinus abbas fecerat de auro et argento.
11 Francastel, 1972, p. 19 et suiv.
12 Il est, bien entendu, repris en grande partie du vocabulaire de l’antiquité classique, mais avec un relatif appauvrissement. Ainsi le klismos et le diphros, termes empruntés au grec, sont-ils absorbés par les appellations cathedra et sella (cf. Hursdmann, 2001).
13 Leclercq, 1950. Si la tradition a consacré l’appellation cathedra Petri, le terme sedes est aussi employé. Doit-on, par ailleurs, que le fait d’asseoir la Vierge dans une cathedra souligne son rôle dans la transmission de l’enseignement du Christ ? (cf. Russo, 1996, p. 184).
14 Sauerländer, 1970, p. 61 et pl. 2.
15 Du Cange, 1846, p. 291, semble faire l’équivalent entre solium et limen.
16 Une formule due à Evrard de Béthune dans son Græcismus semble, au début du XIIIe siècle, résumer cette querelle de vocabulaire : Rex solium, doctor cathedram, judexque tribunal presidet, ac sedem praesul, praetorque curulem. (Du Cange, 1842, p. 241-242).
17 Cat. exp. 1981-1982, no 356 (monnaie de 1346, Cabinet des Médailles, 624).
18 Encore reconnaissable, sur une fibule wisigothique (VIe siècle) du Musée archéologique de Madrid, représentant l’Adoration des Mages (inv. 1953/56/1, prov. de Turuňuelo).
19 Sur deux reproductions en pierre d’une cathedra de ce type découverte dans un tombeau des IIe-IIIe siècles, près de Cologne : Fremensdorf, 1952, p. 28, pl. 6-7.
20 Cet accessoire peut même devenir totalement indépendant de toute représentation d’un trône ou même d’un siège, dans le cas, par exemple, des représentations de la Vierge d’humilité, donc assise sur le sol, devant un tissu drapé, parfois très somptueux.
21 Mayence, Städtisches Altertumsmuseum : Goldschmidt, 1918, no 40, p. 25-26, pl. XIII.
22 Anvers, musée Mayer van den Bergh : Goldschmidt, 1918, no 33, p. 24, pl. XII.
23 Breckenridge, 1980-1981.
24 Sculptures européennes, 2005, p. 225, inv. RF 698.
25 Castelfranco, 1929-1930, p. 773-778, Francovich, 1935-1936, p. 216 et suiv ; Carli, 1960, p. 24 et pl. I ; Curzi 2011, p. 36 et suiv.
26 Cat. exp. Paris, 2005-2006, no 195 et p. 257.
27 Cat. exp. Paris, 1992, no 617.
28 Cat. exp. Épinal, 2005, no 2, p. 26-27. Au tympan de Saint-Bertrand-de-Comminges, la Vierge de l’Adoration des Mages est assise sur un pliant à têtes animales, qui a été curieusement défini comme un « trône de style mérovingien » (Rocacher, 1996, p. 84) ; sur un relief provenant de San Benito de Sahagun, deux pattes de lions émergent de part et d’autre du manteau de la Vierge, sans que le la partie supérieure de la sella soit visible (Museo arqueolmogico nacional [de Madrid], p. 85, fig. 6). Le siège à protomés de lions (ou de félins), s’il est un signe de puissance, ne correspond pas toujours à une image « positive » : au Portail des Orfèvres, à Saint-Jacques-de-Compostelle, la « femme adultère » est assise sur un pliant à têtes de félin (Sastre-Vasquez, 2006) et à la façade de la cathédrale d’Angoulême, c’est un démon (ou un vice : l’Orgueil ?) qui est assis sur un siège de ce type.
29 Pour la Suède cf. Andersson 1957, n. 5-8, et Andersson, 1966 p. 37-47.
30 Opinion exprimée, entre autres, par Borchgrave d’Altena (1955) à propos de la Vierge en majesté de Hermalle-sous-Huy.
31 Point de vue rejeté en particulier par Aron Andersson (1966, p. 48-53).
32 Andersson, 1966, p. 48-53.
33 Cat. exp. Bruxelles-Cologne, 1972, no J. 33, p. 302.
34 Le Pogam, 2009, p. 29 et fig. 10.
35 Inv. no P 1951-3.
36 Sauerländer, 1970, p. 68 et pl. 19 ; Plagnieux, 2012.
37 Forsyth, 1972, fig. 183-184.
38 Le Pogam, 2009, no 3, p. 3337 et fig. 12. On pourrait ajouter l’exemple de la grande Vierge en majesté conservée au Trésor de la cathédrale de Sens qui provient sans doute de la région d’Avallon mais qui reste à étudier.
39 Enaud, 1961.
40 Forsyth, 1972 ; analyse du trône semi-circulaire à colonnettes et à balustres de la Vierge en majesté, dite « du Forez » conservée au Louvre dans Gaborit et Faunières, 2009, p. 9.
41 Forsyth, 1972, no 1, p. 156-157 et fig. 54-55) ; les accoudoirs et le dossier ont également disparu sur les statues de Moussage (id. no 2 et fig. 58-59) et de Heume l’Église (id. no 4 et fig. 64) pour ne citer que deux exemples notables. Il ne subsiste qu’un montant du dossier de celle de Montvianeix, au Metropolitan Museum de New York), cf. Kargere, 2002.
42 Forsyth, 1972, no 87, p. 188-190, fig. 152-153.
43 Mathon (dir.), 2011, no 6, p. 140-147. En règle générale, seuls les montants antérieurs du trône ont reçu un décor. Sur certaines statues, comme on peut le noter sur celle de Corneilla-de-Conflent les montants postérieurs peuvent faire défaut ainsi que le dossier, soit que ces statues aient été conçues dès l’origine pour être placées dans une niche ou plaquées sur le fond d’un retable, soit (ce qui semble un cas relativement fréquent) qu’elles aient été ultérieurement mutilées pour être insérées dans une niche à plan semi-circulaire préexistante.
44 Inv. MNAC/MAC 4386.
45 Inv. MAC 15.917 ; on peut aussi citer une Vierge, de provenance inconnue, reproduite dans Camps, 2008, p. 139, fig. 100.
46 Inv. MNAC/MAC 4392.
47 La Madone de Brunico, au National Germanische Museum de Nüremberg, en est un bon exemple : le dossier du siège carré est à peine plus élevé que les accoudoirs (Carli, 1960, p. 38, et fig. xl).
48 Elle mesure 1,84 m de haut ce qui est une dimension tout à fait exceptionnelle (Bode, 1888, p. 197-199).
49 Bon Valsassina, 1992, p. 11 et fig. 5 et 6. Curzi, 2011, p. 31 (fig. 6) signale un quatrième exemple dans une collection privée à Tivoli.
50 Baümer et Scheffcczyk, 1994, t. 6, p. 113
51 Kochanowska-Reiche, 2002, p. 5.
52 Di Fabio, 1987, p. 99 et 116 (fig. 100). La Madone de Buti (prov. de Pise) est, elle aussi, assise sur un siège aux accoudoirs et dossier étrangement bas ; mais cette statue en bois polychrome ne daterait que de 1372, malgré l’archaïsme de son trône, en partie refait il est vrai (cf. Antonino Caleca dans Cat. exp. Pise, 200-2001, p. 48, fig. 5 et 6).
53 Appuhn, 1986-1987, p. 84-85 note aussi que cette forme d’accoudoir incurvé caractérise aussi le trône de marbre d’Aix-la-Chapelle.
54 Destrée, 1925, p. 108-111.
55 On peut citer le cas de la Suède où à partir du deuxième quart du XIIIe siècle toutes les statues de la Vierge assise adoptent cette forme de siège. (Andersson, 1966). La situation paraît identique en Norvège (Blindheim, 2004).
56 Cat exp. Bruxelles-Cologne 1972-1973, no J. 3, p. 281-282. Cf. aussi, par exemple, au Victoria and Albert museum de Londres, le relief provenant de Crémone (inv. A. 6.1913) où deux robustes colonnettes moulurées semblent porter une simple planche recouverte d’un coussin.
57 Le siège de la Vierge de Fresvik (Musée de l’Université d’Oslo, C. 33 290, dépôt des musées de Stockholm) est un bon exemple, parmi bien d’autres, dispersés à travers toute l’Europe, de siège à décor peint transposant un décor de menuiserie (Blindheim, 2004, cat. 15, p. 76).
58 L’iconographie des sceaux comportant une représentation de la Vierge en majesté justifierait une étude particulière qui dépasserait le cadre de cette communication. Mais on peut déjà noter que les sièges « monoblocs » y paraissent assez fréquents.
59 Cat. exp. Bruxelles-Cologne, 1972-1973, no L. 1, p. 327.
60 Pradalier-Schlumberger, 1992.
61 Borchgrave d’Altena 1955, p. 1 ; Du Cange, 1846 p. 91.
62 Essai de recensement par Appuhn, 1978-1979, mais les exemples décrits se trouvent presque exclusivement en Allemagne du Nord et dans les Pays scandinaves.
63 Curieusement aucun « trône de la Vierge », à l’exception d’une statuette d’ivoire du musée de Berlin (cf. Appuhn, 1978, fig. 22) ne semble utiliser ou imiter la technique de la menuiserie en petit bois tourné, si fréquemment reproduite dans les reliefs pour représenter des sièges ou des lits.
64 Soest, Burghofmuseum.(Appuhn, 1978-1979, p. 48 et fig. 24 ; Schönes NRW, 2009, p. 220-221).
65 Cat. exp. Paris, 1980, no 253, p. 134-135.
66 Romanesque Scupture, 1999, p. 28, no 12.
67 Leclercq, 1913, col. 22 et fig. 2.085.
68 Nadal i Farreras, 2002, p. 138-139.
69 Camps, 2008, p. 140.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Conservation-restauration de l’architecture du mouvement moderne
Catherine Compain-Gajac (dir.)
2012
Iconographie funéraire romaine et société
Corpus antique, approches nouvelles ?
Martin Galinier et François Baratte (dir.)
2013
Vierges à l’Enfant médiévales de Catalogne
Mises en perspectives. Suivi du Corpus des Vierges à l'Enfant (xiie-xve s.) des Pyrénées-Orientales
Marie-Pasquine Subes et Jean-Bernard Mathon (dir.)
2013
Les campus universitaires
Architecture et urbanisme, histoire et sociologie, état des lieux et perspectives
Catherine Compain-Gajac (dir.)
2014
Rotte mediterranee della pittura
Artisti e committenti tra Sardegna e Catalogna nella prima età moderna
Mauro Salis
2015
L’invention d’une Méditerranée
Patrimoine, création, identité en Roussillon de la fin du xviiie siècle à l’entre-deux-guerres
Marie-Hélène Solère-Sangla
2016
Les échanges artistiques entre la France et l’Espagne, xve-fin xixe siècles
Julien Lugand (dir.)
2012
Circulations artistiques dans la Couronne d'Aragon
Le rôle des chapitres cathédraux, xvie-xviiie siècles
Julien Lugand (dir.)
2014
Passió col·leccionista
El museu-biblioteca de mossèn Pere Valls i Vilà (1848-1925)
Gabriel Alcade Gurt et Francesc Miralpeix Vilamala (dir.)
2014