Petites précisions sur la décomposition. Notes sur L’Ange en décomposition de Yukio Mishima

1 Yukio Mishima, La Mer de la fertilité (Hôjô no umi), traduit de l’anglais par Tanguy Kenc’hdu, Gallimard, Paris, 1980. Sur le problème de la double traduction, nous renvoyons le lecteur à la préface du traducteur français, L’impossible nécessité ou la double traîtrise, insérée en tête du tome premier. Ce phénomène est dû à la volonté de Mishima lui-même : « Parmi ses volontés dernières, Mishima avait prescrit que toute future publication de ses ouvrages à l’étranger fût faite d’après [la] traduction anglaise (en fait américaine) », et de citer Mishima selon qui cette traduction « rendait parfaitement sa pensée et son style » in Neige de printemps, Gallimard, p. 7. Précisons également que la traduction américaine est le fruit de quatre traducteurs successifs.

2 Yukio Mishima, Neige de printemps (Haru no yuki), traduit de l’anglais par Tanguy Kenc’hdu, Gallimard, Paris, 1980.

3 Georges Gottlieb, Un Siècle de roman japonais, Picquier, Arles, 1995, p. 133

4 1868-1912.

5 Yukio Mishima, Chevaux échappés (sic), traduit de l’anglais par Tanguy Kenc’hdu, Gallimard, Paris, 1980. Le titre japonais Honba est singulier. L’erreur provient de la traduction américaine et a été reprise dans toutes les autres traductions.

6 Yukio Mishima, Le Temple de l’aube (Akatsuki no tera), traduit de l’anglais par Tanguy Kenc’hdu, Gallimard, Paris, 1980.

7 Yukio Mishima, L’Ange en décomposition (Tennin gosui), traduit de l’anglais par Tanguy Kenc’hdu, Gallimard, Paris, 1980. Édition de référence pour la présente étude.

8 Marguerie Yourcenar, Mishima ou la vision du vide, Gallimard, Paris, 1980, p. 15.

9 Cf. un autre personnage de Mishima : Shunsuke, dans les Amours interdite. Cf ; le roman de Yasunari Kawabata, Belles endormies.

10 Actuellement, 25 % de la population, au Japon, a plus de 65 ans ; ce pourcentage devrait atteindre 40 % à l’horizon 2050.

11 Propos cités par Nathan John in Vie de Mishima, Gallimard, Paris, 1980, p. 36- 37.

12 Sigmund Freud, « Souvenirs d’enfance et souvenirs-écrans » (1899), in Psychopathologie de la vie quotidienne, Payot, 2004.

13 Il existe une particularité fort méconnue de la société japonaise, intimement liée à ses fondements religieux : les burakumin, caste d’intouchables, descendants d’anciens parias voués aux tâches impures, celles qui mettent en contact avec le sang et la mort, les excréments et la pourriture. Les burakumin sont à tel point retranchés de la société que leur nom même reste, encore aujourd’hui, tabou : intouchables et innommables. Cette communauté, dont on ne saurait admettre un membre au sein de sa famille ou de son entreprise sans y faire entrer, du même coup, la souillure et la malédiction, est composée de deux groupes distincts : les eta, les « impurs », et les hinin, « les non-humains ». Les premiers exerçaient des métiers liés au sang, à la mort, aux déchets : bouchers, tanneurs, fossoyeurs, bourreaux… Etaient considérés hinin, les gens du spectacle, acteurs itinérants, acteurs de kabuki, magiciens, sorciers, les prostituées… On naissait eta, alors que l’on devenait hinin, provisoirement ou définitivement retranché de la communauté humaine, des « braves gens » (ryômin). L’endogamie était la règle : eta et hinin vivaient dans des ghettos, relégués à la périphérie des villes – villes qui restaient d’ailleurs strictement interdites aux eta – qui leur ont donné leur nom : burakumin est l’abréviation de tokushu buraku, littéralement « hameaux spéciaux ».

14 Au Japon, les excréments représentent le symbole de la terre.

15 Mishima Yukio, Confession d’un masque (Kamen no kokuhaku), traduit de l’anglais par Renée Villoteau, Gallimard, Paris, 1971, p. 16.

16 Cf. notamment Madame de Sade, Sado kôshaku fujin, version française par André Pieyre de Mandiargues, d’après la traduction littérale de Nobutaka Miura, Gallimard, p. 76.

17 Bataille, L’Érotisme, Éditions de minuit, Paris, 1957, p. 16.

18 Mishima Yukio, Une Soif d’amour (Ai no Kawaki), traduit de l’anglais par Léo Lack, Gallimard, 1982, p. 68.

19 Mishima Yukio, Le Pavillon d’or (Kinkakuji), traduit du japonais par Marc Mécréant, Gallimard, 1961, p. 103.