Précis de décomposition : La Peau et les os de G. Hyvernaud

1Pendant romanesque de L’Étrange défaite de Marc Bloch (publiée en 1946) où l’historien analyse avec une impitoyable lucidité la débâcle de 1940, le roman de Georges Hyvernaud (paru en 1949) est pareillement réflexion sur la genèse d’un désastre et récit de captivité dominés par la métaphore d’une décomposition généralisée. Si l’œuvre de M. Bloch dissèque les causes d’une « guerre toute pénétrée de l’odeur de moisi qu’exhalent l’École [de guerre], le bureau d’état-major du temps de paix ou la caserne », G. Hyvernaud, de son côté, se propose d’écrire « un bouquin désolant qui aurait l’odeur des cabinets et il faudrait que chacun la sentît et y reconnût l’odeur insoutenable de sa vie, l’odeur de son époque […] une mélasse d’hommes sans pensée ». Le roman décrit avec une brutale franchise l’expérience dégradante et avilissante de la captivité où l’homme n’est plus « qu’un numéro sur un sac de tripes ». L’univers des camps où « la vie du corps envahit toute la vie » est ainsi résum