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Histoire et archéologie des terres catalanes au Moyen Âge

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Philippe Sénac

Quelques aspects de la démographie en Roussillon au XIIIe siècle

Laure Verdon

Texte intégral

1Parmi l’ensemble des questions auxquelles l’historien du Moyen Age central doit se confronter, il en est une particulièrement importante : l’état de la démographie. L’essor qui caractérise alors l’Europe est, en effet, avant tout un essor démographique. On considère que l’Occident aurait vu sa population multipliée par trois entre l’an Mil et le XIVe siècle. Les instruments de mesure de cette “poussée” démographique se font nombreux à partir du XIIIe siècle, où apparaissent des documents fiscaux. A partir de la seconde moitié du siècle et plus encore au XIVe siècle, la fiscalité publique produit des dénombrements de feux qui, bien que d’utilisation délicate en raison des problèmes liés à la définition du terme de feu, permettent d’avoir une estimation chiffrée de la population vivant sur un territoire donné.

2Cependant il est d’autres sources qui permettent également d’avoir une idée de l’état numérique de la population, des mouvements qui peuvent l’affecter et des structures, familiales notamment, qui lui servent de bases : ce sont les sources seigneuriales, censiers, terriers et cartulaires qui fournissent des listes nominatives de tenanciers.

  • 1 Ces documents sont conservés aux Archives départementales des Pyrénées Orientales, série H non clas (...)

3Les archives roussillonnaises comprennent deux sources de cette nature particulièrement importantes. Il s’agit du volumineux cartulaire des Templiers du Mas Déu, renfermant quelques 850 chartes copiées à la fin du XIIIe siècle et concernant la période 1132-1280, et la série des six terriers du roi de Majorque faisant l’inventaire des possessions roussillonnaises du souverain, rédigés entre 1292 et 12931. Ces sources exceptionnelles offrent la possibilité de pratiquer des calculs statistiques sur le chiffre même de la population mais aussi sur un ensemble de données anthroponymiques aux riches enseignements.

I) Estimation du chiffre de la population sur quelques terroirs roussillonnais au XIIIe siècle

4L’utilisation des terriers en matière d’études démographiques pose certains problèmes : ces listes nominatives laissent, en effet, dans l’ombre tous ceux qui ne relèvent pas de la seigneurie concernée, c’est à dire les personnes qui tiennent d’un autre seigneur, sans oublier ceux qui ne sont pas tenanciers, les alleutiers, les ecclésiastiques, les marginaux qui ne possèdent pas de terre. En outre, n’apparaissent que des adultes, mâles le plus souvent, qui représentent des familles. Se pose alors le problème, si l’on cherche à estimer le nombre d’habitants, du coefficient multiplicateur qui peut varier, selon que l’on a affaire à un territoire rural ou urbain.

5Néanmoins on peut essayer d’estimer le chiffre de la population sur certains terroirs du Roussillon à la fin du XIIIe siècle à partir de ces documents. J. Gigot a mené cette étude pour les deux villes d’Argelès et de Collioure, se fondant surtout sur des impressions pour apprécier les résultats obtenus.

  • à Argelès, on compte 450 tenanciers du roi différents. J. Gigot a multiplié ce nombre par 5 pour obtenir un total d’un peu plus de 2000 habitants, résultat qui lui parait “raisonnable et fort vraisemblable”.

  • à Collioure, le nombre de déclarants différents s’élève à 391, mais ce sont 495 habitants mâles qui sont mentionnés au titre de possesseurs de biens fonciers, si l’on tient compte des personnes dont les biens confrontent une tenure royale sans pour autant être, elles-mêmes, tenancières du roi. Sur cette base, J. Gigot estime à environ 2300 habitants la population du territoire de Collioure, sans cette fois indiquer de coefficient multiplicateur.

  • 2 F. Maillard, R.H. Bautier, “Un dénombrement des feux, des individus et des fortunes dans deux villa (...)

6Prenons l’exemple d’un terroir rural : Estagel. Sur ce territoire, 88 tenanciers mâles du roi ont été recensés, auxquels on peut ajouter 42 noms de personnes qui n’apparaissent pas dans la liste précédente et dont les terres confrontent les tenures royales. Il faut alors supposer que chaque déclarant adulte représente un ménage vivant à Estagel. Malgré tout nous n’arrivons pas, en procédant de la sorte, à obtenir une vision globale de la population : le terrier représente une enquête ponctuelle, or il faudrait pouvoir suivre chaque ménage sur une ou deux générations et pouvoir ainsi établir la proportion des ménages stériles, ménages pour lesquels le coefficient multiplicateur doit être moins élevé que pour les autres. Ceci nous permettrait également d’apercevoir les déclarants encore célibataires à la date de la rédaction du terrier, pour lesquels le coefficient multiplicateur doit être égal à 1. Dans l’impossibilité d’établir la généalogie de chaque déclarant, nous avons opté pour la solution qui consiste à retrancher au nombre total de ménages potentiels, établi en fonction de la liste des déclarants, un pourcentage de ménages soit stériles soit ne comptant qu’une seule personne. Pour calculer ce pourcentage, nous nous sommes fondé sur les résultats d’une enquête réalisée en 1306 dans deux villages du Fenouillèdes, par conséquent très proches du Roussillon, enquête exploitée et commentée par F. Maillard et R. H. Bautier2. Lorsque l’on répartit chaque feu suivant le nombre de personnes qui le compose dans les deux villages d’Axat et de Caramany, on s’aperçoit que la valeur du feu varie de une à onze personnes, distribuée comme suit, pour un total de 114 feux et 584 habitants, les deux villages confondus :

  • une personne vit isolée.

  • 11 feux comptent 2 personnes.

  • 8 feux comptent 3 personnes.

  • 28 feux comptent 4 personnes.

  • 20 feux comptent 5 personnes.

  • 23 feux comptent 6 personnes ;

  • 8 feux comptent 7 personnes.

  • 8 feux comptent 8 personnes.

  • 4 feux comptent 9 personnes.

  • 2 feux comptent 10 personnes.

  • 1 feu compte 11 personnes.

7Ainsi, 10,5 % des feux d’Axat et Caramany ne comptent qu’une ou deux personnes.

8Le terrier d’Estagel comprend en outre quelques déclarations qui émanent de femmes. En ce qui concerne ces dernières, nous n’avons considéré que les femmes mariées avec un homme qui n’apparaît pas dans la liste des déclarants mâles, c’est à dire les femmes qui, quelle que soit la raison de leur déclaration, représentent un ménage, soit trois cas.

  • 3 La répartition du nombre de personnes par feu établie ci-dessus pour les deux villages d’Axat et Ca (...)

9L’estimation du nombre de ménages non stériles vivant sur le territoire d’Estagel en 1292 s’élève ainsi à : (88 + 3 + 42) - 10,5 % = 119. Si l’on multiplie ce nombre par 5, coefficient généralement utilisé pour estimer le nombre des personnes composant un feu rural3, on obtient une estimation du nombre de la population d’Estagel, soit 595 habitants.

10A Millas, en ne tenant pas compte des déclarants forains qui possèdent quelques terres mais vivent ailleurs, soit 59 personnes, en appliquant le même calcul on obtient l’équation suivante : (150 - 10,5 %) x 5 = 671 habitants.

11A Tautavel, en excluant les 14 déclarants qui résident à Vingrau et les 5 résidant à Paziols : (81 - 10,5 %) x 5 = 362 habitants.

  • 4 E. Leroy-Ladurie, J. Dupaquier, “Quatre vingts villages (XIIIè-XXè siècles)”, Annales E. S. C.,(...)
  • 5 N. Cadet, L. Stouff, L, Le village de Provence au Bas Moyen Age, Aix-en-Provence, 1987, p. 15
  • 6 J-Z Titow, “Some evidence of the XIIIth century increase”, Economic History review, 1961.

12Ces chiffres peuvent être comparés à ceux d’Axat en Fenouillèdes qui compte, en 1306, 387 habitants. Caramany apparait moins peuplé avec seulement 197 individus. En Languedoc, on constate également, à la fin du XIIIe siècle, une pression démographique sur les terroirs ruraux : en 1293, le nombre de feux pour l’ensemble du Bas-Languedoc varie, par localité, entre 750 et 11. La seigneurie de Rochefort en compte entre 154 et 72, proportion pratiquement similaire à l’ensemble des territoires de Tautavel, Estagel et Millas (entre 133 et 81 ménages) ; celle de Vezenobre comprend, suivant les lieux, entre 340 et 13 feux4. En Provence, la majorité des villages situés dans la Provence intérieure et rhodanienne, comprise entre le Rhône, les Alpilles et la Durance, et la Haute-Provence des plateaux, compte entre 26 et 100 feux. “Les villages...de la plus grande partie de la Provence avaient, au début du XIVe siècle, de 120 à 450 habitants”5 Plus au nord, on trouve également une population rurale nombreuse, à la fin du XIIIe siècle, sur les terroirs des manoirs anglais : ainsi sur le manoir de Taunton, en 1291, vivent 1095 personnes, sur celui de Warboys, dépendant de l’abbaye de Ramsey, 101 familles sont recensées en 1300 et 251, à la même date, dépendent du manoir de Holywell-cum-Needingworth6.

13Les terroirs roussillonnais de la fin du XIIIe siècle apparaissent donc densément peuplés. L’étude des anthroponymes permet d’analyser de façon plus fine l’état de cette population.

II) Les enseignements de l’anthroponymie

1) L’état de l’anthroponymie en Roussillon au XIIIe siècle

  • 7 M. Bourin, “Intérêt et faiblesse des cartulaires pour l’étude de l’anthroponymie médiévale”, Les ca (...)

14Le programme récent d’enquêtes mené par le GDR 955 sur les transformations de l’anthroponymie en Europe au Moyen Age a permis de montrer une évolution importante dans les façons de nommer les individus entre le XIe et le XIIIe siècle. Parmi les sources permettant de saisir cette évolution, les cartulaires sont apparus d’une grande richesse. M. Bourin a cependant bien montré quelles pouvaient être les faiblesses du recours aux cartulaires pour l’étude de l’anthroponymie médiévale : pour être véritablement fiable, le cartulaire doit comprendre des actes rigoureusement datés, permettant une étude quantitative portant sur une région entière. En outre, l’on ne peut exclure les risques de modifications entraînés par des erreurs, volontaires ou non, du cartulariste apposant ainsi sa “marque” : “s’il s’avérait que le cartulariste trie en fonction de critères qui incluent la qualité de l’anthroponymie des donateurs ou vendeurs, le cartulariste conduirait à déformer notre vision. On peut craindre, par exemple, que s’il constitue le cartulaire comme recueil de preuves de propriété, le cartulariste n’accorde moins d’attention aux chartes où le donateur figurerait sous un nom unique, qu’il jugerait a posteriori imprécis ou dont il n’identifierait pas le porteur.7” Ce risque d’erreur de copie nous semble peu important en ce qui concerne le cartulaire du Mas Déu pour plusieurs raisons :

    • 8 D. Le Blevec, A. Venturini, “Cartulaires des Ordres Militaires”, Les cartulaires, op.cit., p. 455

    bien qu’il soit impossible de confronter les actes contenus dans ce cartulaire avec les originaux disparus, on peut tout de même, sur la base de vérifications faites pour d’autres recueils émanant d’ordres militaires, accorder un certain crédit à la qualité des transcriptions des moines-soldats. D. Le Blévec et A. Venturini estiment ainsi que pour les cartulaires templiers et hospitaliers de la Provence occidentale et de la basse vallée du Rhône “la fidélité à la lettre des originaux est assez grande.8

  • la période de confection du cartulaire, la fin du XIIIe siècle, est relativement proche de la date des premiers originaux copiés, le premier tiers du XIIe siècle : entre ces deux périodes, les enquêtes ont montré que l’on n’assiste pas à un changement radical dans les modes de formation de l’anthroponymie.

  • enfin, si l’on estime tout de même qu’une marge d’erreurs due au scribe doit être prise en considération, celle-ci ne nous semble pas devoir être importante, un seul individu étant à l’origine de 90 % des copies. En outre, s’il peut être intéressant de modifier les noms des tenanciers, afin de mieux les identifier, les noms des scribes rédacteurs des actes originaux n’ont aucune raison d’être modifiés : les résultats obtenus par l’étude des anthroponymes apparaissant dans les actes du cartulaire seront donc confrontés à ceux émanant de l’étude des noms des scribes.

  • 9 M. Bourin, (dir), Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne, Tours, 1989.
  • 10 M. Zimmermann, “Les débuts de la “révolution anthroponymique” en Catalogne (Xè-XIIè siècles)”, Anna (...)
  • 11 M. Zimmermann, art.cit., p. 302 : “1’”invention” du nomen paternum...traduit l’exigence d’une nouve (...)
  • 12 M. Zimmermann, art. cit. p. 305

15A partir du début du XIe siècle l’ensemble de l’Europe chrétienne connait ce que M. Bourin a appelé “la révolution anthroponymique”9. M. Zimmerman a daté précisément pour les pays catalans le début de cette révolution, qui se traduit par l’apparition d’une anthroponymie double, juxtaposant deux noms pour un seul individu : à partir de 1030-1035, l’anthroponymie double s’impose pour définitivement “triompher” dans la seconde moitié du XIIe siècle10. Le couple onomastique servant à désigner une personne est alors généralement composé d’un prénom au nominatif suivi du nom du père au génitif, c’est pourquoi on a coutume de désigner cette forme par la formule nomen paternum, qui s’oppose au nomen proprium du Haut Moyen Age, et de considérer l’adoption de cette forme d’anthroponymie comme l’acte de naissance d’une sorte d’état-civil11. La pratique de l’anthroponymie double se développe durant tout le XIe siècle, au point que “ à partir de 1120-1130, femmes, enfants (lorsqu’ils sont cités à la suite du père) et moines sont pratiquement les seuls à rester porteurs d’un anthroponyme simple”12.

16A partir du XIIe siècle, l’anthroponymie double va s’enrichir d’un nouvel élément : désormais, et sans toutefois voir disparaître le système du nomen paternum, on va de plus en plus nommer un individu par référence à une localisation géographique, introduite par la préposition de (nous laisserons de côté les dénominations toponymiques). La conscience lignagère s’ancre alors sur le patrimoine, pour les puissants, ou le lieu de résidence et d’assujétissement seigneurial pour les paysans. Au XIIe siècle, cependant, les appellatifs formés sur une origine géographique ne sont pas encore héréditaires. Cette forme de dénomination peut, soit s’accoler au nomen paternum, soit se substituer à lui. Mais, à la fin du XIIe siècle, aucune forme ne prévaut sur l’autre et il règne une grande diversité.

  • 13 C. Higounet (dir), Histoire de Bordeaux, Bordeaux, 1963, t. 2, p. 259.

17C’est l’image de cette diversité qu’offre l’étude des actes du cartulaire du Mas Déu, diversité cependant dominée par les quelques tendances que nous venons d’évoquer. Le cartulaire nous permet en effet de saisir, en partie tout au moins, l’état de l’anthroponymie en Roussillon, entre la seconde moitié du XIIe siècle et la fin du XIIIe siècle. Un comptage rapide nous a permis de relever l’ensemble des anthroponymes des personnes ayant affaire au Temple, soit pour une transaction, soit parce qu’elles sont ses tenanciers. Ce comptage révèle que, durant la seconde moitié du XIIe siècle, 21 % des anthroponymes étudiés sont du type nomen paternum et pratiquement 44 % sont formés sur un nom de lieu. L’essor de l’anthroponymie fondée sur une référence géographique apparait nettement, accentuée encore au XIIIe siècle : 25 % des anthroponymes correspondent alors à un nomen paternum, cette forme d’anthroponymie se maintenant donc, mais 51,4 % comportent un nom de lieu. La plupart sont semble-t-il d’origine récente, la particule de n’étant pas encore tombée et l’hérédité de la transmission n’étant pas assurée pour tous. Néanmoins, l’essor de l’anthroponymie à fondement géographique est un fait indiscutable, que l’on rencontre ailleurs à la même époque : au XIIIe siècle, la proportion des surnoms d’origine géographique atteint, par exemple, 25 % à 30 % du total de l’onomastique bordelaise13. Il faut immédiatement, cependant, nuancer ces chiffres. La réalité se traduit en fait par une grande diversité fondée sur un nombre important de combinaisons : ainsi une grande part des anthroponymes en nom de lieu de la seconde moitié du XIIIe siècle correspond à une anthroponymie triple, composée d’un nomen paternum auquel on accole un nom de lieu. Le nom peut également être formé sur un nom de métier accompagné d’un nom de lieu ou sur un surnom suivi d’un nom de lieu. Quoiqu’il en soit, l’usage du nom de famille est solidement implanté et, au XIIIe siècle, les anthroponymes simples, même si l’on en rencontre encore quelques-uns, sont extrêmement minoritaires.

18La liste des noms des scribes rédacteurs des actes originaux du cartulaire confirme ces tendances XIIe : durant la seconde moitié du XIIe siècle, sur 28 scribes recensés 5 ont un nom formé sur une origine géographique, soit 17,8 %, cette proportion s’élevant nettement au siècle suivant : sur 33 scribes de la première moitié du XIIIe siècle, 13 portent un patronyme en nom de lieu, soit 39,3 % et, dans la seconde moitié de ce siècle, sur 42 scribes établis 22 portent un nom d’origine géographique soit 52,4 %.

19Cependant, cette “poussée” de l’anthroponymie en nom de lieu ne correspond pas à une généralisation de l’adoption de cette forme de dénomination. Les terriers du roi de Majorque, offrant le cas de populations considérées sur un territoire précis à une époque donnée, et sans qu’aucune modification n’est pu être apportée à la transcription des noms, permet de nuancer. Sur des territoires ruraux, comme Estagel ou Tautavel, ou plus urbanisés comme Argelès et Collioure, force est de constater qu’à la fin du XIIIe siècle, l’anthroponymie fondée sur une origine géographique ne représente pas une part importante. Ainsi les noms de familles formés sur un nom de lieu représentent 10,2 % du total des anthroponymes d’Estagel, 8,3 % de ceux de Tautavel, 9 % de ceux d’Argelès et 10,9 % de ceux de Collioure. La part, sur ces mêmes territoires, des anthroponymes du type nomen paternum se situe entre 10 % et 30 %.

20Ces chiffres peuvent indiquer une relative stabilité de la population qui n’apparaît pas concernée par de forts mouvements migratoires. La croissance démographique qui caractérise l’ensemble de l’Europe entre le XIe et le XIIIe siècle, et dont on perçoit les résultats par les chiffres fournis ci-dessus, serait due essentiellement, dans ces villages roussillonnais, à un “bourgeonnement” des familles existantes, la part de l’immigration devant être assez faible. Cette impression est confirmée par l’étude des homonymes qui apparaissent en assez grand nombre : ainsi, à Estagel sur 91 déclarants masculins différents 48 sont homonymes, soit 52,7 %, ce pourcentage étant encore plus élevé à Tautavel où sur 58 déclarants masculins habitant le village 33 sont homonymes soit 56,9 %.

2) Le cas du quartier Saint-François à Perpignan

  • 14 P. Wolff (dir), Histoire de Perpignan, Toulouse, pp. 27-41.
  • 15 J. Le Goff, Histoire de la France urbaine, t. 2, Paris, 1980, p. 194, citant N. Coulet.

21A partir de 1240, les Templiers vont créer à Perpignan un nouveau quartier, au-delà de l’enceinte, après la porte dite “de Malloles”. L’essor de ce quartier doit être replacé dans le contexte, plus large, de l’essor topographique de la ville de Perpignan depuis le milieu du siècle précédent : on estime, en effet, que de la fin du Xe siècle jusqu’au milieu du XIIe siècle, la surface de la ville de Perpignan a sextuplé. Jusqu’au XIIIe siècle, la muraille englobe le quartier situé autour de la cathédrale et du cloître Saint-Jean, puis, en 1277, à la suite de l’essor des constructions vers le sud et l’est au-delà de l’enceinte primitive, on entreprend la construction d’une seconde muraille, enserrant les nouveaux quartiers qui ont vu le jour durant la première moitié du XIIIe siècle.14 La ville de Perpignan connait ainsi, au XIIIe siècle, un essor semblable à celui qui a caractérisé bon nombre de villes occidentales à la même époque. “Dans le courant du XIIIe siècle les enceintes sont débordées de toutes parts et de nouveaux quartiers bourgeonnent par-delà chaque pan de muraille.”15

22Un graphique traduisant l’évolution chronologique du nombre de baux à acapte de parcelles à bâtir cédées par les Templiers permet de distinguer les différentes étapes de l’essor des constructions au-delà des murs de la ville :

  • 16 Le rôle joué par les Templiers dans l’essor des constructions hors les murs de Perpignan a été soig (...)

23La première forte poussée de constructions se situe entre 1241 et 1249 et correspond à l’ouverture du quartier Saint-François. Entre 1260 et 1270, s’édifie le quartier Saint-Mathieu et dans les années 1280, les rues actuelles de la Lanterne, Arago, Dagobert et du four Saint-François16. Le cadastre de l’époque napoléonienne ainsi que le plan de la ville dressé au XVIIIe siècle montrent très bien la topographie particulière de ce quartier, faite de lotissements réguliers, typique d’un quartier neuf au Moyen Age.

24Si l’on tente de cerner la chronologie de l’essor démographique de Perpignan, l’étude des anthroponymes des habitants de ce quartier peut être utile. Il faut cependant poser au préalable une condition : on supposera que si le patronyme n’est pas suivi de la mention “habitant la ville de Perpignan”, comme cela peut se rencontrer, l’installation est très récente. Pour la période 1240-1250, 43,7 % des tenanciers de parcelles à bâtir portent un patronyme formé sur un nom de lieu et aucun n’est qualifié d’”habitant de Perpignan” ; en revanche entre 1260 et 1270 ce pourcentage tombe à 35,7 % du nombre des tenanciers cependant que 48,5 % de ces derniers sont appelés “habitants de Perpignan”. Les mêmes remarques peuvent être faites pour la période 1271-1280 où 40 % des tenanciers portent un patronyme en nom de lieu mais 51,2 % sont déjà habitants de Perpignan. Il semble donc que l’on puisse affiner quelque peu la chronologie de l’essor démographique de Perpignan : c’est entre 1240 et 1260 que se sont, sans doute, effectuées les arrivées les plus importantes.

  • 17 C. Higounet, Histoire de Bordeaux, pp. 263-264. Les études menées par C.E. Perrin sur Metz, P. Desp (...)

25La carte dressée à partir des patronymes formés sur une localisation géographique, portés par les tenanciers de parcelles à bâtir, montre une aire de recrutement très proche de la ville, de l’ordre d’une quinzaine de kilomètres. Ce fait vient conforter les études menées sur le peuplement et l’aire de recrutement d’autres villes occidentales aux XIIe et XIIIe siècles, telles Bordeaux : “Le cercle d’attraction que révèle la documentation du XIIe siècle est remarquablement limité au diocèse de Bordeaux. Dans la seconde moitié du XIIe siècle, les documents confirment la localisation de l’appel de Bordeaux à sa proche17. C. Higounet évoque, quelques pages auparavant, “le réveil rural garonnais et gascon” qui serait à l’origine du peuplement de la ville. Il remarque que, souvent, “les émigrants se sont établis dans les paroisses suburbaines où aboutissaient les chemins qu’ils empruntaient pour aller de leur région d’origine à la ville.” Ce fait peut aussi être relevé pour le peuplement du quartier Saint-François de Perpignan : la carte montre très clairement que les émigrants venus prendre à acapte des parcelles à bâtir dans ce quartier viennent, pour l’essentiel, de localités situées au sud-ouest de la ville, et singulièrement de Malloles qui offre les plus gros contingents. Or le quartier Saint-François s’est édifié au-delà des murs de la ville, “après la porte dite de Malloles” (extra portale que dicitur de Malleolis).

26Les anthroponymes des tenanciers de terrains à bâtir ou de maisons situés dans ce quartier permettent également de connaître la composition professionnelle de ce lieu : 104 anthroponymes sont, en effet, formés sur un nom de métier. Nous les avons regroupés en sept catégories :

  • les paysans : bracerius

  • les artisans des peaux et cuirs : tanneurs (aluderius, curaterius), pelletiers (pelliparius), gantiers (ganterius), cordonniers (sutor, sabaterius)

  • les artisans du textile : tisserands (textor), foulons (parator), tailleurs (sartor)

  • les artisans des métiers alimentaires : boulangers (forner) et bouchers (macellarius)

  • les charpentiers (fusterius)

  • les artisans liés aux transports : charretiers et voituriers (traginerius, aventurerius)

  • les autres : professions intellectuelles : scriptor et jurisperitus,

LES METIERS DU QUARTIER SAINT-FRANCOIS ET SAINT-MATHIEU D’APRES LES ANTHROPONYMES : pourcentages des différentes catégories

LES METIERS DU QUARTIER SAINT-FRANCOIS ET SAINT-MATHIEU D’APRES LES ANTHROPONYMES : pourcentages des différentes catégories
  • 18 Voir M. Durliat, Histoire du Roussillon, Paris, 1962, pp. 54-57.
  • 19 F° 409-410

27Le tableau ci-dessus souligne la parfaite intégration de ce nouveau quartier aux courants économiques dynamiques de la ville : sur l’ensemble de la période on remarque l’importance des métiers liés au travail des peaux et cuirs qui constituent, avec les activités textiles, l’un des deux piliers de l’essor économique de Perpignan au XIIIe siècle.18. Les activités textiles sont également assez bien représentées, surtout dans la seconde moitié du XIIIe siècle où une sorte de rééquilibrage s’établit entre métiers du textile et métiers du cuir. On peut signaler que la plus grande parcelle jamais cédée dans ce quartier (12 monalatas) le fut à un drapier, qui n’est pas, certes, à proprement parler un artisan.19. La place des métiers liés aux transports s’explique également par le dynamisme de Perpignan et, en particulier, par l’importance des liaisons commerciales terrestres avec Montpellier, d’une part, ainsi que, en direction du nord du royaume de France, via le Lauragais et les villes de l’Aude.

28Néanmoins, malgré un développement certain des activités économiques de la ville, Perpignan ne génère pas, au XIIIe siècle, de grands courants de migrations.

III) Les structures familiales

1) Famille large ?

29Les terriers du roi de Majorque présentent un stock de noms de famille limité : à Estagel, pour un total de 91 déclarations, nous avons relevé simplement 66 noms de famille ; à Tautavel pour un ensemble de 58 déclarations, en excluant les tenanciers habitant Vingrau ou Paziols, on compte 34 noms de famille. Par simple calcul arithmétique on peut en déduire qu’un nom est porté par environ deux familles larges, ce qui implique un nombre d’individus plus important : à Estagel, par exemple, on trouve six déclarants portant le nom de Joer, cinq celui de Sutor et de Bonet, quatre celui de Faber. Sur l’ensemble des six Joer nous savons que deux sont frères ; si l’on considère les autres comme représentant des ménages différents, le nom de Joer peut être porté par une vingtaine d’individus.

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  • 21 F°110.
  • 22 F°359
  • 23 F°341
  • 24 P. Bonnassie, La Catalogne du milieu du Xe à la fin du XIe siècle : croissance et mutations d’une s (...)

30Ces noms de famille ne sont pas toujours des patronymes mais peuvent être formés sur des noms de femmes. C’est le cas, par exemple, de 22,7 % des noms de famille à Estagell et de 20,5 % de ceux de Tautavel. Le cartulaire du Mas Déu présente quelques cas d’individus dont le nom de famille est formé sur un nom de femme : ainsi on rencontre des personnes se nommant de Na Féliu 20, de Alissende21, de Saurina22, de Auda23. F. Maillard et R.H. Bautier considèrent que la particule Na est honorifique et pourrait indiquer la condition juridique supérieure de la mère. Le fait de nommer un individu par un nom féminin est, en tout cas, une tendance ancienne en Catalogne, remontant au XIe siècle, qui se répand au XIIe siècle24.

31La solidarité familiale se marque également dans la structure de la famille qui apparaît groupée autour d’un “ancêtre”, homme ou femme. Le tableau ci-dessous montre l’aspect de la structure familiale du milieu du XIIe siècle à la fin du XIIIe siècle ; il a été dressé à partir des actes de donation, donation rémunérée ou vente de biens au Temple, auxquels ont été ajoutés l’ensemble des baux à acapte et reconnaissances de tenures pour ce même ordre :

32— il faut remarquer, tout d’abord, la relative importance des actes émanant d’une personne, homme ou femme, accompagnée de ses enfants, qui représentent respectivement 8 % et 14 % de l’ensemble des actes. La famille tire sa cohésion de la présence de cette personne, que l’on peut supposer veuf ou veuve, qui prend l’initiative de l’acte.

  • 25 C’est le cas au F°108 où la vente d’un champ à Malloles est effectuée par A. Raynerius de Saint-Cyp (...)
  • 26 Voir M. Gramain, “Un exemple de démographie méridionale : la viguerie de Béziers dans la première m (...)

33— La cohésion familiale se trouve également renforcée par l’importance des communautés familiales, entre deux frères le plus souvent, que nous avons désigné par le terme “frérèches” et qui représentent pratiquement 11 % des actes. Le poids de ces communautés taisibles doit sans doute être majoré par la prise en compte des associations qui unissent deux beaux-frères ou deux cousins25. L’importance numérique des frérèches peut confirmer l’idée de pression démographique développée plus haut : en effet, on considère généralement que dans une période d’essor démographique, la terre étant rare, les stratégies de maintien des héritages conduisent à multiplier les frérèches26. Il faudrait bien sûr pouvoir s’assurer, par les archives notariales notamment, que ces communautés sont durables, ce qui n’est peut-être pas le cas pour les frérèches groupant l’ensemble des héritiers d’un patrimoine. M. Gramain a constaté, pour le Languedoc, que les frérèches à la longévité la plus longue étaient celles groupant seulement deux frères. Parmi les motivations qui peuvent présider à la constitution d’une frérèche, le maintien de l’intégrité de l’héritage doit sans doute être placé au premier plan. Les actes du terrier d’Estagel, par exemple, font souvent apparaitre, à côté de la mention d’une terre tenue par plusieurs individus, l’expression pro indiviso. L’indivision est une pratique successorale trés courante en Catalogne depuis le XIe siècle ; Pierre Bonnassie estime qu’elle constitue souvent une solution d’attente pour la famille, ce qui viendrait confirmer l’impression que les frérèches ne sont peut être pas durables.

34A côté des frérèches d’autres associations existent sans que l’on puisse en dire grand-chose, si ce n’est relever le terme employé dans le terrier de Tautavel pour qualifier leurs membres : les parsonniers (huit mentions). Ce terme donne à penser qu’il s’agit d’associations à but économique en vue d’exploiter une terre.

2) L’importance de la cellule conjugale

  • 27 R. Fossier, La société médiévale, Paris, 1992, p 162.
  • 28 P. Bonnassie, La Catalogne..., p. 266.
  • 29 Voir R. Fossier, La terre et les hommes en Picardie, tome 1, pp. 207-208 et 262-273 et C. Violante, (...)

35La seconde remarque que l’on peut tirer de la lecture du tableau précédent est l’importance numérique des actes émanant de couples. La cellule conjugale semble posséder une grande autonomie, bien que celle-ci s’efface devant “l’ancêtre” lorsque celui-ci est encore vivant au moment de la rédaction de l’acte : 31 % des actes concernant un individu accompagné de ses enfants présentent le cas d’un veuf agissant de concert avec un couple, soit le fils et son épouse, soit la fille et son époux. L’autonomie du couple au sein de la famille est un trait que l’on retrouve dans l’ensemble de l’Occident à partir du XIe siècle. R. Fossier écrit, dans son ouvrage sur la société médiévale : “le trait le plus visible des Xe, XIe et XIIe siècles, et qu’attestent les textes sabins, catalans, picards, bourguignons ou saxons, toutes nuances confondues, est le recul évident des documents où, en vertu de la laudatio parentum, était justifiée l’intervention de la parenté lors d’un acte foncier ; en l’an 1000 c’est encore le cas de 36 à 49 % des textes, cent ans plus tard de 21 à 50 %, mais au XIIe siècle finissant de 10 à 20 %, pour s’effondrer au XIIIe siècle. Par voie de conséquence, la proportion des actes passés par un homme seul ou agissant avec sa femme va de 50 % au Xe siècle à 80 à 90 % après 1200”27. En Catalogne, P. Bonnassie a montré que la moitié des actes d’aliénation de biens qu’il a pu étudier pour le XIe siècle est le fait de groupes conjugaux28. Ce phénomène d’affirmation du couple sur la famille semble à ce point répandu que l’on a pu parler de famille conjugale s’opposant à la famille souche29. Cette autonomie se trouve définie par les chiffres fournis par le tableau ci-dessu : 54 % des actes émanant de couples concernent uniquement les deux conjoints qui agissent seuls. On peut donc affirmer que la cellule conjugale possède les moyens de son autonomie, c’est à dire un patrimoine propre qu’elle gère à sa guise, en communauté puisque les deux époux apparaissent comme acteurs des actes d’aliénation.

36La population des villages roussillonnais du XIIIe siècle est une population incontestablement nombreuse. Ce poids démographique est sans doute du pour une large part à une croissance des familles existantes comme en témoignent les proportions d’homonymes élevées que l’on peut rencontrer. Les mouvements migratoires, mesurés grâce à l’anthroponymie et à ses évolutions, ne semblent pas affecter le Roussillon sur de grandes distances : ainsi le quartier Saint-François de Perpignan, édifié entre 1240 et 1280, se nourrit d’une immigration rurale proche, son aire d’attraction s’étendant sur un rayon de 15 kilomètres autour de la ville.

37Responsables de la croissance, les familles larges forment encore la trame des structures familiales ; de véritables stratégies permettent de maintenir la cohésion de la transmission du nom de famille. Cependant, comme partout ailleurs en Europe, la base structurelle des familles est en train de changer pour faire une part désormais plus large à la cellule conjugale. Phénomène démographique, cet essor du couple doit se comprendre dans un mouvement plus vaste qui affecte les structures sociales du XIIIe siècle, où la notion de mariage chrétien s’impose, le lien matrimonial jouant un rôle également important dans la constitution et le maintien des patrimoines.

Les origines des habitants de Perpignan au XIIIe siècle. Cette carte a été dressée d’après les patronymes des tenanciers de parcelles à bâtir

Notes

1 Ces documents sont conservés aux Archives départementales des Pyrénées Orientales, série H non classée pour le cartulaire du Mas Déu et série 1B29-34 pour les six terriers.

2 F. Maillard, R.H. Bautier, “Un dénombrement des feux, des individus et des fortunes dans deux villages du Fenouillèdes en 1306”, Bulletin philologique et historique, 1965 (1968), pp. 309-328.

3 La répartition du nombre de personnes par feu établie ci-dessus pour les deux villages d’Axat et Caramany permet le calcul d’une moyenne arithmétique de 5 individus par feu, la majorité des feux, soit 62 %, comprenant entre 4 et 6 personnes. M. Gramain conclut à une moyenne de 4,5 personnes par feu à partir des renseignements fournis par un ensemble de reconnaissances seigneuriales établies entre 1311 et 1338 pour le village languedocien de Conas. Voir La démographie médiévale. Sources et méthodes, Actes du congrés de l’association des Historiens médiévistes de l’Enseignement Supérieur public, Monaco, 1972, p. 35

4 E. Leroy-Ladurie, J. Dupaquier, “Quatre vingts villages (XIIIè-XXè siècles)”, Annales E. S. C., n° 2, 1969, pp. 424-433.

5 N. Cadet, L. Stouff, L, Le village de Provence au Bas Moyen Age, Aix-en-Provence, 1987, p. 15

6 J-Z Titow, “Some evidence of the XIIIth century increase”, Economic History review, 1961.

7 M. Bourin, “Intérêt et faiblesse des cartulaires pour l’étude de l’anthroponymie médiévale”, Les cartulaires, Mémoires et documents de l’école des chartes n°39, Paris, 1993, p. 108

8 D. Le Blevec, A. Venturini, “Cartulaires des Ordres Militaires”, Les cartulaires, op.cit., p. 455

9 M. Bourin, (dir), Genèse médiévale de l’anthroponymie moderne, Tours, 1989.

10 M. Zimmermann, “Les débuts de la “révolution anthroponymique” en Catalogne (Xè-XIIè siècles)”, Annales du Midi, n° 189-190, 1990, pp. 289-308.

11 M. Zimmermann, art.cit., p. 302 : “1’”invention” du nomen paternum...traduit l’exigence d’une nouvelle relation au monde et à la société ; elle équivaut à l’adoption d’un état-civil.”

12 M. Zimmermann, art. cit. p. 305

13 C. Higounet (dir), Histoire de Bordeaux, Bordeaux, 1963, t. 2, p. 259.

14 P. Wolff (dir), Histoire de Perpignan, Toulouse, pp. 27-41.

15 J. Le Goff, Histoire de la France urbaine, t. 2, Paris, 1980, p. 194, citant N. Coulet.

16 Le rôle joué par les Templiers dans l’essor des constructions hors les murs de Perpignan a été soigneusement étudié par R. Vinas qui a, en particulier, localisé les différents terrains. Les renseignements topographiques sont tirés de son mémoire : R. Vinas, Les Templiers en Roussillon d’après le cartulaire de la commanderie du Mas Déu, mémoire de D.E.S., Montpellier, 1961.

17 C. Higounet, Histoire de Bordeaux, pp. 263-264. Les études menées par C.E. Perrin sur Metz, P. Desportes sur Reims ou encore R. Fossier sur les villes picardes montrent également que l’aire d’attraction de ces villes au XIIIe siècle se situe dans un rayon de 20 à 30 kilomètres autour du centre urbain.

18 Voir M. Durliat, Histoire du Roussillon, Paris, 1962, pp. 54-57.

19 F° 409-410

20 .F443

21 F°110.

22 F°359

23 F°341

24 P. Bonnassie, La Catalogne du milieu du Xe à la fin du XIe siècle : croissance et mutations d’une société, Toulouse, 1976, t. 2..., pp. 258-280 ; F. Maillard, H. Bautier, art. cit., p 324.

25 C’est le cas au F°108 où la vente d’un champ à Malloles est effectuée par A. Raynerius de Saint-Cyprien et A. Catalanus qui sont beaux-frères puisque l’épouse de Catalanus est la soeur de Raynerius. La déclaration n°46 du terrier de Tautavel présente le cas de deux cousins : Thomas Padern et Pierre Padern, son cousin, déclarent tenir, avec Bernard Padern fils de Jean, une mansate que possédait déjà le père de Thomas. Il s’agit clairement ici de maintenir, par le biais de cette association, l’intégrité d’un héritage.

26 Voir M. Gramain, “Un exemple de démographie méridionale : la viguerie de Béziers dans la première moitié du XIVè siècle”, La démographie médiévale, sources et méthodes, Actes du congrés de l’association des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur, Monaco, 1972, discussion p. 43. R Aubenas estime également que la multiplication des affrètements s’explique par des causes immédiates, liées à la conjoncture : ainsi les crises du XIVe siècle, période qui voit se développer ce genre d’associations entre membres d’une même famille ou entre étrangers, auraient joué un rôle fondamental. R. Aubenas, “Réflexions sur les “fraternités artificielles” au Moyen Age”, Etudes historiques à la mémoire de Noël Didier, Paris, 1960, pp. 2-10.

27 R. Fossier, La société médiévale, Paris, 1992, p 162.

28 P. Bonnassie, La Catalogne..., p. 266.

29 Voir R. Fossier, La terre et les hommes en Picardie, tome 1, pp. 207-208 et 262-273 et C. Violante, “Quelques caractéristiques des structures familiales en Lombardie, Emilie et Toscane aux XIe et XIIe siècles” Actes du colloque “Famille et parenté dans l’Occident médiéval”, pp. 87-148 ; L’auteur montre comment, à partir d’une souche familiale, peuvent se former plusieurs cellules conjugales, fondées sur les mariages des fils, dont chacune possède une part du patrimoine familial. Dans le Latium, la cellule conjugale s’affirme également : P. Toubert, Les structures du Latium médiéval : le Latium méridional et la Sabine du IXè siècle à la fin du XIIè siècle, Rome, 1973, t. 1, pp. 704-734.

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Titre LES METIERS DU QUARTIER SAINT-FRANCOIS ET SAINT-MATHIEU D’APRES LES ANTHROPONYMES : pourcentages des différentes catégories
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Légende Les origines des habitants de Perpignan au XIIIe siècle. Cette carte a été dressée d’après les patronymes des tenanciers de parcelles à bâtir
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© Presses universitaires de Perpignan, 1995

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