Calvi, la Balagne et les Balanins à l’Époque moderne, les relations entre les communautés rurales balanines et le préside de Calvi
p. 287-310
Texte intégral
1Calvi est située en Balagne au Nord-Ouest de la Corse. À l’époque moderne, l’originalité de la cité réside en premier lieu dans le fait qu’il s’agit de la seule ville portuaire dans cette région. Elle est le principal siège du pouvoir génois dans la région ce qui lui donne également un rôle particulier. En dehors d’Algajola, second chef-lieu génois, les villages balanins sont situés à flanc de coteau. Leurs habitants vivent de l’agriculture. A la tête de ces communautés rurales, des notables qui s’appuient sur Gênes pour renforcer leur influence, mais qui, dans le même temps, trouvent que leurs efforts ne sont pas toujours suffisamment récompensés. Ceci ne sera pas sans conséquence lors des Révolutions corses.
2Calvi a fait l’objet de deux études concernant la période génoise, études qui fournissent incontestablement des éléments mais qui souffrent d’avoir été rédigées dans le cadre d’un travail d’érudition. Elles manquent parfois cruellement de données chiffrées1. Ayant travaillé sur la Balagne rurale à l’époque moderne2, j’ai essayé de compléter ce corpus déjà disponible par des recherches ciblées sur les registres notariés calvais du XVIIIe siècle. Mon choix s’explique par le contexte politique particulier : la Corse est le théâtre des Révolutions corses qui débutent en 1729 pour finir en 1769. La domination génoise est remise en cause par une partie de la population. Après une courte période d’indépendance, l’île passe dans le giron français. Le but poursuivi est de cerner l’impact de la présence de cette ville sur la région et ses habitants, son attraction sur les hommes, les activités et les productions mais également les effets des Révolutions corses sur les relations entre Calvi et le reste de la Balagne. L’exposé s’articulera donc autour de trois grands axes : une présentation de Calvi et de ses habitants, un questionnement sur le pouvoir attractif et organisateur du préside en Balagne avant d’aborder les Révolutions corses et leur impact.

Carte 1 : La Balagne : relief et communautés (N. Marini)
Une ville génoise en Balagne
3Calvi est une des deux capitales de Balagne et la seule entité pouvant être qualifiée d’urbaine dans la région. D’ailleurs, son influence administrative, militaire ou encore économique dépasse sa circonscription stricto sensu et s’étend à l’ensemble de la Balagne géographique voire même au-delà3. La Balagne est dès le XVIe une réalité vécue bien qu’elle ne forme plus une circonscription administrative unique à partir de la fin de ce siècle4. Elle se divise en deux provinces distinctes. La province « de Balagne » est administrée par un lieutenant Génois qui réside dans le bourg d’Algajola, elle compte une vingtaine de communautés qui réunissent entre 8 000 et 10 000 habitants. La province « de Calvi » est gérée par un commissaire à partir du préside éponyme. Elle correspond à environ la moitié de la superficie de la Balagne géographique pour seulement un tiers de la population. Elle regroupe, outre Calvi, cinq communautés (Cassano, Lunghignano, Zilia, Calenzana et Moncale) qui rassemblent 5 500 habitants. Une grande partie de cette zone est inhabitée.

Carte 2 : La Balagne administrative et son environnement à l’époque moderne (N. Marini)
4Calvi atteint le millier d’habitants5 alors que la plupart des communautés balanines en comptent moins de 500. Le préside est aussi, selon les périodes, deux fois et demi à cinq fois plus peuplé que l’autre capitale génoise, Algajola, qui ne franchit jamais les 450 âmes. Enfin, si deux villages de la Balagne dépassent Calvi en nombre d’habitants, Calenzana et Corbara, la cité se distingue en concentrant des fonctions « spécifiques » qui lui confèrent un statut « urbain »6. En premier lieu, le préside a des fonctions administratives liées à la présence du commissaire, celui-ci détient des pouvoirs à caractère politique, juridique et fiscaux ; il assure la sécurité et l’ordre public. À son arrivée, il prête serment, devant le sindico de la cité, de respecter les privilèges concédés par le Sénat. Il lui est interdit de passer la nuit à l’extérieur de la cité. Il est entouré d’un important appareil administratif. L’autre bourg littoral génois en Balagne, Algajola, abrite simplement un lieutenant. Les fonctions commerciales de Calvi sont importantes, son port accueille de nombreux marchands7. Enfin, les fonctions militaires du préside ne sont pas à négliger. En effet, le rôle particulier de Calvi tient aussi à son statut de place-forte et de ville de garnison. L’intérêt stratégique de la citadelle est renforcé par des éléments naturels : l’environnement montagneux et rocheux à l’ouest, la présence de marécages à l’est. De plus, le préside s’inscrit dans un arsenal défensif plus large s’appuyant sur la citadelle d’Algajola et de nombreuses tours littorales. Le nombre de soldats varie selon les époques d’une centaine au XVIIe siècle à 700 en 17318. Cette situation explique le rôle joué par Calvi comme tête de pont de la répression des révolutions du XVIIIe siècle qui sera abordée par la suite. Enfin, le préside contrôle un territoire rural qui se divise en deux grandes zones : la première, à proximité de la cité, comprend vignes et jardins ; l’autre est vouée à la culture des céréales. Algajola ne dispose que d’un territoire très restreint ; les propriétés rurales de ses habitants sont donc situées sur les terroirs des communautés voisines.
5Outre le fait d’être une capitale administrative du pouvoir génois, Calvi est peuplée d’une population originaire en majorité de Ligurie, venant de Savone, La Spezia, Sarzana ou encore Sestri. Les plus anciennes familles vivent dans la citadelle appelée Haute ville, au départ fermée aux Corses. Les nouveaux arrivants, Génois ou non, s’installent dans la Basse ville9. La population est acquise à la République. Elle lui montre sa fidélité sans faille, en 1555, alors qu’elle est assiégée par les franco-ottomans. Sa résistance lui vaut la reconnaissance de la Sérénissime au travers d’une plaque de marbre apposée à l’entrée de la citadelle portant l’inscription « Civitas Calvi semper fidelis ». Il s’agit d’un exemple unique dans l’île. D’ailleurs, les Calvais sont, dans de nombreux domaines, considérés comme natifs de Gênes. Ils bénéficient de privilèges particuliers. Ils sont exonérés des droits de douane avec la métropole, ils sont exemptés de la dîme et de la taille. L’exemption de dîme est associée au territoire. Elle porte sur les propriétés et leurs fruits, quelle que soit leur nature : terres céréalières, vignes et herbages ; quelle que soit l’origine du contribuable10. La franchise de taille est associée aux hommes. Les Calvais en bénéficient où qu’ils résident dans l’île. En outre, les habitants du préside peuvent prétendre à certaines charges dont sont exclus les Corses11 et ont le droit d’être jugés par des magistrats génois. Il existe donc une inégalité fiscale entre le préside et son territoire, ses habitants et le reste du territoire balanin, renforcée par le fait que les Balanins sont soumis à des impôts spécifiques. Cette question est importante car elle a un rôle central durant les Révolutions corses. Si Gênes utilise les exemptions d’impôt pour récompenser ceux qui la servent fidèlement, il s’avère que les hommes francs sont peu nombreux12. Parallèlement, la taille augmentée par divers suppléments pèse lourdement sur les populations rurales. Au départ fixée à une lira, elle augmente de manière inégale selon les régions. Elle comprend, depuis 1645, un complément de trente sous qui devait être temporaire et servir à l’édification des murs d’Algajola. Un autre supplément a été introduit pour la construction d’un pont sur la rivière de Calvi. Elle atteint six lire dans les années 1720. La gabelle également est durement ressentie. Le prix du sel a augmenté progressivement : au XVIe siècle, le bacino vaut huit sous puis dix en 1638 et, selon Pietro Morati, il s’élève à quinze sous en 171513. Le préside a un rôle central avec le monopole sur la vente de sel. De plus, au-delà de ces impôts communs, la Balagne, qui est une riche région agricole, se voit imposer des taxes spécifiques. Par exemple, ses habitants versent des contributions en blé pour entretenir la garnison de Calvi. Elles atteignent 697 mine en 1730 (soit 58 000 kilos), alors qu’elles avaient été fixées à 500 mine en 1628. Elles sont acheminées au préside aux frais des Balanins. Le prix est fixé par le Gouverneur et les Nobles Douze, il s’agit de la composta. Il est toujours inférieur à celui du marché et est, en 1693, « la metà meno che si vende correntemente » (la moitié de ce qu’il est vendu normalement)14. Il existe aussi un prélèvement de deux sous par baril d’huile, une contribution de 160 sommes15 d’huile, pour la Trésorerie de Bastia, qui s’ajoute à celle due au préside de Calvi. Toutes ces charges sont contestées par les Balanins dans leurs doléances de 173016, ils demandent qu’elles soient revues à la baisse.
6Au quotidien, ses habitants se singularisent par certains aspects des autres Balanins. La première différence tient à la structure sociale. La cité est dominée par un patriciat marchand généralement d’origine ligure. Ces notables sont appelés Illustrissimo ou Magnifico. Ils gardent des liens et des attaches avec Gênes et tissent des relations notamment par le biais d’alliances matrimoniales avec les représentants de Gênes nommés dans le préside. Lorsque la Corse devient française, ces familles tissent des relations avec les membres de l’administration française. Leur fortune est basée sur les activités marchandes mais ils ne dédaignent pas les revenus provenant de leurs biens fonciers donc de l’agriculture et des activités pastorales. De plus, ils peuvent compter sur des gains tirés de l’immobilier. Leurs enfants ont un meilleur accès à l’instruction que ceux de la notabilité rurale, les maîtres et les précepteurs sont nombreux. Au-dessous, il existe une « bourgeoisie », une classe intermédiaire, formée de marchands et d’artisans dont les contours sont flous dans leurs limites hautes et basses. Le bourg a donc à sa tête une oligarchie marchande alors que les villages ruraux sont dominés par une oligarchie terrienne. Au bas de la hiérarchie sociale sont les travailleurs de la terre, les bergers17, les marins, les pêcheurs ou encore les domestiques, employés par les familles les plus aisées, et même quelques esclaves. La pratique d’activités liées à la mer est aussi une spécificité calvaise car, bien que la plupart des territoires des communautés rurales aient un littoral, la pêche et la navigation sont délaissées par les Balanins.
7D’autre part, la lecture des actes notariés met en évidence d’autres « spécificités ». Toujours en lien avec la structure sociale et les activités de la cité, il est possible de mentionner la présence de contrats commerciaux18, de contrats d’apprentissage, de nombreux contrats de gardiennage ou encore de contrats de location. La location est quasi inexistante dans la Balagne rurale mais est bien représentée à Calvi qu’il s’agisse du bâti (appartement, maison, magasin, boutique), ou des parcelles de terre (vignes et herbages). Pour l’échantillon étudié, 90 % des bailleurs sont Calvais, il en est de même des locataires, même si quelques-uns sont originaires de communes du bassin de Calvi telles Calenzana, Lumio ou Moncale. De plus, les habitants du préside emploient de nombreux gardiens privés, habitant la cité ou les communautés proches, alors que cette pratique est rare dans le rural. Enfin, la présence de l’armée entraîne l’existence de contrats spécifiques : par exemple, en 1769, Gio Peretti de Muro est chargé d’approvisionner la garnison en viande bovine.
8Au quotidien, il est intéressant de constater aussi la singularité des dots calvaises par rapport aux dots rurales. Trois éléments peuvent être cités : l’importance du trousseau qui est souvent mentionné en premier alors que généralement il apparaît en dernier en campagne, la place du numéraire et la faible part des terres19 alors qu’elles sont la composante principale des patrimoines dotaux des Balanines. Il est cependant intéressant de constater, qu’ici comme ailleurs, les individus d’origine « extérieure » importent leurs usages. Ainsi, les dots des Niolins comprennent des bêtes.
9Pour finir, différents éléments mettent aussi en évidence le rôle majeur de la culture de la vigne dans le territoire calvais et l’importance des revenus qu’elle procure : place des parcelles de vigne dans les dots, ventes « à crédit » de raisin (dans le monde rural, elles concernent les céréales et l’huile), proportion des parcelles de vignes dans le territoire Calvais et attention portée à ces terrains, notamment au travers de l’emploi de gardiens. Dans les communes rurales balanines, l’oléiculture est la production la plus rémunératrice.
Un pôle attractif et organisateur ?
10Il est certain que Calvi et les Calvais entretiennent des relations, de plusieurs ordres, avec toutes les communautés de Balagne et, même, avec des communautés situées au-delà des frontières de la région. Le problème principal réside dans le fait qu’il est difficile de les quantifier. En premier lieu, il est possible de citer les relations d’affaires au sens large. Les Calvais captent une partie des productions balanines. Ces relations commerciales sont plus importantes avec les communautés proches de l’arrière-pays (Calenzana, Moncale, Cassano ou Zilia) qui fournissent notamment, mais pas seulement, de l’huile et du vin, mais elles peuvent s’étendre à d’autres vallées en cas de nécessité, ainsi Corbara fournit des céréales au préside20. D’autre part, les Balanins viennent à Calvi pour prendre à boatico des bœufs des propriétaires calvais21 ou louer des herbages22.
11Les Calvais sont aussi sollicités pour des prêts23. François-Félix Battestini cite l’exemple du négociant Antonio q Gio Antonio24 qui prête à d’autres Calvais et dans de nombreuses communautés balanines25. Mais dans ce domaine, la domination des habitants du préside sur les autres Balanins n’est pas écrasante. Au regard des actes notariés, au XVIIIe siècle, les relations inter-calvaises prévalent. Malgré tout, lorsqu’un des individus n’est pas Calvais, il s’agit très majoritairement de l’emprunteur. L’influence de Calvi est forte, essentiellement, dans les communes du même bassin. De plus, il est intéressant de souligner la place prise par les institutions pieuses dans les années 1750 au détriment des négociants et marchands.

Tableau 1 : les prêts à Calvi (origine des créditeurs et des débiteurs), registres notariés calvais de l’échantillon, XVIIIe siècle
12D’autre part, les habitants de la cité reçoivent des procurations des notables de la région mais plus largement de toutes les catégories de la population. Ils font le lien avec les autorités génoises.
13De plus, bien qu’il soit difficile de quantifier ce fait, des Calvais aisés possèdent des terrains dans les terroirs des communautés rurales balanines26. Par exemple, à la fin du XVIe siècle, les biens de Gio Andrea d’Antonello sont dispersés sur une zone allant de Monticello à Luzipeo en passant par Aregno, Algajola, Sant’Antonino27 et Occi28. Lorsque les Calvais possèdent des terres dans les communautés rurales situées en dehors du bassin de Calvi, les terrains sont alors généralement loués. L’étude de registres notariés du village d’Aregno en donne plusieurs exemples. Ainsi, dans les années 1750, les Vincenti, installés à Calvi après avoir habité Aregno, louent les terres qu’ils possèdent dans ce terroir à Gio Negretti. Il s’agit de parcelles plantées en oliviers et figuiers mais aussi de pascoli et erbaggi29. En 1750, le sig. alfiere Giacomo Filippo Guidi de Calvi loue ses propriétés sur le territoire d’Occi au R. P. Giuseppe Silvestri d’Algajola 46 lire par an pour une durée de six ans et son terrain Campo di canne au nobile Carlo Francesco Negretti d’Aregno, 60 lire par an pour trois ans. Autre exemple plus tardif, en 1769, Tomaso Spinola engage un gardien pour surveiller ses biens sis sur le territoire de Santa Reparata.
14Enfin, les relations entre les Calvais et les Balanins, établies par le biais de relations matrimoniales, sont rares30. Dans l’échantillon étudié, la grande majorité des unions est conclue entre deux habitants du préside, 89 % des épouses et 64 % des époux sont Calvais. Aucune épouse ne vient d’un village de Balagne, contre trois époux31.

Tableau 2 : Origine des époux, registres notariés calvais de l’échantillon, XVIIIe siècle
15Parallèlement, l’implantation de Balanins à Calvi est assez peu répandue. Pourtant, la cité n’est pas exempte d’atouts pour les Corses : possibilité de réaliser des affaires, de bénéficier de privilèges ou de la proximité du pouvoir génois. Elle devrait donc attirer les notables et plus largement les insulaires. Si nous nous référons aux études de Pierre Bianco32, ils sont peu nombreux. Par exemple, entre 1705 à 1715, un tiers des immigrés sont d’origine génoise, un quart viennent des régions montagneuses du Niolo ou d’Asco33, 11 % du reste de l’île, 11 % de Calenzana-Moncale, 4 % de Zilia, situées toutes deux dans le bassin de Calvi, et 8 % d’autres communautés de Balagne. La lecture des actes notariés au XVIIIe siècle aboutit aux mêmes conclusions, les Balanins cités habitant Calvi, sont peu nombreux : Francesco et Santo Bianconi, Bernardino Alberti de Calenzana, Francesco de Gio Domenico de Moncale, Antonio Leca et Paolo q Rinuccio de Lumio, Pietro Santo Giontini de Nessa dans les années 1710, Paolo Geromino de Lumio, Gio Benedetti de Calenzana années 1730, Antonio Parodi de Calenzana dans les années 1760. On recense un nombre équivalent de Niolins et on note la présence d’individus de la région d’Ota-Evisa. Elle s’explique par le fait que Calvi dépend de l’évêché de Sagone et que l’évêque réside souvent dans le préside. Bien que les Balanins soient peu nombreux à demeurer dans le préside, l’exemple de l’Illustrissimo colo nello Gio Domenico Croce originaire de Lavatoggio montre qu’il s’est intégré rapidement à la société calvaise. D’autre part, cette présence à Calvi est incontestablement un atout, voire un vecteur de promotion, pour les membres de sa famille restés dans leur communauté d’origine. Ce soldat qui a servi la Sérénissime rédige son testament en 1683. En tant que Calvais, ayant acquis un certain statut, il consacre des sommes importantes à ses obsèques, aux messes pour son âme et à divers legs pieux qui sont sans équivalent avec celles consenties par la plupart des notables ruraux. Il veut s’attirer la faveur divine tout en laissant son empreinte dans sa cité d’adoption ; ainsi, il désigne comme héritière universelle de ses biens la Vierge du Carmel à laquelle il dédie une chapelle construite dans la cathédrale de Calvi avec un culte particulier pour les âmes du Purgatoire. Elle a été restaurée à ses frais et le tableau qui l’orne a été changé avec l’autorisation des autorités34. Le profit tiré de sa position par sa famille réside dans le fait que son chapelain doit être un de ses parents. Il donne la priorité aux fils du q m. (maestro) Gio Battista q Andrea d’Aregno ou un des descendants de ses fils. Il a d’autre part légué à Don Martino du m. Gio Battista une rente constituée35 de 500 lire, somme relativement importante, pour financer la constitution de son patrimoine ecclésiastique s’il devient prêtre36. Si tel n’était pas le cas, la somme passerait à son frère Innocenzo ou à son fils aîné. Il précise que cette mansuétude est à mettre en relation avec l’affection due au lien du sang et n’est en rien une obligation. Si aucun des descendants du m. Gio Battista ne peut devenir chapelain, cette charge devra être exercée par un des fils du nobile Pietro Croce q Simon Gio de Lavatoggio. Le chapelain devra toujours être, parmi les ecclésiastiques de sa parenté, son plus proche parent37 et devra impérativement habiter Calvi pour pouvoir célébrer quotidiennement les messes.
16Parallèlement, très peu de Calvais s’installent dans des communautés rurales de la région. Par exemple, pour l’ensemble de la pieve d’Aregno38 de la fin du XVIe jusqu’en 1729, il est possible de recenser sur les registres des taglie : en 1592 Giulio à Corbara, en 1601 et 1604 Paduano à Monticello, dans les années 1620 Andovrani Luciano et sa famille à Lavatoggio, en 1729 Giuseppe de Cristiano à Catteri. Dans l’échantillon dépouillé, Antonio Cunio est installé à Moncale en 1760. Il est vrai que les Calvais ont peu d’intérêt à quitter le préside39.
17Il convient maintenant de se demander si la localisation de la cité joue quant à son influence et peut restreindre son rôle organisateur. Le port est incontestablement un atout essentiel. Il entretient des rapports étroits avec les ports de la Tyrrhénienne. Il est un point d’attache pour la navigation au long cours et un point de départ du cabotage en direction du Cap ou du Nebbio40. Il permet l’exportation de produits locaux : du bois, des bêtes et des peaux, des céréales (notamment du blé), de l’huile ou du vin. Ce commerce est avantageux pour la cité car les produits sont taxés par les autorités calvaises41. Son importance commerciale varie selon les produits et les périodes. Ainsi, pendant la première partie de l’époque moderne, son rôle dans le commerce du bois est central. Ce bois vient des forêts proches, situées sur le territoire de Calenzana, près de la mer et facilement accessibles, mais également de la forêt de Tartagine, située dans le Giussani ; il est utilisé pour la construction des bateaux calvais. À partir du premier tiers du XVIIe siècle, suite au conflit franco-espagnol, le rôle de Calvi décroît dans ce domaine42.
18La nécessité de passer par Calvi est renforcée par le fait que le commerce de certains produits est strictement contrôlé par Gênes. Ainsi, à partir de 1592, la cité est un des points de passage obligé pour les exportations de blé qui doivent se faire uniquement en direction de Gênes. Ceci est une contrainte importante pour les Balanins même s’ils peuvent également utiliser le port d’Algajola. En effet, il fait également partie des quatre ports retenus pour les exportations de grains avec Bastia et Ajaccio. Les Balanins viennent vendre leurs produits et effectuer divers achats43. Les transactions se font généralement à la marina. On importe par Calvi divers produits manufacturés, du calcaire, des animaux de trait mais également du sel provenant des salins de Toulon et de Hyères, sel qui est entreposé dans la Tour de sel. Il s’agit d’un commerce très lucratif pour les Calvais, ce produit est vendu dans le territoire balanin mais aussi dans les espaces montagneux limitrophes du Niolo et de l’Asco car les habitants en ont un besoin impérieux pour leurs fromages et leurs salaisons44. Cependant, la ville est en position excentrée au débouché de la Balagne pastorale et déserte. Le port de Calvi n’est pas le point de sortie naturel pour la majeure partie de la région, et notamment les zones les plus cultivées45, et une part du trafic transite par le port d’Algajola. D’ailleurs, celui-ci est, selon Pietro Morati qui a vécu à la fin du XVIIe siècle, le port principal pour le commerce de l’huile. De plus, l’arrière-pays calvais est composé de vastes étendues de terres dont la mise en valeur pose problème. Les rivalités pour leur contrôle dépassent le cadre de la Balagne. En effet, les Niolins essaient de mettre la main sur ces zones désertes qui sont aussi revendiquées par certains Calvais dont les ancêtres sont d’anciens habitants. Ils avaient fui du fait des maladies46, des guerres47 ou encore d’attaques barbaresques. Les habitants des communautés de l’arrière-pays du préside48, voire même des vallées proches49, aimeraient aussi se les approprier. Les tensions avec les Niolins s’accroissent du fait du développement des cultures au XVIIe siècle qui laissent moins de place à l’élevage. Ils sont de plus en plus exclus des basses terres50. Ces rivalités nuisent à la mise en culture de ces espaces. Calvi se retrouve donc à la tête d’une région faiblement peuplée et dont l’exploitation n’est que partielle. Les autorités génoises peinent à s’imposer51 pour mettre en place un développement dont la cité et ses habitants pourraient tirer profit.
Calvi, la Balagne et les Révolutions corses
19Calvi est le chef-lieu d’une région souvent à la pointe de la révolte. En décembre 1729, la première insurrection a comme point de départ Bustanicu un village du centre de la Corse. Une partie de la Balagne prend rapidement fait et cause pour les nationali. En juin 1730, les auxiliaires de police envoyés pour réclamer le paiement des diverses taxes sont malmenés jusque dans les localités proches de Calvi (Montemaggiore, Zilia). Les habitants refusent de payer les 160 sommes d’huile dues à Bastia, l’impôt sur les bœufs et le blé dû à Calvi et la taille. Dans les années 1740, c’est en Balagne que l’idée nationale prend corps autour du slogan « fare l’unione » (faire l’union). Par la suite, la région est toujours une zone active notamment au travers d’individus qui jouent un rôle central dans la révolte et occupent des fonctions au niveau national comme Erasmo Orticoni52, Bonfiglio Guelfucci53 ou encore Gregorio Salvini54.
20Dans le même temps, Calvi est la tête de pont de la répression en Balagne mais pas seulement. Par exemple, en 1729, dès les premiers signes d’agitation, 150 soldats sont envoyés à Bastia. En janvier 1732, un détachement impérial de 600 hommes débarque à Calvi et c’est du préside que débute l’offensive qui permet de soumettre la région55, puis de reconquérir les pieve voisines de Caccia et de Castifao. Quelques années plus tard, en 1739, Maillebois arrive avec des troupes à Calvi. Il fait couper de nombreux arbres (oliviers et fruitiers) notamment dans l’arrière-pays calvais au prétexte de pouvoir combattre à découvert56. Plus tard, en 1764, Calvi fait partie, avec Ajaccio et Algajola, des ports cédés à la France et sert donc de relais à l’implantation de la nouvelle puissance.
21Calvi reste aussi le centre du pouvoir génois face à Algajola, plus fragile, car située dans une partie de la région moins favorable à Gênes. Ainsi, en 1730, le bourg est attaqué par les Niolins aidés de Balanins, d’individus d’Orezza et de Tavagna. L’entrepôt, servant au stockage des marchandises destinées à l’importation, est incendié. Les habitants des communautés de la vallée de Nonza n’apportent aucune aide au cheflieu de la province de Balagne. En 1758, Pascal Paoli qui a perçu sa vulnérabilité s’efforce d’obtenir la cession du port pour contrer l’influence de Calvi mais les principaux notables refusent. Il semble que les autorités génoises aient même, un moment, songé à démanteler les fortifications et à en retirer l’artillerie57. La crainte de ses habitants s’accroît lorsque les nationaux installent des canons à L’Ile-Rousse en juillet 176158. Sa fragilité est renforcée par le fait que le bourg est peu peuplé et ne dispose pas de territoire agricole propre. En 1767, lorsque les Français quittent la citadelle, les Algaiolesi se donnent à Pascal Paoli qui transfère à L’Ile-Rousse les armes qui y étaient entreposées. Calvi, solide face à Bastia qui est mise à sac en 1730 par les « montagnards », est prise quelques temps par les nationali en 1745. Lors de cet épisode le gouverneur génois De Mari fuit se réfugier à Calvi, il a laissé sa ville tomber aux mains des insurgés. Le préside abrite alors les évêques de Sagone dont le Balanin Mgr Joseph Marie Massoni59. Dans les Ragguali, son attitude est vivement dénoncée : « quand il n’est pas à Gênes, il reste à l’intérieur de Calvi, préside ennemi »60. En 1763, il est d’ailleurs arrêté alors qu’il a rejoint clandestiment son village natal61. Calvi est aussi refuge pour ceux qui craignent les menées des nationali. C’est ainsi qu’après deux ans passés dans son village natal, Aregno, « pour que ne se perde pas la mémoire des trépassés » Anna Maria Negretti, épouse de Francesco Giuliani, natif d’Algajola, poussée par « un timor feminile » (peur féminine), regagne Calvi62.
22Les Corses ont bien compris l’importance de la citadelle dans le dispositif génois. S’ils n’arrivent pas à s’en emparer63, ils essaient d’en limiter l’influence. D’abord par des attaques qui ont peu d’effets : en 1730, par exemple les nationali s’emparent seulement du couvent de Calvi situé à l’extérieur de la ville. Il faut attendre le généralat de Paoli pour qu’une organisation permettant d’éviter le recours à Calvi soit mise en place64. Paoli accorde à la Balagne, qui est unifiée, un statut particulier65. Le général et le Magistrato veillent particulièrement à ce que l’interdiction faite aux Corses de se rendre dans les présides, d’échanger des courriers avec leurs habitants ou encore de commercer avec eux soit appliquée. Cependant, il semblerait que des infractions existent car cette interdiction est maintes fois répétée. En 1761, Pascal Paoli demande au Magistrato de faire tourner des escouades de patriotes autour de Calvi (et d’Algajola) pour empêcher les « manèges séditieux »66 et rappelle dans un autre courrier l’interdiction de tout déplacement vers Calvi (et Algajola) d’où sortent des lettres et des ambassades « séditieuses »67.
23Afin d’éviter que les rivalités locales ne soient exploitées par Gênes, Pascal Paoli prête une attention particulière à ce qui se passe dans une province où « chaque chose fait problème »68, notamment dans les communautés proches de Calvi qui sont restées pendant longtemps du côté de la République69. Il est aussi impératif de réorganiser localement les instances judiciaires. Une Giunta est créée, elle a du mal à fonctionner correctement. La Giunta et le Magistrato obtiennent un succès symbolique lorsqu’en 1755, après un homicide, l’assassin est envoyé à L’Ile-Rousse et non pas à Calvi pour être jugé. En échange, Calenzana, pourtant considérée comme une des communautés les plus fidèles à Gênes, demande à être protégée des attaques menées à partir du préside. Cette décision déclenche la colère du commissaire génois. Les Calenzanais lui font savoir que ce choix découle de leur volonté de ne plus être ruinés par les troupes génoises.
24Enfin, les Balanins essaient aussi de gêner les relations de Calvi avec l’extérieur. En 1760, les Corses prennent la tour de Caldanu70 située à l’entrée du golfe de Calvi. Ceci rend plus difficile l’entrée dans le port. Des corsaires surveillent les côtes. Dans le même temps la propagande des Ragguali incite les insulaires à se méfier de la duplicité des Génois : ainsi, en juin 1762, des marins cap-corsins sont arrêtés à Calvi après y avoir transportés du vin71.
25Cependant, l’action la plus importante est la création de L’Ile-Rousse dans la Balagne orientale. Ce port est rendu nécessaire par le blocus économique qui interdit à la fois aux insulaires de commercer avec les présides et aux Génois de distribuer des marchandises de Terre Ferme vers l’intérieur de l’île. Pascal Paoli charge Gregorio Salvini du projet. En février 1762, il est écrit dans les Ragguali « nous espérons que Calvi et l’Algajola dans l’avenir se verront totalement privés de commerce »72. Dès 1763, l’activité du scalo (débarcadère) est importante. Le Magistrato peut donc plus aisément interdire aux Balanins de porter de l’huile à Calvi et Algajola, pour la vendre73. À tout ceci s’ajoute une série de mauvaises récoltes. Dans les Ragguali, en 1765, il est écrit que les « bâtiments étrangers abordent continuellement à l’escale de l’Ile-Rousse pour y charger de l’huile, mais en dépit de la grande quantité embarquée chaque jour la récolte est tellement abondante, qu’on ne dispose pas des moyens de commercialiser la plus grande partie, et les olives sont en grande partie sous les arbres. La récolte des blés par contre est insuffisante, ce qui nous met en grande appréhension de connaître une inévitable famine, d’autant que le plus souvent, en raison du faible rendement, on ne parvient à produire que le double de la semence »74. Les habitants de Calvi (et d’Algajola) fréquentent le site75. Le commerce est facilité par le calme qui règne dans la région, calme qui n’est troublé que par quelques escarmouches76.
26Les Balanins sont divisés face à Gênes. Les divisions sont nombreuses et elles évoluent au fil du temps. Au début de la révolte, les Génois essaient de s’appuyer sur les notables ruraux à travers leurs représentants les Nobles XII77. Il y en a deux pour la Balagne. Ils bénéficient de réseaux solides pour répercuter dans la région la parole de la Sérénissime. Les notables eux-mêmes, bien que réprouvant la révolte, n’arrivent pas à la juguler, Pietro Pizzini parle d’ailleurs « d’indigne révolution »78. Lorsqu’Algajola est attaquée en mars 1730, les deux Nobles XII ne sont pas en capacité, comme l’espère Pinelli, de détourner les nationali de leur projet. L’attitude ambigüe des Balanins explique la réticence du commissaire en poste à Calvi de distribuer des armes. Le gouverneur Pinelli l’enjoint donc à les donner à ceux qui sont connus comme soutiens de Gênes.
27Dès cette époque, une grande partie de la population choisit la « passivité ». En 1731, une dualité géographique de la Balagne face aux troubles commence à apparaître nettement. La Balagne orientale et la pieve de Pino, pourtant située dans le bassin de Calvi, entrent dans la révolte. Les propriétaires de ces zones sont soucieux de se libérer du carcan génois qui contrarie leurs exportations. Au contraire, les notables de la pieve d’Olmia, comptent sur l’appui de Gênes dans les conflits qui les opposent aux bergers du Niolo. Durant les troubles, la pression des « montagnards », qui se livrent à de nombreuses attaques sur la région, est forte. Il est intéressant de noter aussi que la plupart des chefs insurgés sont originaires de la Balagne orientale. En 1742, dans les pieve d’Aregno, Olmia et Pino, de vives protestations s’élèvent contre les tailles ; les populations refusent de payer et menacent de se soulever. Au contraire, en 1743, Calenzana et Lumio, proches de Calvi, restent « neutres ». Peu à peu les positions finissent par tourner à l’avantage des nationali. Même Calenzana rejoint le camp des insurgés ce qui s’avère être un échec pour Gênes. Mais cette division géographique de la région ne doit pas cacher une réalité plus complexe. En effet, les partis sont un élément qu’il ne faut pas négliger. Par exemple, lors de la seconde insurrection, seul le parti Fabiani de Santa Reparata s’engage dans le mouvement, les Giuliani de Muro, opposés aux Fabiani, sont plus portés vers la tractation, tandis que le parti de Carlo Aitelli de Corbara, est favorable aux Génois et lève des troupes. Ces rivalités sont exploitées par les différents protagonistes : les nationali, les Génois et les Français qui créent assez tôt un « parti ». Il existe aussi des « règlements de compte » inter-balanins. Ainsi, en septembre 1739, après la mise au pas de la Balagne par Maillebois, les maisons des Calenzanais sont brûlées à Montemaggiore.
28Il est clair que Calvi subit durement ce conflit. Le commerce se ralentit. Même si les actes notariés montrent que les relations avec le reste de la Balagne se poursuivent, elles se tassent nettement79. Le port change de fonction, sa mission principale est d’assurer l’approvisionnement des troupes qui servent à pacifier la Balagne et la Corse. Une fois les troubles finis, le scalo de L’Ile-Rousse est devenu en quelques années un centre commercial actif, si Calvi résiste mieux qu’Algajola, le port connaît un net ralentissement de son activité. La France n’a pas les mêmes besoins que Gênes, les Calvais n’ont pas les mêmes relations avec le gouvernement français. L’importation de produits agricoles n’est pas une nécessité pour la nouvelle puissance. Les familles Calvaises n’ont plus le statut de privilégiés et ne bénéficient plus des mêmes appuis. Cependant, Calvi peut compter sur la continuité des circuits d’échanges traditionnels avec la Ligurie et son statut de chef-lieu qui lui permettent de maintenir une certaine activité.
*
29En conclusion, l’influence de Calvi s’étend incontestablement sur l’ensemble de la Balagne que ce soit au niveau administratif ou commercial. Difficile à quantifier, elle paraît plus importante dans le bassin de Calvi. C’est là qu’elle trouvera les soutiens les plus fidèles lors des Révolutions Corses. Cette influence est limitée par la localisation de Calvi et par l’existence d’un autre port à Algajola. Si elle a un rôle dans l’organisation du territoire et des flux, elle souffre incontestablement de sa situation. Les Révolutions et la création de L’Ile-Rousse vont nuire gravement à Calvi et à son influence qui se réduit dans de nombreux domaines à son arrière-pays proche. Le territoire balanin devient un espace dual et ceci se traduit par une réorganisation des flux et du commerce. Calvi garde les fonctions administratives les plus importantes mais L’Ile-Rousse devient le pôle urbain de la Balagne orientale au XIXe siècle. Algajola perd peu à peu tout rôle administratif.
30Au-delà de ces constats qui restent très généraux, la multiplication des sondages dans les registres notariés calvais mais aussi des communautés de l’ensemble de la Balagne permettrait d’affiner ces premiers enseignements et de mieux délimiter l’aire d’influence de la cité80.
Annexe
Annexes

Tableau 3 : Les ventes dans les registres notariés calvais de l’échantillon, XVIIIe siècle

Tableau 4 : Les locations dans les registres notariés calvais de l’échantillon, XVIIIe siècle
Notes de bas de page
1 En 1968, le polytechnicien François Félix Battestini publie un ouvrage sur Calvi au XVIe siècle (F. F. Battestini, Calvi au XVIe siècle, 1968). Il est plus particulièrement consacré à la période 1563-1608. L’auteur a dépouillé de nombreux registres notariés, il donne des indications sur les principales familles calvaises et les individus les plus en vue. Le préside a également intéressé, pour les XVIIe et XVIIIe siècles, Pierre Bianco, directeur de recherche honoraire au CNRS, auteur de plusieurs travaux sur la généalogie et l’histoire des familles corses (P. Bianco, Calvi préside et cité de Corse aux XVIIe et XVIIIe siècles, Ajaccio : A. Piazzola, 2008). Enfin, il faut également citer le livre de Jean-Félix Galetti et Josée-Marie Loverini consacré à Calvi des origines à nos jours (J. – F. Galetti, M. – J. Loverini, Calvi, 1991).
2 L. Castellani, La Balagne rurale de la fin de l’époque moderne à la fin du XIXe siècle : économie et société, 2011, thèse, dactylographiée.
3 À noter que Calvi est à deux reprises la capitale de la Corse (de 1544 à 1548, puis de 1652 à 1659) et accueille donc le gouverneur. Cette décision repose sur la nécessité d’assurer une meilleure protection au représentant de Gênes dans l’île. D’autre part, certains gouverneurs, arrivés de Gênes, sont souvent obligés d’accoster en Balagne et de poursuivre leur route à cheval jusqu’à Bastia. Cependant, les Bastiais désapprouvent ce choix et l’élite commerciale, administrative ou militaire ne suit pas le gouverneur à Calvi. Banchero qui rédige ses Annales au milieu du XVIIe siècle écrit : « A Calvi on ne trouve pas de personnes lettrées ou possédant un doctorat (…) Bastia outre qu’elle est la ville la plus peuplée de l’île, est entourée de nombreux villages et elle est en mesure de mobiliser rapidement plus de plus de dix mille hommes (…) », in Mémorial des Corses, 1981, p. 140.
4 Dans son ouvrage, Agostino Giustiniani intègre sous la dénomination de Balagne les pieve de Tuani, Aregno, Sant’Andrea, Pino et Olmia, ainsi que celle du Giussani « parce qu’elle dépend du tribunal de Balagne » même s’il émet une restriction en insistant sur le fait qu’elle soit « hors de la Balagne, dont elle est séparée par une montagne », A. Guistiniani, Description de la Corse, 1993, p. 89. Par la suite, la pieve de l’Ostriconi est aussi comprise dans la Balagne, Pietro Morati souligne cette spécificité du Giussani en insistant sur le fait que cette région est intégrée à la Balagne bien que « separata dall’istessi monti » (séparée par des montagnes élevées), P. Morati, Prattica manuale, 1885, p. 162. Une pieve est une division civile et religieuse. Elle réunit un nombre variable de communautés et de paroisses. Au niveau religieux, les pieve de Balagne sont rattachées à l’évêché de Mariana (pieve du Giussani, de Tuani, de Sant’Andrea et de l’Ostriconi), à l’évêché de Sagone (Olmia et Pino) et à l’évêché d’Aleria (Aregno). L’église principale est nommée église piévane.
5 Dénombrements de la fin du XVIIe siècle et de 1729. Vers 1520, le podestat de la « terre de Calvi » livre le chiffre de 6 000 habitants. Cependant, l’épidémie de peste de 1528-1529 puis le siège de 1555 réduisent sa population à un millier d’âmes, E. Gabrielli, « Calvi et la Balagne », Mémorial des Corses, 1981, pp. 481-482.
6 La ville se distingue du village par sa taille, son bâti, les populations et les activités qu’elle concentre, in P. Baud, S. Bourgeat et C. Bras, Dictionnaire de géographie, 2008, pp. 564-569.
7 Les fonctions commerciales de la ville seront plus longuement évoquées dans la deuxième partie.
8 Au début du XVIIIe siècle, par exemple Pietro Morati donne le chiffre de 214 soldats, il précise qu’ils sont pour la plupart étrangers (surtout Allemands), cinquante sont Calvais, in P. Morati, op. cit., p. 127, A. L. Serpentini, « Un littoral sous influence, la Corse sous la domination génoise à l’époque moderne (1562-1768) », Pouvoirs et littoraux du XVIe au XXe siècle, 2000, pp. 211-223.
9 Les étrangers ont interdiction de dormir dans la ville (P. Bianco, op. cit., p. 155), les Balanins des communautés rurales n’entrent pas dans la citadelle hormis s’ils y ont de la famille ou à faire avec les autorités (F.-F. Battestini, op. cit., p. 28).
10 En 1738, plusieurs actes notariés font référence à cette exemption. La dizaine de témoignages présents semblent avoir été sollicités par Maria Benedetta veuve Brunelli et par l’Illustrissimo sig. (Illustrissime seigneur) Carlo de Fornari. Ils doivent uniquement les prémices de la dîme (ou mezza decima). Cette franchise existe selon les témoins depuis des « temps immémoriaux » (expression utilisée par Gio q (quodam) Tomè de Calenzana) tandis que Gregorio Roffo de Calvi dit qu’il l’a toujours entendu dire de ses ancêtres et des habitants les plus âgés de la cité. Ce privilège remonterait au capitaine Antonio Anfriani, installé à Séville dans la première moitié du XVIIe siècle.
11 Les charges de gouverneur, de lieutenant, d’officier dans les citadelles, de cancelliere (chancelier), d’ufficiale del regno (officier du royaume), de collecteur de la taille leur sont interdites. Parallèlement, ils sont écartés des bénéfices importants et n’exercent des fonctions religieuses qu’au-dessous de la dignité de vicaire général.
12 Par exemple, dans le registre des taglie de 1728, dans la pieve d’Aregno, Francesco de Paolo Maria à Aregno, Geromino, Paolo et Tomaso Aitelli à Corbara, Francesco de Francesco à Lavatoggio, Agata veuve d’Agostino à Monticello, Sebastiano Savelli à Sant’Antonino et Antone Fondacci de Santa Reparata sont francs de taille (A. S. G). En sont aussi exemptés, les podestats, les pères de douze enfants, les indigents et le personnel ecclésiastique.
13 P. Morati, op. cit., p. 131.
14 Le Libro Rosso de 1693 est cité par F. Pomponi, Les notables ruraux, Essai sur les notables ruraux en Corse, 1962, p. 79.
15 Une somme correspond à 61,5 litres.
16 Suite à la première insurrection de 1729, Gênes demande aux Corses de rédiger leurs doléances.
17 Certains sont originaires du Niolo, région montagneuse proche de la Balagne, cf. carte 2.
18 Ces contrats sont passés entre particuliers ou à l’instigation des autorités communales. Ils sont peu fréquents dans l’échantillon étudié mais leur présence est en soi une spécificité par rapport aux registres notariés de la Balagne rurale. Ils sont mentionnés dans les autres études concernant Calvi, cf. François Félix Battestini, op. cit. et P. Bianco, op. cit., pp. 116-121. Il y a des contrats concernant la coupe et le transport de bois, des achats de pierres, de cochons, de vesces, etc.
19 Les terres sont présentes dans moins du tiers des contrats de l’échantillon.
20 P. Bianco, op. cit., p. 115. François Félix Battestini précise aussi que les rapports ne sont pas toujours proportionnels à l’éloignement, F. F. Battestini, op. cit., p. 27.
21 Si cet exemple est souvent cité pour illustrer les relations entre la Balagne rurale et Calvi, dans l’échantillon consulté les contrats sont peu nombreux. Il est vrai qu’au XVIe siècle, la pratique du contrat a boatico est critiquée par les autorités. Il s’apparentait à une sorte de vente fictive du bétail, le versement d’un prêt était accompagné d’un contrat de location correspondant au taux, somme qui devait être acquittée à l’avance.
22 Dans les registres notariés de la Balagne rurale, les locations d’herbages sont inexistantes. Il est cependant évident que les bergers indépendants doivent en louer. Il pourrait donc s’agir de contrats oraux.
23 Le m. dGio Battista q Don Gio originaire Cassano en faveur du sig. Giacomo Balistrini de Calvi, Innocentio de Gio Battista de Torre en faveur du nobile Guidi de Calvi cf. registres notariés d’Aregno.
24 Dans les registres notariés et divers autres documents, les individus sont désignés par leur prénom et celui de leur père. Si celui-ci est décédé, on utilise le q de quodam ou dq pour del quodam, s’il est vivant on insère entre les deux di (de).
25 F. F. Battestini, op. cit., pp. 104-107.
26 Il n’existe pas de cadastre ou de rôles d’imposition qui permettent de recenser les propriétaires terriens communauté par communauté. Dorothy Carrington évoque les difficultés liées à l’élaboration du plan terrier décidée lorsque la Corse devient française, ce qui ne permet pas d’aboutir à la création d’un cadastre. En effet, les insulaires craignent de livrer des indications susceptibles d’entraîner de nouvelles impositions. D’autre part, la société corse résiste à toute idée de cadastrage, D. Carrington, « Sur les inégalités sociales en Corse rurale au XVIIIe siècle », Annales historiques de la Révolution française, N° 260, 1985, p. 173 et M. Caisson, « Une culture du flou », Mesure de l’île, le plan terrier de la Corse, 1770-1795, 1997, pp. 88-95. La volonté d’établir ce document est liée à la nécessité d’établir de l’ordre dans les propriétés et de déterminer l’état exact du foncier dans l’île, N. Pinzuti, « Le plan terrier de la Corse : une grande aventure », Mesure de l’île, le plan terrier de la Corse, 1770-1795, 1997, pp. 37-52.
27 Sa fille est mariée dans ce village.
28 F. F. Battestini, op. cit., p. 98
29 Terres destinées à la pâture.
30 L’étude des registres notariés d’Aregno sur une période plus longue conduit aux mêmes conclusions. Sur 184 mariages, aucun n’est conclu avec une personne de Calvi, cinq le sont avec un conjoint d’Algajola.
31 Selon François Félix Battestini, les alliances sont plus nombreuses avec des natifs des communautés proches de Calvi. Cependant, il cite des alliances matrimoniales avec des individus de Lavatoggio, Speloncato, Corbara, Aregno ou Catteri, F. F. Battestini, op. cit., p. 27.
32 P. Bianco, op. cit., pp. 136-143.
33 Cf. la carte 2.
34 Ceci n’est pas une spécificité calvaise, les notables ruraux les plus éminents possèdent des autels dans les églises piévanes, paroissiales ou conventuelles.
35 Il s’agit d’une forme détournée du prêt à intérêt remontant au Moyen Âge qui n’est pas propre à la Corse. La personne qui a besoin d’argent s’adresse à un bailleur de fonds et lui concède une rente sur un bien immobilier, le plus souvent un bien foncier, rente attachée à la terre, non à l’individu. La somme perçue par le propriétaire n’est pas remboursable mais, chaque année et perpétuellement, celui qui l’a versée perçoit un censo. Il correspond à l’intérêt de son argent, il est le montant annuel de la rente (reddido ou frutto) et correspond au dixième du prix d’achat. Au bout de dix ans, tout est bénéfice pour l’acheteur qui continue à percevoir les annuités.
36 Le revenu moyen des patrimoines ecclésiastiques, dans les campagnes, s’élève à 240 lire, L. Castellani, op. cit., p. 362.
37 Il s’agit d’une pratique courante dans l’ensemble de la Balagne.
38 Il s’agit de la pieve balanine qui compte le plus grand nombre de communautés (treize paroisses). Elle s’étend de Santa-Reparata/Monticello à Lumio situé dans le bassin de Calvi.
39 La faiblesse des échanges humains entre Calvi et son arrière-pays au sens large est aussi visible dans la faiblesse des migrations des patronymes Calvais, P. Bianco, op. cit., pp. 148-149.
40 Arrière-pays de Saint-Florent.
41 Selon un décret de 1374, les Calvais jouissent du privilège de prélever un droit de six deniers par livre de marchandise exportée ou importée dans une grande partie de la côte occidentale.
42 Maria Pia Rota, Jean-André Cancellieri, Les forêts corses, 2001, pp. 52-53, 71. L’exploitation du bois est aussi gênée par le parcours des troupeaux.
43 Si nous nous intéressons par exemple au livre de compte du couvent de Marcasso dans la vallée d’Aregno ou aux achats des religieux de Belgodere, il est certain qu’une partie des produits ne vient pas des communautés rurales balanines. C’est le cas par exemple des sardines, des anchois, du poisson, du sel, du riz, des pâtes, du poivre, de la cannelle ou du sucre. Les documents ne précisent pas toujours l’origine de ces produits. Les pâtes et le riz sont achetés à Calvi ou par l’entremise de marins du Cap, les salaisons viennent de Calvi. Le poisson frais plutôt d’Algajola, L’Ile-Rousse, Monticello ou Saint-Florent, in C. Valleix, Libro maestro du couvent de Marcasso 1621-1695, 1977, J.-C. Liccia (sous la direction de), Les servites de Marie en Corse, Histoire, patrimoine, vie conventuelle, 2000.
44 Il s’agit de deux régions pastorales.
45 Ces communautés appartiennent à la Balagne dite agricole.
46 Les épidémies de peste de 1498 et 1528-1529 sont particulièrement meurtrières. La malaria est à l’origine de nombreux décès.
47 Par exemple, les hameaux de la Paratella, du Marsolino et du Filosorma ont été dévastés lors de la révolte de Gian Paolo di Leca en 1488, la guerre franco-turque de 1553 à 1559 à mis à sac la Paratella et a contraint les habitants à se réfugier vers des zones plus sûres.
48 Des populations du Sia (cf. la carte 2) et du Vicolais se sont réfugiés à Moncale et à Calenzana.
49 Feliceto ou Avapessa.
50 Ceci provoque des émigrations (vers Calvi notamment) mais également la multiplication des rapines, J.-F. Galetti, M.-J. Loverini, op. cit., p. 89.
51 Les premières concessions génoises dans cette zone datent de 1541. En 1587, Oberto Castello demande l’inféodation de Lucipeo, de Galeria et du Marsolino. Il promet de les défricher et de les mettre en culture. Il veut également pouvoir exporter sans conditions céréales et bétail. En échange, il s’engage à construire trois tours, A.-M. Graziani, Domaines coloniaux, industrie sécuritaire et système fiscal en Corse à la fin du XVIe siècle, 1991, pp. 499-500. En 1709, un génois, Sauli, obtient la concession du domaine de Galeria. Celle-ci est contestée par les Niolins qui obtiennent dès 1716 le droit d’occuper ces terres, Mémoire présenté à l’assemblée nationale sur l’exploitation des bois de l’Isle de Corse, 1791, p. 30 et Procès-verbaux de la chambre des députés, pp. 280-281. Une fois la Corse devenue française, malgré les procédures engagées par son fils, en 1790, la France adjuge aux habitants de la pieve du Niolo le domaine de Galeria, A. Casanova, Caractères originaux et cheminements de la Révolution en Corse, 1985, p. 161. Parallèlement, Gênes tente de mettre de l’ordre, par exemple en 1633, Filippini demande à ceux qui prétendent y avoir des droits de se faire connaître.
52 Le prêtre Erasme Orticoni joue un rôle majeur au début des révoltes. Il participe au congrès des théologiens d’Orezza qui se prononcent sur la légitimité de l’insurrection. Il a une action diplomatique importante, il se rend à Rome ou à Vienne, entre en contact avec l’Espagne.
53 Ce servite est natif de Belgodere, il enseigne à l’université de Corse, est secrétaire de Paoli et il est l’un des rédacteurs des Ragguali dell’Isola di Corsica, journal du gouvernement destiné à mobiliser la population.
54 Gregorio Salvini est prêtre. Pascal Paoli le charge de s’occuper du port de L’Ile-Rousse et d’organiser le négoce. Malgré sa proximité avec le général, il n’approuve pas la mesure destinée à remplir les caisses de l’État et à financer l’Université de Corse en utilisant les biens du clergé. Il est l’auteur de la Giustificazione della Rivoluzione di Corsica, un ouvrage majeur dont le but est de justifier les Révolutions Corses.
55 La bataille de Calenzana qui a lieu en 1732 est une des plus célèbres des révolutions corses. Le chiffre de 150 morts du côté impérial est avancé, F. Ettori, « Les abeilles de Calenzana », Mémorial des Corses, 1981, T. 2, p. 250.
56 Il sera par la suite un promoteur de l’oléiculture dans la région.
57 A.-M. Graziani, Ragguali dell’isola di Corsica, 2010, p. 133.
58 Ibidem, p. 173.
59 Les Corses revendiquent l’accès des insulaires à la fonction d’évêque. Gênes tarde à répondre à cette attente. Ce n’est qu’à partir de 1741 que des évêques corses sont nommés sur les sièges vacants. Il s’agit essentiellement d’individus pro-génois. Cette attitude attise la rancœur d’une partie de la population contre eux.
60 A.-M. Graziani, op. cit. 2010, p. 133.
61 Mgr Massoni décède en détention en 1768.
62 Elle regrette assez rapidement son choix. Après dix mois passés dans le préside, elle adresse une requête aux autorités paolistes pour être considérée comme « membre de la Patrie », n’ayant pas les revenus nécessaires pour assumer les charges de sa famille, elle les supplie « colle lagrime alli occhi » (avec les larmes aux yeux) de lui restituer ses biens dotaux.
63 Par exemple en mars 1730, le préside est attaqué par une soixantaine de Niolins qui prennent d’assaut le couvent des Capucins dans lequel ils pensent trouver des armes. Au milieu des années 1740, Calvi est attaqué par le colonel Domenico Rivarola, agissant au nom de Charles-Emmanuel de Savoie. Mais celui-ci, qui n’a réussi à rallier que quelques centaines d’insulaires, échoue. Il a pourtant réussi à faire capituler Bastia. En avril 1764, les nationaux dévastent les moulins calvais, A.-M. Graziani, op. cit, 2010, p. 491.
64 Des tentatives ont existé dès la première révolte. Après une consulta à Alzipratu, les insurgés décident de mettre en place un blocus de Calvi. Ils s’organisent afin de pouvoir se passer de Calvi mais aussi d’Algajola. Simone Fabiani, devenu procurateur de la région, perçoit une taxe sur les exportations de blé, versée par la plus grande partie de la province. Elles sont effectuées par un bateau anglais. D’autre part, de nombreuses armes arrivent par la mer.
65 Il fait de même avec le Nebbio.
66 A.-M. Graziani, op. cit, 2010, p. 257.
67 Ibidem, p. 271.
68 A.-M. Graziani, Correspondance : la prise du pouvoir 1749-1756, 2003, pp. 350-351.
69 Par exemple, en 1756, la situation est particulièrement préoccupante à Lumio et Paoli craint que le village ne passe dans le giron génois. Il n’hésite donc pas à donner l’ordre de marcher sur Lumio et de prendre trois otages dans les deux camps.
70 Située sur le territoire de Lumio, à l’opposé de la citadelle de Calvi (1579). Le caporal et les trois soldats qui s’y trouvaient ont été pris par surprise par des gens de Lumio.
71 A.-M. Graziani, op. cit., 2010, p. 271.
72 Ibidem, p. 231.
73 Ibidem, p. 369, en juillet, après une consulta, qui rend cette interdiction effective, il est noté que « personne n’a enfreint les ordres du gouvernement, qui tient à cet effet des gardes aux environs de ces lieux », Ibidem, p. 423. Fin 1763, « Notre commerce à L’Ile-Rousse est continu. Cette situation prend d’autant plus d’importance lorsqu’on la compare à celle de Calvi et d’Algajola qui connaissent une grande pénurie de vivres. Aussi notre gouvernement use-t-il d’une vigilance rigoureuse pour empêcher quiconque de s’y rendre pour vendre quoi que ce soit », Ibidem, p. 455 ; février 1764, « le préside de Calvi et la petite place d’Algajola sont totalement encerclés, du fait de l’infatigable attention de notre escadron volant qui a réduit les soldats (…) à déserter (…) du fait de la faim qui y règne, septembre 1764, « En plus de la troupe, envoyée dans cette province pour empêcher tout commerce avec les présides ennemis, on a formé ces derniers jours par ordre de notre gouvernement, un autre camp volant de volontaires qui, s’étend rendu aux alentours du préside de Calvi, a mis dans une telle appréhension ses habitants, qu’ils ont désormais peur de faire un pas au-delà de la portée de leur canon », Ibidem, p. 535.
74 Ibidem, p. 597.
75 Ibidem, p. 617 (1766).
76 Ibidem, p. 349.
77 Conseil consultatif du Deçà des Monts (Nord de la Corse) qui siège auprès du gouverneur.
78 Francis Pomponi, Histoire de la Corse, 1979, p. 238.
79 Cf. tableau 1 : il montre nettement un recul des actes concernant les prêts. Le nombre global d’actes par année décroît également. Dans le dernier registre consulté, huit actes sur 26 concernent des débiteurs originaires des communautés rurales balanines contre 40 débiteurs et prêteurs balanins pour 83 actes dans les années 1708-1712, 18 pour 41 dans les années 1737-1739 et 17 pour 38 actes dans les années 1756-1761.
80 Dans ce domaine, le recours aux registres paroissiaux des communes rurales balanines aurait pu compléter utilement les registres calvais. Cependant les exemplaires les plus anciens n’ont pas été conservés dans la plupart des communes.
Auteur
Docteur en histoire moderne et contemporaine, UMR 6240-LISA
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