Perpignan et sa campagne (XIe-XIVe siècles) : essor et développement d’une capitale
p. 29-44
Texte intégral
1Entre le IX et le XIIIe siècle, la ville de Perpignan connaît un essor sans précédent. Simple hameau proche de l’antique cité Ruscino, elle devient en quelques siècles la capitale des comtes de Roussillon puis de l’éphémère royaume de Majorque (1276-1346). Ce développement urbain, économique, religieux et politique se fait au détriment de sa campagne proche. Le finage initial, destiné à approvisionner le village, disparaît en partie sous l’avancée du bâti. Le paysage rural est alors remodelé pour couvrir les besoins de la ville, en quantité, qualité et diversité. L’approvisionnement doit alors répondre aux attentes d’une population nombreuse, mais aussi alimenter les réseaux du commerce local, puis international. La relation qui s’installe entre la ville, sa campagne immédiate et l’arrière-pays évolue désormais en fonction de ces besoins. Elle reste toutefois en adéquation avec la géographie contrastée du Roussillon et ses potentialités naturelles.
2L’objectif de cet article est de mettre en parallèle l’urbanisation de Perpignan et l’évolution fonctionnelle de son terroir à différentes échelles géographiques, qui, bien entendu, évoluent au cours du temps. Dans l’historiographie, ces relations sont bien souvent étudiées sous l’angle économique, politique, juridique et démographique et mettent en exergue une domination de la ville sur son « plat pays » ou, plus récemment, une relation équilibrée. Rarement, l’intérêt a été porté sur la relation entre la ville et sa campagne par le biais de la production agricole, de la construction du paysage et de son évolution morphologique. Or, comme le souligne justement Denis Menjot, « le moteur de la dynamique urbaine réside dans la dialectique et le ravitaillement »1. Le projet consiste donc à étudier ce phénomène sous un biais strictement spatial qui peut se comprendre par la conquête de l’habitat sur l’agricole, mais aussi par l’influence de la campagne sur l’organisation interne de la ville.
3Les sources utilisées pour cette étude sont de tous types (archives notariales, cartulaires, registres de la procuration royale…). Les données qui en ont été tirées, ont été confrontées à divers documents cartographiques postérieurs2, puis reportées sur un plan de Perpignan des années 17003. La localisation n’est pas toujours précise, mais suffisante à l’échelle du terroir pour alimenter cette étude.
Perpignan, une ville roussillonnaise émergeant dans le courant du Moyen Âge
4La ville médiévale se développe sur une ancienne terrasse alluviale de la Têt, qui coule en contrebas du noyau urbain au XIIe siècle. La limite septentrionale du finage est d’ailleurs constituée par ce fleuve, même si celui-ci connaît plusieurs défluviations à la période qui nous intéresse. Un tiers du territoire de la ville occupe un vaste secteur, au pied de la terrasse, souvent inondé à la fin du Moyen Âge, mais propice au maraîchage. Un autre cours d’eau, la Basse, s’est peu à peu rapproché de la ville au cours du Moyen Âge pour en former la limite occidentale à la fin du XVe siècle. Il est ensuite intégré à la ville durant l’époque moderne, lorsque le faubourg dit des Capucins est construit sur sa rive droite. L’éperon sur lequel se développe le noyau primitif de Perpignan est limité au sud par des collines (le Puig des Lépreux puis de Saint-Jacques, et la colline royale, sur laquelle se trouve le palais). Au-delà, vers le sud-est, le finage s’étend dans une zone ponctuée de petits étangs4. Ces derniers sont asséchés entre les XIe – XIIe5 siècles et le XIVe siècle6. Au sud-ouest, le Puig de Sant-Joan et le Serrat d’en Vaquer sont deux collines qui constituent les vestiges de terrasses quaternaires. Cette rapide présentation montre combien la diversité des sols est ici propice à une production agricole variée, permettant à la villa des origines de pratiquer aisément une agriculture vivrière comme cela a pu être observé pour une grande partie des villages de la plaine roussillonnaise jusqu’au XIIe siècle au moins7.
5Perpignan apparaît dans les sources écrites à partir du Xe siècle8. Toutefois, il semblerait qu’un premier noyau villageois existait à proximité de l’église dès le IXe siècle au moins9. L’historiographie explique la désertion de l’antique cité de Ruscino par le déplacement de la population vers Perpignan dans le courant de ce même siècle, mais aucune donnée archéologique ne vient étayer cette thèse pour le moment. Peu à peu, les comtes de Roussillon s’installent dans ce nouvel établissement, conférant un statut privilégié au site. Ils interviennent activement en fondant un collège de chanoines attaché à l’église paroissiale Saint-Jean et un hôpital placé sous le même vocable. Ils favorisent le développement de la ville et légifèrent sur les marchés ou l’alimentation en eau. À partir du XIIe siècle, l’église paroissiale, et probablement un premier noyau habité, sont alors délimités par un mur, au moins côté ouest10. À l’extrême fin du XIIe siècle, un canal d’irrigation majeur, le Rech comtal, alimente les fossés de la ville et irrigue son terroir11. Tout participe à faire de Perpignan le site privilégié du Roussillon médiéval, d’autant que, dès 1197, la ville est dotée d’une charte qui assure l’existence d’un consulat12. Perpignan est alors une ville, de petite taille certes, mais elle regroupe néanmoins divers organes politiques, religieux et administratifs qui lui confèrent un statut prééminent sur le reste de la plaine roussillonnaise13. La croissance de la ville conduit à l’érection d’une nouvelle enceinte, à l’extrême fin du XIIe siècle, sous l’impulsion du comte-roi Alphonse d’Aragon. Puis, des faubourgs se constituent à l’ouest, au sud et à l’est. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, l’essor de l’industrie textile contribue à faire de la ville une place marchande d’importance14. En 1276, la création du royaume de Majorque par Jacques 1er pour son fils Jacques donne une nouvelle impulsion à l’essor de Perpignan. Elle génère la construction du château royal, de la dernière enceinte, à la fin du XIIIe siècle, et fait de la ville une résidence royale. L’irrigation et l’alimentation en eau constituent à nouveau une priorité avec la reconstruction de la Sequia de Thuir portant désormais le nom de Las Canals. Par la suite, l’intégration du royaume de Majorque dans la Couronne d’Aragon laisse à Perpignan des fonctions politiques, économiques et religieuses majeures.
Le terroir perdu au profit de l’urbanisation
6La nature des terres agricoles gagnées par l’urbanisation avant le XIIe siècle ne nous est pas connue. Nous avons plus d’informations à ce propos pour la seconde phase d’urbanisation. En effet, durant le XIIIe siècle, ce sont de vastes terroirs monoculturaux qui sont soumis à la progression croissante de l’habitat. Ils prennent l’appellation de condamines et se définissent comme des terres céréalières étendues dépendant d’un seigneur, exploitées en faire-valoir direct durant le Moyen Âge central15. Ces terres sont nombreuses et les sources écrites permettent d’en repérer la plus grande partie16.

Cartes des terres agricoles perdues au profit du développement urbain
7La condamine du Comte Guirard est la plus ancienne dans notre documentation17. En 1172, le comte la cède à l’église Saint-Jean de Perpignan18. Elle est ensuite mentionnée dans les sources sous la forme : condamina canonico de 1210 jusqu’en 125819. Elle réapparaît, peut-être, en 1331 sous l’appellation de condamina domini episcopi20 car, à partir de 1250, l’évêque d’Elne obtient la charge de chapelain majeur et apparaît donc dans la gestion des biens de la collégiale. Cette dernière se trouve dans la partie est de la ville, sur la colline du Puig Saint-Jacques. Ce secteur est très clairement dévolu à l’urbanisation dans la seconde moitié du XIIIe siècle lorsque le roi Jacques, après avoir initié la construction de la nouvelle église paroissiale Saint-Jacques, décide d’y fonder le Call ou quartier juif21.
8En 1220, Guillaume de Burgo, miles d’Alenya, vend la condamine qu’il tient pour le Temple. Bien que celle-ci ne puisse être située à la seule lecture de la documentation, il semblerait, comme l’ont signalé Pierre Vidal22 et Laure Verdon23, qu’il s’agisse du terrain alloti par le Temple au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle24. Celui-ci s’étire le long de la route menant à la porte Saint Martin à la fin du XIIIe siècle et forme une partie du nouveau quartier Saint-Mathieu. La transformation de ces terres en faubourg n’est pas immédiate. En effet, Laure Verdon a noté trois vagues de peuplement de ce quartier : entre 1241 et 1279, entre 1260 et 1270, puis après 1280. Il se construit donc sur un long XIIIe siècle, mais bien avant la réalisation de la troisième enceinte.
9À partir du XIIIe siècle, la condamine dite d’en Pere Comte de Salses est bien documentée et fournit un exemple tout aussi intéressant25. Ce terrain s’étend du couvent des frères de la Pénitence de Jésus-Christ (actuelle église Notre-Dame La Réal) jusqu’au couvent Notre-Dame de La Merci. Au nord, il jouxte la colline du château royal et, au sud, une voie qui rejoint le rech royal26. Cette condamine couvre donc une vaste superficie et est voisine de la condamine des Templiers. Dès 1227, deux terrains d’une dizaine de mètres de long sont cédés à Jean de Maynata pour la fondation du couvent Notre-Dame-de-la-Merci27. Par la suite, les Mercédaires achètent une partie de cette condamine, et, en marge de celle-ci, en 1266, le prieuré Saint-Martin et 33 parcelles qui en dépendent28. L’ensemble de ces terres est loti en trois vagues distinctes29 : les première concessions sont engagées en 1268. Elles font écho à l’urbanisation de la partie conservée par Pierre Comte à partir de 126530. Une deuxième vague a lieu dans les années 1276 – 1278, puis une troisième entre 1282 à 1291. Ces deux phases, surtout la dernière, sont illustrées par des actes de ventes de bâtiments qui induisent un renouvellement des habitants.
10Non loin de là se trouve la condamine Caulasses. Raymond Caulasse apparaît en 1295 et 1307 comme voisin de la condamine de Pierre Comte de Salses (au sud-ouest, à proximité du château royal). La condamine Caulasses jouxte la voie de la Costa qui désigne peut-être un chemin d’accès à la colline du château, elle est morcelée et vendue à partir de 1306.
11Ces terres nous apparaissent au moment où elles sont urbanisées et nous pouvons retracer l’évolution de leur occupation. Elles connaissent un premier démembrement dès les années 1260, qui se poursuit pendant une quinzaine d’années. L’extrême fin du XIIIe siècle voit plutôt des changements d’occupants dans les maisons déjà construites. Cette réduction de l’espace rural est légèrement postérieure à celle effectuée dans le quartier situé plus au nord, aux mains des Templiers. Le terroir gagné par l’urbanisation du XIIIe siècle était formé de terres fertiles, consacrées essentiellement à la production de céréales destinées à la population urbaine. Ces terres étant gérées en faire-valoir direct pour le seigneur, leur transformation en parcelles bâties génère une baisse de la production céréalière à un moment où l’exportation de blé par les Catalans connaît d’importantes difficultés31. Une des premières conséquences de l’urbanisation du XIIIe siècle est qu’il va nécessairement falloir étendre la zone d’approvisionnement céréalier de la ville32. C’est à la même période qu’est construite la place du blé de la ville (1255)33. Celle-ci répond sans aucun doute à une demande croissante, mais elle coïncide aussi avec la disparition de ces vastes aires monoculturales.
Le terroir préservé aux marges
LES VIGNOBLES
12Les sources écrites livrent peu d’informations concernant l’impact que l’urbanisation a pu avoir sur le terroir viticole. Au XIIe siècle, celui-ci prend l’apparence de terroirs monoculturaux qualifiés de vinearius ou vinetus. Comme dans le reste de la Catalogne34, ils sont composés de parcelles jointives soumises à une même autorité35. À Perpignan, cinq vignobles sont documentés entre 1170 et 1209. Le vineario de Mallolis de Rocha, au nom évocateur36, est indiqué dès la fin du XIIe siècle37, mais il ne nous est pas possible de le cartographier. Le vignoble de Posols, par contre, est autrement plus intéressant pour notre propos. Indiqué en 117038, les Hospitaliers y échangent cinq vignes contre un champ en 1209. Ils ne tiennent pas, toutefois, pleinement ces vignes, mais pour Raymond Adalbert et sa femme, Ricsende39. Ce texte nous apprend que le vineario de Posols, jouxte celui de Bonet Episcopi et celui de Cabestany, le tout bordant un étang. Ces terroirs monoculturaux, encore présents au début du XIIIe siècle existent aussi à Mailloles et à Orle (au sud-ouest de Perpignan)40. Ils sont éloignés de la zone bâtie et ne pâtissent pas de la croissance urbaine.
13La vigne est présente sur le reste du finage, mais de manière éparse et peu dense. Les références montrent qu’on préfère lui réserver les coteaux des anciennes terrasses quaternaires, ou la périphérie des étangs, c’est-à-dire les limites méridionales du finage. C’est encore le cas au XVIIIe siècle, d’après les représentations de vignes sur les premières cartes. Elles ne sont pas touchées par l’urbanisation et semblent se maintenir pendant toute la croissance de la ville.
LES ZONES BOISÉES
14Les zones boisées sont nécessaires pour l’approvisionnement en combustibles et en matériaux de construction d’une ville en pleine croissance. Or, elles sont assez rares en plaine roussillonnaise au Moyen Âge central et ont tendance à disparaître à mesure que l’on avance vers le XIVe siècle41. Néanmoins, elles intéressent les ordres religieux. À Perpignan, l’une d’entre elles se trouve sur les rives de la Têt, entre Mailloles et Perpignan. Les Hospitaliers achètent dans cette zone un jardin et un bois en 1213, puis un second bois en 128742. En 1289, une inondation nécessite le bornage de ce terrain, qui apparaît alors au centre d’une zone boisée plus vaste, limitée par la Têt et un canal43. Ce rare exemple fourni par la documentation désigne très certainement une partie de la rippisylve, voire des bois-taillis44. Elle semble donc peu usitée pour la production de combustibles ou de bois de construction.
15Une autre s’y approvisionner, alors que la demande est croissante. Cette pression explique probablement le contentieux qui oppose en 1296 les consuls de Perpignan et le seigneur de Perillos « à propos du droit ancien que les habitants de Perpignan avaient de prendre librement du bois » dans ce finage qui se trouve à plus de 30 km. Le bois en question est appelé ligna, il s’agit donc de bois de zone boisée proche de la ville est signalée en 1292, le « bosch » du roi, situé derrière le château royal. En 1402, il jouxte les chemins du Boulou, d’Elne, de Pollestres, de Villeneuve et de Saleilles, il recouvre une vaste superficie qui reste une réserve royale. Les Perpignanais ne peuvent chauffe45. Les sources n’expliquent pas comment la communauté de Perpignan a pu autrefois obtenir ce droit qu’elle ne semble pas pouvoir justifier par un document écrit. Mais elle sait en exciper au moment où l’approvisionnement en combustible est difficile.
Le terroir développé : l’horticulture

Carte des différentes zones horticoles de Perpignan et de sa région
16En Roussillon, les terroirs horticoles médiévaux ne forment pas une couronne autour des villages. Ils se trouvent proche du manse (exploitation agricole isolée) jusqu’au XIIe siècle46, puis, avec la densification du maillage villageois, ils sont regroupés dans des terroirs favorables47. À Perpignan, les premières zones horticoles s’installent sur les terroirs alluviaux et irrigués qui se trouvent à l’ouest de la ville. Les défluviations de la Têt, puis de la Basse, ont laissé des sols propices au maraîchage. De plus, la création du Rech comtal et du réseau d’irrigation afférent ont grandement accru la richesse de ces terrains. Ainsi, en 1141, Raymond Bérenger et son frère, Pierre Bérenger, donnent au Temple une pièce de terre ad edificando orto au lieu-dit Ceruscledo48. Ce jardin est installé dans un des méandres de la Basse, qu’il jouxte à l’est. Il est confront de deux autres jardins. Ce terroir horticole est donc en construction au milieu du XIIe siècle, il est même probable que les parcelles soient délimitées par des murets49. Il se trouve dans le prolongement des jardins de Mailloles, où, là aussi, trois zones horticoles se distinguent dès le XIIe siècle : les ortos novos50, l’orta de la villa51 et l’orto de Pidiliano52. Les jardins couvrent là une vaste superficie située entre le canal comtal et la Têt, à la limite du finage de Perpignan. Ils s’organisent de part et d’autre d’un chemin, désigné sous l’appellation de via ortorum53, impliquant que ce terroir est étendu et éloigné de la zone habitée.
17L’orta de Perpignan, au XIIe siècle, se trouve donc à l’ouest de la ville. Elle s’inscrit dans la même dynamique naturelle que celle de Mailloles, formant une vaste zone horticole bénéficiant du récent réseau d’irrigation créé autour du Rech comtal. Cependant, à partir du XIIIe siècle, les sources s’appauvrissent à son propos, car la ville s’étend vers l’ouest et couvre ces parcelles cultivées. Les jardins de Mailloles, par contre, se développent. Composés des ortos superios54 et d’une partie médiane orta Migana ou orta Mediana55, ils prennent au XIVe siècle, le nom d’Orta de Maleolis56.
18L’orta de Perpignan va donc se déplacer. Les berges de la Têt, au nord de la ville, se stabilisent et sont à l’origine de l’émergence d’une nouvelle zone horticole : les « jardins du Pont de la Têt ». En 1255, un texte fait état de l’ortam novam57 qui se trouve entre la ville et le fleuve, orta alors composée de onze jardins au moins, proches d’un moulin. Bien que ortam novam suggère une création récente, certaines parcelles font état de trois propriétaires successifs, ce qui permet de placer la fondation de ce terroir a minima dans la première moitié du XIIIe siècle58. Dans le dernier tiers de ce même siècle, une partie de ces jardins est liée à l’œuvre du Pont de la Têt. Cette dernière reçoit des rentes59 ou loue des jardins60 pour financer la construction, l’entretien ou la réfection du pont. Cette vaste zone horticole, en pleine croissance dans le courant du XIIIe siècle, fait écho à l’orta du Vernet qui se développe sur l’autre rive de la Têt (rive gauche), favorisée elle aussi par le canal de Vernet à Pia61. Au milieu du XIVe siècle, les inondations de la Têt causent de graves dégâts à la orta de Perpinya entre le pont de pierre et la prise d’eau, jusqu’au château du Vernet. Aussi, Guillaume de Pau, lieutenant du Roussillon, décide que les possessions du Vernet, franches de droits jusque-là, doivent être taxées par le roi pour l’entretien des prises d’eau62. La localisation des parcelles concernées montre combien la rive gauche de la Têt est couverte de jardins, irrigués par les canaux des moulins du Vernet.
19Cet essor est à mettre en relation avec le développement de la communauté des jardiniers de Perpignan. En effet, dès 1261, les premiers ortolans63 apparaissent dans la documentation. Ils forment une communauté structurée dès 1292 : le bayle de Perpignan, sur les conseils des consuls de la Ville et « sobre pausatz dels ortolans », émet une série de règlements concernant ces jardins, mais aussi ceux de Mailloles, Saint-Estève, Vernet, Tanyères, Bajoles et Château-Roussillon64. Ce règlement porte sur l’entretien des limites parcellaires (haies d’arbres, voies d’accès et canaux d’irrigation). Si les mesures alors prises ne sont pas respectées, les représentants des jardiniers sont autorisés à les appliquer eux-mêmes. Le poids des jardiniers croît tout au long du XIVe siècle, et, en 1356, ils sont parmi les 14 métiers composant l’host de la ville65. L’acte indique dans quel ordre doivent marcher les « sinyeres » des métiers, toutes les fois que l’host sort de la ville. Les jardiniers ferment la marche, mais seuls figurent à leurs côtés des artisans et des marchands. Force est de constater que le jardinage d’appoint venant en complément d’une autre activité, que l’on rencontre fréquemment dans les villes européennes66, existe probablement à Perpignan, mais, au XIIIe siècle, jardinier est surtout un métier urbain.
20Malgré les difficultés connues par la orta de Perpignan à partir du XIVe siècle en raison des nombreuses inondations du fleuve67, elle se maintient et les premières cartes militaires du XVIIe siècle montrent toujours un terroir horticole particulièrement développé formant aujourd’hui encore un quartier de Perpignan, celui des « jardins Saint-Jacques ».
21Réunis sur une première zone horticole à l’ouest de la ville, peut-être gagnée par l’urbanisation, les jardins ont été déplacés sur les rives de la Têt à partir du XIIIe siècle. Cette nouvelle orta gagne en importance, parallèlement aux zones horticoles des finages voisins, mais elle se structure avec une administration représentative, organisant aussi les règlements des orta voisines68. Cette priorité, donnée très tôt au maraîchage, s’observe aussi dans la spécialisation des places de la ville. En effet, on note à Perpignan l’existence d’une place de les Cebes dès 1162 ; elle est déplacée en 1237 et prend alors le nom de Caulatone. Réservée à la vente des ortalicias, elle fait partie des premières places-marchés spécialisées de la ville, après le mercadal, marché de la ville, mentionné en 1134 et le masell (boucherie) mentionné en 1152. Si la place du blé peut être mise en relation avec l’essor du commerce international depuis la Sicile et l’Afrique du Nord69, les marchés de fruits et légumes, en raison de la difficile conservation des produits, sont destinés à une clientèle locale.
*
22Alors que l’habitat est enserré dans une enceinte construite à l’extrême fin du XIIe siècle, les terroirs agricoles se caractérisent par des zones monoculturales bien documentées. Celles-ci n’excluent pas toutefois une dispersion des parcelles de diverse nature sur le reste du finage, mais elles nous permettent de connaître la nature des terres les plus touchées par l’urbanisation. Les terres céréalières, localisées à proximité immédiate de la ville, ont fait l’objet de lotissements dans la seconde moitié XIIIe siècle. La surface alors couverte représente une perte considérable en production céréalière dans une période d’essor démographique et d’urbanisation, entraînant le développement d’un commerce des blés et la création dès 1255 de la Place du Blé. Les zones horticoles ne sont pas concernées avec la même acuité par l’urbanisation, mais elles sont aussi moins documentées. La demande de produits maraîchers semble pourtant s’accroître dès la deuxième moitié du XIIe siècle et la première vague d’urbanisation. L’habitat de cette période, assez lâche, comporte souvent un jardin à proximité de la maison, mais avec la densification de la trame urbaine, ce jardin est rejeté en dehors de la ville. Les premiers marchés maraîchers (deuxième moitié du XIIe siècle) répondent très probablement à cette première vague d’urbanisation. Au XIIIe siècle, les zones horticoles sont mises en danger par la progression de l’habitat vers l’ouest, mais elles semblent se déplacer vers une aire plus productive située au nord de la ville, dans le lit majeur de la Têt. À partir de ce moment, les jardiniers de Perpignan ont un rôle reconnu parmi les métiers urbains, et interviennent dans les zones horticoles des finages voisins (Mailloles, Saint-Estève, Vernet, Tanyères, Bajoles et Château-Roussillon). L’orta de Perpignan, même si elle reste circonscrite au finage de la ville, étend son aire d’influence sur les communautés voisines. La vigne, par contre, repoussée dès le début sur les côteaux au sud du finage, est préservée, notamment sur le terroir de Cabestany. L’approvisionnement en vin ne semble pas être un problème pour la ville, qu’il s’agisse d’une production locale ou de celle de l’ensemble de la plaine, en particulier de Collioure70. Dans certains cas, celui du bois de chauffage par exemple, la communauté fait appel à d’anciens droits presque oubliés et étend sa zone d’approvisionnement à une distance importante.
23L’urbanisation de la ville modifie donc le paysage proche, dans la nature des productions mais aussi dans leur organisation, à des échelles différentes selon les produits agricoles concernés, mais ces transformations ont à leur tour un impact sur l’organisation morphologique de la ville, contrainte de consacrer de précieux espaces libres pour organiser des places marchés répondant aux besoins de la communauté.
Notes de bas de page
1 D. Menjot, « La ville et ses territoires dans l’Occident médiéval : un système spatial. État de la question », in La ciudad medieval y su influencia territorial, Nájera, Espagne, 2006. http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00706295.
2 Carte d’État-Major de 1820 à 1866, cadastre dit napoléonien (1848-1853, Archives municipales de Perpignan 1Fi212), I. G. N., carte topographique au 1/25 000e.
3 Ce dernier a fait l’objet d’une étude détaillée : A. de Roux, « Les environs de Perpignan autour de 1700 d’après la carte des ingénieurs des fortifications », in Domitia, n° 11, 2010, pp. 45-78.
4 J.-M. Carozza, C. Puig, F. Mazière, P. Valette, T. Odiot, « Dépressions fermées, étangs et zones humides de la plaine du Roussillon : caractérisation, typologie et trajectoires d’évolution (Xe-XXe siècle) », in F. Trément et C. Franceschelli Éditeurs, Aménagement et exploitation des zones humides depuis l’Antiquité : approches comparées en Europe méditerranéenne et continentale, Colloque de la Zone Atelier Loire (INEE-CNRS). Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, à paraître.
5 Le comte Guirard II en fait succinctement état dans son testament en 1172 lorsqu’il cède son champ de l’étang qu’il a asséché, Archives départementales des Pyrénées-Orientales 112EDT3, Livre Vert Mineur de Perpignan, f° 9 à 11.
6 C. Puig, « Étangs et marais roussillonnais au Moyen Âge. Jeux de pouvoir et usages collectifs entre le XIIIe et la première moitié du XIVe siècle » », in Les espaces collectifs dans les campagnes XIe-XIXe siècle (dir. P. Charbonnier, P. Couturier, A. Follain et P. Fournier), Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2007, p. 41-59. C. Puig, F. Mazière, V. Ropiot, « Approche chronologique comparée de l’occupation humaine en bordure des étangs de l’intérieur en Roussillon de la Protohistoire au Moyen Âge », in Annales du Midi, T. 119, n° 257, 2007, pp. 11-26.
7 C. Puig, Les campagnes roussillonnaises au Moyen Âge : pratiques agricoles et paysagères entre le XIIe et la première moitié du XIVe siècle, doctorat d’histoire médiévale, université Toulouse-Le Mirail, sous la direction de Benoît Cursente, 2003.
8 Bibliothèque nationale de France, Fonds Moreau, vol. V, f° 6, 60, 132.
9 J-A. Brutails, « Rapport sur les fouilles pratiquées dans l’église Saint-Jean-Le Vieux », SASL, vol. 28, 1887, pp. 141-154, R. Marichal, « Aux origines de la Cathédrale Saint-Jean. Les fouilles archéologiques de Notre-Dame-dels-Còrrechs/Saint-Jean-Le Vieux », Études Roussillonnaises, 2002, pp. 13-22.
10 ADPO, 2HDTp 3, doc. n° 1, P. de Marca, Marca hispanica sive limes hispanicus, Paris, 1688, n° 356.
11 Mentionné en 1194 sur Mailloles, S. Caucanas, Les ressources hydrauliques en Roussillon du IXe au début du XVe siècle, thèse de doctorat, Université Toulouse-Le Mirail, 1988. Sur l’alimentation en eau de la ville, C. Puig, J.-M. Carrozza, O. Bru, S. Durand, « Aménagements hydrauliques destinés à approvisionner la ville de Perpignan au Moyen Âge et à l’époque Moderne », à paraître, Archéologie du Midi Médiéval, 2016.
12 P. Daileader, De vrais citoyens. Violence, mémoire et identité dans la communauté médiévale de Perpignan, 1162-1197, Perpignan, Trabucaire, 2004.
13 En cela, elle se rapproche, toute proportion gardée, de la définition donnée par F. Francesci et I. Taddei, Les villes d’Italie du milieu du XIIe siècle au milieu du XIVe siècle. Économies, sociétés, pouvoirs et cultures, Amphi Histoire médiévale, Bréal 2004, p. 14.
14 D. Coulon, « Grand commerce, groupes urbains et individu dans un centre intermédiaire de Méditerranée occidentale : à Perpignan à la fin du Moyen Âge », H. D. R., Université Panthéon-Sorbonne, Paris, 2011.
15 C. Puig, Les campagnes roussillonnaises au Moyen Âge…, op. cit., p. 78.
16 Deux n’ont pu être cartographiées. Il s’agit de la condamine d’Alphonse d’Aragon, citée en 1183, le long de la route d’Elne (ADPO 1B7), et de la condamine de dame Jeanne, qu’elle tient avec l’accord de son mari Bérenger Surdi, miles (Jean-Bernard Alart, Cartulaire Roussillonnais Manuscrit, médiathèque de Perpignan, 45 volumes (2J1/1 à 2J1/21), vol. XI, p. 567, en 1291).
17 Mentionnée en 1152 (ADPO 12 J 25, 2 Mi 46 R11, Fonds Fossa, n° 251), elle apparaît sous la dénomination de condamina comtale en 1164 (Alart, vol. VII, p. 413/Archives de l’Hôpital de Perpignan, liasse 34, n° 23).
18 ADPO, 112EDT3, Livre Vert Mineur de Perpignan, f° 9 à 11.
19 Alart, vol. VIII, p. 481 (Archives de l’Hôpital de Perpignan, liasse II, n° 17), Alart, vol. X, p. 345 (Archives de l’Hôpital de Perpignan, liasse 20 n° 38) et Alart, vol. X, p. 356a (Archives de l’Hôpital de Perpignan, liasse 22, n° 11).
20 Alart, vol. A, p. 580. Vente d’une maison construite à Perpignan, in Podio et au lieu-dit condamina domini episcopi.
21 C Puig, « Cartographie religieuse de la ville de Perpignan au Moyen Âge », L’histoire des catholiques dans la ville du Moyen Âge à nos jours, Archives communales de Perpignan, 2008, pp. 29-50.
22 P. Vidal, Histoire de la ville de Perpignan, depuis les origines jusqu’au Traité des Pyrénées, Paris : H. Welter, 1897, réédition 1993, p. 62.
23 L. Verdon, La terre et les hommes en Roussillon aux XIIe et XIIIe siècles : Structures seigneuriales, rentes et société d’après les sources templières, Presses universitaires de Provence, Aix-en-Provence, 2001.
24 L. Verdon, « Le quartier Saint-Mathieu de Perpignan : un exemple de la croissance d’une ville au XIIIe siècle », dans L. Assier-Andrieu, R. Sala (éd.), La ville et les 997, Perpignan, 2000, pp. 99-107.
25 Le personnage est, par contre, peu mentionné dans les sources. Il est le fils d’Arnaud Comte, de Salses, décédé en 1265 (ADPO, 3E1/2 f° 21). Pierre Comte est indiqué dans les documents jusqu’en 1265, date à laquelle son procureur acense encore une parcelle de la condamine.
26 ADPO, 1B16, Liber Feudorum C, f° 26 v°, f° 50 v° et ADPO 1B60.
27 C. Puig, « La Merci de Perpignan et le rachat des Captifs au XIIIe siècle », in Études Roussillonnaises, XIV, Canet, 1995-1996, pp. 31-38.
28 Ce prieuré bénédictin est fondé avant 1195, date de sa première mention. ADPO Archives de l’Hôpital Saint Jean, liasse 35, n° 9. A. Cazes, Le Roussillon sacré, Conflent, Prades, 1977.
29 Une enquête réalisée en 1303 avait pour objet de résoudre un contentieux qui opposait les tenanciers aux Mercédaires à propos des revenus pesant sur les tenures de la condamine. Ce document démontre l’étonnante conservation d’actes de concession au sein de la famille entre la seconde moitié du XIIIe et le tout début du XIVe siècle. Les actes présentés par les tenanciers remontent parfois aux années 1268, soit 35 ans plus tôt. C. Puig, Les campagnes roussillonnaises… op. cit., p. 92.
30 Ermengaud de Saint-Felieu, procureur de Pierre Comte, donne en acapte à Pascal Frenerio de Perpignan un terrain de trois monallatas pour y construire des maisons, ADPO, 3E1/2 f° 21.
31 A. Riera i Melis, « Els podroms de les crisis agràries de la Baixa edat Mitjana a la Corona d’Aragò », in Separata de Miscellaniaen homenatge al P. Augustì Altisent, pp. 35-72.
32 D. Menjot souligne l’importance de l’aire d’approvisionnement d’une ville et la difficulté d’en quantifier les flux, D. Menjot, « La ville et ses territoires… » op. cit., p. 7.
33 Alart, vol. S, p. 459.
34 P. Bonnassie, La Catalogne au tournant de l’an mil, Paris, Albin Michel, 1990.
35 « Hormis quelques exemples périphériques, le seigneur n’exploite pas en faire-valoir direct ses vignes en Roussillon. Il en délègue totalement les modes d’exploitation aux tenanciers, mais il se réserve un droit de contrôle et de surveillance plus important que sur les autres types de parcelles », C. Puig, Les campagnes roussillonnaises … op. cit., p. 110.
36 Mallol désigne une jeune vigne.
37 En 1195, Vincent de Cabestany lègue à l’Hôpital des Pauvres de Perpignan une vigne sur ce lieu-dit. (Alart, vol. VIII, p. 147 - Archives de l’Hôpital de Perpignan, liasse 35, n° 61). Deux ans plus tard, Arnaud de Padern vend à ce même Hôpital une vigne, dans le vineario Malleolis de Rocha (Alart vol. VIII, p. 193-Archives de l’Hôpital de Perpignan, liasse 22, n° 87).
38 Alart vol. VII, p. 465 (Archives de l’Hôpital de Perpignan, liasse 20, n° 47). Il est possible que celui-ci apparaisse sous la forme vineario de l’Hôpital, en 1183 (ADPO 1B7).
39 Alart vol. VIII, p. 459 (Archives de l’Hôpital de Perpignan, liasse 20, n° 29).
40 En 1214, il existe trois vignobles de ce type à Mailloles (ADPO, Hp 186, Cartulaire du Temple f° 45 v°).
41 C. Puig, Les campagnes roussillonnaises… op. cit., p. 78.
42 Alart, vol. VIII, p. 559 (Archives de l’Hôpital de Perpignan, liasse 22, n° 60), Alart, vol. IX, p. 472 (Cartulaire du Temple f° 205 r°).
43 Alart, vol. XI, p. 427 (Archives de l’Hôpital de Perpignan, liasse 20, n° 43).
44 Ces derniers sont attestés dans le courant du XIVe siècle, J.-M. Carozza, C. Puig, « Changements environnementaux, vulnérabilité et adaptation des sociétés du passé : exemple du Petit Âge Glaciaire en Roussillon (XIIIe – XVIe s.) », dans Sud-Ouest européen, à paraître.
45 ADPO, 112EDT3 f° 56, Livre Vert Mineur de Perpignan en 1296.
46 C’est aussi le cas dans la Rome du Xe au XIIe siècle : E. Hubert, Espace urbain et habitat à Rome du Xe siècle à la fin du XIIIe siècle, Rome, EFR, 1990, p. 165.
47 C. Puig, Les campagnes roussillonnaises… op. cit., p. 236.
48 Alart, vol. V p. 409, en 1141.
49 Comme l’a souligné P. Bonnassie “edifficare“ appliqué à une terre agricole désigne probablement la construction du murs, de terrasse ou de clôture, P. Bonnassie, La Catalogne au tournant de l’an mil, Paris, Albin Michel, 1990.
50 Alart, vol. VII, p. 539 (Cartulaire du Mas Déu, f° 251), cédés par Gombald de Mailloles dans son testament.
51 Alart, vol. XII, p. 669. Des jardins sont indiqués dans ce lieu dès 1194, mais l’orta de Mailloles fait son apparition peu après en 1196. Elle se trouve à l’emplacement de l’église Saint-Assiscle, en 1317, Alart, vol. VIII, p. 189.
52 Alart, vol. X, p. 305 (Cartulaire du Temple f° 227 r°).
53 ADPO1B219 f° 152 r°, en 1244.
54 Alart, vol. C, p. 143 (Cartulaire du Temple f° 243 r°).
55 En 1274, Alart, vol. C, p. 179 et en 1301, Alart, vol. XII, p. 321.
56 Alart, vol. XII, p. 669, en 1317.
57 Alart, vol. X, p. 289.
58 ADPO, 3E1/2 f° 32 en mars 1265, contrat renouvelé en 1273. Le premier bail était de six ans ; il faut peut-être envisager qu’un autre bail, plus court a été signé auparavant, ADPO 3E1/3 f° 22.
59 ADPO, 3E1/1 f° 22 v° en 1261. Alart, vol. XII, p. 441/Archives de l’Hôpital de Perpignan, liasse 24, n° 24 en 1294.
60 ADPO, 3E1/2 f° 32, en 1265, bail renouvelé en 1273, ADPO 3E1/3 f° 22.
61 Mentionné en 1025, S. Caucanas, Moulins et irrigation en Roussillon du IXe au XVe siècle, Paris, CNRS, 1995, p. 265.
62 ADPO, 1B14 en 1327.
63 Testament de Ricsende, épouse de Pierre Adémar, jardinier, ADPO 3E1/1 f° 32, en 1261.
64 El Llibre Verd Major de Perpinyà (segle XII-1395), Vincent Garcia Edo édit., Fundació Noguera, Barcelone, 2010, f° 15.
65 Cité en totalité par Pierre Vidal, Histoire de la ville de Perpignan, op. cit., p. 175.
66 P. Monnet, « Les villes allemandes à la fin du Moyen Âge », in Historiens & Géographes, 360, 1998, pp. 255-291.
67 Le Petit Âge Glaciaire qui se caractérise en plaine Roussillonnaise par d’importantes inondations a des effets néfastes sur la orta dès 1327, de Saint-Estève à Sainte-Eugénie-de-Tanyères (ADPO 1B254, f° 122-123), sur les deux rives du fleuve. Cela entraîne le bornage des parcelles en 1338 (ADPO, 1B276 f° 174), la création de gravières et des bois taillis en 1340 (ADPO 3J717), C. Puig, « Les prémices du Petit Âge Glaciaire en Roussillon à travers le prisme des sources écrites », in Changement global, effets locaux : le Petit Âge Glaciaire dans le Sud de la France : impacts morphogéniques et sociétaux, Archéologie du Midi Médiéval, T. 27, 2009, pp. 191-205. J.-M. Carrozza, C. Puig, « Changements environnementaux, vulnérabilité et adaptation des sociétés du passé … », op. cit., sous presse.
68 L’étendue de ce secteur horticole doit être mise en relation avec les huertas de Murcie ou de Valence C. Lavigne, « La huerta de Murcie au milieu du XIIIe siècle (bilan d’une recherche) », Mélanges de la Casa de Velazquez, Madrid, 2007, 37-2, pp. 293-302.
69 H. Bresc, Un monde méditerranéen, économie et société en Sicile, 1300-1450, École Française de Rome, 1986. R. Vernet, « Les relations céréalières entre le Maghreb et la Péninsule Ibérique du XIIe au XIVe siècle », in Anuario de Estudios medievales, 1980, n° 10, pp. 321-335.
70 C. Puig, Les campagnes roussillonnaises… op. cit., p. 72.
Auteur
Docteur en histoire médiévale, UMR 5136-France méridionale et Espagne (FRAMESPA-TERRAE)
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les monarchies espagnole et française au temps de leur affrontement
Milieu XVIe siècle - 1714. Synthèse et documents
Jean-Pierre Dedieu, Gilbert Larguier et Jean-Paul Le Flem
2001
La désorganisation
Contribution à l’élaboration d’une théorie de la désorganisation en droit de l’entreprise
Muriel Texier
2006
Le Livre Vert de Pierre de la Jugie
Une image de la fortune des archevêques de Narbonne au XIVe siècle. Étude d’une seigneurie
Marie-Laure Jalabert
2009