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Avant-propos
p. 7-25
Texte intégral
1Cet ouvrage présente les actes d’un colloque que j’ai organisé en juin 2013 dans le cadre du CRHISM, Centre de Recherches HIstoriques sur les Sociétés Méditerranéennes, E. A. 2984, de l’Université de Perpignan Via Domitia, aujourd’hui membre de l’E. A. CRESEM 7397 (Centre de Recherches sur les Sociétés et Environnements en Méditerranée). Le thème choisi, les relations entre la ville et le plat pays (XIIIe-XVIIIe siècles) l’a été en fonction de deux axes du CRHISM, essentiellement l’axe 1 : productions, échanges, mobilités, mais aussi l’axe 3 : normes et transgressions.
2Dans l’appel à contributions, je souhaitais que de nombreux thèmes soient abordés concernant les relations entre la ville, quelle que soit sa taille, et la campagne proche (les écarts mais aussi les villages, fortifiés ou pas) ou le contado pour les cités-États italiennes : échanges économiques, bien sûr, relations culturelles, migrations de population rurale vers les villes, crédit, fiscalité, de façon à voir si l’on pouvait traiter ou non d’une domination de la ville sur les campagnes, ou si les relations entre les deux étaient plus complexes. Le choix d’une période assez longue devait permettre d’apercevoir si les relations se modifiaient au fil du temps.
3Les études rurales étant actuellement rares en France, au moins pour le Moyen Âge, il me semblait intéressant de voir si un thème de colloque faisant la part belle aux campagnes pouvait attirer de jeunes chercheurs. Ce fût effectivement le cas, de jeunes docteurs, des doctorants qui ont, pour certains, effectué à cette occasion, leur première communication, ont répondu à l’appel à contributions. L’essentiel des communications porte sur les pays riverains de la Méditerranée occidentale, ce qui correspond à la zone privilégiée par le CRHISM.
4Étudier les rapports entre les villes et leurs campagnes ne constitue pas une nouveauté, ceux-ci ont été évoqués dès les années cinquante, surtout pour la période médiévale, à l’occasion de thèses d’histoire urbaine puis de travaux concernant les campagnes1 mais, parfois, assez rapidement. Des questions restent toutefois à l’ordre du jour, entre autres, le zonage des diverses influences économiques, politiques, culturelles exercées par la ville, les catégories de citadins qui investissent en campagne et sous quelle forme, les modalités d’orientation de la production. Le but de ce colloque était d’essayer de répondre à ces questions, en utilisant, en particulier, des études de cas.
5Est considérée comme ville, aujourd’hui, en France, une agglomération de plus de 2 000 habitants ; au Moyen Âge et pendant les Temps modernes, cette convention n’est, bien sûr, pas applicable. Divers critères ont été envisagés pour définir ce qu’est la ville médiévale : un paysage (des murailles, une cathédrale, des églises paroissiales, des couvents de Mendiants, le palais communal…), un lieu de production et d’échanges où se mêlent artisanat et commerce, des activités complexes, des différenciations sociales, un système de valeurs (l’existence d’une conscience urbaine), la domination des campagnes environnantes... Je ne reprendrai que la définition qu’en donne Yves Renouard : « une agglomération close de murailles où des hommes, appartenant à des familles différentes et adonnés à des activités diverses, vivent de façon continue, rassemblés dans de nombreuses maisons, construites autour d’une église dédiée à un patron particulier, et le plus souvent aussi d’une forteresse. Ils constituent une communauté particulière, possédant des conditions juridiques propres, consciente de son originalité et coordonnant les activités d’un platpays plus ou moins étendu »2.
6Début XIVe siècle, ces villes, déjà organisées en réseaux, sont extrêmement diverses en termes de population : très grandes villes, Venise, Florence, Milan, Paris, comptant jusqu’à 200 000 habitants, capitales régionales de quelques dizaines de milliers d’habitants, semis de petites villes de quelques milliers d’habitants, bourgades regroupant quelques centaines d’habitants. Toutes ces localités ont des relations avec leur arrière-pays, immédiatement proche ou plus lointain.
7Comment concevait-on ces relations au Moyen Âge et dans les Temps modernes ?
8On peut, dans un premier temps, partir de la représentation, des images que la ville, avec son peintre officiel (ou non), donne d’ellemême et de son plat pays et de ses relations avec lui.
9J’avais utilisé pour l’affiche du colloque un détail de la partie Est de la fresque réalisée par Ambrogio Lorenzetti pour le gouvernement des Neuf à Sienne en 1338-39, ce que l’on a appelé par la suite la « fresque du bon gouvernement », détail où figurent la muraille et une porte par où entrent et sortent divers personnages et où l’on voit les effets concrets du bon gouvernement sur la campagne qui est représentée mise en valeur, avec ses vignes, ses champs de blé et ses fermes. Patrick Boucheron a, depuis, publié un ouvrage consacré à cette fresque3. Il interprète cette œuvre comme un message politique lancé par le gouvernement des Neuf qui se sent en danger et va l’utiliser pour conjurer la peur, celle de l’attirance pour la tyrannie. Je ne reprends que ce qu’il nous indique concernant plus précisément les rapports de la cité avec ses campagnes. « de part et d’autre de l’enceinte… on circule et on parle, unifiant un espace entièrement occupé… un seul paysage se déploie dans l’intensité du soin attentif que l’on porte à sa mise en valeur, au sens des peintres comme au sens des urbanistes et des agronomes »4 …. « c’est cette projection de l’urbanité au-delà des murs qui constitue le message politique le plus évident que délivre la peinture de la sala della Pace… ». « L’instrument essentiel de cette territorialisation du pouvoir urbain est la politique viaire »5. La ville assure la sécurité des circulations, la liberté des échanges et la campagne la nourrit : les paysans y amènent des ânes chargés de sacs de blé, des troupeaux de porcs… Formes et figures, note P. Boucheron, diminuent au fur et à mesure qu’on s’éloigne du centre de la cité, le message de la fresque : « qui pénètre dans la ville se grandit, qui s’en éloigne se rapetisse ». La lumière émane, sur la fresque, du cœur de la ville ; la ville est « source d’autorité » ; elle « est lumière et mesure »6.
10Dans d’autres images de villes apparaissent les campagnes proches, ainsi, dans le calendrier des Très riches heures du duc de Berry, la représentation d’un des châteaux du duc est accompagnée de celle des campagnes environnantes, campagnes qui constituent souvent l’essentiel de l’illustration. Pour le mois de mars, par exemple, les trois quarts de l’image sont consacrés aux labours pour les blés de printemps et à la taille des vignes, contre un quart accordé au château de Lusignan ; la fenaison, devant le palais de la Cité, occupe un peu plus de la moitié de l’image du mois de juin. La clôture qui symbolise la ville est figurée mais aussi la porte qui permet la communication entre la ville et le plat pays, nécessaire lien entre les deux éléments.
11Pratiquement toutes les représentations de ville ou de simple bourgade reprennent cela, la ville donnée à voir n’est pas coupée de ses campagnes, malgré sa muraille7.
12On retrouve cette idée pour l’Époque moderne. Je prendrais l’exemple des représentations iconographiques de Tours, analysées par C. Petitfrère. Il présente tout d’abord une estampe du milieu du XVIe siècle intitulée « le vif pourtrait de la noble ville et cité de Tours », copiée à plusieurs reprises. Il s’agit d’une vue cavalière où la ville close occupe un cinquième de l’image, le reste étant consacré à la représentation de villages, d’un faubourg, d’une abbaye et de la Loire. Ce dessin « suggère tout à la fois la singularité de l’espace clos et son association étroite avec les faubourgs et la campagne environnante. Les multiples chemins qui convergent vers Tours témoignent de la domination de la ville sur son « plat pays » mais aussi de l’importance des échanges entre ville et campagne, de la complémentarité de ces deux domaines inséparables ». Plusieurs images des XVIe-XVIIIe siècles sont ensuite étudiées par C. Petitfrère, la ville y est toujours caractérisée par un espace plein, clos, sacralisé (multiples églises) avec un essentiel de l’image consacré non à celle-ci mais « à son environnement naturel : la campagne, le fleuve ». Il conclut sur l’idée que jamais une image ne représente la cité « comme un espace totalement coupé de ses faubourgs et de son « plat pays »…. « au contraire… relations suggérées de la ville et de la campagne, l’importance accordée au fleuve ; aux routes, aux ponts, aux portes aussi, qui sont les moyens de ses relations »8.
13Toutes les images suggèrent une symbiose ville-arrière-pays, des relations primordiales qui s’effectuent dans les deux sens, d’où l’importance du réseau viaire. La ville et ses campagnes semblent associées dans une région économique intégrée.
14La ville ne peut, en effet, être coupée de son arrière-pays ; sa croissance, à partir du XIe siècle, est liée à la richesse de la campagne environnante ; celle-ci lui fournit produits agricoles, matières premières nécessaires à l’artisanat et main d’œuvre.
15Comment envisager aujourd’hui ces relations passées entre villes et campagnes ?
16Une théorie de la centralité a été développée par le géographe allemand W. Christaller, la « centralité d’une localité étant le degré de fonction centrale qu’elle exerce à l’égard de la région qui l’entoure ». « … Des centres (politiques, religieux, économiques et, dans tous les cas, décisionnels)…. concentrent plus ou moins densément en un point de l’espace les stocks (hommes, richesses et patrimoine), mais aussi les flux (d’hommes, de marchandises, d’ordres et d’informations), depuis le simple chef-lieu de paroisse… jusqu’à la métropole ecclésiastique ou à la capitale d’état territorial princier ».9
17On peut rechercher des critères de centralité, voir quels flux (d’hommes, de produits, de capitaux, de décisions) s’établissent entre la ville et sa campagne.
18Que nous disent, à ce sujet, les sources écrites d’Ancien Régime ? La documentation la plus abondante concerne les relations économiques, essentiellement la fonction nourricière des campagnes (primordiale, sauf pour quelques ports dont le ravitaillement est assuré depuis une zone plus lointaine) et les investissements fonciers des citadins.
19Les coutumes urbaines signalent la présence sur les marchés de produits vivriers locaux ou régionaux, les exemptant parfois de leude, et réglementent leur qualité10. Les jardins périurbains, situés juste audelà des murailles sont présents dans toutes les localités (hortillonnages d’Amiens11, courtils du nord de la France12) ; de véritables ceintures maraîchères apparaissent, par exemple, à Perpignan, celles du quartier Saint-Jacques dont les ortolans sont organisés dès le XIIIe siècle13. Dans les estimes (registres à but fiscal) du Lauragais, les jardins allivrés sont peut-être ceux dont la production est commercialisée ; si c’est le cas, les jardins spéculatifs sont plus fréquents dans les bourgades proches de Toulouse, où des contribuables, véritables « professionnels », détiennent trois ou quatre jardins (des « ortolani » figurent d’ailleurs dans les registres notariés14).
20Les campagnes se spécialisent selon les besoins du marché urbain : à Narbonne, le grand commerce, avec l’expédition de draps et de miel vers le Levant, a entraîné le développement du tissage dans les campagnes proches ainsi que la production de miel dans la zone plus éloignée des Corbières15.
21La ville stimule et oriente la production, les riches citadins (marchands, changeurs, juristes) qui ont investi dans les campagnes dès le XIIIe siècle, demandent à leurs fermiers et métayers de cultiver sur leurs terres ce qui rapporte le plus : plantes tinctoriales -le pastel, par exemple, en Toulousain-, mais aussi plantes textiles comme le chanvre ou le lin ; ils leur en fournissent d’ailleurs les graines16 ainsi que celles de légumineuses (pois, fèves)17. Les nouveautés fourragères se répandent : dès 1535-1537, la luzerne, le trèfle incarnat, les vesces sont cultivées à Elne, elles sont mentionnées dans les registres des « sobreposats de la horta »18, on peut supposer que ce sont les propriétaires d’origine urbaine qui sont à l’origine de cette révolution fourragère.
22L’élevage se développe en effet depuis le XIIIe siècle pour répondre à une consommation accrue de viande, et, aussi, pour celui des ovins, à la forte demande de laine générée par la draperie ; on voit donc se multiplier dans les registres notariés les baux à cheptel, essentiellement d’ovins, spécifiant le partage des produits : laine, fromages, viande. Le bailleur est le plus souvent un notable urbain19.
23Autres signes de ce développement, en Toulousain, par exemple, la superficie consacrée aux prés, aux ferragines, augmente à la fin du Moyen Âge20, les animaux sont de plus en plus nombreux dans les estimes cabalistes (bœufs, chevaux, mules et ovins). Quand un domaine d’une douzaine d’hectares, propriété généralement d’un notable urbain, est loué, une paire de bœufs, une jument, une centaine de moutons sont donnés en gasaille (bail à cheptel) au preneur, qui peut avoir son propre bétail. La rareté de l’herbe amène à donner en location l’herbe des fossés et des cimetières pour les troupeaux de bovins et ovins (Fendeille, Castelnaudary)21.
24L’existence d’un marché urbain incite à la plantation de vignes. Elles sont de plus en plus nombreuses dans les registres d’estimes, souvent qualifiées de « plantiers » ou de « malhols », c’est à dire de jeunes vignes (de moins de cinq ans), le sont-elles vraiment ou s’agit-il d’un artifice à but fiscal, le « malhol », peu productif, étant moins taxé que la « vinha »22 ? Si l’on ne possède qu’une parcelle de terre, c’est une vigne, le vin peut être vendu, le propriétaire consommant la piquette ou arrière-vin. Des artisans, des marchands, louent leurs vignes contre un quart ou un tiers de la récolte, le preneur effectuant tous les travaux23. Les propriétaires de domaines demandent à leurs locataires d’en planter24. On note parfois la présence de pressoirs où tout le monde peut porter sa vendange moyennant paiement25.
25Le paysage rural se modifie donc pour faire face aux demandes de la ville26. Celle-ci entretient les voies de communication, en crée de nouvelles, les sécurise pour faciliter la circulation des marchandises, protège les biens ruraux qui sont souvent aux mains des citadins (rondes effectuées par le guet dans les rues de la ville mais aussi en campagne). À Castelnaudary, par exemple, les gardes-champêtres (messeguiers) « doivent garder de jour et de nuit les chemins, vignes, prés, bois, jardins, vergers… »27.
26Les citadins (marchands, notaires) font édifier ce qui leur permet de valoriser leurs productions : moulins fariniers, moulins à pastel, moulins à foulon, qui sont utilisés, moyennant paiement d’un droit, par les paysans. Ils investissent aussi dans les activités minières. Tout cela a dû favoriser la reconstruction des campagnes à partir de la fin du XIVe siècle.
27Les paysans (manouvriers ou micro-propriétaires) tirent avantage de cette présence, prenant du bétail à bail, s’embauchant sur les domaines, ce qui leur garantit, en cas de production de pastel, au moins huit mois d’activité entre sarclages, récolte des feuilles, préparation des coques. Des artisans des campagnes ou des paysans, pendant la morte-saison, travaillent pour les marchands drapiers urbains : foulage des draps, tissage en Toulousain, métallurgie dans les vallées pyrénéennes. Ce phénomène perdure à l’époque moderne.
28D’autres liens s’établissent entre villes et campagnes.
29Des migrations des excédents de population rurale s’effectuent très tôt et s’accentuent au fil des siècles, répondant à un appel de main d’œuvre dans l’artisanat ou la proto-industrie. Les élites rurales se déplacent, elles, vers les villes pourvues d’un tribunal, d’universités. Les nouveaux citadins sont pour l’essentiel originaires des campagnes les plus proches, mais pas seulement28.
30Des migrations importantes s’effectuent aussi par le biais des mariages. C’est ce qui apparaît dans les registres notariés de la fin du XIIIe siècle et du début du XIVe de deux petites villes du diocèse de Gérone, Amer et Monells, registres dépouillés par E. Mallorqui et L. To Figueras29. Dans la ville d’Amer (208 feux), pourvue d’un marché, sur 359 contrats de mariage, dans 286 cas, ni l’un ni l’autre des fiancés n’habitait la ville, dans 49 cas, un des deux était de la ville, dans 23 cas, les deux habitaient la ville. Ce sont surtout des filles qui viennent des campagnes proches (dix km au maximum) s’établir en ville ; l’aire de recrutement des apprentis est à peu près la même30. L’aire géographique des mariages peut être différente et, même, plus vaste que celle des affaires31.
31Le notaire de Monells reçoit l’essentiel de ses clients le jour du marché, ils viennent des paroisses voisines mais aussi de plus loin, même de villes plus grandes. Sur le marché, quelques produits manufacturés sont apportés par les marchands, mais l’essentiel est constitué par le bétail local. Ces registres mettent en lumière « l’importance du monde paysan dans l’essor des petites villes et des bourgades : il assure le succès du marché et fournit une partie considérable de la clientèle des notaires qui y résident ». De plus, les filles se mariant à Amer amènent des dots, les campagnes contribuent, notent les deux auteurs, à financer le développement de cette petite ville, « les épargnes paysannes ont contribué à l’essor urbain »32. « Les liens de parenté assurent le ciment entre les deux mondes »33.
32Ces migrations favorisant la croissance démographique des villes entraînent dès le début du XVe siècle (en Toulousain au moins) une extension de l’habitat vers la périphérie rurale avec, aux siècles suivants, une accélération du phénomène, qui se produit souvent aux dépens des meilleures terres et entraîne une montée des prix du foncier. Au XVIIe siècle, les notables urbains s’installent, l’été, dans leur maison de campagne (la « maison de maître ») située à côté de la ferme où logent les métayers ; au XVe siècle, ils se réservaient seulement une chambre, lors de la passation des baux, dans leur campmas, « au cas où la peste sévirait »34.
33Si les campagnes permettent l’enrichissement des villes, l’inverse n’est-il pas vrai ? Les paysans viennent écouler leurs surplus au marché, les cultures spéculatives qu’ils développent, suite à la demande urbaine, leur rapportent plus que les cultures vivrières. On voit dans les estimes de Fendeille que beaucoup de contribuables détiennent toiles de chanvre, lin broyé et à broyer, lin filé ou à filer ; draps, serviettes et torchons sont allivrés, signe qu’ils sont destinés à la vente35. Un essor des campagnes se produit au profit de certaines catégories de paysans.
34Si la ville a besoin des paysans pour son ravitaillement, les paysans ont aussi besoin d’elle, elle leur fournit des biens manufacturés (céramique, objets de métal, mais aussi des draps, différents de ceux qu’ils produisent), ce qui apparaît au fil des registres notariés à l’occasion de reconnaissances de dettes passées lors d’un achat ou ce que peut montrer l’archéologie pour la diffusion de la céramique.
35Peut-être a-t-on affaire à un phénomène d’intégration plutôt que d’exploitation des campagnes par les. Michel Bochaca pense d’ailleurs que la notion de domination des campagnes par la ville, très apparente dans les thèses des années 50-80, est peut-être due au fait que cette période était celle où l’on assistait à un déclin des campagnes36.
36Dans un domaine cependant, celui du crédit, des liens de subordination se sont établis, si l’on en croit les actes notariés. On y voit, au Moyen Âge, voisins, élites locales (le seigneur foncier, le curé, le riche paysan), et, surtout, élites « régionales » : marchands, notaires de la ville voisine, prêter aux paysans, aux communautés rurales37. Ce crédit peut permettre des investissements productifs mais, parfois, sert juste à la survie des bénéficiaires ; leur situation peut s’aggraver, les prêts qu’ils ne peuvent rembourser entraînent le développement des rentes constituées, les ventes de récolte sur pied, les ventes à réméré qui deviennent souvent définitives. Ces ventes se font souvent à un faible prix, entraînant une paupérisation de la paysannerie38. La même chose existe pour la période moderne : pour J. Jacquart : « rares sont, au long des « Temps modernes » les périodes où la paysannerie a pu, au moins partiellement, alléger sa dette et desserrer l’étau. De 1550 à la Révolution, l’endettement paysan et ses conséquences sont un phénomène fondamental de l’histoire du royaume. »39
37Un autre volet des relations villes-campagnes est constitué par la domination résultant de la présence en ville des pouvoirs politiques (cités-États italiennes, représentants du roi en France), des sièges d’organismes judiciaires, administratifs. À part les cités-États qui contrôlent un vaste contado où figurent même d’autres villes, la ville ne régit pas un territoire étendu, le plus souvent son contrôle ne s’étend qu’aux voies de communication ; à Toulouse, le gardiage, territoire soumis à l’autorité des capitouls, correspond à une auréole d’une quinzaine de km de rayon. À l’époque moderne, la pression administrative s’accentue toutefois sur le plat pays.
38En Midi toulousain, les souverains, en tant qu’héritiers des comtes de Toulouse, ont accordé divers privilèges aux consulats en matière de justice et de fixation de l’impôt. Même si la localité est de faible importance, le choix de l’assiette de l’impôt ainsi que le taux de taxation incombent aux consuls, et ils vont favoriser ses habitants. À Toulouse, une ordonnance de 1391 fixe les procédés à employer pour le calcul des estimes pour les biens-fonds situés en dehors de la ville : les taxes baissent au fur et à mesure que l’on s’éloigne de celle-ci40, ce qui peut inciter aux investissements en campagne ; de plus, très longtemps, les Toulousains déclarent leurs biens situés dans la viguerie et la sénéchaussée à Toulouse même puisque les taxes leur sont plus favorables et non dans les villages de la sénéchaussée où ils sont situés. On a là, effectivement, un prélèvement fiscal qui s’effectue en faveur de la ville. Devant les plaintes multiples, courant XVe, seuls les biens de la ville et du gardiage sont estimés à Toulouse, les communautés voisines semblent récupérer la taille41. On observe la même chose en Italie : le poids de la fiscalité est plus léger pour les citadins que pour les ruraux42 ; en Castille, les obligations fiscales des villageois sont plus importantes que celles des citadins, situation débouchant sur des conflits43.
39Un autre moyen permet de réduire la part contributive des citadins les plus riches : les estimes permettent de voir qu’il existe en Lauragais, comme dans d’autres régions, un système de taxe à la première livre, les plus riches sont proportionnellement moins taxés que les plus modestes, ainsi, ils le sont à 4,16 % à Fendeille contre 8,33 %, entre 5 et 6 % à Castelnaudary contre 12 à 13 %44. Comme ils sont généralement de gros propriétaires fonciers, leurs domaines sont peu taxés par rapport aux simples parcelles de terre des plus modestes.
40Des lettres de Jean II le Bon accordent, en 1356, à Castelnaudary un droit de barrage, divers impôts indirects et précisent que tous les habitants de la baylie doivent contribuer aux frais de remise en état des murailles45. Aux XIVe et XVe siècles, des impôts sur le transit de marchandises, sur la vente au détail (leudes), pèsent indifféremment sur les habitants de la ville, du plat pays et sur les « étrangers » ; ils sont destinés à l’entretien des murailles. Les habitants des villages voisins pouvant se réfugier en ville, ces impositions sont bien acceptées. Des exonérations de leudes concernent des produits locaux (légumes, fruits, volailles, veaux, poulains) avantageant producteurs ou collecteurs locaux46. Cette fiscalité sélective s’ajoutant aux besoins des villes peut induire quelques modifications dans le paysage, multiplication des jardins et vergers, développement de l’élevage.
41Les tribunaux civils et ecclésiastiques siégeant en ville régissent l’espace urbain et les campagnes voisines. Les pouvoirs judiciaires des consulats méridionaux, en matière civile mais aussi criminelle, délégués par le roi, s’étendent sur les villages voisins, les causes sont instruites, jugées en ville47. En Lauragais, par exemple, subsistent, pour la fin du XIVe siècle et le début du XVe, des registres d’informations (dépositions des témoins à l’instruction) et des registres d’enquêtes (dépositions faites à l’audience) pour Castelnaudary, siège de la baylie, qui regroupe alors au moins 2 000 habitants, et Mireval qui peut compter de 200 à 400 habitants. La cour criminelle des consuls de Mireval a compétence sur le village de Mireval et sur celui de Laurabuc (où pourtant existent des consuls qui exercent eux aussi la justice criminelle), celle de Castelnaudary a compétence sur Castelnaudary et neuf communautés.
42Les pratiques religieuses sont, elles aussi, influencées par la ville ; les chanoines des collégiales ayant la cura animorum dans les villages, les Mendiants lors de leurs tournées de prédication, amènent, par exemple, le culte des âmes du Purgatoire48, diffusent le modèle d’une piété plus intériorisée. C’est aussi le notaire citadin qui, venant enregistrer les testaments des villageois, par ses questions au disposant, oriente celui-ci vers telle ou telle pratique, diffuse le modèle citadin de répartition des legs pieux et charitables49. En Toulousain, la carte du rayon d’action des notaires et celle des comportements homogènes quant aux legs pieux et charitables se recoupent, c’est le cas en particulier dans les secteurs où interviennent les notaires de Montgiscard et de Lautrec.
43Au rôle du notaire se rajoute la vision, lors d’un déplacement, par exemple, à l’occasion du marché, des cortèges rétribués des funérailles (prêtres, pauvres, orphelins) ; cette pratique n’existe qu’à Toulouse et dans les villages proches (et non dans les autres villes du secteur)50. On imite la ville dans ce domaine alors que l’existence d’une parenté, d’amis (les testateurs leur font des legs) ne rend pas ce cortège nécessaire.
44S’il est difficile de voir si l’organisation des fêtes villageoises, des confréries de jeunes, se calquent sur les pratiques urbaines, les échanges artistiques sont plus aisés à apercevoir, en particulier dans le cadre religieux. Les choix architecturaux et iconographiques des églises rurales sont inspirés par ceux effectués en ville. C’est le cas dans le Roussillon où, aux XVIIe et XVIIIe siècles, les retables de tout petits villages attestent de courants artistiques venus du Languedoc, du sud des Pyrénées ou même de plus loin51.
45Traditionnellement, on considère que la ville diffuse les savoirs vers les campagnes ; mais cette circulation peut s’effectuer dans les deux sens ; c’est ce qui apparaît dans la publication « Savoirs des campagnes, Catalogne, Languedoc, Provence XIIe-XVIIIe siècles, sous la direction de C. Verna et de P. Benito52. « Nombre de savoirs mobilisés aux champs résultent de transferts urbains avec le cortège de domination et d’acculturation que ces circulations peuvent induire »…. cependant, « la ville a également reçu des campagnes un certain nombre de savoirs53, dans le domaine des soins médicaux par exemple (guérisseurs et guérisseuses des campagnes qui soignent les gens des villes et même la reine de Castille à Tortosa en 142054). Les campagnes ne sont pas exclues d’un enseignement de base qui est offert aux écoliers pauvres dans les paroisses rurales de l’évêché de Barcelone55.
46La ville diffuse-t-elle les progrès agronomiques ? Les notables urbains propriétaires fonciers peuvent détenir des ouvrages (auteurs de l’Antiquité et du Moyen Âge) et les mettre en pratique sur leurs domaines. Cela n’est pas toujours évident. En effet, si l’on recense les livres possédés par les testateurs médiévaux du Toulousain, livres qui apparaissent à l’occasion de legs particuliers ou lors des inventaires après décès, on n’aperçoit pas la moindre mention d’ouvrages d’agronomie56. En Roussillon, sur près de 300 ouvrages différents répertoriés dans les bibliothèques des Perpignanais (maîtres, étudiants, hommes d’Église, nobles, gens de métier, femmes), un seul est mentionné, désigné par son incipit « Ruralium », c’est le Liber ruralium commodorum de Pietro de Cresenzi, il appartient à Guillaume Dulcis, docteur en droit canon57. Par contre, à la même époque, les domaines ruraux de la Catalogne sont gérés par des intendants qui portent un grand intérêt à l’agronomie, et qui sont issus de grandes familles commerçantes de Barcelone58.
47Pour la période moderne, en Roussillon, où la terre de la plaine appartient surtout aux citadins, « dès les années 1750, on trouve des nobles roussillonnais qui manifestent un grand intérêt pour les nouveautés agricoles »… « lisent des ouvrages agronomiques »59.
48Les sociétés d’agriculture sont, par la suite, installées en ville, les expérimentations doivent se faire dans les domaines fonciers de leurs membres.
49La circulation des savoirs s’effectue aussi par l’intermédiaire des notaires des villes et des bourgades qui instrumentent dans les villages et rédigent les contrats (de mariage, d’association, de location), diffusant le droit. Des arpenteurs citadins viennent mesurer les terres lors des rédactions d’estimes, on a en effet, dès le XIVe siècle en Toulousain, les superficies des parcelles des terroirs villageois indiquées très précisément (jusqu’au niveau du boisseau, soit 1,09 ares), on peut supposer que l’arpenteur est un spécialiste.
50Des questions demeurent. Peut-on définir les territoires de la ville, ceux où elle exerce son influence, sa domination ? son attraction en matière économique ? en matière démographique ? Ces aires se recoupentelles ? La couronne nourricière est-elle la même que la zone d’appel de population60, que la zone d’investissement ? se confondent-elles avec la juridiction ?
51Michel Bochaca s’y est intéressé pour le Midi de la France, à partir des divers travaux publiés et de ses propres recherches sur le Bordelais. Il considère que l’aire d’attraction commerciale principale pour les villes méridionales est de 10 à 20 km de rayon, atteignant jusqu’à 40 km pour les grandes villes telles Toulouse et Bordeaux. Il a réalisé deux cartes comprenant juridictions et aires d’influence (avec emprise foncière et attraction économique) pour ces deux villes à la fin du Moyen Âge61. Les aires d’attraction économique sont un peu plus larges que la zone d’emprise foncière pour Toulouse, beaucoup plus pour Bordeaux et ces aires dépassent largement celle du pouvoir réglementaire (contrôle dans le domaine administratif et judiciaire, gardiage pour Toulouse, banlieue pour Bordeaux). Peut-on délimiter ces aires pour de plus petites localités n’ayant fait pour l’instant l’objet d’aucun travail d’envergure ?
52A-t-on un espace périurbain modifié seulement par les cultures maraîchères, les vignobles destinés à l’approvisionnement de la ville ou marqué par la présence de signes de la puissance urbaine : gibet, couvents d’ordres mendiants, oratoires… ?
53Note-t-on une évolution dans le temps de ces différents espaces ? Il faut insister sur le fait qu’il n’existe pas toutefois de rupture totale entre la ville et l’espace rural.
54Si la campagne nourrit la ville, cette dernière présente, au moins au Moyen Âge, un aspect campagnard, on trouve dans les villes méridionales, même enserrées par leurs murailles, jardins et vergers, un petit élevage y est pratiqué (tout ceci apparaissant dans les estimes, dans la réglementation urbaine). Les citadins peuvent exercer une activité purement agricole. À Montpellier, les laboureurs urbains constituent la dernière des sept échelles, le 12e consul est un laboureur. En Lauragais, les citadins, même modestes artisans, détiennent, d’après les estimes, des biens ruraux62.
55Inversement, des activités artisanales à plein temps peuvent être exercées dans de modestes localités. Des artisans travaillent le bois, la pierre, le métal ; des forgerons sont présents dans les villages, même de petite taille, et, souvent, passent devant notaire des contrats de travail avec les communautés. Ils vendent sur un marché, au moins régional, leur production63. Il faut toutefois mentionner les limites que, parfois, apportent les institutions urbaines à ces activités artisanales. Des mesures protectionnistes sont ainsi prises en faveur de l’industrie urbaine : il est interdit de produire des draps de qualité moyenne dans le contado florentin, draps qui pourraient concurrencer ceux produits en ville64.
56Ce colloque a permis de traiter largement des relations en matière économique et administrative ainsi que des migrations de populations et de la croissance urbaine. Certains domaines n’ont cependant pas été abordés ou fort peu. Ce fût le cas, faute de proposition, du pouvoir judiciaire (cours criminelles jugeant les ruraux), de la mise en défense conjointe des villes et du plat pays, des conflits (avec les tisserands urbains, ou lors des saisies de bétail pour dette fiscale…), de l’intégration religieuse (une même paroisse, un même décimaire englobant ville et campagne, les tournées des ordres Mendiants qui sont basés en ville et se partagent la prédication et les quêtes sur les villages voisins), des représentations (quelle image les paysans avaient-ils des citadins et inversement).
57J’espère en tout cas, que ce colloque, même imparfait, arrivera à faire apparaître la complémentarité des deux entités ; s’il existe une domination de la campagne par la ville, dans certains domaines, on peut noter aussi une intégration avec des échanges s’effectuant dans les deux sens, une ville qui s’enrichit par les campagnes mais des campagnes qui profitent aussi de l’investissement urbain.
58Ce colloque se tient à un moment de l’histoire où l’on peut se demander s’il existe encore une campagne en France. En 2010, 77,5 % de la population vivait en zone urbaine (c’est-à-dire dans une commune où le bâti est continu et comptant plus de 2000 habitants), la population des campagnes se réduisait donc à 22,5 %. Tous les dix ans, disparaîtrait l’équivalent d’un département en terres arables, des zones périurbaines devenant des lotissements ou des espaces commerciaux, un mitage de l’espace rural se réalisant, de plus, par diverses installations, constructions de nouvelles infrastructures routières, etc.
59Cette campagne en voie de disparition, ne semble pas, en tout cas, échapper à l’influence urbaine, si l’on en croit l’INSEE. En effet, d’après ses statisticiens, 95 % de la population vit sous l’influence de la ville, 85 % résidant dans une aire urbaine. L’aire urbaine comprend un pôle, qui est une ville où l’on trouve au moins 1500 emplois et une couronne ou zone d’influence (on s’appuie pour la délimiter sur les trajets domicile-travail de la population). En dehors des aires, 10 % de la population vit dans des communes multipolaires, c’est-à-dire sous l’influence de plusieurs aires. Seulement 7400 communes sur 36551 en France métropolitaine seraient hors influence des pôles. On ne pourrait donc échapper à l’influence de la ville qui semble surtout liée à la fourniture d’un emploi65, les migrations de travail étant, à la différence du Moyen Âge et de la période moderne, journalières et non définitives. Des agriculteurs subsistent tout de même (toujours pour la France, 490 000 exploitations, 2,9 % de la population active), agriculteurs qui sont devenus des entrepreneurs liés au marché, peu maîtres de leur travail. La superficie moyenne des exploitations est, en France, de 78 ha pour les exploitations dites « professionnelles » (celles qui fournissent les trois-quarts de son emploi à un individu et comptent au moins 12 ha), 116 ha en moyenne pour les fermes céréalières alors que jusque dans les années mille neuf cent cinquante, elle était d’une douzaine d’hectares, la bouvée médiévale, la superficie que pouvait travailler une paire de bœufs. L’entrepreneur, l’artisan villageois ont, eux, disparu…
Notes de bas de page
1 Philippe Wolff, le premier, pour le Midi de la France, Commerces et marchands de Toulouse (vers 1350-vers 1450), Paris, Plon, 1954. Citons, entre autres, Ét. Fournial, Les villes et l’économie d’échange en Forez du XIIIe au XVe siècle, Paris, 1967, A. Chédeville, Chartres et ses campagnes, 1973 ; M.-Th. Lorcin, Les campagnes de la région lyonnaise aux XIVe et XVe siècles, Lyon, 1974 ; M. Le Méné, Les campagnes angevines à la fin du Moyen Âge, Nantes, 1982 ; E. Carpentier, Orvieto et son contado fin XIIIe siècle. Ville et campagne dans le cadastre de 1292, Paris, C. N. R. S., 1986 ; R. Germain, Les campagnes bourbonnaises à la fin du Moyen Âge (1370-1530), Publications de l’Institut d’Études du Massif Central, Clermont-Ferrand, Fascicule XXXI, 1987 ; N. Coulet, Aix-en-Provence, Espace et relations d’une capitale, (milieu XIVe-milieu XVe), Publications de l’Université de Provence, 1988. Voir la synthèse effectuée par Michel Bochaca pour la France méridionale, Michel Bochaca, « Les relations économiques entre villes et campagnes dans la France méridionale (XIIIe-XVe siècle). Bilan et perspectives de recherche », in Bibliothèque de l’École des chartes, tome 163, 2005, pp. 353-384.
2 Y. Renouard, Les villes d’Italie de la fin du Xe au début du XIVe siècle, Paris, 1969, p. 12.
3 Conjurer la peur. Essai sur la force politique des images, Le Seuil, 2013.
4 Ib, p. 197.
5 Ib., p. 200.
6 Ib., pp. 218-219.
7 Par exemple dans l’armorial d’Auvergne de Guillaume Revel des années 1450, dont malheureusement peu de dessins des différents fiefs sont achevés, la représentation de Feurs, au folio 449.
8 C. Petitfrère, « Une ville mise en scène : Tours d’après l’iconographie générale des XVIe-XVIIIe siècles » in Images et imaginaires dans la ville à l’époque moderne, 1998, Presses universitaires F. Rabelais, pp. 175-210.
9 J.-L. Fray, L’histoire de l’art et l’histoire culturelle à la découverte de la dimension de l’espace. Quelques réflexions à partir d’exemples récents (France et Allemagne), in Les échanges culturels au Moyen Âge, Paris, 2002, pp. 305-307.
10 M.-C. Marandet, « Un exemple de ville policée en Midi toulousain à la fin du Moyen Âge : Castelnaudary », in La ville et les pouvoirs, colloque de l’I. C. R. E. S. S. (novembre 1997), Presses universitaires de Perpignan, 2000, pp. 201-227.
11 R. Fossier, La terre et les hommes en Picardie jusqu’à la fin du XIIIe siècle, Paris-Louvain, 1968, pp. 392-399.
12 B. Delmaire, « Note sur la dîme des jardins », in Campagnes médiévales : l’homme et son espace, Études offertes à Robert Fossier, Publications de la Sorbonne, Paris, 1998, pp. 231-246.
13 C. Puig, Les campagnes roussillonnaises au Moyen Âge : dynamiques agricoles et paysagères entre le XIIe et la première moitié du XIVe siècle, Thèse, Université de Toulouse-Le Mirail, 2003, dactylographié, p. 293.
14 M.-C. Marandet, Les campagnes du Lauragais à la fin du Moyen Âge (1380-début du XVIe siècle), Presses universitaires de Perpignan, 2006, p. 149.
15 Ce qui apparaît dans le livre de comptes de Jacme Olivier, la plaine proche de Narbonne l’approvisionne en grains, G. Larguier, Le drap et le grain en Languedoc ; Narbonne et Narbonnais 1300-1789, Presses universitaires de Perpignan, 1996, pp. 123-125.
16 M.-C. Marandet, Les campagnes du Lauragais à la fin du Moyen Âge, op. cit., p. 138.
17 Ib., p. 342.
18 G. Larguier, « Herbe et prairies artificielles en Roussillon, XVIe-XVIIIe siècle », in Prés et pâtures en Europe occidentale, Actes des XXVIIIe journées internationales d’histoire de Flaran, F. Brumont dir., Flaran 2006, Toulouse, 2008, pp. 193-204. G. Larguier rappelle que la première mention de luzerne signalée est de 1507 à Die (Le Roy Ladurie, Les paysans de Languedoc, Paris, 1966, pp. 68-69).
19 M.-C. Marandet, « Les animaux en Toulousain à la fin du Moyen Âge », in L’homme et l’animal dans les sociétés méditerranéennes, M.-C. Marandet dir., Presses universitaires de Perpignan, 1999, pp. 122-142.
20 M.-C. Marandet, Les campagnes du Lauragais à la fin du Moyen Âge (1380-début du XVIe siècle), op. cit., p. 189.
21 Ib., pp. 161-162.
22 Ib., pp. 151-152.
23 Ib., p. 344.
24 Ib., p. 392.
25 Ib., p. 154.
26 Cf infra la communication de Sandrine Lavaud, « Le vignoble de Bordeaux au miroir de l’Imago Urbis ».
27 M.-C. Marandet, « Un exemple de ville policée… », op. cit., p. 219.
28 G. Larguier a établi des cartes de l’immigration à Narbonne pour le début et la fin du XVe siècle in Le drap et le grain en Languedoc…, op. cit., pp. 85 et 291. Il note que cette immigration provient surtout des campagnes voisines mais quelques migrants sont issus d’une zone qui va du Roussillon au Rouergue ; à la fin du XVe siècle, l’espace de recrutement s’est élargi (Bretagne, vallée du Rhône).
29 E. Mallorqui et L. To Figueras, « Espaces de sociabilité paysanne et marchés en Catalogne : les exemples d’Amer et Monells vers 1300 », in Écritures de l’espace social. Mélanges d’histoire médiévale offerts à Monique Bourin, Paris, 2010, pp. 519-537.
30 Ib., pp. 520-530.
31 Ce que note Monique Bourin, à partir d’un registre de notaire de Clermont, M. Bourin, Villages médiévaux en Bas-Languedoc : genèse d’une sociabilité (Xe-XIVe siècle), Paris, 1987, pp. 90-93.
32 E. Mallorqui et L. To Figueras, « Espaces de sociabilité paysanne… », op. cit., p. 534.
33 Ib., p. 526.
34 M.-C. Marandet, Les campagnes…, op. cit., p. 274.
35 Ib., p 137.
36 M. Bochaca, Les relations économiques…, op. cit., p. 380.
37 Voir en particulier J.-L. Gaulin et F. Menant, « Crédit rural et endettement paysan dans l’Italie communale », in Crédit rural et endettement paysan dans l’Europe médiévale et moderne (Flaran 17, 1995), 1998, pp. 35-67 ; Ch. -M. de La Roncière, Propriétaires et fermiers dans la plaine de Florence, in Campagnes médiévales, l’homme et son espace, Études offertes à Robert Fossier, Paris, 1995, pp. 681-696.
38 M.-C. Marandet, « Quelques signes de gêne dans les campagnes du Toulousain, aux XIVe et XVe siècles, d’après les registres notariaux », in Domitia, n° 3, 2002, pp. 5-25.
39 J. Jacquart « L’endettement paysan et le crédit dans les campagnes de la France moderne », in Crédit rural et endettement paysan dans l’Europe médiévale et moderne (Flaran 17, 1995), 1998, pp. 283-297. Ici, p. 297.
40 Elle porte sur un demi, un tiers ou un quart de la valeur réelle des biens, Ph. Wolff, Les estimes toulousaines des XIVe et XVe siècles, Bibliothèque de l’Association Marc Bloch de Toulouse, Toulouse, 1956, p. 28 et suiv. On trouve la même chose en Comtat Venaissin, M. Zerner, Le cadastre, le pouvoir et la terre, le Comtat Venaissin pontifical au début du XV siècle, École française de Rome, 1993, p. 67 et suiv.
41 Ph. Wolff, Les estimes toulousaines des XIVe et XVe siècles, op. cit., pp. 36-37.
42 G. Chittolini, « La cité, le territoire, l’impôt. Quelques considérations sur la répartition des impositions directes dans le duché de Milan (de 1450 aux environs de 1500) », in L’impôt dans les villes de l’Occident méditerranéen (XIIe-XVe siècle), D. Menjot, A. Rigaudière, M. Sánchez-Martínez, dir., Paris, 2005, pp. 305-330.
43 D. Menjot, « La fiscalité directe dans les systèmes financiers des villes castillanes », in La fiscalité des villes…, op. cit., pp. 223-258.
44 M.-C. Marandet, » La gestion de l’impôt direct en Lauragais, au XVe siècle, à partir de quelques registres d’estimes et livres de taille », in La fiscalité des villes au Moyen Âge (Occident méditerranéen), tome 4, La gestion de l’impôt, sous la direction de D. Menjot et M. Sanchez Martinez, Privat, 2004, pp. 109-144. Il ne subsiste pas de texte médiéval concernant l’assiette de l’impôt, je suis arrivée à ces résultats car je disposais de livres de taille où figuraient les allivrés. Ce système existe partout ailleurs ; en Provence, par exemple, à Tarascon, Manosque, Draguignan, cf. Hébert (M.), Tarascon au XIVe siècle. Histoire d’une communauté urbaine provençale, Aix, Édisud, 1999, p. 199, tableau 31, et Hébert (M.), « Le système fiscal des villes de Provence (XIVe-XVe siècles) », in La fiscalité des villes…, op. cit., p. 67.
45 M.-C. Marandet, « Un exemple de ville policée en Midi toulousain… », op. cit., pp. 224-226.
46 M.-C. Marandet, Les campagnes…, op. cit., p. 57.
47 M.-C. Marandet, « Violence redoutée, violence réelle en Toulousain à la fin du Moyen Âge », in Violence(s) de la Préhistoire à nos jours. Les sources et leur interprétation, sous la direction de M.-C. Marandet, Colloque international du CRHISM, Presses universitaires de Perpignan, 2011, pp. 159-183, ici p. 178.
48 M. Fournié, Le ciel peut-il attendre ? Le culte du Purgatoire dans le Midi de la France (vers 1220 vers 1520), Paris, Cerf, 1997.
49 M.-C. Marandet, Le souci de l’Au-delà : la pratique testamentaire dans la région toulousaine (1300-1450), Presses universitaires de Perpignan, 1998, p. 348.
50 Ib., p. 218.
51 J.-L. Antoniazzi, Art, foi et société. Les retables sculptés du Roussillon de 1655 à 1769, thèse d’histoire, Université de Perpignan, 2010.
52 Savoirs des campagnes, Catalogne, Languedoc, Provence XIIe-XVIIIe siècles, C. Verna et P. Benito dir., Études roussillonnaises, tome XXVI, 2013-2014.
53 Ib., pp 10-11.
54 T. Vinyoles, P. Castell, « Llevadores, guaridores i fetilleres. Exemples de sabers i pràctiques feminines a la Catalunya medieval », Savoirs des campagnes…, op. cit., pp. 23-32.
55 J. Hernando i Delgado, « L’aprenatge de lletra en el món rural segon els Registra ordinatorum des bisbat de Barcelona, anys 1400-1500. Escolars i tonsurats », in Savoirs des campagnes…, op. cit., pp. 105-114.
56 M.-C. Marandet, Les campagnes…, op. cit., p. 153.
57 Émilie Goujaud, Les livres et leurs possesseurs à Perpignan (1270-1511), Mémoire de master 2, 2009, dactylographié, p. 55. Un article en a été tiré, « Les livres en usage à Perpignan aux XIVe et XVe siècles d’après les sources notariales. Entre pluralité littéraire et linguistique », in Domitia n° 11, Perpignan, pp. 5-24.
58 A. Franklin-Lyons, « Grain yields and agricultural practice at the castle of Sitges, 1354-1411 », in Savoirs des campagnes…, op. cit., pp. 65-77.
59 G. Larguier, « La province de Roussillon dans le royaume au XVIIIe », in Les lumières en Roussillon au XVIIIe siècle. Hommes, idées, lieux, G. Larguier dir., Canet, 2008, p. 19.
60 À Reims, c’est la même chose, cf. P. Desportes, Reims et les Rémois aux XIIIe et XIVe siècles, Paris, 1979.
61 M. Bochaca, « Les relations économiques entre villes et campagnes de la France méridionale (XIIIe-XVe siècle). Bilan et perspectives de recherche », in Bibliothèque de l’École des Chartes, tome 163, 2005, pp. 353-384 (Toulouse p. 356, Bordeaux p. 35). Il reprend pour Toulouse les travaux de Ph. Wolff, Les marchands…, op. cit., pp. 231-299 et pour Bordeaux ses propres publications, M. Bochaca, « L’aire d’influence et l’espace de relations économiques de Bordeaux vers 1475 », in La ville au Moyen Âge, N. Coulet et O. Guyotjeannin dir., tome I, pp. 284-292 et M. Bochaca, Les marchands Bordelais au temps de Louis XI, espaces et réseaux de relations économiques, Bordeaux, 1998.
62 Seuls 4,86 % des déclarants (pour un corpus de 1487) n’ont pas de parcelle en campagne mais ils peuvent détenir un jardin situé derrière leur ostal et allivré avec celui-ci, M.-C. Marandet, Les campagnes…, op. cit., p. 213.
63 Voir D. Gasparini, « Laboureurs, brassiers, artisans dans les campagnes de Vénétie au XVIe siècle », in L’artisan au village dans l’Europe médiévale et moderne, Flaran 19,1997, pp. 51-65, et C. Verna, « Forgerons de village. Quelques témoignages béarnais des XIVe et XVe siècles », ib., pp. 219-238.
64 A. Barlucchi, « L’industrie de la laine dans le territoire florentin (XIIe-XVe siècles) », in Les industries rurales dans l’Europe médiévale et moderne, J.-M. Minovez, C. Verna et L. Hilaire-Perez dir, Flaran, Toulouse, 2013, pp. 29-42, ici p. 41.
65 www.insee.fr
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La ville et le plat pays
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