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Territoires « dé-touristifiés » des montagnes françaises : quels enseignements ?

p. 473-484

Résumés

Entre les années 1930 et les années 1960 sont apparus dans les montagnes françaises des centaines de petits centres de ski alpin. Ces centres sont souvent restés assez marginaux sur le plan économique, mais ils se caractérisaient par un fort ancrage local et territorial : le village qui possédait un ou deux téléski se distinguaient des visages voisins qui ne s’en étaient pas dotés.

Or, depuis les années 1980-90, des dizaines de ces centres disparaissent régulièrement, à la fois parce qu’ils ont de moins en moins en leur place dans l’évolution économique du tourisme des sports d’hiver, et aussi parce qu’ils sont plus vulnérables aux aléas de l’enneigement. L’Observatoire national du Tourisme recense la disparition de 68 centres de ski alpin entre 1996 et 2006, soit presque 1 sur 5 ! Certains remontées mécaniques sont abandonnées sur place, d’autres sont démontées après un délai plus ou moins long : comme pour les bateaux, on parle alors de « désarmement ».

Ainsi, se referme une parenthèse de vingt à quarante ans pendant lesquels ces centres avaient participé, fût-ce modestement, à L’économie touristique, au risque de se retrouver aujourd’hui dans un statut peu enviable de communes de moyenne montagne plus ou moins isolées... Certes, les pistes de reconversion existent parfois, parmi lesquelles la mise en valeur de ressources patrimoniales, ce qui suppose de reformuler l’intérêt touristique, ou le glissement vers activité estivale beaucoup plus extensive...

L’étude s’appuiera sur le cas d’Abondance (Haute-Savoie) dont la municipalité a décidé de fermer le domaine skiable à l’issue de la saison 2006-2007. Cet événement permet de vérifier les hypothèses que nous avions formulées autour de la vulnérabilité des territoires touristiques, en analysant d’une part les facteurs qui ont conduit à cette cessation d’activité, d’autre part les impacts de cette fermeture sur le territoire.

Le mouvement de fermeture de stations petites et moyennes paraît assez inéluctable. Il mérite d’être étudié, non seulement sous L’angle de la géographie du tourisme en espace rural, mais aussi en termes de perception du territoire touristique, tant par les locaux que par les touristes eux-mêmes. Ces téléskis avaient été accueillis en leur temps comme des signes de modernité. Leur arrêt, et parfois leur démontage, apparaît comme une régression, obligeant à redéfinir les liens au territoire : le jeu des acteurs se réorganise, les uns résistent à la fermeture, d’autres préfèrent l’accompagner.

In the middle of XXth century appear in France mountains hundreds of little skiing resorts. Economically, their weakness was patent, but locally they took a prominent part in the definition of a modernized territory. When a village owned one or two ski-lifts, it became eminent in comparison with neighbours.

Now, for more than 20 years, many of these little resorts closed, all together because of the economic evolution of winter sports tourism and because of a greater vulnerability to the hazardous lake of snow. Beyond the French national Observatory of Tourism statistics, 68 resorts closed between 1996 and 2006, i.e. almost a fifth. Some ski-lifts are just given up, others are dismantled.

So it is ended with twenty or forty years of implication into tourist economy, even if slender, and these villages may come back to the unenviable status of any middle mountain community, more or less isolated. Of course, reconversion is sometimes possible, either by valorisation of heritage, or by a greater place made to summer tourism.

This study will rely on the case of Abondance (Haute-Savoie, French north Alps): in this village, local council decided in may 2007 to close the ski resort which was in activity since 1964. This unprecedented event gives the opportunity to explain the reasons of this decision and to test our hypothesis about tourism territories vulnerability.

This trend seems now ineluctable: everybody knows that many little ski resorts will have to disappear still in the next years. Of course, it is of a great importance for tourism geography, but furthermore for the way in which tourism territory is perceived by local and tourist populations. These ski-lifts had been built and received as strong signs of modernity; their stop seems no less than a main regression. Some ones deny this new definition of their territory, other try to accompany it.


Texte intégral

1 Dans la continuité de ce que nous avions exposé à Marrakech en 2005 sur La vulnérabilité des territoires touristiques, la présente contribution s’articule autour de trois des maîtres mots de ce colloque : tourisme, patrimoine et territoire.

2Entre les années 1930 et les années 1960 ont fleuri dans les montagnes françaises des centaines de petits centres de ski alpin, sur la base d’initiatives endogènes très éclatées et peu encadrées, à l’opposé des grandes stations issues d’entreprises commerciales et/ou de la technostructure touristique qui ont d’avantage retenu l’attention des géographes (en particulier Knafou 1978). Or ces petits centres, s’ils sont presque toujours restés assez marginaux sur le plan économique, se caractérisaient par un fort ancrage local : le village qui possédait un ou deux téléskis se distinguait (au sens fort du terme « distinction ») des visages voisins qui ne s’en étaient pas dotés. Dès lors, l’activité de tourisme de sports d’hiver devenait partie intégrante de ces territoires de montagne, au même titre que l’agropastoralisme ou les fonctions liées au passage.

3Or, depuis les années 1980-90, des dizaines de ces centres disparaissent sans que L’on ait bien pris conscience de cette modification de La carte touristique. L’arrêt des remontées mécaniques et La disparition du ski alpin ne signifient pas nécessairement La cessation de toute activité touristique : parfois le ski nordique prend le relais, parfois le tourisme se reporte sur la saison estivale, de telle sorte que l’activité touristique se perpétue sous une autre forme. D’autre part, la présence de ces remontées mécaniques ne signifiait pas non plus qu’il y avait forcément du tourisme stricto sensu : certaines étaient plutôt des équipements de loisirs, pour les populations Locales ou pour des clientèles proches, sans aucune infrastructure d’hébergement. Il n’y a donc sans doute pas lieu d’accorder à ce phénomène une signification exagérée. Toutefois il est évident que, dans les communes qui ont effectivement amorcé un processus de « dé-touristification », c’est tout un pan de l’identité territoriale qui engage une mutation, perçue le plus souvent comme subie.

4Ce sont ces changements que nous nous proposons d’envisager ici, en nous appuyant en particulier sur l’exemple de la commune d’Abondance, en Haute-Savoie.

1. La réduction de l’offre de sports d’hiver

5Dans les faits, il est assez difficile d’avoir une vue précise de ce phénomène ; si l’on se rapporte aux données fournies par L’Observatoire National du Tourisme, on serait passé de 363 centres de ski alpin en 1996-97 à 295 en 2005-2006 (données : mémentos du tourisme, édition annuelle, Observatoire national du tourisme), soit une diminution de presque 1/5 en moins de 10 ans ! Tous les massifs sont concernés dans des proportions variables : dans les Vosges ou les Alpes du Nord, la baisse est plus limitée que la moyenne, mais dans le Massif central, au cours de cette brève période, plus d’un centre de ski alpin sur trois aurait fermé, semble-t-il définitivement !

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6D’après les différents fichiers informatisés des remontées mécaniques (FIRM) gérés par le STRMTG (Service Technique des Remontées Mécaniques et des Transports Guidés, service du ministère de l’équipement, basé à Saint-Martin-d’Hères, Isère), on recense au moins 67 domaines skiables élémentaires (soit 126 remontées mécaniques) qui ont définitivement cessé toute activité entre 1981 et 2002. Dans certains cas, les remontées mécaniques sont restées en place, mais de plus en plus souvent, elles sont démontées pour éviter la multiplication des friches touristiques (Gauchon, 1995). En général, il s’agissait de toutes petites stations, certaines d’entre elles avaient même fonctionné sur la base du bénévolat, et les enjeux économiques liés à leur fermeture apparaissaient limités. Mais au Mas de la Barque (Mont Lozère, commune de Pont-de-Montvert), ce n’était pas moins de 9 remontées qui fonctionnaient... Au total, les stations listées dans ce fichier se répartissaient entre 26 départements. Toutefois, des sondages prouvent que ce fichier est fort incomplet, et l’on peut estimer que les remontées mécaniques ont cessé de fonctionner dans au moins une centaine de communes de montagne !

7Les facteurs qui ont mené à la fermeture de ces stations sont multiples : l’enneigement aléatoire, l’isolement compromettant sur le plan commercial, l’équipement prématurément vieilli par absence de capacité d’investissement, les difficultés à se raccorder à un domaine proche plus vaste (Marnézy et Gauchon, 2006)... Ici, il faut bien prendre garde à ne pas se laisser abuser par la thématique du réchauffement climatique ; cette floraison de petits centres avait en effet correspondu à une période particulièrement fraîche et neigeuse (surtout les années 1960), mais aussi à une période où la croissance de l’activité sports d’hiver paraissait sans limite. La combinaison de ces deux facteurs plus ou moins illusoires explique que ces centres ne survivent pas au retournement de conjoncture, sans que l’on ait besoin d’invoquer d’abord le réchauffement, qui récemment est venu renforcer et accélérer la réflexion sur la fermeture de ces centres (on dit parfois leur « désarmement »).

8Les téléskis du Mas de la Barque, déjà évoqués, s’étageaient ainsi entre 1400 et 1650 mètres d’altitude, sur un massif très enneigé ; mais les bassins de clientèle étaient bien éloignés ; l’hiver la station ne pouvait même pas être atteinte par la route depuis le Pont-de-Montvert et les skieurs devaient monter par Villefort ou Génolhac ! Alors que beaucoup parlent encore de « désarmement » au futur proche, dans bien des lieux il s’agit d’une réalité avérée depuis longtemps déjà. Le Morvan et L’Allier ont ainsi disparu de la carte des sports d’hiver, et partout ailleurs la densité des stations a reculé.

9Ainsi, se referme une parenthèse de vingt à quarante ans pendant lesquels ces centres avaient participé, fût-ce modestement, à l’économie touristique, au risque de se retrouver aujourd’hui dans un statut peu enviable de communes de moyenne montagne, dortoirs dans le meilleur des cas, annexes de grandes stations, villages de résidences secondaires ou carrément isolées loin de tout foyer d’activités... Les pistes de reconversion existent : la mise en valeur de ressources patrimoniales, ce qui suppose de redéfinir/reformuler l’intérêt touristique ; ou le glissement vers l’activité estivale beaucoup plus extensive... Le statut de ces communes au regard du tourisme est ainsi difficile à définir, et pour le moins ambigu. Il n’est pas sûr en effet que l’on puisse parler tout de go de « détouristification ».

10Quoiqu’il en soit, ce mouvement paraît assez inéluctable, et plusieurs conseils généraux (Isère, Savoie) l’accompagnent aujourd’hui pour ne plus avoir à tenir à bout de bras ces centres souvent déficitaires. Il mérite d’être étudié, non seulement sous l’angle de la géographie du tourisme en espace rural, mais aussi pour ce qu’il nous apprend de la façon dont cette activité s’était intégrée à la perception du territoire qu’en avaient les populations locales et les utilisateurs. Ces téléskis (que les spécialistes de l’économie du tourisme appellent avec un peu de condescendance « téléskis d’animation ») avaient été perçus en leur temps comme des signes de modernité. Leur arrêt, et parfois leur démontage, peut apparaître comme une forme de régression, obligeant à redéfinir les liens au territoire : le jeu des acteurs se réorganise, les uns résistent à la fermeture, d’autres préfèrent l’accompagner.

2. La fermeture du domaine skiable d’Abondance

11Sur la commune d’Abondance (Haute-Savoie), le domaine skiable de l’Essert a (définitivement ?) fermé à l’issue de la saison 2006-2007. La décision a été prise par le conseil municipal lors de la séance du 16 mai 2007, après une saison marquée par un enneigement particulièrement faible, mais la mairie a tenu à préciser qu’elle n’agissait pas sous le coup d’une mauvaise conjoncture météo-nivologique : « la décision est due à une difficulté structurelle liée à une baisse chronique de fréquentation de la clientèle, à l’augmentation des charges fixes, et à l’attrait concurrentiel des domaines skiables de proximité » (bulletin de la Communauté de Communes de la Vallée d’Abondance, n° 5, 2007, p. 15). Nous reviendrons sur les différentes raisons invoquées, mais, comme le disait Jean-Louis Martinot, chargé de mission du Conseil général, Le problème tient à la fois à la neige et à la concurrence à différentes échelles.

12Il faut d’abord préciser que cette cessation d’activités est une première dans La montagne française ; jusqu’à présent, on avait observé la fermeture de plusieurs « stades de neige » comme le Mas de la Barque déjà cité, ou Valpelouse (Savoie] fermée dès 1986, mais il ne s’agissait pas réellement de stations. A Abondance, c’est un village qui est concerné, avec ses commerces, ses hôtels, ses résidences de tourisme, autrement dit une station à proprement parler, ce qui n’avait guère été le cas jusque là. Abondance compte en effet plus de 3.500 lits touristiques ; les emplois directement liés au domaine skiable sont évalués à une cinquantaine en saison, ce qui explique le caractère vif du conflit. Partisans et opposants de la fermeture gloseront beaucoup sur ce statut de « pionnier » du désarmement qui caractérise dès lors Abondance !

13Cet événement majeur à l’échelle de la commune avait été précédé par la fermeture, plusieurs années auparavant, du télésiège plus isolé de la Plagne et du téléski qui le prolongeait vers le haut. Ce télésiège, installé à l’écart du village, a été démonté depuis lors. Mais contrairement au télésiège de la Plagne, la télécabine de l’Essert, construite en 1983 en remplacement d’une ancienne remontée, partait du centre même du village et desservait un domaine skiable d’une certaine étendue : huit remontées mécaniques au total, plus d’une dizaine de pistes, un restaurant d’altitude au sommet de la télécabine (1400 m. d’alt.) et 700 mètres de dénivellation au total.

14Le vote du 16 mai 2007 fit d’emblée apparaître un clivage au sein de l’équipe municipale, la fermeture étant acquise par 9 voix contre 6. Deux conseillers opposés à la fermeture démissionnèrent dans les semaines qui suivirent. Rapidement, le jeu des acteurs et les argumentaires allaient se préciser autour de cette question hautement conflictuelle. Une revue de la presse locale sur l’année 2007 et Le début de 2008 permet de suivre l’évolution et les rebondissements de l’affaire. L’équipe municipale, épaulée par le Conseil général, adopte une posture gestionnaire et met en avant l’aspect inexorable de la fermeture : les déficits d’exploitation, le taux d’endettement, la perspective de la grande révision de la télécabine, les coûts d’exploitation croissants, tout conduisait à la décision si controversée... Le bulletin de la Communauté de Communes n’affirme-t-il pas que « l’avenir des petites et moyennes stations est largement compromis » (n° 5, 2007, p. 15), de telle sorte que la mairie n’a fait qu’anticiper l’inéluctable pour mieux gérer L’échéance ?

15Du côté du département, le Conseil général convient de ne pas focaliser sur le cas d’Abondance, mais de poser le problème général de la reconversion des stations de moyenne altitude [c’est-à-dire entre 800 et 1500 mètres). Abondance a toujours fonctionné sur l’autofinancement, sans recours à des capitaux extérieurs, ce qui l’a empêché « d’anticiper sur son obsolescence à venir » en étendant ou en modernisant le domaine. Selon le chargé de mission du Conseil général envoyé en missi dominici à Abondance pour mener à bien le chantier de la fermeture et de la reconversion, il n’y avait quasiment plus eu d’investissement depuis 1995. Or, le chiffre d’affaires de la station stagnait autour de 500.000 € alors que les charges fixes s’élèvent à 1,2 M € ! Comme il s’agissait d’une régie, il revenait à la commune de compenser les pertes. Le Conseil général a donc mené un audit en décembre 2005 (donc avant la très mauvaise saison 2006-2007) qui conduisit à la conclusion qu’il fallait fermer. La mise aux nouvelles normes STRMTG des remontées d’Abondance était chiffré à 1 M €, et la capacité d’emprunt de la commune était nulle. La mairie a donc recherché à transformer la régie municipale en délégation de service public : 4 candidats se seraient manifestés entre mars et juillet 2006, trois se retirant rapidement (source municipale). Restait la ville de Thonon qui avait fait connaître son intérêt, mais un fort rejet local se manifesta et il n’est pas sûr que la candidature était sérieuse.

16La décision de fermer traduit donc un accord entre le conseil municipal et le conseil général. La mairie entérine les conclusions de l’audit, le Conseil général accepte d’en assumer certaines des conditions financières : il reprend à son compte les 900.000 € d’emprunt restant à rembourser sur les remontées mécaniques, prévoit de financer leur démontage à partir de l’été 2008 (coût prévu : 200.000 €), et 1 M € supplémentaire est prévu pour l’aménagement du nouveau site d’Auffaz (sur un total de 6 M € pour la reconversion d’Abondance).

17Face à la municipalité, tout un pan de la société locale va s’arc-bouter contre un choix qui paraît indéfendable : l’adjoint en charge des remontées mécaniques tout d’abord, les commerçants dans leur ensemble, l’ancien champion olympique qui est à la fois l’étendard et la fierté de toute station de ski digne de ce nom (Carcano, 2002) sont en pointe dans l’opposition à l’équipe municipale. Le directeur du club des sports prend la tête de l’association « Abondance demain » qui milite pour la recherche de solutions alternatives à la fermeture, avant de se déclarer candidat à la succession du maire. Dans la proximité immédiate d’Abondance, d’autres acteurs rejoignent les opposants à la fermeture : les maires de communes voisines dans une situation analogue et qui craignent la contagion, les directeurs d’office du tourisme qu’effraie le risque de confusion... Quant aux professionnels du secteur, ils observent un silence réprobateur : au cours de l’année 2007, la revue bimestrielle Montagne Leaders, porte-parole de la profession et toujours à la pointe de l’actualité, n’évoquera jamais le sort d’Abondance !

18A partir de décembre 2007, le débat prend une autre tournure : conformément aux promesses de la municipalité et du Conseil général, en décembre ouvre en effet un Ludopark (ou Ludoffaz) constitué d’un tapis roulant et d’un téléski autour desquels s’organisent deux pistes de ski et trois pistes de luge ou assimilées. S’y ajoute la yourte aujourd’hui de rigueur dans tout « espace d’animation » en montagne. Le Ludopark est situé tout près du village, juste en face du collège. Sur ce mini-domaine, pas moins de 8 enneigeurs, ce qui doit constituer un record de densité en terme de neige de culture. Le produit est uniquement tourné vers les enfants et vers l’aspect ludique, en évacuant toute dimension sportive. De ce point de vue, ce n’est pas simplement une réduction de voilure sur le plan quantitatif, mais un changement qualitatif quant à la nature même de l’activité, en poussant au bout La Logique du Ludique (d’où L’appellation, L’iconographie, le nom même des activités proposées...) et en évacuant complètement tout ce qui a pu faire le succès des sports d’hiver (et peut-être aussi Leur limite). On peine à trancher sur le fait de savoir s’il s’agit d’un trompe-l’œil pour qu’il ne soit pas dit que tout a fermé, ou d’un terrible manque d’audace qui aurait empêché de voir et de faire les choses en grand.

19Quoiqu’il en soit, les opposants s’emparent de cette réalisation coûteuse pour mieux contester l’abandon du « vrai » domaine skiable dont ils estiment qu’il aurait été possible de le faire redémarrer à moindre coût.

3. L’analyse de la vulnérabilité

20On retrouve ici les trois modalités de la vulnérabilité que nous avions proposées dans un précédent exposé (Peyrache-Gadeau et Gauchon, 2007) : la vulnérabilité fonctionnelle regroupe toutes les difficultés rencontrées par la station du fait de son altitude relativement faible, de la faiblesse des investissements et de la proximité du très grand domaine des Portes du Soleil. Il est possible que certaines de ces faiblesses étaient déjà inscrites dans les débuts difficiles de la station. Selon Bruno Gillet (2005 : 144), les premiers projets de remontées mécaniques, caressés à partir de 1963, imaginaient d’équiper les pentes depuis le centre du village jusqu’au sommet du mont de Grange (2433 m.) ; dans les faits, cela aurait changé bien des choses, en situant le centre de gravité du domaine skiable du côté de l’amont de la vallée, c’est-à-dire en direction de Châtel dont les pentes étaient déjà équipées. Or ces projets ne se réalisèrent pas, et, au contraire, les remontées qui furent construites à partir de 1964 s’installèrent sur des pentes à l’aval du village. Ce choix, plus de 40 ans après, explique en partie l’isolement dans lequel se sont retrouvées les remontées mécaniques d’Abondance.

21Au début des années 1980, certaines de ses faiblesses avaient été perçues et Jean-Yves Mariotte écrivait ainsi : « La construction récente d’une télécabine et de téléskis a amorcé une certaine activité touristique, qui se développe avec quelque difficulté » (1980 : 198). Cette vulnérabilité a été accentuée par la conjoncture météo-climatologique : l’hiver 2006-07 avec son très faible enneigement, a certainement accéléré la prise de conscience des problèmes dans lesquels s’enlisait la station. Le niveau d’enneigement une année donnée joue ici le rôle de révélateur, il cristallise la situation en rendant palpable l’impasse mais il n’est qu’un élément dans la chaîne de faiblesses structurelles. L’argument est toujours susceptible d’être retourné : il suffit de quelques semaines d’enneigement convenable au cours de l’hiver 2008 pour que les opposants à la fermeture clament qu’ils l’avaient bien dit...

22A cette vulnérabilité fonctionnelle s’ajoute une vulnérabilité normative, souvent décisive dès que les remontées mécaniques sont en jeu. Evidemment, les deux formes de vulnérabilité sont en interaction totale : c’est parce que la station dysfonctionnait, parce qu’elle ne dégageait pas les moyens de sa pérennité sur le Long terme, parce que les investissements étaient très réduits depuis plusieurs années, que la grande révision obligatoire est tombée comme un couperet. Beaucoup de petites stations fonctionnant sous le régime de la régie municipale sont aujourd’hui subordonnées à la garantie que lui fournit, ou non, le Conseil général qui est ainsi en situation d’orienter les investissements. Au printemps 2007, c’est sur cette norme liée à La sécurité de l’installation que vient s’achever la trajectoire d’Abondance dans le domaine des sports d’hiver. La révision réglementaire constitue également un argument mis en avant pour justifier la fermeture, au-delà de toute discussion possible : la norme fonctionne ici comme un argument d’autorité auquel aucun contre-argument ne saurait être opposé.

23Enfin, les deux vulnérabilités, fonctionnelle et normative, se combinent et mettent au jour une troisième dimension, celle de la vulnérabilité territoriale. L’arbitrage se fait alors en fonction des enjeux tels qu’ils ont été identifiés. Les opposants à la fermeture mettent en avant la cinquantaine d’emplois menacés (employés des remontées mécaniques, moniteurs de ski, emplois liés au restaurant d’altitude, aux caisses...). Mais le chargé de mission du Conseil général fait état d’un autre point de vue : Abondance est chef-lieu du canton, elle bénéficie d’un certain nombre d’emplois liés aux activités de service, y compris un lycée privé, et elle paraît moins étroitement dépendante du tourisme que La Chapelle d’Abondance qui, elle, a bénéficié d’une aide à l’investissement pour se doter d’un nouveau télésiège. Cet arbitrage territorial fait grincer bien des dents. A l’automne 2007, un projet d’équipement commercial a été annoncé, qui vise à doter Abondance de quatre nouveaux commerces. La ressource patrimoniale constituée par l’abbaye pèse également dans la balance : si l’on ferme les remontées mécaniques à Abondance, c’est parce que d’autres activités sont susceptibles d’amortir le choc, alors que ce ne serait pas le cas à La Chapelle. Paradoxalement, la mono-activité, identifiée comme une forme de fragilité, mériterait d’être renforcée, alors que le tourisme hivernal pourrait sans coup férir disparaître d’une commune dont l’activité apparaît comme un peu plus diversifiée...

4. Les implications territoriales

24Tous les acteurs ne sont pas autant sensibles à ces différentes formes de vulnérabilité, et ne font pas le même diagnostic quant à la gravité de sa situation. La façon dont ils perçoivent le territoire d’Abondance interfère fortement avec leur perception de la crise.

25Les brochures de présentation de la station sont à cet égard révélatrices. Si l’on se reporte à la brochure de la saison 2002-2003, Abondance se présentait alors comme une station de sports d’hiver typique : la présence de la neige au village et sur les pistes, la mention des altitudes minimale et maximale, les photos de skieurs ancraient résolument la station dans cette économie des sports d’hiver... La brochure 2006-2007 révélait une certaine évolution du discours : le ski était toujours présent, mais présenté d’avantage sous l’angle d’une activité nature. Dans la brochure 2007-2008, les activités de neige au sens large (ski nordique, promenade en raquette, jeux...) ont éclipsé le ski alpin. C’est à cette évolution que certains acteurs ont réagi.

26Parmi les habitants d’Abondance qui se positionnent contre la fermeture du domaine skiable, plusieurs étaient venus s’installer dans la commune depuis plusieurs décennies justement parce qu’ils en avaient goûté les charmes lors de séjours de vacances. Pour eux, les sports d’hiver étaient constitutifs de l’image qu’ils se faisaient d’Abondance. Moins encore que les autres habitants, ils n’imaginent pas que le lieu qu’ils ont choisi pour leur retraite, par exemple, se retrouve d’un seul coup « à l’écart du monde » : non seulement c’est la décote de leur investissement immobilier qui est souvent dénoncée, mais c’est aussi l’idée d’une sorte de relégation qui leur est insupportable.

27Jusqu’en 2007, l’activité de sports d’hiver s’est organisée ici dans une certaine complémentarité avec les autres communes de la vallée, qui elles-mêmes ont des domaines plus ou moins éclatés (par exemple deux domaines non interconnectés sur la Chapelle) : « Organisé autour des trois stations-villages d’Abondance, de La Chapelle et de Châtel, le domaine skiable des portes du Soleil offre aux amoureux de la neige tous les plaisirs de la glisse dans un environnement intime et préservé » disait ainsi la plaquette de présentation de la vallée d’Abondance. Car il est bien évident que la problématique de l’après-ski ne se pose pas seulement pour Abondance, mais concerne toutes les petites et moyennes stations du Chablais, lorsqu’elles n’ont ni L’assurance de l’enneigement, ni la connexion avec le grand domaine... La réflexion du Conseil général s’est en effet organisée à l’échelle de la vallée, de façon à réfléchir à la fois au devenir d’Abondance et de la Chapelle, en pesant les chances et les écueils d’un côté et de l’autre, et les enjeux de part et d’autre. Si bien qu’au même moment où Abondance fermait son domaine skiable, La Chapelle inaugurait un tout nouveau télésiège 6 places, ce qui rend la situation locale encore plus conflictuelle...

28Quant au rôle réservé à Abondance, il se cantonnerait de plus en plus à l’activité estivale fondée sur la valorisation d’un patrimoine historique et architectural de premier ordre. Dans le discours des élus, le patrimoine vient prendre le relais de l’activité de sports d’hiver confrontée à ses limites. En l’espèce, c’est surtout l’abbaye et son environnement monumental qui constitue la pièce maîtresse du patrimoine d’Abondance ; un musée d’art religieux doit ouvrir dans l’abbaye au cours de l’année 2008. Tout autour du chef-lieu, de nombreuses chapelles émaillent le paysage et soulignent la dispersion de l’habitat en de multiples hameaux.

29Sur ce plan, la « reconversion » a été anticipée par l’obtention en 2003, par les sept communes du canton d’Abondance, du label « Pays d’art et d’histoire ». Ce label a été présenté comme un premier pas vers la sortie du « tout-ski », même si, au dire de l’animatrice du patrimoine, le Pays d’Art et d’Histoire doit aussi incorporer une dimension liée au patrimoine sportif et touristique. Cette orientation vers le tourisme de patrimoine doit à la fois ancrer la saison estivale et fournir une alternative pour les hivernants séjournant à Abondance, et pour ceux qui séjournent dans la vallée. Il y a donc à la fois repositionnement saisonnier et repositionnement à l’intérieur du territoire.

30De la même façon, la commune voisine de Bellevaux (canton de Thonon-sud) affirme que ses deux stations de sports d’hiver sont viables, mais dit vouloir anticiper la reconversion en développant l’activité estivale : l’été est ici appelé au secours de l’hiver dont on sait qu’il rapportera de moins en moins. Les responsables de L’Office du Tourisme n’hésitent pas à dire qu’ils préparent le terrain de façon à « éviter le traumatisme d’un arrêt brutal » (entretien du 5 décembre 2007).

31Sur le plan des territoires, le problème se pose donc à au moins quatre échelles différentes :

  • La commune d’Abondance elle-même, qui a été l’unique acteur du développement touristique jusqu’à la délibération de mai 2007. Le domaine skiable n’a jamais été connecté aux autres domaines de la vallée. Entre mai 2007 et mars 2008, le débat sur le devenir du domaine skiable paraît circonscrit au petit théâtre local, même si les voisins observent attentivement la pièce qui s’y joue.
  • Le canton d’Abondance, c’est-à-dire la vallée, espace de complémentarités et de concurrences de proximité, avec la dichotomie entre les trois communes d’aval (Bonnevaux, Chevenoz, Vacheresse) où l’activité touristique est modeste, et les trois communes d’amont (Abondance, La Chapelle d’Abondance et Châtel) qui ont développé des stations de sports d’hiver d’importance croissante au fur et à mesure que l’on va vers l’amont. L’intervention du Conseil général amène à une certaine redistribution des rôles entre les communes d’amont surtout, dans un contexte d’intercommunalité qui n’est pas sans problème.

32Les Portes du Soleil, espace transfrontalier de visibilité touristique sur le marché des sports d’hiver. Par rapport à ce territoire touristique, Abondance est toujours resté un peu en marge dans la mesure où ses pistes n’étaient pas physiquement reliées au domaine skiable. Mais Abondance est membre de l’association « Portes du Soleil » qui réunit 14 stations qui ne sont pas forcément reliées, et sa capacité d’hébergement n’est pas négligeable dans l’offre de séjour.

33Le département de la Haute-Savoie, espace institutionnel au sein desquels se rendent de plus en plus les arbitrages.

34La crise cristallise ce jeu des échelles : même si l’affaire se déroule principalement au niveau de la commune d’Abondance, une sorte de dialogue s’est installée entre la commune et le Conseil général. Annecy apparaît comme le lieu extérieur où se prennent les décisions qui engagent le local. Dans ce jeu à deux, les deux autres échelles se positionnent comme elles peuvent : dans la vallée, quelques voix se sont élevées à La Chapelle d’Abondance pour demander que La commune soit rebaptisée afin d’éviter des confusions désormais perçues comme infamantes et surtout préjudiciables à l’activité touristique ! Compte tenu des règles de changement toponymique en vigueur, on peut imaginer que ce micro-débat n’aura pas de suite tangible mais il est symptomatique du climat qui règne dans la vallée et de la tempête locale qu’a soulevée cet arrêt des remontées à Abondance. Il faut dire que La Chapelle n’est pas non plus reliée au domaine des Portes du Soleil, et que si elle a, ce coup-ci, tiré son épingle du jeu, elle peut aussi craindre de faire partie de la prochaine charrette (d’autant plus que les pistes ne sont pas sensiblement plus hautes en altitude...).

35De même, les épisodes qui ont précédé et suivi la décision de fermer les pistes d’Abondance se sont inscrits dans un moment de réflexion autour du devenir des Portes du Soleil, sur le fonctionnement interne du GIE, sur la pertinence d’une structure qui ne correspond pas vraiment à un ensemble de domaines interconnectés... Le nouveau président des Portes du Soleil n’a-t-il pas affirmé que son objectif était « l’amélioration des liaison inter-stations » (le Messager, 23 août 2007] ? On comprenait entre les mots que les stations qui n’étaient pas reliées devraient tôt ou tard quitter les Portes du Soleil, sans quoi les clients et les tour-opérateurs pourraient se plaindre qu’il y a tromperie sur la marchandise.

36Dès lors, la fermeture des pistes d’Abondance illustre un processus de recomposition territoriale : la crainte ressentie implicitement par les opposants à la fermeture n’est-elle pas de se trouver relégués au rang des communes « d’en bas », alors que la prospérité et l’activité sont notoirement « d’en haut » depuis un demi-siècle ? Et dès lors, comment inventer dans l’urgence un nouveau modèle qui ne marginalise pas le chef-lieu de canton ? Ici, on est de plain pied dans le domaine de la vulnérabilité territoriale, dans une sorte de « déclassement spatial » dont on peut aussi se demander si un scénario de réchauffement généralisé ne réserverait pas d’autres cas.

5. Un épilogue provisoire, les élections municipales

37En mars 2008, il est patent que La campagne municipale va tourner essentiellement autour du sort de la station. Le maire sortant, Serge Cettour-Meunier, se représente, assumant contre vents et marées le choix qu’il a porté. Face à lui, l’opposant principal est Paul Girard-Depraulex, animateur de l’association « Abondance demain » qui avait manifesté contre la fermeture du domaine skiable de l’Essert. Sans promettre de revenir sur la décision de mai 2007, il annonce qu’il rouvrira le dossier sur d’autres bases : « Si elles devaient redémarrer, plus jamais en régie municipale mais par une société privée ». Il le dit autrement dans une profession de foi en date du 24 février : « Les projets qui ont été mis en route courant 2007 n’ont fait qu’aggraver la situation financière de la commune, notamment dans le secteur ski. Ainsi, l’avenir du domaine de l’Essert dépendra d’un investisseur présentant un projet fiable et prenant en charge la gestion ». Si bien que le reproche formulé à l’équipe sortante est surtout de ne pas avoir été capable de trouver un délégataire de service public.

38Dix mois et une saison d’hiver après l’annonce de la fermeture, le verdict des urnes est sans appel : le 9 mars 2008, l’ancien président d’Abondance demain, est élu dès le 1er tour avec 68,67 % des voix ! Ses quatorze co-listiers vont siéger à ses côtés : toute l’équipe sortante est balayée. Dans la foulée, le conseiller général sortant est également battu. Et le nouveau maire proclame au soir de son élection : « Notre première préoccupation sera bien sûr l’Essert pour lequel nous sommes en contact étroit avec la société américaine Altine Ltd » (Le Messager, 20 mars 2008, p. 44). Après un demi-siècle de prospérité bâtie pour l’essentiel sur l’économie du tourisme de sports d’hiver, même dans une vallée où l’élevage bovin de qualité n’a jamais baissé pavillon, la fermeture de la station a été vécue comme un traumatisme indépassable. Chacun sait que le désarmement finira par toucher bien d’autres stations, mais personne ne se résout facilement à ouvrir la voie !

Conclusion

39Au-delà du cas éloquent d’Abondance, les aspects sociaux et économiques de cette transformation de la carte des sports d’hiver en France sont multiples. D’un point de vue économique, les conséquences sont surtout sensibles sur le plan local, car c’est tout un pan de l’activité qui est susceptible de disparaître sur des micro-bassins d’emploi souvent très isolés, avec peu d’activités de substitution, si ce n’est dans certains cas une économie résidentielle liée aux résidences secondaires. Mais dans tous les cas, cette évolution s’accompagne d’une redistribution de la saisonnalité touristique en faveur de l’été, et l’hiver redevient la morte saison au sens plein du terme !

40D’un point de vue social, il faut aussi rapprocher cette transformation de la désaffection déjà ancienne des Français pour les sports d’hiver. Voilà maintenant plus de 20 ans que les taux de départ en vacances de sports d’hiver ne cessent de décroître après un maximum touché en 1985-1986 (8,4 % en 1990-91, 7,2 % en 2002- 2003, 6,5 % en 2006-2007, données : mémentos du tourisme, éditions annuelles, Observatoire national du tourisme). Or la disparition de ces petits centres de proximité a eu de grandes conséquences sur le recrutement de la clientèle, car l’offre ne cesse de se concentrer sur de grandes stations qui trustent des parts toujours croissantes du marché ; ces grandes stations visent de plus en plus une clientèle internationale et aisée, les prix des séjours et des forfaits y sont très élevés, de telle sorte que la possibilité de pratiquer les sports d’hiver pour les classes populaires s’éloigne et se raréfie de plus en plus. C’est tout un idéal de tourisme social, qui avait animé les acteurs dans les décennies d’après-guerre, qui s’effondre sous nos yeux.

41Localement, la fin du tourisme est vécue comme une régression qui renvoie le territoire à une dimension que tout un chacun avait voulu croire à jamais révolue. Dans ce contexte, la mobilisation des ressources patrimoniales est à double tranchant : économiquement et dans l’immédiat, elle est présentée comme une alternative potentiellement viable ; symboliquement, elle enfonce plus encore le territoire dans cette régression en l’assignant à la gestion de l’héritage des sociétés pré-touristiques.

42L’irruption du tourisme sur un territoire a souvent été décrite comme un grave traumatisme ; on s’avise aujourd’hui que sa disparition peut occasionner un traumatisme au moins aussi violent !

Bibliographie

Eléments de bibliographie

Baud, Henri et Mariotte, Jean-Yves (1980), Histoire des communes savoyardes, I. Le Chablais, Le Coteau, éd. Horvath, 422 p.

Carcano, Emmanuel (2002), Snow Business, stations de ski, enquête sur l’envers du décor, Tétras éditions 184 p.

Gauchon, Christophe (1997), « Anciennes remontées mécaniques dans les montagnes françaises : pour une Géographie des friches touristiques », Bulletin de l’Association de Géographes Français, n° 3, p. 296-310.

Gillet, Bruno (2005), Vallée d’Abondance, vie et gens d’ici, co-éd. Glénat-SICVA, 160 p.

Les Guides du Messager, s.d. (1956 ?), Guide du Chablais, 171 p.

Knafou, Rémy, 1978, Les stations intégrées de sports d’hiver ; l’aménagement de la montagne à la française, Paris, Masson, 319 p.

Marnézy, Alain et Gauchon, Christophe (2006), « Les domaines skiables reliés, le cas des massifs alpins », Actes du colloque « Transport et Tourisme », Collection EDYTEM, cahiers de Géographie n° 4, p. 115-124.

Peyrache-Gadeau, Véronique et Gauchon, Christophe (2007), « Tourisme durable et vulnérabilité des identités territoriales : propositions théoriques en appui sur les contextes de tourisme en Montagne », dans Christian Jacques Bataillou et Bernard Schéou (dir.). Tourisme et développement, regards croisés, Actes des 3emes Journées Académiques du Tourisme à Marrakech, Presses Universitaires de Perpignan, p. 291-324.

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