Introduction

1La ville de Valparaiso est le principal port chilien et elle a été nominée par l’Unesco au titre de Patrimoine de l’humanité en 2003. Valparaiso présente un patrimoine architectural du XIX^e siècle, où cohabitent entre la plaine et les cerros (collines), en forme d’amphithéâtre. Valparaiso a été fortement affectée par les plans d’urbanisation du XX^e siècle et a subi des effets collatéraux, comme les ségrégations urbaines, la dévalorisation de l’habitat, les crises de travail, le chômage, etc. Dans un contexte de patrimonialisation, notre objectif est présenter les effets actuels des politiques de réhabilitation sur la dimension sociale et spatiale à Valparaiso.

2Lorsqu’il est utilisé dans les actions de valorisation de l’espace, le patrimoine architectural représente un lien social. Il est présent dans les appropriations et les configurations sociales et historiques. Ainsi, nous abordons le patrimoine architectural comme un objet patrimonial qui structure l’espace car il génère une production du territoire.

3Cette production du territoire se développe à travers des processus de patrimonialisation. Ils agissent autour de la présence de produits historiques, mais aussi à partir des nouvelles pratiques d’appropriation sur l’espace, c’est-à-dire « la patrimonialisation apparaît comme un processus fondé essentiellement sur un objet ayant des « propriétés » ou des « valeurs », et, du même coup socialement désincarnées » (Amougou, 2006 : 47). Ainsi les quartiers historiques ou les zones de conservation historique ne sont pas une muséification du lieu mais un espace de rapport social et de changement des relations de pouvoir autour de divers intérêts.

4Cette notion de patrimoine à Valparaiso représente un degré de valorisation et de reconnaissance, car l’identité d’un quartier se développe au travers des points communs d’identification dans un espace public partagé où se développe la rencontre et par le passage pour les collines ou les passages piétons. La valeur des biens patrimoniaux réside dans les expériences vécues qui donnent sens aux lieux, et non dans les espaces vides dans les processus de muséification des quartiers historiques ou des villes patrimonialisées comme espaces urbaines patrimoniales.

5Dans cette perspective, la nomination patrimoniale de la ville de Valparaiso au titre de Patrimoine de l’humanité par l’UNESCO s’appuie sur un critère : apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur la tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue. Cette nomination a donné une valeur marchande aux biens patrimoniaux, et une augmentation de la plus-value se génère dans quelques immeubles, selon la proximité avec la zone de conservation historique et selon les principes du marché dans le contexte de la politique néolibérale, notamment les cerros Alegre et Cordillera.

6Les biens patrimoniaux sont une image de la forme partagée dans un espace commun, par exemple les anciens bâtiments sont aménagés pour souligner l’historicité du quartier. C’est bien le caractère historique qui fait qu’une figure soit patrimoniale ou non. Comme l’indique la charte Européenne du Patrimoine Architectural : « Le patrimoine architectural est un patrimoine spirituel, culturel, économique et social de valeurs irremplaçables. Loin d’être un luxe pour la collectivité, l’utilisation de ce patrimoine est une source d’économie »1. Cette vision du patrimoine architectural comme possibilité de « développement » oriente certaines transformations de l’espace urbain. Les politiques d’aménagement répondent à des objectifs économiques et politiques, dont le discours technocratique permet de réunir les différents acteurs, municipaux et immobiliers, mais aussi d’en éloigner d’autres, notamment les résidents.

7Ainsi, l’objectif de la candidature de Valparaiso comme Patrimoine de l’Humanité était d’augmenter la « diversification, dans l’optique du développement d’un tourisme culturel national et international et d’un changement d’image de la ville pour attirer des investisseurs » (Jacquot, 2003 : 51). Dans ce contexte, les biens patrimoniaux agissent d’une part sur la valeur d’échange des marchandises culturelles et historiques, et d’autre part autour des intérêts des différents acteurs, notamment les immobiliers, les commerçants, le gouvernement local, les résidents et les technocrates.

I. La politique néolibérale : la mercantilisation du patrimoine

8Après la nomination patrimoniale de Valparaiso, les processus de patrimonialisation ont développé des nouvelles manières d’appropriations et de production territoriale, dont la mise en valeur des enjeux patrimoniaux a répondu aux exigences de l’État, du gouvernement Local et du marché.

9Ainsi les plans de réhabilitation patrimoniale, de récupération de L’espace privé et de revitalisation de l’espace public, dans le zonage de conservation historique se retrouvent sous les intérêts de ces acteurs mais aussi sous les exigences du système économique néolibéral. Ce modèle économique se base sur la défense et la protection de la propriété privée des moyens de production, dont L’État est un « agent protecteur et gardien » bien qu’il soit absent des régulations du marché. L’État néolibéral est un état de droits constitutionnels. Cependant ses rôles et ses pouvoirs sont limités pour le marché, dont le sujet patrimonial se trouve de sous les intérêts du marché et du rapport de pouvoir économique.

10Le modèle néolibéral au Chili représente une nouvelle manière d’agir sur l’espace d’action. « Economic liberalisation and consensual politics have affected urban development strengthening the market rôle and promoting the use of strict technical criteria in the evaluation of urban initaitives… In turn, the 2001 ’Great Urban Reform’ promoted by the Ministry of Housing exalted the role of the private sector in urban development » (Zunino, 2006 : 1826)2. Dans ce modèle économique, la notion de consensus permet la mise en place de politiques de réhabilitation. Ainsi la patrimonialisation d’un territoire ouvre l’espace à la conservation de celui-ci sous les deux composants de la politique de Réhabilitation Patrimoniale, l’intervention (les investissements) et la préservation, c’est-à-dire le changement et l’establishment.

11Actuellement les technicismes des discours « contrôlent » la participation citoyenne dans les décisions pour l’aménagement ou l’amélioration du quartier. De cette manière ils peuvent arriver au consensus de manière vite et efficace. C’est-à-dire la mise en place des projets de réhabilitation est dirigée par les techniciens qui élaborent certaines règles d’action sur l’espace patrimonial. « ... the use of economic rationale and consensus between real estate developers and bureaucratic élites is the lading force behind urban development trends » (Zunino, 2006 : 1836)3.

12Dans ce contexte, la technique du consensus serait un mécanisme de distraction pour les dernières décisions prises par les citoyens résidents, dans lequel se développe une différence entre la participation à la parole et la participation à la décision. « In the case of Chile, the neo-liberal structural context offers certain actors operating at the policy and co-ordination levels ample channels for the regulation of local government engagement in urban projects and for reducing the incentives for public participation » (Zunino, 2006 : 1842)4.

13Pour comprendre la mise en place des projets de réhabilitation patrimoniale à Valparaiso et en même temps les conflits d’intérêts, il est nécessaire de considérer le rôle de l’image comme articulateur entre la valeur historique et la valeur d’échange d’un bien patrimonial. Dans le néolibéralisme, le contrôle de l’image-marchande réside dans l’imaginaire du besoin. « Nous sommes là au foyer de la consommation comme organisation totale de la quotidienneté, homogénéisation totale, où tout est ressaisi et dépassé dans la facilité, la translucidité d’un « bonheur » abstrait, défini par la seule résolution des tensions » (Baudrillard, 1970 : 25). Il s’agit de l’abstraction du produit entre le style et la fonction qui permet d’élaborer une « homogénéisation totale » de la société actuelle selon les dispositifs de consommation autour du concept de marchandise ou de marketing.

14Dans la logique du marché, l’image urbaine travaille sous l’illusion des besoins et sur le contrôle du regard fugace de la ville, c’est-à-dire sur un ensemble de marchandises comme produits de consommation facile et autour d’une image centrale qui produit une augmentation de la plus-value. C’est le cas notamment des façades des anciens bâtiments. À Valparaiso, cette image centrale est la zone de conservation historique car autour de celle-ci s’est développée une augmentation de résidences réhabilitées et transformées en Lofts ou appartements duplex pour les familles de jeunes ménages ou personnes seules suite à la vente de part de leurs propriétaires. Nous pouvons affirmer que commence la mercantilisation du patrimoine ou autour des biens patrimoniaux.

II. Le sujet patrimonial à Valparaiso : la valorisation de l’image-marchande historique et culturelle

15Les politiques d’aménagement urbain et d’amélioration de l’habitat élaborent une forme de distinction des segmentations territoriales. À travers de cette pratique, elles peuvent sélectionner les meilleures positions dans l’espace urbain en relation à l’image centrale de la zone de conservation historique.

16Le patrimoine, comme territoire structuré et structurant de la mémoire et de l’identité locale, a un regard rétrospectif et prospectif et il inclut une dimension individuelle et collective, dont la force du passé réside dans l’héritage qu’on transmet et qui reste à travers des formes patrimonialisées.

17C’est précisément sur ces formes patrimonialisées ou sur le patrimoine construit que le marché agit pour exercer une nouvelle valorisation sur l’espace avec des nouvelles formes de transaction économique face à certains quartiers stratégiques. « Lorsque la transaction, de l’achat d’une résidence à la décision d’aménagement, s’inscrit dans un cadre que tout le monde perçoit sensiblement de la même façon, elle s’opère facilement, surtout si elle apparaît comme une affirmation ou une reconstitution de l’ordre social » (Bourdin, 1984 : 14). Ainsi l’image du patrimoine construit est la cible du marché pour les plans d’amélioration ou de réhabilitation de l’habitat.

18À Valparaiso, peut-être dans la reconnaissance de sa valeur patrimoniale et dans son avantage marchand, les positions stratégiques des territoires ou des quartiers sont aménagées par les agents d’État, par les bailleurs et par les nouveaux résidents. Il se peut que se produise alors des phénomènes comme la gentrification. Ainsi nous pouvons comprendre la réhabilitation de certains habitats dans le cerro Cordillera, dont certains de 700 mètres carrés pour une résidence se sont transformés en dix loft de 70 mètres carrés.

19L’État, au travers de MINVU (le Ministère de l’Habitat), agit sur le Plan Régulateur de la ville pour faciliter la mise en place des politiques de réhabilitation patrimoniale et les programmes de revitalisation des espaces publics. En outre, il a développé certains instruments de crédits à travers des contributions comme le SRP, Subsidio de Rehabilitación Patrimonial, afin d’activer l’intervention sur les biens patrimoniaux et en même temps de développer certaines activités commerciales comme les agences de tourismes et les « apart hoteles »5 dans les collines et les hôtels de luxe dans le plan de la ville.

III. Les politiques de l’habitat autour des biens patrimoniaux : changements identitaires dans les quartiers du cerro Alegre et du cerro Cordillera

20En 1987, la loi 18.595 sur la « rénovation urbaine » du Ministère d’Économie en 1987 est la première politique qui démontre un rôle actif de L’État en matières de réhabilitation de l’habitat. Cette loi a fixé les instruments d’implantation des politiques de développement urbain en relation à la croissance urbaine dans des secteurs intérieurs des villes, à partir de zones de remodelation et de zones de rénovation. L’objectif de cette loi est de promouvoir l’amélioration et la rénovation dans les secteurs que chaque mairie délimite à cet effet. Ainsi, les zones de « rénovation urbaine » sont sélectionnées sous certains critères : de centralité, d’équipements, d’obsolescence, d’ancienneté, et des services.

21Pendant les années 1990 le rôle de l’État était de laisser ouverte la porte aux immobilières sous les orientations du marché. Se produit alors une ségrégation sociale et urbaine au travers des plans de politique de l’habitat et sur l’habitat social.

22Au début des années 2000, l’État a agi sur l’espace de l’habitat pour développer des programmes de croissance et d’égalité sur la propriété, en cherchant la croissance du marché immobilier, comme le Plan de Récupération de Zones Urbaines. Dans ce discours les programmes actuels d’amélioration de l’habitat à Valparaiso, comme mécanismes du marché, cherchent une liaison entre des nouveaux Lieux de consommation et des sentiments de confort pour les habitants et pour les consommateurs, car « la néo-bourgeoisie, faiblement enracinée territorialement, elle comprend bien sûr les détenteurs du pouvoir économique réel... » (Blanc, 1979 : 10). C’est ainsi que depuis l’année 2001 le programme pour améliorer l’image extérieure des bâtiments (les façades) ou des maisons anciennes et pour diminuer l’insalubrité du lieu aide à l’augmenter de la plus-value. Cette politique explique bien l’intervention dans 90 immeubles du centre ville à Valparaiso comme une manière d’agir sur Les espaces extérieurs et de renouveler la société de consommation autour des biens patrimoniaux.

23Suite à la nomination patrimoniale de Valparaiso, L’État a créé une subvention appelée « Réadaptation Patrimoniale », qui consiste à un apport d’environ de 4000 € pour l’achat de logements situés dans cette zone et qui ont été reconditionnés afin d’être utilisés. Cette subvention a provoqué une grande spéculation et on s’attend à ce que, pendant les prochaines années, les fonds assignés augmentent. Une autre subvention livrée par l’État et qui rend attractive l’opération immobilière est celle de la « Réhabilitation patrimoniale ». Il s’agit d’un apport d’environ de 5170 € pour l’achat d’immeubles situés dans des zones classées en réhabilitation et qui a pour but de revitaliser d’anciens quartiers de la ville. La population ciblée pour postuler à ce programme sont des familles de classe moyenne, avec un pouvoir d’achat élevé et des économies pour pouvoir acheter une résidence à côté de la zone de conservation historique. Le but principal de cette réhabilitation est de générer deux résidences à partir d’une amélioration d’un habitat qui représente un produit patrimonial.

24L’UNESCO, le gouvernement central et le gouvernement local ont élaboré la mise en place de la OGP, Oficina de Gestión Patrimonial. Elle a pour objectif de mettre en œuvreune politique intégrale sur la conservation historique de la ville de Valparaiso, qui permet un ensemble entre les instruments de préservation et d’intervention. De cette manière celle-ci peut élaborer une politique d’amélioration de l’habitat en augmentant la valeur historique d’un secteur ainsi qu’appliquer les instruments pour son élaboration. Le modèle de la OGP est orienté vers la spécialisation et la focalisation des ressources humaines. Il génère en même temps des instruments pour le développement de professionnels spécifiques dans les domaines suivants : Patrimoine Historique, Lien Social, Immobilières Patrimoniales et Renseignements Territoriaux.

25Ces instances de spécialisation pour la réhabilitation patrimoniale ont permis d’augmenter la valeur de l’immeuble dans la zone de conservation historique et dans d’autres zones proches. Sous la politique du consensus, elles ont aussi réalisé quelques contrats et vendent des immeubles qui représentent une valeur patrimoniale. Ainsi les propriétaires vendent l’immeuble à une immobilière sous la surveillance de la OGP car ils n’ont pas les ressources suffisantes pour améliorer l’habitat. Dans ces immeubles on développe une croissance des plus-values, dont le SRP a augmenté les subventions pour la réhabilitation des anciennes constructions dans le centre patrimonial ou sur les collines les plus proches.

26Ces mesures nous permettent de fixer deux secteurs d’étude, d’une part les cerros, avec une physionomie spatiale et socioculturelle différente : le cerro Alegre et le cerro Cordillera, et d’autre part en même temps, leurs effets à partir des politiques d’améliorations et d’aménagement de l’espace patrimonial à Valparaiso dans deux processus de patrimonialisation différents.

27L’inclusion du cerro Alegre dans la zone de Conservation Historique a permis de développer une stratégie commerciale sur l’habitat dans ce secteur, dont l’ancienne bourgeoisie représente un territoire dévalorisé. Par exemple à la rue Lautaro Rozas il y a quarante maisons améliorées à partir d’une distinction entre l’espace extérieur ou la façade et l’espace intérieur de l’habitat. L’espace extérieur représente la tradition et une stratégie d’attraction pour la nouvelle bourgeoisie grâce à la manipulation de l’image-façade comme une valeur historique typique et unique. Les habitants qui achètent la maison font une rénovation complète de l’espace intérieur par l’adoption des constructions lofts ou construction du confort individuel de l’espace.

28Le cerro Cordillera correspond à un secteur péricentral du secteur patrimonial. Mais sous l’influence du marché et du MINVU ceci entraîne un changement identitaire dans ce lieu d’habitat originalement d’ouvriers portuaires qualifiés et non qualifiés. Ainsi, le projet de réhabilitation du MINVU du bâtiment de l’Union ouvrière porte sur un bâtiment emblématique. Il loge 34 familles qui travaillent avec le MINVU et la « Junta de Andalucia » pour le projet de la réadaptation de l’immeuble.

29De cette manière, les transformations sociales et spatiales induites par la patrimonialisation ont produit un retour ou une reconquête sociale pour le cerro Alegre, et une rupture sociale du territoire pour le cerro Cordillera. La politique de Réhabilitation Patrimoniale a développé un processus d’amélioration de l’habitat et de revitalisation des espaces publics, mais aussi une fragmentation identitaire et territoriale entre les différents nœuds spatiaux avec une valeur patrimoniale, à partir de nouveaux phénomènes comme la gentrification, la patrimonialisation du terrain et la réinvention touristique de l’espace.

IV. La réinvention du patrimoine touristique à Valparaiso

30L’image marchande des biens patrimoniaux permet de développer certaines stratégies d’attractivité autour de la consommation culturelle du patrimoine. Ainsi la nomination patrimoniale de Valparaiso représente une valeur d’échange pour le tourisme « culturel ». La revitalisation des espaces publics dans les secteurs historiques consiste à les améliorer comme espaces d’attractivité pour la rencontre des citoyens, mais aussi pour le passage des touristes.

31À partir de l’action de la Politique de Réhabilitation, nous pouvons comprendre les différents niveaux de changement sur le territoire ou sur l’espace urbain comme nouvelles formes de production de l’espace, lesquelles s’articulent autour du concept de patrimoine. Mais « le patrimoine, construit socio-politique, est au carrefour d’intérêts... Des conflits ont entraîné l’élaboration, pour ces territoires particuliers, de normes juridiques particulièrement contraignantes et de politiques visant à concilier protection du patrimoine et développement de la ville » (Linossier et al ., 2004 : 24).

32Dans ce carrefour d’intérêts, la diversification de la demande permet de reproduire les mécanismes d’aménagement urbain à partir de la circulation individuelle sur l’espace valorisé et la mise en œuvre de plans de réinvention. L’interaction des individus avec l’espace urbain patrimonialisé permet de développer une pratique culturelle et sociale permanente, dont le tourisme culturel est un atout pour la mise en œuvre des politiques de réhabilitation de l’habitat. Les manifestations du tourisme renvoient à une série des acteurs, d’actions, d’équipements et de déplacements (Wackermann, 1994). Ils développent une multiplicité de trajets autour des résidents. Les visiteurs et les touristes sont des produits de l’industrie touristique culturelle, entre lieux de départ et lieux d’arrivée.

33Ce regard sur les biens culturels représente un risque puisque la collectivité sociale est le principal axe d’attaque des politiques d’aménagement territorial. Car ces espaces sont aménagés par les agents de la consommation dans une logique de diversification de la demande, dont le concept patrimonial prend une autre signification. Il rentre alors dans le cadre du fétichisme (Capdevielle, 1986), ou comme une « réinvention » sous les interventions extérieures du marché, dont les images anciennes augmentent la plus-value des anciens quartiers.

34La valorisation patrimoniale serait monopolisée par les instances technocratiques qui décident de ce qui est à améliorer ou non. La conception d’une intervention apparaît dans un consensus hégémonique des acteurs qui lui donnent soutien, et par conséquent ils réalisent ce qu’on appelle la « volonté politique ». Le résultat de cette concertation hégémonique naît de la corrélation des forces entre les sujets et les biens patrimoniaux spécifiques, comme Les agents de tourismes.

Conclusion

35Les politiques de réhabilitation et d’amélioration de l’habitat autour de biens patrimoniaux produisent une politique de valorisation et de transformation de l’habitat à Valparaiso. Les biens patrimoniaux possèdent n’ont pas seulement une valeur culturelle mais aussi une valeur d’échange marchande dans le contexte de politique néolibérale au travers de la pratique du consensus.

36Les politiques d’amélioration fonctionnent selon les critères du marché pour activer un développement « soutenable » sur le patrimoine culturel matériel, c’est-à-dire le patrimoine architecturel à Valparaiso. Les pratiques de réhabilitation et de revitalisation agissent donc les espaces péricentraux pour réactiver les flux marchands entre le plan et les cerros.

37Le sujet patrimonial agit sur les rapports sociaux dans la dimension spatiale et sur les différents problèmes de gestion de l’espace à travers des ventes d’immeubles et leurs améliorations. Ainsi nous pouvons comprendre les divers effets des processus de patrimonialisation dans les cerros Alegre et Cordillera. Ils présentent des changements identitaires et des nouvelles formes de production territoriale autour des biens patrimoniaux qui donnent origine à des nouveaux venus.

38Dans ce contexte, les actuelles formes de tourisme culturel à Valparaiso permettent une valorisation de l’espace résidentiel par les résidents autour d’échanges identitaires et symboliques. Mais, quelle est la contribution du tourisme culturel dans la valorisation et dans la production de nouveaux territoires à Valparaiso ?