Introduction

1Les grottes de Santa Lucia superiore et Arma delle Mànie sont situées en Ligurie (Italie), à une centaine de kilomètres de la frontière avec la France. Santa Lucia superiore se trouve dans la commune de Toirano, dans un massif dominant la vallée de Varatella et qui recèle un important réseau karstique où d’autres sites d’occupations préhistoriques ont été étudiés (les grottes du Colombo, de la Basùra et de Santa Lucia inferioré). Arma delle Mànie est située dans la commune de Finale Ligure.

2Ces deux sites ne sont distants entre eux que de quelques dizaines de kilomètres, et sont tous deux à quelques kilomètres du bord de mer.

3Ils ont fait l’objet de fouilles archéologiques et d’études du matériel au cours des quarante dernières années et ont livré chacun un important matériel archéologique préhistorique, qu’il soit Lithique ou faunique. Les niveaux concernés dans cette étude sont les niveaux moustériens, mais ces sites ont aussi livré les restes de périodes plus récentes (en particulier néolithiques).

4On retrouve les mêmes principaux types de matières premières lithiques dans les niveaux moustériens : les quartzites à grain plus ou moins fin, les calcaires marneux ou silicifiés, le quartz, le silex et même le jaspe. Pour l’ensemble de ces matières premières, les matériaux initiaux débités sont pour la plupart des galets, issus des formations de poudingue plus ou moins éloignés des grottes, des lits des torrents ou des plages marines.

5Ces différents types de matières premières ont des aptitudes plus ou moins bonnes pour le débitage, les différentes structures et textures des roches n’offrant pas les mêmes résultats lors de la percussion pour le débitage, lors de la retouche des bords des supports ou même lors de l’utilisation des tranchants bruts.

6Le matériel lithique étudié ici comprend, pour chaque site, différentes composantes de la chaîne opératoire : les nucléus ou blocs, les produits de débitage et les supports retouchés en outils, dans des proportions diverses, propres à chaque type de matière première.

7Pour tenter de mettre en évidence une relation entre la matière première et les fréquences de supports retouchés en outils, nous avons dénombré quelles étaient les quantités de produits de débitage restés bruts (éclats et lames) et les quantités de produits transformés, retouchés (les différents outils comme les racloirs, encoches, denticulés, etc.). Ces quantités ont été calculées en fonction de chaque type de matière première lithique.

Présentation des sites étudiés

8La grotte de Santa Lucia superiore est située à 214 mètres d’altitude, s’ouvrant sur les flancs escarpés de la vallée du torrent Varatella. Les fouilles réalisées en 1959 et 1963 ont livré un important matériel lithique (1843 pièces) et faunique, ainsi que des fragments de poteries néolithiques.

9La stratigraphie a été subdivisée en 5 couches de A à E. L’étude du matériel a été publiée par C. Tozzi (Tozzi, 1962). L’industrie lithique moustérienne, issue des couches B à E, a été considérée comme un Moustérien typique riche en racloirs, de débitage faiblement Levallois (Lumley H. de, 1969). L’ensemble de cette industrie a été récemment revu après une campagne d’étude en octobre 1997.

10La grotte d’Arma delle Mànie se trouve à quelques kilomètres de la ville de Finale Ligure, dans la province de Savona, à une altitude d’environ 250 mètres, sur le haut plateau des Mànie. Elle est creusée dans les grès bioclastiques du Miocène moyen, avec à la base un schiste d’âge permien. La première découverte d’un matériel lithique moustérien remonte à 1962, par le Père R. Burlando et E. Ghianda. Ces derniers firent quelques sondages et récoltèrent une petite quantité de pièces lithiques et fauniques.

11Une première étude de ce matériel fut faite par les Professeurs Isetti et de Lumley en 1963, et les fouilles systématiques de la grotte furent entreprises à partir de 1964 sous la direction de G. Isetti puis de O. Giuggiola jusqu’en 1974.

12La série stratigraphique de ce gisement a été subdivisée en 7 couches principales (Arobba et al., 1976). La couche VII à la base de la zone fouillée a été mise en correspondance avec le début du « würm II » et l’ensemble des couches VII à III ont pu être rapportées au stade isotopique 4 à partir de l’étude des éléments anatomiques de la microfaune (Abassi et Desclaux, 1996). Les couches supérieures I et II ont été attribuées à l’interstade « würm II-III » et au « würm III ».

13Le matériel lithique récolté en 1962 a été considéré comme un Moustérien typique, comportant une fréquence moyenne de racloirs mais par contre une bonne représentation des grattoirs, burins et couteaux à dos naturels en cortex (Isetti, de Lumley, 1963). H. de Lumley l’a considéré comme un Moustérien typique de débitage faiblement Levallois (de Lumley, 1969).

14L’ensemble de l’industrie issue des différentes campagnes de fouilles est en cours d’étude avec des premiers résultats présentés en 1996 (Cauche, 1996). La totalité du matériel moustérien étudié comprend environ 3500 pièces lithiques.

15Cette industrie peut être considérée comme un Moustérien caractérisé par un indice laminaire faible, une sous-représentation des denticulés et un débitage à dominante discoïde.

Les différents types de matières premières

16Pour ces deux sites, les types de matières premières sont dominés par les quartzites et les calcaires. Le quartz est également bien présent à Santa Lucia superiore et plus rare à Arma delle Mànie. Le silex et le jaspe ne représentent qu’une faible partie du matériel.

17Arma delle Mànie (fig.1 et photo 1) :

• Ici les calcaires sont dominants avec 52 % (pour un ensemble de 1800 pièces). Les calcaires marneux sont les plus fréquents (32,6 %), avec les calcaires silicifiés (19,4 %).

• Les quartzites sont moins fréquents qu’à Santa Lucia superiore puisqu’ils ne représentent que 33,1 %, avec surtout le quartzite fin (23,7 %) à patine noire, marron, beige ou encore rose-orangée. Le quartzite à gros grain ne représente que 9,4 %, de patine grise, gris-verte ou gris-rosée.

Fig. 1 – Arma delle Mànie : proportions des matières premières principales des industries.

Fig. 2 – Santa Lucia superiore : proportions des matières premières principales des industries.

• Le silex constitue 7,2 % de l’ensemble, le plus fréquent étant un silex gris beige de très mauvaise qualité, la plupart du temps sous forme de débris.

• Le quartz blanc ou gris est plus rare : 4,9 %.

• Le jaspe de couleur rouge ou brune, plus ou moins mat, n’est représenté que par quelques pièces (1,3 %).
  Les grès, grès-quartzite et roches d’origines magmatiques sont également présents, en très faibles quantités.
  Santa Lucia superiore (fig.2 et photo 2) :

• Les quartzites représentent plus de la moitié des types de matières premières exploitées puisqu’ils concernent au total 56,4 %. Le quartzite fin est le plus abondant avec 30,5 %, le quartzite à gros grain représentant 25,9 %.

• Les calcaires ne représentent qu’au total 18,2 %, avec une forte prédominance des calcaires silicifiés (15,3 %) sur les calcaires marneux (2,9 %).

• Le quartz se rencontre dans des proportions comparables à celles des calcaires : 17,3 %.

• Le silex (1,4 %) et le jaspe (0,9 %) sont très rares.
  Le grès, le grès-quartzite et diverses roches comme le schiste ou des roches d’origine volcanique ne représentent que des quantités infimes dans l’ensemble du matériel.

18Pour les deux sites, les matières premières sont pour la plupart de provenance locale, dans les alentours des grottes ou de la région environnante (Giuggiola et Vicino, 1996). Les observations macroscopiques faites par Fabio Negrino ont permis de reconnaître à l’Arme delle Mànie et dans la grotte de Santa Lucia deux natures de jaspe : une de très bonne qualité qui provient probablement des gisements de l’Appenin de Parme, comme par exemple le « Monte di Lama » dans la commune de Bardi (Parme), et une autre de moins bonne qualité qui provient vraisemblablement des gisements de Ligurie orientale (haute vallée de Vara). Pour les pièces en silex, certaines sont rapprochées d’une variété de silex qui provient de la localité de Ciotti, non loin de Balzi Rossi.

Proportions relatives des supports retouchés

19Les industries moustériennes considérées ici comportent comme outils des éclats (et beaucoup plus rarement des lames) dont les bords tranchants sont retouchés pour confectionner les racloirs, racloirs denticulés et outils à encoches (encoches, becs et denticulés), qui sont les outils caractéristiques de cette culture du Paléolithique moyen.

20Les pièces bifaciales ou les galets aménagés sont pratiquement absents dans ces sites.

21Pour tenter de mettre en relation les types de matières premières et les quantités relatives de supports retouchés, nous avons pour chaque matière première principale calculé les proportions d’éclats bruts et d’éclats retouchés (les rares lames, retouchées ou non, sont incluses dans ce dénombrement).

22En ce qui concerne le jaspe, il est présent dans les industries des deux sites concernés, en nombre de pièces très réduit : on n’en dénombre que 19 à Arma delle Mànie et 10 à Santa Lucia. Les pourcentages indiqués le sont donc à titre indicatif.

23À Mànie, on dénombre 5 outils en jaspe (ou déchet de fabrication d’outil puisqu’on observe une très belle chute de burin (fig. 3, n° 3 et photo 3 provenant de la couche inférieure VII) pour 13 éclats restés bruts (souvent cassés). Parmi les outils, il faut remarquer un magnifique racloir double latéral, et transversal, en jaspe rouge brillant (fig. 3, n° 1 et photo 3). Étant donnée la présence d’un nucléus Levallois à éclat préférentiel en jaspe marron-rouge mat, on peut donc considérer qu’il y a eu débitage de ce type de roche dans la grotte, ce qui n’exclut pas l’apport également d’éclats et/ou d’outils sur le site par les Néandertaliens.

24À Santa Lucia (fig. 3, n° 4 à 6), il n’y a pas de nucléus en jaspe dans le matériel issu des fouilles. On ne dénombre que 10 pièces en jaspe, dont une majorité d’outils (6 pièces pour 4 éclats bruts). Il faut remarquer parmi ces outils un racloir double à retouche Quina, un racloir triple à retouche demi-Quina, une encoche double retouchée ainsi qu’un racloir denticulé très régulier, sur lame.

25Donc, pour ces deux sites, le nombre de pièces en jaspe est trop faible pour pouvoir tirer des conclusions quant à l’éventuel choix préférentiel de cette matière pour le support d’outils. On peut néanmoins constater la présence d’outils de très belle facture, doubles ou triples.

26En comparant les résultats obtenus pour les deux sites (fig. 4 et 5), on constate tout d’abord que c’est le silex qui est la matière première que l’on retrouve le plus fréquemment retouchée en outil : 46,7 % d’éclats retouchés à Mànie et pour Santa Lucia 8 outils sur un total de 16 pièces (soit 50 % si l’on se hasarde à proposer un pourcentage pour un si faible échantillon de pièces).

27À Mànie, le silex a fait l’objet d’un débitage dans la grotte puisque l’on a retrouvé au total 12 nucléus de cette matière, dont l’un, de très petites dimensions tout en étant un nucléus levallois à éclat préférentiel, dans la couche inférieure VII. Il n’est pas exclu non plus que certains éclats et outils aient été apportés sur le site, puisque certains outils en silex gris ou brun-rouge n’ont pas leur équivalent sous forme de nucléus.

28Par contre, à Santa Lucia, il n’y a aucun nucléus en silex retrouvé lors des fouilles. Les 16 artefacts dénombrés ont donc plus probablement été apportés tels quels par les Moustériens.

Fig. 3 : Éclats retouchés en jaspe. N° 1 à 3 : Arma delle Mànie (n° 3 : chute de burin), n° 4 à 6 : Santa Lucia sup. (dessins M. Montesinos).

Fig. 4 : Arma delle Mànie : proportions relatives des éclats bruts et éclats retouchés en fonction des matières premières principales.

Fig. 5 : Santa Lucia sup. : proportions relatives des éclats bruts et éclats retouchés en fonction des matières premières principales.

Fig. 6 : Arma delle Mànie : proportions relatives de 3 catégories d’outils selon les matières premières principales.

Fig.7 : Santa Lucia sup. : proportions relatives de 3 catégories d’outils selon les matières premières principales.

29De par ses proportions en outils par rapport aux éclats bruts, le silex est donc l’une des matières premières privilégiée par les Moustériens de ces deux sites pour être le support des outils.

30Le quartzite microcristallin (quartzite fin) est une matière première de bonne qualité, dure et homogène. Pour les deux sites, les résultats sont nets : à Mànie, 41,6 % des éclats sont retouchés en outils (photo 4), et 45 % à Santa Lucia. Ce sont les proportions de supports retouchés les plus élevées, après le silex, avec des effectifs de pièces beaucoup plus importants, et donc plus significatifs.

31En comparant les résultats des deux sites, on constate une différence en ce qui concerne le quartz : à Mànie (photo 5), c’est une matière première qui donne des proportions élevées de pièces retouchées : 41 % (un peu moins que pour le quartzite fin). Alors qu’à Santa Lucia, ces proportions sont beaucoup plus faibles : 26,5 %.

32Que ce soit à Mànie ou à Santa Lucia, le quartzite macrocristallin (quartzite grossier) est une matière première en faibles proportions comme support d’outils : 32 % à Mànie (photo 6) et seulement 21 % à Santa Lucia. Ce sont les proportions les plus faibles pour les deux sites. Nous verrons plus loin quels sont les types d’outils réalisés sur les éclats de cette matière. Ces résultats n’excluent pas la possibilité d’une utilisation des éclats non retouchés de la part des Hommes préhistoriques.

33Pour les calcaires, les résultats montrent que le calcaire silicifié est fréquemment retouché à Santa Lucia (40 %), mais beaucoup moins à Mànie (31 %). Il faut préciser que le calcaire silicifié rencontré dans les industries de Mànie (photo 7) présente un grain assez épais alors qu’à Santa Lucia, ce calcaire est très fin, se rapprochant du quartzite fin. Les calcaires marneux présentent les mêmes résultats dans les deux sites : environ 36 % d’éclats retouchés (photo 8).

34Ces comparaisons entre les fréquences relatives d’outils et de supports bruts et entre les deux sites étudiés montrent donc quels sont les choix préférentiels qui ont été faits par les Moustériens occupant ces grottes.

Fréquences des différentes catégories d’outils

35Il est intéressant maintenant d’examiner quels sont les types d’outils rencontrés dans ces industries, en fonction des différentes matières premières. Pour ce faire, nous avons fait un classement des types d’outils (fig. 6 à 9) selon trois catégories : les racloirs (y compris les racloirs denticulés), les pièces à encoches (encoches clactoniennes ou retouchées, becs, denticulés), et les autres outils (grattoirs, perçoirs, burins, troncatures, etc.). Nous ne prenons pas en compte ici les matières premières présentant des effectifs trop faibles en outils (comme les calcaires marneux, le jaspe et le silex à Santa Lucia, le jaspe à Mànie).

Fig.8 : Arma delle Mànie : éclats retouchés N° 1 et 2 : quartzite fin ; n° 3 : silex ; n° 4 : calcaire silicifié ; n° 5 : calcaire marneux ; n° 6 : quartzite grossier.

Fig.9 : Santa Lucia sup. : éclats retouchés (dessin M. Montesinos). N° 1 : quartzite fin : n° 2: silex ; n° 3 : quartz ; n° 4 : calcaire silicifié ; n° 5 : quartzite grossier.

Fig. 10 : Arma delle Mànie : proportions relatives de différents types de retouches des outils selon les principales matières premières.

Fig. 11 : Santa Lucia sup. : proportions relatives de différents types de retouches des outils selon les principales matières premières.

36Les résultats montrent que pour les deux ensembles lithiques, les matières premières qui sont le plus souvent les supports d’outils à encoches sont le quartz et le quartzite grossier. Dans les industries de Mànie, un résultat se démarque de cette orientation : le silex est la matière qui est le plus fréquemment le support de pièces à encoches (50,9 %). Elle présente aussi une proportion importante de pièces de la 3^e catégorie (“autres outils”, 15,1 %), avec en particulier quatre burins, un grattoir et une troncature.

37Dans les deux sites, le quartzite fin est la roche qui est le moins souvent le support d’outils à encoches, avec au contraire les plus fortes proportions de racloirs (59,1 % à Mànie et 87,3 % à Santa Lucia).

38Les calcaires marneux à Mànie sont le plus souvent les supports d’outils à encoches (44,5 %).

39Le calcaire silicifié de Santa Lucia, à grain très fin, dur et homogène, présente une forte proportion de racloirs au détriment des pièces à encoches (respectivement 83,3 % et 16,7 %).

40Les résultats les plus significatifs, similaires dans les deux sites, montrent la prédominance des racloirs (qui sont des outils à retouches continues) sur le quartzite fin, et les fortes proportions d’outils à encoches pour le quartzite grossier.

Fréquences des différents types de retouches

41Pour tenter de préciser les résultats précédents quant aux types d’outils, nous allons maintenant examiner quels sont les types de retouches élaborant le tranchant de ces outils, toujours selon les principales matières premières (fig. 10-11). Nous avons isolé 6 catégories de retouches : les retouches denticulées, les retouches épaisses et demi-épaisses, les retouches minces, les retouches plates, les retouches de type Quina et demi-Quina, et la catégorie des autres types de retouches, plus rares.

42Quels sont les résultats les plus marqués ?

43Que ce soit dans l’un ou l’autre site, les retouches minces sont les plus fréquemment rencontrées parmi les outils en quartzite fin.

44Les retouches épaisses et demi-épaisses sont les plus largement répandues, pour toutes les matières premières, dans les deux collections étudiées, et ce sont les types de retouches caractérisant le matériel moustérien de ces deux grottes de Ligurie.

45À Mànie, le silex présente une très forte proportion de retouches minces (38,9 %), et les retouches denticulées sont dans les plus faibles proportions (5,6 %) car les outils à encoches sont ici principalement des encoches simples (clactoniennes ou retouchées), pour 81,5 % des pièces à encoches.

Conclusion

46Cette étude comparative des industries moustériennes de deux sites de Ligurie a été rendue possible par les concordances au niveau de la nature des matières premières présentes, ce qui n’exclut pas la possibilité d’analyser les éventuelles relations entre matières premières et fréquences des outils, des catégories d’outils et des types de retouches rencontrés dans d’autres sites moustériens.

47Il en ressort que la nature de la matière première, ses qualités quant à la finesse du grain, sa dureté et son homogénéité, ont des influences sur les choix et les comportements des Hommes préhistoriques. Les éclats en quartzite fin et en silex se retrouvent sous forme retouchée en outils dans des proportions plus importantes que pour les autres matières premières. Le calcaire silicifïé à Santa Lucia a fait également l’objet d’une exploitation préférentielle comme support d’outils.

48Les résultats concernant les différentes catégories d’outils montrent que dans les deux sites les roches telles que le quartzite fin sont plus fréquemment retrouvées sous forme de racloirs plutôt que sous forme d’outils à encoches, ce qui n’est pas le cas pour les quartzites macrocristallins. Ces constatations demandent à être confirmées par des études similaires qui pourraient être faites sur d’autres matériels, à plus grande échelle.

49Au niveau des outils, on constate également que la nature de la matière première peut avoir des conséquences quant aux types de retouches constatées : les retouches minces sont plus fréquentes sur les pièces en silex et en quartzite fin, les retouches de type Quina et demi-Quina sont absentes des supports en quartzite grossier. Évidemment ces derniers résultats peuvent être une conséquence purement physique de la structure même de la roche, mais c’est une constatation faite au niveau de deux sites.

50Nous n’avons pas abordé ici dans cette étude l’approche qui pourrait concerner l’exploitation différentielle des nucléus selon les matières premières. Il serait intéressant d’analyser le degré d’exploitation de ceux-ci selon les qualités des roches, dans une éventuelle stratégie économique. Peut-on retrouver par exemple des exploitations plus poussées au niveau des nucléus dont la matière première est plus rare et/ou de meilleure qualité ?