Chapitre IV. La demande de services
p. 503-532
Texte intégral
1) Son importance, son évolution
1Pour assurer son salut, le fidèle dispose, d’après les théologiens, de plusieurs armes : l’aumône, le jeûne, la prière, la messe. L’aumône, nous venons de le voir, est abondamment pratiquée, même si, parfois, c’est d’une façon bien rituelle, le testateur tentant d’obtenir un maximum d’intercesseurs à moindres frais.
2Les disposants espèrent des prières (pour eux-mêmes et pour tous les leurs, vivants ou morts)1 de tous les bénéficiaires de legs ; ils sollicitent en particulier celles des spécialistes, prêtres réguliers ou séculiers. Ceux-ci sont généralement rétribués par une pitance2 ou une faible somme : la vicomtesse de Lautrec elle-même, alors qu’elle donne des centaines de livres tournois pour des célébrations de messes, ne lègue que trente sous par couvent pour prières. Exceptionnels sont les legs importants, tels les vingt moutons d’or que la domina de Puycalvel destine à son confesseur en échange de prières3.
3La demande de prières perpétuelles est très rare4, c’est la messe qui apparaît le viatique essentiel, comme partout ; en faire célébrer, c’est le meilleur moyen pour abréger le temps passé en Purgatoire5. C’est ce que pense Gerson6 mais aussi de simples fidèles : la messe fait bénéficier vivants et morts des mérites accumulés par le sacrifice divin, renouvelé sur l’autel ; les testateurs, ou du moins les notaires, l’expriment dans les actes : « animadvertens et considérons ut dixit que nihil salubrinis in mundo pro salute animarum quem sacrifficia missarum et oblatio seu immolatio corporis et sanguinis Jhesu Christi »7.
4Nous n’avons toutefois jamais rencontré de remarques telle celle formulée par Antoine Mayfredi, notaire aixois8, qui, demandant la célébration d’un trentain grégorien, cite le passage du livre des Dialogues concernant les mérites de ces messes, leur « efficacité et grand poids pour venir au secours et au réconfort de qui se sera trouvé en tourment ». Il précise que leur sont rattachées trois quarantaines d’Indulgences, qui, dans son esprit, doivent bien être appliquées aux défunts, même si la papauté ne le fera qu’en 14579.
5Cinquante-sept pour cent des testateurs du Toulousain souhaitent que soient célébrées une ou plusieurs messes à leur intention. Ce pourcentage est inférieur à celui du Lyonnais où ils sont 66 % à mentionner un service religieux, les autres assignant une somme globale pour leurs funérailles ou s’en remettant à leurs héritiers10. À Saint-Sulpice-la-Pointe, tout près de notre zone d’étude, le pourcentage est très proche de celui que nous avons obtenu11. Aucun calcul de ce type n’a été effectué pour le Comtat12.
6Pourquoi près d’un testateur sur deux ne mentionne-t-il pas de messes ? Plusieurs explications sont possibles : la liturgie étant l’affaire du prêtre, les testateurs peuvent juger superflu d’en parler ; la coutume prévoit peut-être la célébration d’une messe, si ce n’est le jour de la sépulture, du moins le lendemain ou pour le bout de l’an, les fidèles n’interviendraient que pour fixer la quantité de messes, s’ils en veulent plus que la normale et leur ordonnance13. Cette question a pu être réglée précédemment, de nombreuses donations sont faites, les registres notariaux nous le prouvent, pendant la vie des disposants, en vue de constituer obits (messes anniversaires) ou chapellenies14 ; les legs effectués sans indication du motif à des prêtres le sont peut-être pour messes, après simple convention orale. Les legs destinés au bassin des âmes du Purgatoire le sont pour participer aux messes célébrées en leur faveur15 ; l’appartenance à une confrérie entraîne automatiquement l’assurance de services religieux, l’adhésion elle-même sous-entend parfois le service d’un obit16. Dans tous ces cas, il est donc inutile de réclamer des messes, de même que si l’on choisit pour héritier universel un prêtre ou un édifice religieux. On note pourtant une différence dans la demande selon le lieu de résidence des testateurs.
Pourcentage de testateurs demandant une ou plusieurs messes, entre 1300 et 1450
Villages de la viguerie et du gardiage | 82,5 % |
Toulouse | 75,7 % |
Castelnaudary | 74,5 % |
Montgiscard | 73,5 % |
Villages du Lauragais occidental | 62,8 % |
Grenade | 57,8 % |
Castres | 56,5 % |
Caraman | 46,5 % |
Villages du Lauragais oriental | 45 % |
Cintegabelle | 43,8 % |
Fanjeaux | 37,2 % |
Villages du Lautrécois | 29 % |
Lautrec | 23 % |
7Les quatre cinquièmes des testateurs de Toulouse et de sa zone d’influence (telle que nous l’avons délimitée précédemment, soit une auréole d’une vingtaine de kilomètres autour de la ville, jusqu’à Montgiscard inclus) mentionnent des messes. Ailleurs, ils ne sont plus qu’un sur deux et même un sur cinq dans le Lautrécois. Les fortes demandes, comparables à celles de Toulouse, ne se retrouvent qu’à Castelnaudary, mais il s’agit là essentiellement de messes anniversaires, alors que dans la zone d’influence de Toulouse dominent les messes « au détail ». Excepté à Castelnaudary, plus on s’éloigne de la métropole, plus la demande de messe se raréfie.

8Les messes les plus réclamées sont les messes basses de requiem, bon marché : quinze à vingt deniers tournois17 ; donc accessibles à tous ; à Montgiscard cependant leur prix augmente et atteint deux gros, soit quarante deniers tournois, vers 145018. Les messes chantées (alta voce) coûtent de trente à quarante deniers tournois avant 1420, cinquante à soixante deniers par la suite19. Contrairement à ce qui se passe à Saint-Sulpice-la-Pointe, nous ne notons pas de tarif de gros : la messe par 300 par exemple, coûte aussi cher qu’à l’unité20.
9Le trentain grégorien, série de trente messes basses célébrées à raison d’une par jour pendant trente jours consécutifs ou même en un seul jour21 coûte cinq sous tournois au XIVe siècle mais atteint deux livres dès le début du XVe siècle22 ; il est surtout réclamé par les testateurs de Grenade.
10Les offices de saints (Notre-Dame, Saint-Jacques...) sont rarement demandés, à la différence du Comtat23 : les testateurs ne semblent pas chercher d’intercesseurs supplémentaires.
11Les prêtres ayant officié sont souvent conviés au repas funèbre, si la célébration a eu lieu le jour de la sépulture, ou bien reçoivent un prandium spécial ; dans un cas même, le testateur demande à ses héritiers de payer un trentain en argent ou bien en pain et vin24.
12L’importance de la demande est difficile à déterminer ; beaucoup de testateurs, en effet, se contentent de consacrer une certaine somme à la célébration de messes, mais sans indiquer le type de messe souhaité : une même somme peut donc correspondre à un trentain ou à quatre messes hautes. Nous avons essayé d’évaluer cependant la demande pour quatre localités où les mentions de messes sont fréquentes.
Parmi les testateurs réclamant des messes au détail, nombre moyen de messes demandées

13La demande moyenne d’un testateur25 se situe entre 100 et 250 messes, ce qui est comparable aux résultats obtenus par Marie-Thérèse Lorcin dans le Lyonnais : 135,3 messes par testateur (pour ceux qui en veulent) entre 1300 et 1348, 130,5 entre 1390 et 141926.
14Cette demande moyenne recouvre de fortes variations, certains se contentent d’un très petit nombre de messes, de l’ordre de la dizaine ; d’autres, peu nombreux, en demandent plusieurs centaines : ce sont essentiellement les bourgeois toulousains et quelques nobles, ainsi Gaillard Boix, bourgeois, veut-il 500 messes le jour de sa sépulture27.
15On ne peut établir de moyenne selon les catégories sociales, comme pouvait le faire Jean Lartigaut à Figeac28 ; des laboureurs, par exemple, demandent jusqu’à 200 ou 300 messes alors que des clercs ou des nobles n’en mentionnent pas ou en veulent moins de 100 ; ils ont pu, bien sûr, effectuer antérieurement des donations, en échange de célébrations. La différence entre le riche et le pauvre se marque par les demandes de messes perpétuelles et non de messes au détail ; seul le riche pourra constituer obit ou chapellenie et, en général, de façon raisonnable.
16Nous n’avons pas de demande de messes par milliers, alors que cela serait répandu dans le Comtat Venaissin29, nos testateurs, ou plus modestes ou non atteints par les modes de la cour pontificale, se comportent comme ceux des autres régions ou villes étudiées (Lyonnais, Figeacois, Franche-Comté, Saint-Sulpice-la-Pointe30) ; même la vicomtesse de Lautrec, qui dépense pourtant de très fortes sommes à constituer des anniversaires (messe célébrée à date fixe, le plus souvent le jour anniversaire du décès) demande un très petit nombre de messes. La noblesse toulousaine n’agit pas comme celle du Bordelais où « c’est par milliers que le riche seigneur fonde des messes hautes et basses que les prêtres du Bordelais et d’ailleurs devront célébrer continuellement et incessamment... dans les années qui suivront sa mort, par dizaines qu’il institue services anniversaires et perpétuels »31
Évolution du pourcentage de testateurs réclamant une ou plusieurs messes (ensemble des testaments)
1300- 1359 | 28,6 % |
1360- 1389 | 56,2 % |
1390- 1419 | 62,8 % |
1420 – 1450 | 58,5 % |
17La demande de messes devient plus fréquente, doublant pratiquement entre le début du XIVe siècle et la période 1360-1389, mais un palier semble alors atteint et, vers 1450, ce ne sont toujours que près des deux tiers des testateurs qui en réclament.
18Il n’y a pas d’évolution bien nette du nombre de messes demandées, le nombre moyen de messes par testateur diminue dans certaines localités, augmente dans d’autres ; le même phénomène se produit en Lyonnais. Pourtant, dans cette région, Marie-Thérèse Lorcin constate que les sommes destinées aux legs pieux et charitables diminuent, de même que le nombre de bénéficiaires et cela au profit des demandes de suffrages32. Nous avons essayé de faire le même genre de calcul pour Castelnaudary et Toulouse, localités où les demandes de messes, au détail ou perpétuelles, sont fréquentes et où le nombre de bénéficiaires de legs pieux n’évolue pas de la même façon, se maintenant dans la première ville, diminuant fortement dans la seconde. Il ne s’agit là que d’une approximation, étant donnée la présence de legs en nature que nous n’avons pas comptabilisés1.

19Ces sommes sont inférieures à la réalité car les legs en nature ne sont pas comptabilisés (cire, donnes de pain et vin, legs immobiliers). Sont exclus aussi des sommes obtenues les frais afférant aux funérailles : cierges, legs aux participants au cortège, aux exaudi.
20Quelques legs exceptionnels faussent les résultats, ainsi Bertrande de Durfort consacrant plus de 1 300 florins pour messes et prières (ADHG, 112 H XIII. I., n° 13, 1372).
21À Castelnaudary, le rapport entre les sommes consacrées aux legs pieux et celles consacrées aux demandes de suffrages varie de un à quatre, entre 1390 et 1409, à un à trois, entre 1440 et 1450, en faveur des suffrages. L’écart entre les deux s’est restreint et, en 1440-1450, on consacre cinq fois plus d’argent aux legs pieux qu’en 1390-1409 alors que les frais pour suffrages ont été seulement multipliés par quatre.
22À Toulouse, à condition d’exclure les testaments des bourgeois et nobles du XIVe siècle, les testateurs dépensent à peu près autant en legs pieux qu’en messes et la progression est plus forte pour les sommes consacrées aux legs pieux que pour celles destinées aux suffrages, ceci jusque en 1445. À ce moment-là, il y a forte diminution des deux postes budgétaires, probablement au profit de l’organisation des funérailles : cierges, participation de clercs au cortège, récitation des exaudi (ces sommes ne pouvant être évaluées).
23Le comportement est ici très différent de celui des Lyonnais et curieusement, ce n’est pas là où diminue le nombre de bénéficiaires de legs pieux que l’on consacre le plus d’argent aux demandes de suffrages. Chaque localité suit peut-être un schéma différent, mais le fait que souvent peu de testateurs mentionnent des services permet de penser qu’en général les sommes consacrées aux legs pieux doivent excéder celles destinées aux suffrages.
2) L’ordonnancement des suffrages
24Si de nombreux testateurs laissent de l’argent « pour messes », sans indiquer les types d’offices désirés ni leur répartition dans le temps, d’autres, au contraire, ordonnent leur demande selon deux logiques, l’une de répétition, l’autre d’accumulation, repérées par Jacques Chiffoleau dans le Comtat Venaissin33, et répondant toutes deux à des buts bien différents.
a. Une logique de la répétition
25Nous avons déjà noté34 l’existence de cérémonies commémoratives placées au lendemain des funérailles, au neuvième jour et au bout de l’an, cérémonies au cours desquelles on répétait le plus souvent le rituel des obsèques (messe, exaudi, distribution de nourriture aux pauvres). Ces commémorations se retrouvent d’ailleurs partout : Franche-Comté, Figeacois, Lyonnais35... Elles se pratiquaient dès l’antiquité chrétienne et correspondent à la croyance traditionnelle d’un passage progressif dans l’Au-delà, accompagné d’épreuves et trouvant son terme lors des cérémonies du bout de l’an qui mettent fin au temps du deuil, l’âme ayant alors rejoint les ancêtres ; on réintègre en même temps dans la société ceux qui en étaient exclus pour cause de deuil36.
26Cette idée ne s’accorde plus avec la notion, diffusée par les théologiens, d’une mort brutale, séparant d’un seul coup l’âme du corps et suivie d’un jugement personnel immédiat ; notion qui aurait dû toucher d’abord les villes, ensuite les campagnes, ce qui se passe effectivement en Comtat37, mais qu’on ne distingue pas nettement dans le Toulousain. En effet, les testateurs des villages et bourgades du Lauragais et de Grenade réclament moins souvent des messes aux jours de commémoration traditionnelle que ceux de Toulouse et de Lautrec38.
27Parmi les testateurs réclamant des messes, 39,5 % veulent qu’elles soient célébrées à dates fixes : lendemain, neuvaine ou bout de l’an et ils sont aussi nombreux à les réclamer vers 1400 que vers 1450 ; les croyances traditionnelles semblent encore bien vivantes.
28Une autre forme de répétition est choisie aussi par les testateurs, faisant, elle, référence au Jugement Dernier : c’est la messe perpétuelle que l’on trouve sous deux formes, la chapellenie ou la messe anniversaire encore appelée obit.
29Constituer une chapellenie, c’est entretenir un prêtre en échange d’une célébration quotidienne, à perpétuité ; pour cela, on lègue soit une forte somme qui servira à acheter des rentes, soit une partie de son patrimoine (hôtel, borde)39 ; on peut aussi constituer une rente pesant sur ses propres biens40.
30Jean Magistri, marchand de Lautrec, a, pour créer une chapellenie, acheté depuis quinze ans divers cens consistant en tout en quarante setiers de froment, six poules, deux livres tournois, cent pommes et trois émines de noix. En échange, on célébrera « pour salut et grâce de son père, de lui-même, de tous les autres, vivants et morts, de sa parenté, tous les jours, une messe solennelle chantée, excepté les jours de fête : Noël et les deux jours suivants, Pâques, Pentecôte, Ascension, la Saint-François, les quatre jours commémorant les défunts et... d’avant Pâques ». Il fournit de plus 50 livres tournois pour acheter une chape et une chasuble et donne un missel et un calice argenté avec patène assortie, pesant un marc et demi d’argent41.
31La chapellenie complète coûtant très cher : 200 florins en 1372 pour une messe conventuelle avec diacre et sous-diacre ou deux messes basses journalières42, 100 livres tournois en 1420 pour une messe de requiem par jour43, on se contente le plus souvent de trois messes par semaine ou même moins44.
32Le desservant de la chapellenie doit être capable et de bonne réputation, précisent parfois les testateurs45 ; Bernard Dalbueris, de Toulouse, veut même que le prieur du couvent des Prêcheurs présente à ses héritiers un prêtre du couvent « boni status et honeste conversacionis »46 ; le testateur nomme quelquefois lui-même le premier desservant : un parent, neveu ou filleul47,ou un prêtre en lequel il a toute confiance. Les patrons de la chapellenie, le plus souvent les héritiers du défunt, choisiront le remplaçant du chapelain quand celui-ci décédera48.
33Quelquefois, c’est la confrérie paroissiale qui institue le prêtre, avec l’argent laissé par le testateur ; ainsi, à Fanjeaux, Pons Belli Oculi lègue vingt setiers de froment de rentes à la confrérie Notre-Dame qui doit en échange tenir un prêtre dans l’église paroissiale, prêtre choisi par lui-même pour « dire messes et oraisons pour le salut de son âme et de tous ceux de sa famille ». Si la confrérie récuse ce prêtre, tout le froment va aux maîtres d’œuvre de l’église et aux consuls et ce sont eux qui entretiendront le prêtre49. À Grenade, parfois, la confrérie Notre-Dame choisit les chapelains50.
34Ces chapellenies perpétuelles, très onéreuses, ne sont demandées que par 3,3 % des testateurs51, essentiellement nobles, bourgeois et prêtres, originaires de Toulouse ou de Lautrec.
35Les testateurs les plus modestes recourent à la messe anniversaire (obit), nettement moins chère, célébrée le plus souvent le jour anniversaire du décès mais aussi parfois pour la fête d’un saint envers lequel le testateur manifeste une dévotion particulière52. Parmi les testateurs demandant des suffrages, un sur dix (10,2 %) souhaite un obit, pour lui-même ou pour des parents ou amis défunts et même encore vivants53. Cette demande, trois fois plus importante que celle des chapellenies54, est, comme pour celle-ci, très variable d’une localité à l’autre.
36Si l’on exclut les bourgades pour lesquelles la demande de messes est le fait de moins de cinquante testateurs – ce qui constitue un échantillon trop étroit – un bloc composé de Toulouse et des localités voisines (jusqu’à Grenade et au Lauragais occidental) ne mentionne presque jamais la messe anniversaire (moins de 2,8 % des testateurs)55. Seuls, les habitants du Lautrécois (et encore le corpus est-il restreint) et surtout ceux de Castelnaudary (61,8 %) y font appel.
37La demande n’est pas toujours en relation avec le prix : ainsi, à Castres où l’obit ne coûte que cinq livres tournois, on n’en trouve qu’un seul exemple56 ; à Lautrec et Castelnaudary, où les prix sont un peu plus élevés, la demande est forte.
38À Lautrec, un obit servi dans le cadre de la confrérie de la Trinité coûte un setier de froment annuel57. Des personnes qui ne se disent pas confrères en instituent58, par contre des confrères n’en demandent pas dans leur testament ; il est probable qu’ils en ont constitué un lors de l’adhésion à la confrérie, comme nous l’avons déjà noté59. Il est difficile de se faire une idée exacte du prix du même service chez les Mineurs car les mentions en sont extrêmement rares et vont de plusieurs centaines de livres tournois à huit seulement, à des dates très proches60. Nous n’avons qu’un seul exemple d’obit demandé dans une autre église : un pellipaïre veut une messe par an, à perpétuité, dans l’église Notre-Dame, à la Sainte-Marie de septembre et une autre dans l’église Saint-Rémi, le jour de la Sainte-Lucie ; il laisse 15 deniers tournois à chaque prêtre les disant61. À Castelnaudary où le prix de l’obit est semblable à celui pratiqué à Lautrec par la confrérie de la Trinité62, la demande est beaucoup plus importante, émanant de près de deux testateurs sur trois. Les testateurs des villages voisins constituent aussi des obits dans les églises de la ville, léguant en général dix livres tournois (ainsi d’ailleurs que certains citadins) ; ils choisissent aussi, pour la même somme, le couvent des Mineurs de Mirepoix63.
39Ne dessert-on pas d’obit dans les églises de ces villages ou est-ce beaucoup plus cher ? Nous n’avons que des mentions concernant l’église Notre-Dame d’Issel, là, un obit coûte douze livres tournois64, cela peut expliquer le choix par ses habitants de Castelnaudary ; à Verdun, il semble qu’un obit complet coûte vingt francs d’or65, ce qui peut confirmer cette hypothèse.
40La demande de messes anniversaires à Castelnaudary est probablement supérieure à ce qui apparaît dans les testaments car nous avons souvent trouvé constitution d’obits par donation, les messes commençant à être célébrées du vivant du donateur66 et beaucoup de testaments font état de legs « in augmenta obitum »67 ; peut-être s’agit-il d’augmenter le nombre des obits constitués précédemment, par donation. Castelnaudary est d’ailleurs la seule localité où nous trouvons mention d’une véritable institution des obits, possédant biens immobiliers, représentée par un procurateur68 et choisie parfois comme héritière universelle par les testateurs69.
41Le clergé semble pratiquer dans cette ville et peut-être aussi à Lautrec, au moins dans le cadre de la confrérie de la Trinité, une politique de prix bas pour attirer une clientèle moyennement aisée70. De simples artisans, tels savetiers ou pelhiers, demandent une ou plusieurs messes anniversaires et le nombre de testateurs intéressés augmente, passant de 50,8 % entre 1390 et 1419 à 74,4 % entre 1420 et 1450. Dans les grandes villes, la présence de riches familles de nobles, marchands et légistes permet de maintenir des prix élevés : ainsi, à Narbonne, un obit dans la cathédrale coûte 50 écus d’or71 ; à Toulouse, nous avons quelques constitutions d’obits pour 100 ou 200 florins72, mais aussi certaines à dix livres tournois73.
42Il est difficile de voir s’il y a eu effectivement baisse des prix car les exemples sont très peu nombreux ; il semble tout de même que le service à dix livres tournois consiste bien en la célébration d’une messe de requiem par an et non en la simple inscription sur le nécrologe pour bénéficier de la prière perpétuelle au moment du memento74 (le nécrologe est une liste des défunts établie en marge d’un calendrier ou d’un martyrologe pour être lue dans le cadre de la prière chorale).
Parmi les testateurs demandant des messes, pourcentage de ceux souhaitant des célébrations aux dates traditionnelles.2

Parmi les testateurs demandant des messes, pourcentage de ceux souhaitant des célébrations perpétuelles3
Cintegabelle | 1,3 % |
Montgiscard | 1,3 % |
Castelnaudary | 2,9 % |
Grenade | 6,5 % |
Fanjeaux | 18,7 % |
Villages du Lauragais oriental | 28,1 % |
Villages du Lauragais occidental | 38,7 % |
Castres | 46,1 % |
Toulouse | 54,8 % |
Lautrec | 61,7 % |
Villages de la viguerie et du gardiage | 65,4 % |
Caraman | 70 % |
Lautrécois* | 95 % |
obits | chapellenies | ||
Grenade | 0,9 % | 0 % | 0,9 % |
Villages du gardiage et de la viguerie | 0,9 % | 0 % | 0,9 % |
Villages du Lauragais occidental | 1 % | 1 % | 0 % |
Cintegabelle | 1,3 % | 0 % | 1,3 % |
Montgiscard | 1,3 % | 1,3 % | 0 % |
Toulouse | 5,7 % | 2,8 % | 2,9 % |
Castres * | 7,7 % | 7,7 % | 0 % |
Caraman * | 20 % | 15 % | 5 % |
Villages du Lautrécois | 20,4 % | 15,3 % | 5,1 % |
Fanjeaux | 37,5 % | 12,5 % | 25 % |
Villages du Lauragais oriental * | 46,9 % | 36 % | 10,9 % |
Castelnaudary | 64,7 % | 61,8 % | 2,9 % |
Lautrec | 65,9 8 | 31,9 % | 34 % |
43Il est essentiel pour le testateur que sa messe anniversaire soit célébrée à perpétuité, aussi demande-t-il que son nom soit inscrit dans les obituaires (liste de défunts en marge d’un calendrier pour rappeler aux responsables d’une communauté les services anniversaires fondés par les fidèles)75. Ces livres se présentent sous diverses étiquettes : mortuarium, liber mortuorum, obituarium... À Castelnaudary, la formule habituelle est « ... teneantur scribere nomen suum ad eternam reimemoriam in libro obitum ipsius ecclesia... »76 ; ailleurs, on parle du « mortologium »77.
44Jean de Balaguer, docteur en droit civil et canon, constituant un obit à Saint-Girons, veut que l’annonce en soit faite le dimanche, en chaire, « au peuple convoqué pour entendre l’office divin » : « en aquesta sepmana faran cantar per larma de mossi Johan Balaguer he de tos son linhagge » et aussi que le maître d’œuvre de l’église fasse sonner les cloches78. Nicolas Huyghebaert indique qu’il est d’usage, dans les paroisses, d’annoncer le dimanche, au prône, les services célébrés au cours de la semaine et que c’est ainsi que sont nés les livres d’anniversaires qui sont une variété d’obituaires79. Une femme de Lombers demande qu’on sonne les cloches pro deffunctis in signo dicti anniversari, la veille du jour anniversaire de son décès et que le lendemain on dise une messe chantée80.
45Nous disposons d’un extrait du testament d’Arnaud de Bleterens, premier président du Parlement de Toulouse, extrait dans lequel il demande que les gens de l’église ou du couvent de sépulture aillent tous les jours, à perpétuité, après la messe, jusqu’à sa tombe chanter De profundis, Libéra me et Inclina Domine et que tous les ans, le jour de sa sépulture soit célébrée une messe solennelle de requiem avec diacre et sous-diacre81. L’essentiel de ces dispositions est inscrit sur sa dalle funéraire82 (conservée actuellement au musée des Augustins) ; c’est encore un moyen d’éviter la disparition des célébrations.
46La messe perpétuelle, que ce soit sous forme de chapellenies ou d’obits, n’est réclamée que par 13,5 % des testateurs alors que 39,5 %, nous l’avons déjà dit, demandent des messes répétitives aux jours traditionnels de célébration : lendemain, neuvaine, bout de l’an.
47Comment expliquer ce manque d’attrait pour la messe perpétuelle, par rapport au Lyonnais ou au Comtat, alors que les prix pratiqués sont à peu près du même ordre83 ? Pour les messes anniversaires, puisqu’elles seules ont été comptabilisées dans d’autres régions, si l’on considère l’ensemble des testateurs, ils ne sont que 10,2 % à en réclamer contre 53,2 à 84,1 % à Lyon84, 10 à 30 % à Valréas, 25 à 35 % à Cavaillon85, 42 à 100 % en Franche-Comté86.
48Ces messes sont de moins en moins réclamées en Lyonnais, de plus en plus en Comtat ; dans le Toulousain, très nombreuses avant 1360, elles décroissent très fortement (en pourcentage) quand des personnes plus modestes (ne pouvant constituer obit ou chapellenie) accèdent à la pratique testamentaire, puis remontent. Elles ne sont le fait, vers 1450, que d’un testateur sur sept (parmi ceux demandant des messes), soit à peu près 7 % de l’ensemble des testateurs.
Évolution de la demande de messes perpétuelles, toutes zones confondues
1300 1359 | 64,3 % |
1360 1389 | 6,5 % |
1390 1419 | 13,1 % |
1420 1450 | 14,2 % |
49La messe perpétuelle est peut-être peu demandée car l’adhésion à une confrérie ou le legs fait à la coupe des âmes du Purgatoire entraînent automatiquement la participation aux messes célébrées à perpétuité pour les défunts. À Castelnaudary, par exemple, où les legs au luminaire du Purgatoire sont extrêmement faibles (deux deniers tournois) et les legs aux confréries très rares, la majorité des testateurs constitue un obit87. Cette messe perpétuelle n’a peut-être pas de succès parce qu’on pense peu au Jugement Dernier mais beaucoup plus à une errance de l’âme pendant un certain temps après le trépas, errance qui se terminerait lors de la cérémonie du bout de l’an88. Le testateur peut aussi s’intéresser au Jugement immédiat suivi d’un temps de purgation plus ou moins long qui, dans un certain sens, se rapproche de la croyance en un voyage de l’âme, en un temps d’épreuves suivant la mort. Cette croyance au Jugement individuel immédiat et au lieu purgatoire amènerait les testateurs à organiser leurs messes de façon cumulative, le plus près possible du moment du décès, pour abréger autant que faire se peut la durée des épreuves subies.
b. Une logique de l’accumulation
50En Comtat Venaissin, d’après Jacques Chiffoleau, les testateurs « manifestent de plus en plus le désir d’organiser dans un temps limité la célébration d’un nombre important de suffrages... pour qu’il y ait véritablement accumulation, comptabilité, il faut en effet que les testateurs non seulement insistent sur la quantité de suffrages qu’ils désirent mais aussi que ces messes fassent l’objet d’un calcul, soient organisées minutieusement et s’intègrent dans un système complexe qui tend à concentrer le maximum de célébrations dans les années qui suivent le décès ». Cela est rendu possible par le bas prix des messes au détail qui les rend accessibles à tous. L’accumulation ne signifie pas forcément la demande de milliers de messes ; bien sûr, les plus riches peuvent se le permettre, les répartissant sur quinze ou vingt ans, « les plus pauvres se contentent souvent de moins de dix célébrations sur deux ou trois ans »89 Cette tendance à concentrer les messes le plus près possible du décès, se rencontre ailleurs : Franche-Comté, Lyonnais par exemple90.
51On la trouve aussi en Toulousain, mais souvent juxtaposée aux formes traditionnelles d’organisation de la demande de messes. Ainsi, là où se font les commémorations du lendemain, du neuvième jour et du bout de l’an, va-t-on multiplier le nombre de célébrations ces jours-là : six, huit, douze ou même trente messes seront dites.
52Si l’on excepte le cas d’un registre de la fin du XIVe siècle contenant essentiellement des testaments d’habitants de Castelmaurou91 (village situé au nord de Toulouse), le phénomène apparaît à Toulouse vers 1400 : on célèbre en général trente messes le jour de la sépulture et autant le lendemain et pour le bout de l’an ; les trois quarts des testateurs de la période 1400-1450 sont concernés. Plus on s’éloigne de Toulouse, plus le phénomène est tardif ; les villages du gardiage et de la viguerie sont touchés à partir du début du XVe siècle mais cette façon de faire ne devient majoritaire qu’à compter de 1430. Le Lauragais occidental n’est atteint que vers 1420 et présente des différences locales : les commémorations n’étant pratiquement pas demandées à Montgiscard et Cintegabelle, il n’y a pas, dans ces localités, d’accumulation de ce type ; par contre, elle existe à Montesquieu-Lauragais. Le Lautrécois ne connaît le phénomène qu’à partir de 142092, Caraman et le Lauragais oriental seulement vers 1440 et cela ne touche que le quart ou la moitié des testateurs93.
53Cette accumulation aux dates traditionnelles de commémoration concilie l’idée d’un temps de Purgation qu’il importe d’abréger et d’un passage par étapes dans l’Au-delà. Une autre façon de faire vise probablement le même but : c’est l’accumulation de messes juste après le décès ou dans l’année suivant celui-ci, sans souci de célébrations à date fixe. On veut donc des messes à célébrer « incontinent après le décès »94, « avant huit jours »95 « avant un an ». On fait même doubler le nombre de messes si l’héritier ne les a pas faites célébrer avant le terme fixé96. Ces pénalisations montrent l’importance que les fidèles accordent à ces célébrations proches du décès. Certains ordonnent leurs messes d’une façon décroissante : un maximum près du décès, un peu moins dans un délai d’un an, un peu moins encore pendant une dizaine d’années97, sans toutefois arriver aux répartitions minutieuses que Jacques Chiffoleau trouve à Valréas98.
54Rares sont les testateurs du Toulousain qui accumulent des messes de cette façon, ceux qui le font dispersent de plus leur demande entre plusieurs intermédiaires99 : c’est le cas de Bernard Dusan, salinier toulousain et de son épouse : lui veut qu’on célèbre, avant un an, vingt-sept trentains de messes de requiem : un dans chacune des sept églises paroissiales de la ville, cinq chez les Mineurs, autant chez les Prêcheurs et Augustins, un dans l’église du Saint-Suaire, un dans l’église de la Trinité, un autre dans l’église Saint-Barthélémi, un à Saint-Michel et un dans l’église Notre-Dame de Nazareth100. Son épouse demande trente trentains répartis comme suit : le jour de la sépulture et le lendemain : un trentain chaque jour chez les quatre Ordres Mendiants ; avant un mois : un trentain dans l’église de la Trinité, deux dans l’église paroissiale de Boulogne, un dans l’église du Saint-Suaire ; le reste des trente trentains doit être célébré aux Carmes (la moitié en messes de Notre-Dame, la moitié en messes de requiem) avant un mois, sauf un trentain qui sera célébré au bout de l’an101. Les deux autres testaments faits par Bemarde Dusan mentionnent aussi des célébrations avant une semaine, avant quinze jours, avant un mois102.
55Quelques testateurs demandent la célébration d’un anualis (sic) dans le Lyonnais, cela consiste en un memento du défunt au cours de la messe dominicale, pendant un an103 ; dans le Lauragais occidental, seul secteur le mentionnant, il s’agit d’une célébration, tous les jours, pendant un an, une sorte de chapellenie, donc, mais à temps limité104. Cet anualis coûte plus cher qu’un obit, entre douze et seize francs d’or105.
56On déborde de l’année traditionnelle du deuil, demandant des célébrations sur trois, dix ou vingt-neuf ans, cet espace d’une génération étant rarement franchi106. Parmi les testateurs réclamant des messes, 4,6 % veulent des chapellenies à temps limité : près de la moitié durent un an, 15 % entre un et dix ans.
57Ces services sont onéreux, consistant le plus souvent à pensionner un prêtre à raison de cinq ou dix livres tournois par an, à le loger ou bien à lui remettre les récoltes d’une terre107. Si le prêtre en question ne peut remplir sa charge car il change de paroisse ou décède, on prévoit son remplacement jusqu’au terme normal de la chapellenie108.
58On veut s’assurer l’exclusivité du prêtre célébrant d’où des désignations sous condition : ainsi un pêcheur de Cintegabelle lègue vingt florins d’or à Bernard de Ramonesio ou à Pierre Abbaudi, prêtres locaux, s’ils ne tiennent pas l’obit l’année suivant son décès ; s’ils tiennent l’obit ou la cure des âmes, l’héritier doit choisir un autre prêtre qui célébrera pour le défunt pendant un an109. Un notaire de la même ville lègue vingt florins d’or à Bernard de Ramonesio « pour messes et autres offices divins et prières pendant un an, à condition qu’il ne tienne pas un autre obit cette année-là »110.
59Toutes ces chapellenies à temps limité sont demandées par les plus riches : nobles, marchands, un peu plus tard clercs, hommes de loi, quelques artisans ; pas un seul laboureur ou brassier n’en ordonne.
60Une autre façon de cumuler les messes, c’est de constituer plusieurs chapellenies ou obits : à Castelnaudary, quelques testateurs réclament deux ou trois obits, plus rarement une douzaine ou plus111.
61Bertrande, épouse de Bertrand de Durfort, damoiseau, veut six messes par jour, à perpétuité112 ; la vicomtesse de Lautrec demande au moins quatorze anniversaires. Ces deux exemples traduisent, peut-être, plutôt qu’un désir d’accumuler les mérites des messes, le désir d’assurer le fonctionnement de plusieurs établissements ecclésiastiques, de montrer aussi la puissance, la richesse de la dynastie.
62Dans le Toulousain, les deux logiques, répétition et accumulation, coexistent dans les actes, comme en Comtat Venaissin, mais la croissance du système cumulatif y est beaucoup plus tardive, l’essor de la pratique s’effectuant entre 1400 et 1440 au lieu des années 1320- 1370, et, sauf à Toulouse, ce système ne touche que peu de monde contrairement au Comtat où il prenait l’avantage dès 1340-1380113.
63Jacques Chiffoleau établit une corrélation entre le développement de cette comptabilité et la pratique des pompes funèbres flamboyantes organisées par des testateurs se sentant orphelins ; pour lui, la messe serait « le seul support des échanges nécessaires entre les deux mondes, Ici-bas où se trouve une part de la famille et Au-delà où sont les ancêtres, la messe serait non seulement le Viatique par excellence mais aussi le dernier moyen de communication avec les patres »114
64Si, dans le Toulousain, le début de l’accumulation de messes correspond à peu près au développement des demandes de cortèges et de cierges lors des funérailles (surtout à Toulouse et dans les villages voisins), cela ne commence que cinquante ans après la Peste Noire et dans une zone où les testateurs n’apparaissent guère comme des orphelins coupés de leurs familles et de leurs ancêtres par les migrations et les crises de mortalité. Il est difficile de faire de l’accumulation un lien entre vivants et patres.
65L’accumulation n’est probablement que le meilleur moyen, pense-t-on, d’abréger le temps passé en Purgatoire, à un moment où s’installent dans les moindres bourgades bassins, autels et même confréries des âmes du Purgatoire115, et encore se produit-elle aux dates habituelles de commémoration, ce qui concilie, nous l’avons déjà dit, les idées traditionnelles du passage progressif dans l’au-delà avec la nouveauté du Purgatoire introduite par les clercs.
66L’accumulation de suffrages ne serait-elle pas une mode, diffusée depuis la cour pontificale, s’installant à Toulouse avec deux générations de retard et, de là, passant peu à peu dans les villages voisins, diffusée par les notaires qui, ayant pour la plupart fait leurs études à Toulouse et sûrement leurs premières armes chez les notaires du lieu, doivent répéter le schéma en usage dans cette ville, orientant par leurs questions les testateurs.
67Il ne faut pas oublier qu’une faible partie de la population s’exprime dans les testaments, celle qui possède un patrimoine et que, de plus, la moitié seulement des testateurs organise à peu près clairement sa demande de messes, ce qui ne peut que limiter la portée des observations que nous avons faites. La majorité des fidèles doit se contenter des services minima : messe le jour de la sépulture ou le lendemain et au bout de l’an. Seuls, les plus riches peuvent songer à multiplier les messes et à les grouper le plus près possible du décès pour réduire le temps d’errance de l’âme ou le temps de Purgatoire, ou bien à répéter les messes à perpétuité dans la perspective du Jugement Dernier.
68Michel Vovelle note, de même, que « le comportement des testateurs moyens reste plus près du système traditionnel des services échelonnés et codifiés que de la profusion nouvelle », que « la démesure reste le privilège de quelques-uns »116.
Notes de bas de page
1 A.D.H.G., 3E 9940, f° 38 r° : legs fait à un clerc, filleul de testateur s’il devient prêtre, pour qu’il prie Dieu pour les âmes des parents du testateur, vivants et morts.
2 A.D.H.G., 3E 12046, n° 216, f° 7 r°, 1420, Toulouse.
3 A.D.T., E388, f° 153 v°, 1446.
4 A.D.H.G., 3E 8582, f° 210 v°, Grenade, 1402. Raymond de Dolhio, marchand, lègue à la confrérie Notre-Dame toutes les rentes qu’il a acquises à Verdun ; en échange, les bayles doivent tenir un prêtre, choisi par eux, qui priera pour l’âme du testateur, ceci à perpétuité.
A.D.A. 3E 1494, f° 52 r°, 1422, Avignonet : un marchand lègue 40 £ tr aux Mineurs de Castelnaudary en échange de messes à perpétuité pour son âme et pour toutes les personnes, vivantes et mortes, envers lesquelles il est tenu ; A.D.A., 3E 1494, f° 12 r°, 1422, idem...
5 Ainsi, M.-Th. Lorcin in « Trois manières d’enterrement à Lyon », Revue historique, 1979, tome CCLXI, p. 13, note que prières et oraisons sont dépréciées par rapport à la messe.
6 « Quelle œuvre est meilleur pour aydyer une ame ? Response : le sacrement de la messe ne peut fallir », Gerson, Pour le jour des Morts, cité par M.-Th. Lorcin, Clauses religieuses..., op. cit., p. 321.
7 A.D.A., 3E 1494, f° 99 r°, 1382, Labécède ; pour ces raisons, Raymond Clerc institue une chapellenie dans l’église paroissiale.
8 Testaments provençaux du Moyen Âge. Documents paléographiques, sous la direction d’A. Ramière de Fortanier, Avignon, 1979, pp. 115-119. A. Mayfredi indique même la façon de procéder et la titulature des trente messes.
9 Cf. infra, p. 265.
10 Lorcin (M.-Th.), Clauses religieuses..., op. cit., p. 313.
11 Bastard-Fournié (M.), Mentalités..., op. cit., p. 279. Un testateur sur deux lègue de l’argent pour faire dire des messes.
12 Chiffoleau (J.), La comptabilité..., op. cit. En Forez, au XIVe siècle, 151 testateurs sur près de 3 000 lèguent de l’argent en échange de messes, cf. Gonon (M.), La vie religieuse..., op. cit., p. 285.
13 M.-Th. Lorcin dit la même chose, Clauses religieuses..., op. cit., p. 308.
14 A.D.T., E349, f° 33 v°, 1352, Lautrec : don d’une terre au vicaire de Saint-Rémi et à ses successeurs, en échange d’un anniversaire à la Sainte-Marie d’août, pour l’âme de la donatrice, de ses parents, son mari, son fils et toute sa famille. A.D.A., 3E 1493, f° 27 v°, 1420, Castelnaudary, don d’un cens d’un setier de froment en échange d’un obit perpétuel ; possibilité de rachat de la rente pour huit £ tr.
A.D.H.G., 3E 1993, f° 77 v°, 1450 : une femme donne la moitié de ses biens à un chanoine en échange de dix messes par an, qu’elle soit morte ou vivante.
15 Dans un cas cependant, il est question de prières en échange d’un legs à la coupe du Purgatoire : A.D.H.G., 3E 10135, f° 38 v°, 1446, Montgiscard.
16 Cf. les confréries, pp. 414-415.
17 A.D.H.G., 3E 8587, F 8 r°, 1432, Mervilla (cf. l’instant de la mort, p. 267). On paie en général un gros, soit 15 deniers tournois avant 1420, 20 par la suite. À cette époque, une journée de travail dans les vignes ou de labour est payée trois ou quatre sous. Le tarif des messes de requiem est le même en Lyonnais, cf. Lorcin (M.-Th.), Trois manières..., op. cit., p. 12. À Figeac, elles coûtent de 12 à 15 deniers, cf. Lartigaut (J.), Honneurs..., op. cil., p. 460.
18 A.D.H.G., 3E 10166, F 286 r°, 1451 A.D.H.G., 3E 10135, F 44 v°, 1446.
19 A.D.T., Lautrec E 365, f° 92 r°, 1411 : 30 deniers tournois ; cette messe est beaucoup plus chère en Comtat : un ou deux florins, cf. Chiffoleau (J.), La comptabilité..., op. cit., p. 324.
20 Un testateur de Castelnaudary paie 3 £ 15 s tr pour 60 messes et 20 £ 12 s 6 d tr pour 330 messes, soit 15 d tr la messe, A.D.A. 3E 1493, F 156 v°, 1420 et A.D.A. 961, F 158 r°, 1420. À Saint-Sulpice-la-Pointe, 52 messes à raison d’une messe par semaine pendant un an reviennent à deux £ alors qu’elles auraient dû coûter 3 £ 5 s (52 messes à 15 d tr), cf. Bastard-Fournié (M.), Mentalités..., op. cit., p. 279.
21 A.D.H.G., 3E 10166, F 13 r°, 143v3 : un trentain « de diem in diem post ejusdem obitu », Montgiscard ; mais aussi célébration en un seul jour : A.D.H.G., 3E 12046, n° 216, f° 7 r°, 1420, Toulouse.
22 A.D.H.G., 3E 8582, F 180 v°, 1401, Grenade ; A.D.H.G., 3E 8588, F 36 r°, 1395. Grenade : un trentain coûte cinq sous tournois ; A.D.A., 1493, F 202 v°, 1421, Castelnaudary : un trentain à 2£ 10 s tr ; A.D.A., 3E 1493, F 96 v° 1419, Castelnaudary : 30 gros (= 1 £ 17 s 6 d tr). A.D.H.G., 3E 22915, F 87 r°, 1441, Cintegabelle : deux francs d’or, etc.
23 Chiffoleau (J.), La comptabilité..., op. cit., pp. 324-325. Quelques mentions tout de même : A.D.H.G., 3E 8582, f°220 v°, Grenade, 1402 : sept messes de Notre-Dame et sept de Saint-Esprit coûtant chacune dix deniers tournois ; A.D.H.G., 3E 4395, f° 59 v°, Toulouse, 1429 : trente messes de requiem, une de Saint-Esprit, une de Trinité, une de Notre-Dame.
24 A.D.T., fonds Séry n° 10, f° 108 v°, Castres, 1449. A chaque prêtre célébrant deux chandelles « in introytu » de la messe et dix deniers tolsans « in exitu » de la messe, A.D.H.G., 3E 8582, f° 196 r°, Grenade, 1401.
25 En ne considérant bien sûr que les testateurs parlant de messes non perpétuelles et en admettant qu’on préfère la messe basse de requiem.
26 Lorcin (M.-Th.), Trois manières..., op. cit., p. 11.
27 A.D.H.G., 6J, liasse 66, 1440.
28 Lartigaut (J.), Honneurs funèbres..., op. cit., p. 461. À Figeac, les marchands demandent entre 300 et 1 000 messes, les artisans entre 60 et 200, les laboureurs 30 à 40. Pour lui, la demande de seulement dix-huit messes est une curiosité, tous les testateurs doivent donc réclamer des messes.
29 Chiffoleau (J.), La comptabilité..., op. cit., pp. 341-342 ; il ne donne toutefois pas le nombre moyen de messes réclamées par testateur. M. Gonon rencontre au XIVe siècle en Forez des demandes de 5 000 messes, La vie religieuse..., op. cit., p. 285.
30 Lorcin (M.-Th.), Clauses..., op. cit., p. 322 ; Lartigaut (J, ), Honneurs..., op. cit., p. 461 ; Folz (R.3, L’esprit religieux..., op. cit., p. 19 : demandes de 13, 20 ou 30 messes. Bastard-Foumié (M.), Mentalités..., op. cit. p. 279 : un ou plusieurs trentains, quelquefois des demandes de plusieurs centaines de messes. Dans l’ensemble, dans les quatre régions, les demandes d’un millier de messes sont exceptionnelles.
31 Bontruche (R.), Aux origines d’une crise nobiliaire... p. 163.
Jean de Grailly, captai de Buch, laisse de quoi faire dire 50 000 messes dans l’année qui suit son décès, 71 messes-anniversaires et 18 chapellenies (p. 164) ; Bernard d’Escoussans fait célébrer 25 000 messes pour son âme et 10 000 pour celles de ses ancêtres (p. 165) ; la petite noblesse du Bordelais se borne à demander de 1 500 à 5 000 messes, quatre à huit messes-anniversaires et une ou deux chapellenies.
32 Lorcin (M.-Th.), Vivre et mourir..., op. cit., p. 139. Là, de 1300 à 1460, le montant moyen des legs pour services religieux passe de 13 £ 6 s à 17 £ 2 s et celui des legs pieux de 35 £ 4 s à 2 £ 14 s.
33 Chiffoleau (J.), La comptabilité..., op. cit., p. 339 et suiv.
34 Cf. le paragraphe : les cérémonies commémoratives, p. 235 et suiv.
35 Selon les villes, un jour est privilégié. À Dijon, par exemple, les cérémonies se font les 3e, 7e, 30e jour, à Autun les 30e jour et jour anniversaire, cf. Folz (R.), L’esprit..., op. cit., p. 19 ; à Figeac, répétition le 9e jour et au bout de l’an, cf. Lartigaut (J.), Honneurs..., op. cit., p. 461.
Dans le Lyonnais, le 30e jour, le bout de l’an essentiellement, cf. Lorcin (M.-Th.), Clauses... op. cit., p. 312.
36 Voir Hertz (R.) Contribution à une étude sur la représentation collective de la mort, in Sociologie religieuse et folklore, Bibliothèque de sociologie contemporaine, PUF, Paris, 1970.
37 Chiffoleau (J.), La comptabilité..., op. cit., p. 327.
38 Cf. le tableau, p. 522. Le problème étant qu’en Lauragais et à Grenade, ces testateurs ne détaillent guère leur demande.
39 Jean La Terrada, chanoine de l’église Saint-Michel de Castelnaudary promet, en 1418, de donner à l’église, pour une chapellenie, 200 £ tr ; (A.D.A., G130, n° 17) dans son testament de 1421 (A.D.A., G134 et A.D.A. 3E 1494, f° 144 r°) il lègue à la place des 200 £ un campmas (exploitation agricole), même s’il excède les 200 £ tr. A.D.T., E 358, f° 287 r°, 1425, Lautrec : chapellenie basée sur un casai, un pré, une pièce de terre. On peut modifier une chapellenie ; ainsi, une famille récupère des terres et donne à la place un setier de froment annuel : A.D.T., E 417, f° 256 r°, 1440, Lautrec.
40 A.D.H.G., 3E 11810, n° 313, 1430, Toulouse. Jean de Balaguer veut qu’on constitue une pension de dix livres tournois sur ses biens de Saint-Girons pour entretenir un prêtre qui célébrera trois fois par semaine une messe de requiem à perpétuité. A.D.T., E 413, f° 42 v°, 1423, Bessières : un testateur constitue une rente annuelle de deux setiers de froment et 20 sous tournois sur ses biens.
41 A.D.T., Lautrec E 422, F 3 v°, 1430.
42 A.D.H.G., 112 H XIII-I, n° 13.
43 A.D.H.G., 3E 12046, n° 216, F 1 r°, 1420.
44 A.D.T., E390, F 74 r°, 1421, Réalmont : chaque samedi, deux messes de Notre-Dame et chaque lundi une messe pour les défunts ; A.D.A., G134 ; A.D.A. 3E 1494, f°144 r° ; A.D.H.G., 3E 11810 n° 313 etc. : trois messes par semaine ; A.D.T., E376, F 8 r°, 1416. Lautrec : deux messes par semaine. On observe la même chose en Franche-Comté, cf. Folz (R.), L’esprit religieux..., op. cit., p. 21.
45 A.D.H.G., 3E 10193, F 66 r°, Verdun, 1431 : « bon et honnête ».
46 A.D.H.G., 112 H XIII-I, n° 4, 1356.
47 A.D.T., E376, f° 8 r°, 1416, Lautrec : un filleul ; A.D.H.G., 3E 8582, F 210 v°, Grenade, 1402 : un filleul, s’il est prêtre séculier, puis, s’il vit encore sire Pierre de Villa, prêtre (ou bien si le filleul ne devient pas prêtre) puis un prêtre choisi par la confrérie Notre-Dame.
48 A.D.T., E390, f° 74 r°, 1421, Réalmont ; patrons de la chapellenie : l’épouse ou le plus proche parent du testateur ou de son épouse, sinon les consuls du lieu. A.D.A., 3E 1494, F 99 r°, 1424 (mais la chapellenie date de 1382), les patrons sont l’épouse et deux neveux. A.D.T., E415, F 14 v°, 1425, Lautrec (chapellenie fondée en 1359) ; les patrons sont les plus proches parents de la fondatrice.
49 A.D.A., H567, n° 11, 1348.
50 A.D.H.G., 3E 8582, F 210 v°, Grenade, 1402 ; A.D.H.G., 3E 8582, f° 4 v°, Grenade, 1393 : chapellenie vacante, le prêtre est choisi par la confrérie Notre-Dame.
51 Bien sûr, parmi les testateurs mentionnant une messe ou plusieurs. En Franche-Comté, cela a l’air plus répandu ou les testateurs sont plus riches : 46/115 au XIVe siècle et 37/91 au XVe siècle, dans l’officialité de Besançon, en instituent, cf. Folz (R.), L’esprit religieux..., op. cit., p. 22. À Saint-Sulpice-la-Pointe, un testateur seulement sur près de 300 en réclame une, cf. Bastard-Fournié (M.), Mentalités..., op. cit., p. 280.
52 A.D.T., E422, f° 19 v°, Lautrec, 1436 : messe la veille de la fête des Onze mille Vierges ; A.D.T., E385, F 27 v°, La Martinie, 1415 : messe le lendemain de la Saints-Simon-et-Jude.
53 II les associe à son propre anniversaire ou en constitue un spécialement pour eux. A.D.A., 3E 9444, F 139 v°, 1411, Castelnaudary : 30 £ tr en échange de trois obits, pour les âmes de la testatrice, de son fils prêtre et de ses parents ; une de ces messes doit être dite le jour anniversaire du décès de la testatrice, une autre le jour anniversaire du décès du fils. A.D.A., 3E 9449, F 190 r°, 1427, Castelnaudary : un obit pour la testatrice, un autre pour un couple et leur fils.
54 En Comtat, les demandes de chapellenies ne représentent que de quatre à huit pour cent des demandes de messes perpétuelles : Chiffoleau (J.), La comptabilité..., op. cit., p. 333.
55 Cf. le tableau, p. 523.
56 A.D.T., Fonds Séry, n° 10, F 108 v°, 1449, Castres.
57 A.D.T., Lautrec E 413, P 54 r°, 1423 etc. Un homme est beaucoup plus généreux, donnant douze écus d’or pour l’achat d’un calice et versant un setier de froment par an durant toute sa vie ; son héritier se libérera de cette rente en versant quatre écus d’or : A.D.T., E 422, f° 19 v°, Lautrec, 1436.
58 A.D.T., E 366, P 23 v°, 1407, noble du manse de Turre, près de Brousses.
59 Cf. le chapitre : les confréries pp. 414-415.
60 La vicomtesse Béatrix lègue en 1343, pour trois anniversaires, 100 £ tr, des draps de soie à gouttes d’or, deux coussins brodés d’or, une chape processionnelle. L’obit chez les Mineurs est-il vraiment aussi cher ou est-ce pour montrer le prestige de sa maison ? Elle ne donne pour deux anniversaires que 100 £ tr à l’église Sainte-Cécile d’Albi et pour un seul 16 £ tr au couvent de Prouille. Un autre testateur lègue 217 florins au cloître des Mineurs en échange de deux anniversaires, s’ils ne les célèbrent pas, le legs est annulé et passe à la confrérie de l’Eucharistie qui doit célébrer à leur place : A.D.T., E 357, f° 248 r°, Lautrec, 1415. Par contre, toujours en 1415, legs de huit livres tournois pour un anniversaire : A.D.T., E 385, P 27 v° ; legs de cinq sous tournois par an en 1416. A.D.T., E 376, P 8 r°.
61 A.D.T., E 403, f° 32 r°, Lautrec, 1444.
62 C’est-à-dire un setier de froment de cens annuel ou huit livres tournois, somme probablement nécessaire à l’achat d’un tel cens. A.D.A., 3E 1493, f° 134 v°, 1420 ; A.D.A., 3E9448, f° 158 r°, 1420 ; A.D.A., 3E 9449, P 8 r°, 1424, etc. Le prix est le même chez les Ordres Mendiants et chez les séculiers de l’église paroissiale. À Figeac, le capital constituant un obit est fonction de la fortune du testateur et peut-être de la conjoncture (on serait plus généreux lors d’une épidémie). S’il est versé sous forme de rente, celle-ci correspond à 5 % du capital, cf. Lartigaut (J.), Honneurs..., op. cit., p. 462. À Toulouse, un carton de froment, soit quatre setiers, coûte en moyenne deux livres tournois, le setier vaut donc dix sous tournois, cela correspond à 6,25 % du capital.
63 A.D.A., 3E 9446, f° 62 v°, 1416 : 200 £ tr pour 20 obits à Saint-Michel, testatrice de Villeneuve-la-Comptal ; A.D.A. 3E 10814, f° 30 v°, 1445, Laurabuc : 10 écus d’or à Saint-Michel, 10 écus d’or aux Mineurs de Mirepoix ; A.D.A. 3E 10814, f° 30 v°, 1449, Laurabuc : 10 écus d’or à Saint-Michel, 10 écus d’or aux Mineurs de Mirepoix. Quelques habitants de Castelnaudary lèguent aussi plus que la normale : A.D.A., 3E 1493, f° 56 v°, 1418 : 10 £ tr pour une messe de requiem solennelle ; idem 3E 1494, f° 3 v°, 1422.
64 A.D.A., 3E 1493, f° 166 r°, 1420, Issel.
65 A.D.H.G., 3E 10193, f° 66 r°, 1431.
66 A.D.A., 3E 1394, f° 152 r°, 1420 : un marchand donne 50 £ tr à l’obit de Saint-Michel et 1 000 tuiles pour couvrir la sacristie en échange du service, tant qu’il vit, de trois messes de Saint-Esprit, une de Trinité, une des morts et, après sa mort, de trois messes de requiem. A.D.A., 3E 9444, f° 21 r°, 1408, donation au procurateur de l’obit de 8 £ tr pour une messe de requiem solennelle à perpétuité. A.D.A., 3E 9449, f° 156 ro, 1426 : un chanoine de Saint-Michel donne au procurateur de l’obit un hôtel, en échange, célébration d’une messe de Saint-Esprit, chaque année, tant qu’il vit et d’une messe de requiem par an quand il sera mort.
67 A.D.A., 3E 9444, f° 148 r°, 1412 « in augmenta obitum » 10 £ tr, etc.
68 A.D.A., 3E 9449, F 156 r°, 1426 ; A.D.A., G134, 1421.
69 A.D.A., 3E 1494, f° 120 v°, 1425 ; A.D.A., 3E 1494, F 113 r°, 1423 ; G 134, 1421, etc.
70 À Lavaur, il semble que les Mineurs pratiquent des prix inférieurs à ceux du chapitre cathédral. Nous avons des exemples de constitution d’obit chez eux pour cinq £ tr contre huit ou dix £ tr dans la cathédrale : A.D.T., fonds Lafage et Cambefort 134, F 177 r°, 1407 et A.D.T. Fonds Lafage et Cambefort 134, F 185 r°, 1407.
71 Testament de Jean Sésale, curé de Fanjeaux, A.D.A., H 581, n° 7, 1423.
72 A.D.H.G., 112 H XIII-I, 13, 1372 : pour 200 florins, une messe solennelle ou deux messes basses par an chez les Carmes ; la même chose chez les Mineurs.
73 A.D.H.G., 101 H 119, F 236 r°, 1406 : 10 £ tr pour une messe de requiem pour l’âme de la testatrice et celle de son mari, chaque année, à Saint-Sernin. Les églises paroissiales sont peut-être plus accommodantes que les couvents de Mendiants.
74 Cf. Chiffoleau (J.), La comptabilité..., op. cit., pp. 331-332.
75 Voir Huyghebaert (N.), Les documents nécrologiques in Typologies des sources du Moyen Âge occidental, fascicule, Tumhout, 1972 ; Lemaître (J.-L.), Obituaires, calendriers et liturgie paroissiale, in L’Église et la mémoire des morts, op. cit., pp. 133- 145 ; Mourir à Saint-Martial. La commémoration des morts et les obituaires à Saint-Martial de Limoges du XIe au XIIe siècle, Paris, de Boccard, 1989 ; La commémoration des défunts à Saint-Pons de Thomières, in Cahiers de Fanjeaux n° 33, à paraître.
76 A.D.A., 3E 9453, F 58 r°, 1437, etc.
77 A.D.H.G., 101 H 119, f° 236 r°, 1406 : mortologium de Saint-Sernin ; A.D.A. H581, n° 7, 1423 : mortologium de la cathédrale de Narbonne ; A.D.H.G., 3E 12046 n° 216, f° 1 r°, 1420 : mortologium des Carmes (ceci pour que dans le futur on continue de servir cette messe).
78 A.D.H.G., 3E 11810, n° 313 : à noter qu’on appelle obit une célébration qui semble plutôt une chapellenie puisqu’elle s’effectue trois fois par semaine ou trois semaines par an (?)
79 Huyghebaert (N.), Les documents nécrologiques, op. cit., p. 35.
80 A.D.T., IIIE 584, F 16 r°, Lombers, 1411.
81 A.D.H.G., 3E 537, f° 173 v°, 1450.
82 Cf. la tombe, le tombeau, p. 158 et suiv.
83 Dans le Lyonnais, l’anniversaire coûte de 5 à 40 £ tr jusqu’en 1348, 4 à 25 £ tr de 1390 à 1420, cf. Lorcin (M.-Th.), Trois manières d’enterrement à Lyon de 1300 à 1500, Revue historique 1979, p. 12. A Cavaillon et Valréas, entre 5 et 15 florins ; 25 à 100 florins dans les plus grandes villes, cf. Chiffoleau (J.) La comptabilité..., op. cit., pp. 336- 337.
84 Lorcin (M.-Th.), Vivre et mourir..., op. cit., p. 140 : 53,2 % entre 1390 et 1419, 84,1 % entre 1300 et 1348.
85 Chiffoleau (J.), La comptabilité, op. cit., p. 336 : variations de la période 1400-1410 à la période 1490-1500.
86 Folz (R.), L’esprit..., op. cit., pp. 19-20 : 29 demandes à Autun pour 31 testateurs, 24 à Beaune pour 24 testateurs, 120 dans l’offïcialité de Besançon pour 286 testateurs.
87 Cela est peut-être dû au poids de la coutume.
88 Cf. le chapitre : les résistances au Purgatoire, p. 280 et suiv.
89 Chiffoleau (J.), La comptabilité..., op. cit., pp. 341-342 Cette expression « comptabilité de l’au-delà » est employée par Monseigneur Michaud in L’Église en prière..., op. cit., p. 425.
90 Folz (R.), L’esprit..., op. cit., p. 19. 11 a un cas de célébration de 1 000 messes en un an et un autre de messes à célébrer « citius et brevius quod fieri possit » ; Lorcin (M.-Th.), « Trois manières... » op. cit., p. 10 ; à Lyon entre 1471 et 1501 : 5 % des messes sont célébrées après un an, 42 % en un an, 16 % en un mois, 11 % en une semaine, 23 % dans les 48 heures.
91 A.D.H.G., 101 H 102, Pierre Garroti, notaire de Toulouse, demeurant à Castelmaurou.
92 Par exemple, A.D.T., E413, f° 42 v°, 1423 : Jordan Calmetas, chevalier, docteur ès lois, de Bessières, veut 80 prêtres le jour de sa sépulture, pour le revic (= le lendemain), pour la neuvaine.
93 Bien sûr, nous avons quelques cas avant les dates citées, mais ils sont très rares : ainsi, à Baziège en 1396, dix messes le jour de la sépulture, dix le lendemain, trois au bout de l’an, A.D.H.G., 3E 10160, f° 85 v°.
94 A.D.H.G., 3E 10136, f° 207 r°, Montgiscard, 1450 : « incontinente et illico » ; A.D.A., 3E 9444, f° 139 v°, 1411, Castelnaudary : 20 £ tr pour messes dites incontinenti après le décès ; A.D.A., 3E 1493, f° 52 r°, 1418, Castelnaudary etc.
95 A.D.A., 3E 1493, f° 52 r°, 1418, Castelnaudary : « infra octo dies ».
96 A.D.H.G., 3E 537, f° 125 v°, Toulouse, 1448, les messes doivent être célébrées avant un an, sinon elles seront doublées. A.D.H.G., 3E 6144, f° 1 r°, 1440. Toulouse : l’héritier doit faire célébrer quatre trentains de messes avant un an, s’il ne le fait pas, sept mésalhées de terre doivent être vendues par les exécuteurs et l’argent servira à la célébration, tout l’argent même s’il y en a plus que nécessaire pour quatre trentains. Peut-être par manque de prêtres, on accepte que les célébrations ne soient pas faites au jour demandé : les messes seront dites « avant huit jours si c’est possible », « le lendemain de la sépulture ou avant le neuvième jour ». A.D.H.G., 3E 6145, f° 103 r°, 1442, Toulouse : le jour de la sépulture 40 messes de requiem ou dans les jours suivants jusqu’au troisième. A.D.H.G., 3E 10166, f° 44 v°, Aygues-Vives, 1433 : lendemain de la sépulture, ou « infra novenam », douze messes de requiem.
97 A.D.H.G., 3E 4395, f° 38 r°, 1425, Toulouse : une messe le jour de la sépulture, 60 avant un mois, 72 ? pendant dix ans.
A.D.H.G., 3E 3897, f° 41 r°, Toulouse, 1426 : 210 messes le jour de la sépulture, 210 le lendemain, 50 au bout de l’an.
98 Chiffoleau (J.), La comptabilité..., op. cit., pp. 348-352.
99 A.D.H.G., 3E 5011, f° 136 v°, 1449 : 500 messes avant un an : 100 de requiem et 100 de Notre-Dame chez les Prêcheurs, 100 de requiem chez les Mineurs, 100 de requiem chez les Augustins, 100 de Saint-Esprit chez les Carmes.
100 A.D.H.G., 3E 12046, n° 216, F 1 r°, 1420.
101 A.D.H.G., 3E 12046, n° 216, F 7 r°, 1420.
102 A.D.H.G., 3E 12046, n° 216, F 11 r°, 1428 : un trentain le jour de la sépulture, un le lendemain, deux avant 15 jours, un avant six mois. A.D.H.G., 3E 12046, n° 216, F 13 r°, 1434 : un trentain le jour de la sépulture, un le lendemain, trois avant une semaine, trois avant un mois, vingt et un avant un an, un au bout de l’an.
103 Lorcin (M.-Th.), Clauses..., op. cit., p. 312.
104 Un cas original : un testateur de Besplas demande qu’on fasse un anualis « post quatuor annos a die sui obitu », A.D.A., 3E 10814, F 33 v°, 1448 (pour 12 écus d’or).
105 A.D.A., 3E 9455, F 168 r°, 1438, Lasbordes : 15 écus d’or, A.D.A., 3E 9452, F 21 v°, 1444, Lasbordes : 16 francs pour une célébration pendant un an, trois fois par semaine. A.D.A., 3E 10814, F 30 v° ; 1449, Laurabuc : 14 écus d’or pour un anualis (encore appelé cantagiuni).
106 A.D.H.G., E 390, 1390 : Sire Bernard-Raymond Ysalguier, chevalier, lègue dix livres tournois à un Prêcheur pour messes et autres offices pendant 40 ans ; A.D.H.G., E390, 1390 (autre acte) Sire Jean Ysalguier, chevalier, lègue 5 £ tr pour le même service mais pendant 50 ans.
107 A.D.H.G., 3E 8582, f° 4 r°, 1393, Grenade, une femme donne les récoltes d’une terre et d’une vigne, pendant six ans, à un prêtre, en échange de célébrations et de prières ; il garde les terres tout le temps nécessaire pour qu’il y ait six récoltes ; il doit faire travailler la vigne à ses frais et payer tailles et oblies.
108 A.D.H.G., 3E 8582, f° 210 v°, 1402, Grenade, etc.
109 A.D.H.G., 3E 22910, f° 141 r°, 1413+. Le prêtre tenant l’obit doit préalablement célébrer pour tous les défunts ayant constitué un anniversaire.
110 A.D.H.G., 3E 22910, f° 83 r°, 1412.
111 A.D.A., 1481, f° 62 V°, 1416, Villeneuve-la-Comptal, la domina du lieu demande vingt obits à célébrer dans l’église Saint-Michel de Castelnaudary ; A.D.A., 3E 1494, f° 120 v°, 1425, Castelnaudary : un marchand lègue un campmas à l’église paroissiale en échange de quatre obits par an ; A.D.A., 3E 9452, f° 67 r°, 1450, un prêtre de Saint-Michel lègue une maison en échange de douze obits.
112 A. D.H.G., 112 HXIII-I, 13, 1372 : 2190 messes par an.
113 Chiffoleau (J.), La comptabilité..., op. cit., pp. 354-355.
114 Ibidem, pp. 355-356.
115 Peut-on mettre aussi comme motif celui donné par J. Chiffoleau, La comptabilité..., op. cit., pp. 353-354 : les messes répétitives sont immuables, contrôlées par les clercs alors que les messes cumulatives donnent plus d’initiative aux laïcs qui les ordonnent à leur guise ; c’est d’ailleurs une période où les laïcs interviennent de plus en plus dans la vie religieuse, gérant les fabriques, constituant des confréries.
116 Vovelle (M.), La mort et l’Occident..., op. cit., p. 173.
Notes de fin
1 Ces sommes sont inférieures à la réalité car les legs en nature ne sont pas comptabilisés (cire, donnes de pain et vin, legs immobiliers). Sont exclus aussi des sommes obtenues les frais afférant aux funérailles : cierges, legs aux participants au cortège, aux exaudi.
Quelques legs exceptionnels faussent les résultats, ainsi Bertrande de Durfort consacrant plus de 1 300 florins pour messes et prières (ADHG, 112 H XIII. I., n° 13, 1372).
2 Dans le Lautrécois, très peu de testateurs précisent qu’ils souhaitent des messes, ces pourcentages ne s’appliquent donc qu’à un petit nombre.
3 Dans ces localités, très peu de testateurs réclament des messes, les pourcentages obtenus sont donc peu significatifs.
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