L’animal dans la ville à l’époque moderne
Le cas de Toulouse
p. 187-251
Texte intégral
1S’il est vrai que les animaux ont une histoire1, l’histoire urbaine de l’animal est un terrain peu exploré. Ce constat historiographique se vérifie que l’on considère les travaux d’histoire urbaine stricto sensu2 ou ceux consacrés à l’histoire de l’animal3. On ne peut donc que souscrire à l’observation d’Olivier Zeller lorsqu’il écrit que « l’attention des historiens ne s’est que très exceptionnellement focalisée sur la présence animale en milieu urbain »4. C’est ainsi une ville ancienne quasiment vide de toute présence animale qui est proposée d’ordinaire dans la production historique5. Il y a manifestement là un hiatus entre l’état de nos connaissances sur cette question et l’idée que l’on se fait généralement de l’ancien mode de vie urbain tant il est vrai que l’on imagine volontiers des rues encombrées de chevaux et d’animaux de toutes sortes. Telle est du moins l’image à laquelle nous ont familiarisé les romans historiques et le cinéma, depuis les films de cape et d’épée jusqu’aux films historiques récents dans lesquels il est rare qu’il ne se trouve pas au moins un plan pour marquer ou suggérer l’importance de la présence animale dans la ville. Cette « idée-image »6 constitutive de notre appréhension de la ville ancienne et que l’on pose même comme une « évidence »7, mérite assurément d’être vérifiée.
2À travers l’étude du cas de Toulouse sous l’Ancien Régime, on se propose de rendre compte ici du fruit d’une enquête sur la place de l’animal dans la ville ancienne qui s’enracine dans notre thèse8 et que nous nous sommes attaché à développer en cherchant à l’étendre autant que faire se pouvait. À défaut de pouvoir aborder ici tous les problèmes qui se posent et d’explorer ou d’esquisser toutes les pistes qu’ouvre un tel chantier, on exposera un premier état des principaux résultats de cette recherche qui est toujours ouverte et qui ne prétend pas à l’exhaustivité. Ce faisant, il a semblé intéressant, sinon utile, de présenter tant les acquis de l’enquête que les zones d’ombres que l’on peut identifier, les points d’achoppements sur lesquels on bute, voire les impasses auxquelles on aboutit. Nous nous sommes aussi efforcé de développer la dimension comparative avec les éléments d’informations qui ont pu être glanés sur la question pour d’autres villes du royaume afin d’être mieux à même d’apprécier les phénomènes enregistrés à Toulouse.
I- Des animaux omniprésents dans la ville mais dont l’importance se dérobe à l’investigation
3Aujourd’hui comme hier, parler de l’animal dans la ville, c’est embrasser un ensemble de réalités et de situations aussi multiples que diverses. Avançant sur un terrain quasiment vierge, la première démarche qui s’impose est de chercher à apprécier la place des animaux dans l’ancienne vie urbaine et, ce faisant, de tenter d’évaluer l’importance de la population animale. Dès l’abord, il convient de souligner la difficulté de l’entreprise. Le fait tient à la relative pauvreté de la base documentaire où l’on a cherché en vain tout recensement fournissant des dénombrements d’animaux9 et à son caractère très hétérogène. Il en résulte que le tableau de la situation que l’on peut établir comporte de nombreuses zones d’ombres et autant d’incertitudes. De plus, il se révèle très inégal selon les races et les fonctions des animaux.
a- L’élevage urbain : une réalité majeure de la ville ancienne
4Ainsi que le rappelait Edme de La Poix de Freminville :
« Il y a plusieurs animaux et volailles qu’il n’est pas permis d’élever et nourrir dans les villes ; tels sont les porcs, truies, boucs, chèvres, cochons, lapins, livres, pigeons, poules, poulets, oies, oisons, poulets d’Indes, canes et canards ; non seulement les ordonnances de police les ont défendus dans tous les temps, parce qu’elles causent de l’infection, mais quelques-unes de nos coutumes en ont fait des loix (...) »10.
5En théorie, la législation royale11 comme la réglementation capitulaire12 interdisaient d’élever des animaux dans la ville. Dans les faits, cette pratique perdurait. Ainsi, Louis-Sébastien Mercier rapportait-il qu’à Paris, la plupart des gens pauvres, « malgré les défenses de police, élèvent dans leurs taudis quantité de lapins qu’ils nourrissent avec des feuilles de choux ramassées dans les rues. Ils mangent ensuite ces lapins, et cette nourriture les rend pâles et jaunes. Ils vivent avec les races puantes qu’ils font pulluler tout exprès pour le service de leurs tables ; leur garenne est à côté de leur lit (...) »13.
6À Toulouse comme ailleurs14, cet élevage se dérobe à l’investigation15. Le meilleur exemple en la matière est le silence des inventaires après décès sur cette présence animale16. On touche là une des limites de ce type de document17. Il apparaît, en effet, que si les notaires notaient – plus ou moins – scrupuleusement le contenu et l’état de l’intérieur des habitations, ils n’enregistraient pas les animaux que l’on élevait chez les particuliers. Ils ne portaient pas davantage attention aux éléments de mobilier (cages, boites) relatifs à ces élevages. L’étude des inventaires après décès toulousains permet aussi de constater que les notaires entraient rarement dans le détail des biens se situant à l’extérieur de maisons (à commencer par l’état de l’édifice), dans les basses-cours, les granges, « corps de logis » et autres dépendances dont les spécialisations sont rarement précisées18. De la même façon, le praticien ne s’attardait guère sur les écuries et les étables dont les mentions sont relativement rares. Situées à proximité immédiate des habitations, de telles dépendances se rencontraient « surtout chez la petite bourgeoisie et les classes populaires »19, ce que vérifie l’étude des propriétés des marchands où les cours et basses-cours étaient « surtout le fait des petites et moyennes fortunes »20. Cela étant, ces dépendances n’étaient pas forcément consacrées aux animaux. C’est ce qui ressort de l’étude du cas des artisans du bâtiment pour lesquels, « dans l’ensemble, les dépendances ont une fonction en rapport avec le métier du défunt. Ici, la fonction originelle étant détournée au profit de l’activité professionnelle »21. Seules 14 % des dépendances appartenant à ces artisans paraissent avoir abrité des animaux22. Pour autant que l’on puisse en juger, c’étaient donc les couches inférieures de la société qui entretenaient un petit élevage pour agrémenter leur ordinaire23. Le fait n’est somme toute guère pour surprendre. Quant aux couches supérieures de la population, l’absence de mention d’élevage peut s’expliquer par les biens qu’elles possédaient dans les environs de Toulouse où elles pouvaient laisser leurs bêtes aux bons soins de leurs métayers ou de quelque voisin. Ainsi, par exemple, Jean-Arnaud de Tiffaud, écuyer et ancien capitoul (en 1680 et 1691), faisait-il garder par ses métayers de Garuc, outre son bétail, deux juments et deux poulains24. À la lumière de ces éclairages concordants, on pourrait être tenté d’en conclure que l’élevage citadin était un phénomène sinon négligeable du moins peu important si les ordonnances de police n’apportaient un autre son de cloche.
7Les actes réglementaires des capitouls attestent qu’il n’était pas rare de trouver dans les logements de petits élevages de lièvres, lapins et autres pigeons25. Il est aussi acquis que les habitants y élevaient de la volaille et des cochons. Ce faisant, ces bêtes n’étaient pas toujours confinées dans les maisons et appartements des particuliers qui n’hésitaient pas à les laisser vaguer librement dans les rues afin qu’elles y trouvent leur pitance, donnant ainsi à certains quartiers l’allure d’une gigantesque basse-cour26. Telle que l’on peut l’appréhender, cette situation apparaît assez représentative d’un phénomène urbain que l’on retrouve à l’identique dans toutes les villes anciennes27.
8Cette présence d’animaux dans les habitations et sur la chaussée rend compte de la perduration en milieu urbain d’habitudes rurales profondément ancrées dans les mœurs. « La coexistence quotidienne des bêtes et des gens, au sein des maisons rurales élémentaires – ’maison-bloc à terre’ ou ‘maison en hauteur’ – a été maintes fois soulignée, non seulement dans les hautes vallées alpines, mais aussi dans l’Ariège ou dans le Sud et l’Ouest du Massif Central. Cette intimité avec les animaux a sans doute répandu différentes maladies : la morve, très grave, et le farcin, simplement cutané, provenaient du cheval ; le charbon des moutons communiquait la pustule maligne aux bergers ; certaines gales animales passaient aux humains ; la teigne tondante ou tonsurante, parasitaire et contagieuse, fréquente chez les bovins, transmissible à l’homme, était nommée indères en Auvergne, endaï en Limousin et brillants en Languedoc, trois provinces particulièrement infectées »28. Mais est-ce bien d’habitudes spécifiquement rurales dont il s’agit en l’occurrence ? Il y a lieu d’en douter. En effet, l’importance de l’élevage domestique et les problèmes de santé et de salubrité engendrés par ces animaux sont autant de réalités qui transcendent l’histoire urbaine. Le fait est bien connu pour l’époque médiévale où les mentions les concernant sont légions qui ne diffèrent guère de celles dont il vient d’être fait état29.
b- Des troupeaux dans les rues pour l’approvisionnement de la ville viandes
9L’approvisionnement de la capitale provinciale en viandes (bovine, ovine ou porcine) drainait régulièrement dans les rues de la ville de véritables troupeaux destinés aux affachoirs (i.e. abattoirs). Ce flux animalier apparaît comme un trait caractéristique d’un ancien mode de vie urbain qui transcende les périodes historiques30.
10Contrairement à d’autres grandes villes comme Paris ou Lyon31, mais comme dans bien d’autres villes (notamment méridionales)32, les sources font défaut qui permettraient d’apprécier sur la longue durée le nombre de bêtes passées par les rues via les abattoirs toulousains. Avant la fin de l’Ancien Régime, seules des données éparses et toujours ponctuelles ont pu être trouvées33. Nous avons eu le bonheur de trouver un document plus complet. Il s’agit d’un Etat des bœufs, veaux et moutons abattus dans les affachoirs de Toulouse, du 8 février 1788 au mois de juin 1790, établi sur ordre de l’intendant, le 4 décembre 1790, par le subdélégué Jacques Manen avec les bayles des maîtres bouchers, d’après les registres du seul affachoir de Tounis34. En synthétisant les données de ce document (qui donne hebdomadairement un relevé du nombre de bovins et d’ovins) on peut se faire une idée de l’activité de cet abattoir à la veille de la Révolution (cf. annexes 1 et 2).
11Pour apprécier le nombre d’animaux menés dans la ville pour y être abattus, il faut se reporter à l’Almanach historique de la ville de Toulouse qui donne un état général des bêtes pour les années 1789 et 1790 (ce dernier étant identique à celui de l’année précédente)35. « Indépendamment de la viande dont différens particuliers vont se pourvoir aux boucheries qui sont hors du gardiage36 », précisait l’auteur, il dénombrait :
1 700 bœufs ;
6 500 veaux ;
33 000 moutons ;
50 000 agneaux et chevreaux ;
40 000 cochons.
12Relevons l’absence de mention de chevaux. Nous inclinons à penser qu’il ne s’agit pas là d’un oubli car les informations dont on dispose par ailleurs sur la consommation à Toulouse ne font jamais état de viande chevaline. Restons sur l’idée qu’au total 131 200 bêtes au moins (autrement dit, officiellement) transitaient dans la ville vers les abattoirs à la fin de l’Ancien Régime. Le chiffre peut laisser songeur.
13La provenance de ces animaux reste à déterminer au cas par cas. En effet, il est établi que l’élevage (bovin et ovin) n’était guère développé dans le diocèse de Toulouse et ses zones limitrophes37. En 1768, le subdélégué de Toulouse observait :
Il y a communément des troupeaux plus ou moins considérables dans la plupart des granges ou métairies de grande valeur. Les plus nombreux ne passent guère 100. Ils sont communément de 20 à 40 et l’on n’en compte que trois ou quatre dans chaque communauté. Il n’est pas possible d’en connoître la quantité sans en faire faire des denombremens exacts38.
14Et de préciser :
Ces animaux sont tous consommés dans le païs et l’on est même obligé d’avoir recours aux provinces voisines pour la fourniture de la ville de Toulouse où il s’en fait une consommation très considérable.
15Quant aux porcs, si leur élevage était communément répandu dans les campagnes, il était surtout destiné à l’autoconsommation des paysans39. En revanche, la production de volaille était assez importante pour satisfaire les besoins de la métropole et permettre d’en exporter beaucoup pour approvisionner le Bas-Languedoc40. L’élevage bovin du Midi toulousain était loin de suffire à l’approvisionnement de la capitale languedocienne. Heureusement la Montagne Noire, la province de Guienne et le Quercy y suppléent, écrivait le subdélégué de Toulouse41. Quant aux ovins, tout aussi peu nombreux dans le Midi toulousain malgré des efforts pour développer leur production42, il est acquis qu’une partie des troupeaux de moutons destinés à la consommation toulousaine provenait des Pyrénées (surtout des vallées d’Aspe et d’Ossau)43.
16Parvenues à destination, les bêtes étaient parquées dans les faubourgs ou le gardiage de la ville où les professionnels de la viande possédaient ou louaient des granges et des écuries à cet effet. De là, les animaux étaient conduits directement aux abattoirs. Mais, sur leur route, les bergers, les chevrotiers et les bouchers prirent l’habitude de faire une halte aux promenades de la ville où leur bétail pouvait paître tranquillement. Ce faisant les troupeaux faisaient des dégâts considérables contre lesquels s’élevèrent les capitouls qui interdirent qu’on les conduise dans ce lieu44, interdiction qu’ils eurent bien du mal à faire respecter45.
c- Bêtes de somme et chevaux
17Outre les animaux destinés à la consommation des particuliers, il faut tenir compte des chevaux et autres mulets. Plus que toute autre bête, ils sont étroitement associés à l’image que l’on se fait communément de l’ancien mode de vie urbain.
18Plaque tournante de première importance du commerce méridional, Toulouse était une ville d’entrepôts vers lesquels étaient drainées des marchandises de toutes sortes. Leur transport était en grande partie assuré par des convois d’ânes et de mules. Le fait est acquis pour le blé destiné aux deux grands moulins du Bazacle et du Château Narbonnais46. Or, de ces convois, des bêtes qui les composaient comme des hommes chargés de les conduire, on ignore tout. Le silence de la documentation accuse à leur égard un silence surprenant.
19Les mentions concernant les chevaux sont peu nombreuses et souvent indirectes, renvoyant le plus souvent aux aubergistes et aux loueurs de chevaux sur lesquels on ne possède pas d’information quant au nombre d’animaux qu’ils avaient47. On ignore aussi combien de bêtes étaient utilisées par la poste ainsi que par l’académie d’équitation de la ville. Quant aux inventaires après décès, ils se révèlent très décevants. Le meilleur exemple est fourni par les inventaires des parlementaires, si prolixes sur les équipages mais où « l’absence de chevaux est systématique »48. S’il fallait en juger d’après l’enquête de 1788 sur les chevaux et les mulets de la subdélégation de Toulouse, il n’y aurait eu alors que 27 chevaux (et aucun mulet) à Toulouse49. Plus fiable semble être l’enquête de la Commission d’agriculture et des arts faite en l’an III. Il y avait alors dans la commune de Toulouse : 550 chevaux ; 375 juments et 42 poulains50. Ces chiffres n’en demeurent pas moins bien bas pour une ville telle que la capitale languedocienne, surtout si on les compare aux 20 000 chevaux d’attelage, sans compter les mulets, présents en permanence à Paris à cette époque51.
20Le fait s’explique en partie en ceci que l’élevage chevalin était peu développé dans le Haut-Languedoc et singulièrement dans la région toulousaine. Pour Georges Frêche, cette situation résultait « d’une préférence marquée des paysans envers les bœufs pour effectuer les labours »52. Effectivement, à la veille de la Révolution, un mémoire nous apprend que
L’habitude, peut être la qualité du terrein dans quelque parties du diocese, font que le cultivateur n’emploie que des bœufs au travail des terres. L’empire de cette habitude est si fort que l’epizootie qui en avait enlevé une grande parite ayant obligé de leur substituer des mules et des chevaux, on s’empressa, des l’instant qu’il fut permis de se pourvoir de nouveau de bœufs. Leur nourriture plus facile et moins dispendieuse, la difficulté des charrois dans les pays boueux, mais plus encore l’imperitie des laboureurs à conduire et soigner les mules ou chevaux, ont toujours fait préférer le service des bœufs (...). Il serait mal aisé d’indiquer les moyens de remédier à cette rareté (...). En façonnant nos laboureurs à l’usage des chevaux et des mulets on pourrait les accoutumer à se passer de bœufs : mais outre l’aversion qu’ils ont à se servir de ces animaux, l’espèce en est encore plus rare53.
21Et l’auteur d’expliciter la situation de l’élevage des chevaux :
Je ne dois pas laisser ignorer que la race des chevaux en tout genre est absolument perdue. On n ’en trouve plus à quel prix qu’on les veuille du moins de race du pays. Autrefois il y avait prés de Grisolles un village fameux pour les poulains, ou les espagnols ne manquaient pas de venir se pourvoir. Ils jetaient ensuite ces poulains dans les pâturages d’Espagne pendant une couple d’années et il en résultait des chevaux de voiture plus estimés que ceux de Naples. Les rivières du Girou et du Lers en fournissaient aussi d’une tournure inférieure, mais très convenables à une espèce de service moins brillant. Aujourd’hui on n’y trouve plus rien. D’abord la facilité qu’on a laissée aux espagnols d’enlever les poulains, pouliches et les jeunes mules tandis que les français ne peuvent parvenir à tirer des chevaux de chez cette nation qu’après avoir triomphé des plus grands obstacles, ont infiniment aggravé le mal. D’un autre coté les particuliers qui tiennent des juments pour en obtenir des produits, préfèrent de les faire saillir par le baudet que par un étalon, quoiqu’elles fussent de taille et de tournure à produire de beaux poulains. La raison en est toute simple. Une mule ou mulet est commerçable au bout de 5 à 6 mois, tandis qu’il faut attendre un poulain au moins jusqu’à l’age de 3 ans, pour qu’il ait quelque valeur. La disette des pâturages, l’espérance prochaine d’un profit réel ne laisse pas balancer le particulier sur le chois de ces produits. Je ne dis pas qu’on doive lui ôter la liberté, et l’astreindre à exécuter le règlement de 1717 concernant les haras, tombé aujourd’hui en désuétude, mais sans porter atteinte à sa liberté, on pourrait par des encouragements et des privilèges faire naître en lui le désir d’élever des poulains, et lui inspirer de l’éloignement pour la propagation des mules dont aucune au surplus ne demeure dans le pays. Elles sont presque toutes destinées pour les espagnols comme les poulains l’étaient lorsqu’il y en avait. Quelques récompenses, on le répète, rétabliraient dans peu d’années le goût d’élever des poulains, surtout si on y ajoutait le soin de mettre des haras d’une belle espèce à portée de ceux qui seraient tentés par l’appât du gain d’embrasser ce genre de spéculation. On a vû autrefois en résulter de très jolies productions dans les remontes que la cavalerie et les dragons venaient y faire54.
22La solution préconisée par l’auteur pour relancer l’élevage chevalin paraît très optimiste sinon utopique. En effet, on sait que les Etats de Languedoc avaient tenté, au début du XVIIIe siècle, de relancer cet élevage dans la province. En 1701, ils firent l’acquisition de 26 étalons importés d’Allemagne et de 36 juments qu’ils répartirent dans la province55. Dès l’année suivante, l’initiative apparaissait comme un échec56. L’assemblée provinciale n’entendit cependant pas en rester là et continua, quelques temps encore, à soutenir le projet, mais en vain. En 1705, les commissaires des haras demandèrent son appui afin que l’on fasse connaître au public par des instructions imprimées « qu’il n’y a pas de commerce qui donne un plus grand profit que celuy des haras, puisqu’il produit ordinairement dans les provinces où il est estably au moins le denier trois des sommes qu’on y employé »57. Cette initiative ne suffit pas à dynamiser l’élevage chevalin et les haras ne tardèrent pas à disparaître des préoccupations des États. Le Midi toulousain fut ainsi totalement dépourvu d’élevage58. À la fin de l’Ancien Régime, le souvenir de ce projet de création de haras s’était totalement estompé. Pendant les dernières décennies de l’Ancien Régime, la bonne société locale pouvait cependant se fournir en chevaux aux haras établis en 1758 au Rieutort (près d’Auch) avec l’actif soutien de l’intendant d’Etigny59, ce dont elle ne se privait pas60.
23Ces éléments sont de nature à expliquer pourquoi, contrairement à d’autres grandes villes comme à Lyon ou Strasbourg par exemple61, il n’y avait pas de marché aux chevaux à Toulouse à l’époque moderne. Toutefois, il y avait deux foires etablies pour les chevaux qui durent huit jours et se tiennent hors la porte d’Arnaud Bernard, sçavoir la première a la fete de saint Jean-Baptiste (24 juin) et la seconde a la fete de saint André Apôtre (30 novembre)62. Il convient d’y ajouter la troisième grande foire annuelle aux bestiaux qui se tenait aussi pendant huit jours sur l’Esplanade, hors la porte Saint-Étienne, à la saint Barthélemy (24 d’août)63. On venait alors de toute la région vendre ses chevaux à Toulouse, à l’instar de ce sellier qui, en 1784, fit le chemin depuis Graulhet avec quatre chevaux pour la foire de la saint Jean64.
24L’absence d’élevage, le caractère épisodique de la commercialisation des chevaux comme des bêtes de somme, la proximité du haras d’Auch, sont de nature à expliquer pourquoi il n’y avait pas de marchands de chevaux, d’ânes ou de mulets installés à demeure à Toulouse65. En ce qui concerne plus particulièrement les mules, il est acquis que, comme en Alsace66, leur commerce était entre les mains de marchands juifs narbonnais qui le firent grandement prospérer en Bas-Languedoc au point de construire des fortunes considérables durant la seconde moitié du XVIIIe siècle67. Cependant, on ne retrouve pas ces marchands à Toulouse, qu’il s’agisse des juifs de passage (du moins quand on peut les appréhender) ou de ceux qui s’installèrent et qui délaissèrent selon toute vraisemblance ce type d’activité68.
25Les données paraissent donc concordantes sur le fait que les chevaux étaient certainement moins nombreux à Toulouse que l’idée que l’on peut se faire de leur présence dans la ville d’Ancien Régime. Pour éprouver cette observation, il faut la confronter aux informations qu’on peut glaner sur la présence des chevaux dans la vie toulousaine.
26« Le nombre de carrosses ne cessa de se multiplier à Paris au cours des XVIIe et XVIIIe siècles »69. S’il y a tout lieu de croire que ce phénomène général s’est aussi produit dans la capitale languedocienne70, les informations font défaut qui permettraient de suivre l’évolution de ce parc de véhicules. On peut cependant avancer qu’on ne trouve pas à Toulouse d’écho de l’engouement observé à Paris à la veille de la Révolution pour ce moyen de locomotion dans lequel les contemporains voyaient une marque de consécration de la réussite sociale71. Signe extérieur de richesse, les carrosses et leurs chevaux furent toujours dans notre capitale provinciale l’apanage des plus riches72. Ainsi, les mentions de voitures attelées trouvées à ce jour dans les inventaires après décès concernent-elles exclusivement la haute société toulousaine73. François Prêtre a établi, en effet, qu’à la fin de l’Ancien Régime, toutes les familles de parlementaires disposant d’un hôtel à Toulouse avaient au moins une voiture74. Ce faisant, on observe qu’il n’y a pas d’adéquation entre les possesseurs de carrosses et les propriétaires de chevaux. Posséder une voiture était une chose, entretenir un équipage en était une autre que seuls les plus nantis pouvaient se permettre. Cette distorsion permet de comprendre pourquoi les carrosses, et même le seul cheval, n’étaient pas le moyen le plus communément utilisé pour circuler dans la ville. En fait, il semble qu’ils ne servaient que pour les déplacements hors de Toulouse, et notamment ceux qui conduisaient aux propriétés rurales. Ainsi que l’observait M. de Raynal, en 1765, les gens de la ville (...) ont la plus part la ressource d’emprunter des carosses de maitre que l’on prete avec assé de facilité parcequ’on les fait très peu rouler75. En fait d’emprunts, il s’agissait souvent de location, ce qui permettait aux propriétaires de rentabiliser leurs équipages. Ainsi, les « caresses de remise » pouvaient-ils se louer « dans les maisons par journée, demi-journée, ou par mois »76. D’ordinaire ou « dans les quartiers où les voitures ne pouvaient se risquer, circulaient les chaises à porteurs »77, que l’on trouvait « présentes chez la plupart des parlementaires, rangées dans les remises et les grands vestibules d’entrées des hôtels ou abandonnées dans les cours »78. Il y a donc lieu de croire qu’on préférait louer des chevaux quand on en avait besoin plutôt que d’en posséder.
27À Toulouse, on ne montait les chevaux (ou l’on n’attelait les voitures) que pour se donner en spectacle en certaines circonstances sortant de l’ordinaire. Ainsi, pour tenir son rang, les membres de la « bonne société » se devaient-ils de paraître à cheval (pour les hommes), dans les carrosses (pour les dames) lors des réjouissances publiques et autres fêtes. C’était là un point que les chroniqueurs de ces manifestations ou simplement les spectateurs ne manquaient pas de relever. Par exemple, le 7 novembre 1762, lors de l’entrée dans la ville de François de Bastard venu prendre ses fonctions de premier président du Parlement, Pierre Barthès nota dans son journal :
« Quantité de personnes s’y rendirent aussi [à la porte Matabiau] en équipage, pour lui faire leur révérence et le complimenter sur son heureuse arrivée. Il prit dans son carosse, en entrant dans le gardiage, deux capitouls, avec lesquels il entra précédé de la maréchaussée et du guet. Son carosse était suivi d’une quantité prodigieuse de chevaux et d’équipages de gens de toute espèce qui étaient allés au-devant et l’accompagnèrent jusqu’à l’hôtel de M. de Paliminy, conseiller, son oncle, où il prit son logement (...) »79.
28Lors de la fête du Férétra donnée à Saint-Cyprien le jour du lundi de Pâques 1782, une étrangère à la ville, Mme Dunoyer nota :
« Les dames s’y rendent, parées de leurs mieux ; les messieurs y font belles cavalcades autour des carosses et on voit arriver quantité d’hommes à pied, déguisés en patissiers ou en bergers, qui portent chacun un férétra sur la tête (...) »80.
29Exposés aux regards de tous et de chacun, cavaliers et équipages étaient jaugés avec une attention particulière. Par exemple, rendant compte du passage de Philippe V à Toulouse, le 29 mai 1706, un curé écrivait à un ami vivant à Albi :
« Son calèche alloit fort lentement, ce qui me procura l’avantage de le voir très bien à mon aise près de la porte du palais ou j’étois placé. Je le vis seul dans son calèche tout doré trainé par deux chevaux que deux valets de pied tenoient par les mords, deux autres valets de pied tenant leur main à chaque portière du calèche. Il étoit précédé par plusieurs espagnols mal faits et mal montés, ensuite venoit M. de Vitrac, très bien monté avec tous ses écholiers aussi très bien montés81. Son petit calèche étoit entouré de quatre vingts ou cent cavaliers de bonne mine, mais assez mal montés, qui ne faisant qu’un peloton voltigeoit toujours de coté et d’autre (...) »82.
30La présence de chevaux rehaussait l’éclat d’une manifestation publique. C’est ce qu’avaient bien compris les magistrats municipaux. Ainsi, le jour de l’entrée en fonction des capitouls nouvellement élus, avait lieu la cérémonie dite de « la cavalcade » : quatre des huit capitouls, en grande tenue et entourés des officiers municipaux ainsi que de la troupe du guet, faisaient un tour de ville sur des chevaux loués pour cette occasion au cours duquel ils publiaient suivant l’usage les ordonnances de police83. Lorsque la ville recevait des personnalités de tout premier plan, la municipalité se faisait un devoir d’organiser des « cavalcades » en mettant à contribution la population et les corps de métiers (corps des marchands compris). Entre autres exemples, ce fut notamment le cas lors de la venue et du séjour duc de Richelieu (20 mai-mi-juin 1741) qui donna lieu à d’imposantes parades montées84. La municipalité n’avait pas l’exclusivité de l’organisation de ce genre de manifestation. En effet, lorsque des particuliers voulaient fêter un événement en lui donnant le plus d’éclat possible, ils en faisaient de même. Par exemple, le 21 mai 1758, à l’occasion du mariage de Melle de Bonrepos, fille du procureur général au Parlement de Toulouse, avec M. de Riquet, Président du même Parlement, son cousin germain :
« Les ouvriers employés au service de l’hôtel de M. le procureur général, et ceux qui travaillent pour ledit seigneur Président, s’étant concertés entre eux pour faire honneur à ces messieurs, formèrent une compagnie de houzards, habillés aux couleurs de ces grands, et partirent le dimanche 21 de ce mois, de l’Esplanade où ils étaient assemblés, au nombre de soixante-douze, tous bien montés, au son des trompettes et timballes, pour aller à Castelmaurou, attendre les nouveaux mariés avec tous ces messieurs et dames de la Compagnie qui partirent de Bonrepos, pour venir à Toulouse (...)85.
31Les Toulousains avaient donc un réel goût pour les parades à cheval, goût sans doute d’autant plus marqué que les chevaux n’étaient pas courants dans leur univers quotidien.
32Quel que soit l’angle par lequel on aborde la question, les informations recueillies se recoupent sur le fait que la présence du cheval dans la capitale languedocienne n’était pas aussi forte que l’on aurait pu le croire s’agissant d’une grande ville d’Ancien Régime. Ainsi semble-t-elle avoir longtemps revêtu un caractère quelque peu exceptionnel dans la vie toulousaine. Cette situation explique peut-être pourquoi, contrairement à ce qui a souvent été mis en avant pour l’Angleterre ou Paris par exemple, rien n’autorise à dire que Toulouse fut un autre « enfer » pour les chevaux tant il est vrai qu’à ce jour aucun témoignage de mauvais traitement infligé à ces animaux n’a été trouvé. Ceci posé, un faisceau d’indices indirects, mais là encore concordants, autorise à avancer l’hypothèse que cette présence chevaline s’est accrue à Toulouse dans le courant de la seconde moitié du XVIIIe siècle à la faveur d’un contexte général qui lui était propice86. Balisons sommairement ces diverses pistes.
33Le fait que la ville soit devenue, à partir de cette époque, ville d’étape a contribué à banaliser ces animaux auprès de la population, de même sans doute, quoique dans une proportion bien plus faible, l’augmentation des effectifs de la maréchaussée de Toulouse87. Un autre indice est fourni par l’augmentation, entre 1695 et 1790, du nombre d’individus exerçant des professions liées aux chevaux, notamment les forgerons et les charrons. D’autre part, l’analyse de la production réglementaire des capitouls montre, quant à elle, que la municipalité fut de plus en plus sensible, à partir de 175 888, à l’approvisionnement de la ville en foin et à son commerce89. À partir de 177290, elle fut plus attentive que jamais au prix du louage des chevaux. Dans les années 1780, le problème du prix du foin et du louage des chevaux revinrent régulièrement dans les ordonnances de police de l’Hôtel de ville, signe non équivoque de l’importance de ces questions pour l’autorité municipale91.
34Durant la dernière décennie de l’Ancien Régime, les témoignages sur l’accroissement du nombre de chevaux dans la ville se multiplient. Un fait paraît très significatif de cette évolution. Sur les 552 procédures de la juridiction criminelle des capitouls entre 1773 et 1775 analysées par José Abrami, 103 concernaient des vols, dont 5 seulement des vols d’animaux92, principalement des chevaux destinés à alimenter un trafic vers l’Espagne93. Durant les années 1780-1790, les vols d’animaux (et singulièrement de chevaux) ne semblent pas avoir augmenté94. Cependant, on relève l’apparition d’un nouveau trafic destiné cette fois à alimenter la capitale languedocienne en chevaux. Le 9 juillet 1788, François Rouch, Louis Doucet et son fils Jean furent condamnés aux galères à perpétuité par les capitouls pour avoir dérobé des chevaux dans les environs de Foix et de Pamiers afin de les revendre à Toulouse après les avoir maquillés95. À la veille de la Révolution, la demande toulousaine en chevaux était donc assez forte pour donner lieu à des entreprises criminelles.
35Témoignant de la place apparemment nouvelle des chevaux dans la ville, une disposition inédite fit son apparition dans la production réglementaire des capitouls avec l’article XLVII de l’ordonnance du 16 avril 1781 portant nouveau reglement sur le nettoyement des rues qui stipulait :
« Défendons auxdits palefreniers, postillons, valets d’écurie, et autres personnes chargées du soin des chevaux, d’étriller, brosser et laver lesdits chevaux, ou leur faire le crin dans les rues, comme aussi de les y tenir au piquet après le pansement de la main, sous l’amende de trois livres pour la première contravention et du double en cas de récidive ; leur enjoignons de faire ce pansement dans les cours des maisons, ou en défaut d’un lieu convenable, dans l’intérieur des écuries »96.
36C’est sans doute moins l’apparition d’une pratique nouvelle que les proportions qu’elle avait fini par prendre que les capitouls cherchèrent à endiguer avec cette prohibition. À travers elle, ce sont des écuries pleines que l’on devine. Voici qui est en contradiction avec les observations que nous avons pu formuler précédemment et les chiffres dont nous avons pu faire état. Cette distorsion incite donc à bien faire la part des choses. S’il y a bien lieu de croire que la population chevaline a augmenté dans le courant de la seconde moitié du XVIIIe siècle à Toulouse (avec probablement une accélération de la tendance durant la dernière décennie de l’Ancien Régime), ce phénomène fut vraisemblablement moins la conséquence d’une généralisation de la possession des chevaux par la population toulousaine que l’effet conjugué de la présence de l’armée, de la maréchaussée et, surtout, d’un nombre considérablement accru de voyageurs fréquentant la capitale languedocienne qui eut pour effet dynamiser le marché de la location des chevaux.
d- Des animaux de compagnie insaisissables
37De l’animal saisi en tant qu’objet du quotidien à l’animal de compagnie, ainsi que l’avait observé Philippe Ariès97, la place de l’animal n’a cessé de s’affirmer dans la peinture et les estampes des XVIIe et XVIIIe siècles98. Au siècle des Lumières, il n’est pas rare de trouver des portraits dans lesquels le sujet se faisait représenter avec un animal de compagnie99. Cette évolution, que l’on perçoit aussi dans la littérature, traduit l’importance croissante prise par certains animaux (au premier rang desquels se placent les chiens suivis de loin par les oiseaux et les chats) dans l’univers domestique des contemporains en même temps qu’une « démocratisation » du phénomène100. Cette familiarisation de l’animal domestique participe du vaste processus d’intimisation des mœurs qui caractérise le siècle des Lumières dont elle constitue cependant un élément encore méconnu101.
38Appréhender les animaux familiers autrement que par le biais des sources littéraires ou artistiques se révèle être une gageure. Les inventaires après décès ne sont guère plus prolixe sur leur compte qu’à l’égard des animaux d’élevage ou de trait. À ce jour, on n’y a pas même trouvé d’indication de pièce de mobilier pouvant attester de l’existence de ce genre d’animaux dans les foyers (niches pour les chiens, bacs ou coussins pour les chats, cages et perchoirs pour les oiseaux)102, jusque et y compris ceux des plus nantis. De la même façon, on ne trouve pas dans la capitale languedocienne de mention de marchands d’animaux domestiques ayant pignon sur rue103 ni de tout autre petit métier lié à ce genre d’animaux, à l’instar des tondeurs de chiens qui se rencontraient à Paris104. 510 Les témoignages autobiographiques de Toulousains qui nous sont parvenus comme les récits de voyages n’abordent pas non plus la question avant le XIXe siècle. Il faut attendre les dernières décennies de l’Ancien Régime pour voir émerger des animaux de compagnie dans la documentation. Encore ne s’agit-il que des chiens. Pour ce qui est des chats, il n’en est jamais fait état au point que l’on pourrait douter qu’il y ait eu des félins à Toulouse à l’époque moderne. Nous n’avons guère eu plus de chance avec les oiseaux de compagnie. De prime abord, telle que nous la saisissons, la situation toulousaine diffère totalement de celle qu’observait Louis-Sébastien Mercier pour la capitale. En effet, dans son Tableau de Paris, il s’est plu à dénoncer l’envahissement de la ville et des foyers par toutes sortes d’animaux, des plus communs aux plus exotiques comme les perroquets105 , et leur promiscuité avec leurs propriétaires :
« Plus les gens sont pauvres à Paris, plus ils ont de chiens, de chats, d’oiseaux, etc. (...). Les tailleurs, les cordonniers, les ciseleurs, les brodeurs, les couturières, tous les métiers sédentaires tiennent toujours quelque animal enfermé dans une cage, comme pour lui faire partager l’ennui de leur propre esclavage (...) »106.
39L’état de la documentation toulousaine (explorée à ce jour) engage l’analyse à se focaliser sur le cas particulier des chiens. Jusqu’aux dernières décennies du XVIIIe siècle, ils n’apparaissent que dans le cadre de la réglementation municipale et, ce faisant, à l’époque des vendanges. Pendant tout le temps de ces dernières, pour les empêcher qu’ils n’aillent dans les vignes manger les raisins107, il était enjoint à leurs propriétaires de les tenir attachés à peine de 20 livres d’amende108. Ce sont là, à vrai dire, les seules mentions de chiens trouvées dans les ordonnances de police avant la fin de l’Ancien Régime109. Ainsi cet animal apparaît-il surtout lié à la vie rurale. Posséder un chien de race, le faire dresser pour la chasse110, l’avoir à ses côtés lorsque l’on parcourrait ses terres était, pour un propriétaire rural noble ou non, « le signe d’une certaine vie seigneuriale »111. De fait, ils étaient étroitement associés au droit de chasse de leurs maîtres. On comprend alors mieux pourquoi les paysans n’hésitaient pas à pourchasser ces chiens, « à la fois par haine des dégâts commis (surtout dans les vignes) et par mépris du propriétaire »112. Si les chiens étaient répandus dans les campagnes du Midi toulousain, leurs maîtres ne les gardaient pas avec eux lorsqu’ils se rendaient à Toulouse ce qui explique selon toute vraisemblance le silence des sources à l’égard de ces animaux.
40Le fait est remarquable car il contraste fortement avec les informations dont on dispose pour un certain nombre d’autres villes du royaume. Au Moyen Âge déjà, la présence des chiens dans les cités posait problème à de nombreuses municipalités, notamment celles de Paris et des villes du Nord113. Développant les observations de Jean-Pierre Leguay, Catherine Clémens-Denys souligne que « les communes flamandes salariaient souvent un ‘tue-chien’ chargé de débarrasser les rues de ces animaux encombrants et redoutables », mais précise-t-elle, « cet officier mineur a disparu au XVIIe siècle114 115. En fait, cette mission fut alors dévolue à d’autres employés municipaux, qu’il s’agisse du bourreau (comme à Lille ou à Dijon) ou des divers représentants des forces de police (ainsi à Valenciennes ou à Douai). Dans ces villes du Nord, la lutte contre les chiens errants et dangereux, et plus généralement contre la « quantité prodigieuse » de chiens (dénoncée à Amiens en 1706), était une préoccupation qui revenait régulièrement dans la production réglementaire des municipalités à l’époque moderne. Il en était de même à Paris116, où Louis-Sébastien Mercier évaluait à plus de 200 000 le nombre de chiens. À Lyon, à la fin des années 1750, les pouvoirs publics allèrent jusqu’à pratiquer de vastes opérations d’empoisonnement pour éradiquer les chiens et finirent par mettre en place, à la veille de la Révolution, « un système comparable à celui d’une fourrière »117. Pour Olivier Zeller, le phénomène aurait été général. « Il n’est pas d’inventaire de série BB ou PP des archives municipales », écrit-il, « qui, à partir des années 1750, ne signale de mesures prises contre les chiens errants »118. Cette observation semble bien devoir être nuancée. En effet, si l’on se reporte aux travaux sur l’histoire de la police dans les villes de province de même qu’à ceux portant sur l’histoire des institutions municipales qui ont scruté les mesures prophylactiques des pouvoirs publics119, on constate que le problème canin n’est guère évoqué et qu’il n’est jamais signalé de « grands massacres de chiens » (comme à Lyon) dans ces études. Toulouse se rattache donc à ce groupe de villes et n’apparaît pas ainsi comme un cas isolé.
41Ce n’est que tardivement que les chiens firent leur apparition dans la réglementation capitulaire concernant la ville. En 1776, l’article XIX de l’ordonnance du 5 février concernant le spectacle faisait « très expresses inhibitions et défenses à toutes personnes quelconques, qui se rendront au spectacle, de porter ou se faire suivre d’aucun chien, sous peine de cent sols d’amende »120. Cette mention trahit assurément un phénomène de mode dans certaines couches de la société toulousaine avec l’apparition dans la sphère publique d’animaux de compagnie jusqu’alors cantonnés à la sphère privée où ils se dérobent à l’investigation, ainsi que nous l’avons déjà relevé. Il y a lieu de croire que les Toulousaines ne firent qu’imiter un comportement en vogue dans la capitale121. Le phénomène fut suffisamment significatif pour motiver une intervention des capitouls. L’effet de mode passa, mais l’habitude de se faire accompagner au spectacle de ses animaux persista, ainsi que l’atteste l’article XII de l’ordonnance de police du 25 octobre 1784 sur la police extérieure du spectacle qui rappelait l’interdiction « d’introduire dans la salle de spectacle aucun chien ni autre bête à peine de dix livres d’amende »122. On assiste ainsi à un déplacement de la question canine qui, de rurale, devint aussi urbaine à Toulouse dans la seconde moitié des années 1770.
42Très rapidement, il se produisit une explosion de la population canine dans la ville qui frappa les contemporains. On ne peut malheureusement appréhender ce phénomène qu’à travers les appréciations impressionnistes des capitouls. D’après ces derniers, l’inflation du nombre de chiens daterait de la fin des années 1770. En 1781, ils stigmatisaient « l’usage qui s’est introduit dans la ville d’y élever des gros chiens de toute espece »123. L’année suivante, le procureur du roi constatait que
l’on voit vaguer, nuit et jour, dans la ville des dogues, ou des matins, mais en telle quantité qu’une nuit, il y a quelques temps, l’on en trouva plus de quatre vingt sous Tangard de la halle au blé124.
43Le 22 juin 1784, ce même procureur dénonçait le fait que les chiens de toute espece se sont prodigieusement multipliés dans la ville125. L’année suivante, les capitouls soulignaient, quant à eux, que « les citoyens ont fait cette remarque, que les chiens se sont multipliés à l’excès dans cette ville »126. Ces mentions concordantes témoignent d’un consensus sur l’observation du phénomène et le développement qu’il connut durant la première moitié des années 1780. Il n’est sans doute pas vain d’observer ici que ce phénomène semble avoir aussi touché les campagnes du Midi toulousain quelques temps plus tard. En effet, le 28 fructidor an II (14 septembre 1794), le Conseil du district de Bagnères-Adour prit un arrêté contre « les chiens errans dans la campagne [qui] causent des grands dégâts sur la récolte de maïs », et ordonnant que « tous les chiens de chasses, les dogues, les tournebroches exceptés, seront attachés jusqu’à ce que la récolte du milloc ait été emmagasinée »127.
44Par delà le constat, comment expliquer cette inflation des chiens dans la ville ? Dans un premier temps, la municipalité pointa un doigt accusateur vers les seuls bouchers, réputés comme propriétaires de gros chiens (dogues et mâtins). Ces derniers semblent avoir introduit cette mode à Toulouse. En cela, ils n’auraient fait qu’importer une pratique déjà courante dans les métiers de la viande du Nord de la France au milieu du XVIIIe siècle128. De la part de ce groupe notoirement rétif à l’autorité capitulaire129, le choix de ces races de chiens n’était pas anodin. De telles bêtes étaient, en effet, propres à dissuader quiconque, et au premier chef les représentants de la police municipale, de chercher des noises à leur maître. L’effet de mode semble avoir joué à plein. Dans l’ordonnance de police du 22 juin 1784, le procureur du roi expliquait l’augmentation « prodigieuse » du nombre de chiens par le fait que « les personnes de tout état se piquent maintenant d’en avoir »130. Les capitouls précisaient, quant à eux, qu’il « n’y a pas d’artisan et de manœuvrier qui ne veuille avoir des chiens »131. Relevons qu’en des termes pratiquement identiques, leurs homologues lyonnais avaient fait les mêmes constatations, mais vingt-sept ans plus tôt (1759)132, ce qui marque bien le caractère tardif du phénomène à Toulouse.
45L’inflation de la population canine apparaît comme un phénomène essentiellement populaire ayant surtout touché les couches les plus humbles de la société urbaine, ainsi que l’avait aussi observé en le déplorant Louis-Sébastien Mercier pour Paris133. C’était précisément ce qui posait problème aux capitouls car ces nouveaux propriétaires d’animaux, non contents d’avoir un mais plusieurs chiens, étaient incapables d’assurer leur subsistance. Qui plus est, ils ne se souciaient guère de les surveiller de sorte qu’ils pouvaient n’en faire qu’à leur guise et, surtout, se reproduire en toute liberté. Aussi les magistrats municipaux ne se privaient-ils pas de stigmatiser ce comportement inconséquent :
« [les chiens] de la campagne qu’on ne nourrit pas, viennent chercher pâture dans la ville ; les paysans des environs de la ville leur apprennent, quand ils sont jeunes, le chemin pour se rendre aux étaux des bouchers, aux tueries et aux triperies ; ces animaux reviennent le soir au gîte ; leurs maîtres font multiplier les chiens qui ne leur coûtent rien à nourrir ; s’ils vont dans les maisons, aux églises et aux promenades, ces animaux les y suivent »134.
46Il s’agit là de la seule cause identifiée par les pouvoirs publics pour expliquer l’accroissement du nombre des chiens. Voici qui autorise à éliminer pour Toulouse d’autres facteurs qui jouèrent dans d’autres villes du royaume. Ainsi, à Paris, l’importance de la population canine découlait-elle, pour une part semble-t-il non négligeable, de l’utilisation que les chiffonniers et les écorcheurs faisaient des chiens en exploitant leur graisse pour la fabrication des chandelles135. Pour soutenir leur production, certains faisaient de véritables élevages qui pouvaient atteindre jusqu’à 300 animaux et plus. Les capitouls ne soufflent mot de cette question et, jusqu’à présent, aucune mention relative à cette question n’est apparue dans la documentation consultée. D’autre part, on sait qu’à Paris et dans les villes du Nord, on utilisait aussi les gros chiens pour tirer des charrettes transportant des marchandises ou même des enfants136. Là encore, la documentation toulousaine est silencieuse sur cette pratique, ce qui laisse à penser qu’elle n’eut pas cours dans cette ville.
47L’identification de la cause essentielle de l’inflation de la population canine est une chose, la compréhension des ressorts de cette évolution transcendant le corps social et de sa rapidité en est une toute autre, autrement plus complexe à cerner. On ne pourrait ici que formuler quelques hypothèses en procédant de façon déductive à la lumière de ce que l’on sait par ailleurs de la société toulousaine à la fin de l’Ancien Régime. Aussi laisserons-nous pour l’heure ce point en suspens en attendant de trouver des matériaux permettant d’étayer l’analyse d’un phénomène dans lequel on s’accordera à voir un révélateur des troubles, des sentiments et des aspirations nouvelles qui travaillaient la population en même temps qu’une expression remarquable d’une évolution majeure de l’économie du rapport entre l’homme et l’animal.
e- Le développement tardif de l’utilisation ludique des animaux
48L’animal de compagnie n’est qu’un aspect de la socialisation de l’animal. L’utilisation ludique des animaux (domestiques ou sauvages) constitue une autre forme majeure de l’économie du rapport homme-animal. Son caractère souvent public la rend de ce fait davantage visible pour l’historien de la ville.
49Lorsque l’on pense à l’animal dans la ville ancienne, l’une des images qui vient à l’esprit est celle des comédiens itinérants, des marchands ambulants et autres charlatans qui utilisaient des animaux soit pour des spectacles, soit simplement pour attirer le public, les deux pouvant être associés de sorte qu’il s’avère souvent difficile de faire le distinguo entre ce genre d’individus et les dresseurs d’animaux proprement dits. Ainsi, au début du mois de juin 1772, une troupe itinérante de sauteurs français et espagnols se produisit à Toulouse137. Outre les sauts extraordinaires qu’ils réalisaient, le monde infini qui se pressa pour les voir fut sans doute aussi attiré par l’éléphant qui les accompagnait. Malheureusement, aucune source documentaire ne permet d’appréhender la régularité de la présence de ces troupes ambulantes ou des démonstrateurs d’animaux plus ou moins savants. Faut-il en conclure que ces spectacles étaient rares dans les rues de la capitale languedocienne ou, au contraire, qu’ils étaient suffisamment fréquents pour que les contemporains n’y attachent pas une attention particulière ? Il serait hasardeux de trancher de façon catégorique. Compte tenu de ce que l’on sait par ailleurs de l’avidité des Toulousains pour tous les spectacles présentant quelque nouveauté ou étrangeté, on peut penser que ce genre de représentation aurait laissé des traces plus nombreuses si elles avaient été courantes, d’autant qu’elles ne pouvaient laisser indifférents les capitouls. Or, ces derniers ne furent amenés à intervenir dans ce domaine qu’une fois. Le 9 juin 1779, ils condamnaient les époux Padouani (ou Padovani) à aumôner la somme de 50 livres en faveur des deux hôpitaux de la ville et à quitter cette dernière dans le délai de quatre jours « pour avoir trompé le public en faisant croire à un faux zèbre »138. En effet, Joseph Padouani, présenté comme un bateleur hollandais, s’était fait passer pour un pourvoyeur de la ménagerie de Versailles et avait exposé sur la place Royale un prétendu zèbre qui n’était qu’un âne peint en noir et blanc139.
50Nous défiant des images folklorisantes de la société de l’époque moderne, nous inclinons à penser que les spectacles d’animaux étaient relativement peu fréquents. Cependant, les éléments d’information que nous avons pu réunir sur cette question accréditent l’idée qu’ils se multiplièrent à la fin de l’Ancien Régime, comme cela semble bien avoir été aussi le cas dans d’autres villes de province comme Châlons-sur-Marne par exemple140. Ainsi, malgré la condamnation qui l’avait frappé, Joseph Padouani n’hésita pas à revenir à Toulouse quelques années plus tard en faisant valoir cette fois la permission que lui avait accordé le roi de montrer dans toutes les villes et bourgs du royaume les animaux étrangers qu’il pouvait se procurer141. Cela étant, il est probable, et logique, que les démonstrateurs d’animaux savants ne fréquentaient Toulouse qu’à certaines époques de l’année, privilégiant celles où ils étaient assurés de trouver un public nombreux. C’est ainsi que, de passage dans la ville en 1785 alors qu’avait lieu la fête Dieu, Mme Cradock put voir devant la cathédrale une représentation avec « un ours dansant et six singes habillés »142. Cette mention est unique dans notre corpus documentaire, laissant à penser que les montreurs d’ours fréquentaient peu Toulouse avant la Révolution. De fait, il ressort – par défaut – des études sur les montreurs d’ours que c’est surtout au XIXe siècle qu’ils se rencontraient couramment dans la capitale languedocienne143.
51Les manifestations d’agrément mettant en scène des animaux furent rares à Toulouse où elles ne firent leur apparition que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Ainsi, la première course hippique fut-elle organisée au pré des Sept Deniers, le 1er juillet 1765, à l’initiative de riches nobles anglais. Le chroniqueur de la vie toulousaine Pierre Barthès rendit compte de cet événement comme d’un « divertissement inouï à ce jour dans cette ville » qui attira une foule de 30 000 (sic) spectateurs144. Il n’est pas vain de relever qu’il s’agissait là, en fait, de la première course hippique faite en France, dix ans avant que la cour de France n’assiste au premier spectacle de ce genre (9 mars 1775)145. Malgré le grand succès populaire qu’avait rencontré ce spectacle d’un genre nouveau, ce n’est que le 12 avril 1784 qu’une nouvelle course hippique eut lieu dans la capitale languedocienne, « donnée au public par le sieur Balp, sur un local derrière le manege aux chevaux »146. Cet événement fut marqué par un grave accident : une tribune provisoire montée à la hâte et à moindre frais pour cette occasion s’écroula, blessant plusieurs personnes.
52Tout aussi rares et tardives furent les spectacles taurins147. La première mention remonte au mois de décembre 1765. Il s’agit d’une affiche informant la population que le dimanche 15 aurait lieu, me Vidalle (près des Jacobins), dans la salle du Jeu de Paume, un « combat sanglant d’un taureau qui a été exercé pour le combat », agrémenté ensuite d’un « combat d’un bœuf, suivi du combat du pecata et du mal-monté, et du gros loup avec les dogues ». Vingt années s’écoulèrent avant qu’un nouveau spectacle taurin soit organisé à Toulouse. En effet, il faut attendre le 20 novembre 1785 pour trouver trace d’une « grande course espagnole d’un taureau à mort », au cours de laquelle trois taureaux « très furieux » furent engagés. Organisé par un certain sieur Lapujade, le spectacle eut lieu sur « l’ancien emplacement de M. Balp sur l’Esplanade, vis-à-vis des Carmes déchaussés », soit sur les lieux mêmes où s’était déroulé près d’un an plus tôt la course de chevaux tragique. Aussi comprend-t-on pourquoi l’organisateur veilla à préciser que « tout le monde sera[it] bien placé et hors de danger ». Les termes de l’affiche laissent à penser que plusieurs représentations furent données. Cela étant, on ignore si l’opération fut renouvelée les années suivantes. Il n’est pas vain, pour conclure sur ce point, de souligner le caractère tardif de l’apparition des courses de taureaux à Toulouse qui demeurent à la fin de l’Ancien Régime un spectacle proprement exceptionnel148. Le cas toulousain constitue donc une illustration supplémentaire étayant les analyses d’Eric Baratay sur la corrida en France149.
53En ce qui concerne les autres types de combats d’animaux (coqs ou chiens notamment) organisés par des particuliers ou des professionnels, il n’a été trouvé aucun témoignage direct les concernant. Ce n’est qu’au détour d’une procédure criminelle des capitouls pour coups et blessures, en date du 25 avril 1771, qu’il est fait mention d’un certain Mas, désigné comme « conducteur de la troupe de combat de chiens en ville » sans que l’individu en question fasse mystère de cette qualité et qu’il soit inquiété par les magistrats municipaux pour cela150. Ce genre de divertissement avait donc bien cours à Toulouse au moins à la fin de l’Ancien Régime. On peut cependant s’interroger sur leur importance et le goût de la population pour ces combats dont on ne trouve aucun écho ni dans les archives de la police municipale ni dans la production réglementaire du capitoulat. Or, l’étude de cette dernière montre que les capitouls étaient particulièrement attentifs aux divertissements et surtout à la répression des jeux dès lors que l’argent entrait en ligne de compte, comme c’était le cas avec les paris sur les animaux s’entre-tuant. Voici qui incite à penser que les combats de chiens furent une forme de distraction marginale dans la capitale languedocienne.
54S’il est vrai que « l’animal a toujours été largement utilisé dans toutes les formes de spectacles »151, l’étude du cas toulousain s’inscrit en faux contre l’idée que cette utilisation fut une constante à travers le temps et l’espace. Il ressort, en effet, de nos observations que ce type de spectacle fut longtemps aussi rare que ponctuel. Dans le courant de la seconde moitié du XVIIIe siècle (à partir de 1765), on enregistre une évolution caractérisée par une augmentation et une diversification de ce genre de manifestation dans la capitale languedocienne. On saisit ainsi à son origine une évolution des festivités populaires en même temps que l’émergence de nouvelles utilisations ludiques de l’animal. Pour autant que l’on puisse en juger, Toulouse parait se distinguer dans ce domaine par le caractère précoce du phénomène.
II- La présence animale dans la ville, source de nuisances et de dangers
55La présence d’une population animale nombreuse et variée ne devait pas manquer de poser à la ville un certain nombre de problèmes d’hygiène et de sécurité. Leur identification permettra d’être mieux à même d’apprécier les mesures qui furent prises, le cas échéant, pour y remédier par les pouvoirs publics. Précisons qu’afin de ne pas alourdir la présente étude, nous avons pris le parti de ne pas développer la question des problèmes sanitaires liés à la consommation des produits d’origine animale152. De la même façon, nous ne traiterons pas ici de la lutte contre les épizooties.
a- Nuisances et problèmes d’hygiène causés par l’élevage domestique
56Les élevages domestiques d’animaux destinés à la consommation des particuliers étaient à l’origine de certaines nuisances lorsque les propriétaires ne nettoyaient pas régulièrement les enclos de leurs animaux153. Ils devenaient une réelle gène lorsque ces animaux étaient laissés en liberté dans les rue. Ainsi, le 1er février 1735, le syndic de la ville dénonçait-il
comme une des causes principales qui porte le plus d’obstacle à l’hygiène publique la liberté avec laquelle on voit vaguer dans cette ville des poules, oyes, canards et cochons, qui par un interet qui leur est naturel, fouillent dans les tas d’ordures et boues qui sont ramassés dans les rues, et en les répandant dans les environs, rendent inutiles les soins qu’on prend de nettoyer les rues, et infectent l’air par les exhalaisons nuisibles qui s’elevent de ces tas d’ordures (...)154.
57Notons que cette présence animale dans les mes n’avait pas que des inconvénients. Les animaux vaguant sur la chaussée servaient « d’éboueurs et leur rôle dans ce domaine est loin d’être négligeable », observe Jean-Pierre Leguay qui poursuit : « c’est probablement une des raisons qui explique pourquoi les autorités locales hésitent tant avant d’interdire leur présence sur la voie publique et mettent, après, si peu d’empressement à faire appliquer leurs propres mesures restrictives »155.
58Quant ils ne les élevaient pas chez eux, les particuliers se fournissaient en viande chez de nombreux marchands et autres revendeurs spécialisés dans ce commerce. On retrouve dans le cas de ces derniers les mêmes problèmes d’élevage que chez les particuliers avec cependant cette nuance que se posait dans leur cas le problème de l’abattage des animaux. Comme cela a pu être observé partout ailleurs, les maîtres chevrotiers, les pourvoyeurs et revendeurs de volailles, oies, pigeons, canards, dindons et autres gibiers, avaient l’habitude de tuer et de dépecer les bêtes dans les mes156. Point n’est besoin d’insister sur les problèmes d’hygiène que posait cette pratique157.
59Il n’est pas vain de relever le silence de la documentation toulousaine sur les nuisances et les problèmes d’hygiène que les animaux pouvaient provoquer à l’intérieur des maisons et des immeubles. Ainsi, par exemple, connaissant l’état d’insalubrité d’une grande partie du parc immobilier de la capitale languedocienne158, l’on aurait pu s’attendre à trouver des mentions relatives aux problèmes posés par les petits rongeurs (rats, souris) qui ne devaient pas manquer de fourmiller dans de tels habitats, voire dans la ville. On sait qu’à Paris, à la fin du XVIIIe siècle, « la quantité de rats (...) surpasse l’imagination (...). Les servantes sont obligées d’accumuler les ratières, et de redoubler de soins pour dérober la provision de chandelles et les aliments à la dent vorace de ces animaux : ils pullulent au point que plusieurs maisons en sont incommodées (...) »159. À l’évidence, ces rongeurs ne dérangeaient pas les contemporains. De fait, les Toulousains ne paraissent pas avoir accordé d’attention particulière à ces animaux nuisibles. Relevons que cette observation est de nature à expliquer – en partie du moins – le silence sur les chats dans la ville que nous avons déjà pointé.
60De la même façon, on peut remarquer qu’il n’est jamais fait état de problèmes liés aux insectes (nuisibles ou non). Or, dans un monde où le bois était omniprésent, on peut s’étonner de ne pas même trouver mention de termites160. Ainsi ne retrouve-t-on pas dans la presse toulousaine ce « véritable genre journalistique » identifié par Gilles Feyel à propos des « recettes de remèdes, accompagnées de bien d’autres « moyens » ou « secrets » pour tuer les insectes, protéger le bétail ou les récoltes de telle ou telle vermine » qui constituent selon lui un « élément non négligeable du contenu rédactionnel des feuilles provinciales »161. L’exception qui confirme la règle est fournie par l’annonce publiée le 26 avril 1775 dans les Affiches et Annonces de Toulouse vantant les mérites d’un « appât infaillible pour la destruction des animaux carnassiers, et [qui] fait périr les rats, les souris et les taupes, sans poison »162. Dans le même ordre d’idée, il n’est pas vain de mentionner le silence de nos sources sur les poux et les célèbres séances d’épouillage qui ont donné matière à tant de représentations163.
61Quel que soit le caractère impressionniste de ces éléments d’information, ils se recoupent pour relativiser très fortement les nuisances générées par les animaux dans les logements. Cette impression est corroborée par les travaux d’Élisabeth Dandine qui a abordé la question du contentieux de voisinage à Toulouse à travers l’étude des procédures civiles émanant du sénéchal et du Parlement au XVIIIe siècle164. Dans l’un et l’autre cas, les problèmes de voisinage occupent une part prépondérante dans le volume des procédures traitées par ces deux juridictions. Aussi est-il particulièrement frappant de constater – par défaut – que les conflits entre voisins ayant pour cause les animaux sont inexistants. Les données sont donc bien concordantes sur ce point.
62Finalement, les nuisances et les problèmes d’hygiène induits par la présence des animaux et des insectes au sein des logements se devinent plus qu’autre chose. L’apparente indifférence des contemporains que l’on constate témoigne de leur grande tolérance aux incommodités animales sous toutes leurs formes. Ce n’est somme toute là qu’un aspect de ce « temps de cécité et d’insensibilité »165 aux questions d’hygiène bien connu aujourd’hui grâce à de nombreuses recherches cette question. Tel que nous le percevons, l’éclairage animalier incite à nuancer les avancées de l’hygiène domestique qu’on souligne d’ordinaire à propos du XVIIIe siècle dans la mesure où l’on n’enregistre pas d’évolution significative dans ce domaine.
b- Nuisances et problèmes d’hygiène sur la voie publique
63On est à peine mieux renseigné sur les problèmes d’hygiène notamment générés par la présence animale sur la voie publique. Comme dans toute autre ville, on sait que les Toulousains avaient l’habitude de nettoyer les bêtes et de déverser leurs excréments166 ou leurs litières167 dans les rues. Il en résultait régulièrement des tas de fumier malodorants qui aggravaient l’encombrement des rues168, sans parler des nuées de mouches sur lesquelles les sources restent étrangement silencieuses169. Une fois morts, ces animaux domestiques posaient encore problème. Leurs maîtres, ne sachant que faire des dépouilles, les jetaient à la voirie ou dans la Garonne, comme n’importe quel détritus. Sur ce point, les ordonnances de police étaient moins avares en indications précises sur les lieux où l’on se débarrassait de ces bêtes. Le fait est assez rare dans la production réglementaire du capitoulat pour être indiqué. Ces lieux étaient les suivants : sous le pont Neuf170, dans la rue des Trente-Six-Ponts, ou aux abords immédiats de la ville, notamment dans les fossés ou près des remparts à proximité des promenades publiques171.
64Dans le gardiage, on se débarrassait des animaux morts un peu partout. Par exemple, une ordonnance de police du 16 février 1741 stipulait :
« Défendons à toute sorte de personnes de jetter dans les rues et dans aucuns chemins et fossez dans l’étendue du gardiage aucun bœuf, cheval ni autre bête morte, à peine de dix livres d’amende ; leur enjoignant de les faire enterrer à la profondeur de six pans dans la terre, sous la même peine »172
65Ainsi ces dépouilles étaient-elles l'une des causes de l'obstruction des fossés bordant les chemins menant à la ville, problème qui revient régulièrement dans les ordonnances de police municipales173.
66Point de convergence des troupeaux que l’on menait à la mort pour alimenter la ville, les abattoirs sont généralement présentés par les historiens comme des lieux insalubres et pestilentiels par excellence174. Afin de pouvoir considérer ce qu’il en était, l’indigence de l’historiographie toulousaine sur ce point rend nécessaire de développer quelque peu l’historique de ces lieux175. La première mention d’un abattoir à Toulouse remonte à 1238, lorsque le comte Raymond VII concéda la pointe nord de l’île de Tounis aux corroyeurs et aux affachaires (i.e. bouchers) pour y établir une tuerie176, laquelle se spécialisa très tôt dans l’abattage des veaux. Le choix de cet emplacement répondait à l’antique pratique consistant à écarter ce type d’établissement des habitations. Dans le cas de la capitale provinciale, ainsi que le rappelait Charles Dupont, « les lettres patentes de Charles V en 1377 et de Charles VI en 1386 avaient confirmé d’anciennes coutumes de Toulouse interdisant d’abattre, dans l’enceinte des murailles, les animaux dont la viande devait être vendue en détail au public afin d’éviter que les immondices venant à corrompre l’air produisent l’infection et causent la maladie contagieuse »177. Ce n’est qu’à partir de 1444, lorsque le droit de l’équivalent des aides fut instauré en Languedoc178, que le voile commence à se lever sur l’histoire des affachoirs toulousains179. Afin de faciliter la perception des droits sur les bêtes abattues, il semble qu’une réorganisation de ces établissements se produisit alors180. Outre l’affachoir de Tounis181, un abattoir public se trouvait à Saint-Cyprien, entre les deux hôpitaux, près du gué du Bazacle, où l’on ne tuait que des bœufs182. Il y avait aussi quatre tueries à pourceaux dont on ignore où elles se situaient exactement mais dont on sait qu’elles se trouvaient en dehors des remparts, à proximité de la ville. Un autre affachoir, spécialisé dans les agneaux et les moutons, se trouvait au cœur de la ville, rue de la Colombe (à proximité des Augustins)183. À chaque espèce d’animal correspondait donc un abattoir, à l’exception des chevaux pour lesquels on ne dispose d’aucune information184, soit au total, en 1677 : sept abattoirs... officiellement.
67Ce chiffre, déjà élevé, était cependant loin de refléter la réalité tant il est vrai que les lettres patentes de 1377 et 1386 ne furent jamais appliquées, notamment pour les pourceaux. D’après un mémoire des affacheurs (1679), « les bouchers abattaient leurs animaux chez eux jusqu’à l’institution du droit de subvention fixé à un sol par livre de viande [1655]185. C’est alors seulement que, pour éviter toute fraude au détriment des fermiers de ce droit, on les obligea à abattre le gros bétail (bœufs, vaches, veaux) dans un certain affachoir situé au quartier de Saint-Cyprien (...). Les capitouls savent bien qu’on abattait ces animaux partout, nonobstant les prétendues coutumes, à telle enseigne qu’ils toléraient qu’on ait tué dans l’Hôtel de ville tous les veaux qui sont annuellement débités pour les présents des jeux fleuraux, ce qui ne se pratique plus par cette seule raison que cette dépense a été supprimée. Quant aux agneaux et chevreaux, ils sont tués chez les bouchers et même à la [place de la] Pierre au cœur de la ville et au Salin où ils sont vendus sans que personne y ait trouvé à dire »186.
68Le projet de réunion des quatre affachoirs à pourceaux en un seul (1677), qui donna lieu au conflit entre les affacheurs et la municipalité dont a rendu compte Charles Dupont, aboutit à la création d’un nouvel affachoir des cochons appartenant au sieur Sensac, lequel se situait à Saint-Cyprien, dans une grange donnant sur la Grand’rue, vis-à-vis le couvent des religieuses de Sainte-Claire de la Porte. Sous prétexte de problèmes d’hygiène posés par les affachoirs, on supprima ceux qui se situaient hors les murs de la ville pour en créer un nouveau intra muros. En fait, et les affacheurs ne s’y trompèrent pas, il ne s’agissait là que d’un alibi commode pour masquer une manœuvre destinée à faciliter le contrôle du bétail par le fermier de l’Octroi. Le 27 août 1678, en effet, le sieur Sensac reçut le privilège exclusif de tuer des cochons à Toulouse187. Quant à l’emplacement de sa tuerie, située non loin de la porte de l’Isle et des escoussières, elle était ainsi à portée d’évacuer facilement le sang et les entrailles des bêtes dans le fossé de la ville.
69Au début du XVIIIe siècle, il n’y avait plus que quatre affachoirs publics qui constituaient autant de foyers d’infection, d’autant que les responsables de ces tueries avaient tendance à négliger de les maintenir dans la propreté et netteté convenable, oubliant de les nettoyer et arroser trois fois par jour aux heures les plus commodes (soit la nuit)188. À toute heure du jour, en effet, « les bouchers, chevrotiers et égorgeurs de cochons jettaient ou laissaient couler hors de leurs tueries les eaux sales, le sang, les excremens et autres vidanges des animaux égorgés »189. Le sang notamment, impur et répugnant190, posait problème, aussi imposait-on aux bouchers, tripiers et autres chevrotiers de le faire cuire avant de le vidanger191. Outre ces problèmes d’hygiène, les abattoirs étaient à l’origine d’autres nuisances pour leur voisinage dont témoignaient les habitants de l’île de Tounis en ces termes :
« les mugissements que feroient nuit et jour dans les parcs les bestiaux qui sentent les approches de la mort, par l’odeur que répandent toujours les affachoirs, trop voisins où on les tue : qu’on ajoute à cela qu’avant de tuer ces bestiaux, on a coutume de les laisser jeuner plusieurs jours : quels cris épouvantables ne doit-on point en entendre ? »192.
70Les nuisances des affachoirs toulousains trouvent leur équivalent dans toutes les villes d’Ancien Régime pour lesquelles on dispose d’information sur la question193. La situation que l’on enregistre pour la capitale languedocienne apparaît ainsi ni meilleure ni pire qu’ailleurs.
c- Dangers de la circulation
71La présence d’une faune à la fois nombreuse et hétéroclite déambulant plus ou moins librement dans l’espace public toulousain apparaît, de prime abord, comme une cause d’encombrement des rues et un facteur de danger qui force l’évidence. De fait, c’était là un thème iconographique et littéraire déjà vulgarisé sous l’Ancien Régime194. Qu’en était-il à Toulouse ?
72À Paris, observe Pierre-Denis Boudriot, « l’entrée des troupeaux dans la ville, puis leur lotissement, ou leur répartition en lots dirigés ensuite sur les abattoirs, embarrassent la voie et occasionnent de fréquents accidents. Des chevaux sont encornés, des passants blessés, des boutiques dévastées par les bœufs »195. Compte tenu de ce que l’on sait de l’importance des troupeaux transitant dans les rues de la cité, on imagine volontiers des scènes similaires pour la capitale languedocienne. Or, force est de constater que le matériau archivistique qui permettrait d’étayer un tel tableau fait défaut. En effet, les sources sont muettes sur les itinéraires empruntés par les troupeaux menés aux abattoirs, la gêne pour la circulation ou les problèmes d’hygiène posés par ces passages : aucune plainte de riverains n’a été trouvée relative à ces questions ; quant à la réglementation municipale, elle s’avère étrangement silencieuse sur ces problèmes. À tous ces points de vue, le contraste avec la situation parisienne qu’ont étudié Pierre-Denis Boudriot et Reynald Abad est saisissant. Pareille distorsion pose manifestement problème, tant il est vrai que l’on s’explique mal pourquoi les Toulousains se seraient mieux accommodés de ces mouvements d’animaux dans leurs rues et de la gêne momentanée qui pouvait en résulter que les Parisiens confrontés aux mêmes désagréments.
73Quoiqu’il en soit, à Toulouse comme à Paris, la population se défiait du danger que pouvait représenter les bêtes. Parmi les causes justifiant leur opposition à l’implantation d’un nouvel abattoir dans leur île, les habitants de Tounis avançaient :
« l’inconvénient du passage des bestiaux dans des rues très-fréquentées, pour être conduits aux affachoirs, et le risque qu’il y auroit que des enfans, qui sont en nombre dans le quartier de Tounis, ainsi que dans les rues qui y aboutissent, ne fussent estropiés par leur imprudence, ou par la malignité du bétail à corne »196.
74Et les habitants d’attirer l’attention sur « le danger de l’échappée des bestiaux de l’affachoir, dont on a vu des exemples funestes, et qui pourraient arriver peut-être dans les momens où les rues sont les plus fréquentées, dans celui où le peuple sort de l’Église de la Dalbade ». Il demeure en ultime analyse que les animaux menés aux tueries de la ville n’étaient pas perçus comme un danger majeur à Toulouse, contrairement à Paris197.
75L’encombrement de la rue laissait peu de place à la circulation des charrettes, carrosses et autres cavaliers. Les charretiers, les voituriers et les cochers se souciaient peu des piétons qui risquaient à tout instant d’être estropié et ecrasé, surtout les petits enfans198. Pour se frayer leur chemin, ils n’hésitaient pas à pousser leurs attelages afin de forcer le passage, sans se préoccuper du sort des piétons voire des autres charrettes. Ainsi, le 11 octobre 1780, Louis Massot fut écrasé par une charrette dont les conducteurs prirent la fuite199. Le 4 septembre 1784, les capitouls condamnaient à trois mois de prison et autres peines un charretier nommé Jean Richet « pour avoir laissé passer une roue de la charrette sur la main d’un enfant qui en fut renversé, faute par ledit Richet d’être descendu de sa charrette et de s’être tenu à coté des chevaux »200. Les cavaliers n’étaient pas en reste qui lançaient leur monture au galop dans les mes201, comme ce marchand qui renversa dans sa course deux femmes, le 21 juillet 178 3202. Malheur à celui qui ne se tenait pas sur ses gardes. Le 4 mars 1739, Pierre Barthès notait que, dans l’île de Tounis, un carrosse allant a toutes brides les chevaux renversèrent un petit entant de 3 ou 4 ans et les roues en écrasèrent la cervelle, par imprudence d’un cocher capricieux qui ne voulut jamais arrêter, malgré les cris de toute la populace qui sans doute l’aurait mis en pièce s’il ne s’était enfui au plus vite203. On était pas davantage à l’abri dans une chaise à porteur. C’est ainsi que M. de Lama, procureur général des Eaux et forêts de Toulouse, assigna en justice le maître des postes de la ville dont les chevaux avaient brisé sa chaise à porteur204.
76Au bout du compte, même s’il ne fait guère de doute que les mentions que l’on a pu retrouver ne restituent pas exactement cette réalité de la vie urbaine, force est de constater que les cas d’accidents de la circulation mettant en scène des animaux sont peu nombreux, apparaissant comme autant de faits divers émaillant la chronique de la vie urbaine. Cette relative indigence de la documentation explique aussi pourquoi, contrairement à d’autre villes comme Douai205, l’on ne discerne pas dans l’espace toulousain de lieux plus particulièrement dangereux et propices aux accidents de la circulation. Pour autant, le danger était bien réel et perçu comme tel par une population qui savait s’en défier malgré la familiarité qu’elle entretenait avec les animaux circulant dans les rues de la ville.
III- L’attitude de l’autorité municipale face au problème animalier au XVIIIe siècle
77Les nuisances de toute nature consécutives à la présence d’une importante population animale entraient pour une part non négligeable dans les problèmes d’hygiène et de salubrité de la ville ancienne. Ce faisant, l’intime promiscuité entre l’homme et l’animal dans ce cadre urbain constituait un obstacle sérieux aux progrès de l’hygiène publique et de la sécurisation de l’espace public auxquels aspiraient les esprits éclairés et les pouvoirs publics. À travers une série d’éclairages plus ou moins ponctuels, on tentera d’appréhender quelle put être la place de l’animal dans la mise en œuvre du vaste projet urbain qui caractérise les Lumières toulousaines.
a- Un aspect de la politique hygiéniste du capitoulat
78Faisant écho à la législation royale, la réglementation capitulaire interdisait tout élevage chez les particuliers. Cette disposition était régulièrement rappelée à la fin du XVIIe siècle dans les ordonnances générales de police206, lesquelles spécifiaient l’interdiction de faire aucun nourrissage de pourceaux, oyes, canards et autres semblables betail sujet a infection et corruption, a peine de confiscation et de 100 livres d’amende207. Noyée au milieu d’autres dispositions contraignantes, cette prohibition resta lettre morte, malgré l’importance de la sanction pécuniaire encourue par les contrevenants. Aussi les capitouls entendirent-ils lui donner plus d’éclat et de retentissement en lui consacrant une ordonnance de police ne concernant que ce point, laquelle fut promulguée le 16 juin 1702208. Jusqu’au milieu de la décennie suivante, le corpus documentaire est trop lacunaire pour que l’on puisse véritablement cerner les priorités des capitouls exprimées par leurs actes réglementaires. Pour autant que l’on puisse en juger, l’élevage domestique semble avoir été négligé par l’autorité municipale pendant cette période car il n’apparaît pas dans les ordonnances dont on a gardé la trace. De fait, il ne réapparaît qu’en 1718.
79Dans l’ordonnance du 31 janvier 1718 concernant le nettoyement des rues et l’entretien du pavé de la ville et fauxbourgs, il était aussi fait « défense de nourrir et laisser vaguer dans les rues aucuns cochons, canards, oies et autres animaux immondes »209. On peut voir dans cette ordonnance une marque d’évolution dans l’approche de ce problème par les magistrats municipaux. En effet, en ne considérant plus le problème animal individuellement mais en l’associant aux problèmes d’hygiène et de voirie, ils rendaient compte d’une approche globale des problèmes d’hygiène publique en soulignant le fait qu’il était vain de s’efforcer de nettoyer les rues et de s’évertuer à les entretenir si des animaux réduisaient à néant ces efforts. L’idée n’était certes pas inédite dans la réglementation municipale. L’innovation tenait surtout en ceci que cette ordonnance tendait à focaliser l’attention non plus seulement sur l’élevage en tant que tel mais aussi sur ses effets nocifs avec le vagabondage des animaux dans la ville. Comme s’ils avaient voulu ne pas donner à penser qu’ils toléraient les élevages domestiques pourvu que l’on veilla à cantonner les animaux dans les maisons, les capitouls ne tardèrent pas à promulguer, le 21 mars 1719, une ordonnance réitérant l’interdiction faite a toutes personnes de nourir aucuns cochons, oyes, canards ou autres animaux immondes210.
80Brusquement, dans les années 1720, les animaux disparaissent à nouveau de la réglementation municipale. Faut-il voir là l’un des effets des dispositions sanitaires draconiennes prises pour préserver la ville de la menace de la peste de Marseille ? Le fait est probable mais reste néanmoins à établir. La menace écartée, les anciennes habitudes ne tardèrent pas à reprendre le pas. En 1730, le problème animalier fit ainsi sa réapparition dans le cadre de l’ordonnance contenant divers règlements de police du 28 février211. Dans ce texte, seul l’élevage des pigeons était proscrit. Par contre, l’interdiction de laisser vaguer dans les rues des animaux (cf. cochons, oies, canards, volailles) était fermement réitérée. Cette mesure fut renouvelée cinq ans plus tard. Les capitouls renouèrent alors avec les ordonnances exclusivement consacrées aux nuisances animales. Mais, cette fois, l’acte réglementaire ne concernait plus que le problème du vagabondage des animaux dénoncé par le syndic de la ville comme l’une des causes principales qui porte le plus d’obstacle à la salubrité publique212. Entre la fin du XVIIe siècle et 1735 les capitouls passèrent insensiblement d’une interdiction totale de l’élevage domestique à celle du vagabondage des animaux. Ainsi firent-ils porter leurs efforts moins sur la cause du mal que sur ses effets, ce qui revenait implicitement à tolérer l’élevage domestique pourvu qu’il ne déborde pas de ce cadre. Ce recul trahit un constat d’échec de la municipalité foncièrement impuissante à prohiber une pratique profondément ancrée dans les mœurs. Il est significatif à cet égard de constater qu’après l’ordonnance du 1er février 1735, les animaux tendent à nouveau à disparaître totalement de la réglementation municipale pendant une trentaine d’années.
81Pendant ce laps de temps, le problème du vagabondage animalier semble n’avoir cessé de s’aggraver au point que les capitouls furent contraints de créer, entre 1735 et 1741213, un emploi de « gadouart » autrement dénommé « préposé pour enlever les bêtes ». À la même époque, une ordonnance de police du 16 février 1741 stipulait qu’il était formellement défendu à quiconque « de jetter dans les ruës et dans aucuns chemins et fossez dans l’étendue du gardiage aucun bœuf, cheval ni autre bête morte, à peine [de] dix livres d’amende ; leur enjoignant de les faire enterrer à la profondeur de six pans dans la terre, sous la même peine »214. Pour impressionnistes soient-ils, ces éléments d’information, les seuls à notre disposition, permettent de se faire une vague idée de l’ampleur d’un phénomène dont on ne peut que s’étonner qu’il n’occupe pas une place plus importante dans la réglementation municipale.
82Ce n’est qu’en 1767 que la question animalière fit sa réapparition dans les actes réglementaires des capitouls avec l’ordonnance du 28 septembre visant exclusivement à interdire de laisser les animaux déambuler librement dans les rues, mesure motivée (comme en 1730) par le fait que cette pratique réduisait à néant les efforts entrepris par ailleurs pour nettoyer les rues215. Observons que, dans ses réquisitions, le syndic dénonçait un abus très repandu depuis quelques tems qui derive de la liberté que prennent quelques habitans de laisser dans les rues leurs animaux. Ces considérations restrictives laissent donc à penser que la municipalité était parvenue à régler ce problème, pendant un temps du moins, ce qui expliquerait le silence de la réglementation municipale précédemment relevé. Quelque circonstancié qu’ait été l’abus déploré en 1767, cette interdiction n’en fut pas moins réaffirmée avec l’ordonnance générale sur la voirie de 1769 qui rappela, en outre, la prohibition de tout élevage domestique216. Quelques années plus tard, l’article XXX de l’ordonnance du 16 avril 1781 stipulait :
« En exécution de l’article 82 de l’ordonnance générale sur la voirie [1769], défendons à tous particuliers, d’élever et de garder chez eux des lievres, lapins et pigeons ; mais derogeant à cet égard à l’article 83 de la même ordonnance, faisons les mêmes inhibitions et défenses pour les oyes, canards, cochons, et tous autres animaux qui peuvent causer quelque infection, sous peine de vingt-cinq livres d’amende et de confiscation ; défendons aussi à tous particuliers, de laisser vaguer la volaille dans les rues et places de la ville, et fauxbourgs, sous peine aussi de confiscation et de trente sols d’amende »217.
83Les bêtes mortes n’étaient pas oubliées dans cette ordonnance218.
84Malgré ces dispositions, le problème empira au point de contraindre les capitouls à promulguer, le 11 mars 1784, une ordonnance enjoignant à tous particuliers de la ville ou gardiage de faire enterrer aux lieux destinés tous les bœufs, chevaux et autres animaux leur appartenant qui viendront à mourir dans leurs maisons ou ailleurs, après en avoir fait la déclaration au greffe de la police, sous peine de 50 livres d’amende219. En l’occurrence, il s’agissait d’empêcher que l’on ne puisse consommer une telle viande. L’ordonnance en question survenait, en effet, après qu’un certain Marty, vidangeur, et son fils aient vendu à des particuliers la viande d’un bœuf ecorché à la voyrie220. Si ces dispositions n’innovaient en rien par rapport à celles déjà connues, leur réaffirmation, assortie de sanctions plus lourdes que par le passé, rend compte du souci de l’autorité municipale de reprendre véritablement en main un problème qu’elle n’avait que trop négligé.
85Il est remarquable de constater qu’à la fin de l’Ancien Régime, le problème de la présence animale dans la ville se posait exactement dans les mêmes termes qu’un siècle plus tôt, et l’on pourrait remonter certainement plus haut encore dans le temps. Aussi est-on en droit de s’interroger sur la volonté des capitouls d’en finir avec ce problème. On observe, en effet, que les sanctions demeuraient bien faibles et, à ce titre, peu dissuasives contrairement à ce qui était le cas un siècle plus tôt. Mais surtout, on ne peut manquer de relever l’absence de traces de sanctions dans ce domaine dans les archives de l’administration capitulaire, fait que ne suffisent pas à expliquer les déficits des archives du greffe de la police et les lacunes de la série FF. Entre le discours et la pratique, le fossé était donc important. Faut-il pour autant y voir une marque de laxisme ? Pour une part, sans doute, mais pas seulement. Pour régler le problème de l’élevage urbain, il aurait fallu que l’autorité municipale le prenne à sa source, en forçant le for privé des habitants. Or, c’est là une attitude qui lui répugnait. Par contre, elle entendait recouvrer toute autorité sur l’espace public. C’est donc sur ce domaine qu’elle fit porter ses efforts, se satisfaisant d’endiguer un phénomène dès lors qu’il ne devenait pas trop visible. En cela, le cas particulier des animaux apparaît représentatif de la pratique policière du capitoulat que l’on pourrait décliner à l’identique dans bien d’autres registres.
b- La question des abattoirs
86Renouant avec des principes d’urbanisme remontant à l’Antiquité221, l’un des grands chevaux de bataille des hygiénistes du XVIIIe siècle fut l’éloignement ou la suppression des foyers d’insalubrité qui s’étaient enkystés dans l’espace urbain souvent depuis l’époque médiévale. Unanimement dénoncées pour leurs pestilences corrompant l’air et menaçant ainsi la vie des citadins, les tueries étaient, avec les cimetières, une cible toute désignée pour ces velléités d’assainissement dont on trouve la marque dans toutes les villes du royaume222. Sur ce point, la documentation toulousaine apparaît relativement pauvre (ce qui explique l’indigence de l’historiographie locale sur ces établissements) par rapport à celle trouvée pour d’autres villes. Ce faisant, elle se révèle très décevante pour l’étude des animaux car ils n’apparaissent jamais en tant que tels dans les documents concernant les affachoirs qui se focalisent sur les seuls terrains et bâtiments.
87À Toulouse, la question fut soulevée en 1727. Cette année-là, les habitants de la rue de la Colombe se mobilisèrent contre l’affachoir des agneaux situé dans leur rue. Ils se plaignirent à la municipalité de la corruption causée par le sang et les entrailles des agneaux que les chevrotiers egorgent et de l’infection qui en résultait dans la rue et le voisinage. Les capitouls reconnurent le bien-fondé de ces plaintes et décidèrent, le 17 décembre, de fermer cet établissement qui fut déplacé dans l’île de Tounis, près de l’affachoir des moutons223. Désormais, la seule tuerie d’agneaux autorisée était donc celle de Tounis ; interdiction était faite aux chevrotiers et agneliers d’egorger des chevreaux ou agneaux ailleurs qu’audit lieu. Cette décision, qui se heurta à l’opposition de la jurande des chevrotiers et des agneliers224, marquait un incontestable progrès pour l’hygiène publique. Donnant sur la Garonne, les deux principaux affachoirs de la ville (celui des veaux, moutons et agneaux à Tounis, et celui des bœufs, à Saint-Cyprien) pouvaient ainsi évacuer dans le fleuve leurs détritus sans provoquer trop de gêne pour les riverains. Mais leurs emplacements présentaient deux désavantages. Leur exiguïté, tout d’abord, qui ne se prêtait à des extensions qu’au prix d’achats de terrains fort onéreux (puisque déjà construits). C’est ce qui fit rejeter la requête des bailles du corps des maîtres chevrotiers qui, en 1743, avaient le chagrin de voir que les aigneaux se gattent dans le meme jour qu’ils ont été égorgés, [et] que la chair se corrompt au prix d’une mauvaise odeur, et qui soutenaient qu’il était necessaire et indispensable ou d’agrandir ou de faire un [nouveau] escorchoir225. L’autre inconvénient était lié à la proximité même de la Garonne qui les exposait aux ravages des inondations, lesquelles furent tout particulièrement nombreuses et singulièrement dévastatrices au XVIIIe siècle226. Il fallut donc régulièrement entreprendre des travaux de réparations des bâtiments ou de consolidation des berges avoisinantes227. Malgré cela, la municipalité, les professionnels liés à l’activité des abattoirs et les voisins de ces derniers s’accommodèrent de cette situation. Ainsi de longues décennies s’écoulèrent-elles avant qu’il ne soit à nouveau question de ces établissements.
88En 1770, sans que l’on sache qu'elles furent ses motivations, la municipalité envisagea de fermer l’affachoir des bœufs de Saint-Cyprien en transférant cette tuerie à l’île de Tounis. Devant l’hostilité de la population, il fallut y renoncer228. Dix ans passèrent. Le projet fut alors repris, mais à l’envers :
La ville s’est occupée des tueries quelle avait déterminé de réunir dans un même local sur le bord de la riviere entre les deux hopitaux, au lieu que celles dont on se sert maintenant sont dispersées dans differents quartiers, et sont dans un si mauvais état que celle des veaux, des moutons et des agneaux appartenant à la ville ne resistera pas long-temps aux eaux des inondations ; on avoit projetté encore, en réunissant ces tueries, de procurer aux bouchers dans le même local des ecuries pour y enfermer les bestiaux qu’ils voudroient journellement egorger, et des etendoirs pour remedier aux dépérissemens des cuirs et des peaux, auxquels ils sont maintenant exposés, a la charge par eux de payer à la ville la taxe qui seroit imposée sur chaque tete de bétail, ce qui auroit produit un revenu considerable a la ville et qui l’auroit avantageusement indemnisé de la dépense de la construction qui suivant le devis se port oit à 74 999 livres229.
89Comme le précédent, ce projet échoua230. Il y avait désormais urgence à trouver une solution car la construction du port à Saint-Cyprien (entre les deux hôpitaux) nécessitait la démolition de l’affachoir :
La ville ne peut plus différer d’exécuter le projet par elle formé de construire des tueries attendu que le sol de celle qui sert pour les bœufs se trouve situé dans l’alignement du mur du quai et la construction de ces tueries est encore pour la ville un objet de dépense suivant le devis de l’ingénieur de la ville de la somme de 88 000 livres231.
90De la même façon, l’affachoir à cochons232 se trouva pris lui aussi dans les travaux d’aménagement du faubourg Saint-Cyprien pour la construction de la nouvelle porte qui nécessitèrent sa fermeture et son déplacement provisoires233.
91En attendant qu’une solution (et surtout, un terrain adéquat) soit trouvée, les capitouls enjoignirent aux bouchers, aux chevrotiers et aux égorgeurs de cochons de « garder pendant le jour les vidanges des animaux égorgés (...), dans des vaisseaux couverts, et suffisans pour les contenir, et de ne les jeter que de nuit dans la riviere, depuis huit heures du soir, jusqu’à deux heures du matin, leur défendant de les y jetter à d’autres heures »234. De fait, les nuisances des abattoirs étaient de plus en plus mal supportées. Le 26 juillet 1783, les capitouls ne cachaient pas à l’intendant que l’affachoir des bœufs incommodait les pauvres, surtout les malades de l’Hôtel Dieu qui en sont plus prés, notamment pendant les grandes chaleurs, et d’ajouter : ce seroit un grand bien pour l’humanité de les delivrer le plutôt possible235. Le 3 août suivant, le Conseil Politique délibérait que les nouvelles tueries seraient construites sur l’emplacement situé vis-à-vis le ravelin de l’ancienne porte Saint-Cyprien236. Comme les précédents, ce projet avorta pour des raisons qui n’ont pu être établies pour l’heure.
92Les choses restèrent en l’état, pérennisant une situation qui n’aurait dut être que provisoire. Si les capitouls se montrèrent donc soucieux d’apporter une réponse aux problèmes posés par ces foyers d’insalubrité et de nuisances qu’étaient les affachoirs, ils ne parvinrent pas à leurs fins. Leur projet de réunir toutes les tueries en un seul et même lieu était certainement la solution la plus rationnelle et la plus pratique pour limiter les problèmes d’hygiène. L’échec de la municipalité provient certainement de l’entêtement des capitouls à maintenir l’implantation du nouvel abattoir intra muros alors qu’il eut été facile et certainement moins onéreux de trouver des terrains appropriés hors les murs de la ville. Deux raisons peuvent expliquer cette obstination. Le souci de pouvoir surveiller d’au plus près ce lieu sensible a certainement joué pour des magistrats municipaux dont la police n’avait jamais véritablement cherché à contrôler les zones péri-urbaines. Dans le même ordre d’idée, il y a lieu de croire que le fermier de l’Octroi, qui avait déjà bien du mal à surveiller les allers et venues des bêtes dans la ville, ne devait pas considérer favorablement la perspective de voir les abattoirs être éloignés de la cité. Les turbulences que traversait le capitoulat lorsque le projet était d’actualité durent inciter les capitouls à ne pas engager une épreuve de force avec ce fermier. D’autre part, bien que les documents n’en fassent pas explicitement état, il est probable que les capitouls se heurtèrent à l’opposition des bouchers, rétifs à l’idée de tout déplacement des tueries. En cela, ils auraient adopté un comportement similaire à leurs homologues parisiens. En effet, il est établi qu’à Paris, « l’opposition déterminée et sans nul doute unanime des bouchers a eu raison de tous les projets d’abattoirs mis à l’étude par la monarchie »237. Finalement, ce n’est qu’en 1827 que le nouvel abattoir de Saint-Cyprien sortit de terre et en 1835 que celui de Tounis fut démoli et transféré dans la nouvelle tuerie238.
c- Le développement de la codification de la circulation
93Les villes d’Ancien Régime de quelque importance connurent des problèmes de circulation plus ou moins prononcés selon les cas239. Force est cependant de reconnaître qu’il s’agit là d’une réalité encore bien mal connue tant il est vrai qu’elle n’est pas aisée à appréhender. Induit par l’augmentation de la population, le phénomène résultait de l’accroissement du trafic mais aussi de l’apparition de nouveaux types de véhicules qui contribuèrent à poser avec acuité le problème des saillies et des entraves parsemant les rues, mettant en évidence combien la morphologie de l’espace urbain héritée de l’époque médiévale était inadaptée pour une telle circulation240. Outre les embarras quotidiens, la conjugaison de ces différents paramètres se traduisit par une fréquence accrue des accidents sur la voie publique qui posait le problème de la sécurité de l’espace urbain. Ce faisant, c’était aussi le problème de la place de l’animal dans la ville qui se trouvait ainsi posé.
94La réglementation de la circulation dans la capitale languedocienne, dont la première mention connue date du dernier quart du XVIe siècle, fut longtemps aussi sommaire que rudimentaire, mais ce faisant, répondait semble-t-il bien aux problèmes de l’époque. Elle se résumait, en effet, en l’obligation faite aux cochers et voituriers de ne placer que trois chevaux par attelage241 242. Si l’on en juge d’après la demi-douzaine de procès-verbaux de police retrouvée concernant des infractions à ce règlement, les capitouls n’auraient pas prêté grande attention à ce problème243. De fait, d’une façon générale, ce n’est que très lentement que les problèmes de circulation s’immiscèrent dans la police de la voirie toulousaine.
95En 1731, les magistrats municipaux se préoccupèrent des dommages causés aux murs des maisons par les fagots débordant des charrettes244. En conséquence, ils fixèrent la largeur maximale à douze pans (à peine de 25 livres d’amende)245. La première trace significative d’une prise de conscience des problèmes de circulation par l’autorité municipale est constituée par l’ordonnance de police du 18 septembre 1740 visant à prévenir les monopoles dans le commerce du bois à brûler et les accidents qui peuvent arriver par la négligence des charretiers qui conduisent les charrettes dans la ville et fauxbourgs246. Dans ses réquisitions, le syndic de la ville dénonçait :
la negligence des charretiers conduisant des charrettes attelées a des bœufs ou a des chevaux, qui abandonnent leurs bœufs ou montent sur leurs charrettes, ce qui cause journellement beaucoup de desordre dans la ville plusieurs habitans risquant d’etre estropiés et ecrasés, et surtout les petits enfans.
96Pour remédier à cette situation, il proposait de défendre aux charretiers d’abandonner leurs attelages et de rester juchés sur leurs charrettes, leur prescrivant au contraire de marcher à côté de leurs bêtes en les tenant par la bride. Cette ordonnance resta sans lendemain. Ce n’est véritablement que dans la seconde moitié des années 1760 que les problèmes de circulation s’imposèrent à la municipalité. Cette dernière s’attacha en premier lieu à régler deux questions relatives aux moyens de locomotion offerts au public : les carrosses et les chaises à porteur de place247. À la fin de la décennie, elle considéra les problèmes de circulation de façon plus générale.
97Avec l’ordonnance générale sur la voirie du 10 novembre 1769 émergea l’embryon d’un code de la circulation248. La première innovation de cette ordonnance tenait en ceci qu’elle rendait compte d’une approche globale de la question en lui consacrant cinq articles. Deux d’entre eux réaffirmaient la législation en vigueur mais en la précisant quelque peu. Ainsi, « pour prévenir les obstacles que mettent à la voie, et les dommages que causent aux appartemens bas, aux denrées, et marchandises placées sur les étaux des boutiques, et aux murailles des maisons, les charrettes chargées de sermens, de fagots, et autres choses », l’article XLVI rappelait l’interdiction faite aux charretiers qui transportaient ces produits dans la ville, « d’y entrer avec des charrettes, dont la charge est plus large de douze pans ; sous l’amende de 10 livres, dont les maîtres seront responsables, de confiscation de la charge, et de double amende, en cas de récidive ». Ce faisant, injonction était faite aux portiers de la ville d’empêcher les charretiers contrevenants d’entrer dans la cité. De la même façon, l’article XLVII rappelait les termes de l’ordonnance du 28 février 1731249, mais en enjoignant « aux charretiers de faire passer leurs charrettes à chevaux ou à bœufs, par le milieu des rues ». Les trois articles suivants introduisaient deux nouvelles règles. La première, portée par les articles XLVIII et XLIX, interdisaient à tous ceux qui conduisaient des attelages de s’arrêter sans motif dans les rues, notamment celles où il ne pouvait passer deux carrosses de front, et de se rendre directement à leur destination. L’autre nouveauté, portée dans l’article L, tenait dans l’obligation faite « à tous palefreniers, postillons, valets d’écuries, et autres, de conduire par les rues, aux abreuvoirs, ou ailleurs, au-delà de trois chevaux ; sçavoir, un attaché à la queue de celui qu’ils monteront, et le troisième à la main ».
98Dans ce domaine comme en d’autres, l’ordonnance du 16 avril 1781 réaffirma les dispositions de celle du 10 novembre 1769 mais en introduisant des éléments restrictifs plus contraignants, des précisions qui n’étaient pas développées dans le règlement précédent et, surtout, de nouveaux éléments de réglementation250. Ainsi, l’article XLIII reprenait-il l’article XLVII de l’ordonnance de 1769, mais en spécifiant qu’il était très expressément défendu « à tous charretiers, de confier à des enfants la conduite de leurs charrettes, dans les rues de la ville et fauxbourgs, sous peine de huit jours de prison, et d’être personnellement responsables des dommages et intérêts qui pourroient en résulter »251. L’ordonnance de 1781 comportait deux innovations. La première, avec l’article XLV, concernait l’obligation faite aux cochers de ne pas quitter leur attelage sans l’avoir attaché et de ne pas s’en éloigner252. La seconde, et sans doute la plus importante, interdisait formellement à quiconque, à l’exception des courriers, d’aller au galop dans la ville :
« Faisons défenses, sous peine de quarante sols d’amende, à tous palefreniers, postillons, valets d’écurie, et autres conducteurs de chevaux, d’en mener plus de deux dans les rues, aux abreuvoirs, aux promenades, ou ailleurs ; sçavoir, celui qu’ils monteront, et le second à la main ; leur défendons de les faire galopper en les conduisant ainsi ; comme aussi, de donner au second cheval toute la longueur de la bride, ou de le laisser marcher seul, sous peine, pour chacune de ces contraventions, de trois livres d’amende, et de prison. Défendons pareillement à toutes sortes de personnes, à l’exception des courriers, de galopper leurs chevaux dans les rues, places, et promenades, à peine de cent sols d’amende »253.
99La nouveauté ne tenait pas seulement dans l’institution de la première limitation de vitesse connue à Toulouse, mais aussi dans le fait qu’elle concernait les cavaliers qui n’apparaissaient pas jusqu’alors dans les ordonnances de police. Avec cette ordonnance, la capitale languedocienne disposait d’une réglementation cohérente et adaptée aux problèmes de circulation qui se posaient à la ville en cette fin d’Ancien Régime254. Dans le même temps, le nombre croissant de procédures contre les contrevenants à la réglementation municipale et les fauteurs d’accidents atteste de la sensibilisation des capitouls à ce type de problème et leur volonté de sécuriser ainsi la pratique de l’espace urbain.
100Les capitouls eurent le souci d’adapter aux lieux et aux circonstances leur réglementation. Ainsi, le 1er juillet 1782, ils constataient que
« tant de charretiers, qui affluent dans la ville, et sur-tout en ce temps de fenaison, par le fauxbourg de Saint-Étienne, ou de voituriers qui se rendent aux magasins des environs du Canal, il y en a qui vont faire répaître leurs bestiaux dételés, et à côté des charettes, entre l’église de Saint-Sauveur et la fontaine [de la place Dauphine] ; d’autres conduisent leurs charettes, ou voitures au milieu de cet espace, soit pour le traverser, soit pour mener boire les bœufs, ou chevaux à l’abreuvoir, sans les dételer ; il résulte de tout cela, que l’accès de l’auge servant d’abreuvoir, dont les eaux limpides et salutaires aux bestiaux en attirent une grande quantité, se trouve gêné une partie de la journée, ou que les arbres sont dégradés par ces bestiaux, plus encore par les charettes, qui en approchent de trop près »255.
101Pour remédier à ces inconvénients et préserver la fontaine de la place Dauphine nouvellement érigée ainsi que les arbres qui ornaient ses alentours, les capitouls entendaient assigner aux charretiers et aux voituriers un espace particulier pour y faire paître les animaux. En conséquence, le premier article de leur ordonnance portait défense à ces derniers :
« de faire dépaître leurs bœufs, ou chevaux, sur l’espace qui est entre l’église Saint-Sauveur, et la fontaine Dauphine, sauf à eux à les ranger au-dessus de la fontaine, ou sur la partie de la place Dauphine, qui regne le long du mur de l’ancien cimetière de Saint-Sauveur ; à la charge de se tenir à une certaine distance de la ligne d’arbres, qui traverse cette place, de maniere que ces arbres n’en soient point endommagés, et de laisser les voies le long des maisons en face de la place, entiérement libres pour le passage des gens à pied, ou a cheval, et des voitures, à peine, pour la contravention, à chacun des cas ci-dessus exprimés, d’être arrêtés, mis en prison, et de cent sous d’amende ».
102Ce fut dans le même esprit que fut promulgué, le 29 janvier 1785, une ordonnance de police portant défenses à tous cavaliers, cochers, voiturins ou charretiers, de passer avec leurs chevaux, équipages, voitures ou charrettes sur les contre-allées de la grande avenue du fauxbourg de Saint-Cyprien256. Il s’agissait en l’occurrence moins de régler un problème de circulation que de préserver les ormes qui embellissaient cette promenade dont les capitouls se montraient particulièrement fiers. Ce faisant, ils expérimentaient une idée nouvelle : la préservation de l’environnement urbain passait par une nécessaire codification de la circulation.
103Par rapport à certaines grandes villes du royaume comme Paris ou Lille, la réglementation de la circulation à Toulouse apparaît lente, tardive et finalement peu développée. Mais, par rapport à d’autres métropoles provinciales, le cas toulousain ne souffre pas de la comparaison257. Pour autant que l’on puisse en juger, la situation de la capitale languedocienne paraît donc se situer dans la norme de l’époque. Si le contrôle et la réglementation de la circulation ne fut pas, pendant longtemps, une priorité pour la municipalité, dans le prolongement des mesures qu’elle prit pour dégager les rues, elle fut amenée à s’intéresser progressivement à la question et y apporta des réponses apparamment appropriées aux problèmes qui se posaient. Il s’avère cependant que l’animal n’était pas le principal objet visé par les mesures réglementaires. De ce point de vue, on peut constater qu’on s’est moins attaché à la source du mal qu’à ces effets en privilégiant une approche pragmatique des problèmes.
d- Un capitoulat impuissant à juguler l’inflation de la population canine
104Comment les capitouls réagirent-ils face à l’inflation de la population canine que nous avons pu mettre en évidence ? Il s’avère que leur attitude fut étroitement conditionnée par le péril de la rage qui sévit dans le Midi toulousain entre 1781 et 1786258.
105La rage se manifesta spectaculairement à Montesquieu-Volvestre à la fin du mois d’octobre 1780 quand un chien hydrophobe « se jeta sur sept enfants, qu’il mordit cruellement »259. Ces enfants furent soignés et guéris à l’hospice de la Grave. On ne pouvait donc pas ignorer à Toulouse l’existence de la menace, laquelle ne sembla pas assez importante aux capitouls pour qu’ils prennent des mesures préventives contre cette maladie. Cette passivité était sans doute justifiée par le fait que la rage ne s’était semble-t-il jamais déclarée dans la ville auparavant. La municipalité et la population devaient se sentir à l’abri de ce péril. L’impensable ne tarda cependant pas à se produire. Le 27 mars 1781, un chien enragé venu du gardiage pénétra dans la ville où il fit une course folle dans les mes, semant la panique sur son passage avant d’être abattu260. La démonstration de la vulnérabilité de la ville était faite. Devant l’émoi causé par cet événement, les capitouls réagirent promptement. Un procès-verbal fut dressé et la bête examinée avant d’être enterrée sans tarder à quatre pieds de profondeur. Le 28 mars, une ordonnance de police fut publiée dans la ville261. Elle décrétait que tous les cochons et les chiens des propriétaires désignés dans le procès-verbal de même que tous les chiens vagues seraient incessamment abattus par un détachement de la compagnie du guet. Les chiens suspectés d’avoir été contaminés devaient être tenus « enfermés ou attachés jusqu’à ce qu’il y ait moyen de reconnaître s’ils n’ont aucun symptome de rage ». Les propriétaires d’animaux contrevenant à ces dispositions étaient menacés d’être tenus responsables des dépends et d’une amende de 50 livres. Ces mesures furent rapidement suivies d’effets. Le 30 mars, un commissaire au fait de la police escorté de quatre soldats du guet se rendirent dans l’île de Tounis pour y « tuer les chiens des bouchers dénommés dans ledit procès-verbal »262. La documentation est malheureusement silencieuse sur la mise à mort des animaux contaminés et le nombre de ces derniers263.
106Les mesures des capitouls ne visèrent qu’à faire face à une situation de crise. Une fois le problème considéré comme réglé, aucune disposition préventive ne fut prise afin de protéger la ville de la rage alors que, dans les campagnes environnantes, le mal persistait et s’étendait. Il fallut un nouvel incident pour pousser la municipalité à agir. Le 26 juin 1782, un enfant fut mordu par le chien d’un nommé Vidal264. On semble avoir redouté que l’animal ne soit contaminé, mais cette crainte se révéla infondée. Néanmoins, le 5 juillet suivant, une nouvelle ordonnance de police portant défenses à toutes personnes, et notamment aux bouchers, de laisser vaguer les dogues ou mâtins fut publiée265. Les capitouls réitéraient l’obligation faite à tout propriétaire de chiens de « les tenir enfermés et attachés avec défense de les laisser sortir à moins qu’ils ne les suivent les menant en lesse, à peine de dix livres d’amende et d’être responsables des dommages ». Le problème ne fut pas réglé pour autant comme l’atteste la sentence prononcée, le 8 février 1783, contre François Massip, dit Caumiès, et son fils, égorgeurs de cochons, pour avoir laissé vaguer leurs dogues266.
107Au printemps 1784, la rage n’avait pas disparu de la région. Constatant que « les chiens de toute espece se sont prodigieusement multipliés dans la ville », les capitouls redoutèrent que leur cité ne soit à nouveau touchée par le mal. Ils avisèrent donc cette fois de prendre les devants. Tirant les leçons de l’inefficacité des dispositions des années précédentes, ils prirent des mesures radicales. Par leur ordonnance de police du 22 juin, ils firent savoir qu’ils feraient répandre, par des personnes désignées à cet effet,
« pendant la nuit dans les rues durant les mois de juillet et aoust, un composé fait avec des drogues propres a faire perir les chiens, et que huit jours avant les habitans seront avertis du jour auquel la police faira executer cette operation afin qu’ils puissent garder leurs chiens chés eux et les empecher de vaguer pendant ces deux mois, sauf a eux de les museler s’ils veulent les faire sortir »267.
108Même si elle constituait une première à Toulouse, cette opération d’éradication n’avait rien de nouveau pour l’époque. En effet, à partir de 1750, selon Olivier Zeller, « dans toutes les villes, la noix vomique devient l’instrument d’un grand massacre des chiens »268. Depuis 1759, cette méthode avait déjà fait ses preuves à Lyon où les autorités menèrent de vastes opérations d’empoisonnement des chiens errants. Le fait que les capitouls aient envisagé de recourir à cette solution donne la mesure de leur degré d’inquiétude. Le problème qui se pose ici est de savoir s’ils mirent bien à exécution leur projet d’empoisonnement. En l’absence de toute information directe sur ce point (comme d’ailleurs sur les modalités de la chasse données aux chiens errants et ses résultats), il est permis d’en douter. La conclusion du passage consacré aux chiens dans le Tableau de l’administration de la ville de Toulouse pour Tannée 1785 laisse bien à penser que le capitoulat recula devant cette mesure radicale. On y lit :
« Ne pourroit-on pas faire périr les chiens à Toulouse par quelque aliment ou pâte préparée qui ne pourroit pas nuire à l’homme ni aux animaux utiles, et qui ne ferait craindre aucun danger ? On parviendrait par-là au but qu’on se propose (...) »269.
109Quelles qu’aient pu être les mesures réellement appliquées et le nombre de chiens éliminés (d’une façon ou d’une autre), on peut constater tout au moins que la municipalité parvint à préserver la cité du mal.
110Au printemps 1785, la rage se manifesta à nouveau de façon inquiétante jusqu’aux abords de la capitale provinciale. Le procureur général de la ville incita les capitouls à promulguer une nouvelle ordonnance de police pour faire face au péril270. Ils s’exécutèrent, le 9 mai 1785, avec d’autant plus d’empressement qu’une partie au moins de la population les pressait d’agir contre les chiens271. De fait, la police municipale recevait « tous les jours des plaintes des personnes mordues par les chiens » et l’on ne pouvait « guérir les plaignans de l’idée qu’un chien qui a mordu doit être tué »272. En effet, une certaine psychose de la rage semble avoir alors gagné la ville. Une rumeur, dont se faisait explicitement l’écho le procureur général, y circulait. On assurait que plusieurs propriétaires de chiens enragés, voulant les sauver, les ont fit conduire à Toulouse, où ils peuvent avoir mordu d’autres chiens et animaux domestiques, de sorte que cette maladie peut devenir funeste aux citoyens surtout dans ce temps de sécheresse, si propre a maintenir ce desastre273.
111En de telles circonstances, on aurait pu penser que les capitouls auraient fait montre de la plus grande fermeté en appliquant, cette fois, les mesures d’éradication qu’ils avaient adoptées l’année précédente. Il n’en fut rien. Ils se bornèrent à réitérer simplement à l’identique les dispositions que portait déjà l’ordonnance de police du 28 mars 1781. Il ne semble pas qu’il faille voir dans cette attitude un souci de minorer le péril visant à apaiser les craintes de la population, mais bien une reculade du capitoulat face à l’hostilité de nombre de Toulousains à l’égard de toute mesure d’éradication canine. De fait, la municipalité éprouva de réelles difficultés à pourchasser les chiens errants qu’elle ne chercha d’ailleurs pas à cacher. Comme pour alerter leurs concitoyens inquiets du problème et chercher par là même un soutien populaire qui leur faisait défaut, en cette année 1785, les capitouls faisaient savoir que :
« Cette partie de la police n’est pas aisée à exercer, surtout à l’égard de cette multitude de gros chiens qui n’ont pas de maîtres, et qui vaguent dans les rues le jour et la nuit (...) »274.
112Ce faisant, ils déploraient de ne pouvoir trouver d’« exécuteurs » pour éliminer ces chiens car ceux qui acceptaient cette mission étaient « hués et insultés par la populace ». Ce rejet des « exécuteurs » de chiens n’est pas sans rappeler l’aversion que le bourreau inspirait aux Toulousains, laquelle rejaillissait sur tous ceux qui pouvaient être impliqués plus ou moins directement dans une exécution capitale275. Il est intéressant d’observer que cette répulsion se manifestait aussi à propos de la mise à mort d’animaux domestiques, d’une part, et qu’elle pouvait être suffisamment forte pour s’exprimer assez violemment pour dissuader quiconque d’exercer l’emploi de tueur de chiens, d’autre part. Apparemment surpris par un tel comportement, les magistrats municipaux observaient que c’était « une affaire majeure que de se débarrasser d’un chien ». En effet, constataient-ils,
« si on veut y contraindre le maître, le chien disparoît ; il faut se livrer à une procédure pour le faire représenter par la force des peines et des amendes : il y a des maîtres qui tiennent à leurs chiens avec enthousiasme ; il faut déployer tout la rigueur de la police pour vaincre leur obstination ».
113Et les capitouls de s’interroger : « Veut-on faire tuer les chiens lorsqu’on craint la rage ? ». Pour le plus grand nombre, la réponse était manifestement négative, malgré le danger que cela pouvait représenter. En proie à d’importants tiraillement internes, le capitoulat ne chercha pas à s’aliéner la population avec des mesures impopulaires.
114En 1786, la rage menaçait toujours. À Toulouse, comme les années précédentes, on n’eut à déplorer aucun incident de ce genre. Néanmoins, la municipalité promulgua, le 29 mai 1786276, une nouvelle ordonnance de police sur la question qui ne faisait que reprendre les mêmes dispositions de l’année précédente. À défaut d’imposer les mesures radicales qu’elle avait pu préconiser, la municipalité n’entendit donc pas pour autant déserter ce terrain de la police sanitaire ni abdiquer ses velléités de régler le problème canin.
115Après 1786, le problème hydrophobique disparaît subitement de l’actualité toulousaine et régionale, comme si l’épidémie avait soudainement cessées. Le capitoulat relâcha sa vigilance sur les chiens errants et se désintéressa désormais totalement de la question canine dont il venait d’éprouver combien elle pouvait être sensible. Selon le point de vue que l’on veut privilégier, on peut voir dans cette attitude une démission de l’autorité municipale ou une volonté d’apaisement des passions dans un contexte socioéconomique tendu. Dans l’un et l’autre cas, il en résultait une reconnaissance de fait de l’importance prise par les chiens dans la ville. Laissé pendante, la question canine ne devait dès lors plus cesser de se poser à la ville en gagnant en importance au point que, « à certaines époques, les chiens sont tellement abondants qu’ils deviennent un danger public. En 1844, les journaux font une campagne contre ‘l’usage de battre des chiens sur la voie publique’. Pour en diminuer le nombre on n’a pas encore inventé la petite voiture ‘à salade’ où l’agent, expert au lasso, emporte de nos jours vers la fourrière les chiens sans plaque (...) »277. Un siècle plus tard, la lutte contre les chiens était devenue une constante de la vie quotidienne à Toulouse278.
e- Un nouveau venu dans le personnel municipal : le vétérinaire
116À considérer au cas par cas, comme on vient de le faire, les mesures que les capitouls purent prendre et tentèrent de faire appliquer avec plus ou moins de bonheur, on pourrait être tenté d’en conclure qu’ils ne firent qu’agir au coup par coup sans avoir véritablement conscience d’être confronté à une évolution significative de l’économie du rapport homme-animal. Mieux sans doute que leurs mesures de police, un geste témoigne qu’il n’en fut rien et que les magistrats municipaux tentèrent bien de s’adapter à une situation dont la nouveauté ne leur échappa pas. Dans le courant de l’année 1782, la municipalité décida d’embaucher un vétérinaire279. Elle s’adjoignit les services de Pierre Bullion qui venait de recevoir son brevet de professeur de l’École royale vétérinaire de Paris (20 mars 1781)280. Il semble que ce fut le premier vétérinaire diplômé à s’installer à Toulouse.
117Malheureusement, on ne dispose pour l’heure que de trop rares informations sur la mission et l’activité de ce vétérinaire municipal pour les cerner véritablement281. Il est donc probable que cette carence fausse notre appréhension de la façon dont le capitoulat put traiter les questions animalières à la fin de l’Ancien Régime. Pour le moins, il y a lieu de croire que Pierre Bullion donna satisfaction à la ville. On sait que, membre de la loge toulousaine de l’Encyclopédique, il animait les travaux du Comité d’Agriculture établi au sein de cette loge en communiquant le fruit de ses recherches personnelles et en menant diverses expériences d’agronomie282. En 1785, les capitouls entendirent gratifier ce vétérinaire zélé. Ils acceptèrent non seulement de doubler son salaire, qui passa de 300 à 600 livres283, mais encore de le loger aux frais de la ville284. Cet avantage, qui était loin d’être négligeable, le plaçait de fait au même rang que les officiers de l’Hôtel de ville.
Conclusion
118Assurément, l’animal est un élément déterminant pour comprendre l’économie de l’ancien système urbain. Ceci posé, notre enquête montre qu’il n’est guère aisé de dépasser le constat d’évidence selon lequel sa présence dans la ville ancienne est un fait de civilisation constitutif d’un mode de vie urbain qui en dépendait pour sa subsistance comme pour nombre de ses activités. En effet, l’investigation butte sur une réalité fuyante qui confine au paradoxe. Alors qu’un faisceau concordant de données atteste l’importance de la présence animale dans la ville, le fait se dérobe pour l’essentiel à l’analyse faute de pouvoir être véritablement mesuré, sinon même vraiment saisi, et ce quel que soit le type (animal de trait, de boucherie, de compagnie, parasites de toutes sortes) et la race des animaux et autres insectes. Il est manifeste que notre appréhension de cette question est tronquée, ce qui doit inciter à la prudence quant à l’interprétation des informations que l’on peut mettre à jour. Si cette situation est, en partie, imputable aux carences propres aux sources toulousaines (déficits des archives du greffe de la police et de celles des abattoirs, vide documentaire sur les établissements de location de chevaux, ou sur les muletiers, absence de recensement d’animaux, carence des informations sur le vétérinaire), il convient cependant de ne pas exagérer la pauvreté de cette documentation. En effet, si l’on en juge par l’état d’indigence de l’historiographie urbaine sur cette question et singulièrement par le silence des travaux (notamment sur l’histoire des municipalités ou de la police) qui auraient dû au moins en faire état, on est fondé à croire que le cas de Toulouse n’est qu’un exemple d’un phénomène que l’on peut tout aussi bien retrouver dans maintes autres villes de quelque importance. La dimension archivistique n’épuise donc pas l’explication du problème.
119La difficulté que l’on éprouve en l’occurrence semble, à bien des égards, n’être qu’une illustration de cette résistance si particulière qu’on expérimente toujours peu ou prou dès lors que l’on cherche à percer l’épaisseur d’un quotidien aujourd’hui révolu. Voici qui tend à donner la mesure de l’extrême familiarité des relations entre l’homme et l’animal dans l’espace urbain et jusque dans l’habitat. Cette promiscuité, dont les modalités nous échappent encore, a contribué à développer chez des citadins plus imprégnés de vie rurale qu’on ne le pense d’ordinaire une grande tolérance à l’égard de toutes les formes de gênes et même de dangers causés par les animaux. Faute de pouvoir faire autrement, ils avaient donc appris à composer avec les avatars de leur présence dans leurs murs. Les pouvoirs publics, et au premier chef la municipalité, ne pouvant proposer de réelles solution palliatives ou substitutives, paraissent en avoir fait longtemps de même.
120On se trouve ainsi en présence d’une réalité enracinée de très longue date dans la vie urbaine et qui perdura bien au-delà de la Révolution. Au XIXe siècle encore, la promiscuité entre l’homme et l’animal était, en effet, la règle à Toulouse comme dans toutes les villes du pays285. Le tableau brossé par M.-F. Lormant, qui a pu disposer d’un matériau archivistique plus important que le nôtre, est très éloquent. « L’élevage des animaux dans les cours aggrave cet état déplorable [de l’hygiène]. Parfois, même, poules et lapins voisinent dans une seule pièce avec les locataires (...). Mais on ne se contente pas d’élever de la volaille ! Souvent, le dessous des escaliers intérieurs est transformé en véritable porcherie (...). À la suite de nombreux procès-verbaux et rapports de commissaires de police montrant qu’un grand nombre de propriétaires élèvent et gardent divers animaux domestiques ‘nuisant à la salubrité de l’air et à la santé des citoyens par l’infection qu’ils occasionnent’, des arrêtés municipaux sont publiés, tel celui du 16 brumaire an XI (...) »286 dans lequel on retrouve les mêmes défenses que celles formulées par les capitouls au XVIIe siècle.
121La similitude des situations sur la très longue durée ne doit pas masquer l’évolution qui caractérise les dernières décennies de l’Ancien Régime. Pendant cette période, en effet, on enregistre une présence plus importante de certaines populations animales (chevaux, chiens, vraisemblablement aussi les animaux de boucherie) dans la capitale languedocienne. On y observe aussi l’apparition ou le développement de nouvelles formes d’utilisation (l’agrément de la compagnie des chiens) ou d’exploitation, notamment ludiques (courses de chevaux, combats de chiens, représentations d’animaux plus ou moins exotiques), de l’animal. Ce dernier a donc pris une place nouvelle dans la ville et la vie urbaine en cette seconde moitié du XVIIIe siècle qui trahit une mutation des sensibilités et de l’économie des relations entre l’homme et l’animal. C’est assurément là un aspect inédit de l’histoire urbaine de cette période que l’on met à jour à travers l’étude du cas toulousain.
Annexe
Annexe 1. État des ovins abattus à l’affachoir de l’île de Tounis (8 février 1788-24 juin 1790).
Mois/Années | 1788 | 1789 | 1790 |
Janvier | 1 799 | 1 650 | |
Février | 618 | 2 051 | 1 368 |
Mars | 1 413 | 1 481 | 1 135 |
Avril | 3 126 | 1 017 | 1 722 |
Mai | 2 427 | 943 | 2 239 |
Juin | 2 422 | 1 996 | 1 315 |
Juillet | 3 010 | 2 461 | |
Août | 2 173 | 2 751 | |
Septembre | 2 755 | 3 066 | |
Octobre | 2 064 | 1 865 | |
Novembre | 1 952 | 1 571 | |
Décembre | 2 069 | 1 801 | |
TOTAL | 24 029 | 22 802 | 9 429 |
Annexe 2. État des bovins abattus à l’affachoir de l’île de Tounis (8 février 1788-24 juin 1790).
Mois/Années | 1788 | 1789 | 1790 |
Janvier | 151 | 142 | |
Février | 32 | 169 | 101 |
Mars | 83 | 102 | 77 |
Avril | 209 | 222 | 162 |
Mai | 126 | 193 | 159 |
Juin | 87 | 151 | 63 |
Juillet | 93 | 91 | |
Août | 58 | 66 | |
Septembre | 91 | 92 | |
Octobre | 100 | 89 | |
Novembre | 109 | 95 | |
Décembre | 140 | 143 | |
TOTAL | 1 128 | 1 564 | 704 |
Notes de bas de page
1 DELORT (R.), Les animaux ont une histoire. Paris, 1984.
2 Nous ne tenons pas compte des travaux des sociologues centrés sur la ville contemporaine.
3 Pour un état récent de la question, voir : BARATAY (E.), MAYAUD (J.-L.), « Un champ pour l’histoire : l’animal », in L’animal domestique, XVIe-XXe siècle. Numéro spécial des Cahiers d’Histoire, t. XLII, 1997, nos 3-4, pp. 409-442 ; et, des mêmes auteurs dans la même publication : « L’histoire de l’animal. Bibliographie », ibid., pp. 443-480.
4 ZELLER (O.), « L’animal dans la ville d’Ancien Régime : quelques réflexions », in L’animal domestique, XVIe-XXe siècle, op. cit., pp. 543-554 ; cf. p. 544.
5 Parmi maints exemples, on peut retenir le tableau des rues parisiennes brossé par A. Farge qui n’accorde aucune place aux animaux (cf. Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle. Paris, 1979).
6 Sur cette notion, voir : GUERY (F.) -dir.–, L’idée de ville. Actes du colloque international de Lyon. Seyssel, 1984.
7 ZELLER (O.), « L’animal dans la ville d’Ancien Régime : quelques réflexions », op. cit., p. 544.
8 LAFFONT (J.-L.), Policer la ville. Toulouse, capitale provinciale au siècle des Lumières. Thèse d’Histoire, Université de Toulouse-Le Mirail [U.T.M.], 1997, 3 vol.
9 À la notable exception de l’enquête de 1788 sur les chevaux et les mulets de la subdélégation de Toulouse (cf. infra). De ce point de vue, la documentation toulousaine se révèle plus pauvre que celle de la Savoie ou de Nice (cf. ZELLER (O.), « L’animal dans la ville d’Ancien Régime... », op. cit., pp. 544-545).
10 LA POIX DE FREMINVILLE (E. de), Dictionnaire ou traité de la police générale des villes, bourgs, paroisses et seigneuries de la campagne. Paris, 1758, p. 5.
11 DELAMARE (N.), Traité de la police. Paris, 1705-1738, 4 vol., t. I, pp. 571-576.
12 Par exemple : Archives municipales de Toulouse [A.M. T], BB 155, f° 311. 13 décembre 1670. Crie générale pour l’année 1670 finissant en 1671. Sur la réglementation capitulaire, voir notre article : « La production réglementaire des capitouls de Toulouse sous l’Ancien Régime », in Bibliothèque de l’École des Chartes, t. CLVI, 1998, n° 2, pp. 481-536. Nous publierons prochainement l’inventaire détaillé de ces ordonnances de police : La production réglementaire des capitouls de Toulouse (1690-1790). Toulouse. À paraître (2000).
13 MERCIER (L.-S.), Tableau de Paris. Paris, 1781-1789, 12 vol. ; cité d’après l’édition établie sous la direction de J.-C. Bonnet. Paris, 1994, 3 vol., t. II, p. 486.
14 Par exemple : LARGUIER (G.), « Viandes et espaces urbains à l’époque moderne. Le cas de Narbonne », in De l’herbe à la table. La viande dans la France méridionale à l’époque moderne. Actes du colloque du Centre d’Histoire Moderne de Montpellier III, 1993. Montpellier, 1994, p. 108.
15 De fait, ce paramètre est rarement sinon jamais pris en compte dans les travaux sur l’approvisionnement des villes. Pour une illustration de ce constat, voir : L’approvisionnement des villes de l’Europe occidentale au Moyen Age et aux temps modernes. Actes des Vemes journées internationales d’Histoire de l’abbaye de Flaran, 16-18 septembre 1983. Auch, 1985.
16 Les remarques sur les inventaires après décès qui suivent s’appuient sur notre pratique de ce type de document, d’une part, et la synthèse des études fondées sur l’exploitation de cette source pour Toulouse, d’autre part. Ces études, récentes pour la plupart, sont les suivantes : GARDICLOU (J.), Le cadre de vie des paroissiens de la Dalbade à Toulouse au XVIIIe siècle. Mémoire de maîtrise d’Histoire, U.T.M., 1998. GIL (C.), La vie privée des Toulousains au XVIIIe siècle d’après les inventaires après décès. Mémoire de maîtrise d’Histoire, U.T.M., 1988. GUGLIELMI (C.), La vie quotidienne des marchands toulousains au XVIIIe siècle. Mémoire de maîtrise d’Histoire, U.T.M., 1993. JOUAN (Y.), Le cadre de vie des veuves à Toulouse au XVIIIe siècle d’après les inventaires après décès. Mémoire de maîtrise d’Histoire, U.T.M., 1997. LA CRUZ (P. de), La vie quotidienne des artisans du bâtiment à Toulouse au XVIIIe siècle. Mémoire de maîtrise d’Histoire, U.T.M., 1993. LUNEL (P.), Pouvoir municipal et gestion financière : Toulouse au XVIIe siècle. Thèse de Droit, Université de Toulouse I, 1976, 2 vol. MARINIERE (G.), « Les marchands d’étoffes de Toulouse à la fin du XVIIIe siècle », in A.M., t. LII, 1958, pp. 251-316. PRETRE (F.), Mode de vie et culture des parlementaires toulousains à la fin de l’Ancien Régime. Mémoire de maîtrise d’Histoire, U.T.M., 1995. SANCHEZ (E.), Les capitouls de Toulouse sous le règne personnel de Louis XIV (1661-1715). Mémoire de maîtrise d’Histoire, U.T.M., 1994. SILVESTRE DE SACY (R.), Les imprimeurs et libraires toulousains à la fin de l’Ancien Régime (1759-1789). Mémoire de maîtrise d’Histoire, U.T.M., 1991.
17 Laquelle n’est en aucune façon spécifique à la pratique notariale toulousaine. Gardons-nous donc d’accabler les notaires. Si l’on considère les documents donnant le détail de dommages consécutifs à des sinistres, des constatations identiques peuvent être faites. Le meilleur exemple en l’occurrence est fourni par le minutieux procès-verbal des dommages consécutifs à l’inondation de 1727 (A.M.T., DD 153) : c’est en vain que l’on y cherchera des mentions d’animaux. Le seul contre-exemple est celui du sieur Viguier, habitant dans le 38e moulon de Saint-Cyprien, à propos duquel il est précisé qu’il tenait des chevaux en pension (ibid., f° 40) ; mais il n’est rien dit de ces animaux. Il en va de même de la requête présentée aux capitouls, le 30 mars 1703, par le sieur Colomiez, imprimeur, après l’incendie de la tour du rempart située sur la porte de Villeneuve qu’il louait à la municipalité. Dans ce document, il est fait mention de la perte des pigeons consumez par cette incendie. A.M.T., EE 35.
18 Prenons l’exemple de l’inventaire de la veuve de l’aubergiste François Inard, possédant une grange où l’on trouve « une crèche et son râtelier tirant 3 cannes de cours, et un petit cuvier pour faire boire les chevaux » (cf. GIL (C.), La vie privée des Toulousains au XVIIIe siècle..., op. cit., p. 123 ; l’auteur ne précise ni la référence ni la date du document). La grange en question servait donc d’étable ou d’écurie, fait qui nous échapperait si le notaire n’avait fait mention du « cuvier ».
19 Et « pas uniquement chez les personnes travaillant dans les milieux de la terre », souligne C. Gil (Ibid., p. 123).
20 GUGLIELMI (C.), La vie quotidienne des marchands toulousains au XVIIIe siècle, op. cit., p. 50. Sur 50 inventaires de marchands, on dénombre 18 cours et basses-cours (36 % du corpus) et 7 granges dans la ville. Aucun animal n’est signalé dans ces locaux.
21 LA CRUZ (P. de), La vie quotidienne des artisans du bâtiment à Toulouse au XVIIIe siècle, op. cit., p. 36. Cette observation est aussi valable pour les imprimeurs de la ville qui étaient peu nombreux à posséder des dépendances et qui, lorsque c’était le cas, ne s’en servaient que pour entreposer du matériel (cf. SILVESTRE DE SACY (R.), Les imprimeurs et libraires toulousains à la fin de l’Ancien Régime..., op. cit., pp. 217-220).
22 Ce que nous déduisons de l’observation suivante (l’auteur ne développant pas la question) : « Les granges beaucoup plus nombreuses que les autres types de dépendances, sont pour 57 % d’entre elles destinées à faire office de boutiques ou tout au moins de dépôt de marchandises et d’outillage. De plus, par sa taille, la grange peut offrir des commodités de travail bien supérieure à celle d’un atelier (...). 29 % d’entre elles servent de tinal ou de chai et permettent par là même de stocker un nombre important de barriques. Dans un seul cas sa fonction ne nous est pas précisée. Les écuries sont assez rares car nous n’en dénombrons que deux. Une seule remplit sa fonction originelle, celle de Jean Abela [maître menuisier, habitant rue du Chairedon, dont la fortune s’élevait à 2 657 livres] qui abrite un âne, cependant elle lui sert aussi de chai (...) ». LA CRUZ (P. de), La vie quotidienne des artisans du bâtiment à Toulouse au XVIIIe siècle, op. cit., p. 36.
23 Cette catégorie socio-professionnelle étant sous représentée dans les inventaires après décès, il est évident que ce type de document tend à déformer la réalité.
24 SANCHEZ (E.), Les capitouls de Toulouse sous le règne personnel de Louis XIV (1661- 1715). op. cit.. p. 127.
25 A.M.T., BB 168. 10 novembre 1769. Ordonnance de police générale sur la voirie ; art. LXXXII.
26 Nous reviendrons ultérieurement sur ce point.
27 Ainsi, à Poitiers, cet élevage urbain semble avoir pris des proportions beaucoup plus importantes qu’à Toulouse (cf. RAMBAUD (P.), « Le nettoyage des rues de l’ancien Poitiers », in Bull. Soc. Antiquaires de l’Ouest, 1918, n° 1, pp. 293-296). À Troyes, on se préoccupa du problème en 1720 et, à nouveau, en 1774 et 1782 (cf. RICOMMARD (J.), La lieutenance générale de police de Troyes au XVIIe siècle (1700-1790). Thèse de Lettres, Faculté des Lettres de Paris, 1934, p. 164 et p. 377). Pour un élargissement des perspectives : THOMAS (K.), Dans le jardin de la nature. La mutation des sensibilités en Angleterre à l’époque moderne (1500-1800). Paris, trad. française, 1985, pp. 124-125.
28 LEONARD (J.), Archives du corps. La santé au XIXe siècle. Paris, 1986, p. 60.
29 LEGUAY (J.-P.), La rue au Moyen Âge. Paris, 1984, p. 59.
30 Jean Vidalenc (cf. « L’approvisionnement de Paris en viande sous l’Ancien Régime », in R.H.E.S., 1952, pp. 116-132) avait attiré l’attention sur l’importance de ce phénomène qui perdura au XIXe siècle.
31 Pour Paris, M. Lachiver a eu le bonheur de retrouver un état annuel des bêtes de boucherie entrées dans la capitale, depuis l’année 1697 jusqu’à la Révolution (cf. « L’approvisionnement de Paris en viande au XVIIIe siècle », in La France d’Ancien Régime. Etudes réunies en l’honneur de Pierre Goubert. Toulouse, 1984, t. I, pp. 345-354). Pour Lyon, voir : GARDEN (M.), « Bouchers et boucheries à Lyon au XVIIIe siècle », in Actes du 92ème Congrès nat. soc. sav., Strasbourg, 1967. Paris, 1970, p. 58.
32 Pour une illustration languedocienne de cette carence documentaire, voir : LARGUIER (G.), « Viandes et espaces urbains à l’époque moderne. Le cas de Narbonne », op. cit., pp. 115-116 et p. 128.
33 Voir : VEDEL (J.), La consommation dans le Haut-Languedoc aux XVIIe et XVIIIe siècles. Thèse de 3e cycle d’Histoire, U.T.M., 1973. L’auteur a tiré de sa thèse un article où sont condensés les principaux acquis de son travail : « La consommation alimentaire dans le Haut-Languedoc aux XVIIe et XVIIIe siècles », in A.E.S.C., 1975, nos 2-3, pp. 478-490.
34 Archives départementales de la Haute-Garonne [A.D.H.-G.], C 378. Ces registres ont malheureusement disparu. Sur les affachoirs de Tounis et de Saint-Cyprien : cf. infra.
35 Almanach historique de la ville de Toulouse. Toulouse, F. Baour, 1789, p. 46 ; 1790, p. 29.
36 Terme désignant la banlieue de la ville, soit le territoire périurbain sur lequel s’étendait la juridiction des capitouls.
37 FRECHE (G.), Toulouse et la région Midi-Pyrénées au siècle des Lumières, vers 1670- 1789. Paris, 1974, pp. 278-287.
38 A.D.H., C 5400. 3 décembre 1768. Réponse de M. Raynal, subdélégué de Toulouse, sur l’état des cultures, prairies, troupeaux, vignes, blés, volaille, arbres fruitiers, terres incultes, impositions.
39 On eleve des porcs dans ce diocese (...). Presque tous les paisans ont chacun leur porc qu’ils engraissent et qui fournit à leur nourriture, et pendant tous le cours de l’année, il s’en consomme une grande quantité dans les villes, soit en chair fraiche, soit en chair salée (...). Ibid.
40 Ibid.
41 Mais, ajoutait-il, il est aisé de concevoir que cette transmigration en rehausse le prix depuis l’epizootie surtout il est augmenté du double. Les ravages que ce fleau causa se firent ressentir partout, et l’impression n’en est pas encore effacée. A.D.H., C 47. S.d. [1788]. Idées générales pour servir de réponse aux questions proposées par Mr l’intendant sur la situation de la ville et de la partie du diocèse de Toulouse dépendante de la province de Languedoc, relativement aux objets qui peuvent intéresser son administration. L’intendant Ballainvilliers pouvait ainsi écrire que, dans le diocèse de Toulouse, « les bestiaux sont en petite quantité et fort chers (...) ». PERONNET (M.) -éd.–, Mémoires sur le Languedoc, suivis du Traité sur le commerce en Languedoc de l’intendant Ballainvilliers (1788). Montpellier, 1989, p. 12.
42 Les mêmes motifs qui produisent la rareté du bétail à corne amenent celle des bêtes à laine. Le defaut de paturages qui est general a eté encore augmenté par les dofrichements (...). Dans differentes circonstances on a tenté d’en ameliorer la race, mais les brebis et les beliers ne s’y sont pas conservés, et les experiences en ce genre n’ont rien produit d’avantageux (...). On tient actuellement ches les gros proprietaires quelques troupeaux, mais ils sont peu nombreux et d’une moyenne espece (...). A.D.H., C 47. S.d. [1788]. Idées générales pour servir de réponse aux questions proposées par Mr l’intendant (...).
43 Le fait a été établi de longue date par de nombreuses publications sur la transhumance de ces moutons pyrénéens. À titre indicatif, citons : BLADE (J.-F.), « Essai sur l’histoire de la transhumance dans les Pyrénées françaises », in Revue de Gascogne, 1874, pp. 4-16, pp. 62- 68. CAVAILLES (H.), La transhumance pyrénéenne et la circulation des troupeaux dans les plaines de la Gascogne. Thèse de Lettres, Faculté des Lettres de Paris, 1932.
44 A.M.T., BB 161, P 93. 20 février 1768. Ordonnance de police.
45 A.M.T., BB 169. 27 mai 1773. Ordonnance de police concernant la promenade de l’Esplanade ; cf. art. VI. A.M.T., BB 163, f° 148v°. 19 octobre 1784. Ordonnance de police portant défense aux bouchers, chevrotiers et autres personnes de garder et faire dépaître en aucun temps des moutons ou brebis et autres animaux dans les promenades publiques, et aux revendeurs et revendeuses d’oyes et cochon, de les faire depaître dans lesdites promenades, fossés, bois et chemins.
46 Ainsi, un célèbre bois gravé du début du XVIe siècle, maintes fois reproduit, représentant saint Martin, patron du moulin du Bazacle, figure-t-il dans sa partie basse un convoi d’ânes chargés de sacs de blés pénétrant dans l’enceinte de ce moulin. A.D.H.-G., 5 J.
47 Si le nombre des aubergistes et hôteliers est connu (cf. sur la question les deux maîtrises d’Histoire -soutenues à l’U.T.M.– suivantes : FRIXTALON (E.), Les auberges, cabarets, tavernes et cafés à Toulouse dans la première moitié du XVIIIe siècle. 1995 ; BOURROUSSE (J.-M.), Les débits de boissons à Toulouse dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. 1995), on ignore combien pratiquaient le louage de chevaux. Quant aux loueurs de chevaux proprement dits, ils se dérobent à l’investigation. Tout au plus a-t-on pu établir qu’il y en avait 30 à Toulouse en 1673 (cf. TOUJAS (R.), « Un recensement des métiers jurés ou inorganisés à Toulouse en 1673 », in Actes du 102e Congrès nat. soc. sav., Limoges, 1977. Paris, 1978, t. II, pp. 225-235). La difficulté de saisir cette catégorie socio-professionnelle tient en partie au fait que, contrairement à d’autres villes, comme Lyon par exemple (BAYARD (F.), Vivre à Lyon sous l’Ancien Régime. Paris, 1997, p. 271), ce métier n’était pas réglementé à Toulouse. Fait significatif, ces loueurs de chevaux n’apparaissent pas dans les almanachs toulousains de la fin du XVIIIe siècle, par ailleurs si riches en informations sur les services offerts dans la ville.
48 PRETRE (F.), Mode de vie et culture des parlementaires toulousains à la, fin de l’Ancien Régime, op. cit., p. 154. Le caractère catégorique de ce jugement doit être nuancé. Sur les 106 inventaires qu’elle a dépouillés, Julie Gardiclou a trouvé 6 mentions de logements dotés d’écuries. Elle indique que dans 4 d’entre elles se trouvaient des chevaux (cf. Le cadre de vie des paroissiens de la Dalbade à Toulouse au XVIIIe siècle, op. cit., p. 60).
49 A.D.H.-G., C 258. On dénombrait : 25 juments, 1 cheval et 1 poulain.
50 FESTY (O.), Les animaux ruraux en l’an III. Dossier sur l’enquête de la commission d’agriculture et des arts. Paris, 1941, t. I, pp. 225-226. Commentant le résultat de cette enquête qu’il avait lui-même mené, le sieur Laforgue, administrateur du district de Toulouse, soulignait que l’élevage des chevaux était peu développé dans la région et que la qualité de ces bêtes était médiocre.
51 BOUDRIOT (P.-D.), « Essai sur l’ordure en milieu urbain à l’époque pré-industrielle. De quelques réalités écologiques à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les déchets d’origine artisanale », in H.E.S., 1988, n° 2, pp. 261-281 ; cf. p. 268.
52 FRECHE (G.), Toulouse et la région Midi-Pyrénées au siècle des Lumières..., op. cit., p. 278.
53 A.D.H., C 47. S.d. [1788], Idées générales pour servir de réponse aux questions proposées par Mr l’intendant sur la situation de la ville et de la partie du diocèse de Toulouse (...), fOS 24-25. Repris de façon plus synthétique par l’intendant (cf. PERONNET (M.) -éd.–, Mémoires sur le Languedoc... de l’intendant Ballainvilliers (1788), op. cit., pp. 12-13).
54 Ibid., fOS 25-28.
55 Pour le Haut-Languedoc : 8 juments furent fournies à la ville et au diocèse de Toulouse et 3 au diocèse de Rieux. A.D.H.-G., C 2346.
56 A.D.H.-G., C 2347.
57 A.D.H.-G., C 2350.
58 En 1731, répondant à une enquête de l’intendant, le subdélégué de Rieux (non loin de Toulouse), notait à l’article « haras » : Il n’y a pas de haras dans le diocese et il ne si fait aucun commerce de cheveaux ny de mules a moins que quelque particulier ne fasse venir quelque cheval d’Espaigne qu’il eleve et vend ensuite mais ce n’est pas un objet. A.D.H., C 4677.
59 BORDES (M.), D’Etigny et l’administration de l’intendance d’Auch (1751-1767). Auch, 1957, 2 vol., t. II, pp. 650-685, pp. 687-688.
60 Pour une illustration, voir : DAUGE (Abbé S.), « Lettres du président et de la présidente de Niquet, seigneur et dame de Roquefort (1772-1778) », in B.S.A.H.L.S. Gers, t. VIII, 1907, n° 4, p. 331.
61 BAYARD (F.), Vivre à Lyon sous l’Ancien Régime, op. cit., p. 271 ; LIVET (G.), « Le cheval dans la ville. Problèmes de circulation, d’hébergement, de transport en Alsace à l’époque de la monarchie absolue », in MOTTU-WEBER (L.), ZUMKELLER (D.), Mélanges d’histoire économique offerts au professeur Anne-Marie Piuz. Genève, 1989, pp. 171-189 ; cf. pp. 178-179.
62 A.D.H.-G., 1 G 492bis, f° 573. 1763. État de la paroisse Saint-Sernin.
63 Sur les emplacements de ces foires, leur spécialisation et leur évolution, voir l’ordonnance de police du 27 mai 1769 portant que les foires aux bestiaux de St André et de St Jean se tiendront à l’Esplanade, après la porte Saint-Étienne, ainsi que celle de St Barthelemi, du lendemain de Quasimodo et de la Pentecôte. A.M.T., BB 168, pp. 229-232.
64 A.M.T., FF 560.
65 Toutes les études réalisées à ce jour sur les marchands toulousains et leurs institutions représentatives (Bourse et Chambre de Commerce) sont muettes à leur égard. Il en va de même avec les travaux d’histoire sociale concernant Toulouse. Pour notre part, nous n’en avons jamais rencontré dans nos divers dépouillements, quelle que soit la nature des sources étudiées.
66 LIVET (G.), « Le cheval dans la ville... », op. cit., pp. 182-184.
67 LARGUIER (G.), Le drap et le grain en Languedoc. Narbonne et le Narbonnais, 1300- 1789. Perpignan, 1996, 3 vol., t. III, pp. 1089-1090. L’auteur développe plus en détail cette question dans son étude : « Moïse Carcassonne et le commerce des juifs en Languedoc au XVIIIe siècle », in Les juifs à Nîmes et dans le Midi du Moyen Âge à nos jours. Actes du colloque de Montpellier, mars 1996. À paraître. Nous remercions vivement G. Larguier de nous avoir communiqué ce texte encore inédit.
68 LAFFONT (J.-L.), « La présence juive à Toulouse sous l’Ancien Régime », in Études Juives, t. CLVIII, 1999, nos 3-4, pp. 401-420.
69 « De 310 à 320 en 1658, il passa à 15 000 vers le milieu du XVIIIe siècle, atteignit 20 000 en 1765 et augmenta encore jusqu’en 1789, suivant les estimations des contemporains ». PARDAILHE-GALABRUN (A.), « Les déplacements des parisiens dans la ville aux XVIIe et XVIIIe siècles. Un essai de problématique », in H.E.S., 1983, n° 2, p. 224.
70 Dans une lettre adressée de Montpellier, le 2 avril 1731, au président de Ruffey, Buffon, donnant ses impressions sur Toulouse, avait relevé « le nombre immense de carrosses » (cf. DUTIL (L.), « Toulouse au XVIIIe siècle », in l’Auta, 1948, n° 187, p. 72). En 1659, Melle de Montpensier avait aussi noté que l’on voyait « quantité de carrosses » à Toulouse (cf. GISCARO (R.), « Ce qu’on a dit de Toulouse. Melle de Montpensier », in l’Auta, 1928, n° 14, p. 76).
71 MERCIER (L.-S.), Tableau de Paris, op. cit., t. II, pp. 406-412.
72 Ainsi que l’observait A. Pardailhé-Galabrun, « la possession d’un équipage ou même d’une simple monture était un luxe réservé à un nombre restreint de privilégiés issus des milieux de la noblesse et de la bourgeoisie aisée. Sur 1 500 Parisiens décédés entre 1660 et 1760, moins d’une vingtaine avaient en leur propriété un cheval ou un carrosse, comme il apparaît à travers les inventaires [après décès] » (cf. « Les déplacements des parisiens dans la ville aux XVIIe et XVIIIe siècles... », op. cit., p. 223).
73 Observons qu’aucun marchand ne disposait d’équipage. C’est ce qui ressort, par défaut, de l’étude de C. Guglielmi (cf. La vie quotidienne des marchands toulousains au XVIIIe siècle, op. cit.). Cela étant, il reste à vérifier ce qu’il en était pour le clergé pour lequel l’on ne dispose d’aucune information.
74 PRETRE (F.), Mode de vie et culture des parlementaires toulousains à la fin de l’Ancien Régime, op. cit., p. 153.
75 A.D.H., C 4840. 28 août 1765. Lettre de M. de Raynal à l’intendant ; cf. f° 3.
76 A.M.T., BB, 168, pp. 165-170 (ou : AA 31, fOS 96-100). 13 août 1767. Ordonnance de police concernant les carrosses de louage, ou fiacre ; art. XX.
77 RESSEGUIER (Cte F. de), « Mon vieux Toulouse », in Revue des Pyrénées, t. XII, 1907, p. 120.
78 PRETRE (F.), Mode de vie et culture des parlementaires toulousains à la fin de l’Ancien Régime, op. cit., p. 152. Observation corroborée par le témoignage du comte F. de Résseguier qui écrivait : « Ces chaises à porteur sont devenues rares. On en trouvait alors (...) au bas de l’escalier des grandes maisons de la ville, dorées, élégantes, ornées de peintures de prix (...) » (cf. « Mon vieux Toulouse », op. cit., p. 121).
79 LAMOUZELE (E.), Toulouse au XVIIIe siècle..., op. cit., p. 229.
80 Cité par M. Cassan : La fête à Toulouse à l’époque moderne, de la fin du XVIe siècle à la Révolution. Thèse de 3e cycle d’Histoire, U.T.M., 1982, p. 52.
81 Il s’agit de François de Pagès, baron de Vitrac, directeur de l’Académie royale d’équitation de la ville de Toulouse. Sur cette institution toulousaine, deux travaux sont incontournables : CHANAL (de), « Notice historique sur l’Académie d’équitation de Toulouse », in M.S.A.M.F., t. IX, 1866-1871, pp. 191-210 ; et : DUPLESSIS (C.), L’équitation en France, ses écoles et ses maîtres depuis le XVe siècle jusqu’à nos jours. Paris, Nancy, 1892.
82 VANEL (J.), « Le passage du roi d’Espagne à Toulouse en 1706 », in l’Auta, 1954, n° 243, p. 123.
83 A.M.T., BB 51, f° 257. 31 janvier 1748. Délibération du Conseil de Bourgeoisie.
84 Sur l’entrée et le séjour du commandant militaire de la province, voir notamment : B.M.T., Br Fac 366. Relation de l’entrée de Monseigneur le duc de Richelieu, Pair de France, Chevalier des Ordres du Roi, Maréchal de ses Camps et Armées, Commandant en Chef de la Province de Languedoc. S.p [Toulouse], 12 juin 1741, 9 p. LAMOUZELE (E.), Toulouse au XVIIIe siècle..., op. cit., pp. 61-64. BROUSSY (F.), La bourse commune des marchands de Toulouse (1715-1789). Mémoire de maîtrise d’Histoire, U.T.M., 1990, p. 89 et pp. 164-165.
85 LAMOUZELE (E.), Toulouse au XVIIIe siècle..., op. cit., p. 176. Pierre Barthès a consigné d’autres événements de ce genre. Ainsi, à la fin du mois de janvier 1771, à l’occasion de la nomination au poste de procureur général de M. Lecomte, marquis de Latresne, avocat général, ses voisins firent une cavalcade (Ibid., p. 322). Au mois de juillet 1765, une parade montée fut faite à l’occasion de la naissance du fils de M. de Caulet de Grammont « conjointement par tous les artistes et les ouvriers qui desservent son hôtel, s’étant syndiqué pour lui témoigner leur joie, par une action d’éclat noble et intéressante, formèrent un escadron de cent ou plus de personnes de bel air et de bonne façon, sous l’uniforme vert à parements rouges, monté à l’avantage (...) » (Ibid., p. 261).
86 Cf. l’augmentation de la population toulousaine et ses multiples et diverses conséquences sur l’évolution du trafic lié à l’essor de nombre d’activités économiques ; le développement de la fréquentation de la ville par des étrangers de passage.
87 Sur l’armée et la maréchaussée à Toulouse, se reporter à notre thèse (cf. Policer la ville..., op. cit., t. I).
88 A.M.T., BB 160, f° 237. 30 juin 1758. Ordonnance de police pour prevenir les fraudes sur le commerce et le charroi du foin. Avant cette époque, les interventions des capitouls dans ce domaine furent toujours très ponctuelles. Voir, par exemple : A.M.T., BB 160, f° 94 (ou : BB 166, f° 92). 30 décembre 1751. Ordonnance de police pour prévenir les fraudes des hôtes, fenassiers et autres qui logent des chevaux.
89 A.M.T., BB 161, f° 50. 3 juillet 1766. Ordonnance de police concernant la vente du foin. A.M.T., BB 161, f° 250 (ou : BB 169, fOS 55-58 ; A.D.H.-G., C 318). 22 mai 1776. Ordonnance de police concernant les précautions à prendre à raison de Vapprovisionnement du foin. A.M.T., BB 161, P 250 (ou : BB 169, fOS 55-58 ; A.D.H.-G., C 318). 18 juin 1776. Ordonnance de police concernant les précautions à prendre à raison de l’approvisionnement du foin.
90 A.M.T., BB 161, f° 171 (ou : BB 168, pp. 305-308). 12 mars 1772. Ordonnance de police portant fixation du prix de l’affenage des chevaux, de la livre du foin et du louage des chevaux, et qui renouvelle les réglemens concernant les rateliers des aubergistes et affeneurs.
91 A.M.T., BB 163, P 54 (ou : BB 169, fOS 213-217). 10 juillet 1782. Ordonnance de police portant fixation du prix de l’affenage des chevaux et la livre du foin et du louage des chevaux et qui renouvelle les réglements concernant les rateliers des aubergistes affeneurs. A.M.T., BB 163, P 129v° (ou : BB 167, fOS 136 et 137 -2 exemplaires-). 17 juillet 1784. Ordonnance de police fixant le prix de l’affenage des chevaux, de la livre du foin et du louage des chevaux. A.M.T., BB 164, P 67. 27 juin 1786. Ordonnance de police portant fixation du prix de l’affeneur des chevaux, de la livre du foin, et du louage des chevaux. A.M.T., BB 164, P 84v°. 21 juillet 1787. Ordonnance de police portant fixation du prix de l’affenage des chevaux, de la livre du foin, et du louage des chevaux.
92 Il y aurait beaucoup à dire sur les vols d’animaux et leur faible proportion dans la criminalité urbaine qui semble se distinguer notablement, sur ce point, de la criminalité rurale. C’est ce que l’on peut établir à la lumière de la brève étude consacrée à cette question pour les Landes par E. Lafourcade (cf. « Le vol d’animaux domestiques dans les Landes du XVIIIe siècle », in Bull. Soc. de Borda, t. CXXIII, 1998, n° 450, pp. 375-381).
93 ABRAMI (J.), La vie urbaine à Toulouse à travers les procédures criminelles des capitouls, 1773-1774-1775. Mémoire de maîtrise d’Histoire, U.T.M., 1991, p. 149.
94 Voir : ALBERT (J.-P.), Contribution à l’étude des mentalités et des comportements urbains. Toulouse à la fin du XVIIIe siècle à travers les procédures des capitouls, 1773 et 1789. Mémoire de maîtrise d’Histoire, Toulouse, 1969 ; AUGUSTIN (J.-M.), Les capitouls, juges des causes criminelles et de police à la fin de l’Ancien Régime : 1780-1790. D.E.S. de Droit, Faculté de Droit de Toulouse, 1967 ; et : BOULES (C.-J.), La délinquance féminine d’après la juridiction des capitouls dans la période 1750-1790. D.E.A. d’Histoire du Droit et des Institutions, Université de Toulouse I, 1994.
95 A.D.H.-G., 101 B 374.
96 A.M.T., BB 169, p. 18 de l’ordonnance.
97 CASTAN (Y.), « Un hommage à Philippe Ariès », in COURET (A.), OGE (F.) -éd.–, Histoire et animal. Actes du colloque international « Homme-animal-société », Toulouse, 11- 16 mai 1987. Toulouse, 1989, 2 vol. ; t. I, pp. 25-28.
98 Pour un état de la question : BODSON (L.) -dir.–, L’animal de compagnie ; ses rôles et leurs motivations au regard de l’histoire. Liège, 1997. Voir aussi : CROIX (A.), « Le familier et le sauvage : homme et animaux au XVIIe siècle », in DURAND (R.) -dir.–, L’homme, l’animal domestique et l’environnement du Moyen Âge au XVIIIe siècle. Paris, 1993, pp. 373- 387.
99 DELORT (R.), Les animaux ont une histoire, op. cit., pp. 367-368 ; ZELLER (O.), « L’animal dans la ville d’Ancien Régime... », op. cit., pp. 552-553.
100 THOMAS (K.), Dans le jardin de la nature..., op. cit., pp. 121 et sq. BOBIS (L.), « L’évolution de la place du chat dans l’espace social et l’imaginaire occidental, du Moyen Âge au XVIIIe siècle », in L’homme, l’animal domestique et l’environnement du Moyen Âge au XVIIIe siècle, op. cit., pp. 73-84.
101 Si l’on considère les tomes II (De l’Europe féodale à la Renaissance. Paris, 1985) et III (De la Renaissance aux Lumières. Paris, 1986) de l’Histoire de la vie privée publiée sous la direction de P. Ariès et G. Duby, on constate que l’animal y est à peine évoqué. Au soir de sa vie, P. Ariès entendait poursuivre cette piste de recherche demeurée depuis en déshérence malgré les éclairages d’A. Corbin (cf. « Le secret de l’individu », in Histoire de la vie privée, t. IV, De la Révolution à la Grande Guerre. Paris, 1987, pp. 482-485).
102 Sur les anciens meubles pour animaux familiers : COLLECTIF, Le mobilier domestique : vocabulaire, typologie, principes d’analyse scientifique. Paris, 1992, 2 vol., t. II, pp. 944-951.
103 Toutes les études dont on dispose sur le monde des marchands toulousains à l’époque moderne sont silencieuses sur ce point. Si l’on élargit le champ de l’observation et que Ton considère les enquêtes sur les métiers de la capitale languedocienne effectuées entre la fin du XVIIe siècle et la Révolution, on aboutit au même constat. D’un autre point de vue, les mémoires des contemporains ainsi que les récits de voyages sont muets sur ce point.
104 MERCIER (L.-S.), Tableau de Paris, op. cit., t. II, pp. 969-971.
105 « Après les cors de chasse que font résonner les apprentis symphonistes, il n’y a rien de plus insupportable que le perroquet qui vous crie, et va répétant aux oreilles toujours la même chose (...) ». Ibid., t. II, pp. 1538-1539.
106 Ibid., t. II, p. 486.
107 A.M.T., BB 165, f° 11. 4 septembre 1670. Ordonnance faite d’authorité de MM. les capitoulsportant (...).
108 A.M.T., FF 472. 20 août 1686. Ordonnance faite d’authorité de MM. les capitouls. Le Compte d’impressions faites par l’ordre de MM. les capitouls de l’année 1692 établi par M. Colomiez (A.M.T., CC 2711, f° 150) signale une ordonnance concernant les chiens, datée du 19 septembre 1692, qui est en déficit.
109 L’exception qui confirme la règle est constituée par une ordonnance portant divers règlements de police, en date du 3 juillet 1571, dans laquelle il était enjoint aux propriétaires de chiens de tenir ces derniers « à collier ». A.M.T., AA 15/151. Il convient de préciser que l’exploration systématique de la production réglementaire du capitoulat pour les périodes reculées reste à faire. Il n’est donc pas à exclure que l’observation que nous formulons soit un jour invalidée à la lumière de quelques heureuses trouvailles.
110 A.D.H., C 6850. 2 décembre 1749. Lettre de M. de Charlary au commandant militaire de la province.
111 CASTAN (N.), Criminalité et subsistance dans le ressort du Parlement de Toulouse (1690-1730). Thèse de 3e cycle d’Histoire, Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Toulouse, 1966, p. 223.
112 Il est à remarquer, poursuit-elle, « que le paysan ne se venge pas sur le cheval alors qu’il tue le chien et contraint le maître à riposter par une plainte ». Ibid.
113 LEGUAY (J.-P.), La rue au Moyen Âge, op. cit., p. 60.
114 CLEMENS-DENYS (C.), Sûreté publique et sécurité personnelle dans les villes de la frontière entre les Pays-Bas et la France au XVIIIe siècle. Thèse d’Histoire, Université d’Artois, 1998, 3 vol., t. II, p. 406.
115 CLEMENS-DENYS (C.), Sûreté publique et sécurité personnelle dans les villes de la frontière entre les Pays-Bas et la France au XVIIIe siècle. Thèse d’Histoire, Université d’Artois, 1998, 3 vol., t. II, p. 406.
116 Voir la sentence de police du Châtelet de Paris du 20 avril 1725 reproduite par Edme de La Poix de Freminville (cf. Dictionnaire ou traité de police générale..., op. cit., pp. 167-169).
117 ZELLER (O.), « L’animal dans la ville d’Ancien Régime... », op. cit., pp. 550-551.
118 Ibid., p. 550.
119 Pour un état de la production sur la police, se reporter à notre thèse. L’élargissement de l’enquête aux travaux portant sur l’histoire des institutions municipales languedociennes (outre les publications aisément identifiables, nous avons sondé systématiquement toutes les maîtrises et thèses soutenues à l’U.T.M.) aboutit aux mêmes observations.
120 A.M.T., BB 169, P 50.
121 Louis-Sébastien Mercier s’est plu à stigmatiser « la folie des femmes » pour les petits chiens (cf. Tableau de Paris, op. cit., t. I, pp. 611-613), pestant contre ces « petites maîtresses fardées et bien mises » qui portaient « leurs petits chiens à la promenade » alors qu’elles laissaient « leurs enfants à la servante » (Ibid., t. Il, p. 487).
122 A.M.T., BB 163, f° 150. Relevons l’augmentation significative du montant de l’amende par rapport à l’ordonnance du 5 février 1776.
123 A.M.T., BB 169, pp. 155-174. 16 avril 1781. Ordonnance de police portant nouveau reglement sur le nettoyement des rues et autres moyens de maintenir la salubrité de l’air et sur le bon ordre qui doit être observé dans la voie publique ; cf. art. XLVIII, p. 18 de l’ordonnance.
124 A.M.T., BB 163, f° 51. 5 juillet 1782. Ordonnance de police portant défenses à toutes personnes, et notamment aux bouchers, de laisser vaguer les dogues ou mâtins.
125 A.M.T., BB 163, f° 126v°. 22 juin 1784. Ordonnance de police portant avis que tous les chiens de toute espèce qui vagueront dans les rues de la ville et des fauxbourgs le jour et la nuit, à compter du 1er juillet prochain, jusqu’au 1er septembre, seront mis à mort, par les moyens indiqués, sauf aux habitans à les garder chez eux, et les empêcher de vaguer pendant ces deux mois ou à les faire museler.
126 A.M.T., BB 260. Tableau de l’administration de la ville de Toulouse pour l’année 1785, p. 34.
127 DEROSIER (M.), « Des chiens dans le Milloc », in Episodes de la Révolution française dans les Hautes-Pyrénées. Numéro spécial du Bulletin de la Société Académique des Hautes-Pyrénées, 1989-1994, pp. 183-187.
128 CLEMENS-DENYS (C.), Sûreté publique et sécurité personnelle..., op. cit., t. II, p. 407.
129 LAFFONT (J.-L.), Policer la ville..., op. cit., t. II, p. 1 050. Les bouchers toulousains n’avaient rien à envier à leurs collègues parisiens ou lyonnais, mieux connus. CHASSAIGNE (M.), « Essai sur l’ancienne police de Paris : l’approvisionnement », in Revue de la Société des Études Historique, 1906, pp. 225-256 ; pp. 337-369. CAILLE-BELVAL (S.), Les bouchers à Lyon sous l’Ancien Régime. Lille, 1958.
130 A.M.T., BB 163, f° 127.
131 A.M.T., BB 260. Tableau de l’administration de la ville de Toulouse pour l’année 1785,
132 « En 1759, les autorités affectent de constater que presque tous les ouvriers et artisans possèdent un ou plusieurs chiens sans avoir cependant le moyen de les nourrir ». ZELLER (O.), « L’animal dans la ville d’Ancien Régime... », op. cit., p. 550.
133 « Ce qu’il y a de déplorable, c’est qu’ils [ces animaux] partagent le pain destiné aux enfants du pauvre, qui semble les avoir adoptés et multipliés à mesure que sa charge est plus grande ». MERCIER (L.-S.), Tableau de Paris, op. cit., t. II, p. 486.
134 A.M.T., BB 260. Tableau de l’administration de la ville de Toulouse pour l’année 1785, p. 35.
135 GUILLERME (A.), Le temps de l’eau. La cité, l’eau et les techniques. Seyssel, 1983, p. 167 ; et, du même auteur : « Vapeurs, du bon usage de la putréfaction. Système technique et économique urbain : XVe-XVIIIe siècle », in Dialectiques, 1981, n° 32, pp. 71-88, p. 81.
136 CLEMENS-DENYS (C.), Sûreté publique et sécurité personnelle dans les villes de la frontière entre les Pays-Bas et la France au XVIIIe siècle, op. cit., t. II, pp. 406-407.
137 Informations tirées de deux lettres du subdélégué du commandant militaire à Toulouse, M. de Lapeyrouse, adressées à M. de Moncan ; soit : A.D.H., C 6855, pièce 96 (1er juin 1772), et C 6855, pièce 91 (10 juin 1772).
138 A.M.T., BB 161, f° 308.
139 LAMOUZELE (E.), Toulouse au XVIIIe siècle..., op. cit., p. 406. Pierre Barthès rendit compte de l’acte réglementaire des capitouls comme d’une « ordonnance singulière ». A.M.T., 5 S 131, f° 113.
140 DUMAS (G.), « Les spectacles de Châlons-sur-Marne au XVIIIe siècle », in Théâtre et spectacles hier et aujourd’hui. Epoque moderne et contemporaine. Actes du 115ème Congrès nat. soc. sav., Avignon, 1990. Paris, 1991, pp. 66-67.
141 Une copie de cette permission, en date du 22 décembre 1781, est conservée dans les registres de la municipalité (A.M.T., AA 32/63). On ignore quand Padouani revint à Toulouse. Olivier Zeller a relevé sa présence à Lyon au début du mois de mars 1785 où il se présentait comme « organisateur de combats d’animaux » (cf. « En marge du privilège : petits spectacles et théâtre amateur à Lyon (1785-1787) », in Théâtre et spectacles hier et aujourd’hui..., op. cit., p. 93).
142 CRADOCK (A.F.), La vie française à la veille de la Révolution (1783-1786). Journal inédit de Madame Cradock. Traduit de l’anglais par O. Delphin-Belleyguier. Paris, 1911, p. 179.
143 Voir notamment : GASTERE (F.-R.), Sur les traces des montreurs d’ours des Pyrénées et d’ailleurs. Portet-sur-Garonne, 1987.
144 LAMOUZELE (E.), Toulouse au XVIIIe siècle..., op. cit., p. 260.
145 BLOMAC (N. de), La gloire et le jeu, des hommes et des chevaux, 1766-1866. Paris, 1991, p. 45.
146 A.M.T., BB 163, f° 116v°. 13 avril 1784. Ordonnance portant injonction a tous ouvriers qui dresseront des galleries, des echaffauds ou amphitheatres, pour les spectacles publics, d’en faire la denonce a la police, avant de commencer l’ouvrage, affin qu’elle puisse le surveiller.
147 Pour ce développement, nous reprenons les informations données par : SALIES (P.), « Images et échos du vieux Toulouse. La première corrida toulousaine », in l’Auta, 1956, n° 258, pp. 107-110 ; et : LABAT (P.), Jeux, spectacles et divertissements à Toulouse au XVIIIe siècle. Mémoire de maîtrise d’Histoire, U.T.M., 1972, pp. 99-101.
148 Pour un élargissement des perspectives permettant de mieux situer le cas de Toulouse : BENNASSAR (B.), Histoire de la tauromachie. Permanences et mutations d’une société du spectacle. Paris, 1993.
149 BARATAY (E.), « Comment se construit un mythe : la corrida en France au XXe siècle », in R.H.M.C., 1997, n° 2, pp. 307-330.
150 A.D.H.-G., 101 B 306.
151 LATTES (J.-M.), « Le droit de l’utilisation de l’animal dans les spectacles », in COURET (A.), OGE (F.) -éd.–, Droit et animal. Actes du colloque international « Homme-animal-société », Toulouse, 11-16 mai 1987. Toulouse, 1988, 2 vol., t. II, p. 235.
152 Sur cette question, se reporter à : LAFFONT (J.-L.), Policer la ville..., op. cit., t. II, pp. 1427-1438. Pour des compléments d’information, voir : TUFFERY (J.-M.), Ebauche d’un droit de la consommation. La protection du chaland sur les marchés toulousains aux XVIIe et XVIIIe siècles. Thèse d’Histoire du Droit et des Institutions, Université de Toulouse I, 1997, 2 vol., t. II, pp. 307-333.
153 L’article LXXXIV de l’ordonnance du 10 novembre 1769 enjoignait « à tous ceux qui ont des oies, chez eux, d’être exacts à nettoyer fréquemment les lieux où ils les tiennent ». A.M.T., BB 168, f° 244.
154 A.M.T., BB 165, f° 151. 1er février 1735. Ordonnance de police portant défense de laisser vaguer dans les rues et places de la ville aucunes poules, oyes, canards ni cochons. Cette prohibition fut réitérée dans l’ordonnance du 16 février 1741 contenant divers reglements de police. A.M.T., FF 610 (cf. p. 5 de l’ordonnance).
155 LEGUAY (J.-P.), « La rue : élément du paysage urbain et cadre de vie dans les villes du royaume de France et des grands fiefs aux XIVe et XVe siècles », in Le paysage urbain au Moyen Âge. Actes du XIe Congrès des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur. Lyon, 1981, p. 39.
156 29 août 1676. Ordonnance de police portant défense tant aux maîtres chevrotiers que pourvoyeurs et revendeurs de volailles, oies, pigeonneaux, canards, dindons et gibier, d’égorger ni eventrer dans les rues des environs de [la place de] la Pierre. Cet acte réglementaire, en déficit, est mentionné dans l’ordonnance du 7 septembre 1693 portant sur la même question. A.M.T., BB 165, f° 26.
157 Sur la question : FARGE (A.), « Signe de vie, risque de mort. Essai sur le sang et la ville au XVIIIe siècle », in Urbi, 1979, pp. XV-XXIII.
158 LAFFONT (J.-L.), Policer la ville..., op. cit., t. II, pp. 1255-1269.
159 MERCIER (L.-S.), Tableau de Paris, op. cit., t. I, pp. 1165-1166.
160 Indiquons que nous avons poussé l’investigation sur ce point dans la direction des sources relatives aux marchands de bois en ciblant plus particulièrement la zone de leurs entrepôts, au port Garaud sans obtenir de résultat jusqu’à présent.
161 FEYEL (G.), « Médecins, empiriques et charlatans dans la presse provinciale à la fin du XVIIIe siècle », in Le corps et la santé. Actes du 110e Congrès nat. soc. sav., Montpellier, 1985. Paris, 1985, t. I, p. 93.
162 Affiches et Annonces de Toulouse, mercredi 26 avril 1775, n° 171, p. 72.
163 CROIX (A.), « Le familier et le sauvage... », op. cit., p. 377.
164 Respectivement : DANDINE (E.), Les plaideurs et les procès civils devant le Sénéchal-Présidial de Toulouse à la veille de la Révolution (1786-1789). D.E.A. d’Histoire du Droit et des Institutions, Université de Toulouse I, 1991 ; et : La responsabilité civile devant le Parlement de Toulouse au XVIIIe siècle. Essai d’une théorie générale. Thèse d’Histoire du Droit et des Institutions, Université de Toulouse I, 1997, 2 vol.
165 VIGARELLO (G.), Le propre et le sale. L’hygiène du corps depuis le Moyen Âge. Paris, 1985, p. 53.
166 Nicolas Delamare (cf. Traité de la police, op. cit., 1.1, p. 571) soulignait que, « de tous les animaux domestiques, il n’y en a point dont l’infection des excrémens soit plus capable de corrompre l’air que les porcs, les pigeons, les lapins, les oyes et les canes ».
167 « Faisons défenses à tous aubergistes, loueurs de chevaux, cochers, palefreniers, valets d’écurie, et autres particuliers de déposer des fumiers d’aucune espece dans les places, ou rues quelconques de la ville et fauxbourgs (...) ; leur enjoignons de les faire enlever, aussitôt qu’ils seront tirés des écuries ou des étables (...) ». A.M.T., BB 169. 16 avril 1781. Ordonnance de police portant nouveau reglement sur le nettoyement des rues... ; art. VI.
168 A.M.T., BB 166, f° 147. 1er juin 1734. Ordonnance de police qui ordonne le nettoyement et le pavement a neuf de la rue des Azes.
169 Il faut assurément voir là la marque d’une tolérance de la part des habitants à l’égard de la présence de ces mouches qu’ils ne redoutaient pas. Ce n’est que bien plus tard qu’on leur fit la chasse. Olivier Faure a relevé que, « peu remarquée jusque là, la mouche -et autres insectes qui peuvent se cacher sous cette dénomination- devient omniprésente dans les témoignages à partir des années 1860 » (cf. « Le bétail dans la ville au XIXe siècle : exclusion ou enfermement ? », in L’animal domestique, XVIe-XXe siècle, op. cit., p. 564).
170 A.M.T., BB 159, f° 16v°. 24 juillet 1726. D’autorité de Messieurs les capitouls. Il est fait tres expresse inhibition et defense a toute sorte de personne de jetter aucuns immondices sur les ailles du pont comme aussy d’y jetter des ordures, terres ny betes mortes a peine de 25 livres d’amende.
171 A.M.T., BB 169. 16 avril 1781. Ordonnance de police portant nouveau reglement sur le nettoyement des rues (...). Art. XXXI. (cf. pp. 12-13).
172 A.M.T., FF 610. 16 février 1741. Ordonnance de police contenant divers reglements de police ; p. 7 de l’ordonnance.
173 Par exemple : A.M.T., BB 165, f° 19. 31 mai 1692. Ordonnance de police concernant le recurement des fosses aboutissant aux grands chemins. A.M.T., BB 165, f° 32. 19 juillet 1698. Ordonnance de police concernant le recurement des fosses du gardiage. A.M.T., CC 2282, fOS 3-4. 2 octobre 1726. Ordonnance de police ordonnant le reversement des fossez des terres aboutissant au chemin depuis la porte Saint-Ciprien jusqu’au pont de Tournefeuille. A.M.T., BB 165, P 172. 24 mai 1738. Ordonnance de police portant reglement pour le recurement et pour l’ouverture a neuf des fossez dans l’etendue du gardiage, qui fait aussi défense de jetter des immondices sur les chemins et sur les promenades et autres lieux publics ; et fixe le transport des décombres de la ville auprès de la porte Arnaud Bernard.
174 BOUDRIOT (P.-D.), « Essai sur l’ordure en milieu urbain à l’époque pré-industrielle... », op. cit., pp. 262 et sq.
175 Sauf indication contraire, les informations données sans référence dans le développement qui suit sont empruntées à l’article de C. Dupont : « Un important procès à propos des affachoirs (ou abattoirs) à pourceaux », in l’Auta, 1942, n° 132, pp. 21-28. Précisons par ailleurs que la thèse vétérinaire de J.-L. Angot (cf. Histoire des abattoirs de Toulouse. Thèse de l’École nationale vétérinaire de Toulouse, Université Paul Sabatier, 1983, pp. 3-15), malgré son titre ambitieux, n’apporte pour ainsi dire rien sur la question avant 1827 (création de l’abattoir public de Toulouse).
176 CHALANDE (J.), Histoire des rues de Toulouse. Toulouse, 1919. Marseille, réimp., 1987, 2 vol., t. I, p. 140.
177 DUPONT (C.), « Un important procès à propos des affachoirs (ou abattoirs) à pourceaux », op. cit., p. 21.
178 Sur cet impôt, l’étude de base demeure la thèse de J. Vidal (cf. L’équivalent des aides en Languedoc. Thèse de Droit, Faculté de Droit de Montpellier, 1960 ; voir notamment pp. 87- 107 pour le cas de la viande). Rappelons que l’équivalent était un impôt spécifique à la province de Languedoc devant équivaloir (d’où son nom) aux droits d’aides rétablis par Charles VII en 1444 après qu’ils ont été temporairement supprimés par Charles VI.
179 Malheureusement, l’ordonnance de police du 13 février 1394, véritable « charte de la boucherie toulousaine », qu’a analysé P. Wolff ne fournit aucune indication sur les abattoirs (cf. « Les bouchers de Toulouse du XIIe au XVe siècle », in A.M., t. LXV, 1953, n° 3, pp. 374-393).
180 Idée que nous avançons sous réserve de confirmation en nous appuyant sur les indications concernant les anciens affachoirs données par J. Chalande pour le début du XVe siècle et qui ne coïncident pas avec celles que nous avons relevées (cf. Histoire des rues de Toulouse, op. cit., t. I, p. 23, p. 58 et p. 107).
181 Cet abattoir fut rénové en 1564. Gaston Commenge rappelle qu’il fut alors construit « un bâtiment appelé ‘écorchoir’ ou ‘tuerie’ afin de remplacer vraisemblablement les installations sommaires existant jusqu’alors ; les textes parlent en effet de ‘bardoques puantes’. La rue traversant dans toute sa longueur l’île de Tounis prit le nom de « rue des Affachoirs » (cf. « Les métiers de l’eau dans la ville de Tholose », in Petite Bibliothèque [des Amis des A.D.H.-G.], n° 36, 1992, p. 3).
182 Ils sont identifiés sur le plan de Jouvin de Rochefort de 1678.
183 Cet affachoir nous est connu par l’ordonnance de police du 17 décembre 1727 qui ordonnait sa fermeture. A.M.T., BB 159, f° 37 (un autre exemplaire se trouve en FF 610).
184 D’après J.A.D. Saint-André (cf. Topographie médicale de la Haute-Garonne contenant la description générale de toutes ses communes et la topographie plus particulière de celle de Toulouse. Toulouse, 1814, p. 365), l’équarrissage avait lieu dans l’abattoir de Saint-Cyprien. Mais ce qui était vrai en 1814 l’était-il sous l’Ancien Régime ? Les données fournies par l’Almanach historique de la ville de Toulouse pour les années 1789 et 1790 (cf. supra) permettent d’en douter.
185 Sur la question : SOULA (J.-P.), L’administration capitulaire à Toulouse de 1700 à 1715. Thèse de Droit, Faculté de Droit de Toulouse, 1949, p. 152.
186 DUPONT (C.), « Un important procès à propos des affachoirs (ou abattoirs) à pourceaux », op. cit., pp. 23-24.
187 L’original de ce privilège est en déficit, mais son existence est attestée par des documents postérieurs. A.M.T., DD 285. 9 octobre 1780. Requête de la demoiselle Catherine Audibert, veuve de Jean Brandela, maître affacheur.
188 A.M.T., AA 302. 21 avril 1732. Ordonnance de police concernant l’entrée des bestiaux aux abattoirs.
189 A.M.T., BB 169, p. 11. 16 avril 1781. Ordonnance de police portant nouveau reglement sur le nettoyement des rues (...) ; art. XXVI.
190 FARGE (A.), « Signe de vie, risque de mort... », op. cit., pp. XIX-XX. Voir surtout : ROUX (J.-P.), Le sang. Mythes, symboles et réalités. Paris, 1988.
191 Injonction portée par les ordonnances du 15 décembre 1772 (A.M.T., BB 168, pp. 377- 380) et du 17 décembre 1784 (A.M.T., BB 163, f° 159 ; ou : BB 167, f° 147).
192 A.M.T., FF 132, pièce 1. Mémoire présenté à Messieurs les capitouls par les habitons du quartier de Tounis, et par ceux des rues dont les maisons aboutissent à la petite riviere de Garonne. Toulouse, imp. J. Dalles, 1770, p. 2.
193 À titre de comparaison, voir : ABAD (R.), « Les tueries à Paris sous l’Ancien Régime ou pourquoi la capitale n’a pas été dotée d’abattoirs aux XVIIe et XVIIIe siècles », in H.E.S., t. XVII, 1998, n° 4, pp. 649-676 ; BOUDRIOT (P.-D.), « Essai sur l’ordure en milieu urbain à l’époque pré-industrielle... », op. cit., pp. 264 et sq. ; BODINEAU (P.), L’urbanisme dans la Bourgogne des Lumières. Dijon, 1986, pp. 126-127.
194 Voir les gravures de F. Guérard sur le thème des « Embarras de Paris » (1720) conservées à la Bibliothèque nationale.
195 BOUDRIOT (P.-D.), « Essai sur l’ordure en milieu urbain à l’époque pré-industrielle... », op. cit., p. 263. Voir aussi : ABAD (R.), « Les tueries à Paris sous l’Ancien Régime... », op. cit., pp. 651-655.
196 A.M.T., FF 132, pièce 1. Mémoire présenté à Messieurs les capitouls par les habitons du quartier de Tounis (...), op. cit., p. 2.
197 AB AD (R.), « Les tueries à Paris sous l’Ancien Régime... », op. cit., pp. 652-655.
198 A.M.T., BB 160, f° 44. 18 septembre 1740. Ordonnance de police pour prévenir les monopoles dans le commerce du bois à brûler, les accidens qui peuvent arriver par la negligence des charretiers qui conduisent les charrettes dans ladite ville et fauxbourgs.
199 A.D.H.-G., 101 B 341. 13 octobre 1780.
200 A.M.T., BB 163, f° 142. Ordonnance de police portant condamnation contre (...).
201 « Souvent des jeunes gens se plaisent à courir à cheval dans les rues, ce qui est une très grande imprudence, parce qu’un cheval fougueux peut emporter son cavalier, et blesser les passans, surtout des enfans (...) ». LA POIX DE FREMINVILLE (E. de), Dictionnaire, ou traité de la police générale..., op. cit., p. 133.
202 A.D.H.-G., 101 B 352. 23 juillet 1783.
203 A.M.T., 5 S 151, fOS 46-47. Fait simplement indiqué par E. Lamouzèle (cf. Toulouse au XVIIIe siècle..., op. cit., p. 46).
204 A.D.H., C 1996. Septembre-octobre 1767. Dossier concernant cette plainte.
205 COPIN (J.-B.), Urbanisme et hygiène à Douai au XVIIIe siècle (1714-1789). Mémoire de maîtrise d’Histoire, Université de Lille III, 1984, 2 vol., t. I, p. 66.
206 Par exemple : A.M. T, BB 155, f° 311. 13 décembre 1670. Crie générale pour l’année 1670 finissant en 1671.
207 A.M.T., AA 28/140. 15 juin 1693. Ordonnance de police contenant divers réglemens de police ; cf. fOS 128-129.
208 A.M.T., BB 165, f° 35. 16 juin 1702. Ordonnance de police portant défenses a toutes personnes de nourrir dans la ville des oyes, truyes et cochons a peine de confiscation et de cent livres d’amende.
209 A.M.T., BB 165, f° 49.
210 Cet acte réglementaire est en déficit dans notre corpus d’ordonnances de police. Il est mentionné dans le Compte des impressions faites par le sieur Claude-Gilles Lecamus (...) depuis le 25 janvier 1719 jusqu’au 1er janvier 1720. A.M.T., CC 2736, fOS 425-428.
211 A.M.T., BB 159, f° 56v°.
212 A.M.T., BB 165, f° 151. 1er février 1735. Ordonnance de police portant défense de laisser vaguer dans les rues et places de la ville aucunes poules, oyes, canards ni cochons.
213 Compte tenu des carences des greffiers de l’Hôtel de ville dans la tenue des registres servant à l’enregistrement des lettres de provision des employés municipaux, la date exacte de l’institution de ce gadouart n’a pu être établie. La fourchette que nous donnons se fonde sur l’ordonnance du 1er février 1735 portant défense de laisser vaguer dans les rues et places de la ville aucunes poules, oyes, canards ni cochons (A.M.T., BB 165, f° 151), retenue parce qu’elle est la dernière ordonnance de police concernant le problème des animaux avant l’occurrence du gadouart dans la documentation en 1741. Cette année-là, en effet, son existence est attestée dans le règlement des dépenses ordinaires de la ville de Toulouse établi le 17 avril d’après l’ordonnance de la Commission de 1734. A.M.T., AA 30/5.
214 A.M.T., FF 610. 16 février 1741. Ordonnance de police contenant divers reglements de police ; cf. p. 7 de l’ordonnance.
215 A.M.T., BB 161, f° 88.
216 A.M.T., BB 168.
217 A.M.T., BB 169, p. 18. 16 avril 1781. Ordonnance de police portant nouveau reglement sur le nettoyement des rues (...).
218 « Défendons sous peine de cinq livres d’amende, de jetter, ou faire jetter les chiens, les chats et autres betes mortes, dans la riviere, dans les égouts publics, dans les fossés du rempart, dans le fossé mairal de [la rue des] Trente-Six-Ponts, ni auprès des murs des promenades ». Ibid. ; art. XXXI, pp. 12-13 de l’ordonnance.
219 A.M.T., BB 163. 11 mars 1784. Nous n’avons pas trouvé trace de telles déclarations, ce qui constitue une illustration supplémentaire de l’importance de la déperdition documentaire liée à la disparition de l’essentiel des archives du greffe de la police de l’Hôtel de ville.
220 Relevons que cette ordonnance intervenait à l’heure où les capitouls entamaient une guerre ouverte contre les bouchers pour la qualité de la viande. LAFFONT (J.-L.), Policer la ville..., op. cit., t. II, pp. 1430-1434.
221 MARTIN (R), L’urbanisme dans la Grèce antique. Paris, 1974. HOMO (L.), Rome impériale et l’urbanisme dans l’Antiquité. Paris, 1977.
222 Par exemple : BODINEAU (P.), L’urbanisme dans la Bourgogne des Lumières, op. cit., pp. 126-130. BARDET (J.-P.), Rouen aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les mutations d’un espace social. Paris, 1983, 2 vol., t. I, pp. 110-113.
223 A.M.T., BB 159, f° 37. 17 décembre 1727. Ordonnance de police portant reglement pour les affachoirs.
224 L’exposé de ce conflit qui opposa le capitoulat aux agneliers, dans le détail duquel il n’y a pas lieu d’entrer ici, est rapporté dans les Annales manuscrites de l’année 1728. A.M.T., BB 283, fOS 226-227.
225 A.M. T, HH 29. 31 mai 1743.
226 Sur la question : LAFFONT (J.-L.), « La ville et la catastrophe au siècle des Lumières : Toulouse et les inondations de la Garonne », in Météorologie et catastrophes naturelles dans la France méridionale à l’époque moderne. Actes du colloque du Centre d’histoire moderne et contemporaine de l’Europe méditerranéenne et de ses périphéries, Université Paul Valéry, 20-21 mars 1992. Montpellier, 1993, pp. 129-158.
227 Par exemple, le 7 septembre 1740, le syndic de la ville écrivait à l’intendant pour l’informer qu’afin de soutenir le peu de terrain qui reste le long des affachoirs des moutons et agneaux, il est absolument necessaire d’y construire une levée en charpente. Cette reparation autant utile qu’indispensable a obligé le Conseil de ville de charger le suppliant par deliberation du 25 juillet dernier de la faire faire incessamment a quoy desirant pourvoir a fait dresser un devis estimatif de la reparation qu’il convient de faire [devis établi le 17 juin par le sieur Lebrun, joint à la requête], et il a recours a votre grandeur (...). A.M.T., DD 285.
228 A.M.T., FF 132, pièce p Mémoire présenté à Messieurs les capitouls par les habitons du quartier de Tounis (...), op. cit., p. 2.
229 A.M.T., CC 1649. 1781. État des dépenses ordinaires de la ville.
230 Pour les raisons qu’expliquait le trésorier de la ville : L’execution de ce projet approuvé par deliberation des commissions pour fixer la taxe a été suspendue et le plan abandonné puisqu’on a detruit le nouveau quay et port dans l’emplacement dont on avoit fait choix pour les tueries. Il convient donc de chercher un autre local propre à cet usage. Ibid.
231 A.N., H1 1014, pièce 162, f° 18. 1779. État de la situation de la ville de Toulouse, quant a ses revenus et a ses depenses. Rubrique des Depenses inevitables. Relevons que dans l’État des depenses que la ville est obligé de faire et dont partie des ouvrages sont adjugés (A.N., H1 1014, pièce 159, f° 3), datant de la même année, la depense en est evaluée a 90 000 livres. Précisons que nous ne saurions expliquer pourquoi l’État des dépenses de 1781 rendait compte d’une situation dépassée au regard du document cité datant de 1779.
232 Il s’agit de l’affachoir créé en 1678 ; cf. supra.
233 La ville avait été obligé d’expulser Catherine Audibert, veuve de Jean Brandela, maître affacheur, qui jouissait en survivance du privilège de tuerie exclusive des cochons. Cette dernière proposa un nouveau local qui fut reconnu, le 22 septembre 1780, impropre pour un affachoir par le sieur Carcenac, ingénieur de la ville (A.M.T., DD 233, fOS 325-329). Les maîtres longoyeurs de cochons sautèrent sur l’occasion pour tenter de briser ce privilège en proposant un local pour suppléer à celui qui venait d’être fermé afin de pouvoir continuer à travailler (A.M.T., DD 285. 15 septembre 1780. Requête d’Alexis Themines, maître longoyeur de cochon, agissant de son chef et pour d’autres maîtres dudit métier, adressée aux capitouls. Le local en question se trouvait appartenir à Jean-Pierre Guelfe, tripier, et se situait à Saint-Cyprien, rue Navars, à proximité de la Garonne). Les capitouls, soucieux que cette activité ne s’arrête pas, ayant pris connaissance du rapport défavorable du sieur Carcenac à l’égard de cet emplacement (22 septembre), autorisèrent malgré tout, mais temporairement, l’ouverture de cette tuerie (7 octobre), dans l’attente d’une nouvelle proposition de Catherine Audibert. Le 9 octobre 1780, elle proposa un autre local situé aux escoussières de Saint-Cyprien, près de l’aqueduc, dans une grange appartenant au sieur de Lhers, aubergiste (A.M.T., DD 285). Après une nouvelle expertise des deux locaux (12 et 19 octobre) par l’ingénieur de la ville, c’est l’établissement de Catherine Audibert qui fut retenu jusqu’à la construction de la nouvelle tuerie publique. Mais, le 21 février 1785, ce nouvel affachoir devait être démoli pour les mêmes raisons (A.M.T., DD 285) de sorte qu’il fallut à nouveau le déménager.
234 A.M.T., BB 169. 16 avril 1781. Ordonnance de police portant nouveau réglement sur le nettoyement des rues (...) ; art XXVI.
235 A.D.H.-G., C 319, P 9 de ce courrier.
236 A.M.T., BB 260. Tableau de l’administration de la ville de Toulouse pour l’année 1785, op. cit. ; Délibération mentionnée dans les Pièces justificatives. Principales délibérations autorisées par le Conseil Politique de 1783 à 1785 ; document publié par E. Lapierre : « Tableau de l’administration de la ville de Toulouse (année 1785) », in Revue de Toulouse et du Midi de la France, t. X, 1863, pp. 93-100.
237 ABAD (R.), « Les tueries à Paris sous l’Ancien Régime... », op. cit., p. 674.
238 Sur la question : ANGOT (J.-L.), Histoire des abattoirs de Toulouse, op. cit., pp. 14-41.
239 Outre le cas, bien connu, de Paris (cf. PARDAILHE-GALABRUN (A.), « Les déplacements des parisiens dans la ville aux XVIIe et XVIIIe siècles... », op. cit.), voir : CLEMENS-DENYS (C.), Sûreté publique et sécurité personnelle..., op. cit., t. II, pp. 425- 431 ; FAVIER (R.), « Une ville face au développement de la circulation au XVIIIe siècle : Vienne en Dauphiné », in Le développement urbain de 1610 à nos jours. Questions diverses. Actes du 100e Congrès nat. soc. sav., Paris, 1975. Paris, 1977, pp. 53-62 ; GIROUX (H.), « Les transports intra muros à Dijon au XVIIIe siècle », in Mémoires de l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Dijon, t. CXXIII, 1978, pp. 165-182.
240 « La police de la circulation, ou, pour employer l’expression consacrée, du « roulage », ne se justifiait qu’en partie par le souci de protection de la sécurité publique : elle visait aussi, pour une grande part, à assurer la conservation du « pavé » de la ville, dont l’entretien était à la charge de la communauté. On s’explique dès lors la fréquence des ordonnances du Bureau interdisant une rue à la circulation des charrettes, ou limitant la charge de celles-ci » (cf. S AUTEL (G.), Une juridiction municipale de police sous l’Ancien Régime : le bureau de police d’Aix-en-Provence. Paris, 1946, pp. 72-73). Précisons que l’expression « police du roulage » ne se retrouve pas dans les textes réglementaires du capitoulat.
241 A.M.T., AA 15/51. 3 juillet 1571. Ordonnance de police portant divers reglemens de police.
242 A.M.T., AA 15/51. 3 juillet 1571. Ordonnance de police portant divers reglemens de police.
243 Pour des illustrations de procès-verbaux sur ce point, voir par exemple : A.M.T., FF 532/1. 28 février 1727. Requête du sindic de la ville contre les charretiers ; ou : FF 533. 1er octobre 1733. Procès-verbal dressé par M. Laplaigne, capitoul, contre des charretiers.
244 A.M.T., BB 159, fOS 54v°-59. 28 février 1731. Ordonnance de police contenant divers reglements de police ; cf. f° 55.
245 A.M.T., FF 532/1. 8 août 1731. Verbal et ordonnance de condamnation contre le charretier nommé Pratviel, boulanger. Ce dernier avait fait venir quatre charrettes chargées de fagots. Leur chargement fut vérifié à la porte Matabiau. On reconnut que la longueur des fagots était de 14 pans au lieu de 12. La charge de la charrette fut confisquée au profit des pères Terciaires et le boulanger condamné à 5 livres d’amende.
246 A.M.T., BB 160, fOS 43-45.
247 Sur ces deux questions, se reporter à notre thèse (cf. Policer la ville..., op. cit., t. II).
248 A.M.T., BB 168.
249 Cf. supra.
250 A.M.T., BB 169. 16 avril 1781. Ordonnance de police portant nouveau reglement sur le nettoyement des rues (...).
251 Ibid., art. XLIII, cf. p. 17. De même, l’article XLIV de l’ordonnance de 1781 synthétisait les articles XLVIII et XLIX de l’ordonnance de 1769.
252 Ibid., pp. 17-18.
253 Ibid., art. XLVI, p. 18.
254 Relevons que, contrairement à leurs homologues marseillais (cf. BOLLET (C.), La lieutenance générale de police à Marseille. Thèse de Droit, Faculté de Droit d’Aix-Marseille, 1946, p. 90), les capitouls n’éprouvèrent pas le besoin d’instituer des « sens interdits » pour réguler le flux de la circulation.
255 A.M.T., BB 169, pp. 207-209. 1er juillet 1782. Ordonnance de police portant de nouvelles dispositions pour la place et la fontaine Dauphine.
256 A.M.T., DD 231. D’autres exemplaires se trouvent en BB 163, f° 177 et BB 167, f° 155.
257 C’est ce qui ressort clairement de la confrontation avec le cas dijonnais (l’un des mieux connus à cet égard) où les mesures relatives aux problèmes de circulation furent sensiblement postérieures à celles prises à Toulouse (cf. GIROUX (H.), « La ‘qualité de la vie’ à Dijon à la fin du XVIIIe siècle », in Mém. Acad. Sc., Arts et Belles Lettres de Dijon, t. CXXII, 1973- 1975, pp. 171-173). La comparaison avec Aix-en-Provence (cf. SAUTEL (G.), Le bureau de police d’Aix-en-Provence, op. cit., pp. 72-73) et Marseille (cf. BOLLET (C.), La lieutenance générale de police à Marseille, op. cit., pp. 89-90) ne contredit pas, bien au contraire, cette observation.
258 Sur cette épidémie, voir : LAFFONT (J.-L.), « La rage dans le Midi toulousain sous l’Ancien Régime », in Revue de Médecine Vétérinaire, t. CL, 1999, n° 6, pp. 525-534.
259 Affiche et annonces de Toulouse et du Haut-Languedoc, mercredi 17 janvier 1781, n° 3, pp. 10-11.
260 Ibid., mercredi 4 avril 1781, n° 14, p. 54.
261 A.M.T., BB 163, fOS 14v°-15v°. 28 mars 1781. Ordonnance de police concernant les chiens.
262 Affiches, Annonces, etc. de Toulouse et du Haut-Languedoc, mercredi 4 avril 1781, n° 14, p. 54.
263 En l’occurrence, il s’agit très vraisemblablement là moins d’une marque d’un quelconque laxisme de la part de la municipalité que d’une nouvelle illustration des lacunes de la série FF (archives judiciaires et de police) des A.M.T. et du problème que pose le déficit des archives du greffe de la police de la ville que nous avons pu mettre en évidence dans notre thèse.
264 A.D.H.-G., 101 B 347. 27 juin 1782.
265 A.M.T., BB 163, f° 51.
266 A.D.H.-G., 101 B 350.
267 A.M.T., BB 163, fOS 126v°-127v°. 22 juin 1784. Ordonnance de police portant avis que tous les chiens de toute espèce qui vagueront dans les rues de la ville et des fauxbourgs le jour et la nuit, à compter du 1er juillet prochain, jusqu’au 1er septembre, seront mis à mort, par les moyens indiqués, sauf aux habitans à les garder chez eux, et les empécher de vaguer pendant ces deux mois ou à les faire museler.
268 ZELLER (O.), « L’animal dans la ville d’Ancien Régime : quelques réflexions », op. cit.,
269 A.M.T., BB 260, p. 36.
270 A.M.T., BB 164, fOS 5-6. 9 mai 1785. Ordonnance de police portant que tous les chiens qu ’on trouvera dans les rues sans être muselés seront tués.
271 Ibid., f° 5.
272 A.M.T., BB 260, p. 34. Tableau de l’administration de la ville de Toulouse pour l’année 1785.
273 A.M.T., BB 164, f° 5. 9 mai 1785. Ordonnance de police (...).
274 A.M.T., BB 260, p. 35. Tableau de l’administration de la ville de Toulouse pour l’année 1785. De même que pour les citations non référencées.
275 LAFFONT (J.-L.), Policer la ville..., op. cit., t. II, pp. 1180-1187.
276 A.M.T., BB 164, f° 63v°. Ordonnance portant que tous les chiens qu’on trouvera sans être muselés seront tués.
277 FOURCASSIE (J.), Une ville à l’époque romantique : Toulouse, trente ans de vie française. Paris, 1953, p. 24.
278 ARMENGAUD (R.), BAILHE (C.), Toulouse au temps des pêcheurs de sable. Toulouse, 1984, p. 103. THOUREL (M.), Vivre à Marengo. La vie d’un faubourg de Toulouse entre les deux guerres. Toulouse, 1985, p. 87.
279 Précisons que, contrairement à d’autres métropoles provinciales, il n’y avait pas à cette époque d’École vétérinaire à Toulouse. Il faut attendre le mois de janvier 1793 pour voir la création d’une École vétérinaire secondaire dont on ne sait encore que bien peu de choses. Voir : GERBAUD (O.), « Le besoin de vétérinaires et la création d’Écoles vétérinaires secondaires dans la France rurale à la fin du XVIIIe siècle », in L’homme, l’animal domestique et l’environnement du Moyen Âge au XVIIIe siècle. Nantes, 1993, pp. 219-232.
280 A.M.T., AA 33/17. 20 mars 1781. A.D.H.-G., C 123. Voir aussi : HOURS (H.), La lutte contre les épizooties et l’École vétérinaire de Lyon au XVIIIe siècle. Paris, 1957.
281 On le voit à l’œuvre, par exemple, en qualité d’expert auprès des capitouls pour établir un rapport sur un accident de la circulation au cours duquel une ânesse fut blessée par un chariot (16 mai 1787). A.M.T., FF 557.
282 TAILLEFER (M.), La franc-maçonnerie toulousaine : 1741-1799. Paris, 1984, p. 138 et p. 228.
283 FONS (V.), « L’organisation municipale à Toulouse du temps des capitouls », in Recueil Acad. Législation de Toulouse, 1878, pp. 19-84, cf. p. 75.
284 On lui attribua un local situé à la descente du rempart, près de la porte Saint-Étienne, qui fut réhabilité pour un montant de 2 359 livres 4 sols 5 deniers. Il incombait au vétérinaire de veiller à l’entretien de ce bâtiment. A.M.T., BB 260, p. 117. Tableau de l’administration de la ville de Toulouse pour l’année 1785.
285 FAURE (O.), « Le bétail dans la ville au XIXe siècle : exclusion ou enfermement ? », op. cit., pp. 555-573. LEONARD (J.), Archives du corps. La santé au XIXe siècle. Paris, 1986, pp. 166-167.
286 LORMANT (M.-F.), La santé publique à Toulouse de 1800 à 1870. D.E.S. de Lettres, Faculté de Toulouse, 1969, p. 9. Sur le même thème, voir aussi : CATHALA (Y.), Les épidémies de choléra à Toulouse au XIXe siècle. Toulouse, 1962, p. 46.
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