Une collegiale languedocienne de confins : Saint-Paul-de-Fenouillet
p. 279-306
Texte intégral
1La Collégiale de Saint-Paul-de-Fenouillet est un établissement de confins, aussi bien par sa position géographique que par le moment de sa fondation1. Ce caractère limitrophe, sinon périphérique ou d’extrémité qu’elle tire de l’espace et du temps, lui confère une originalité qui n’est pas dénuée d’intérêt. Est-ce la raison pour laquelle elle a mené une vie si discrète qu’elle n’a guère attiré l’attention ? Son rôle, à l’échelle locale, est pourtant loin d’être négligeable.
2Situé à l’extrémité du Languedoc, resté longtemps -jusqu’à la Paix des Pyrénées- le plus méridional du royaume de France, le chapitre collégial de Saint-Paul-de-Fenouillet est de création tardive. Rares sont en effet les fondations capitulaires qui lui sont postérieures, en dehors des terres neuves de conquête, puisqu’il date du début du XIVe siècle. Il est le produit, indirectement, des bouleversements qui affectent le Languedoc au XIIIe siècle, un des événements, certes mineur comparé à d’autres, qui contribuent aux amples recompositions du Midi que la venue du pape à Avignon accélère ou donne l’occasion, à la conjonction de facteurs religieux et politiques, des relations entre la monarchie capétienne et le Languedoc, entre le royaume de France et le pays catalan.
3La collégiale du Fenouillèdes procède de la densification diocésaine, par fragmentation des diocèses de Toulouse et de Narbonne et de la réorganisation de la région comprise entre le Saint-Ponais et le Toulousain, décidée par Jean XXII en 1317-1318. La multiplication des sièges épiscopaux entre les rives de la Méditerranée et le cours de la Garonne -une des premières mesures d’envergure du pontificat de l’ancien évêque d’Avignon- tirait les conséquences de l’hérésie cathare, mal éteinte, et visait à en prévenir les récidives que l’on craignait encore.
4La délimitation des territoires des nouvelles circonscriptions et la détermination des lieux appelés à devenir la résidence des nouveaux évêques suscita, on le sait, de vifs débats. Jean XXII souhaitait établir à Limoux le siège de l’évêché qui occuperait le flanc sud du Languedoc. Il s’était heurté à une opposition résolue de l’archevêque de Narbonne et des dominicaines de Prouille, à cause notamment des revenus importants qu’ils tiraient de ce secteur. Il avait dû se rabattre sur le bourg d’Alet, excentré par rapport au diocèse dont il deviendrait la tête, où l’abbaye bénédictine avait eu des sympathies pour le catharisme. Les concessions faites aux intérêts locaux n’enlèvent rien au résultat de cette redistribution : la papauté pouvait peser de tout son poids sur le Languedoc, d’autant que Jean XXII entendait se réserver les nominations aux bénéfices majeurs. Cette influence accrue n’était pas pour déplaire à la monarchie. À terme, son contrôle sur Languedoc s’en trouverait renforcé. L’érection des nouveaux sièges épiscopaux accompagne l’offensive du pouvoir royal contre les consulats et lui est complémentaire. Elle contribuait également, en enserrant le territoire de manière plus efficace, à rendre plus solide la frontière entre le Languedoc et les pays catalans.
5Le nouvel évêché, sans Limoux, n’était pas facile à composer. Le relief compartimenté, les liaisons incertaines entre les parties qui le formaient, l’absence de localités susceptibles d’accéder au rôle de centre, interdisaient une organisation harmonieuse. La localisation des fondations monastiques antérieures reflète assez bien les contraintes du relief. Ce n’est pas un hasard si elles se situent toutes à proximité des eaux courantes et si les principales sont au creux des vallées ouvertes par les deux fleuves qui divergent du château d’eau que constituent le Capcir et le plateau de Sault. Dans ce diocèse à constituer, comme dans d’autres issus de la fragmentation de 1317-1318, on s’appuya sur ce qui existait déjà, plus particulièrement sur la strate bénédictine, la plus dense il est vrai, ce qui souligne une fois encore son importance dans la structuration de l’espace. Une hiérarchie nettement dessinée déjà, ainsi que la commodité des liaisons avec le reste du Languedoc, prédéterminait en quelque sorte le choix du siège épiscopal. Du côté du versant audois, les abbayes de Saint-Martin-de-Lys sur le bord du fleuve et de Joucou sur le plateau de Sault n’étaient que des établissements secondaires. Leur rang est si modeste que l’on ignore la date exacte de leur fondation. Elles n’ont laissé que peu de traces dans le paysage et l’on ne sait à peu près rien d’elles en dehors de leur patrimoine foncier2. Alet, comme naturellement, eut l’avantage. au-delà des Corbières et de la retombée du plateau de Sault, en Fenouillèdes, les établissements ecclésiastiques n’étaient guère plus nombreux. Saint-Paul devint une collégiale : une première étape sur la voie de la sécularisation, comme pour l’abbaye d’Alet.
6Cette création qui ne représentait pas un mince avantage pour le lieu où elle se faisait, était d’équilibre : pour le Fenouillèdes, car ce morceau de Languedoc est un entre-deux relativement isolé, entre la terminaison du Roussillon du côté de la mer qui contrôle l’accès vers le nord, les hauteurs du plateau de Sault à l’ouest, la ligne de crête abrupte couronnée de châteaux qui sépare des Corbières, vrai espace tampon où l’on pénètre pour de brèves incursions mais que l’on ne parvient jamais à traverser, et la ligne de division d’avec le domaine catalan au sud, moins soulignée par le relief, ce qui en fera un lieu d’affrontement où les États se porteront des coups d’épingle, multiplieront les incursions sans chercher ni vouloir vraiment se déborder. Le Fenouillèdes, moins isolé qu’on le pense souvent, car les hommes et les marchandises circulent entre le nord et le sud, occupe une position qui anticipe sur celle qu’aura le Roussillon ultérieurement : de zone entre deux frontières. De fait, la nouvelle configuration diocésaine renforçait la fracture qui séparait de plus en plus profondément le Languedoc des pays catalans. Saint-Paul, qui avait eu des liens très étroits avec l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa autour de l’an Mil, se voyait définitivement rejetée du côté du nord.... Le séisme cathare contribue peut-être ainsi, indirectement, à la formation de la frontière qui court entre les Corbières et la crête des Pyrénées !
7Instituée, la nouvelle collégiale devait être dotée. On manque cruellement de documents, malheureusement, au cours des deux premiers siècles de son existence. Les sources sont silencieuses. Les quelques documents très postérieurs qui nous sont parvenus ne permettent pas de retracer avec certitude les étapes de la formation de son patrimoine3.
8L’essentiel de ce qui constitua sa dotation lui vint du chapitre cathédral de Narbonne. Celui-ci, pour qui le démembrement de 1318 entraînait une sévère amputation de ressources, ne perdit pas tout cependant, puisqu’il conserva un tiers des dîmes et droits que recueillait le chapitre de Saint-Paul, quitte à peu près de charges. À quelle date les biens de l’abbaye de Joucou lui revinrent-ils ? On l’ignore. Le transfert avait déjà eu lieu à la fin du XVe siècle. C’est à elle que la collégiale devait ce qu’elle possédait du côté du Capcir ainsi que les sites de moulins et la forêt de Gesse4. Comment lui était échu le fief de Montréal et d’Alzonne, en dehors de son aire d’influence, dont un inventaire nous signale l’existence en 1454 ? comment et à quel moment il s’en dessaisit ? On ne sait5. Quant aux mutations que l’on aperçoit à partir du milieu du XVIIe siècle, elles ne sont que de détail, concernent principalement les moulins, et ne modifient pas la répartition des types de revenus du chapitre6. Ces derniers provenaient essentiellement des dîmes7. Les droits seigneuriaux représentaient peu de choses, moins de 5 % des ressources totales8. Le chapitre ne possédait en propre aucun domaine rural, si ce n’est le mas de Capitoul sur le territoire de Rasiguères qui rapportait 14 à 16 setiers de blé chaque année à la fin du XVIIe siècle et de 4 à 6 setiers au cours du second quart du XVIIIe siècle.
9Dernier type de revenu, qui apparaît beaucoup plus irrégulièrement dans les contrats : les rentes des moulins et le produit des coupes de bois. Deux raisons expliquent cette information à éclipse. L’activité des moulins variait fortement d’une part9, surtout lorsqu’ils servaient à de multiples fonctions comme le moulin de Gesse où fonctionnèrent simultanément ou successivement une forge avec un martinet et un moulin à scie ou celui de Joucou où fut établi un moulin à foulon10. En 1712, le bail de la forge se montait à 250 livres. En 1769, le preneur s’engageait pour neuf ans sur le pied de 3 000 livres, le montant le plus favorable de notre période. En 1780, le chapitre retirait 2 500 livres de la forge de Gesse. Les forêts, d’autre part, étaient de belles possessions, notamment la forêt de la montagne de Gesse. Même rationnellement exploitées, ce qui ne sera le cas qu’au XVIIIe siècle avec les réformations, elles ne pouvaient donner lieu à des coupes régulières. Les forêts jouaient la fonction d’un capital de réserve auquel on faisait appel en cas de dépenses imprévues. Les mauvaises années se succédaient-elles, comme au cours de la décennie 1680, le chapitre se trouvait-il engagé en même temps dans une série de procès devant le parlement de Toulouse à propos des novales, en butte à la détermination des curés de Puilaurens, de Rabouillet, de Rodome, de Belvis, bientôt à celle de tous les desservants des paroisses dont il était le curé primitif ?11 Il puisait dans ses forêts et s’entendait avec des marchands de Quillan pour quelques dizaines de radeaux, ou pour 600, 800, 1 500 piles de bois à flotter12. Ces recettes tirées des forêts représentaient beaucoup, ponctuellement, et peu à la fois. Beaucoup en dépit des frais de coupe et de transport qui réduisaient sensiblement ce qui restait effectivement au chapitre13 : ainsi, la coupe décidée le 21 mai 1687 rapporta au chapitre, net, 1 240 livres, 5 sols, 3 deniers, soit 10 % environ des rentrées d’argent du chapitre évaluées en 1678 à 10 877 livres, 13 sols, 8 deniers. Sur le long terme, il est difficile de déterminer exactement la part occupée par les bois dans les recettes du chapitre14. Guère plus que les droits seigneuriaux probablement : les coupes répétées de la décennie 1680 et la dégradation manifeste des bois, car on n’en tirait guère que des pièces de seconde qualité, réduisaient la liberté d’action du chapitre. Ces forêts n’en étaient pas moins, aux yeux des chanoines, un bien très précieux. Elles représentaient l’élément d’appoint, en principe immédiatement mobilisable, sur lequel on pouvait compter en cas de difficultés imprévues et évitait de recourir à l’emprunt.
10Nulle part, aussi bien en Fenouillèdes que dans le pays de Sault ou en Capcir, le chapitre Saint-Paul n’était en position de domination absolue. Il devait partager la dîme dans la plupart des lieux où il la prélevait, son emprise foncière était réduite en dehors des forêts, il ne contrôlait que 10 % environ des forges ou des moulins qui tournaient sur le plateau de Sault15 et n’était seigneur que d’une poignée de communautés, ce qui lui attira périodiquement autant sinon davantage de difficultés que de revenus16. Il n’en était pas moins, par la continuité de ses possessions et l’éventail de ses revenus, un facteur d’unité entre la plaine et le haut pays et l’acteur principal de la partie sud du diocèse d’Alet. Dans le Fenouillèdes, il prélevait partout, à l’exception des paroisses de Maury, de Planèze et de Saint-Arnac ; sur les hauteurs qui encadrent l’Aude, seules de petites enclaves comme la Fajolle, Galinague-Mazuby ou Salvezine-Gincla lui échappaient.
11À combien pouvaient s’élever les sommes que la collégiale retirait de la soixantaine de localités où elle avait des intérêts ? Nous disposons d’un seul chiffre, pour 1678, que nous donnent les délibérations capitulaires17. Cette année-là, les rentrées, toutes comptabilisées, s’élevèrent à 10 870 livres, 13 sols, 8 deniers, et les dépenses à 5 960 livres, 17 sols, 1 denier, ce qui ne laissait à distribuer que 4 409 livres, 17 sols, 7 deniers, aux douze chanoines et aux prébendiers. Le chapitre était alors engagé, il est vrai, dans une série de procès qui lui coûtaient cher. Cela ne laissait que des revenus modestes aux chanoines, l’équivalent d’une double congrue environ, guère mieux que ce sur quoi pouvait compter un honnête curé de campagne. Le chapitre ne faisait pas piètre figure pourtant. Noble François de Roquefort, son doyen, était en compagnie d’autres membres du second ordre comme Ignace de Montferrand de Roquetaillade18. Les familles les plus en vue de la petite noblesse locale avaient toujours un parent au sein du chapitre et des membres de la noblesse extérieure au diocèse ne dédaignaient pas d’en faire partie : un Montredon, du Narbonnais, était chanoine de Saint-Paul en 1651 par exemple19.
12Quelle était l’ouverture du chapitre du Fenouillèdes sur l’extérieur et la proportion des ressources dont il jouissait qui s’évadait hors du diocèse d’Alet ? On l’aperçoit mal. Mais là n’est pas la question principale à laquelle il conviendrait d’apporter une réponse. Le pays de Sault, le Fenouillèdes plus encore, restent largement des terrae incognitae pour les périodes antérieures au XIXe siècle. Or les revenus de la collégiale, de par leur composition et leur égale répartition sur la quasi-totalité des communautés du sud du diocèse, constituent le meilleur indicateur que l’on puisse composer pour suivre les fluctuations de cette zone rurale composite. Celles-ci sont-elles de même nature, d’une ampleur équivalente à celles que l’on peut observer dans le reste du Languedoc, notamment dans le Narbonnais proche bien connu grâce aux dîmes du chapitre Saint-Just ?20 Rien n’est moins sûr.
13Tout ce secteur en effet a été une zone d’affrontement entre le XIVe et le XVIIe siècle. Les incursions périodiques, brutales, laissent derrière elles des villages incendiés et des récoltes détruites21. Quelle fut l’étendue des dégâts à chaque fois ? Ils sont spectaculaires, mais touchent rarement en même temps l’ensemble des localités et des terroirs, car l’objectif des agresseurs était de porter des coups, non de tenir et de conquérir le pays. L’insécurité n’en a pas moins pesé, à terme, sur l’ensemble du secteur qui subit au cours de la seconde moitié du XVIe siècle les attaques venues du sud et, par le nord, les incursions des protestants. Niort, Belcaire, Roquefeuil, Rodome sont ainsi incendiés par des bandes calvinistes22. Il convient peut-être, cependant, d’être moins impressionné qu’on ne l’a été jusqu’ici par les effets de ces coups de main. On a pu faire un relevé exhaustif des villages disparus et des habitats désertés en pays de Sault23, et employer l’expression « déprise humaine » pour caractériser les XVe et XVIe siècles24. Encore faut-il remarquer que le dépérissement des petits groupements de population ou d’un établissement comme l’abbaye de Joucou est antérieur à la fin du XVe siècle. De même, les invasions les plus étendues, en termes de communautés et de terroirs concernés, datent du XVIe siècle et n’entravent pas -ou peu- le vif redressement dont on peut percevoir l’allant dans la recherche des diocèses d’Alet et de Limoux de 1594 où l’on procède à un comptage précis des maisons, à l’arpentage des catégories de terres possédées et mises en culture et à l’estime des différents types de biens en vue de déterminer la force contributive de chaque communauté25. Les plaintes répétées portées devant les États de Languedoc, les réponses favorables données aux demandes d’allégements fiscaux ou aux exonérations de charge ne doivent pas nous induire en erreur.
14On aperçoit d’ailleurs, loin du haut pays, grâce aux produits qui en proviennent, les stimulants de l’activité : le fer et le bois surtout. Chaque année, des dizaines de carras descendaient l’Aude et s’expédiaient par Narbonne26. C’est à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, si l’on se fonde sur l’augmentation du nombre des maisons qui traduit avec un décalage de quelques années peut-être, celle de la population, que la croissance est la plus forte27, soutenue par la demande de bois et de fer en Bas-Languedoc et, au-delà, à Marseille et en Méditerranée occidentale. Le fer et le bois ne sont pas tout. Ce dernier n’est pas inépuisable. Un siècle d’exploitation intensive, mal conduite souvent, appauvrit la forêt et entraîne des rendements décroissants. L’exploitation de la terre et l’élevage pouvaient s’accommoder d’une exploitation peu économe de la forêt. Celle-ci était trop pourvoyeuse de ressources en nature et en argent pour que sa dégradation n’ait pas des répercutions sur l’ensemble de l’activité.
15Comment apprécier dans ces conditions, d’après des indices convergents, bien que disparates, le niveau des revenus du chapitre Saint-Paul, en 1662-1663, lorsque nous les découvrons au lendemain du Traité des Pyrénées qui vient de libérer le Fenouillèdes de l’hypothèque frontalière qui pesait sur lui depuis quatre siècles : en repli, étale, ou en cours de progression par rapport au demi-siècle précédent ? Le flanc sud du Languedoc se distingue à l’évidence assez nettement du reste de la province. L’essor -il ne s’agit peut-être essentiellement que d’une récupération- y apparaît beaucoup plus tardif qu’en d’autres secteurs où il est bien amorcé dès la décennie 1470- 147928 . Le second quart du XVIIe siècle est un moment relativement favorable pour le mouvement décimal, notamment dans le Narbonnais bien connu grâce aux dîmes du chapitre Saint-Just29. La progression se ralentit, à un haut niveau qui traduit approximativement, on le sait, un chiffre de population et une superficie des terres cultivées qui ne seront pas dépassés avant plusieurs décennies. Le retournement de tendance apparaît comme plus précoce à l’ouest qu’à l’est de la province30. Il est particulièrement brutal en Narbonnais après 1675 où la hausse avait été assez régulière depuis le début du siècle, bien que plus modérée en comparaison de ce que l’on peut observer dans le reste du Bas-Languedoc. La dépression qui concerne essentiellement le nord du Narbonnais et le Minervois, d’où provient le principal de ces revenus décimaux, y sera également plus profonde qu’ailleurs. C’est seulement lorsque le marché des grains recommence à s’animer, au milieu du XVIIIe siècle, que le chapitre cathédral du diocèse de Narbonne retrouve des revenus décimaux équivalents à ceux du début de la décennie 1670.
16Or ni le Fenouillèdes, ni le pays de Sault ne sont aussi sévèrement touchés. Au pire, les dîmes marquent le pas. Un mot ici sur les montants des dîmes collectés dans les liasses des contrats qui nous sont parvenus et qui sont présentés pour plus de commodité sous forme de tableau. Ils sont imparfaits à plusieurs titres et risquent de nous induire en erreur31. Si nous nous reportons à l’année 1678 et comparons le total des recettes donné dans les délibérations capitulaires avec celles dont nous avons connaissance, l’écart paraît être d’environ 40 %. Il est en fait moins important qu’il ne semble au premier abord. Les baux en argent s’accompagnent toujours de versements en nature, setiers d’avoine ou de légumes -pois ou lentilles- , paires de chapons, quintaux de paille... qui, comptabilisés, ne sont pas sans importance. À Bugarach en 1787 par exemple, le preneur devait faire porter à Saint-Paul 8,5 setiers d’avoine et 27 chapons estimés respectivement à 4 livres le setier et à une livre pièce en sus des 850 livres prévus par le contrat32, soit 6 % supplémentaires, chiffre légèrement inférieur à la moyenne. À la veille de la Révolution, cette part en nature augmentait les contrats en argent de 8,7 %33. Les lacunes de notre information portent davantage sur les moulins, le martinet et la forge de Gesse, les coupes de bois, c’est-à-dire les sources de revenus les plus élevées quand elles sont perçues, mais aussi les plus fluctuantes.
17L’allongement des baux, passés de 3 ans en 3 ans d’abord, puis pour une durée de 6 années à partir de 1720-1740, parfois -mais c’est occasionnel- pour 9 ans, n’a guère d’incidence sur leur montant. La qualité des preneurs, par contre, n’est pas sans importance, bien qu’il soit difficile d’en mesurer exactement les effets. De nombreux contrats au XVIIe siècle et jusque tard dans le XVIIIe siècle, sont passés avec des bayles et des desservants de paroisse34. Cette préférence donnée aux desservants -les bayles s’effacent devant les négociants au XVIIIe siècle- était-elle un moyen d’augmenter leur rétribution, véritable « part du curé » qui aurait constitué un frein à l’ascension des baux ? En tout cas, ces pratiques visaient à rendre plus étroits les liens entre le chapitre et les paroisses dont il était seigneur ou curé primitif.
18La cinquantaine de courbes que l’on pourrait esquisser à partir de nos chiffres donnerait, si on les traçait, l’impression d’une grande diversité. Les hausses à peu près régulières comme Belesta, Caramaing, Escouloubre, vont de pair avec des fléchissements plus ou moins précoces et marqués. La baisse est sensible à La Tour-de-France dès 1703 et se prolonge pendant une dizaine d’années. Elle est beaucoup plus tardive à Rodome -le recul n’intervient qu’en 1718- et passagère. Paziols et Belcaire chutent la même année, en 1706. Paziols récupérera très rapidement. Les fruits décimaux mettront près d’un demi-siècle avant de retrouver leurs meilleurs niveaux à Belcaire. La hausse, à peu près générale partout après 1760, est d’inégale vigueur : modérée à Belcaire, elle est spectaculaire dans la viguerie d’Aunat. Les baux de La Tour-de-France, de Trevillac et de Trilla se concluent en 1787 par une perte par rapport aux contrats précédents.
19Les raisons de cette hétérogénéité ne sont pas d’ordre géographique. La diversité s’aperçoit aussi bien en Fenouillèdes que dans le pays de Sault. On manque ici cruellement d’informations sûres sur l’évolution démographique et sur la production. On sait tout au plus par le décompte imparfait des maisons et des feux que les villages du pays de Sault ont des destinées variables au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Belcaire, le centre le plus important en 1594, le seul à compter plus de cent maisons, se fait rattraper par Espezel et dépasser par Rodome et Comus au cours du XVIIe siècle. Les positions ne changeraient guère pendant la première moitié du XVIIIe siècle. Espezel seule marquerait le pas. Il faudrait attendre les deux ou trois décennies qui précèdent la Révolution pour observer une augmentation sensible de la population, qui serait de l’ordre de 20 % environ et bénéficierait principalement aux centres les plus populeux35. Les fluctuations des dîmes ne s’accordent pas toujours avec ces observations. Sont-elles toujours représentatives de l’évolution démographique cependant, ainsi que des disponibilités alimentaires ? La pomme de terre qui ne sera jamais un fruit décimable était cultivée on le sait dans le pays de Sault avant la fin du XVIIIe siècle et offrait une ressource d’appoint non négligeable. Ne constituait-elle pas selon le subdélégué de l’intendant « la seule nourriture du peuple de ce canton pendant la saison la plus rigoureuse » ?36
20Il y a bien un fléchissement, qu’annoncent quelques arrentements décevants comme à La Tour-de-France, à Trebillac ou à Rodome. Il ne se dessine qu’après 1703-1706, intervient parfois seulement lors des enchères de 1715 ou 1718. La décennie 1710-1719, marquée par des difficultés d’ordre alimentaire, est la plus mauvaise. Le recul n’est pas comparable cependant à celui que l’on constate dans le diocèse de Narbonne, beaucoup plus gravement touché par les mortalités et où la population diminue37. La belle progression de la fin du XVIIIe siècle qui montre que l’envolée des baux a également atteint les cantons les plus reculés porte les revenus du chapitre à près de 40 000 livres, une augmentation substantielle par rapport au troisième quart du XVIIe siècle, même si l’on tient compte de la dépréciation de la monnaie. La part de ce qui revenait à chacun des chanoines à la veille de la Révolution n’était pas éloignée de ce que recevaient les chanoines du chapitre cathédral d’Elne, beaucoup plus prestigieux, que l’on estimait en 1790 à 2 000 livres environ38.
21On comprend mieux les sentiments des curés de paroisse, leurs plaintes lorsqu’ils évoquent les difficultés qu’ils rencontrent pour exercer leur ministère et la médiocrité de leur condition qu’ils désespèrent de voir s’améliorer. L’écart s’est creusé, béant, entre le clergé paroissial et les chapitres ou les abbayes qui prélèvent des dîmes ou des droits seigneuriaux du Fenouillèdes aux Corbières. La lettre du curé de Saint-Louis où le chapitre de la collégiale Saint-Paul perçoit le quart des dîmes, adressée à Necker le 22 juin 1789, est éloquente à cet égard et sans appel39... Jusqu’à la veille de sa suppression, la collégiale de Saint-Paul-de-Fenouillet est un des indicateurs les plus sûrs et les plus significatifs des marges du Languedoc méridional, aussi bien sur le plan du peuplement, de l’organisation de l’espace, des fluctuations économiques que du point de vue politique ou religieux.
Dîmes, droits seigneuriaux, revenus des moulins... du chapitre Saint-Paul-de-Fenouillet (en livres ou en setiers (s))








1733 | 1736 | 1739 | 1742 | |
Agriers | 43s | 35s | ||
Ansignan | 185 | 198 | ||
Aunat | 2300 | 2420 | ||
Axat | 25s | 24s | ||
Belcaire | 960 | 855 | ||
Belesta | 300 | 345 | ||
Belvis | 531 | 560 | ||
Bessède | 120 | |||
Bugarach | 47s | 52s | ||
Cailla | 110 | 115 | ||
Campagna | 380 | 440 | ||
Campoussy | 210 | 220 | ||
Capcir | 1305 | |||
Capitoul (Le) | 4,5s | 5s | 4,5s | |
Camurac, Cornus | 760 | 810 | ||
Caramaing | 250 | 290 | ||
Cassaignes | 210 | 220 | 230 | |
Clat (Le) | 485 | |||
Coudons | 280 | 345 | ||
Escouloubre, Le Bousquet | 406 | 425 | ||
Fontanès | 105 | 141 | ||
Fosse | 20,5s | 15,75s | 14,5s | |
Jaucou | 70s | 71s | ||
Lansac | 75 | |||
Lesquerde | 35,5s | |||
Marsa, Quirbajou | 152s | 138s | ||
Merial | 250 | |||
Montalba | 230 | 230 | ||
Montfort | 325 | 400 | ||
Niort | 460 | 315 | ||
Palmes et Sequères | 148 | 135 | ||
1733 | 1736 | 1739 | 1742 | |
Paziols | 470 | |||
Pézilla | 175 | 465 | 200 | |
Peyralade | 220 | |||
Pratx | 175 | 170 | 175 | |
Puilaurens | 448 | 448 | ||
Rabouillet | 365 | 350 | 355 | |
Rasiguères | 126 | 210 | ||
Rodome | 505 | |||
Roquefeuil | 870 | |||
Roquefort | 960 | |||
Saint-Ferriol | 480 | 615 | ||
Saint-Just, Sainte-Eugénie | 135 | 140 | ||
Saint-Paul | 300 | |||
Tour (La) | 1350 | 1600 | 1600 | |
Trebillac | 182 | 225 | ||
Trilla | 140 | 150 | ||
Vivier (Le) | 135 |
1745 | 1750 | 1756 | 1761-1763 | |
Ansignan | 410 | 240 | ||
Aunat | 3000 | 3080 | ||
Axat | 21 s | 21 s | 22,5 s | 22 s |
Belcaire | 945 | 920 | 1025 | |
Belesta | 375 | 430 | 480 | |
Belvis | 800 | |||
Bessède | 550 | |||
Bugarach | 80 s | 50 s | 66 s | |
Cailla | 110 | 111 | 120 | |
Campagna | 515 | 585 | ||
Campoussy | 240 | 282 | 285 | 323 |
Capcir | 1800 | 1850 | ||
Capitoul (Le) | 5 s 75 | 55 | 65 | |
Camurac, Cornus | 700 | 810 | 890 | |
Caramaing | 260 | 290 | 360 | |
Cassaignes | 250 | 265 | ||
Clat (Le) | 484 | 545 | 625 | |
Coudons | 315 | 360 | 380 | 410 |
Escouloubre, Le Bousquet | 520 | 535 | 1401 | |
Fontanès | 120 | 125 | ||
Fosse | 14s | 15 s | 140 | 145 |
Jaucou | ||||
Lansac | 53 | 80 | 105 | 142 |
Lesquerde | 30,5 s | 32 s | 450 | 420 |
Marsa, Quirbajou | 153 s | 153 s | 154 s | |
Marsa (Camelage) | 225 | 225 | 246 | |
Montalba | 270 | 320 | 380 | |
Montfort | 400 | 287 | 440 | 455 |
Munès | 460 | 605 | 500 | |
Niort | 340 | 310 | 360 | |
Palmes et Sequères | 183 | 205 | 180 | 205 |
1745 | 1750 | 1756 | 1761-1763 | |
Paziols | 440 | 450 | 520 | 530 |
Pézilla + Feuillans | 205 | 185 | ||
Peyralade | 240 | 300 | 320 | 375 |
Pratx | 180 | 223 | 220 | 226 |
Puilaurens | 460 | 505 | 520 | 510 |
Rabouillet | 425 | 450 | 520 | |
Rasiguères | 240 | 265 | 285 | 300 |
Rodome | 500 | 540 | 1208 | |
Roquefeuil | 940 | |||
Roquefort | 920 | 1050 | 1140 | |
Saint-Ferriol | 545 | 700 | 730 | 770 |
Saint-Just, Sainte-Eugénie | 300 | 156 | 156 | |
Saint-Paul | 340 | 450 | 460 | |
Tour (La) | 1800 | 1900 | ||
Trebillac | 250 | 220 | 270 | 300 |
Trilla | 156 | 80 | 139 | |
Vira | 60 | 150 | ||
Vivier (Le) | 120 | 250 | 140 | 150 |
1768 | 1771-1773 | 1780-1781 | 1786-1787 | |
Ansignan | 290 | 305 | 305 | |
Aunat | 245 s 2011 | 4845 | ||
Axat | 20,5 s | 26 s | 26 s | 24 s |
Belcaire | 1355 | |||
Belesta | 520 | 710 | 605 | 520 |
Belvis | 800 | |||
Bugarach | 61 s | 760 | 850 | |
Cailla | 170 | 200 | ||
Campagna | 640 | |||
Campoussy | 355 | 430 | 400 | |
Capcir | 3050 | |||
Capitoul (Le) | 66 | 125 | 80 | 80 |
Camurac, Cornus | 1260 | |||
Caramaing | 480 | 460 | 425 | 425 |
Cassaignes | 238 | 375 | ||
Clat (Le) | 935 | |||
Comus | 135 | |||
Coudons | 530 | |||
Escouloubre, Le Bousquet | 1445 | 1650 | ||
Fontanès | 150 | |||
Fosse | 220 | 239 | ||
Jaucou | 235 | |||
Lacaunette | 405 | 505 | 500 | 725 |
Lansac | 170 | 210 | 163 | |
Lesquerde | 445 | 460 | 440 | 400 |
Marsa, Quirbajou | 166 s | 143 s | 166 s | |
Marsa (Camelage) | 233 | 240 | ||
Montalba | 465 | 400 | 380 | |
Montfort | 600 | 750 | ||
Munès | 430 | |||
Niort | 510 | |||
1768 | 1771-1773 | 1780-1781 | 1786-1787 | |
Palmes et Sequères | 275 | 315 | 215 | 203 |
Paziols | 670 | 740 | 700 | 720 |
Pézilla + Feuillans | 305 | 282 | ||
Peyralade | 425 | 550 | 570 | 350 |
Pratx | 320 | 315 | 350 | 620* |
Puilaurens | 640 | 640 | 350 | 650 |
Rabouillet | 680 | 800 | 720 | 1510** |
Rasiguères | 365 | 620 | 550 | 437 |
Rodome | 1460 | 4440*** | ||
Roquefort | 1130 | |||
Saint-Ferriol | 1024 | 1070 | 1300 | |
Saint-Just, Sainte-Eugénie | 185 | 210 | 225 | 280 |
Saint-Paul | 500 | 460 | ||
Tour (La) | 3000 | 3240 | 3150 | 2630 |
Trebillac | 435 | 460 | 310 | |
Trilla | 220 | 260 | 250 | 230 |
Vira | 220 | 220 | ||
Vivier (Le) | 185 | 450 | 215 | |
Gesse forge | 3000 |
22* Avec Campoussy
23** Avec Montfort
24*** Avec Escouloubre – Le Bousquet
Notes de bas de page
1 Abbé J.-M. Vidal, Les origines de la province ecclésiastique de Toulouse (1295- 1318), Annales du Midi, 1903, pp. 289-328, 469-492, et 1904, pp. 5-30, Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, article « Alet », rédigé par J.-M. Vidal, t. Il (Paris, 1914), col. 155-168 ; Abbé Sabarthès, Dictionnaire topographique du département de l’Aude, Paris 1912 ; Dont Beaunier et Dom Besse, Abbayes et prieurés de l’ancienne France, t. IV, Paris, 1911 ; Mgr Boyer, Le diocèse d’Alet au XVIIIe siècle, Mémoires de la Société des Arts et Sciences de Carcassonne, 1955-1956, pp. 55- 71.
2 J. Blanc, L’abbaye Saint-Jacques de Joucou en Pays de Sault, Pays de Sault. Espace, peuplement, population, éd. du CNRS, 1989, pp. 149-155 ; Abbé P. Moulis, Le pays de Sault (Aude), recherches historiques, Carcassonne, s. d. ; L.H. Fonds-Lamothe, Notes historiques sur Limoux et son arrondissement, t. II, preuve n° XXIX.
3 Les dispersions ou les destructions contemporaines ont singulièrement réduit la documentation disponible. Les archives conservées par le chapitre n’auraient cependant pas apporté beaucoup d’éclaircissements sur ce point. Les inventaires établis au XVIIIe siècle ne signalent quasiment pas de documents antérieurs au XVIe siècle, Archives départementales des Pyrénées-Orientales (A.D. P.-O.) G 498.
4 J. Blanc, L’abbaye de Joucou..., Pays de Sault..., op. cit.
5 A.D. P.-O..G498.
6 Ibid., f° 45 sq., achats, ventes de parts du moulin de Campagna.
7 A.D. P.-O., 3 E 34/322, 330, 331, 333, 334, 335, 351, 352, 353, 354, 355, 356, 357, 358, 359, 360, 361, 362, complétés par le contrôle des actes 2 C 987-993, 1 QP 473.
8 Le chapitre était seigneur en toute juridiction de Aunat, Bessède, Joucou, Campagna, Caillens, dans le pays de Sault. Mais ces droits ne sont jamais affermés isolément, sont confondus avec les revenus tirés de la viguerie d’Aunat et du Capcir.
9 Les moulins du pays de Sault, Histoire en pays de Sault, A.c.c.è.s., Roquefeuil, 1996, chap. 5, G. Maugard, Le vénérable chapitre de Saint-Paul-de-Fenouillet et l’hydraulique de Gesse, pp. 65-69, moulins à farine de Belcaire, Munès, Campagna, Joucou, Gesse, Caramaing. A.D. P.-O., G 500 : « le moulin de Munès n’offre qu’un petit revenu ». Le chapitre a de la difficulté à trouver un meunier.
10 A.D. P.-O., G 500, 25 février 1688, un pareur s’est habitué à Joucou, a construit un foulon. La rente, modique, n’apparaît que de loin en loin dans les contrats du chapitre.
11 Ibid., G 499, 24 novembre 1675, procès avec l’archevêque, devant le parlement de Toulouse, sur le droit de nomination à la cure de Saint-Ferriol ; 4 mai, grands frais pour procès ; G 500, 30 octobre 1686, conflit avec les curés de Rabouillet et de Puilaurens, procès devant le parlement de Toulouse ; 25 février 1687, les deux curés ont obtenu une décision favorable, sont prêts à s’engager plus avant, 14 juin 1689, les curés du diocèse se syndiquent pour obtenir les novales...
12 Ibid., G 500, 15 juin 1683 : proposition de vente de 1500 piles de bois de la forêt de Gesse ; 30 décembre 1683, coupes dans les forêts de Gesse et de Campagna pour des piles de bois à flotter ou des rames ; 7 juillet 1684, faire des rames ; 20 décembre 1685, ventes de bois à flotter des forêts de Bessède et de Gesse ; 21 mai 1687, 800 piles de bois à flotter de la forêt de Gesse ; 12 novembre 1688, 25 radeaux de bois de sapin pour faire des ais de la forêt de Gesse...
13 En 1687, par exemple, pour le marché de 800 piles de bois à flotter à 4 livres la pile, il ne resta que 1 240 livres, 5 sols, 3 deniers au chapitre.
14 Les informations dont nous disposons sont tirées des délibérations du chapitre, qui sont très lacunaires. Les marchés passés avec les marchands de bois ne figurent pas dans les liasses des contrats des dîmes et des droits seigneuriaux, passés de trois ans en trois ans puis tous les six ou neuf ans qui constituent l’essentiel de notre information.
15 Les moulins du pays de Sault, op. cit., carte 5, p. 30.
16 A.D. P.-O., G 498, f° 73, graves difficultés avec les habitants d’Aunat, 1660-1670 ; f° 57 sq., difficultés avec les communautés de Fontanès, d’Escouloubre et Le Bousquet au début du XVIIIe siècle.
17 A.D. P.-O, G 500.
18 Ibid., G 499-500.
19 A. Bayrou, Fenouillèdes, diocèse d’Alet. Fragments historiques et statistiques, 1980.
20 E. Le Roy Ladurie, Les paysans de Languedoc, S.E.V.P.E.N., 1966, t. Il, gr. 17, 18, pp. 956-971, 974-975, gr. 23, pp. 978-979, gr. 26, pp. 982-987, gr. 29, pp. 990-995, gr. 30, pp. 996-998 ; J. Goy et M.-L. Head Konig, une expérience, les revenus décimaux en France méditerranéenne, XVIe-XVIIIe siècle. Études rurales, 1969, pp. 66-83 ; G. Larguier, Le drap et le grain en Languedoc, Narbonne et Narbonnais, 1300-1789, Presses universitaires de Perpignan, 3 vol., 1996.
21 une chronologie de celles-ci dans A. Bayrou, Fenouilledès, diocèse d’Alet..., op. cit.
22 J. Prouzet, Les guerres de religion dans les pays d’Aude, 1560-1596, Tulle, 1975 ; C. Fruhauf, Deux siècles de déprise humaine, XIVe-XVIe siècle, Pays de Sault, Espace, peuplement, population, 1989, pp. 203-208.
23 C. Raynaud, Villages disparus dans les Pyrénées audoises, les désertions médiévales du Ve au XVIe siècle après J.-C. Approche préliminaire et bilan provisoire, Mémoire de maîtrise, dir. P. Bonassie, université de Toulouse le Mirail, 1985 ; Idem, Villages disparus dans les Pyrénées audoises, les mutations médiévales de l’habitat, Annales du Midi, t. 98, n° 176, pp. 433-467.
24 C. Fruhauf, Deux siècles de déprise humaine, XVe-XVle siècle, Pays de Sault..., pp. 203-208.
25 Ibid., A. D. Aude, 26 C 1-7.
26 G. Larguier, Le drap et le grain..., chapitre IX.
27 C. Fruhauf, Deux siècles de déprise humaine..., tableau pp. 207-208.
28 G. Larguier, Le drap et le grain..., chapitre V.
29 E. Le Roy Ladurie, Les paysans de Languedoc, op. cit.
30 Idem, t. Il, gr. 23, pp. 978-979.
31 Les lots mis en arrentement ne sont pas stables, les baux comportent pour un temps des versements en nature et des versements en argent, autant de situations qui sont impossibles à reporter sur un tableau. A titre d’exemple : Bugarach comporte entre 1721 et 1730 des versements en argent et en blé, 51,5 setiers en 1721, 45 setiers en 1724, 47 setiers, 1 quartière en 1730 ; les baux comprennent des versements en argent et en nature à Jaucou ; Marsa et Quirbajou sont affermés ensemble, la dîme de Marsa est comptée en setiers, le carnelage des pourceaux de Quirbajou en argent ; Escouloubre et Le Bousquet sont affermés avec Rodome en 1771 ; Pézilla est affermé avec Feuillans en 1670, 1676, avec Le Vivier en 1750 ; Le Vivier est associé avec Pratx en 1694 ; Campoussy est affermé avec Palmes et Sequère en 1667, avec Rabouillet en 1700, avec Pratx en 1787 ; Rabouillet est affermé avec Montfort en 1694, en 1787... Le cas de Roquefort, associé avec Duillac et Sainte-Colombe, puis avec Espezel, est encore plus complexe entre 1667 et 1688... Ces variations, qui se traduisent par de brusques augmentations suivies par des affaissements aussi subits, difficiles à suivre dans le détail, brouillent la lisibilité de nos résultats.
32 A.D. P.-O., 1 QP473.
33 Ibid., calcul fait sur 22 contrats : Bugarach, Puilaurens, Escouloubre et Roquefort, Campagna (2 contrats, 1 concerne le moulin), Belcaire, Camurac, Belfort et Belvis, Roquefort, Niort, Coudons, Cailla, Fontanès, Joucou, Gesse (2 contrats), Le Clat, Aunat et dépendances, Saint-Ferriol, Saint-Louis, Axât.
34 1688, curés de Fosse, Feuillans, Feuillans et Vira ; 1763, curés de Belesta, Cailla, Caramaing, Vira... ; 1768, curés de Ansignan, Belesta, Campoussy, Trevillac, Vira, Lacaunette, Le Vivier, Rasiguères.
35 D. Neirinck, La population du pays de Sault aux XVIIe et XVIIIe siècles, Pays de Sault. Espace, peuplement, population... pp. 209-214 ; A. Bayrou, Fenouillèdes, diocèse d’Alet..., op. cit.
36 G. Larguier, 1789 dans la sénéchaussée de Limoux, 1989, p. 13.
37 Idem, Le drap et le grain..., chapitre XIII.
38 A.D. P.-O., 1 QP 461 ; N. Brière, Le chapitre d’Elne, une communauté d’hommes et de biens en Roussillon au XVIIIe siècle, Mémoire de maîtrise, université de Perpignan, 1994, sous ma direction, p. 175. Le régent du chapitre, J. B. Angles, donne le chiffre de 1 960 livres. Les commissaires du district fixent des pensions comprises entre 1 930 et 2 100 livres.
39 A. N., Ba 7, extrait dans G. Larguier, 1789 dans la sénéchaussée de Limoux, pp. 49- 50.
Auteur
-
Gilbert Larguier
Professeur d’histoire moderne, Université de Perpignan
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