L’occupation humaine le long des voies Domitienne et augustéenne dans la traversée des Pyrénées (vallées de la Rom et du Llobregat d’Empordan)
(Pyrénées-Orientales, France – Empordan, Espagne)
p. 27-47
Texte intégral
I. Une situation géographique privilégiée
1Les vallées de la Rom et de la Freixe, sur le versant nord des Pyrénées orientales, et celle du Llobregat d’Empordan, sur le versant sud, ont été et demeurent les meilleures voies de communication terrestre entre le Midi de la France et le nord-est de l’Espagne en raison de leur court développement (pas plus de 9 km entre le Boulou et La Jonquera) et de leur faible altitude (col du Perthus : 271 m, col de Panissars : 330 m) permettant ainsi une liaison directe et rapide entre les deux plaines côtières du Roussillon et de l’Empordan.
2Sur le versant espagnol l’ascension est régulière tout au long du cours du Llobregat jusqu’au col du Perthus. Versant français, celle-ci démarre à la Cluse del Mitg à travers un couloir étroit et escarpé où coule le torrent de la Rom qu’elle suit sur 2 km jusqu’à son confluent avec le ravin de la Freixe où s’offre alors l’alternative d’un passage par l’une ou l’autre des deux vallées. Les deux parcours, long chacun de près de 2,3 km, débouchent respectivement au col du Perthus (à l’est) et au col de Panissars (à l’ouest).
II. Le franchissement pyrénéen d’un axe routier important : la voie Domitienne, en Gaule ; augustéenne, en Hispanie
3La recherche de la voie en montagne a été rendue aisée grâce aux travaux menés il y a un siècle par J. Freixe, érudit originaire du Perthus, travaux qu’il publia dans la Revue d’histoire et d’archéologie du Roussillon en 1900 et 1901. Sur le terrain les vestiges se présentent souvent sous forme de quelques mètres de rocher taillé à plat, d’ornières plus ou moins imprimées, au mieux de passages entièrement taillés dans le rocher avec parfois le négatif des fondations d’un parapet. La structure de la voie était comparable à celles étudiées dans d’autres franchissements pyrénéens ou alpins. La bande de roulement avait été taillée entièrement ou pour partie dans le rocher ou aménagée, dans ce second cas, sur une terrasse de remblai retenue par un mur de soutènement ; sa largeur atteignait en moyenne 4,50 m et sa pente 3 à 5 % sur l’ensemble du parcours avec parfois des déclivités pouvant atteindre jusqu’à 18 %.
4Ainsi, de point en point, retrouve-t-on le cheminement de la voie à travers la vallée de la Rom, entre Le Boulou et les cols du Perthus et de Panissars. Au-delà, sur le versant sud, nos recherches nous ont également permis de poursuivre le trajet jusqu’à un mille environ après la frontière.
5Au franchissement des Pyrénées, la voie Domitienne se ramifiait donc en un véritable réseau de cheminements parallèles probablement utilisés alternativement, ou parfois simultanément. L’itinéraire initial (fin IIe siècle) conduisant au col du Perthus devait suivre le cours de la Rom. À l’époque de Pompée, ce passage empruntait un affluent de sa rive gauche, la Freixe, pour atteindre le col de Panissars où s’élevait le trophée des Pyrénées (v. 71 av. J.-C.). Plus tard, autour du IVe siècle, fut aménagée une voie de crête qui, partant de la Cluse del Mitg, desservait le fort de La Cluse Haute et aboutissait vers le col du Perthus ; la construction, au IVe, voire au tout début du Ve siècle, du fort dit Castell dels Moros en rive gauche de la Rom et l’identification d’un milliaire au nom de Constantin au col de Panissars montrent la persistance de l’utilisation de la voie de fond de vallée jusqu’au col de Panissars1.
III. Les sites antiques des versants français et espagnol
1. Premières traces d’occupation humaine
6Les piémonts et les crêtes du secteur étudié, zone de transition entre la plaine alluviale et la forêt de moyenne montagne, ont été relativement peuplés au cours du Néolithique et des Âges des Métaux comme le prouvent les nombreux habitats ou sites funéraires connus à ce jour2. Au cœur-même du passage considéré, quelques artefacts néolithiques ont été découverts sur le territoire des communes du Perthus, des Cluses et de l’Albère3.
7Du 1er Âge du Fer, il faut signaler un habitat situé au lieu-dit Les Claperes (Le Boulou) révélé en 1978 à la suite de travaux de terrassement qui a livré des structures en négatif (silos, fosses-dépotoirs ou foyers ?) comblées d’un sédiment brun, anthropisé, contenant des meules à grain sur galets et quelques tessons de céramiques attiques et ibères4.
8C’est probablement aussi à l’Âge du Fer qu’il faut reporter la première occupation humaine attestée dans le passage-même du Perthus. Sur le site du Mas Rimbaut ont été mis au jour, dans divers niveaux remblayés à l’époque historique, quelques tessons de céramiques communes non tournées atypiques. Ceux-ci sont très fragmentés et leur proportion identique dans l’ensemble des niveaux contemporains, modernes et romains (environ 10 % de l’ensemble des céramiques) laisse à supposer que ce plateau dominant à l’ouest le col du Perthus a dû subir de nombreux réaménagements liés aux différentes occupations humaines. L’implantation de ce site est probablement liée à la proximité d’une voie de communication protohistorique ; tel semble avoir été également le cas pour l’oppidum situé au débouché de la vallée du Ravaner ou du champ d’urnes sis à l’entrée de la vallée de Lavall (tous deux sur la commune d'Argelès-sur-Mer), sur le versant nord des Albères, quelques kilomètres à l’est du col du Perthus. Jusqu’au Moyen Âge au moins ces trois axes figureront parmi les principales voies transfrontalières de ce secteur oriental des Pyrénées5.
2. L’occupation antique
15 sites antiques ont été répertoriés à ce jour entre Le Boulou et La Jonquera (fig. 1) :
n° 1 : | Sabaté (Le Boulou) |
n° 2 | Camp de l’Era (Le Boulou) |
n° 3 | L’Oliu Tort (Le Boulou) |
n° 4 | Fenollar (Maureillas-Las lilas) |
n° 5 | Vignes d’En Grau (Maureillas-Las lilas) |
n° 6 | La Cluse Haute (Les Cluses) |
n° 7 | Castell dels Moros (Les Cluses) |
n° 8 | Porte des Cluses (Les Cluses) |
n° 9 | Mas Rimbaut (Le Perthus) |
n° 10 | Camp de la Torre (Le Perthus) |
n° 11 | Place du Village (Le Perthus) |
n° 12 | Col de Panissars (Le Perthus) |
n° 13 | Pelegri (Els Límits, La Jonquera) |
n° 14 | Camí de Panissars (La Jonquera) |
n° 15 | Els Palans (L’Estrada, Agullana) |
9Six de ces sites étaient connus depuis le siècle dernier, soit en raison de vestiges apparents (fortifications des Cluses, n° 6, 7, 8), soit à la suite de découvertes fortuites rapportées par les érudits locaux (c’est le cas au Perthus, n° 10, 11, et à Fenollar, n° 4) ; les forts des Cluses ont fait l’objet de recherches dans les années 1960-79 sous la direction de R. Grau. Les 9 autres sites ont été découverts entre 1984 et 1996 à la suite des recherches de G. Castellvi (n° 9, 12), de C. Gavage (n° 3, 13, 14), de A. Vignaud (n° 1 à 3, 5) ou de J. Badia (n° 15). L’ensemble des sites ont été prospectés et chaque site français inventorié au fichier DRACAR de la Sous-Direction de l’Archéologie. Certains ont fait l’objet de sondages stratigraphiques (Mas Rimbaut, Fenollar, La Cluse Haute), d’autres de fouilles exhaustives (Panissars, Porte des Cluses)6.

Fig. 1 – Localisation des différents sites antiques de la vallée de la Rom
(Dessin G. Castellvi).
Légende :
■ site d’époque républicaine (entre la fin du IIe et la fin du Ier s. av. J.– c.) ;
▲ site du Haut Empire (entre le Ier et le IIe s. ap. J.-C.) ;
ᐃpoint de découverte de sigillées isolées (épandages de la 2e moitié du 1er s.?) ;
★ site du Bas Empire et du haut Moyen Âge (IVe-Ve s. et au delà).
Identification des sites :
Communes :
Le Boulou : 1-Sabaté ; 2-Camp de l’Era ; 3-L’Oliu Tort ;
Maureillas-Las Illas : 4-Fenollar ; 5-Vignes d’En Grau ;
Les Cluses : 6-La Cluse Haute ; 7-Castell dels Moros ; 8-
Porte des Cluses ;
Le Perthus : 9-Mas Rimbaut ; 10-Camp de la Torre ; 11-
Place du village ; 12-Panissars ;
La Jonquera : 13-Pelegri ; 14-Cami de Panissars ;
Agullana : 15-Els Palaus.
10L’ensemble des données recueillies à la suite des dépouillements bibliographiques, des prospections de surface ou des fouilles ont permis d’établir pour chaque site une localisation précise, une évaluation de l’étendue et un échantillonnage de mobilier archéologique qui donne une fourchette chronologique d’occupation. Ainsi trois grandes périodes se dessinent : la fin de la République romaine (IIe – Ier siècle av. J.-C.), le Haut Empire (Ier – IIIe siècle), le Bas Empire et l’Antiquité tardive (IVe – VIe siècle).
a. Les sites d’époque républicaine (IIe – Ier siècle av. J.-C.)
11Ils sont implantés au piémont nord du passage (n° 1, 3), aux cols (n° 9 à 13) et dans le passage lui-même (n° 4, 5). Ils se caractérisent au sol par une absence de matériaux de construction en dur et une relative abondance de tessons d’amphores. Le fossile directeur reste l’amphore de type Dressel 1 A ou C d’où se détachent les pâtes italique et tarraconaise ; y sont aussi associées, mais en pourcentage beaucoup moindre, des céramiques fines ibériques de la côte catalane, à pâte orangée ou grise, des campaniennes A, B ou Boïdes et, dans certains cas, des céramiques modelées décorées ou non au peigne7.
12Hormis les sites du col du Perthus et le monument routier du col de Panissars (n° 9 à 13), il s’agit (n° 1, 3 à 5) probablement de sites d’habitat rural, de dimensions relativement peu étendues : 400 m2 pour Sabaté, l’Oliu Tort et Vignes d’En Grau8.
13Les sites du col du Perthus semblent avoir joué un rôle particulier lié à leur implantation tactique de part et d’autre du passage. Par rapport au groupe précédent, ils se caractérisent par leur proximité créant un ensemble relativement étendu d’est en ouest et du nord au sud qui se superpose -en débordant même- sur l’emprise du village actuel, quartiers français et espagnol (Els Limits) confondus. Deux sites occupaient une position dominante à l’entrée nord du col : à l’ouest, le Mas Rimbaut, à l’est, le Camp de la Torre (traversé depuis 1975 par l’autoroute B 9). Les deux autres, situés sous la place du Village (au point géographique du col) et à l’emplacement de l’actuel magasin Pelegri (construit en 1987) devaient confronter par l’est la voie passant par le col du Perthus. Le plus important par son étendue et son mobilier recueilli est celui du Camp de la Torre dont les dimensions avoisinent 180 m N-S sur 150 m E-O. On y a collecté, soit au siècle dernier, soit ces dernières années, une série de monnaies comprenant 2 drachmes d’Empuries à légende grecque (fin IIIe siècle), 2 as d’Empuries à légende ibère (légende UNDIKESKEN, IIe siècle), 2 as de Rome à la proue (IIe siècle) et 2 deniers de Rome, l’un au nom de C. Vibius Pansa (année 90), l’autre à celui de L. Marcius Censorinus (année 82). Il n’est pas surprenant, selon Crawford (1985), de trouver en circulation jusqu’aux guerres sertoriennes (env. 70 av. J.-C.) des monnaies hispaniques et romaines frappées un ou deux siècles plus tôt, cet état de fait résultant de la carence du numéraire romain. La monnaie de Censorinus fournit un terminus post quem en 82 ; par ailleurs l’absence d’amphores Dressel 1 B est à souligner, elle donnerait un terminus ante quem vers le milieu du Ier siècle av. J.-C. L’abandon du site pourrait donc se situer dans le second quart du Ier siècle av. J.-C. en relation probable avec l’un ou l’autre des événements militaires qui eurent ce secteur des cols pyrénéens comme champ d’action. Il faut en effet rattacher à cette hypothèse la découverte de 5 glandes, projectiles de fronde, en plomb, bitronconiques ou ovoïdes, anépigraphes (3 au Camp de la Torre, 1 au Mas Rimbaut, 1 à l’ouest du monument de Panissars) et de nombreuses coulures de plomb, traces possibles d’une activité métallurgique liée à la fabrication de ces projectiles. Ceux-ci ont été normalement utilisés par les armées romaines à l’époque républicaine notamment dans le siège de cités et de lieux fortifiés. Ils sont abondants en Espagne principalement au moment des guerres sertoriennes et césariennes9.
14Il faudrait donc rapporter l’abandon des sites républicains du col du Perthus à l’un ou l’autre des événements des guerres d’Espagne entre les années 82 et 71 av. J.-C. Il est certain que ce col, exempt de tout contrôle romain à l’époque où Sertorius franchit les Pyrénées durant l’hiver 83-8210, devint ensuite un point de défense à l’entrée de la via Domitia en Espagne. C’est à cet endroit, passage initial probable de la via Domitia, que Sertorius dut implanter, l’hiver suivant, le principal de ses lignes de défense pyrénéennes commandées par son lieutenant L. Livius Salinator et constituées de 6 000 hommes11. Cette défense devait s’étendre jusqu’au col de Panissars et plus loin encore certainement, en est comme en ouest. Sylla dépêcha ensuite C. Annius Luscus à la tête de deux légions mais celui-ci se heurta à la défense sertorienne et dut prendre ses quartiers d’hiver en Transalpine ; ce n’est qu’au printemps suivant (81 av. J.-C.) qu’il put emporter les cols pyrénéens, provoquant la fuite des Sertoriens vers Carthagène12.
15Quatre ans plus tard, Pompée est envoyé en Espagne par le Sénat ; il franchit la frontière pyrénéenne durant l’automne 77ou le printemps 7613, probablement au Perthus14 ou déjà à Panissars ? Peut-être Pompée a-t-il maintenu ou renforcé le contrôle de la ligne des cols orientaux (Panissars, Le Perthus, ...) ? Durant les cinq ans que dura encore la guerre, la route terrestre devint l’artère vitale reliant les armées d’Espagne aux approvisionnements de Gaule Transalpine ; la via Domitia demeura l’unique chemin sûr entre l’Espagne et l’Italie, la route maritime étant surveillée par les pirates à la solde de Sertorius15. C’est à cette occasion que les Romains auraient créé ex nihilo la cité de Gerunda, au carrefour des voies reliant Narbonne à Tarragone avec l’intérieur des terres et la côte16, s’assurant ainsi une place-forte à l’entrée nord-orientale de l’Espagne, comme Pampelune a pu jouer ce rôle dès 75 à l’ouest des Pyrénées.
16D’autres événements militaires se déroulèrent au franchissement pyrénéen de la via Domitia, comme la prise, le 15 mai 49, par les trois légions commandées par Fabius, légat de César, des garnisons établies par Afranius, légat de Pompée en Espagne17. Cependant cette date nous paraît trop basse pour dater l’ensemble du mobilier du Camp de la Torre et du Mas Rimbaut. Mais il n’est pas exclu de rencontrer des indices archéologiques de cette période au col du Perthus, comme le montrerait la découverte en décembre 1896 de deux as de bronze d’Empuries à la contremarque DD, effectuée à l’emplacement de la fontaine publique de la Place du Village, au bord de la RN 918.
17D’une manière générale on note la disparition de la quasi-totalité des sites républicains de cette vallée avant la seconde moitié du Ier siècle av. J.-C., période durant laquelle les amphores Dressel 1 sont remplacées par les amphores tarraconaises Pascual 1 ou Dressel 2/4. Si l’abandon des sites du col du Perthus peut-être la conséquence d’un des faits militaires analysés ci-dessus, celui des sites du piémont nord et de la vallée peut être soit lié aux mêmes événements soit encore à une désaffection due à la disparition de leurs propriétaires, anciens colons mis en place avec la création de la Transalpine à la fin du IIe siècle av. J.-C.19 ?
b. Les sites du Haut Empire (Ier-IIIe siècle)
18Nous n’avons reconnu aucune renaissance de site sauf probablement sur celui de Fenollar situé à proximité du croisement de la voie Domitienne avec la voie est-ouest menant de la côte en Espagne par le col d’Ares et l’arrière-pays ; encore observe-t-on un hiatus chronologique dans l’ensemble du mobilier céramique recueilli dans la vallée (sauf sur le trophée) environ entre le milieu du Ier siècle av. J.-C. et le milieu du Ier siècle ap. J.-C.
19Le monument de Panissars semble avoir connu une augmentation du trafic routier dans le second et le troisième tiers du Ier siècle ap. J.– C.20. Trois nouveaux sites apparaissent : l’un au nord du passage, à quelque distance de la voie Domitienne, en plaine agricole (Camp de l’Era, au Boulou), probablement une villa ; les deux autres en bordure de la voie augustéenne, sur le versant sud de Panissars (Cami de Panissars), en zone forestière, et en plaine (Els Palaus), près du hameau de l’Estrada au nom évocateur (du latin strata, route).
20La présence de morceaux de murs maçonnés (Fenollar, cami de Panissars) ou de tegulae abondantes (Camp de l’Era, Cami de Panissars) attesterait la présence à cette époque d’habitats en dur, contrairement à la période précédente.
21On pourra noter que l’emplacement de ces trois sites du Ier siècle ap. J.-C., Fenollar, Cami de Panissars et Els Palaus, coïncide respectivement avec les stations routières des itinéraires : ad Centuriones / ad Centenarium, ad summum Pyrenaeum et Deciana21.
22Quant à la découverte ponctuelle, à la suite de prospections systématiques, de rares fragments de sigillées sud-gauloises (2e moitié du Ier siècle ap. J.-C) témoignerait plutôt d’épandages antiques attestant une mise en valeur du sol que d’une véritable occupation humaine : c’est le cas aux environs du mas de Panissars situé au nord du trophée, ainsi que sur les anciens sites républicains du Mas Rimbaut et des Vignes d’En Grau ou à l’emplacement des Cluses.
23De tous ces sites -et compte tenu des séries céramiques recueillies-, il semble que seuls ceux de Fenollar et du col de Panissars perdurent au-delà du 1er tiers du IIe siècle ap. J.-C. Celui du Cami de Panissars n’offre pas d’indices postérieurs aux années 120/130 ; quant au site de Els Palaus, l’échantillonnage signalé ne permet pour le moment aucune datation fine22.
c. Le Bas Empire et l’Antiquité tardive (IVe-VIe siècle)
24Seuls les deux sites de la vallée qui ont été occupés de manière intermittente à l’époque républicaine et au Haut Empire, Fenollar et le monument de Panissars, offrent également des séries céramiques et même de l’Antiquité tardive.
25C’est durant cette période, probablement autour du IIIe ou du IVe siècle, qu’apparaissent les fortifications des Cluses. L’éclatement de l’Empire, les nombreux mouvements militaires sur la via Domitia, sont à l’origine de la création des Clausurae dont le premier témoignage textuel semble être celui de la Table de Peutinger puisque la station toute proche localisée à Saint-Martin de Fenollar est signalée par rapport à cette défense : ad Centenarium. Ce singulier est à souligner car il corroborerait l’hypothèse selon laquelle les deux forts n’ont pas été construits à la même époque. À l’opposé, le pluriel claustra Pyrenaei employé pour les événements de 408 et 41623 pourrait faire référence aux deux forteresses. Faute d’une datation précise de leur construction, les deux forts, implantés de part et d’autre de la Rom, ne semblent donc pas contemporains. Leur appareillage est différent : le fort de la rive droite, dit de la Cluse Haute, présente un opus vittatum grossier avec remploi aux angles et dans l’assise de réglage du mur oriental de blocs en grand appareil récupérés en partie ou en totalité sur le monument républicain de Panissars. Le fort de la rive gauche, connu sous le nom catalan de Castell dels Moros, a été monté en banchées de mortier utilisant des moellons tout venant ainsi que quelques autres blocs en grand appareil (mur occidental, près de la tour méridionale). Les fouilles menées par R. Grau et les sondages réalisés par notre équipe ont montré que l’essentiel du mobilier mis au jour sur l’ensemble de ces sites est datable des IVe-Ve siècles avec certainement un abandon dans le cours de la première moitié du Ve siècle.
IV. Morphogenèse des paroisses médiévales
1. Témoignages d’occupation au haut Moyen Âge
26La transition Antiquité tardive / haut Moyen Âge est difficile à établir faute d’une bonne reconnaissance actuelle des séries céramiques couvrant du VIe au Xe siècle. Cependant nous signalerons l’occupation du site de Fenollar à un moment ou un autre de cette période : la couche 1.8, située entre 1,05 et 1,35 m de la surface actuelle, a livré des fragments de céramiques communes tournées et/ou modelées qui se caractérisent par une pâte épaisse (10 mm), souvent mal cuite, d’où un aspect de cuisson type « sandwich », ou oxydante à cœur, portant parfois un décor à la molette de lignes discontinues24.
27Dans le domaine textuel les plus anciennes mentions de lieux durant cette période renvoient aux Clausurae, à Fenollar et à Panissars, sites majeurs de la vallée :
les Clausurae sont citées lors des événements de 672-673 (Julien de Tolède, Hist. Wambae, 11) ainsi qu’en 694 (Concil. max. H isp.) ;
nous ne connaissons ensuite aucun texte du VIIIe siècle, siècle marqué en Roussillon par le passage des Arabes et le rattachement possible de ce pagus au walli de Narbonne ;
avec le IXe siècle réapparaissent les sites de Fenollar et de Panissars sous un vocable différent de ceux des itinéraires antiques : le premier lieu à nouveau cité est celui de Fenollar en 844 (ecclesia S. Martini ad ipsas Felonicas), puis 869 (super fluvium Fullonicas cella S. Martini cum ipso Fontenile), 875 (reliquias S. Martini confessoris cuius basilica sita est in locum qui dicitur Fullonicas)25, 878 et 881 ; le lieu de Panissars est cité également en 878 et en 881, respectivement sous les formes Panoniores et Paneniares (préceptes de Louis II et de Carloman II)26. Ces deux lieux implantés à des points obligés de l’antique axe de la via Domitia, sur ou à proximité d’anciennes stations routières, sont propriétés de l’abbaye bénédictine de Sainte-Marie d’Arles-sur-Tech. S’ensuit en 1011 la construction de l’église Sainte-Marie de Panissars, passée dès 1097 dans la mouvance de l’abbaye de Ripoll (Espagne)27 ;
toujours au IXe siècle (v. 844-855) apparaît la cella de Saint-Martin d’Albère (S. Martini in Monte Furcato), possession de l’abbaye Saint-Hilaire de Lauquet, diocèse de Carcassonne28 ;
nous rappellerons toujours pour le IXe siècle la mention des Clausulae comme étape routière entre Gérone et Ruscino/Château-Roussillon dans le Chronicon Albeldense daté de 88329.
2. Mise en place des paroisses
28Comme nous venons de le voir, c’est sous l’impulsion d’abbayes bénédictines que sont créées les églises de Saint-Martin de Fenollar, de Saint-Martin d’Albère et de Sainte-Marie de Panissars. Il faut ajouter, au tournant de l’an Mil, la construction des autres églises du passage pyrénéen :
Sainte-Marie des cluses, citée ensuite à partir du XIVe siècle sous le vocable de Saint-Nazaire ;
Saint-Jean de l’Albère, citée en 1089 (ecclesia Sancte Johannis de Albera), qui deviendra le chef-lieu de la paroisse de l’Albère30 ;
la cella de Sant Marti del Forn del Vidre, située non loin du croisement des deux voies menant aux cols du Perthus et de Panissars, sur le territoire actuel de la Jonquera31.
29Hormis les cellae de Saint-Martin d’Albère et de Sant Marti del Forn del Vidre (La Jonquera) qui ne semblent pas avoir eu de statut ecclésial, les autres édifices religieux vont être le chef-lieu de paroisses durant tout le Moyen Âge32.
V. Conclusions
30Malgré la faible superficie du passage transpyrénéen de la via Domitia, l’étude de l’occupation du sol durant l’Antiquité et les débuts du Moyen Âge apparaît comme un cas d’espèce qui illustre des phénomènes plus larges connus par ailleurs. Vers la fin du IIe siècle ou le premier quart du Ier siècle av. J.-C. semble se mettre en place une série de petits sites d’époque romaine républicaine dont l’origine pourrait s’expliquer par une colonisation rationnelle du terroir. Vers les années 82-71 avant J.-C. le col du Perthus connaît une occupation intensive des plateaux en liaison probable avec la garde du passage de la voie Domitienne à l’entrée de l’Espagne. C’est ensuite que Pompée construit son trophée sur cette déviation de la via Domitia qui devient dès lors, semble-t-il, le passage principal pour l’entrée en Espagne. Avant le milieu du même siècle, peut-être à la suite des guerres d’Espagne, l’ensemble de ces sites sont abandonnés. Il faut attendre la mise en place du cursus publicus au Haut Empire pour voir se fixer une nouvelle population parfois, autour, de nouveaux lieux d’habitats créés pour la circonstance (fig. 2).

Fig. 2 – Cartographie des sites de la vallee de la Rom identifiés à partir des sources antiques ou haut-médiévales
(dessin G. Castellvi).
31De l’ensemble des sites romains, toutes périodes confondues, seuls ceux de Panissars (site du trophée) et de Fenollar (au croisement de la voie Domitia et de celle du Vallespir) perdurent tout au long de l’Antiquité. Au Bas Empire apparaissent les forts des Cluses, claustra ou clausurae, dont le rôle militaire sera conservé au long de l’Antiquité tardive et au Moyen Âge.
32Enfin, les séries de mobilier recueillies montrent l’émergence, dès l’Antiquité, de chefs-lieux de fixation de population au bord de la via Domitia (Fenollar, Les Cluses, Panissars) qui sont à l’origine de la création un millier d’années plus tard des paroisses médiévales.
Bibliographie
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J. Freixe, « Tracé de la voie domitienne de Narbonne à Gerona », R.H.E.A.R., II, Perpignan 1901, pp. 387-405.
G. Castellvi, S. Got Castellvi, Site archéologique de Fenollar, Rapport de sondages déposé au SRA, Montpellier 1990.
G. Castellvi, Le monument romain de Panissars (trophées de Pompée ?) et le franchissement pyrénéen de la voie domitienne, thèse de doctorat (dir. M. Gayraud), université de Montpellier, 1991.
G. Castellvi, « Clausurae (Les Cluses, P.-O.) : forteresses-frontière du Bas Empire romain », Frontières terrestres, frontières célestes dans l’Antiquité, Études réunies et présentées par A. Rousselle, PUP, Perpignan 1995, pp. 81-117.
G. Castellvi, S. Got Castellvi, « Recherches sur la station romaine d’ad Centuriones (Saint-Martin de Fenollar, Maureillas-Las Illas, P.-O.) », Études Roussillonnaises, XIII, Perpignan 1995, pp. 47-52.
G. Castellvi, avec la participation de C. Gavage et J. Laforgue, « La voie domitienne dans la traversée des Pyrénées », dans Voies romaines du Rhône à l’Ebre : via Domitia et via Augusta, sous la dir. de G. Castellvi, J.-P. Comps, J. Kotarba et a. Pezin, DaF, 61, éd. de la Maison des Sciences de l’Homme, Paris 1997, pp. 201-214.
G. Castellvi, J.-P. Comps, A. Pezin, « Les bornes milliaires des Pyrénées-Orientales », dans Voies romaines du Rhône à l’Ébre : via Domitia et via Augusta, sous la dir. de G. Castellvi, J.-P. Comps, J. Kotarba et A. Pezin, DAF, 61, éd. de la Maison des Sciences de l’Homme, Paris 1997, pp. 78-87.
G. Castellvi, J. M. Nolla, I. Rodà (dir.), Le trophée pyrénéen de Pompée, Panissars (Le Perthus / La Jonquera), en prép. pour Gallia.
R. Grau, « un fort romain à sauver, le Castell dels Moros de l’Écluse », Archeologia, 124, 1978, pp. 64-70.
A. Vignaud, Les sites néolithiques, protohistoriques et romains de Le Boulou (Pyrénées-Orientales), Etat au 29 février 1996, Rapport déposé au SRA, Montpellier 1996.
Annexe
Interventions après la communication de G. Castellvi :
Jérôme Kotarba
Nous avons eu l’occasion depuis un certain nombre d’années de nous intéresser collectivement à l’occupation du sol dans la partie sud du Roussillon, donc principalement au sud de la Têt. Il est possible à partir de ces prospections qui sont assez complètes de constater la création de nombreux habitats ruraux au début de la conquête romaine. On assiste à un phénomène de dispersion de l’habitat qui est très important et qui n’a pas d’antécédent clairement établi. En effet, on considère actuellement que la campagne est vide d’habitats dispersés durant le IIIe siècle avant notre ère. Les oppida constitueraient donc alors les seuls points occupés du territoire. D’un seul coup, à une période que l’on ne sait pas dater avec précision mais qui se place entre – 150 et -100, on assiste à une très grande multiplication de l’habitat rural dans la plaine du Roussillon.
Ce n’est pas un phénomène local car on le retrouve de l’autre côté des Pyrénées, où on le connaît au moins jusqu’à Barcelone. Il touche aussi toute la plaine du Narbonnais ainsi que la région de Carcassonne, et se retrouve même dans la moyenne vallée de l’Hérault. Il s’agit donc d’un phénomène majeur. Ce qui est certain en Roussillon, c’est qu’une grande partie de ces habitats ruraux créés dans la seconde moitié du IIe siècle, vont rapidement disparaître, sans doute avant l’époque césarienne. On ne sait pas bien comment expliquer ce phénomène de créations puis d’abandons massifs. La question en suspens est celle de l’origine de la population qui occupe ces petites fermes. D’un point de vue archéologique, on manque de recherche systématique sur ces habitats pour pouvoir le préciser. Le seul point net à notre avis, est que ce premier réseau d’occupation du territoire à l’époque républicaine correspond à un phénomène général de grande ampleur.
Du point de vue de l’occupation du sol, cette phase importante d’abandon vers le milieu du Ier siècle avant notre ère, va être suivie à peu près à même date d’une nouvelle vague importante de création d’habitats ruraux. La concomitance de ces deux phases est impossible à préciser, car nous nous trouvons dans une période où les datations fines par l’archéologie sont difficiles. En effet, le numéraire est peu abondant et la connaissance céramologique est peu affirmée.
Pour en revenir aux habitats ruraux de l’époque républicaine, on remarquera que leur dispersion semble liée à une des cadastrations anciennes reconnues en Roussillon. En effet, on constate que dans des secteurs qui ne seront plus réoccupés ensuite, se sont conservées les traces de la cadastration nord-sud de J. Soyer. Si cette relation se confirmait, elle introduirait une dimension particulière à ce phénomène ancien de dispersion de l’habitat. À titre d’hypothèse, on peut supposer que al population qui occupe ces premières fermes est d’origine indigène. Mais cette greffe, derrière laquelle il est difficile de ne pas voir un pouvoir fort, ne prendra pas bien. La nouvelle vague de création qui lui fera suite, pourrait cette fois se faire avec des colons romains.
Réponse de Georges Castellvi :
G. Castellvi propose de mettre cette disparition d’habitats dispersés en relation avec les guerres sertoriennes qui auraient pu provoquer l’extinction ou la désertion volontaire de ces populations.
En 82 ont eu lieu des confrontations sur les cols et dans les Albères. Toute la chaîne fut tenue par les sertoriens. Il y a eu des affrontements et des désertions. Pour l’époque césarienne, un débarquement à Ampurias, où fut édifié le premier forum césarien.
J. Kotarba :
Cette vague importante de dispersion de l’habitat rural, on ne sait s’il faut la dater de -150 ou de -100. Les documents archéologiques ne sont pas assez précis pour arriver à conclure, et entre les deux on a la date de -120, la création de la Narbonnaise. On ne sait pas s’il faut rattacher cette création d’habitats dispersés à une romanisation plus ancienne de l’Espagne ou si c’est la création de la Narbonnaise qui est vraiment le moteur important. C’est un phénomène tellement important, qui se retrouve des deux côtés de la frontière, que l’on peut se poser le problème de son origine.
A. Rousselle :
Dans les deux cas l’hypothèse est politique, pour les abandons comme pour les installations.
Antoine Pérez : La question de la romanisation précoce du Roussillon
On envisage l’homogénéité des faciès archéologiques des deux côtés des Pyrénées. J. Kotarba fait état d’un habitat dispersé à date haute (autour de 120 av. J.-C.). Il pose la question d’une éventuelle assignation des indigènes (Sordones) faisant pendant à celle des Indiketes d’ullestret-Empordan dans le courant du IIe siècle (par le biais d’une pertica précoce). Cette « mouvance » romaine précoce du Roussillon, de plus en plus assurée, la présence d’un cadastre éventuellement pré-colonial à Narbonne, une ambiance archéologique ancienne commune à l’ensemble des territoires jusqu’à l’Hérault pourraient, si elles étaient fermement confirmées par des fouilles, accréditer la thèse (Mommsen, Ebel, Goudineau) d’une appartenance du Languedoc occidental et du Roussillon à l’Espagne Citérieure avant l’intervention de 125 d’où la nécessité de disposer de fourchettes de datations les plus précises possibles pour cette période.
Notes de bas de page
1 Pour l’ensemble des données concernant l’étude de la voie au franchissement des Pyrénées, se reporter à G. Castellvi et al., Voies romaines du Rhône à l’Ebre..., 1997, pp. 78-87, 201-214.
2 Dix sites d’habitats du néolithique moyen ont été identifiés par a. Vignaud (aFan) sur le territoire du Boulou. Sur le plan funéraire, on dénombre un groupe important de dolmens et de galeries couvertes du Néolithique final, du Chalcolithique ou du Bronze sur les territoires de La Jonquera (10), d’Agullana (3), de Maureillas-Las lilas (1, peut-être 2), de L’Albère (1) et des Cluses (1).
3 Signalons la découverte d’un silex blond du Néolithique ou d’une époque plus ancienne à proximité du col du Perthus, au lieu-dit Mas Rimbaut, d’un autre silex à l’ouest du Mas de Panissars ainsi que de trois haches polies trouvées respectivement près du Camp de la Pava (L’Albère), près de la Rom à la Cluse Basse et dans un niveau d’abandon du XVIIe siècle à Panissars.
4 Découverte de J. Abélanet (1978), in Vignaud 1996.
5 L’oppidum du Ravaner est situé au débouché de cette vallée aménagée d’un ancien chemin menant au col de Banyuls en direction d’Espolla. Le complexe de La Pava (nécropoles protohistorique et romaine) était implanté au débouché de l’ancienne voie antique et médiévale menant par la vallée de la Massane (ou de La Vall) au col del Pal qui permet également l’accès sur Espolla et l’Empordan (P. Ponsich, « Les voies antiques du Roussillon et de la Cerdagne », Les routes du sud de la France, CTHS, Paris 1985, pp. 91-106 ; a. Pujol Puigvehi, La poblaciôn prerromana del extremo nordeste peninsular, univ. autonome de Barcelone, Bellaterra 1989, p. 101).
6 Sites ayant fait l’objet :
–– d’une fouille programmée : Panissars (G. castellvi, 1985-90 ; idem, plus J. M. Nolla et l. Rodà, 1991-93) ;
–– de sondages : Castell dels Moros (R. Grau, v. 1965-79) ; Mas Rimbaut (G. Castellvi, C. Gavage, 1988) ; Fenollar (G. Castellvi, S. Got Castellvi, 1990) ; Porte des Cluses (ibidem et C. Gavage, 1991) ; La Cluse Haute (ibidem et al., 1996) ;
–– de prospections de surface : Sabaté, Camp de l’Era, Oliu Tort, Vignes d’En Grau (A. Vignaud, 1988-1996) ; Camp de la Torre, Mas Rimbaut, Place du Village, Pelegrí (G. Castellvi, C. Gavage, avec la part, de G. Barruol, 1984-90), Camí de Panissars (ibidem, plus J. M. Nolla et I. Rodà, 1993-96) ; Els Palaus (J. Badia, 1987).
7 Pour le détail concernant le mobilier archéologique des sites de la vallée de la Rom, attendre la publication en préparation pour Gallia : G. Castellvi, J. M. Nolla, 1. Roda, dir., Le trophée pyrénéen de Pompée, Panissars (Le Perthus / La Jonquera).
8 La superficie du site antique de Fenollar ne peut être estimée en raison de son recouvrement par 1,35 m d’alluvions.
9 Au sujet des glandes en Espagne, voir : C. Domergue, « un témoignage sur l’industrie minière et métallurgique du plomb dans la région de l’Azuaga (Badajoz) pendant la guerre de Sertorius », XI Congreso Arqueolpógico National (Merida 1968), Zaragoza, 1970, p. 608 sq. ; a. Garcia Y Bellido, « Él ejército romano en Hispania », Archiva Espanol de Arqueologia, 49, Madrid 1976, pp. 59-102 ; G. Chic Garcia, « Q. Sertorius, Proconsul », Epigrafia hispânica de época romano-republicana, Zaragoza, 1984, pp. 171-176.
10 Sertorius est nommé préteur par le Sénat et envoyé en Espagne durant l’hiver 83-82 ; à la frontière enneigée, il doit payer un péage d’entrée (Strabon), probablement aux Indiketes et non aux Sordones ou aux Ceretani comme le suppose R. Étienne, « Les passages transpyrénéens dans l’Antiquité, leur histoire jusqu’en 25 av. J.-C. », Annales du Midi, 67-32, Privat, Toulouse 1955, p. 306. Les Romains doivent être absents de ce secteur montagnard comme ils le sont certainement de l’emplacement de la future Gerunda /Gérone -selon J. M. Nolla, Girona romana, Quaderns d’histôria de Girona, Girona 1987, p. 27, cette cité serait une fondation de l’époque pompéienne comme le montrerait l’absence de mobilier romain antérieur à cette époque.
11 Salluste, Hist. I, 96 ; Plutarque, Sert. 7, 1 et R. Étienne, op. cit., p. 306.
12 J. Van Ooteghem, Pompée le Grand, bâtisseur d’empire, Mémoires de l’Académie Royale de Belgique, B. Faculté des Lettres de Namur, 19, Louvain-Paris, 1954, p. 99 ; R. Étienne, op. cit., 1955, p. 306.
13 Pour Ph. O. Spann, « M. Perpenna and Pompey’s spanish expédition », Hispania Antiqua, Revista de Historia Antigua, VII, universidad de Valladolid 1977, p. 62, d’après Salluste, Hist. II, 98, 5, Pompée aurait gagné l’Espagne en septembre-octobre 77 et reçu la soumission des Indiketes et des Lacetani puis établi ses quartiers d’hiver à Barcelone ; R. Étienne, op. cit., p. 306, place également le passage de Pompée en Espagne en 77, mais J. Van Ooteghem, op. cit., p. 107, et J. Leach, Pompeo, tr. de l’angl. par A. Linguiti, Milano 1983, p. 45, pensent que Pompée aurait d’abord établi ses quartiers d’hiver à Narbonne avant de passer les Pyrénées au printemps 76.
14 J. Van Ooteghem, op. cit., p. 106 ; R. Étienne, op. cit., p. 306 d’après Plut. Sert. 12 et 17.
15 R. Étienne, op. cit., p. 307 et J. M. Nolla, op. cit., p. 27.
16 Cf. note 8 : J. M. Nolla, op. cit., pp. 26-27.
17 César, B. C., I, 37 et Dion Cassius, XLI, 19,4 cité par R. Étienne, op. cit., pp. 308- 309.
18 Ces as appartiennent au dernier type de l’atelier d’Empuries (série 26 de L. Villaronga, The aes-coinage of Emporion, tr. de l’esp. par E. Weeks, BAR, suppl. 23, Oxford 1977, p. 16). M. H. Crawford, Coinage and money under the Roman Republic, Italy and the Mediterranean Economy, London, 1985, p. 213 date ces émissions entre l’époque césarienne et celle d’Auguste.
19 Sur cette importante vague d’occupation du piémont des Albères entre la fin du IIe siècle et le milieu du Ier siècle av. J.-C., avec référence à l’Empordan, voir J. Kotarba, « Premières données sur l’occupation humaine du versant nord des Albères durant l’époque romaine et l’Antiquité tardive », Cultures i medi de la Prehistória a l’edat mitjana, X col.loqui intemacional d’arqueologia de Puigcerdà (Puigcerdà-Ossejà, 1994), Puigcerdà, 1995, pp. 549-554. J. Kotarba propose de lier le développement de ces sites républicains avec la mise en place de la cadastration nord-sud de J. Soyer. Quant à leur disparition rapide elle est Peut-être à mettre en liaison avec les guerres sertoriennes et les opérations de maintien de l’ordre de Pompée en Transalpine et Tarraconaise.
20 Voir note 6 (études de J. Kotarba et J. M. Nolla).
21 Pour l’ensemble de ces identifications, voir Castellvi, Got 1995 ; Badia 1987 et Castellvi et al, dir. à par.
22 J. Badia (1987, 92) ne signale que des éléments de construction : tegulae, fragments d’opus signinum.
23 G. Castellvi, Clausurae (Les Cluses, P.-O.) : forteresses-frontière du Bas Empire romain, Frontières terrestres, frontières célestes dans l’Antiquité, Études réunies et présentées par a. Rousselle, PUP, Perpignan 1995, pp. 81-117.
24 G. Castellvi, S. Got Castellvi, Site archéologique de Fenollar, Rapport de sondages déposé au SR A, Montpellier 1990.
25 Mentions citées par P. Ponsich, Le maître de Saint-Martin de Fenollar, Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, Prades 1974, pp. 118-119.
26 Copies respectives dans P. de Marca, Marca hispanica..., Barcelone 1688, col. 800 et sur un parchemin, AD-PO, 1 B3.
27 Copies respectives dans P. de Marca, op. cit., col. 991 et 1198-1199.
28 Gallia Christiana, VI, Instr., cité par A. Cazes, Le Roussillon sacré, Confient, Prades 1977, p. 11.
29 « Chronicon Albeldense Auctore forte Dulcidio Salmaticensi episcopo, continuatore autem Vigila, monacho Albeldensi », Patrologiae latinae cursus complétas, CXXIX, J.-P. Migne, Paris 1853, col. 1123-1128.
30 Mention citée dans L. Basseda, Toponymie historique de Catalunya Nord, Revue Terra Nostra, Prades 1990, p. 295.
31 Nous ne possédons cependant pas de mentions contemporaines de la construction de ces édifices religieux.
32 Il faut mentionner la création plus tardive d’une paroisse éphémère dans le territoire des Cluses à Saint-Pierre de Laner (1200 : parrochia de Laner) et celle, au XIVe siècle des chapelles de Saint-Pierre de Sureda (terroir des Cluses ou de Maureillas) et de Sainte-Catherine, au Perthus (L. Basseda, op. cit., pp. 398 et 572).
Auteur
Chargé d’enseignement à l’Université de Perpignan, membre associé de l’UMR 154 CNRS-culture, Lattes.
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