Transformation urbaine et architecture métallique à Figueres au XIXe siècle : La Plaça Coberta o Plaça del Grà entre la tradition et la modernité
p. 201-213
Texte intégral
1La Plaça del Grà ou plaça Coberta de Figueres (province de Gérone) est perçue aujourd’hui comme un espace public abrité par une vaste toiture d’une grande simplicité formelle témoignant d’un caractère strictement utilitaire et sans ambition monumentale apparente.
2Nous allons découvrir à quel point cet édifice doit être considéré comme un élément emblématique du processus de transformation urbaine et de modernisation de la ville de Figueres dans le dernier quart du XIXe siècle : compromis entre tradition et modernité, la halle aux grains de la place couverte constitue un témoignage fidèle des rythmes et des modalités spécifiques de l’avènement de la société industrielle en province et de la crise du modèle traditionnel de production agricole de la campagne environnante dont la ville demeurait profondément dépendante.
3En 1886, la Municipalité commanda au maître d’œuvres Francisco Puig Saguer le projet, la conduite des travaux1 et, en 1887, la direction officielle du chantier2, jusqu’à l’inauguration de l’édifice le 28 septembre 18873. Les structures métalliques furent fournies par la Compagnie Juan Torres de Barcelone et par la fonderie Fita, de Figueres.
La genèse urbaine et architecturale d’un édifice utilitaire à l’âge industriel
4Au XVIIIe siècle, la construction de la place forte Castell de Sant Ferran4 au nord-ouest de Figueres avait attiré le développement urbain de la ville vers l’arrière-pays et vers la route de Barcelone. En revanche, au XIXe siècle, l’amélioration des voies de communication vers les villages côtiers, comme Port-Bou et surtout Roses, orienta la croissance urbaine vers le littoral. L’urbanisation et l’exploitation de la rivière de Galligans, le cours d’eau qui traverse la ville, donna lieu, dans les courants du XIXe siècle à la création de nouveaux espaces urbains, des équipements, des ateliers et des industries. La Rambla, construite sur la rivière couverte et canalisée à partir de 18335, les lavoirs publics -construits sur l’emplacement de Factuelle place de la Palmera-, les anciens abattoirs bâtis par l’architecte Josep Azemar, constituent autant de témoignages d’une transformation profonde du cœur et de la périphérie de la ville.
5Cette transformation urbaine de la partie occidentale de la ville fut accompagnée, dès le dernier quart du XIXe siècle, d’un développement limité mais continu d’établissements industriels. Citons à titre d’exemple, l’usine de gaz -rue Eras de Vila-6, les tanneries -place de l’escorxador et rue Sant Roc-, la Fonderie Fita. Cette industrialisation lente et tardive était encore l’une des caractéristiques de la structure économique de Figueres au début du XXe siècle7.
6Les projets d’élargissement et les relevés topographiques de la ville faits par José Roca Bros (1859) et par Ignasi Papell i Llenas (1878 et 1891) mettent en évidence cette nouvelle dynamique urbanistique orientée vers le littoral8. La Place del Grà, à la sortie est de Figueres, est affirmée dans ces projets comme l’un des espaces urbains les mieux définis et les plus réguliers sur un parcellaire encore très traditionnel et peu homogène.
7Dès 1877, l’arrivée du chemin de fer et la construction de la gare à côté de la route de Roses renforcèrent la nouvelle orientation du développement urbain de Figueres vers le littoral. Des deux côtés de cette route, une zone extra-muros, jusque là rurale devint petit à petit un espace urbain caractéristique du XIXème siècle. Des places et des voies urbaines rectilignes et dégagées accueillirent progressivement la diversité de fonctions de la ville contemporaine exprimée par des typologies architecturales distinctes : l’immeuble de rapport, la gare, l’usine, l’arène, la clinique, le cimetière.
8La Plaça del Gra ou Plaça Coberta, située dans une zone charnière entre les limites de l’ancienne ville et les nouveaux élargissements, prit une signification capitale dans le processus de modernisation de la cité ampurdanaise. L’espace tel qu’il est configuré traverse tout le XIXe siècle. Au début du siècle, le futur emplacement de la place, situé derrière l’ancien hôpital avait un rôle urbanistique secondaire : il était utilisé comme fronton improvisé pour le jeu de pelote. L’emplacement de la future place fut ébauché dès 1817, lors de la construction du couvent des moines de Saint Benoît, de Sant Pere de Roda. La sécularisation de ce couvent permit en 1856 de définir la morphologie définitive de la place, alors nommée dels monjos -des moines- coïncidant avec la construction de la route de Roses9. Le rôle urbain de la place changea alors radicalement : elle fut transformée en porte commerciale de la ville. Son importance urbaine, sociale et commerciale ne cessa de s’accroître, surtout avec l’arrivée du chemin de fer à Figueres citée plus haut. La place devint le lieu de passage presque incontournable pour accéder à la nouvelle gare. Certaines activités désagréables, marginales, traditionnellement réalisées sur la place et ses alentours – notamment le marché du bétail- auraient été alors jugées peu conformes à l’image d’une ville en cours de modernisation, et déplacées vers à d’autres quartiers périphériques.
9Le moment était venu de donner forme architecturale à cet espace monumental et utilitaire pour remplir une fonction précise, celle de la vente des grains. La raison de ce choix n’était pas uniquement esthétique mais aussi économique. La crise profonde des secteurs traditionnels de production agricole en raison de l’arrivée du phylloxera -pour le secteur viticole- et de l’effondrement des prix du blé, imposait la nécessité de réformes dans les structures de commercialisation des produits agricoles. La halle au blé était appelée à jouer un rôle dynamisant dans un système qui devenait de plus en plus concurrentiel et ouvert aux marchés extérieurs.
10D’après Josep Maria Bernils, la municipalité aurait retenu dès 1886 la proposition de construction et de financement partiel d’un marché couvert pour la vente de grains, faite par trois citoyens de la ville, Macau, Roca et Andrés10. Cette initiative fut à l’origine du projet du 20 janvier 1886 dressé par le maître d’œuvres Francisco Puig Saguer11, signalé plus haut.
11L’identité des fournisseurs des structures métalliques de la halle est révélatrice du caractère dynamique et en même temps limité et dépendant de l’industrialisation de Figueres. La fonderie locale Fita fournit les colonnes creuses en fonte12, mais il fallut faire appel à l’entreprise barcelonaise Juan Torras13 pour les poutres en I et pour la structure de la lanterne centrale. Ce partenariat met en évidence le fossé technologique entre le producteur de colonnes moulées de Figueres et le constructeur Torras, dont l’activité technique et commerciale était à l’apogée à échelle nationale, comme l’a signalé Assumpcio Feliu Torras14, et concurrençait l’autre grande entreprise de la capitale catalane, la Maquinista Terrestre y Maritima. La halle de Figueres s’inscrit parmi les réalisations de l’un des constructeur-fournisseur des structures de certaines grandes halles espagnoles, comme par exemple celles de Tortosa (Tarragone), Sitges (Barcelone), Abaceria de Gracia de Barcelone, et surtout, le marché Lanuza de Saragosse15.
L’insertion dans le tissu urbain et le choix typologique
12L’irrégularité du périmètre de la place, avec deux côtés non parallèles -la façade extérieure sur la route de Roses et la façade intérieure côté ville- obligea Puig Saguer à faire des choix. D’une part, il eut à choisir entre la régularité de son édifice et l’harmonie de l’ensemble urbain : en effet, une halle à plan irrégulier, suivant le périmètre de l’emplacement aurait pu contribuer à donner une apparence d’uniformité urbanistique. D’autre part, une fois le choix du plan carré établi, il lui fallut décider d’aligner le bâtiment soit au tracé urbain intérieur, soit au périmètre extérieur de la ville. Il prit un parti assez conventionnel. L’emplacement de la halle au plan quadrangulaire régulier fut déterminé par rapport au tissu urbain existant, renonçant ainsi à la possibilité de l’aligner sur le périmètre extérieur et sur l’axe de la nouvelle route et d’en faire ainsi un élément central de la nouvelle image de la ville. Le maître d’œuvres aurait agi guidé davantage par une logique urbanistique traditionnelle de réforme urbaine intérieure que par une pensée d’agrandissement programmé.
13Le choix typologique fait par Francisco Puig Saguer appelle une analyse à la lumière du contexte historique et de la chronologie de l’implantation en Catalogne des modèles architecturaux de la halle qui se sont succédés au XIXe siècle.
14Le programme architectural imposé au maître d’œuvres peut être considéré, à la fin du XIXe siècle, comme archaïque : en effet, l’âge des halles et des entrepôts aux grains, -les positos en Espagne- correspondait davantage aux attentes du réformisme urbain des Lumières et des créations d’équipements associés aux processus de laïcisation du sol urbain dans la première moitié du XIXe siècle.
15Au premier abord, l’architecture même de la Plaça Coberta de Figueres pourrait être considérée comme une réalisation traditionnelle, voire arriérée. Même parmi ses contemporains, Puig reçut des critiques : Le maître d’œuvres Ignasi Papell Llenas portait un jugement impitoyable à l’égard de la construction de cet appentis qu’il considérait « absurde » et opposé à la pensée de toute « personne éclairée »16.
16Néanmoins, il faudrait nuancer une perception et un jugement trop négatif de cet édifice. D’une part, il convient de situer cette réalisation architecturale dans son contexte historique et géographique. Alors que la Catalogne dans son ensemble- et surtout Barcelone et ses alentours-fut une région riche en matière de construction de marchés, la province de Gérone, resta à l’écart de ce mouvement et connut une introduction tardive et très limitée de cette typologie architecturale. La Plaça Coberta de Figueres en est l’une des rares réalisations dans cette province et la seule construite au XIXe siècle. Seules deux autres halles métalliques furent bâties dans la province : celles de Palafrugell (1900-1901)17 et de Sant Feliu de Guixols (1928-1930). La capitale, la ville de Gérone, n’eut pas de marché couvert jusqu’aux années 1940, après l’abandon d’un projet de halle monumentale daté 192918. Si la halle de Figueres demeure un édifice modeste, elle témoigne pourtant d’une ambition urbanistique et d’un dynamisme social plus importants que ceux de son plus proche environnement.
17D’autre part, il est nécessaire d’analyser la halle de Figueres par rapport à l’évolution historique de cette typologie. Nous constatons que la Plaça Coberta de Figueres est une synthèse de solutions traditionnelles et novatrices. La halle de Francisco Puig Saguer s’insère dans la tradition des halles couvertes à plan longitudinal du Moyen Âge et de l’âge moderne, si abondantes en France, et présentes aussi en Catalogne : la halle de Granollers (Barcelone) et la halle au poisson de Barcelone datant du XVIe siècle19 en témoignent. La halle de Figueres est aussi novatrice dans la mesure où elle participe du modèle architectural de la halle-toiture métallique, introduit en Anglaterre par Charles Fowler au début du XIXe siècle20, et adopté en théorie et en pratique dans la France des années 185021. L’architecture du fer permettait de rompre avec les architectures marchandes du XVIIIe siècle et même avec les places-marché néoclassiques du début du XIXe siècle, comme celles de Saint Germain à Paris ou de Santa Caterina à Barcelone. En particulier, on abandonnait les édifices opaques caractéristiques de ces périodes. Il ne faut pas oublier que ce fut la polémique sur l’opacité et la transparence de l’architecture qui contraignit Victor Bal tard à arrêter la construction de son premier projet pour les Halles Centrales de Paris et à concevoir un second, celui des pavillons Baltard finalement réalisés.
18Certes, si l’on compare la halle de la capitale de l’Ampurdan à celles des grands foyers de l’architecture européenne du XIXe siècle comme Londres ou Paris, on ne peut que constater un écart énorme dans la chronologie et dans l’envergure des réalisations. En revanche, si la comparaison est faite par rapport au contexte espagnol en général et barcelonais en particulier, l’écart est moindre : Il est vrai qu’à Barcelone, dans la période 1848-1873, furent conçus cinq projets de « tinglados » ou appentis métalliques destinés à abriter des marchés ; mais aucun ne fut construit. Pour les réalisations, il fallut attendre aussi bien à Barcelone qu’à Madrid les années 1870 : les marchés de La Cebada et Mostenses à Madrid (1867-1875) et le marché El Born à Barcelone (1873-1876). Ces bâtiments répondaient, certes, à un modèle typologique plus complexe et évolué que la halle toiture adoptée à Figueres, celui des pavillons baltardiens couverts, clos et en même temps perméables à l’air et à la lumière. Mais le choix du constructeur de la place couverte del Grà, seulement dix ans après que les premières grandes constructions métalliques dans les deux principales villes espagnoles, s’explique aussi par des raisons d’ordre fonctionnel et par les contraintes liées au programme architectural. Le modèle pavillonnaire comportant un édifice clos ne convenait pas à la place del Grà pour deux raisons : premièrement, la place devait garder son caractère polyvalent de lieu public et d’espace marchand ; deuxièmement, le rôle commercial spécifique attribué à la place couverte, celui du commerce des grains, imposait des choix architecturaux différents de ceux des marchés urbains de denrées.
19Le choix typologique général diffère du modèle baltardien, mais coïncide dans l’organisation de la distribution. Baltard lui-même signalait comme l’un des succès de son projet parisien le fait d’avoir conçu « un vaste échiquier... ce qui fait le mérite de leur plan. Un marché ne doit pas être autre chose, d’après nos usages, qu’un parallélogramme rectangle divisible en compartiments de deux mètres de sorte que les formes courbes y sont essentiellement impropres... C’est une considération qui a conduit à l’espacement de 6 mètres, multiple de 2 mètres, entre les colonnes »22. A Figueres, la disposition équidistante des colonnes à l’intérieur d’un plan carré introduit cette conception modulaire de l’espace architectural si adapté à l’activité marchande.
Les choix de la construction et les choix esthétiques
20Le choix des matériaux de construction témoigne aussi d’un compromis entre la tradition et la modernité. Des colonnes creuses en fonte et des poutres métalliques en I soutiennent une structure constituée de poutres intermédiaires en bois, sur lesquelles est posée la toiture de tuile. Ce compromis et la conception générale de la structure, suivant le principe de l’association d’éléments rectilignes indépendants, paraît plus caractéristique de la première architecture métallique que des systèmes de construction évolués et sophistiqués de la fin du XIXe siècle. Puig Saguer ne profita ni du renouvellement des systèmes de charpente métallique, introduits depuis le début du XIXe siècle par Polonceau, ni, moins encore, des structures en acier plus évoluées, comme celles de Dion apparues dès les années 1870. Les choix techniques des maîtres d’œuvres consistaient, pour une grande partie, en un simple remplacement du bois, de la maçonnerie ou de la pierre par le fer, sans introduire de vraie transformation dans la conception de la structure. Le constructeur de Figueres adopte la démarche de son collègue barcelonais Miguel Garriga y Roca qui, dans ses projets d’appentis pour les marchés de El Padró et Calle San Pablo, en 1861, proposait une structure métallique simple, susceptible d’être construite aussi en pierre, bois et tuile23.
21La place couverte de Figueres est révélatrice de l’adoption, par les artisans constructeurs, des nouveaux matériaux et des nouvelles technologies : leur esprit pragmatique les amène à se servir des moyens offerts par l’industrie, leur formation empirique les éloigne des solutions les plus novatrices. Le contexte social dans lequel ils évoluent leur font ratifier généralement, par souci d’efficacité et d’économie, leur compromis entre le nouveau et le traditionnel.
22L’analyse stylistique de la halle de Figueres révèle la simplicité formelle et décorative de son architecture. Les poutres, les colonnes, les chapiteaux et les consoles ont un rôle strictement fonctionnel et ne présentent aucun répertoire ornemental. La seule exception à cette rigueur est l’utilisation de quatre éléments de décor au motif végétal, de taille minuscule, qui ornent les quatre chapiteaux sur lesquels s’élève la lanterne centrale.
23Cette lanterne, qui couronne le bâtiment, est sans doute l’élément architectural majeur de l’édifice. Dans le projet de 1886, Puig Saguer avait prévu de couronner son édifice d’une coupole surélevée aux profils incurvés qui devait assurer l’aération et l’entrée de la lumière dans la partie centrale de la halle. La coupole jouait aussi un rôle esthétique incontestable dans la mesure où elle introduisait un élément emprunté à l’architecture publique monumentale, dans une construction entièrement industrielle et fonctionnelle. Dans la réalisation définitive cette coupole fut remplacée par une lanterne de plan carré. Cette évolution, qui mettait fin à la seule référence d’architecture savante du projet, s’explique sans doute par les impératifs utilitaires et économiques de la commande, mais aussi et surtout par la nouvelle logique de la production industrielle en série des éléments de construction métalliques. L’abandon des formes et des volumes incurvés, que l’on constate dans cette halle de province, est aussi une caractéristique des grandes halles monumentales de Barcelone ou de Madrid. José Fontseré et Mariano Calvo Pereira eurent à remplacer les coupoles de profil sphérique de leurs premiers projets pour les marchés de El Born et de La Cebada par des lanternes polygonales.
24La combinaison du fer avec le bois et la tuile, l’opposition entre l’aspect massif et pesant de la toiture et la légèreté de la façade-colonnade et de la lanterne, expriment aussi, à travers le langage architectural, des compromis entre les usages établis et les tendances novatrices.
25Les compromis entre tradition et modernité présents dans la conception urbaine, typologique, technique et esthétique de la halle de Figueres traduisent les contradictions qui marquèrent l’évolution historique de la vie politique et économique de Figueres.
26La capitale de l’Ampurdan fut, à partir des années 1840-1850 l’un des berceaux du socialisme utopique et du républicanisme fédéraliste en Catalogne24 et en même temps le chef-lieu d’une région rurale très traditionnelle dans laquelle le carlisme fut très implanté. La vie économique de la ville connut un processus d’industrialisation certain quoique tardif et limité, nous l’avons signalé plus haut, mais demeura profondément dépendante du monde rural et d’une structure de production agricole en crise. Les productions agricoles traditionnelles comme l’olive, la vigne et le blé furent confrontées à la perte de marchés de mieux en mieux reliés par le chemin de fer25. La construction de la halle aux grains fut non seulement une entreprise d’embellissement urbain mais aussi et surtout une tentative de modernisation des structures de commercialisation de la production agricole, et tout particulièrement céréalière dans la région.
27Les cérémonies d’inauguration des halles constituèrent au XIXe siècle des moments privilégiés pour l’expression de la symbolique de la modernité urbaine. A Madrid, le roi Alphonse XII, en quête de légitimité de la monarchie réinstaurée, présidait en 1875, l’inauguration des halles métalliques de la capitale accordant toute la dignité institutionnelle à ces monuments utilitaires26. En 1876, Manuel Girona, maire de Barcelone et homme d’affaires directement impliqué dans le secteur de la métallurgie de la ville, profitait du discours d’inauguration du marché de El Born pour faire l’éloge des capacités de l’industrie nationale27. A Figueres, le début des travaux de construction de la halle ne passa pas inaperçu. La municipalité accorda l’organisation d’une cérémonie solennelle d’ouverture et de bénédiction du chantier présidée par l’autorité religieuse et en présence de l’ensemble des autorités locales et des représentants de la presse. L’église et le constructeur moderne, affrontés dans l’imaginaire littéraire de Benito Pérez Galdós28, étaient ici réunis autour de cette construction pragmatique, alliance d’artisanat et d’industrie, porte urbaine ouverte à une campagne en mutation lente mais inéluctable.
Notes de bas de page
1 Le projet de Puig Saguer date du 20-02-1886, les travaux débutèrent le 20-06-1886 (Archives Municipales de Figueres : Actes Municipales 1886-1887).
2 « El señor Présidente (le maire) indica a la corporación la necesidad que tiene el ayuntamiento de nombrar una persona facultativa que dirija la construcción del mercado de hierro cubierto que se verifica en la Plaza de los Monjes con el doble motivo de que la construcción se haga con arreglo a las reglas del arte y de que tenga la solidez necesaria para garantir (sic) la seguridad de las personas y de las cosas a fin de librar al ayuntamiento de roda responsabilidad. Se acuerda nombrar Director a D. Francisco Puig Saguer” (Archives Municipales de Figueres : “Actes Municipales du 23-3-1887”)
3 L’édifice fut inauguré le 28-09-1887 (Archives Municipales de Figueres : Actes 1886- 1887).
4 Vid. : Diaz Capmany, Carlos : El Castell de Sant Ferràn. La seva història, Generalitat de Catalunya, Barcelona, 1982.
5 Falgueras, Joan et alt. : Figueres. Llibre de la Rambla, Figueres, Brau, 2004, p. 24.
6 Bernils, J.M. : « Historia del gas a Figueres », Annals de l’Institut d’Estudis Empordanesos, 1992, p. 181 et ss.
7 En 1905, seul quatre industries de la ville avaient une taille relativement importante ; il y avait aussi une quarantaine de petites industries ou d’ateliers (Custey, E ; Jerez, , L., Romero, A. : « La Restauració », W. AA : Història de l’Alt Empordà, Diputacio de Girona, Gérone, 2000, p. 562).
8 Vid. Bernils i Mach, J.M. : “El procès urbanistic de Figueres”, Annals de l’institut d’Estudis Empordanesos, Figueres, 1999, pp. 170-174.
9 Falgueras et ait. : op. cit., p. 27.
10 Ces citoyens faisaient une offre de financement partiel des travaux de 6000 pesetas (Bernils, J.M. : Figueres, 1977, p. 77- 78).
11 Projet de halle, signé Francisco Puig Saguer, le 20 janvier 1886, (Archives Municipales de Figueres, Obra Major, 1886)
12 L’identité de ce fournisseur est révélée par les plaques du fondeur placées dans la base des colonnes.
13 Puig Saguer fut aussi chargé de se déplacer à Barcelone pour faire un appel d’offre auprès des entreprises métallurgiques de cette ville. Seul l’entreprise de Juan Torras proposa un devis pour un montant de 4250 pesetas qui fut accepté (Archives Municipales de Figueres : Acta municipal, le 10-11-1886).
14 Vid. Feliu-Torras, Assumpcio : Juan Torras Guardiola, Université de Rennes, 1993, (thèse inédite).
15 Navarro, Félix : “El nuevo mercado de Zaragoza”, Arquitectura y construction, 1903, n° 137, p. 362.
16 Papell exprimait ses critiques à l’encontre des réalisation urbaines à Figueres et tout particulièrement de la Plaça del Grà : « la absurda construccion del tinglado en la referida plaza de los Monjes con el proposito de trasladar alli el mercado de granos, no pueden ser obras de personas ilustradas amantes del ornato y la comodidad publicas, ni aun de hijos de Figueras... solo se ve en esta especie de tinglado una mala concepcion y peor ejecucion de una obra que en todo pais medianamente ilustrado se exigiria la responsabilidad a sus autores » ; il termine sa critique par un poème satirique. (PAPELL LLENAS, Juan : Itinerariospara viajesy excursiones, Figueres, 1891, vol. l, p. 115.
17 Castañer, Esteve : “Equipament public i monumetalitat urbana al Palafrugell de canvi de segle : el mercat cobert”, Revista de Girona, n° 189, juillet-août 1998, pp. 36-40.
18 Fabre, Jaume : Girona entre quatre rius, Municipalité de Gérone, Gérone, 1986.
19 Vid. Ciudades del siglo de oro. Las vistas españolas de Anton Van Wyngaerde, Barcelona, 1986.
20 Pevsner, Nicolaus : Historia de las tipologias arquitectónicas, Barcelona, 1979, pp. 288- 289.
21 « ... l’édifice des halles ne devait se composer que d’un toit couvrant marchands et marchandises » (Daly, César : « Les halles centrales de Paris », Revue Générale de l’Architecture et des Travaux Publics, 1854, p. col. 21 et 31).
22 Baltard, Victor : Monographie des Halles Centrales, Paris, 1862, pp. 18 et 24.
23 « puede sustituirse el tinglado de hierro con armadura de madera y cubierto de tejas o zinc acanalado, y las coltinas (sic) aunque preferibles de hierro en razón del menor espacio que ocupan, por orras de sillería o de madera, aunque nunca de mampostería » (Garriga y Roca, Miguel : “Mémoire du projet pour les marchés de El Padró et Galle San Pablo », le 20 mai 1861, Arxiu Administratiu de Barcelone, 2886 B).
24 Maluquer de Mores, J. : El socialismo en Espana 1833-1868, Barcelone, 1977, pp. 250-251.
25 « En el cas del vi i de l’oli es tracta, clarament d’una crisi provocada per la pèrdua de mercats : pel que fa al blat, a causa de la seva inferior qualitat respecte de blats estrangers i castellans”. La production viticole fut atteinte en plus par l’arrivée du Phylloxera à partir de 1879. (Custey, E ; Jerez, , L., Romero, A. : Op. Cit., p. 554). La décadence de l’agriculture dans la région suscita la réflexion et l’analyse. L’ancien ministre républicain Joan Tutau publiait en 1888 un mémoire sur les Medios de levantar la agricultura del Ampurdán de su postración, ocasionada par la pérdida de sus viñedos, la poca productión de sus olivares y el bajo precio de los cereales.
26 “La inauguración oficial se verifico solemnemente presidiéndo el acto S.M. el Rey... y asistiendo varies ministros de la corona” (La Ilustracion espanola y americana, n° XXIII, le 22-06-1875)
27 “Las grandiosas fabricas catalanas de construccion : la Maquinista terrestre y maritima, el Nuevo Vulacno y la Herreria del remedio que han fabricado y construido esas grandiosas cubiertas, tinglados y cupulas ! Gloria a Espana ! Loor a Barcelona !” (“Discours de M. Girona”, le 28-11-1876, IMHB : Dossier Com. Ciutadella, 3, dossier n° 6, f° non numéroté).
28 Dans son roman Dana Perfecta, Pérez Galdós décrit en ces termes la relation d’opposition entre le curée rural et l’ingénieur : « Es preciso que visite usted nuestra catedral... como esta hay pocas !... sin embargo, para hombres de tanto saber como usted, quizas no tenga ningun mérito y cualquier mercado de hierro sera mas bello” (Pérez Galdós, B. : Dona Perfecta, 1876, (ed. Cátedra, Madrid, 1984), p. 103.
Auteur
MCF Histoire de l’Art Contemporain – Université de Perpignan Via Domitia
Chercheur au CRHiSM
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