1Fort de 56 musées, le Languedoc-Roussillon fut la première région française où se créa une association régionale des conservateurs, en mai 1974. Régie par la loi de 1901, on peut dire que c’est une association vivante et représentative de la profession. Son évolution a suivi celle du corps des conservateurs. Il convient donc pour bien comprendre son rôle aujourd’hui, de rappeler l’évolution générale du recrutement des conservateurs et, en préambule, les principales institutions publiques dont ils dépendent.

2Quelles sont les principales institutions publiques possédant des musées ?

1- L’État avec les :

3Ministère de la Culture
Ministère de l’Éducation Nationale
Ministère de la Défense
Ministère de l’Intérieur
Ministère des Finances
Ministère des Sports

2- Les collectivités territoriales : quelques exemples

Les Régions

4Elles peuvent être à l’origine de musées régionaux comme le Musée régional d’anthropologie de la Corse situé à Corte.

Les Départements

5Ils peuvent soit être propriétaires de musées départementaux (ex. : Musée départemental Ignon Fabre à Mende, Lozère) soit avoir créé des conservations départementales. Dans ce cas, ils mettent à disposition un conservateur auprès des communes qui le souhaitent. Dans la région, c’est le cas de l’Aude, de l’Hérault et du Gard.

Les Communes

6Elles sont les plus nombreuses à être propriétaires de musées.

3- Les diverses associations entre ces institutions publiques

7Grossièrement deux possibilités :

• Les associations entre deux ou plusieurs collectivités territoriales :
  

• 1. Syndicats mixtes à Arles (Département-Ville)
     Syndicats intercommunaux (Musée de Cerdagne)

• Les associations entre l’État et une ou plusieurs collectivités territoriales :

8Cas des établissements publics à caractère administratif / Établissements Publics à Caractère Culturel (ou EPCC) qui permettront, dans un avenir très proche, un engagement de l’État auprès d’une ou de plusieurs collectivités dont le musée présentera un « intérêt national » : formule qui devrait demeurer assez limitée.

9Si l’on résume, on trouve donc deux types d’institutions publiques : l’État et les collectivités territoriales.

10À cette bipartition du domaine public, répond une bipartition du recrutement des responsables de musées qui toutefois tend à s’unifier, afin d’assurer la base fondamentale de la mission commune à l’ensemble des conservateurs, c’est-à-dire préserver et mettre en valeur le patrimoine culturel national. Revenons un peu sur l’évolution de la formation des conservateurs, car l’association a évolué parallèlement à l’évolution générale du corps des responsables des collections publiques.

11Nous pouvons dégager trois étapes principales (cf. Jean Châtelain, Droit et administration des musées, Paris, 1993) :

• de 1945 à 1963

• de 1963 à 1986

• la période contemporaine

De 1945 à 1963

12Une formation est assurée par l’École du Louvre qui, dès l’origine (décret de 1882), a été créée pour former les cadres des musées parmi lesquels les conservateurs. Pendant plus de vingt ans, l’École va former deux types de conservateurs : les conservateurs des musées nationaux et classés qui seront issus d’une catégorie appelée « élèves agréés », et les conservateurs des musées contrôlés issus d’une catégorie appelée « élèves libres ».

13Les élèves agréés doivent être bacheliers et sont sélectionnés par un concours d’entrée. Après une à deux années de préparation au concours, ils accomplissent trois ans d’étude et deviennent « anciens élèves agréés ». Ils sont alors admis à préparer une thèse qui, après soutenance, leur donne le titre « d’élève diplômé de la section supérieure de l’École du Louvre », titre requis pour postuler l’entrée dans la conservation des musées nationaux et des musées classés.

14Les élèves libres entrent à l’École sans concours, voire sans baccalauréat jusqu’en 1965. Ils suivent un enseignement de trois ans sanctionné par des examens écrits et oraux et, en cas de succès, deviennent « anciens élèves libres de l’École ». Les meilleurs d’entre eux réalisent une quatrième année dite de « Muséologie » qui, après examen final, leur permet de préparer un mémoire lequel leur conférera le titre « d’élève diplômé de l’École du Louvre », titre requis pour devenir conservateur de musées contrôlés.

15Dans tous les cas, élèves agréés ou libres doivent encore franchir une étape : l’inscription sur la liste d’aptitude.

16Cette liste est dressée par une commission de classement des personnels scientifiques des musées prévue par le décret d’application du 31 août 1945. Cette commission, unique pour tous les candidats, dresse et complète, deux fois par an, trois listes d’aptitude : une pour les musées nationaux, une pour les musées classés, une pour les musées contrôlés. Le candidat est ensuite choisi puis nommé par le ministre, y compris pour les musées classés et contrôlés et ceci afin d’éviter les nominations locales trop fantaisistes.

De 1963 à 1986

17Cette période est marquée par la rupture entre le recrutement dans les musées nationaux et les autres musées.

18En application de l’ordonnance de février 1959, les conservateurs des musées de France sont désormais recrutés par concours. Après avoir accompli une période de stage de dix-huit mois, ils sont affectés dans des musées nationaux ou classés, comme chefs d’établissement, ou à l’inspection des musées classés et contrôlés.

19Les conservateurs des musées contrôlés continuent à être recrutés dans les conditions antérieures, c’est-à-dire par liste d’aptitude qui, en 1986, comptait environ un millier de noms.

La période contemporaine

20Elle voit le retour à une unification des formations professionnelles.

1-De 1986 à 1991

21À partir de 1986, apparaît au sein de l’École du Louvre un département appelé « École du Louvre-École du Patrimoine ». Cette appellation est due au fait que cette section accueille tout d’abord, en plus de l’ensemble des conservateurs de musée, les inspecteurs-stagiaires des Monuments historiques puis les conservateurs stagiaires des Fouilles archéologiques et de l’inventaire général.

22Les conservateurs de musée de l’État et de la Ville de Paris sont recrutés par concours externe et interne. Après avoir réussi au concours, ils sont nommés conservateurs stagiaires pendant dix-huit mois. La totalité du stage se déroule à l’École du Louvre, au sein de l’École du Louvre-École du Patrimoine.

23Les conservateurs des musées contrôlés continuent quant à eux d’être recrutés à partir de la liste d’aptitude, mais désormais ne peuvent être inscrits sur cette liste que les titulaires du « diplôme national d’aptitude aux fonctions de conservateur de musée », décerné par le ministre chargé de la Culture à l’issue d’une formation organisée par l’École du Louvre. Cette formation est accessible aux candidats reçus aux épreuves d’une sélection appelée « sélection des stagiaires associés » dont l’organisation est confiée à l’École du Louvre-École du Patrimoine.

24Les fonctionnaires stagiaires et les stagiaires associés sont dès lors réunis dans une formation commune, au sein d’un même établissement, principe qui sera conservé avec l’École Nationale de Patrimoine crée le 16 mai 1990.

2- Depuis 1991

25Un nouveau corps d’État est apparu, celui des conservateurs du patrimoine, désormais à vocation interministérielle puisqu’il regroupe non seulement l’ensemble des conservateurs des musées de France mais également les conservateurs d’archives, de l’inventaire général, des Fouilles archéologiques et des Monuments historiques.

26Leur formation est assurée par l’École Nationale du Patrimoine1, établissement public à caractère administratif.

27Les conservateurs territoriaux sont également recrutés sur concours et reçoivent la même formation au sein de l’École Nationale du Patrimoine. Néanmoins, la dualité statutaire persiste du fait même du principe de la liberté de recrutement de ses agents par l’autorité territoriale. Depuis 1995, les frais relatifs à leur formation, auparavant assumés par l’État, sont pris en charge par le Centre National de la Fonction Publique Territoriale.

28Les décrets du 2 septembre 1991 ont créé, parallèlement aux cadres d’emplois des conservateurs territoriaux du patrimoine, des catégories de personnels qui n’existaient pas, comme les attachés territoriaux de conservation du patrimoine. Ceux-ci doivent, à l’issue de leur inscription sur la liste d’aptitude et de leur recrutement, suivre pendant un an une formation organisée par le Centre National de la Fonction Publique Territoriale. De catégorie A, ils ont également vocation à diriger des musées.

29On retrouve donc aujourd’hui, au sein de l’association régionale des conservateurs, des conservateurs d’État, des conservateurs territoriaux et des attachés territoriaux de conservation.

30Ses principaux buts sont, comme à l’origine :

• la protection des collections publiques

• la promotion des musées de la région auprès d’un très large public

• la collaboration entre les professionnels de la région.

31Ses activités peuvent être divisées en deux grandes catégories :

• les activités permettant une meilleure connaissance et diffusion du patrimoine public régional

• la défense des intérêts de ses membres La première catégorie occupe bien sûr la majeure partie de son temps. Les activités peuvent être très diverses allant de :

• la présentation des musées de la région à des salons tel que le Salon International des Musées (SIME)

• la participation à des conseils scientifiques d’expositions temporaires du type Paysage méditerranéen, présentée lors de l’exposition universelle de Séville

• la réalisation directe d’expositions temporaires, la dernière en date étant Poterie d’Oc

• ou la réalisation d’ouvrages sur les musées tel Le sel d’une terre. Le Languedoc-Roussillon révélé par ses musées.

32Dans le cadre de la défense des intérêts de ses membres, l’association a par exemple participé aux manifestations lors de l’élaboration de la filière culturelle mais il est clair que son rôle n’est pas de se substituer à un syndicat, ce qu’elle n’est pas.

33Néanmoins, elle suit de très près tout ce qui touche à la profession. Afin d’avoir plus de poids, elle s’est fédérée à l’Association Générale des Conservateurs des Collections publiques de France en 1994.

34L’Association Générale, fondée en 1922 et reconnue d’utilité publique en 1932, regroupe aujourd’hui plus de 1 000 professionnels de la conservation répartis sur l’ensemble du territoire national. À ce titre, elle joue un rôle d’interlocuteur privilégié auprès de nombreuses instances dont la Direction des Musées de France. Par ce biais, l’association régionale participe, en ce moment même, aux négociations concernant la loi sur les Musées de France.

35Du 21 au 24 novembre derniers, se sont d’ailleurs tenues, au musée archéologique de Lattes, les Journées annuelles d’étude de l’Association générale qui avait sollicité l’association régionale afin d’organiser ce colloque. Le succès remporté par cette manifestation a permis de constater que l’association régionale pouvait de beaucoup enrichir la réflexion pour une meilleure gestion du patrimoine public.

36Elle désire désormais, en accord avec l’Association générale, pouvoir intégrer en son sein l’ensemble des conservateurs du patrimoine afin d’unir encore plus les bonnes volontés de ceux qui œuvrent à une meilleure protection et diffusion du patrimoine public, sous quelque forme que ce soit.