Béziers, citadelle du radicalisme !
Les surprises d’une vie politique à la « Belle Époque »
p. 253-273
Texte intégral
1La France de la Belle Epoque est celle du radicalisme triomphant et de la mise en place des nombreuses lois républicaines (sur les associations, sur la Séparation des Églises et de l’État, ...)1. Dans cette France radicale2, Béziers fait figure de fière citadelle3. Cette solidité, en dépit de la phase d’institutionnalisation de la SFI04, est bien sûr la conséquence de la performativité électorale du radical-socialisme biterrois, due sans doute à sa double capacité de s’appuyer sur de larges réseaux sociaux et d’être l’incarnation du « parti républicain » dans un territoire anticlérical5. Au regard de la vie politique en France à la Belle Epoque, la citadelle biterroise réserve toutefois quelques surprises de taille. La première est sans doute l’absence totale à chaque élection de candidats issus de la « réaction ». En effet de 1902 à 1914, il n’y a pas à Béziers de candidats conservateurs en dépit de la présence dans l’Hérault d’un actif « parti royaliste » depuis les années 18906. Cette absence a bien sûr des conséquences sur la compétition électorale biterroise qui n’épouse pas alors les lignes du clivage national entre cléricaux et anticléricaux, conservateurs et progressistes. L’absence de candidats conservateurs ne signifie toutefois en rien l’absence d’un électorat conservateur, ni même de mobilisation conservatrice comme à l’occasion de la crise des inventaires en 19067. Comme partout en France, la vie politique est soumise à plusieurs expressions concurrentes : conservatrice, républicaine radicale-socialiste et socialiste8. Pour autant, la vie politique biterroise ne peut être réduite à la compétition externe à laquelle se livrent ces familles politiques. Il s’agit bien là d’une deuxième surprise : la vie politique biterroise c’est avant tout la compétition interne que se livrent les diverses fractions radicale-socialiste et socialiste qui se présentent aux élections. Cette deuxième surprise inverse totalement le paradigme électoral, faisant des élections, non plus une compétition interpartisane mais bien une compétition intrapartisane et pose la question de la forme « parti politique » en Biterrois et notamment du plus ancien le Parti républicain radical et radical-socialiste (PRRRS)9. La troisième surprise, mais est-ce véritablement une surprise, c’est l’omniprésence de la question viticole, avant et après la révolte des Dimanches de 1907, dans toutes les joutes électorales10. Pour autant « ces surprises » ne sapent pas les fondations de la citadelle qui perdurera jusqu’en 197711. Les « fondations » sont donc stables et reposent sur des piliers solides : un système électoral hégémonique mais surprenant et peut-être même en trompe l’œil qui cache un système partisan et politique balbutiant. La vie politique de la citadelle, loin d’être caractéristique d’un « âge d’or » partisan s’apparenterait plutôt au Dark Age de la démocratie ; où des « guerriers » s’affronteraient entre eux pour des questions de primauté sur l’organisation. Ainsi le rôle des gardiens de la citadelle, les tenants du radicalisme, les élus radicaux-socialistes dans leur ensemble apparaît comme fondamental pour apprécier cette vitalité. Car ce sont bien les élus et les responsables de la presse qui jouent le rôle de sentinelles. Citadelle, sentinelle, garnison, le recours au vocabulaire militaire n’est pas neutre : le radicalisme est en danger, le radicalisme est en guerre. Contre qui ? Tout autant contre l’ennemi extérieur, socialistes et conservateurs, quasi-unis contre lui que contre l’ennemi intérieur, le rival, le challenger radical, lui-même qui est sans doute le plus dangereux. Face à la menace, l’union des hommes ne paraît pas être la solution envisagée, voilà sans doute la dernière mais aussi la véritable surprise de la citadelle biterroise à la Belle Époque : compétition interne et externe se conjuguent. Cette situation est-elle seulement due au fort personnalisme politique des radicaux-socialistes ?
Un système électoral surprenant mais en trompe l’œil
2Les résultats électoraux biterrois à la Belle Epoque sont sans appel. Le « parti de Béziers », c’est sans contexte ceux qui font profession de foi républicaine et qui mettent en avant leur sensibilité radicale ou radicale-socialiste. En effet, de 1902 à 1914, les élus mais également la quasi-totalité des candidats « se réclament » du radicalisme, du radical-socialisme ou du socialisme indépendant à l’exception de quelques figures notables comme Marcel Cachin12 ou Edouard Barthe13. Pour autant ce système électoral d’apparence stable réserve tout à la fois des surprises et met bien en évidence les ressources de la domination politique à la Belle Epoque organisées autour de sentinelles. Système politique stable au sens où il n’est pas soumis à l’alternance politique, il paraît à la comparaison entre ses sentinelles et son offre électorale en trompe l’œil.
Les surprises du système politique biterrois : des effets de structures
3La compétition électorale qui a lieu à Béziers de 1902 à 1914 retient l’attention par sa spécificité au regard des nombreux autres exemples constitutifs de la vie politique à la Belle Epoque14. Elle comporte des surprises organiques, liées à sa structuration propre observable au regard de l’offre électorale proposée aux électeurs15.
4Cette étude est la synthèse d’une approche systématique de l’ensemble des élections législatives de 1902 à 1936 dans le Biterrois16. Une seule candidature échappe à la classification « radicaux-socialistes » ou « socialistes », à l’exception de celles que l’administration déclare “(sans) aucun caractère politique, elle est fantaisiste”17. Il s’agit de la candidature de Casimir-Perrier sur la deuxième circonscription de Béziers en 1914 pour la Fédération des Gauches18 aux élections législatives, seul des candidats de gauche se présentant aux suffrages des électeurs. La lecture du tableau n° 1 met en avant une certaine forme d’uniformisation des candidatures qui semble se réduire à l’intérieur de chaque tendance de 1902 à 1914. À l’exception du contre-exemple de la troisième circonscription législative où s’affrontent deux « écuries » radicales, celle de Charles Caffort d’une part et celle de la famille Razimbaud, père et fils d’autre part19. L’hypothèse liée à cette uniformisation, dans le contexte de la Belle Epoque, est sans doute celle de l’affirmation de la structure politique, de l’organisation partisane dans l’Hérault. En effet, en dépit d’histoires nationales différentes dans leurs structurations (1901 pour les uns20, 1905 pour les autres21), socialistes et radicaux-socialistes héraultais s’institutionnalisent dans une même séquence électorale, celle des élections sénatoriales de 1904 aux élections législatives de 1906. Pour autant cette modélisation rationalisant le comportement politique en fonction de l’organisation de structures partisanes reste en trompe l’œil. En effet, l’étude des candidatures aux élections municipales générales de Béziers l’interroge.
5La structuration des élections législatives se retrouvent lors des élections municipales22. Le cas particulier des élections partielles de 1907 consécutives à la démission « spontanée » de la municipalité Suchon peut être considéré au regard de cette analyse, comme un épiphénomène. En effet, l’élection générale de 1908 est à peu de chose, une répétition de l’élection partielle de 1907. Toutefois, comme dans le cas de l’opposition d’écuries entre Caffort et Razimbaud, cette séquence électorale insiste sur deux points essentiels de la vie politique biterroise : les radicaux ou radicaux-socialistes sont divisés mais leur division n’empêche en rien leur élection. En conséquence au regard de ce paradoxe, une autre hypothèse doit être formulée : si la division ne nuit pas aux radicaux-socialistes, c’est sans doute parce que leurs adversaires sont aussi divisés. L’hétérogénéité radicale-socialiste profite de la non-homogénéisation de ses concurrents en dépit même de l’absence de candidats conservateurs. Ce constat, difficile peut-être à percevoir dans le cas des élections, certes uninominales des municipales mais sous forme de scrutin de liste, est très net dans le cas des scrutins ayant pour circonscription électorale les cantons de Béziers 1 et 2 : les élections au conseil général et les élections au conseil d’arrondissement. A Béziers, ces cantons sont l’espace politique le plus sollicité en matière de consultation électorale, du fait de l’alternance entre scrutin cantonal et scrutin d’arrondissement, un tous les trois ans. Ils réservent à ce titre une surprise institutionnelle due au système de la IIIe République, les électeurs votent tous les trois ans sur la même circonscription électorale mais pas pour le même candidat. Ils sont le lieu où l’emprise partisane peut être la plus observée car les électeurs votent pour des hommes mais aussi pour des étiquettes politiques du fait des candidatures en ticket23.
6La principale surprise de la vie politique biterroise réside sans doute dans la performativité électorale des radicaux-socialistes. Quelle que soit l’offre électorale, quelle que soit l’hétérogénéité de l’offre radicale, ce sont eux les élus de Béziers. Dans la période considérée, tous les députés, à l’exception d’Édouard Barthe, tous les conseillers généraux ou d’arrondissement des cantons de Béziers 1 et 2 sont réputés « radicaux-socialistes » ce qui n’est pas le cas des conseillers municipaux au regard de leurs classifications administratives. Le classement administratif des élus et des candidats reste un « étiquetage » difficile entre les tendances politiques nationales et les affrontements locaux notamment dans les territoires électoraux, comme celui de Béziers, où la performativité électorale d’une opinion ne laisse pas d’autre alternative24.
7Au regard du classement préfectoral, le jeu est ouvert à Béziers où les opinions politiques des conseillers municipaux varient entre « socialistes », « socialistes unifiés », « radicaux-socialistes », « radicaux », « républicains de gauche », « progressistes » et même « nationalistes », sans compter les inclassables « douteux ». Ce classement sur une typologie nationale établie par le ministère de l’Intérieur doit rendre compte des divergences et oppositions locales. Parmi les conseillers municipaux élus en 1907, et réélus en 1908, aucun n’est répertorié comme « radical-socialiste » ou même « radical », pour autant ces hommes sont dans leur majorité des sentinelles du radicalisme. En 1912, la distinction entre « radical-socialiste » et « radical » disparaît de la typologie25. En 1908, c’est la distinction entre « socialistes unifiés » et « socialistes indépendants » qui apparaît26. Ce même rapport, en précisant que « cette classification nouvelle (de socialiste indépendant), n’étant pas dans l’esprit de beaucoup d’électeurs, sensiblement différente de celle de radicaux-socialistes », insiste sur la difficulté d’établir un classement typologique des opinions des conseillers municipaux pour leurs propres électeurs. Le socialisme indépendant, comme tendance politique à la Belle Epoque reste un parent pauvre historiographique27. Ce problème d’étiquetage souligne la persistance d’une dichotomie réelle à la Belle Epoque, même après 1901, entre radicalisme et Parti républicain radical et radical-socialiste, entre une marque électorale et une organisation politique. Le jeu semble moins ouvert que ne le laisse supposer le classement administratif. La citadelle de Béziers est sous la tutelle d’une garnison avec ses sentinelles.
Les sentinelles du radicalisme
8Le radicalisme, compris comme la force politique structurante de la vie politique biterroise, est organisé autour de pôles distincts que sont d’une part les élus et notamment les élus locaux (conseillers municipaux, conseillers d’arrondissement et conseillers généraux) et les parlementaires et d’autre part des structures de presse. L’administration joue également un rôle fondamental dans la maîtrise politique du radicalisme sur le territoire. En effet selon le mot de Daniel Halévy, le ministère de l’Intérieur est un « garde manger » du radicalisme sur le territoire28.
9le à la Belle Epoque, trois peuvent retenir l’attention : le père de Jean Moulin, Antoine, conseiller municipal puis conseiller général29, le maire de Lespignan, Hyppolite Bernard qui a su, à la différence de la majorité des élus radicaux-socialistes biterrois, traverser la crise de 1907 sans heurt pour sa carrière politique ou Paul Paget, conseiller général, renouvelable en 1907 qui n’est pas parvenu à se faire réélire. En 1907, Hyppolite Bernard est conseiller sortant et président du conseil d’arrondissement de Béziers. Cette élection est très particulière puisqu’elle met face à face deux structures, deux « marques politiques » : le Comité de défense viticole et le Comité de Vigilance et de défense républicaine qui « invite à prendre part au scrutin, non dans un intérêt de parti mais dans l’intérêt national pour faire cesser le funeste malentendu qui règne à cette heure entre le Midi et les autres régions de la France et que des malintentionnés cherchent à perpétuer dans un but inavouable »30, Ces élections interviennent en pleine crise viticole au pire moment pour le parti de gouvernement au gouvernement31. Il est intéressant alors de voir qu’aucune des étiquettes politiques ne fait référence ni au radicalisme, ni au Parti républicain radical et radical-socialiste. Cette absence, forcément volontaire interroge au regard de la structuration toute particulière de l’électorat biterrois. La déclaration du « radical-socialiste » Louis Rouquet, ancien conseiller d’arrondissement de Béziers I (1898-1904) et délégué du Comité de défense viticole de Villeneuve-les-Béziers insiste bien sur les contradictions auxquelles doivent faire face les électeurs face à des candidats dont les opinions politiques sont peu différenciées. En effet il indique qu’« il reprenait sa liberté d’action et que, dimanche prochain, il ferait son devoir en votant pour son ami Paget, défenseur de la République laïque »32. Amitié, réseau de sociabilité, encrage social sont les ressorts du combat politique dans la citadelle. Le choix du conseiller sortant de se présenter sous l’étiquette Comité de défense viticole au lieu de prendre celle du Comité de Vigilance et de défense républicaine apparaît alors être comme pragmatique puisqu’il assure au candidat sa réélection et que lors de l’élection suivante en 1913, il se présente à nouveau sous l’étiquette radical-socialiste. Dans le premier canton de Béziers, le conseiller général Paul Paget a fait le choix contraire et a d’ailleurs perdu son mandat.
10Paul Paget est étiqueté par l’administration préfectorale comme « socialiste indépendant ». Il est caractéristique de ces sentinelles du radicalisme, resté toujours en dehors de l’organisation partisane, Parti républicain radical et radical-socialiste, mais dont le rôle est fondamental dans la mainmise politique du territoire : pharmacien au bureau de bienfaisance, directeur gérant de l’hebdomadaire L’Hérault, franc-maçon, libre-penseur, conseiller municipal de 1881-1907 (adjoint de Cazals en 1881, 1er adjoint en 1884-1885)33. Il est le traducteur de Virgile en occitan, membre de Vescolo del Titan dont le nom a été choisi en hommage au Titan, œuvre de Jean-Antoine Injalbert34 qui est le parrain de sa fille Paule Paget. Le sculpteur illustre d’ailleurs les traductions de Virgile de Paul Paget. Celui-ci ne limite pas son action dans le domaine culturel à la seule revendication occitane. En 1877, il fonde la Société artistique et littéraire et en est toujours président en 1926, avec comme vice-président, son voisin et ami, Antoine Moulin35.
11Antoine Moulin est sans conteste l’un des principaux, élu local biterrois, un des fidèles lieutenants du député Louis Lafferre. Pour autant il n’a pas exercé de mandat de 1904 à 1913, date de son élection au conseil général. Antoine Moulin, père de Jean Moulin est l’incarnation de la sentinelle de la citadelle radicale biterroise36 : « M. Moulin mêlé depuis très longtemps à la politique de Béziers comme propagandiste de l’idée républicaine, a bénéficié lors de son élection au conseil général des sympathies personnelles que lui ont valu son caractère droit, son affabilité et la fidélité de ses convictions. Il n’a pas personnellement d’ambitions politiques, mais certains groupements républicains de Béziers mettront son nom en avant le jour où pour une raison quelconque M. Lafferre ne sollicitera pas le renouvellement de son mandat »37. Par sa pratique militante associative, il s’inscrit dans la mobilisation des « mythes fondateurs » (Souvenir de la résistance au coup d’État du 2 décembre) ou de la « mémoire autochtone » biterroise (Monument à la mémoire d’Alphonse Mas). En effet, parmi ses nombreuses activités militantes, Antoine Moulin s’occupe tout particulièrement de la Ligue des droits de l’homme, de l’Université populaire et de l’histoire du mouvement républicain à Béziers38. Il collabore également à l’Union républicaine, journal qui fait figure de porte-parole de Louis Lafferre, dirigé par Jean-Baptiste Perdraut jusqu’en 1910. Ce dernier est d’ailleurs un de ses parrains lors de son initiation en 1902 en maçonnerie. Ses autres parrains sont Alphonse Mas, maire de Béziers, Fritz Hickel, vénérable d’honneur des Amis choisis, président des Fourneaux démocratiques, vice-président de la Caisse des écoles, trésorier de la Ligue des droits de l’homme, Léon Dupré, vénérable de l’Action sociale, Gaston Molinier, secrétaire général de la Bourse du travail et le Président du comité du Parti radical39. Lors de son investiture en 1913, il est perçu tout à la fois comme « le candidat du bloc chapelard, l’homme de M. Dupré, l’homme du Petit Méridional et de la Dépêche et que s’il est élu au conseil général, il y serait l’esclave de la Petite Chapelle »40 que comme celui du « Parti républicain, fièrement indépendant, ennemi des petites et grandes chapelles, il place son idéal laïque social et républicain au-dessus des rivalités locales »41. Ainsi Antoine Moulin « sur son nom fait la concentration de toutes les forces vives de la Démocratie radicale et socialiste du Premier canton de Béziers »42.
12En dépit de ces trois trajectoires d’élus, toutes les sentinelles ne possèdent pas forcément des mandats électifs. Le cas d’Antoine Moulin, professeur et journaliste à la Belle Époque, l’illustre bien. En effet le rôle de la presse est prépondérant dans la structuration de la vie politique de la IIIe République tant au niveau national qu’au niveau local43. Le rôle de la presse politique dans la construction de la domination partisane d’un espace politique est considérable à Béziers44 où trois journaux se réclament du radicalisme : L’Union républicaine, Le Petit Méridional, La Dépêche de Toulouse45. « Les préférences manifestées ici ou là par l’organe régional peuvent s’expliquer par les affinités des correspondants au moins autant que par un choix délibéré de la direction »46. Le rôle des correspondants locaux est primordial. La trajectoire du correspondant du Petit Méridional, Léo Dupré est significative de son rôle sentinelle du radicalisme : « né en 1855, fils d’un militant républicain déporté, joue un rôle non négligeable dans la laïcisation scolaire et la création de sociétés laïques, devient le correspondant biterrois du Petit Méridional jusqu’à sa mort en 1935, il sera dans ce journal républicain de tendance maçonnique, le représentant du radicalisme et de la franc-maçonnerie biterroise car il fait carrière dans le Grand Orient de France ». Jamais candidat, il est par contre de toutes les joutes électorales. C’est la construction du « grand parti républicain » qui structure et rationalise toutes les étapes de sa vie tant politique que professionnelle, qui a commencé avant même la fondation de la structure partisane, attestant d’un développement exogène autour de la « nébuleuse républicaine » (loges, mutuelles, associations scolaires, ...). Son rôle est si important dans le radicalisme que certains de ses détracteurs n’hésitent pas à indiquer qu’il est le « véritable sous-préfet de Béziers »47. Cette dénonciation est caractéristique du rapport entre administration préfectorale et radicalisme qui établit une double domination sur le territoire entre les tenants de l’Etat, représentés par le corps préfectoral et les tenants du pouvoir local, élus et journalistes.
13Administration préfectorale, journaliste et élus sont les véritables sentinelles d’une citadelle aux apparences imprenables mais qui semble avoir des fondations fragiles : absence d’une structure politique dirigeant le territoire au profit d’une nébuleuse ressemblant toutes les organisations et les individualités faisant profession de foi du radicalisme. En définitive, la garnison tient solidement la citadelle. La crise de 1907, et notamment les événements de mai met en évidence la fragilité du système tout autant que sa stabilité politique. Ce paradoxe, en trompe l’œil, dévoile un système politique balbutiant.
Un système politique balbutiant
14Pour que le radicalisme règne sans partage dans l’espace politique biterrois, il doit posséder des ressources, une emprise dans la société sur lesquelles il fonde sa performativité électorale. Sa force principale est d’être la ressource politique hégémonique qui s’affirme par le biais de la mise place, progressive en dépit de nombreuses remises en cause, d’une structure partisane sans rivale.
L’affirmation d’un parti hégémonique
15Béziers est un système électoral particulier car il faut être radical pour être élu par les électeurs. Radicalisme et défense de la République se juxtaposent et se confondent. Le radicalisme et sa structure partisane, le parti radical, sont véritablement les « maîtres du jeu ». Il s’agit bien de l’expression d’un parti hégémonique48 qui dirige sans alliance son système politique. C’est la force politique centrale et quasi-unique du système biterrois. Cette centralité, remarquable à Béziers, n’est pas sans danger. En effet, il semble nécessaire que pour maintenir ses bons résultats électoraux, il faille développer l’unicité des candidatures radicales aux élections externes et pour cela il faut mettre en place une structure capable d’organiser en interne le choix des candidats. Cette structure c’est bien évidemment le parti politique. C’est au Congrès de Nantes en 1909 en prévision de la préparation des élections législatives de 191049pour tenter de réguler les nombreux cas d’antagonisme interne au radicalisme que la structure nationale fait adopter le principe de candidature unique. En matière d’organisation partisane, l’unicité de candidature est généralement posée comme la règle permettant de définir un parti politique moderne50. A Béziers, les candidatures multiples aux élections issues du radicalisme sont encore nombreuses dans l’entre-deux-guerres. Loin d’être l’exception, elles semblent même être la règle51. Cette singularité est sans aucun doute à lire en fonction des particularismes du territoire, absence de candidats conservateurs, faiblesse du poids électoral des socialistes et adhésion des électeurs au radicalisme. Cette singularité s’appuie sur un phénomène bien particulier celui d’une fractionnalisme radical-socialiste52. L’organisation politique est divisée en fraction qui s’affronte tout aussi bien en interne lors des congrès de désignation qu’en externe lors des élections officielles.
16Loin d’être la preuve d’une inorganisation, ce fractionnalisme est bien une forme d’organisation particulière qui existe le plus souvent dans des systèmes politiques fermés, dirigés par un seul parti. Le radicalisme est dual dans le Biterrois. Cette dualité est consubstantielle de sa création, « l’existence de deux groupes radicaux à Montpellier, au tournant du siècle, est à l’image de la situation du pays où il existe également deux grandes familles radicales »53. Certains historiens l’analysent comme une lutte d’influence entre élus. Le rapprochement effectif en 1919 entre Jules Razimbaud et Charles Caffort pourtant structurés en fractions antagonistes depuis 1906 minore ce constat. Le dualisme a d’autres dynamiques, notamment deux fréquemment mises en avant par la presse, l’appartenance maçonnique et le positionnement par rapport aux alliances avec les autres formations de gauche. La césure en fonction de l’appartenance maçonnique constitue sans nul doute un fait original dans l’histoire du Parti républicain radical et radical-socialiste54. Pour autant, il ne faut pas modéliser trop avant le Parti républicain radical et radical-socialiste comme l’expression politique de la Franc-maçonnerie comme l’ont fait de nombreux antimaçons55 et de nombreux historiens. Si de nombreux francs-maçons sont effectivement adhérents du Parti républicain radical et radical-socialiste dès le Congrès de Marseille en 1903, la participation ès qualités des loges à la vie du parti cesse d’être tolérée56. Il y a là une rupture entre adhésion collective comme elle était formulée à l’occasion des premiers congrès du Parti républicain radical et radical-socialiste et engagement individuel dans une organisation politique nationale et locale. Ce dualisme admet un phénomène paradoxal : la dualité institutionnelle de l’organisation fédérale et l’envoi aux Congrès nationaux du même parti de délégués de fédérations concurrentes. Lors du Congrès de Toulouse en 1904, la Fédération de l’Hérault désigne deux délégués « antagonistes » Louis Lafferre et Paul Vigné d’Octon, tous deux parlementaires, attestant de l’importance de l’élu. Le choix de ses délégués n’est pas neutre car chacun d’entre eux représente une « fraction » de la Fédération. Ainsi Louis Lafferre est le représentant de la franc-maçonnerie, du Petit Méridional tandis que son collègue regroupe autour de lui un groupe plus hétéroclite autour de la Dépêche du Midi et d’individualités radicales comme les Razimbaud, les maires de Montpellier (Laissac), de Lodève (Railhac) et de Béziers (Pech), le député Mas57. Les uns, « contestataires » participent à des manifestations au côté des socialistes tandis que les autres, « unitaires » souhaitent la constitution d’un « grand parti républicain » issu de la victoire électorale du Bloc des Gauches. Ainsi grâce à son fractionnalisme, le radicalisme est en position de centralité dans la revendication politique à Béziers.
17C’est sans doute cela la principale force du fractionnalisme radical biterrois, celui de satelliser les autres formations politiques qui pourraient être ses concurrentes. En effet, la création du fédération héraultaise du Parti républicain radical et radical-socialiste intervient trois ans après la mise en place du parti au niveau national et dans un contexte post-électoral celui des sénatoriales de 1904. Louis Lafferre stigmatise le manque d’« organisations » de cette élection qui a vu la victoire de Jules Razimbaud : « quand la fumée de la bataille sera dissipée et que les passions seront apaisées, radicaux et socialistes reconnaîtront probablement avec moi que l’élection de dimanche a été surtout le triomphe du gâchis, et qu’il en sera ainsi tant que les Fédérations organisées ne mettront pas un peu d’ordre dans les affaires de leurs partis »58. Les motivations entre la création nationale du Parti républicain radical et radical-socialiste et la création locale de la Fédération héraultaise républicaine radicale, radicale-socialiste et socialiste sont radicalement opposées. En effet, l’une se construit dans la perspective de préparer une élection, c’est-à-dire dans un but volontariste tandis que l’autre est le résultat d’une défaite électorale imprévue c’est-à-dire que c’est une réponse subie. Pour autant en dépit même de son intitulé « républicaine radicale, radicale-socialiste et socialiste », la création de la fédération s’inscrit dans un processus national de politisation : celui de l’institutionnalisation des partis politiques59. Cette nouvelle structure partisane qui revendique trois épithètes de « radical », « radical-socialiste » et « socialiste », a pour but de « réaliser l’union la plus large des partis favorables à la politique du Bloc des Gauches, elle veut non seulement fédérer l’ensemble des groupements qui se déclarent du radicalisme et du radical-socialisme, mais compte attirer à elle les socialistes, dépassant ainsi sur la gauche le postulat que s’étaient fixé à Paris en juin 1901 les créateurs du Parti »60.
18La campagne électorale de 1910 à l’occasion de l’élection législative de la 1ère circonscription de Béziers donne lieu à un affrontement entre le député sortant Louis Lafferre et le maire de Béziers Henri Pech. La campagne fratricide met face à face deux « fédérations électorales », le Comité républicain radical-socialiste et socialiste soutenant la candidature de Louis Lafferre61 d’une part et le comité Henri Pech62 d’autre part. La composition de leurs groupes de soutien insiste bien sur ce phénomène de satellisation. Cette campagne permet également de souligner à nouveau la dualité de la famille radicale biterroise. Les Fédérations électorales sont présentes dans 23 communes de la circonscription qui en compte 29. Incontestablement, les organisations politiques concurrencent les notables traditionnels en tant qu’« intermédiaires politiques ». La primauté des groupes partisans s’affirme aussi car ceux-ci se concurrencent dans 11 communes qui comprennent plusieurs comités adhérents à une même « Fédération électorale » (Béziers, Cazouls-lès-Béziers, Puisserguier). La commune de Béziers comprend à elle seule 7 organisations sur les 45 participants à cette campagne électorale. La Fédération électorale soutenant le maire de Béziers est la plus nombreuse avec 6 organisations contre 3 soutenant le député. Toutefois, l’une de ses trois associations, le Comité du groupe de défense et de vigilance républicaine de Béziers adopte une structure par sections (Abattoir, Faubourg, Centre, Victor Hugo, Solférino, Capnau, Gare, Saint-Nazaire) témoignant de 1 ‘importance du maillage pour l’implantation d’un parti politique dans une commune urbaine. Le conseil municipal peut-être identifié à cette structure partisane dont le maire est bien évidemment le boss.
19Au regard des dénominations des structures qui s’opposent, il est très difficile d’accorder une primauté au combat idéologique. Ainsi dans le cas de la commune de Marseillan, ce sont deux groupes qui se dénomment « socialiste indépendant » qui défendent l’intérêt de candidats opposés. Une approche rationnelle du pluralisme politique n’est pas aisée pour l’administration préfectorale qui préfère nuancer ses classements en fonction d’un « tribalisme local » : « il est difficile de donner une classification politique à des groupes qui n’ont de raison d’être qu’à cause de divisions internes ou d’intérêts locaux »63. En effet celui-ci paraît être le plus susceptible de rendre compte de la compétition politique à laquelle se livrent à Béziers, le Comité radical-socialiste et socialiste et le Comité du groupe de Défense et de Vigilance républicaine contre le Comité d’Union radicale et socialiste, le Groupe radical-socialiste et socialiste et le Groupe d’Union radicale et socialiste.
20La seule organisation qui semble résister à cette satellisation à la fois en terme électoraux et d’implantation, c’est la SFIO. Toutefois, il s’agit sans doute d’un trompe l’œil orchestré par les oppositions externes au radicalisme, les conservateurs votent souvent socialistes contre les radicaux64 et par celles internes au radicalisme puisque lors du grand meeting fondateur de Jean Jaurès dans les arènes de Béziers parmi les 15 000 spectateurs nombre d’entre eux devait être en fart des électeurs radicaux65.
21L’organisation du radicalisme (son fractionnalisme) tend à modéliser la citadelle non pas sous l’emprise d’une armée (un parti politique) mais sous celle de milices (ses fractions) totalement inorganisées, insoumises et dont l’affrontement devrait avoir pour conséquence finale l’effondrement de la citadelle.
Rupture et ciment d’une forteresse
22La lutte des milices est-elle synonyme de l’effondrement de la structure ? L’histoire du radicalisme à Béziers démontre tout le contraire. Les radicaux perdent la mairie en 1977 après l’explosion de leur parti au niveau national. Le fractionnalisme est loin d’être un gage d’échec électoral. Il permet surtout dans un système très particulier pas de concurrence électorale à droite d’instrumentaliser les autres organisations de gauche. Loin d’être une rupture, il paraît au même titre que d’autres comme un ciment de la citadelle, certes porteurs de tourments.
23Parmi les autres ciments, il faut faire une place tout particulièrement à l’héritage républicain. Il s’agit bien de la mise en place d’une mémoire collective66. Son appropriation pour un parti politique est le gage d’une certaine pérennité électorale. Elle se construit à partir d’un « fondement commun » qui est exprimé au travers de l’ethnotype régional partagé et admis de tous, celui du « Midi Rouge »67. Le radicalisme se construit en référence à la résistance au coup d’Etat du 2 décembre 1851, ne négligeant jamais d’inscrire son action dans le dualisme révolutionnaire. Il s’agit bien de la fusion d’une mémoire collective et d’une mémoire individuelle à partir d’initiative privée et militante. Ainsi à la différence des manifestations parisiennes, les cérémonies commémoratives dans le Biterrois ne sont pas faites en l’honneur de héros anonymes. En 1901, le président de la section de la « Ligue des Droits de l’Homme de Béziers », Antoine Moulin entreprend une demande de réhabilitation de la mémoire d’Abel Cadelard et Joseph Laurent68. Cette entreprise aboutit à la création d’un Monument dédié à Casimir Péret et aux Victimes du Deux-Décembre 1851, consécutif à une souscription lancée en 1905. L’initiative privée est alors à ce stade, relayée par les pouvoirs publics locaux. Le maire de Béziers, Emile Suchon est le président du Comité69, tandis que le conseiller général, Paul Paget est l’auteur d’œuvres commémoratives70. Cet événement magnifie le souvenir républicain, « les journées des 23 et 24 mars resteront inoubliables dans les annales de la démocratie biterroise, car elles ont été comme une résurrection des jours de luttes et de danger où nos ancêtres avaient à combattre toutes les forces réactionnaires coalisées »71 et donne des référents locaux.
24Cette culture républicaine se développe à travers tous les supports. Elle pénètre tous les milieux. Le monde des arts et spectacles est totalement intégré à cette entreprise de construction de domination politique. Le mécène biterrois Ferdinand Castelbon de Beauxostes, le promoteur d’art lyrique aux Arènes73 fut plusieurs fois candidat pour le Parti républicain radical et radical-socialiste74. Le sculpteur biterrois Jean-Baptiste Injalbert est l’auteur de la représentation « quasi-officielle » de la République. Sa Marianne est celle qui est la plus présente dans les mairies françaises grâce à l’action du secrétaire d’Etat, l’audois Henri-Charles Dujardin-Beaumetz75.
25A côté du républicanisme, le radicalisme s’appuie sur un autre ciment celui de la défense viticole. Monde viticole et politique sont étroitement liés comme l’atteste le développement d’un profil de parlementaire spécialisé, porteur des revendications du monde viticole dont Justin Augé est un des premiers exemples, suivis plus tard par, Edouard Barthe et après 1945 par Raoul Bayou76. L’« exemplaire » carrière d’Hyppolite Bernard d’élu radical-socialiste ne remet pas en cause ses engagements en faveur du Parti républicain radical et radical-socialiste et fait apparaître son choix de 1907 comme avant tout conjoncture. Antonin Palazy est plus significatif de l’utilisation des ressources viticoles en politique. En 1905, il crée et devient Président du Comité régional de Défense viticole du Midi qui organise le 2 juillet une manifestation de 15 000 personnes à Béziers77. Ce volet syndical est consécutif à son engagement politique lors des élections législatives de 1902 contre la candidature de Louis Lafferre78. A la différence du précédent cas, d’un élu radical-socialiste choisissant temporairement d’être candidat du comité de défense viticole, Antonin Palazy est lui un vrai candidat « radical-socialiste » de la revendication viticole. Antonin Palazy est présent sur deux marchés, l’un « économique » et l’autre « politico-syndical ». En cela, il est caractéristique d’un des dualismes radical-socialiste balancé entre « les amicales laïques et les intérêts professionnels (syndicats agricoles, groupements corporatifs) ». Le début de la carrière politique d’Antonin Palazy illustre parfaitement l’investissement du capital de départ de « responsable professionnel » (1905) en « représentant politique élu » (1907), sa démission en décembre 1911, sans raisons apparentes, « dans des conditions mal éclairés 79et sans doute la traduction de son non-accès au « pouvoir politique ».
26L’ensemble de ces cas et de ces trajectoires particulières souligne l’implantation sociétale du radicalisme à Béziers. Certains sujets ne profitent pas toujours aux radicaux en place, comme les émeutes du 16 mai 1907 qui sonnèrent le glas de la première municipalité Suchon mais par contre ces événements ne permirent pas à une autre force politique d’arrivée au pouvoir à Béziers, car quand une fraction ne satisfait plus les électeurs une autre fraction est prête à se substituer à elle.
27Le tableau de la citadelle radicale biterroise n’est pas une succession routinière d’élections toujours favorables aux tenants du radicalisme. Pour autant, il s’agit sans doute d’un âge d’or pour le radicalisme biterrois, celui durant lequel il pouvait tout tenter et tout réussir. De cette période, le radicalisme perdura longtemps dans sa centralité politique à Béziers alors que dans le reste du Languedoc son déclin s’amorcera beaucoup plus vite. C’est doute cette différence régionale qui a tendance à faire modéliser Béziers en citadelle radicale, assiégée par la poussée des socialistes et des communistes tout le long du XXe siècle. Mais ce terme de citadelle n’est pas seulement une image effective grâce aux tenants de sa garnison, c’est une réalité car elle a l’adhésion des électeurs qui s’exprime même au travers de bulletin nul : “je vien a complir mon devoir de citoyen comme republicain, mon vote va à un radical mais non a un autre partit” (sic)80.
Notes de bas de page
1 Madeleine Reberioux, La République radicale ? 1898-1914, Paris, Seuil, 1975, 259 p.
2 Gérard Baal, Le Parti radical de 1901 à 1914. Paris, Thèse d’État de Lettres Paris I (ss. dir. Maurice Agulhon), 1991,4 volumes, IV-1742 p.
3 Fabien Nicolas, Ressources privées et mobilisation politique : la construction du Parti républicain-radical et radical-socialiste à Béziers (1901-1939). Montpellier I, Thèse en Science Politique (ss. dir. Paul Alliés), 2004, 614 p., Jean Sagnes, “Le Radicalisme héraultais sous la Troisième République”, Cahiers d’histoire de l’Institut de recherche marxiste, nouvelle série, 1980, n° 1 (35), pp. 65-84.
4 Fabien Nicolas, « Les trois Actes de l’unité : l’institutionnalisation de la SFIO », ss. dir. Fabien Nicolas, La Grappe au Poing. Les Socialistes en Languedoc méditerranéen, Nimes, Editions Champ social, 2007, 122 p., pp. 39-45, Madeleine Rebérioux, « Au Lendemain de l’Unité socialiste, le premier discours de Jaurès à Béziers (30 avril 1905) », Jean Jaurès, Bulletin de la Société d’études jaurésiennes, n° 29, avril-juin 1968, pp. 1-9, Jean Sagnes, Le Mouvement ouvrier en Languedoc. Syndicalistes et socialistes de l’Hérault de la fondation des bourses du travail à la naissance du parti communiste. Toulouse, Privat, 1980, 320 p.
5 Gérard Cholvy, « Le Biterrois, un pays de mission aux XIXe et XXe siècles ? », Chrétiens de Béziers et du Biterrois, Terre de mission, Terre pour la mission, ss. dir. Dominique Avon, Perpignan, Presses Universitaires de Perpignan (Rencontres de Béziers, XIII), 2004, 176 p., pp. 59-76.
6 Philippe Secondy, « Royalisme et innovations partisanes : les « Blancs du Midi » à la fin du XIXe siècle », Revue française de Science politique, vol. 53, n° 1, février 2003, pp. 73-99.
7 Le Petit Méridional, 15 février 1906 : « les Catholiques crient... à cela les Républicains répondent par la Carmagnole et l’Internationale... malgré des incidents dans les rues du Jeu de Mail et de l’Hôtel de Ville, l’inventaire peut s’effectuer ».
8 A.D.H., 3 M. 1232, Élections législatives, 26 avril et 14 mai 1914, Rapport, mesure d’ordre, “employer exclusivement les dénominations suivantes : réactionnaires (y compris les candidats de l’Action Libérale, dont les noms devront être suivis des deux lettres A.L.), progressistes, fédération des gauches, républicain de gauche, radical et radical-socialiste, républicain-socialiste ou socialiste unifié, les socialistes allemanistes ou syndicalistes devront toutefois faire l’objet d’une classification spéciale sous la mention révolutionnaire”
9 Serge Berstein, « Naissance des partis politiques modernes », L’Invention de la démocratie, 1789-1914, (ss. dir.) Serge Berstein et Michel Winock, Paris, Seuil, 2002, 523 p., pp. 415-466, Raymond Huard, La Naissance du parti politique en France. Paris, P.N.F.S.P., 1996, 383 p.
10 Geneviève Gavinaud-Fontaine, Gilbert Larguier, Le Vin en Languedoc et en Roussillon : de la tradition aux mondialisations : XVIe-XXIe siècle. Canet-en-Roussillon, Trabucaïre, 2007, 307 p., Geneviève Gavignaud-Fontaine, Le Languedoc viticole, la Méditerranée et l’Europe au siècle dernier. Publications de l’Université Paul Valéry, 2000, 568 p.
11 Histoire de Béziers, ss. dir. Jean Sagnes. Toulouse, Privat, 1986, 351 p.
12 Jean Sagnes, « Gauche marxiste et gauche jacobine en Biterrois à travers les campagnes de Marcel Cachin et Louis Lafferre en 1906 », Droite et gauche de 1789 à nos jours, Actes du colloque de Montpellier, 9-10 juin 1973 du Centre d’Histoire contemporaine du Languedoc méditerranéen et du Roussillon. Montpellier, Presses de l’Université Paul Valéry, 1975, 377 p., pp. 235-253.
13 Paul Allies, « Les Elections législatives du 24 avril 1910 dans la circonscription de Pézenas-Bédarieux. Changements politiques et continuité notabiliaire », Etudes sur Pézenas et l’Hérault, XI, 1980, 4, pp. 29-41.
14 Pierre Barrai, Le département de l’Isère sous la Troisième République 1870-1940 : histoire sociale et politique. Paris, A. Colin, 1962, 597 p., Christian Estève, A l’ombre du pouvoir : le Cantal du milieu du XIXe siècle à 1914. Clermont Ferrand : Presses universitaires Blaise-Pascal, 2002, 559 p., Louis Mairry, Le Département du Doubs sous la IIIe république. Une évolution politique originale. Besançon, Cêtre, 1992, 486 p.
15 Guy Garcin, Les Elections législatives de 1902 à 1906 dans l’Hérault, Faculté des lettres de Montpellier, Diplôme d’études supérieures sous la direction de Robert Laurent, 1965, Michèle Montcouquiol, Les Elections de 1910 dans le département de l’Hérault. Faculté des lettres de Montpellier, Diplôme d’études supérieures sous la direction de Robert Laurent, 1969, Mireille Ferrand, L’Opinion publique dans le département de l’Hérault en 1914. Faculté des lettres de Montpellier, Diplôme d’études supérieures sous la direction de Robert Laurent, 1969 et Nathalie Gilbert, La Pratique électorale dans l’Hérault à la vieille et au lendemain de la Première Guerre Mondiale. Mémoire de Maîtrise d’Histoire sous la direction de Raymond Huard, Université Paul Valéry- Montpellier III, 1992, 166 p.
16 Fabien Nicolas, Ressources privées et mobilisation politique, op. cit., pp. 45-148 : Chapitre 1 : la Famille politique des électeurs Biterrois.
17 A.D.H. 3 M 1215. Rapport du Préfet de l’Hérault au Ministre de l’Intérieur concernant la candidature de Coutarel, propriétaire viticulteur à Fougères en 1906.
18 A.D.H. 3. M. 1230-1235. Elections législatives, 26 avril et 14 mai 1914.
19 A.D.H. 3. M. 1232, Déclaration de candidature.
20 Gérard Baal, “La Fondation du Parti radical”, L’Age d’or des Républicains (1863-1914), (ss. dir.) Paul Baquiast, Actes du troisième Colloque international de l’A.E.C.P. organisé le 6 juin 1999. Paris, L’Harmattan, 2001, 288 p., pp. 113-141.
21 Alain Bergounioux et Roger Martelli, 1905, création de la SFIO : unité et diversité des socialistes, regards croisés. Paris, Fondation Gabriel Péri, 2006, 62 p.
22 Hervé Bonnet, Les Elections municipales à Béziers, 1912-1935. Montpellier III, Mémoire de maîtrise d’histoire sous la direction d’Yves Billard, 2001, 113 p.
23 Fabien Nicolas, « Le Canton : un espace oublié des partis politiques sous la Troisième République ? Etude de l’emprise électorale du Parti républicain radical et radical-socialiste en Biterrois », Le Canton dans la France contemporaine : nature, structure, fonctions, avenir. Actes du colloque organisé par le CHRISCO (Rennes II), 21-23 septembre 2006 (à paraître Presses universitaires de Rennes, 2008).
24 Eric Phélippeau, “La Fabrication administrative des opinions politiques. Votes, déclarations de candidatures et verdicts des préfets (1852-1914)”, Revue française de Science politique, vol. 43, n° 4, août 1993, pp. 587-612, p. 613.
25 A.D.H.3M.2436,dans la classification, il y a fusion d’une part des “radicaux-socialistes” et des “radicaux” et d’autre part des “nationalistes” et des réactionnaires”.
26 A.D.H. 3 M. 2395, dans la classification, les socialistes sont divisés en deux : unifiés et indépendants.
27 Sylvie Rémy, Les Socialistes indépendants de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle en France. Université de Limoges, Thèse nouveau régime d’histoire, ss. dir. Jean El Gammal, 2001, 923 p.
28 Daniel Halévy, La République des Comités. Essai d’histoire contemporaine de 1895 à 1934. Paris, Grasset, 1934, 194 p., p. 135.
29 Jean Sagnes, « Ces Républicains du Midi qui ont fait l’éducation politique de Jean Moulin », Jean Moulin et son temps (1899-1943), Les Rencontres de Béziers, 9 octobre 1999, (ss. dir.) Jean Sagnes. Perpignan, Presses universitaires, 2000, 155 p., pp. 27-45 et « Le Poids de la tradition familiale », Jean Moulin face à l’Histoire, (ss. dir.) Jean-Pierre Azéma. Paris, R. Laffont, 2000, 418 p., pp. 28-38.
30 La Dépêche, 27 juillet 1907.
31 Arch. Dep. Hérault, 3 M. 1678 et 3 M. 1684, scrutins des 28 juillet et 4 août 1907.
32 Le Petit Méridional, 2 août 1907.
33 René Fournier, Humour et dérision une ville en ébullition, tranches de vie biterroise vues par un journal satirique “le Fouet", 1896-1907. Béziers, Edité par la Municipalité, 1992, 66 p., p. 52.
34 Jean-Pierre Vanderspelden, Injalbert, statuaire, 1845-1933. Béziers, Edité par la Municipalité, 1991, 510 p.pp. 52-57.
35 Paul Pistre, Francs-maçons du Midi. Maçonnerie biterroise et sociabilité urbaine du XVIIIe siècle à nos jours. Perpignan, Ed. Mare nostrum, 1995, 302 p., pp. 136-138.
36 Fabien Nicolas, « L’Entrée en préfecture de Jean Moulin, mobilisation et ressources politiques : les réseaux radicaux », Mélanges offerts au Professeur Roland Andréani. Montpellier, Presses universitaires de la méditerranée, 2007, 298 p., pp. 119-148.
37 A.D.H., 3 M. 1726, Etat du personnel au Conseil général, 16 décembre 1913.
38 Denis Rouquette, « L’Inauguration du monument à Alphonse Mas, ancien maire de Béziers, une initiative d’Antoine Moulin », Etudes sur l’Hérault, numéro spécial Jean Moulin, op. cit., pp. 81-86.
39 Paul Pistre, Francs-Maçons du Midi, Editions Mare Nostrum, Perpignan, 1995, 302 p., p. 134.
40 Le Télégramme, 31 juillet 1913.
41 Le Méridional, 1er août 1913.
42 Le Populaire du Midi, 28 juillet 1913, candidature de Pierre Verdier et Le Petit Méridional, 31 juillet 1913, candidature d’Antoine Moulin. L’Eclair, 28 juillet, 1913 : « M.A Moulin, professeur au collège de Béziers est le candidat de la Petite Chapelle. Il aura pour concurrent M. Pierre Verdier, pharmacien, adjoint au maire de Béziers, désigné par le congrès cantonal de concentration radicale et socialiste ».
43 Jacques Kayser, La Presse de province sous la IIIe République. Paris, Paris, Armand Colin (Cahiers de la fondation nationale des sciences politiques, 92), 1958, 243 p.
44 Fabien Nicolas, « Entre aliénation et domination : les rapports presse-parti dans la construction de l’hégémonie radicale-socialiste à Béziers sous la IIIe République », Communication à la journée d’étude Le Journalisme en démocratie : un contre-pouvoir imaginaire ?, organisée par le Laboratoire Théorie politique et rapports sociaux de l’Université de Paris VIII, le 22 septembre 2006.
45 Roland Andréani, La Presse quotidienne de Montpellier, des origines à 1944. Toulouse, Thèse de Doctorat-es-lettres d’Etat, 1989, 1278 f°, 3 volumes, pp. 922-924.
46 Roland Andréani, La Presse quotidienne de Montpellier, op. cit., pp. 801-802.
47 René Fournier, Humour et dérision une ville, op. cit., pp. 30-31.
48 Giovanni Sartori, Parties and Party Systems. Cambridge, Cambridge University Press, 1976, p. 192 : « les autres partis peuvent exister comme autant de seconds rôles, n’étant pas autorisés à lutter avec le parti hégémonique sur des bases antagonistes égalitaires. Non seulement, l’alternance ne peut pas se produire, mais elle ne saurait exister du fait de l’absence de toute modification de l’équilibre des pouvoirs. En outre, un tel parti reste au pouvoir, qu’il soit aimé ou non, et ne risque aucune sanction en cas de responsabilité, ne pouvant jamais être clairement défié ».
49 « En matière de tactique électorale, le congrès s’est prononcé pour l’unité de candidature aux prochaines élections, conformément à l’intention manifestée le 31 mars par le comité exécutif, après une série d’élections partielles qui avaient montré les inconvénients d’une excessive concurrence entre candidats radicaux » (Baal Gérard, Le Parti radical de 1901 à 1914, thèse d’Etat, université Paris I, 1991, p. 965).
50 François Miquet-Marty, Aux Origines du parti politique moderne. Les groupes sociaux à l’épreuve du formalisme démocratique en France, 1848-1914, thèse, Ecole des hautes études en sciences sociales, 1996, p. 350.
51 Fabien Nicolas, Ressources privées et mobilisation politique, op. cit., pp. 45-148
52 Giovanni Sartori, Parties and Party Systems, op. cit.
53 Jean Sagnes, “Les Radicaux de Montpellier au début du XXe siècle”, op. cit., p. 77.
54 Mildred J. Headings, La Franc-maçonnerie française sous la IIIe République (trad. de l’américain Marie-Thérèse Gravier). Paris, Edition du Rocher, 1998, 253 p.
55 Bruno Clémenceau, “La République, c’est la franc-maçonnerie ou la République vue par les écrivains antimaçons français (1880-1914)”, Journée d’études du 2 septembre 1999 organisé par le centre d’histoire de l’Université Montaigne-Bordeaux III, 10 p. adresse du site de l’Université Montaigne.
56 Gérard Baal, Le Parti radical de 1901 à 1914, op. cit., p. 94.
57 Marc Combas, Le Parti républicain radical et radical-socialiste dans l’Hérault, 1902- 1932. Montpellier III, Mémoire de D.E.A. d’Histoire contemporaine (ss. direct. Raymond Huard), 1992, 54 p.„ p. 19.
58 Louis Lafferre, « Discipline », Le Petit Méridional, 30 juin 1904.
59 Yves Thomas, « L’Institutionnalisation des partis politiques en Europe occidentale de la fin du XIXe siècle à 1914 «, Nouveaux partis, Nouveaux enjeux, (ss. Dir. Françoise Dreyfus), Paris, Publications de la Sorbonne, 2000, 171 p., pp. 5-50.
60 Marc Combas, « L’Evolution politique de la Fédération radicale-socialiste, op. cit., p. 22.
61 Le Petit Méridional, 1er avril 1910.
62 « Candidature Henri Pech », La Dépêche, 3 avril 1910.
63 A.D.H. 3 M 2359, Lettre du sous-préfet de Béziers au préfet de l’Hérault, 11 avril 1904.
64 Paul Allies, « Les Élections législatives du 24 avril 1910 », op. cit.
65 Olivier Dedieu, « Le meeting unitaire du 30 avril 1905, les ambivalences d’un succès annoncé », La Grappe au Poing. Les Socialistes en Languedoc méditerranéen, op. cit., pp. 13-23.
66 Maurice Halbwachs, La Mémoire collective, Édition critique établie par Gérard Namer. Paris, Albin Michel (Bibliothèque de l’Évolution de l’Humanité, 28), 2002 (1er éd. 1950), 297 p., p. 63 : « Il ne suffit pas de reconstituer pièce à pièce l’image d’un événement passé pour obtenir un souvenir. Il faut que cette reconstruction s’opère à partir de données ou de notions communes qui se trouvent dans notre esprit aussi bien que dans ceux des autres, parce qu’elles passent sans cesse de ceux-ci à celui-là et réciproquement, ce qui n’est possible que s’ils ont fait partie et continuent à faire partie d’une même société. Ainsi seulement, on peut comprendre qu’un souvenir puisse être à la fois reconnu et reconstruit »
67 Henri Lemer, « Etre de Gauche dans le Midi », Histoire du Languedoc de 1900 à nos jours, ss. dir. Gérard Cholvy, Toulouse, Privat (Le passé et le présent), 1980, 414 p., pp. 203-253, p. 203 : « Ce terme de Midi rouge est entré dans l’usage courant vers 1900 comme pour mieux souligner l’existence d’un esprit politique propre aux régions méridionales, fondé sur un attachement viscéral à la gauche. Ce vieux fond républicain semble déterminé par le milieu économique et social, dans ces pays à prépondérance agricole, faiblement industrialisé, où de nombreux petits propriétaires se partageaient le sol, les partis de gauche ont aisément trouvé leur terrain d’élection ».
68 Antoine Moulin, Un Républicain martyr, Casimir Péret, Montpellier, Imprimerie Causse, 1937, 115 p.
69 « Casimir Péret », L’Union Républicaine, organe de la démocratie de l’Hérault, 23 mars 1907.
70 Archives du Musée des Beaux-Arts de Béziers, Dossier Monument Péret, « L’Insurgée », Poésie de Paul Paget, dite par Camille Mars à l’inauguration du Monument à Casimir Péret et aux Victimes du deux décembre 1851, 24 mars 1907. Béziers, Imprimerie J.-B. Perdraut.
71 « Les Fêtes républicaines pour l’inauguration Monument érigé en l’honneur de Casimir Péret et des Victimes du Deux-Décembre 1851 », L’Union Républicaine, organe de la démocratie de l’Hérault, 25 mars 1907.
72 A.M.B., Dossier Monument Péret, paroles de Paul Paget, musique de Jean Abauzit.
73 Jacqueline Gachet, Les Représentations lyriques aux Arènes de Béziers de 1898 à 1911. Paris, Thèse de 3e cycle, Paris IV, 1976, 357 p., p. 108.
74 A.D.H., 3 M. 1244, Tract de propagande électorale : “Lettre ouverte à M.A. Milhaud
75 Pierre Bonte, « La Diffusion des principaux modèles de Marianne sous la IIIe République », Entre Liberté, République et France. Les représentations de Marianne de 1792 à nos jours. Paris, Réunion des Musées nationaux, 2003, 95 p., pp. 18-27, p. 25.
76 Olivier Dedieu, « Raoul Bayou, député du vin », Pôle Sud, Revue de Science Politique, n° sp., La “grande transformation” du Midi rouge, n° 9, novembre 1998, pp. 88-110.
77 Geneviève Gavignaud-Fontaine, Le Languedoc viticole, ... op. cit., p. 65.
78 Guy Garcin, Les Elections législatives de 1902 et de 1906 dans l’Hérault, Faculté des lettres de Montpellier, Diplôme d’études supérieures (ss. direct. Robert Laurent), 1965, p. 15.
79 A.D.H., 3 M. 2436, Préfet de l’Hérault à Monsieur le ministre de l’Intérieur, 12 avril 1912 : « Monsieur le Maire, en raison de mon état de santé et de mes occupations personnelles, je me vois de plus en plus dans l’impossibilité de consacrer à mes fonctions tout le temps nécessaire. Dans ces conditions, je crois devoir vous adresser ma démission d’adjoint. Je resterai néanmoins conseiller municipal jusqu’à l’accomplissement de mon mandat ».
80 A.D.H. 3. M. 1808. Élections au Conseil d’Arrondissement de Béziers II, bulletins nuls.
Auteur
Docteur en science politique. Centre d’études politiques de l’Europe latine Université Montpellier I
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