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La révolte du Midi viticole cent ans après, 1907-2007

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Jean Sagnes

Première partie. La France face à la révolte du midi

Montéhus et le chant du 17e, du mythe des mutins au mythe des garibaldiens de 1914

Hubert Heyriès

Texte intégral

1Comparer le mythe des mutins du 17e et celui des garibaldiens de 1914 semble à première vue une gageure. Pourtant, il y eut bien un lien. Le 6 janvier 1915, en effet, Montéhus publia dans le quotidien La guerre sociale un poème rédigé en l’honneur d’un des petits-fils de Garibaldi, Bruno, mort au champ d’honneur le 26 décembre 1914 en Argonne. Or ce poème fut construit sur le modèle du chant Gloire au 17e composé en 1907, peu de temps après les événements du 21 juin 1907, lorsque des soldats du 17e régiment d’infanterie levèrent la crosse de leur fusil à Béziers en pleine crise viticole.

  • 1 Jean Sagnes, « La révolte de 1907 dans la chanson d’hier et d’aujourd’hui », La vigne et la civilis (...)
  • 2 Pierre Bonet, Les sentiments et les revendications des classes laborieuses en France au travers des (...)

2Gloire au 17e est une chanson populaire à une époque où la chanson occupait une place particulière, plus que le roman et le théâtre, comme le souligna très judicieusement Jean Sagnes1. La chanson constituait ainsi un élément de propagande faisant passer des idées fortes de manière simple, donc constitutives de mythe. En l’occurrence il s’agit d’une chanson témoignage s’adressant à un public précis, regroupant non seulement des vignerons, mais aussi des soldats et des hommes de gauche, socialistes, anarcho-syndicalistes2.

3L’ode à Bruno Garibaldi relève de la même démarche politique et populaire, mais avec sans doute un autre but : celui d’exalter en France l’amitié franco-italienne retrouvée sur le champ de bataille comme lorsque Giuseppe Garibaldi vint offrir son épée à la République française contre l’ennemi allemand en 1870-1871. Les Français pouvaient ainsi constater que les Italiens n’étaient pas des ennemis malgré la signature par Rome de la Triplice en 1882 aux côtés de Berlin et de Vienne. Les Italiens, quant à eux, appréciaient de voir la France honorer ses héros morts pour elle, et certains d’entre eux pouvaient éprouver le sentiment d’entrer en guerre aux côtés des Alliés pour les venger. Mussolini lisait La Guerre Sociale, n’hésitant pas à lui emprunter des caricatures ou des articles, et Montéhus était connu dans les milieux socialistes révolutionnaires internationaux, Lénine ne sifflait-il pas à Paris en 1910-1911 l’air de Gloire au 17e ?

  • 3 cabanel, j ennifer. free. fr/reserve_2/montéhus. doc

4Montéhus, de son vrai nom Gaston Brunswick, naquit à Paris dans le Xe arrondissement le 9 juillet 1872 (et mourut dans le XVe le 31 décembre 1952)3. Imprégné de l’histoire de la Commune (il prétendait que son père avait été communard), il situa ses débuts en 1887 au cours d’une cérémonie en l’honneur de la Commune en présence de Louise Michel. Durant son service militaire au 153e de ligne de Toul, de 1892 à 1896, il écrivit plusieurs chansons sur l’armée. L’affaire Dreyfus le fit basculer dans le camp des Dreyfusards, et il fut initié au Grand Orient de France le 5 mars 1902. Animé d’idées socialisantes et humanistes, il adhéra par la suite à la SFIO en 1905, prêchant au début plus la résignation que la révolte. Mais à partir de 1906, il rejoignit la Guerre sociale, de Gustave Hervé, devint violemment antimilitariste tout en manifestant des idées patriotiques, et prêcha la révolte ouvrière révolutionnaire au nom de rêves de justice sociale, de fraternité interclassiste, d’anticléricalisme militant, de républicanisme garant du respect des droits de l’homme, et d’amour de la France jacobine. De 1910 à 1914, il connut alors ses heures de gloire, jouissant d’une réputation internationale.

  • 4 Pierre Albert, « La presse française de 1871 à 1940 », Histoire générale de la presse française, t. (...)

5La Guerre sociale, quotidien lancé en 1906 par Gustave Hervé et dans lequel Montéhus publia son poème en l’honneur de Bruno Garibaldi, s’affirmait comme un organe antimilitariste en marge de la SFIO, avec une assez forte audience populaire en tirant à plus de 50 000 exemplaires. Gustave Hervé rêvait de créer autour de son journal un parti plus authentiquement révolutionnaire. Or la guerre fut pour Hervé « son chemin de Damas »4. Il se rallia à l’Union sacrée et devint un farouche jusqu’auboutiste, nationaliste, offrant un curieux mélange d’idéalisme socialiste et d’appels à la résistance du monde « libre », cherchant par tous les moyens à convaincre les Italiens, plus particulièrement les socialistes italiens neutralistes au nom d’un internationalisme pacifisme, à entrer en guerre aux côtés des démocraties occidentales. La tentation fut grande d’utiliser les garibaldiens morts en Argonne pour rapprocher les Français des Italiens et pour encourager la minorité interventionniste italienne (nationalistes, radicaux francs-maçons, républicains, socialistes révolutionnaires mussoliniens, libéraux conservateurs, le président du Conseil Salandra et le ministre des Affaires étrangères Sonnino, l’entourage du Roi et le roi lui-même) à s’imposer à la majorité neutraliste regroupant les socialistes, les catholiques et les libéraux giolittiens. Montéhus soutint l’action de Gustave Hervé.

6Rien ne semble rapprocher cependant les « pioupious » du 17e et les garibaldiens de 1914.

  • 5 Jules Maurin, Armée-guerre-société, soldats languedociens (1889-1919), Paris, publications de la So (...)
  • 6 Voir en particulier le remarquable ouvrage de Rémy Pegh et Jules Maurin qui fait le point historiog (...)

7Les mutins du 17e étaient des conscrits des classes 1903-1904-1905 effectuant leur service militaire, 600 hommes environ originaires à 80 % de la subdivision de Béziers, et à 60 % de l’agriculture-viticulture, avec 27 % d’entre eux issus de l’artisanat et du commerce, donc liés à la vigne, comme Jules Maurin5, Rémi Pech et Jean Sagnes l’ont montré. Leur histoire fait d’ailleurs l’objet d’un renouvellement historiographique qui tend à décortiquer le mythe dont ils ont fait l’objet en privilégiant l’analyse, l’étude archivistique, l’utilisation de la presse, de la littérature et des chansons, ainsi que le recours aux témoignages écrits et oraux6.

  • 7 Voir Hubert Heyriès, Les garibaldiens de 14. Splendeurs et misères des Chemises rouges en France de (...)

8Les garibaldiens, quant à eux, furent incorporés dans un régiment de la Légion étrangère, le 4e régiment de Marche du 1er régiment Étranger, plus communément appelée Légion garibaldienne. Créé le 5 novembre 1914, ce régiment accueillit six petits-fils de Garibaldi, dont Peppino qui en prit le commandement, et près de 2 300 volontaires italiens originaires de France et d’Italie, et aux motivations différenciées. Certains s’engagèrent par amour pour la France et souhaitèrent s’intégrer par le sang, d’autres par idéal romantique garibaldien solidaire de la civilisation latine, d’autres encore par nationalisme, pour forcer l’Italie, qui avait proclamé sa neutralité le 2 août 1914, à s’engager du côté des Alliés, d’autres enfin pour défendre la France républicaine des droits de l’Homme, porte-flambeau des espérances démocratiques des peuples asservis et envahis7. Ils étaient d’origines sociales diverses, ouvriers et artisans, étudiants, intellectuels, professions libérales, mais tous se retrouvaient sur une certaine idée du don de soi pour une cause supérieure.

9Les contextes furent également très différents.

  • 8 Maurice Agulhon, préface de 1907 : Les mutins de la République..., op. cit., p. 9.

10La crise de 1907 est largement connue, et il n’est pas de notre ressort d’en présenter ici les différents aspects. Signalons toutefois, malgré le contexte festif et républicain des manifestations qui virent s’affronter « le Gouvernement le plus républicain de la Belle Époque et le peuple méridional le plus républicain de la province française », comme l’écrivit Maurice Agulhon8, les incidents qui mirent aux prises l’armée et la population : le 9 juin à Narbonne, le 13 juin à Montpellier, le 15 juin à Perpignan, et les 19-20 juin à Narbonne où le 139e de ligne tirant sur la foule fit un total de 6 morts. Dans la nuit du 18 au 19 juin, le 17e, jugé peu sûr, avait été envoyé à Agde, mais dans la nuit du 20 au 21 juin, 589 d’entre eux décidèrent de repartir à Béziers en levant la crosse de leur fusil en signe de mécontentement et de condamnation des événements de Narbonne. Le gouvernement de Clemenceau temporisa et négocia, les émeutiers rentrèrent toutefois dans la caserne de Béziers dans l’après-midi du 21 juin en échange d’un pardon accordé place Garibaldi, et furent par la suite transférés en Tunisie à Gafsa. Ce fut le point d’orgue de la crise. Puis, le gouvernement offrit des garanties contre la fraude sur les vins, le mouvement périclita fin juillet et le calme revint en août. Le mythe des mutins du 17e commença alors avec la création du chant Gloire au 17e, paroles de Montéhus et musique de Chantegrelet et P. Doubis, même si la « mutinerie » du 17e s’inscrivit dans un contexte pacifique.

11En revanche le contexte du mois de janvier 1915, était celui d’un pays en guerre contre l’Allemagne depuis le mois d’août 1914, avec des centaines de milliers de morts. La guerre s’installait dans la durée et s’embourbait dans les tranchées, la stratégie du grignotage du front prônée par Joffre était coûteuse en hommes. Le miracle de la Marne était encore dans tous les esprits, les rouages démocratiques avaient été mis entre parenthèse au profit des militaires, la censure et le bourrage de crâne manipulaient l’opinion, et surtout les dérives nationalistes étaient légions. À cela s’ajoutait le besoin de faire entrer l’Italie dans le camp des Alliés contre les puissances germaniques, alors que l’Italie n’avait toujours pas dénoncé la Triplice. Or la légion garibaldienne avait été engagée le 26 décembre 1914 en Argonne contre les Allemands, et cet engagement avait été particulièrement sanglant, les pertes avaient été lourdes, et Bruno avait été tué au combat. Plus précisément, le 6 janvier 1915, lorsque Montéhus publia son ode à Bruno, on venait d’apprendre .un nouvel engagement la veille en Argonne de la légion garibaldienne. Cette fois-ci, des tranchées allemandes avaient été conquises et des ennemis avaient été faits prisonniers, mais un autre petit-fils de Garibaldi, Costante, y avait laissé la vie. Ainsi, depuis la fin décembre 1914, ces garibaldiens de l’Argonne faisaient l’objet d’un véritable matraquage médiatique qui touchait toute la presse quotidienne française et italienne (à l’exception des organes triplicistes), une médiatisation qui transfiguraient et héroïsaient ces nouveaux martyrs de la guerre, au point de faire d’eux de nouveaux mythes.

12Alors comment expliquer ce lien entre ces deux mythes émergents, celui des mutins du 17e et celui des garibaldiens de l’Argonne ? Le mythe des mutins ne nourrit-il pas en France le mythe garibaldien, et inversement ? Le choix de Montéhus découla sans doute du fait qu’en 1915, le mythe des soldats du 17e était particulièrement vivant, chacun pouvait en effet faire le lien entre les deux histoires. Il suffit d’associer les deux textes pour s’en rendre compte (cf. annexe).

13À la réflexion, trois points, semble-t-il, rapprochent ces deux événements et les deux textes :

  • La défense de la République sociale et de la République universelle.

  • Le passage du soldat-citoyen au citoyen-soldat.

  • L’instrumentalisation politique et idéologique des deux mythes se nourrissant mutuellement.

La défense de la République sociale et de la République universelle

14Dans les deux textes, Montéhus exalte la République, une République sociale en 1907, une République universelle en 1915.

  • 9 Jean Sagnes, « La révolte de 1907... », op. cit., p. 180.

15La République apparaît en effet en 1907 et en 1915 au cœur des débats. En 1907, Montéhus dénonça le fait que la République des Bourgeois et des puissants pouvait trahir les meilleurs de ses enfants, ceux qui étaient issus du peuple et qui, incorporés dans l’armée pouvaient tirer sur leurs frères et leurs parents, au sens propres, puisqu’ils étaient issus de la région militaire. Les soldats du 17e auraient ainsi assassiné la République en tirant sur les pères et mères, comme ceux du 139e l’avaient fait à Narbonne. En 1907, d’après Jean Sagnes, à juste titre, Montéhus cherchait à défendre la République de deux façons : empêcher de la discréditer aux yeux de l’opinion populaire (il n’évoqua pas le massacre de Narbonne) et montrer que l’armée des citoyens empêchait toute dérive vers la dictature9.

16Mais cette République répondait aux exigences de la justice sociale. Les conscrits refusèrent ainsi de devenir les auxiliaires de la répression car, selon eux, ce n’était pas le rôle de l’armée républicaine. Ils se devaient de protéger les petites gens, en l’occurrence les vignerons, face à des bourgeois nantis qui encourageaient la fraude et exploitaient la misère humaine. Montéhus identifiait ainsi la République à la mère nourricière, source de progrès et de lutte contre l’obscurantisme et la dictature, incarnation de l’humanité triomphante et pacifique, garantissant la défense des droits de l’homme. En définitive, l’allusion au sillon de l’humanité, en 1907, inscrivait Montéhus dans la tradition internationaliste des révolutionnaires du XIXe siècle, marquée par l’espérance en l’avènement d’une République sociale.

  • 10 Maurice Agulhon, « Le mythe de Garibaldi en France de 1882 à nos jours », Histoire vagabonde, Paris (...)

17En 1915, la mort de Bruno Garibaldi permit au poète d’exalter une autre République qui renvoyait aux fondements de la culture humaniste gréco-latine civilisationnelle. Les allusions au noble fils de l’Italie, qui se battait pour le monde et sa dignité, pour la liberté et la libération du genre humain, au nom de l’union fraternelle franco-italienne traduisirent des sentiments profondément attachés à l’idée de la république universelle, héritière de la république sociale. Le discours de Montéhus s’appuyait toutefois sur un socle culturel commun : la geste garibaldienne de 1870-1871 qui fit entrer Garibaldi dans le Panthéon moral des Français10. Le garibaldisme renvoyait en effet à ces idéaux internationalistes de république universelle : droit des peuples et des minorités nationales, garanties des libertés fondamentales, défense des valeurs démocratiques..., en un mot, la civilisation latine menacée en 1915 par la barbarie germanique. Au fond, se dessinait ainsi un nouveau Limes antique, protégeant le monde libre latin de l’autoritarisme germain. Bruno Garibaldi devint ainsi le héros et le héraut de ce monde que Montéhus voulait protéger de la ruine et de la servitude en écrivant : tu as versé ton sang pour notr’indépendance. Bruno apparaissait ainsi comme un frère de lutte des soldats du 17e.

  • 11 Maurice Agulhon, préface de 1907 : Les mutins de la République..., op. cit., p. 11.

18Ce n’est pas un hasard si les mots paix, concorde, bonheur, humanité, se retrouvent de façon interchangeable dans les deux textes. Mutins du 17e et garibaldiens de 1914 se battaient pour une même cause : la République, assimilée à l’époque au Bien en politique11.

19Ainsi, Montéhus apparut comme un patriote internationaliste, patriote français par amour de la République, patriote du monde par universalisme. Les mutins du 17e et les garibaldiens incarnèrent cette double appartenance, et se retrouvèrent sur l’idée nécessaire qu’il fallait défendre la République partout où elle se trouvait en danger, non seulement au niveau régional (dans le Languedoc et à Béziers), mais aussi au niveau national (contre Guillaume II, le bourreau), et enfin au niveau international méditerranéen, grâce à l’union fraternelle franco-italienne.

Du soldat-citoyen au citoyen-soldat

20Cette défense de la République dépendait cependant du comportement de l’armée-nation. Or, selon Montéhus, cette armée-nation était constituée de soldats-citoyens et de citoyens-soldats. Au fond, si en 1907, les « pioupious » apparaissaient comme des soldats-citoyens, en 1915, les garibaldiens incarnaient sans doute des citoyens-soldats. De sorte que ces deux types de militaires se rejoignaient pour le même idéal.

  • 12 Construire l’armée française : textes fondateurs des institutions militaires. Sous la IIIèmeRépubli (...)

21Pour Montéhus en effet, le soldat-citoyen était capable de refuser un ordre ou un système inique, c’était sa caractéristique propre. Aussi le poète évoqua-t-il l’idée sous-jacente que les soldats du 17e avaient refusé l’ordre de tirer sur la foule en écrivant : légitim' était votre colère, le refus était un grand devoir. Peu importait au fond que cela ne fut pas exact, nous savons qu’il n’en fut rien. Il s’agissait avant tout de donner un signe de démocratie républicaine propre à l’époque. Le long processus de construction de l’armée-nation grâce aux lois de 1872, 1889 et 1905, avec la création d’un service militaire universel, obligatoire et égalitaire finit en effet par aboutir à l’idée que l’armée désormais nationale ne pouvait plus être utilisée à des fins de répression policière intérieure. D’autant qu’en échange de l’acceptation de ce service universel, les paysans obtinrent le droit de bénéficier d’un recrutement régional dans l’infanterie12.

  • 13 Jean Jaurès, L’armée nouvelle, présentée par Jean-Noël Jeanneney, Paris, Imprimerie nationale, 1992 (...)

22Pour autant, deux types d’armées s’affrontaient : celle des soldats du 17e qui respectait la morale, la justice, et la République, et celle du 139e qui tirant sur la foule, apparaissait comme l’instrument aveugle de la répression. Cette dernière image négative de l’armée nourrit l’antimilitarisme de Montéhus, au nom de la tradition socialiste et anarcho-syndicaliste condamnant l’armée permanente. Montéhus au contraire exalta l’armée de la nation, consciente de ses droits (assurer la défense à l’extérieur) et de ses devoirs (défendre les plus vulnérables à l’intérieur) annonçant le modèle de l’armée milicienne défendue par Jean Jaurès quelques années plus tard en 191013.

23De fait, le comportement des soldats du 17e permit d’appréhender le passage d’un devoir de défense national à un devoir national de défense. Or le garibaldien de 1914 incarna, de son côté, le citoyen-soldat conscient de son devoir national de défense. Montéhus honora en effet l’engagement volontaire désintéressé et sacrificiel : ton beau geste héroïque, – fièrement tu as versé ton sang sans regret pour notr' indépendance. En ce sens, il adhéra, sans le savoir sans doute, aux conceptions que se faisait Garibaldi du devoir de défense.

  • 14 Hubert Heyriès, « Garibaldi et la guérilla », RHA, dossier spécial : Guérillas, n° 1- 1998, pp. 38- (...)

24Garibaldi, en effet, considéra en permanence que l’action militaire ne pouvait se dissocier de l’engagement politique de volontaires, incarnant la nation en armes et rendus invincibles par la hauteur de leur sens moral et par leur foi sans limite dans la cause pour laquelle ils se battaient14. Ces derniers, qui incarnaient les soldats de la révolution, voire les nouveaux croisés laïques, échappaient à une dimension étroitement nationale. Ces Chemises rouges devenaient l’avant-garde d’une armée-nation solidaire, défendant des valeurs reposant sur les principes universels de liberté, de fraternité, de démocratie républicaine parlementaire, de justice humaniste, de droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, de laïcité anti-cléricale et spiritualiste, de lutte contre toute forme de despotisme, d’obscurantisme, de politique réactionnaire et contre-révolutionnaire. En 1914, beaucoup d’entre eux avaient fait d’autres campagnes, dont celle de 1897 et de 1912 en Grèce. Leur combat en France s’inscrivait dans une tradition garibaldienne internationaliste et interventionniste, au secours des peuples opprimés comme ce fut le cas au XIXe siècle et en particulier en 1870- 1871. Bruno était la figure emblématique de ce garibaldisme au service de la cause universelle, et à travers lui, tous les volontaires, garibaldiens et autres, venus se battre par idéal trouvaient un rachat proche du sacré. Le sacrifice et le martyr de ces Italiens, héritiers de la Rome républicaine antique, portes flambeaux des espérances démocratiques, justifiaient tous les hommages.

25Au fond, Montéhus faisait des soldats du 17e et des garibaldiens de l’Argonne, à travers l’hommage rendu à la mort de Bruno, des figures mythiques, récupérés à des fins de politique intérieure et internationale.

La construction des mythes et leur instrumentalisation

26Le discours de Montéhus alimenta en effet le mythe des soldats du 17e et contribua à forger le mythe des garibaldiens de l’Argonne. Mais ces mythes eurent des destinées différentes.

  • 15 Rémy Pech et Jules Maurin, op. cit., pp. 219-230.

27L’impact du chant, Gloire au 17e fut considérable et devint un chant de référence antimilitariste, internationaliste, et pacifiste dans les milieux de la gauche révolutionnaire, socialiste et anarcho-syndicaliste. La dénonciation de l’utilisation de l’armée dans la répression des conflits sociaux, et l’exaltation de la mutinerie des soldats du 17e se retrouvaient dans les discours de la CGT et de la SFIO. D’où le succès du chant dans ces milieux de gauche, avant-guerre et durant l’Entre-deux-guerres. Mais, comme l’ont montré de façon irréfutable Rémi Pech et Jules Maurin, les trois éléments constitutifs du mythe (le refus d’obéir à l’ordre de tirer sur la foule, la sanction mortifère à Gafsa, et l’extermination planifiée des soldats du 17e au cours de la Grande Guerre) relèvent de l’affabulation plus que de la vérité historique15. De fait, il y eut un décalage entre l’instrumentalisation politique et psychologique et la réalité historique. Le rôle de la presse et des discours politiques apparaît sur ce plan décisif. Or, le traitement médiatico-politique dont les mutins du 17e firent l’objet fut sensiblement le même dans la forme, que celui qui concerna les garibaldiens de 1914.

  • 16 Ibid., y. 236.

28Comme le démontre remarquablement Rémy Pech, les soldats du 17e firent l’objet d’un traitement médiatico-politique remarquable. Le Petit Parisien, plus proche du gouvernement mit l’accent sur la rébellion militaire mais aussi sur l’apaisement rapide. L’Aurore, clémenciste par excellence, préféra jouer la carte de l’apaisement, en minimisant la rébellion armée. À Toulouse, Le Télégramme, pour contrer la Dépêche de Toulouse, son concurrent dirigé par des proches de Clemenceau, insista sur l’enthousiasme populaire devant le geste des soldats de lever la crosse. Bref, les journaux se positionnèrent en fonction de leur soutien ou de leur opposition au gouvernement de Clemenceau, nourrissant de ce fait un mythe positif ou négatif selon les positions politiques. Sur le plan politique, la SFIO publia dans L’Humanité du 30 juin 1907 un long manifeste glorifiant la noble et courageuse résistance des soldats du 17e [...] le plus grand fait social qui se soit produit depuis trente-cinq ans. Désormais les prolétaires ne voulaient plus être et seraient de moins en moins les fusilleurs des prolétaires. Tandis que la CGT diffusait un tract faisant de l’acte des soldats du 17e un acte spontanée antimilitariste, annonçant des actions de subversion future pour faire échec à l’ordre bourgeois qui ne maintenait l’armée que par la guerre intérieure16.

  • 17 Hubert Heyriès, « La médiatisation et la légion garibaldienne dans la presse quotidienne italienne, (...)

29De leurs côtés, les garibaldiens de 1914 connurent le même processus17.

30Les journaux neutralistes italiens (Avanti !, socialiste, L’Italia, catholique, La Stampa, libéral giolittien) ne cessèrent de mettre l’accent sur les souffrances et les vexations dont les volontaires qui mettaient en péril la neutralité de leur pays, furent les victimes : interdiction de constituer une unité en soi, interdiction d’aller se battre dans les Balkans contre l’ennemi autrichien séculaire, interdiction de la chemise rouge, sauf sous la vareuse, et encore, à condition de la boutonner jusqu’au cou, mauvais traitements infligés par les officiers de la Légion qui accusaient ces volontaires italiens de venir manger le pain des Français. Peppino Garibaldi n’avait pu prétendre qu’au grade de lieutenant-colonel, et non de général comme son grand-père en 1870. Pour ces journaux, ces volontaires n’étaient-ils pas des mercenaires à la solde du militarisme le plus obtus, obligés de s’engager dans la Légion étrangère ?

31En revanche, les milieux interventionnistes exaltèrent leur engagement dans leurs journaux (Il corriere della Sera, libéral conservateur, organe du gouvernement, Il popolo d’Italia, socialiste mussolinien, Il secolo, radical, L’idea nazionale, nationaliste) et les aidèrent matériellement en appelant le peuple italien à la vengeance et à l’entrée en guerre dans le camp des Alliés. Le 6 janvier 1915, des centaines de milliers de Romains se pressèrent le long des avenues pour voir passer le cortège funèbre accompagnant au cimetière de Campo Verano, la dépouille de Bruno transférée depuis l’Argonne, dans une communion franco-italienne et anti-allemande, ouvertement interventionniste et belliqueuse. Ce n’est pas un hasard si Montéhus y fit allusion dans son ode à Bruno : En avant ! Quand, à Rome, la foul’empressée, va demain suivre ton enterrement ! Oui, le peuple va crier vengeance !.

32Les garibaldiens firent aussi l’objet d’une propagande héroïsante du fait de l’importance des pertes : un tiers des effectifs engagés.

  • 18 Enrico Lelli, « Come sono morti i nostri Garibaldini. Nuovi commoventi episodî délla gloriosa giorn (...)

33La mort de deux petits-fils de Garibaldi en Argonne, Bruno et Costante donna ainsi l’occasion aux interventionnistes de transfigurer ces nouveaux héros des temps modernes. Les exemples sont nombreux. Prenons la relation du combat du 26 décembre 1914 qui parut dans Il Secolo le 3 janvier 191518, sous la plume d’Enrico Lelli, article dans lequel la transfiguration de Bruno Garibaldi atteignit un niveau exceptionnel :

[...] [Au combat], Bruno Garibaldi est touché une première fois à la main gauche. Ce n’est rien ; une simple égratignure ! crie-t-il à ses compagnons. Un second projectile lui traverse de part en part la jambe gauche. « Vive l’Italie ! » crie-t-il encore. Un nouveau projectile lui traverse la poitrine. Se comprimant la blessure dont coule le sang à flot, Bruno se baisse sous un arbuste qui le protège. Il a à côté de lui le soldat Ottani, légèrement blessé. Par un effort surhumain le jeune héros réussit à se baisser jusqu’à lui pour l’embrasser et lui dire : « Embrasses mes frères pour moi ». Mais il veut mourir debout ! S’appuyant avec la main droite sur sa carabine, avec un dernier reste d’énergie, il se redresse fièrement ; jusqu’à ce qu’il s’abandonne de nouveau sous l’arbuste, la tête en avant comme s’il voulait courir contre l’ennemi. Et voilà, il baisse la tête. Il vient d’expirer ! Il est le premier des Garibaldi qui meurt dans la bataille. Digne petit-fils du chevalier de l’Humanité !

  • 19 Charles Maurras, « La Politique. I. Les jeunes Garibaldi », L’Action française, 7 janvier 1915, édi (...)

34En France, ces garibaldiens bénéficièrent d’une sorte d’Union sacré sur le nom qu’il portait. Même Charles Maurras, qui haïssait tout ce que pouvait représenter Garibaldi, rendit hommage au sacrifice de ses deux petits-fils le 7 janvier 1915 dans L’Action française19.

Étrange, belle, forte et surtout bienfaisante vertu des idées et du temps ! Est-il dans tout ce que nous nommons l’histoire contemporaine, un point de fait plus discuté, plus justement et plus passionnément discuté, que le rôle des garibaldiens et de Joseph Garibaldi, il y a quarante-quatre ans ? Mais en revanche existe-t-il rien de moins discutable, rien de plus noble, de plus beau, rien qui plane mieux au-dessus de la passion et même de la raison, rien de plus héroïquement émouvant que cette double tragédie des petits-fils de Garibaldi au fond de la tranchée d’Argonne tombés tous deux à la tête, l’un de sa section, l’autre de sa demi-section, pour l’amour de la France et des causes diverses auxquelles ces jeunes héros associaient le nom de notre Patrie ? [...] Hors de France, la race de celui qui passa pour ne s’être jamais intéressé qu’à la Révolution européenne vient d’apporter le génie de son dévouement, l’effort de son jeune courage et toute l’effusion radieuse de son beau sang à la défense matérielle de ce qu’il y a de plus concret dans la notion de notre France : notre territoire envahi ! [...] Un engagement historique en lui-même douteux, controversé, controversable, a fait des jeunes Garibaldi les plus ardents, les plus utiles de nos compagnons d’armes et de nos défenseurs.

35Les militaires français firent aussi tout leur possible pour honorer ces héros italiens venus se battre et pour beaucoup d’entre eux mourir pour la France en leur accordant distinctions, médailles et promotions. Les plus hauts responsables politiques à l’image du président de la République Raymond Poincaré ou du président de la Chambre Paul Deschanel rendirent un hommage vibrant au sacrifice de ces nouveaux alliés. Tout ce qui pouvait inciter les Italiens à choisir le bon camp fut mis en œuvre, de sorte que les garibaldiens furent bien plus des jouets entre la France et l’Italie d’une part, et entre neutralistes et interventionnistes d’autre part que des simples volontaires engagés par idéal.

  • 20 Pierre Milza, « La légion des volontaires italiens dans l’armée française : une antichambre du fasc (...)

36Pour autant, l’exaltation patriotique héroïsante de Bruno Garibaldi par Montéhus fut instrumentalisée par la propagande mussolinienne interventionniste et par les nationalistes qui commencèrent à dire : « la route de Trente et de Trieste passe par l’Alsace-Lorraine ». Les morts de l’Argonne devinrent ainsi des instruments de propagande nationaliste prônant la guerre au nom de la régénérescence de l’Italie, autant de thèmes que l’on retrouve après-guerre et qui font dire à Pierre Milza que la légion garibaldienne de 14 était peut-être une antichambre du fascisme20.

37De l’autre côté, l’hommage que Montéhus rendit à Bruno Garibaldi, exaltant la défense de la République universelle, l’amitié franco-italienne, le sacrifice du citoyen-soldat, les valeurs de fraternité et de solidarité entre les peuples opprimés, alimenta un mythe repris par la gauche maçonnique, radicale-socialiste, communiste et libertaire, qui au moins jusqu’en 1926, et surtout à partir de 1937, prit les armes contre le fascisme, le nazisme et le franquisme.

38Ainsi, le mythe des garibaldiens de 14 auquel contribua Montéhus fut-il brouillé entre fascisme et anti-fascisme, tandis que celui des soldats du 17e fut plus clairement identifié politiquement à la gauche révolutionnaire.

Conclusion

39Mais en 1907 et en 1915, Montéhus entendait exalter la défense de la République sociale et universelle, la civilisation latine, tout en faisant de ces hommes des citoyens soldats et des soldats citoyens prêts à mourir pour une cause belle et noble, aux accents révolutionnaires et régénérateurs, ancrée dans l’histoire des droits de l’Homme et de la démocratie, et porteuse d’idéaux de droit, de justice, de fraternité, d’égalité et de liberté. Les deux hommages se rejoignaient sur des idées simples : faire la guerre à la guerre, sociale et autre, au nom de la fraternité universelle en quête de paix et de concorde, comme il est dit à la fin des deux textes.

40Le mythe des garibaldiens de 14, héros d’un monde plus juste et plus libre, pouvait renforcer le mythe des soldats du 17e, eux aussi héros d’un monde plus juste et plus libre. Montéhus faisait ainsi une synthèse entre son patriotisme et son internationalisme, surmontant ses contradictions qui risquaient à tout instant de basculer dans un nationalisme intransigeant. Ce n’est pas un hasard si le 6 août 1914, dans la Guerre Sociale, il se présenta comme un patriotard internationaliste. L’évolution du mythe des mutins au mythe des garibaldiens traduit sans doute les hésitations de ces socialistes révolutionnaires, à la fois patriotes, républicains, et internationaliste, pris dans la tourmente de la Grande guerre et sensibles au mythe garibaldien, républicain, socialiste et libertaire.

41Les mutins du 17e ne devenaient-ils pas les figures inconscientes d’un garibaldisme à la française, fondement d’une République généreuse, fraternelle et universelle ?

Annexes

Annexe. Gloire au 17e

Refrain

Salut, salut à vous,

Braves soldats du dix-septième

Salut, braves pioupious,

Chacun vous admire et vous aime.

Salut, salut à vous.

À votre geste magnifique,

Vous auriez, en tirant sur nous,

Assassiné la République.

Légitim’ était votre colère.

Le refus était un grand devoir.

On ne doit pas tuer ses père et mère

Pour les grands qui sont au pouvoir.

Soldats, votre conscience est nette :

On n’se tue pas entre Français.

Refusant d’rougir vos baïonnettes,

Petits soldats, oui vous avez bien fait.

Comm’les autres, vous aimez la France,

J’en suis sûr, même vous l’aimez bien.

Mais sous votre pantalon garance,

Vous êtes restés des citoyens.

La patrie, c’est d’abord sa mère,

Cell’qui vous a donné le sein.

Il vaut mieux même aller aux galères

Que d’accepter d’être son assassin.

Espérons qu’un jour viendra en France

Où la paix, la concorde régnera.

Ayons tous au cœur cette espérance

Que bientôt ce grand jour viendra.

Vous avez j ’té la première graine

Dans le sillon de l’humanité.

La récolte sera prochaine

Et ce jour-là vous serez tous fêtés.

Paroles : Montéhus 1907 Musique : Chantegrelet et P. Doubis

Bruno Garibaldi mort au champ d’honneur

Refrain

Salut, salut à toi,

O noble fils de l’Italie !

Salut, salut à toi,

Toi qui meurs pour notre patrie !

Salut, gloire et honneur,

À ton beau geste héroïque !

Que ta mort unisse nos cœurs !

Salut au nom d’là République !

Dans l’horrible et sanglante mêlée

En héros marchant au premier rang

En tenant haut ta vaillante épée,

Fièrement tu as versé ton sang

Sans regret pour notr’indépendance,

Pour le monde et sa dignité

Tu es mort sur la terre de France

Lançant au ciel le cri de liberté.

Que ton nom à jamais dans l’histoire

Soit gravé, ainsi que dans nos cœurs !

Quand viendra le jour de la victoire,

Il sera à la place d’honneur !

Petit-fils de l’illustre grand-père,

Sublime et grand républicain,

Tu es venu fair’la guerr’à la guerre

Et libérer enfin le genre humain !

C’est encore de tes lèvres glacées

Que va sortir le cri : en avant !

Quand, à Rome, la foul’empressée,

Va demain suivre ton enterr’ment !

Oui, le peuple va crier vengeance,

Contre Guillaume II, le bourreau ;

C’est toi qui va sceller notr’alliance,

Garibaldi, en allant au tombeau !

Salut, salut à toi,

O noble fils de l’Italie !

Salut, salut à toi,

Toi qui meurs pour notre patrie !

Salut, gloire et honneur,

À cette union si fraternelle ;

Ell’prépar’pour notre bonheur,

La République universelle !

Paru dans La guerre sociale, 6 janvier 1915, en Une centre.

Notes

1 Jean Sagnes, « La révolte de 1907 dans la chanson d’hier et d’aujourd’hui », La vigne et la civilisation du vin, Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon, 1985, pp. 177-189.

2 Pierre Bonet, Les sentiments et les revendications des classes laborieuses en France au travers des chansons de Gaston Montéhus : 1895-1920, maîtrise sous la direction de J. Droz, Paris I, 1968, 141-98 p.

3 cabanel, j ennifer. free. fr/reserve_2/montéhus. doc

4 Pierre Albert, « La presse française de 1871 à 1940 », Histoire générale de la presse française, t. III : De 1871 à 1940, sous la direction de Claude Bellanger, Jacques Godechot, Pierre Guiral et Fernand Terrou, Paris, PUF, 1972, pp. 437-438.

5 Jules Maurin, Armée-guerre-société, soldats languedociens (1889-1919), Paris, publications de la Sorbonne, 1982, 750 p.

6 Voir en particulier le remarquable ouvrage de Rémy Pegh et Jules Maurin qui fait le point historiographique des recherches sur les mutins du 17 : 1907 : Les mutins de la République. La révolte du Midi viticole, préface de Maurice Aguhlon, Toulouse, Privat, 2007, 333 p. Également, Députés et sénateurs face à la crise du Midi en 1907, textes présentés par Jean Sagnes et publiés par les Archives départementales de l’Hérault, Montpellier, Archives de l’Hérault, 2007, 297 p. ; Jean Sagnes et Jean-Claude Séguela, 1907, La révolte du Midi de A à Z, Béziers, Aldacom, 2007 ; Yvette et Jules Maurin, « L’insurrection du Midi », L’Histoire, n° 20, Paris, 1980, pp. 23-31 ; Martial Ruflet, La mutinerie du 17e RI (20-21 juin 1907), mémoire de Maîtrise, Université Paul-Valéry/Montpellier III, 2004, 140 p.

7 Voir Hubert Heyriès, Les garibaldiens de 14. Splendeurs et misères des Chemises rouges en France de la Grande Guerre à la Seconde guerre mondiale, Nice, Serre édition, 2005, 671 p.

8 Maurice Agulhon, préface de 1907 : Les mutins de la République..., op. cit., p. 9.

9 Jean Sagnes, « La révolte de 1907... », op. cit., p. 180.

10 Maurice Agulhon, « Le mythe de Garibaldi en France de 1882 à nos jours », Histoire vagabonde, Paris, Gallimard, 1988, t. II, p. 85.

11 Maurice Agulhon, préface de 1907 : Les mutins de la République..., op. cit., p. 11.

12 Construire l’armée française : textes fondateurs des institutions militaires. Sous la IIIèmeRépublique. Par Jules Maurin avec la participation d’Hubert Heyriès, Paris, CEHD, Etudes prospectives à caractère politico-militaire économique et social (EPMES), à paraître.

13 Jean Jaurès, L’armée nouvelle, présentée par Jean-Noël Jeanneney, Paris, Imprimerie nationale, 1992, 2 t, 600 p.

14 Hubert Heyriès, « Garibaldi et la guérilla », RHA, dossier spécial : Guérillas, n° 1- 1998, pp. 38-48.

15 Rémy Pech et Jules Maurin, op. cit., pp. 219-230.

16 Ibid., y. 236.

17 Hubert Heyriès, « La médiatisation et la légion garibaldienne dans la presse quotidienne italienne, 1914-1915 », Les médias et la guerre, sous la direction de Hervé Coutau-Bégarie, Paris, Economica, 2005, pp. 508-526.

18 Enrico Lelli, « Come sono morti i nostri Garibaldini. Nuovi commoventi episodî délla gloriosa giornata (da un nostro inviato spéciale coi legionari) », Il Secolo, 3 janvier 1915, p. 3.

19 Charles Maurras, « La Politique. I. Les jeunes Garibaldi », L’Action française, 7 janvier 1915, éditorial en Une, 62 lignes.

20 Pierre Milza, « La légion des volontaires italiens dans l’armée française : une antichambre du fascisme ? », Les Italiens en France de 1914 à 1940, sous la direction de Pierre Milza, Palais Farnese, École française de Rome, 1986, pp. 143-154.

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