Les embarras des radicaux-socialistes en 1907
Les distorsions multiscalaires d’un parti de gouvernement face à la crise du midi
p. 55-71
Texte intégral
(...) Mais la lutte la plus âpre n’est pas là, sur ce terrain. Le débat ouvert devant vous, une autre question le domine, et c’est celle qui, la première, se dresse devant vos esprits. Voici bientôt trois années qu’un drame de douleur et de sang, étendant sur ce département meurtri un voile de deuils ineffaçables, a posé devant la conscience publique une question capitale de responsabilité. (...).
Albert Sarraut,
M. Ferroul et ses responsabilités, Aux électeurs de la 2ème circonscription de Narbonne, 15 avril 1910.
1Lors de la campagne législative de 1910, celle immédiatement postérieure aux « événements de 1907 », à Narbonne comme partout ailleurs dans le Midi, les responsabilités et prises de position de chacun des acteurs politiques candidats sont mises en évidence1. Plus que l’attitude face à la « question viticole », il s’agit de souligner le comportement de l’adversaire lors des « événements ». Dans le cas de la 2ème circonscription de Narbonne, cette opposition met en présence le député radical-socialiste Albert Sarraut et le maire socialiste de la « cité rouge »2, Président de la Confédération Générale des Vignerons (CGV)3, Ernest Ferroul, figure marquante de la « révolte des Dimanches ». Dans cette rude joute électorale, la tactique est évidente : « la meilleure défense c’est l’attaque ». Ce constat pose l’hypothèse, le postulat, que l’attitude résolument offensive d’Albert Sarraut face à son challenger socialiste est significative de l’embarras radical-socialiste par rapport aux événements de 1907. En effet le Parti républicain radical et radical-socialiste (PRRRS), parti de gouvernement, au gouvernement tant d’un point de vue national4 que local5 semble avoir été pris dans une tenaille d’échelle, souhaitant soutenir d’un point de vue local « les gueux »6 qui constituent son électorat et ne désirant pas d’un point de vue national « défendre le boulangisme viticole »7. Au-delà de cette dichotomie, les « événements de 1907 » constituent un excellent exemple pour comprendre les distorsions d’échelle auxquels est soumis un parti gouvernement entre local et national d’une part et entre « ses » territoires locaux d’autre part, y compris dans un système aussi centralisé que celui de la IIIe République8. C’est sans doute là la cause principale de l’« embarras » des radicaux-socialistes pouvoir proposer une lecture globale d’un problème local sans fragiliser sa domination électorale du système politique local en crise. Pour parvenir à faire face à cette distorsion, les radicaux-socialistes méridionaux ont tenté une lecture sociale de la crise laissant à leurs collègues septentrionaux le choix d’une lecture politique et / ou de contestation de la République. Ce sont bien ses « deux » lectures concomitantes qui accentuent cette impression d’« embarras » des élus méridionaux tant au local qu’au national. Au-delà de ce positionnement, il sera intéressant de comparer au cas par cas, là où la mobilisation fut dense et intense en Narbonnais et en Biterrois, les résultats électoraux obtenus par les candidats aux élections législatives de 1910, pour savoir si les électeurs tranchent en fonction des prises de position affichées lors des événements de 1907. Comment alors qualifier l’« embarras » des radicaux-socialistes ? Est-il purement conjoncturel et totalement lié à la forte mobilisation de la Révolution des Dimanches ? Ou bien est-il plus structurel et souligne-t-il ainsi une opposition, un clivage centre/périphérie, Nord/Sud entre radicaux-socialistes septentrionaux et radicaux-socialistes méridionaux ? Il sera alors temps de s’interroger sur les effets de la crise en terme de structuration partisane et de volonté politique de décentralisation de la part des radicaux-socialistes. Loin d’être alors une question purement « localiste », les événements de 1907 interrogent notre système politique et partisan au moment où les formations politiques deviennent des institutions9. Ainsi l’étude des distorsions multiscalaires d’un parti de gouvernement face à la « crise du Midi » permettra au travers d’une lecture d’échelle tout autant que d’une réinterprétation politique postérieure d’appréhender la naissance du parti politique dans la France de la Belle Epoque.
Les différentes lectures radicales-socialistes, témoins d’un affrontement multiscalaire ?
2En confrontant, les presses radicales-socialistes, nationale, régionale ou méridionale, en suivant les débats politiques internes au radicalisme au Parlement, les déclarations du Comité exécutif du Parti, dirigé par un méridional, Camille Pelletan, député du Var, ou en relatant l’attitude des élus locaux méridionaux, le « radicalisme » apparaît « embarrassé » par les événements de 1907. L’embarras est d’autant plus grand qu’il n’y a pas de lecture unique des événements, et surtout qu’il n’y a pas de ligne de rupture entre plusieurs lectures. Le radicalisme, où plutôt ses élus paraissent alors confrontés au double problème du territoire d’élection, au sens de défense des intérêts locaux, et de la lecture partisane, au sens de la nationalisation des enjeux socio-politiques par la mise en place d’organisations politiques nationales.
3Le radicalisme s’exprime au niveau national par plusieurs voix : la presse, bien entendu, les parlementaires, son organe politique et partisan, le Comité exécutif pour le PRRRS et certains ministres du Gouvernement.
4La récente publication, par Vivienne Miguet et Jean Sagnes des extraits des débats parlementaires met bien en évidence la difficulté de percevoir, de lire « une attitude radicale-socialiste » par rapport aux événements de 1907 entre députés, sénateurs et ministres10. Ce sont bien plusieurs lectures différentes de la crise qui sont proposées par les radicaux-socialistes au Parlement. Les lignes de rupture sont-elles entre parlementaires et ministres, entre méridionaux et septentrionaux, les méridionaux sont-ils unis au Parlement pour résoudre une crise sectorielle touchant principalement les départements viticoles du Midi ?
5Pour Emmanuel Brousse, député des Pyrénées-Orientales11, les raisons de la crise sont dues à la fraude qu’il stigmatise souvent à l’occasion de ses interventions :
« (...) L’argument est d’importance, mais il ne doit pas nous arrêter. En signalant, en les flétrissant publiquement et en demandant leur répression énergique, nous voulons, au contraire, empêcher le développement, l’extension de leur œuvre de ruine et de mort. Tandis qu’en nous taisant, en laissant faire, sous prétexte de ne pas altérer la réputation de nos produits, nous risquerions de voir la sophistication s’étendre de plus en plus, avilir de plus en plus un produit essentiellement national, dont la renommée est mondiale et tuer irrémédiablement la viticulture déjà si fortement menacée par elle »12.
6Pour un autre méridional, Gaston Doumergue13, ministre du Commerce et de l’Industrie, la surproduction est également une piste explicative à ne pas négliger, notamment pour ne pas affaiblir l’exportation de notre production viticole :
« Il n’est pas douteux que, d’une façon générale, les vins de France soient très recherchés et très goûtés. Il serait donc regrettable, comme vous le dites, qu’à cette tribune on jetât sur les vins de telle ou de telle région un discrédit tout à fait fâcheux. Nous avons des concurrents en dehors il ne faut pas l’oublier »14.
7Députés et ministres méridionaux ne présentent pas la crise sous la même lecture. Cette dichotomie n’est pas seulement due aux positionnements de chacun. En effet, les débats parlementaires liés à la crise peuvent être l’occasion de « sévères » interpellations entre parlementaires, concurrents au niveau local. Dans l’arrondissement de Béziers, l’opposition entre le député de Béziers Louis Lafferre et celui de Saint-Pons de Thomières, Jules Razimbaud, qui est à la base de la dualité du radicalisme biterrois15 a pour terrain d’affrontement une scène nationale en 1907. Le 22 février, lors d’un débat particulièrement houleux, Paul Pelisse, député de l’Hérault, répond à Jules Razimbaud :
« Vous insinuez depuis le commencement de votre discours, monsieur Razimbaud que M. Lafferre est le protecteur des fraudeurs. Nous ne vous laisserons pas continuer. Il faut parler clair ! Prenez vos responsabilités à la face du pays ».
8La réponse de Jules Razimbaud à cette interpellation souligne toutes les difficultés de trouver une seule ligne de lecture de la crise chez les radicaux-socialistes héraultais. Car la crise viticole est sans doute perçue, consciemment ou inconsciemment comme un moment privilégié pour porter le discrédit sur son concurrent :
« Je sais bien ce que l’on dit dans le Midi qu’on essayerait, par des questions personnelles introduites dans le débat, d’en changer le caractère et d’en dévier le cours, pour empêcher ainsi le Gouvernement et la commission d’enquête de faire leur devoir ; mais je ne tomberai pas dans le piège »16.
9Au-delà d’un affrontement entre deux responsables locaux du radicalisme méridional, il faut sans doute lire ces joutes verbales comme une opposition entre un radicalisme de Gouvernement (Louis Lafferre, Justin Augé, Paul Pelisse) et un radicalisme viticole (Jules Razimbaud, Emmanuel Brousse), davantage tribunicien mais tout aussi favorable à l’intervention de l’Etat. Car c’est sans doute cela plus que tout autre chose qui rend la lecture de 1907 délicate en terme de clivage. « Tribuniciens » et « gouvernementaux », comme Justin Augé, s’accordent sur la nécessité de « faire pression » :
« C’est parce que depuis sept ans, à cette tribune, le Midi, par la voix de ses représentants directs, a vainement fait appel à vous, a vainement fait appel aux gouvernements qui se sont succédé sur ces bancs, à la Chambre qui pouvait apporter une solution de conciliation et qui l’a jamais voulu. Aussi le Midi fatigué d’user de la voie légale, a cherché un moyen pour appeler sur lui d’une façon plus efficace l’attention de ceux qui l’avaient trop longtemps dédaigné. Ce moyen, permettez-moi de vous le dire, je ne le réprouve pas. Il n’est pas douteux que si le Gouvernement, que si la Chambre ont voté une loi même insuffisante, c’est sous le coup du mouvement qui s’opérait dans le Midi, sans quoi à l’heure actuelle nos viticulteurs en seraient réduits à faire entendre encore longtemps vainement leur voix. (...) unis dans une même action, ils ont dit au Gouvernement : vous êtes le médecin qui devez guérir le malade ! »17.
10La longue interpellation de Justin Augé à l’adresse de Georges Clemenceau, Président du Conseil, ne doit pas être considérée comme une rupture entre tenants méridionaux du radicalisme de Gouvernement et le Gouvernement. En effet, le 28 juin, seul un autre député méridional, Paul Meunier18, député de l’Aude intervient, « les députés radicaux-socialistes ont abandonné la tribune à leurs adversaires socialistes et conservateurs »19. Devant l’ampleur des événements du Midi, en juin, le Parlement s’intéresse davantage à la situation politique engendrée par la crise qu’à ses effets socio-économiques. Ainsi Gaston Doumergue, sans les minimiser, insiste davantage dans une allocution sur les risques politiques d’une « mauvaise interprétation des événements » :
« (...) Arrivés au Gouvernement, mes collègues du Midi et moi avons demandé à nos autres collègues de mettre cette surtaxe le plus élevée possible : nous avons obtenu satisfaction sur ce point. (...) Nous avons défendu les intérêts que vous défendez, vous pouvez en avoir la certitude absolue, avec tout ce que notre cœur, qui souffrait douloureusement des misères du Midi, pouvait nous donner d’ardeur et nous inspirer de généreux. (...) Je suis profondément navré de la misère de mes compatriotes et je veux les aider, mais je tiens à le dire à tous ceux qui m’écoutent et m’entendent : il ne faut pas, par des actes, par des manifestations ou par des violences qui pourraient être interprétés par des gens mal renseignés comme des atteintes à l’unité nationale, à l’unité de notre pays, nous aliéner des sympathies dont nous avons plus que jamais besoin. Nous faisons appel à la solidarité »20.
11Entre « surproduction », « fraude » et « sédition », les parlementaires et ministres radicaux ont un choix de grilles de lectures différentes, pas forcément antagonistes ni complémentaires d’ailleurs. L’embarras des parlementaires et ministres méridionaux est sans doute dû à ces interprétations. Pour les autres parlementaires, « septentrionaux », la question n’est pas sans intérêt non plus. Le député de la Seine, Louis Puech s’indigne que l’on puisse soupçonner de fraude « les 500 000 débitants de France qui ont été jusqu’ici les meilleurs soutiens de la République »21. Etienne Camuzet, député de Côte-d’Or22, membre du Groupe républicain-socialiste, propose sa lecture de 1907, à partir d’une autre échelle locale, « nous ne connaissons la mévente que pour nos vins ordinaires qui sont concurrencés par les vins du Midi ; nous comprenons fort bien que le seul moyen d’y remédier, c’est de mettre un terme, avant tout, à la crise qui sévit dans les vignobles du Midi »23. Cette approche lui permet de mettre en exergue la véritable cause selon lui de la crise viticole, la surproduction :
« La crise de la mévente tient à deux causes : la surproduction naturelle et la fabrication des vins artificiels. (...) chaque fois qu’il y a surproduction comme en 1893, 1900 et 1904, nous avons vu surgir une crise du même ordre. C’est absolument incontestable. On peut donc affirmer que la surproduction naturelle est la cause initiale de la mévente »24.
12Cette interprétation n’est pas celle présentée devant la Chambre, par le Président et rapporteur de la commission d’enquête sur la viticulture, Georges Cazeaux-Cazalet25, un viticulteur de Gironde, membre de l’Alliance démocratique26 et à ce titre proche du radicalisme27 :
« la crise viticole, commencée en 1903-1904 et qui dure encore, présente des caractères bien spéciaux. Elle est tout à fait différente, par ses causes, par ses résultats et par sa durée, des crises antérieures. (...) La situation du Midi viticole a été difficile à plusieurs époques, mais généralement le relèvement des cours a permis de surmonter des crises qui avaient l’apparence de la crise actuelle. Mais cette fois, le relèvement des cours ne peut s’opérer, les viticulteurs, depuis trois ans, vendent le vin à perte, au-dessous du prix de revient ; la crise continuera tant qu’on n’en aura pas fait disparaître les causes. (...) Il faut résoudre, dans le plus bref délai, avant les vendanges prochaines, en même temps que les questions du mouillage et du sucrage, celles des vins défectueux, celle de l’emploi des produits chimiques et même la question de l’alcool, non pas au point de vue des tarifs, mais au point de vue de la différenciation des alcools selon leur origine. Si l’on ne fait pas tout cela à la fois, je dis que l’on aura rien fait »28.
13Pas de lecture unique des tenants du radicalisme à la Chambre des députés, les mêmes césures se retrouvent d’ailleurs à la lecture du compte-rendu des débats au Sénat. Toutefois, si les débats parlementaires permettent de se rendre comptent d’un réel embarras du radicalisme, celui-ci peut-être également analysé comme du au « jeu » des députés qui se positionnent chacun dans une posture supposée être celle de la majorité des électeurs de sa circonscription. Pour dépasser ce « positionnement personnel » des parlementaires, sénateurs compris, il faut prendre connaissance des « lectures » des grands quotidiens radicaux-socialistes (L’Action, le Rappel, Le Radical, la Lanterné)29. Dans leur grande majorité, ces quotidiens critiquent ceux que l’éditorialiste Bérenger nomme le « boulangisme viticole », la « nouvelle Boulange socialo-réactionnaire »30, c’est-à-dire la contestation de l’ordre républicain. Cette accusation est sans doute la plus récurrente à laquelle doit faire face les parlementaires méridionaux comme le met en évidence la réponse de Jules Razimbaud, préférant développer la thématique de la révolte contre la misère : « Je proteste énergiquement contre les paroles de Monsieur Dumont. Le mouvement du Midi n’est pas un mouvement réactionnaire (...) Dans ce mouvement, il n’y a ni réactionnaires, ni républicains, ni socialistes, ni libertaires ; il y a seulement un bloc de misère, le bloc des gueux qui proteste contre l’inapplication des lois et contre l’inertie du Gouvernement ».31. Le second trait est sans doute une remise en cause de la « République du Midi » par la presse nationale radicale, « Nous républicains de France, nous ne voulons pas être sacrifiés à la République du Loupillon »32. Cette critique souligne des ruptures géographiques, à l’intérieur du radicalisme, antérieures à la crise viticole de 1907 qui peut en servir de révélateur33. C’est bien à cet affrontement, dû à la crise viticole, que doit faire face le PRRRS alors qu’il est le parti de gouvernement au gouvernement et que la majorité des électeurs du Midi viticole votent en sa faveur34.
14Les nettes différences d’interprétation de la crise au Parlement entre représentants appartenant parfois au même groupe soulignent le retard de la mise en place au niveau parlementaire d’une « discipline de groupe »35. Cette absence de positionnement homogène n’est pas seulement le fait des groupes parlementaires. La Belle Epoque est le moment où le phénomène d’institutionnalisation des structures politiques se concrétise progressivement36. Le PRRRS et son instance de décision le Comité exécutif, doivent faire face à de nombreux embarras. Parti de gouvernement au gouvernement, il se doit de s’affirmer comme un parti de l’ordre, de la légalité et surtout de défense du régime républicain. À ce titre, il condamne fermement toutes les tentatives de remise en cause de l’ordre dont la crise viticole semble être un vademecum. Pour les radicaux, attachés à la République, la vision d’une « sédition du Midi », véhiculée par la presse nationale est la plus prégnante. Elle met en exergue les tenants de cet apolitisme méridional, « le parti du trône et de l’autel essaie de faire tourner à son profit le mouvement viticole »37. Face à cette menace, il y a une demande pour un retour à l’ordre et une critique de l’attitude de Clemenceau, jugée trop molle. En effet, dans un premier temps, il est reproché au Président du Conseil son attentisme envers les rassemblements, une des critiques les plus répandues est « d’avoir autorisé les Chemins de fer du Midi à accorder des tarifs de faveur aux manifestants »38. Ce radicalisme d’ordre encourage la « fermeté républicaine ». Le remplacement du méridional Albert Sarraut par le septentrional Maujan, directeur politique du Radical, doit être interprété comme un gage politique en faveur de cette tendance.
15L’embarras est perceptible car il n’y a pas une lecture politique homogène du radicalisme de la crise de 1907. La revendication de la société méridionale a du mal à être traduite en terme politique, non pas par les élus méridionaux mais par le parti et ses principaux responsables, parlementaires ou ministres qui forment le parti de gouvernement. C’est bien la traduction politique de cette crise sociétale lors des échéances électorales postérieures qui pourra mettre fin à cet embarras.
La fin de l’« embarras », les relectures de 1907
16Lors du comité exécutif du 26 juin, Paul Destieu-Junca, sénateur du Gers, note que dans l’Aude les municipalités révoltées sont à 90 % radicale-socialiste. C’est sans doute cela qui semble être le principal embarras du radicalisme. Dans le Midi, les élus locaux radicaux-socialistes doivent faire face à l’impossible entre soutien au Gouvernement et adhésion à la revendication de la population méridionale. Pour autant, dès le 28 juin 1907, Justin Augé lors de son interpellation du Président du Conseil à la Chambre ne réduit pas l’embarras du radicalisme à la seule attitude des élus locaux du Midi mais bien à l’attitude des gouvernants :
« Et c’est ici que je voudrais insister sur certaines de vos responsabilités. Comment voilà des viticulteurs qui depuis plusieurs mois vous disent leurs intentions ; ils ne vous les ont pas cachées ; vous n’avez pas eu besoin pour les connaître des meetings de Perpignan, de Béziers, de Montpellier, puisque dès le premier jour ils vous ont dit : nous sommes patients, mais si vous ne nous écoutez pas, si vous nous ne permettez pas de vivre, c’est la grève de l’impôt que nous ferons, c’est la démission des corps élus que nous proclamerons. Vous le saviez, et vous les encouragiez de toutes les façons ; vous permettiez aux municipalités de contracter des emprunts à de simples particuliers pour payer les manifestants. Vos préfets approuvaient. Vous invitiez les compagnies de chemins de fer à transporter pour rien, si je puis m’exprimer ainsi, tous les manifestants »39.
17Ces élus sont présents dans les manifestations, lors des meetings, ils participent en nombre au phénomène de démission (conseillers municipaux, conseillers d’arrondissement ou conseillers généraux), les plus résolus d’entre les élus projettent même la grève de l’impôt et ils sont solidaires des mutins : ils doivent tenir l’intenable. Le député de Béziers, Louis Lafferre, absent de sa circonscription lors des événements, adopte dans la presse nationale un discours de défense de la production méridionale et de la consommation du vin, réfutant au passage les arguments de surproduction et de fraude au profit d’un autre « la sous-consommation » : « les gens du Nord croient-ils qu’il soit plus raisonnable de se rejeter vers l’eau minérale et d’écouter les conseils plus ou moins intéressés de quelques centaines de médecins qui veulent nous débiliter sous prétexte de nous tenir en santé »40. Son argumentation est renforcée par un hommage poignant à la population méridionale qui a toujours fait son « devoir républicain » et ne soutiendra pas les partis de la réaction41. L’attitude des élus ne paraît pas en effet si séditieuse. La grève de l’impôt ne prend pas un effet immédiat, la participation aux manifestations n’est pas au début remise en cause par le Gouvernement, les démissions ne sont pas toutes effectives. Ce n’est pas une attitude hostile à la République mais une attitude de protestation contre le Gouvernement de la République comme le rappellent inlassablement les orateurs méridionaux au Parlement : « pas de revenus, pas d’impôts ! ».
18L’utilisation et les relectures de la crise de 1907 lors des campagnes électorales méridionales postérieures et notamment dans les circonscriptions dans lesquelles se présentent des tenants du radicalisme de gouvernement permettront de mettre en évidence la traduction politique de 1907 par les radicaux-socialistes. La circonscription de Narbonne lors des élections législatives de 1910 offre un terrain extraordinaire puisque s’affronte le ministre de l’Intérieur de 1907, le radical-socialiste Albert Sarraut et le leader viticole, le socialiste Ernst Ferroul. Dans une brochure intitulée M. Ferroul et ses responsabilités, le député sortant donne sa lecture de 1907 :
« (...) dépouillé de son masque de faux-sauveur de la viticulture, MFerroul apparaît à la lumière crue des vérités de 1907 comme le mauvais génie du Midi et le responsable du conflit sanglant de Narbonne, il essaie d’associer le Midi à sa propre personnalité, de se couvrir, de se cacher derrière tous ses compatriotes (...) C’est l’intrusion soudaine et brutale de M Ferroul dans le grandiose mouvement qui a bouleversé les choses au moment même où par le seul effet de son action pacifique et légale, le Midi allait recevoir satisfaction du Parlement et de l’Opinion. (...) Et je dis que c’est dans un but politique et dans un dessein d’ambition personnelle que M. Ferroul par une propagande incessante et croissante d’excitations et de violence (...) a causé le conflit sanglant dont il garde avec la réaction sa complice la pleine entière et écrasante responsabilité ».42.
19Albert Sarraut inscrit l’action d’Ernest Ferroul dans le registre du « boulangisme viticole », reprenant à son compte la lecture des éditorialistes radicaux-socialistes nationaux. Cette dénonciation certes à des fins électoralistes met bien fin aux « embarras » du radicalisme. La victoire d’Albert Sarraut face à Ernest Ferroul ne doit pas être prise comme le résultat brut d’une relecture de 1907. En effet, si dans la deuxième circonscription de Narbonne, les rôles des deux principaux candidats sont connus, dans la circonscription héraultaise de Pézenas-Bédarieux43, l’affrontement entre socialiste et radical-socialiste tourne à l’avantage du premier, Édouard Barthe, qui met un terme à la carrière parlementaire du « député du vin » Justin Augé. Pourtant, lors des événements, Justin Augé a été l’inlassable défenseur des populations méridionales et l’opposant déterminé au Président du Conseil, Georges Clemenceau qu’il n’a pas hésité à mettre en accusation à la Chambre des Députés :
« (...) nous voulons voir nos intérêts traités sur le pied d’égalité avec les intérêts des autres régions. Et vraiment je me demande à quel sentiment M. le Président du Conseil a obéi lorsqu’il a dit que la loi, la loi insuffisante que vous avez votée, messieurs, avait été votée par erreur.
Est-ce que vous voudriez échapper à votre responsabilité, monsieur le Président du Conseil ? Est-ce que vous voudriez jeter sur la Chambre le discrédit dont on n’a pas besoin de la surcharger ?
En tout cas monsieur le Président du Conseil, vous donneriez certainement au pays l’impression que le Gouvernement n’a pas l’autorité nécessaire pour faire voter par la Chambre des projets utiles à notre pays, nécessaires à sa prospérité.
Je ne voudrais pas à cette heure entrer dans de longues discussions ; je ne voudrai pas dialoguer avec monsieur le Président du Conseil. Mais il a dit aussi que la situation des caisses d’épargne dans le Midi était plus particulièrement prospère. Je lui serais reconnaissant de me donner des chiffres et de me nommer les pays, les départements, les arrondissements où la prospérité est si grande. Lorsque je les connaîtrai de sa bouche, je pourrai peut-être lui répondre. Il n’en rien fait ; il n’a apporté ici qu’une affirmation »44.
20La détermination de Justin Augé et la rudesse de ses propos ne laissent pas croire qu’il est un radical de gouvernement et un fidèle de Louis Lafferre. Ce dernier et son opposant de la circonscription de Béziers Saint-Pons, Jules Razimbaud sont tous deux réélus en 1910. La victoire de Louis Lafferre face au maire de Béziers, Henri Pech, élu pourtant à l’occasion de l’élection municipale partielle de 1907 et réélu en 1908 démontre qu’il a su surmonter les embarras de son attitude lors de la crise viticole45. La seule victime électorale en 1910 (des événements de 1907 ?) entre le Narbonnais et le Biterrois est donc Justin Augé. Ces résultats électoraux témoignent tout autant de la fin des embarras du radicalisme que du désintérêt de la majorité des électeurs pour cet embarras. La défaite de Justin Augé est sans doute la preuve que 1907 n’a pas été en 1910 la clef de l’élection. En effet, lors de son interpellation de Georges Clemenceau, le 28 juin, il a mis en avant toutes les thématiques de la revendication viticole méridionale en politique dont il s’est fait le tribun. Il a tout à la fois stigmatisé l’attitude du Gouvernement :
« Vous voulez ameuter le Nord contre le Midi ! Continuez votre politique d’agression ! Vous restez conséquent avec vous-même ».
21Dont il est pourtant un partisan, il a loué l’« unanimisme viticole » réclamant le recours à l’Etat :
« tous unis dans une même action ils ont dit au Parlement au Gouvernement : vous êtes le médecin qui devez guérir le malade ».
22Un État qui doit prendre en compte la demande de la société méridionale, de la société viticole et prendre en compte ses responsabilités :
« Vous ne l’avez pas fait et voilà que le Midi se soulève ; voilà pourquoi, à qui veut l’entendre, par la bouche de ses syndicats ouvriers, par la bouche de ses comices agricoles, par la bouche de ses syndicats de commerce, par ses chambres et ses tribunaux de commerce, il crie partout qu’il n’y a pas de conciliation possible tant que vous resterez au pouvoir ».
23Les discours de Justin Augé en 1907 et d’Albert Sarraut en 1910 diffèrent sur les responsabilités. Le député héraultais justifie l’attitude de la population au regard de celle du Gouvernement tandis que le Ministre dénonce les manœuvres du maire de Narbonne :
« S’il y a une émeute monsieur le Président du Conseil., c’est vous qui avait été l’émeutier initial. L’émeute vous l’avez provoquée. Vous avez été en même temps dictateur pour réprimer par la force et émeutier pour provoquer.
Voilà ce que vous avez fait, voilà toute votre œuvre.
Je demande à la Chambre en toute loyauté quelle confiance désormais nous pourrons donner à vos intentions. La Chambre se prononcera tout à l’heure. J’ai déposé un ordre du jour. Je vous assure monsieur le Président du Conseil, que si la Chambre vous absout, le pays – le mien, le Midine vous absoudra jamais »46.
24La conclusion de l’interpellation laisse apparaître une rhétorique identitaire. Celle-ci a d’ailleurs été utilisée par la majorité des journaux nationaux de la presse radicale-socialiste mais dans un sens contraire. En effet, la crise languedocienne a perturbé le système de la IIIe République47. Il y a des conséquences immédiates. Le radical Albert Favre note que « deux grandes tendances générales sont très nettes : hostilité très vive contre les Méridionaux, animosité de plus en plus violente contre les socialistes »48 Cette hostilité s’explique bien évidemment par la lecture séparatiste et séditieuse des événements, de l’action de la « boulange viticole ». La Lanterne dénonce le « retour aux sentiments de la région (...) l’atteinte à l’idée républicaine »49. Le Radical souligne que « le Fédéralisme entre de nouveau en guerre, attaquant la patrie à la tête »50. Ces craintes trouvent un écho dans la publication de Jules Rivals relative aux événements :
« Il y a eu un mouvement de décentralisation régionale qui répondait à des besoins sociaux et économiques indiscutables si intense et si fort, qu’on crut à un mouvement séparatiste »51.
25Gérard Baal met en avant l’hypothèse que la crise de 1907 a pu être la cause de la mise en sommeil des velléités décentralisatrices du radicalisme dont témoignait en novembre 1906 la déclaration d’investiture de Georges Clemenceau52. Cette crise est intervenue dans un cycle de structuration des organisations politiques tant d’un point de vue local que national. Serge Berstein note d’ailleurs que c’est au moment de l’institutionnalisation du Parti républicain radical et radical-socialiste, à la Belle Époque, que la « question régionale » apparaît dans la famille radicale. « De 1870 à 1939, l’opinion des radicaux sur la question du régionalisme a finalement peu évolué. Elle apparaît marquée par une distorsion constante entre le point de vue doctrinal affirmé par les plus hautes autorités du parti et selon lequel les radicaux, héritiers de la Révolution française, sont attachés à la conception d’une République « une et indivisible » et les réactions des militants ou des élus de provinces solidaires des problèmes de leur région et décidés à résister aux empiétements du centralisme parisien. Attitude qui a d’autant plus d’intérêt qu’avec la fondation du parti en 1901, commence un effort de structuration dont l’objet est de soumettre les comités autonomes à l’autorité des organismes centraux localisés dans la capitale et qu’on voit alors se conjuguer le refus de domination de la capitale sur la province et des dirigeants politiques nationaux sur les cellules radicales locales. Il faut cependant remarquer que cette lutte est surtout serrée à l’intérieur même du parti et admettre par ailleurs qu’elle a finalement joué un rôle mineur dans la vie du radicalisme jusqu’en 1914 »53. Cette question de la « revendication régionale » permet une relecture de 1907 et des embarras du radicalisme.
26Le principal embarras est sans aucun doute le manque de structuration de l’organisation politique radical qui l’empêche de proposer une lecture homogène de la crise. Lors de tous les congrès organisés par le PRRRS depuis 1901, le parti cherche à imposer son autorité à ses élus et notamment à ses parlementaires, noyaux du radicalisme. La crise de 1907 agit comme un révélateur. Par ses conséquences intenses (mutinerie) et dramatiques (Narbonne), c’est sans doute une des crises majeures de la IIIe République qui doit faire face à une « grève civique ». Face à cette crise, il n’y a pas d’« union sacrée » ni parmi les tenants du radicalisme, ni parmi les membres du PRRRS et ni même parmi les radicaux-socialistes méridionaux comme en témoignent les rivalités entre Louis Lafferre, Jules Razimbaud, Charles Caffort et Henri Pech. L’absence de structure politique organisée est cause d’embarras. L’analyse proposée par Jules Rivals remet en cause cette « inorganisation », cette absence de structuration politique :
« Que dire après le caractère de ce soulèvement où ne se produisit ni une rixe, ni une querelle, ni un larcin, si ce n’est que la justice n’empêche pas le crime, que la politique vit de la haine, que l’intérêt personnel fait la lutte, que l’administration ne gouverne que pour un parti »54.
27Cette lecture de 1907 ne s’accorde pas avec les nombreux embarras que le radicalisme a dû affronter pour faire face à la crise languedocienne, privilégiant une vision « centralisée » de l’organisation politique à la Belle Epoque.
28Les embarras radicaux-socialistes en 1907 ne sont pas forcément traduits par une explosion de la structure partisane, certes encore balbutiante, du PRRRS, par une rupture d’échelle entre structure nationale et organisations méridionales, ni même par une désaffection des électeurs méridionaux pour les tenants du radicalisme. Les candidats réélus en 1910, le démontrent à l’exception du cas de Justin Augé. Ces réélections peuvent surprendre par rapport aux attitudes de certains lors des événements de 1907 (Albert Sarraut, Louis Lafferre) tout comme la défaite de leurs concurrents (Ernest Ferroul, Henri Pech). A Béziers, 1907 a permis de réguler le conflit entre deux fractions radicales, celle des radicaux de Gouvernement autour de Louis Lafferre et d’Émile Suchon a été chassé de la municipalité par celle des radicaux viticoles autour d’Henri Pech et d’Antonin Palazy. Cette régulation interne au radicalisme n’est pas le fait d’une organisation politique (le PRRRS) mais le fait des électeurs qui se déterminent lors des consultations électorales. Cette régulation doit être considérée comme embarrassante car elle témoigne de l’absence d’une structure organisée du radicalisme, principal parti de gouvernement, local et national de la IIIe République.
Notes de bas de page
1 L’approche multiscalaire qui a été choisie pour la présente communication est une approche qui a pour but de comprendre les événements liés à un territoire en les étudiant aux différentes échelles de leur dimension politique.
2 Pierre Guidoni, La Cité rouge : le socialisme à Narbonne, 1871-1921. Toulouse, Privat, 1979, 219 p., Rémy Pech, « Le Socialisme ferrouliste à Narbonne », Droite et gauche de 1789 à nos jours, Actes du colloque de Montpellier, 9-10 juin 1973 du Centre d’Histoire contemporaine du Languedoc méditerranéen et du Roussillon, Montpellier, Presses de l’Université Paul Valéry, 1975, p. 96-107.
3 Maurice Caupert, Essai sur la C.G.V. : ses origines, son organisation, son œuvre. Montpellier (Université de Montpellier, Faculté de droit, Thèse de doctorat de Sciences politiques et économiques), Imprimerie de l’Economiste méridional, 1921, 127 p., Geneviève Gavignaud-Fontaine, « La Confédération Générale des Vignerons, une réponse à la crise », Communication au Colloque L’Aude et la vigne : cent ans de passion, Carcassonne, 28-30 juin 2007 (à paraître).
4 Gérard Baal, Le Parti radical de 1901 à 1914. Paris, Université Paris 1 ss. dir. M Agulhon, 1991, 1742 f.
5 Franck H. Huttington., Popular radicalism and the peasantry in lower Languedoc, 1830-1914. Ann Arbor (Michigan-U.S.A.), Brown University, 1985, IX-482 p. 13. Léo A. Loubère, Radicalism in mediterranean France : its rise and décliné, 1848-1914. New-York, State University of New-York Press, 1974, XVII-258 p., Fabien Nicolas, Ressources privées et mobilisation politique : la construction du Parti républicain radical et radical-socialiste à Béziers (1901-1939). Montpellier I, Thèse de Science Politique (ss. dir. Paul Alliés), 20004, 614 p.
6 Jules et Yvette Maurin, « L’Insurrection du Midi », L’Histoire, n° 20, 1980, pp. 1-11, Jean Sagnes, « Le Mouvement paysan de 1907 en Languedoc-Roussillon : révolte viticole, révolte régionale », Le Midi rouge. Mythe et réalité, études d’histoire occitane. Paris, Editions Anthropos, 1982, 310 p., pp. 215-261 et « La Révolte de 1907 : protestation viticole ou protestation régionale ? », Actes des Universités occitanes d’été, 1986 et 1987 de Nîmes. Nimes, Edition C.R.E.O. De Provença, 1988, pp. 196-181, Rémy Pech, « 1907 : révolte contre Marianne ou Marianne en révolte ? », Per Robert Lafont, estudis oferts à Robert Lafont per sos collegos e amies. Nimes, Edition C.R.E.O. De Provença, 1990, 313 p., pp. 223-245.
7 Fabien Nicolas, « Le Boulangisme viticole en 1907. Un unanimisme de crise ? Une arme au service des ennemis de la République ? », Communication au Colloque L’Aude et la vigne : cent ans de passion, Carcassonne, 28-30 juin 2007 (à paraître).
8 Jean-Pierre Machelon, « La Troisième République », Les Communes et le pouvoir : histoire politique des communes françaises de 1789 à nos jours, ss dir. de Louis Fougère, Jean-Pierre Machelon et François Monnier. Paris, Presses universitaires de France, 2002, 661 p.
9 Serge Berstein, « Naissance des partis politiques modernes », L’Invention de la démocratie, 1789-1914, (ss. dir.) Serge Berstein et Michel Winock Paris, Seuil (Histoire de la France politique), 2002, 523 p., pp. 415-466, Raymond Huard, La Naissance du parti politique en France. Paris, P.N.F.S.P., 1996, 383 p.
10 Députés et sénateurs face à la crise du Midi en 1907. Textes présentés par Jean Sagnes et choisis par Jean Sagnes et Vivienne Miguet, Montpellier, Archives départementales de l’Hérault éditeur scientifique, 2007, 297 p.
11 « Emmanuel Brousse », 1907 : la révolte du Midi : de A à Z, Jean Sagnes et Jean-Claude Séguéla. Béziers, Éd. Aldacom, 2007, 192 p., pp.
12 Députés et sénateurs face à la crise du Midi en 1907, op. cit., Chambre des députés, Séance du 18 janvier 1907.
13 Jean Rives, Gaston Doumergue. Du modèle républicain au Sauveur Suprême. Toulouse, Presses de l’Institut d’études politiques (Centre d’études et de recherches sur la mythographie politique), 1992, 461 p.
14 Députés et sénateurs face à la crise du Midi en 1907, op. cit., Chambre des députés, Séance du 13 juin 1907.
15 Marc Combas, Le Parti républicain radical et radical-socialiste dans l’Hérault (1902- 1932). Montpellier III, Mémoire de D.E.A. d’Histoire (ss. dir. Raymond Huard), 1992, 54 p., Fabien Nicolas, Ressources privées et mobilisation politique, op. cit. et « Béziers, citadelle du radicalisme ! Les « surprises » d’une vie politique à la Belle Epoque » dans les actes de ce colloque, Jean Sagnes, “Les Radicaux de Montpellier au début du XXe siècle”, Annales du Midi, tome 141, janvier-mars 1979, n° 1, pp. 72-94, “Le Radicalisme héraultais sous la Troisième République”, Cahiers d’histoire de l’Institut de recherche marxiste, nouvelle série, 1980, n° 1 (35), pp. 65-84
16 Députés et sénateurs face à la crise du Midi, op. cit., Chambre des députés, Séance du 22 février 1907.
17 Id., Chambre des députés, Séance du 28 juin 1907.
18 Id., Chambre des députés, Séance du 28 juin 1907 : « c’est le sentiment de la plupart de mes amis du parti radical ».
19 Gérard Baal, Le Parti radical de 1901 à 1914, op. cit., p. 685.
20 Députés et sénateurs face à la crise du Midi, op. cit., Chambre des députés, Séance du 10 juin 1907.
21 Le Rappel, 7 juillet 1907.
22 Olivier Jacquet et Christophe Lucand, « Étienne Camuzet : un parlementaire bourguignon au cœur des stratégies politiques viti-vinicoles nationales et locales au début du XXe siècle », communication au Colloque Vin et République, organisé par le Centre d’Histoire Politique et Parlementaire, ss. dir. Philippe Lacombrade et Fabien Nicolas, 18- 19 octobre 2008.
23 Députés et sénateurs face à la crise du Midi, op. cit., Chambre des députés, Séance du 25 février 1907.
24 Id.
25 Sylvie Guillaume, « Georges Cazeaux-Cazalet, un viticulteur parlementaire de Gironde », communication au Colloque Vin et République, op. cit..
26 Rosemonde Sanson, L’Alliance républicaine démocratique. Une formation du centre (1901-1920). Rennes, Presses universitaires de Rennes (Collection Carnot, 9), 2003, 562 p.
27 Rosemonde Sanson, “Centre et gauche (1901-1914) : l’Alliance républicaine démocratique et Parti radical socialiste”, Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome XXXIX, juillet-septembre 1992, III, pp. 493-512.
28 Députés et sénateurs face à la crise du Midi, op. cit., Chambre des députés, Séance du 11 juin 1907.
29 Voir la partie du texte d’André Burgos, « Grande presse nationale et presse d’opinion devant le mouvement de 1907 » sur la presse radicale dans ce recueil.
30 L’Action, 30 juin 1907.
31 Députés et sénateurs face à la crise du Midi, op. cit., Chambre des députés, 7 juin 1907.
32 L’Action, 30 juin 1907. Le Loupillon est le domaine viticole du Président Armand Fallières.
33 Jean Estèbe, “La République a-t-elle été gouverné par le Midi entre 1871 et 1914 ?”, Actes du 96e Congrès national des Sociétés savantes, Toulouse 1971, Section d’Histoire moderne et contemporaine, tome 1, France du Nord, France du Midi. Paris, Bibliothèque Nationale, 1976, 526 p., pp. 189-196.
34 Franck H. Huttington, Popular radicalism and the peasantry in lower Languedoc, 1830-1914. Ann Arbor (Michigan-U.S.A.), Brown University, 1985, IX-482 p. et Léo A. Loubere, Radicalism in mediterranean France : its rise and décliné, 1848-1914. New-York, State University of New-York Press, 1974, XVII-258 p.
35 Rainer Hudeman, “Les Groupes parlementaires dans les stades de formation du parlementarisme français au XIXe siècle. Méthodes d’analyse et typologie”, Axes et méthodes de l’histoire politique, Serge Berstein et Pierre Milza (ss. dir.). Paris, Puf (Politique d’aujourd’hui), 1998, 448 p., pp. 319-334.
36 Yves Thomas, « L’Institutionnalisation des partis politiques en Europe occidentale de la fin du XIXe siècle à 1914 «, Nouveaux partis, Nouveaux enjeux, (ss. Dir. Françoise Dreyfus). Paris, Publications de la Sorbonne, 2000, 171 p., pp. 5-50.
37 La Lanterne, 22 juin 1907.
38 Gérard Baal, Le Parti radical de 1901 à 1914, op. cit., p. 675.
39 Députés et sénateurs face à la crise du Midi, op. cit., Chambre des députés, Séance du 28 juin 1907.
40 L’Action, 1er juin 1907.
41 L’Action, 29 juin 1907.
42 Albert Sarraut, M. Ferroul et ses responsabilités. Aux électeurs de la 2ème circonscription de Narbonne, 1910.
43 Paul Alliés, “Les Élections législatives du 24 avril 1910 dans la circonscription de Pézenas-Bédarieux. Changements politiques et continuité notabiliaire”, Etudes sur Pézenas et l’Hérault, XI, 1980, 4, pp. 29-41.
44 Députés et sénateurs face à la crise du Midi, op. cit., Chambre des députés, Séance du 28 juin 1907.
45 Fabien Nicolas, Ressources privées et mobilisation politique, op. cit.
46 Députés et sénateurs, op. cit., Chambre des députés, Séance du 28 juin 1907, Justin Augé.
47 Jean-Pierre Machelon, « La Troisième République », Les Communes et le pouvoir, op. cit.
48 Gérard Baal, Le Parti radical de 1901 à 1914, op. cit., p. 684, 1er juillet 1907.
49 La Lanterne, 2 juillet 1907.
50 Le Radical, 17 juin 1907.
51 Jules Rivais, L’âme terrienne : Argelliers, 1907, présentation et notes de Jean Sagnes. Sète, Éd. Singulières, 2007, 137 p., p. 130.
52 Gérard Baal, Le Parti radical de 1901 à 1914, op. cit., p. 677.
53 Serge Berstein, « Le Parti radical et le problème du centralisme (1870-1939) », Régions et régionalisme en France du XVIIIe siècle à nos jours. Actes du colloque tenu à Strasbourg, le 13 octobre 1973. Paris, PUF, 1977, 595 p., pp. 225-240, p. 225.
54 Jules Rivais, L’âme terrienne, op. cit., p. 129.
Auteur
Docteur en science politique. Centre d’études politiques, Université Montpellier 1
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