Activités du Collège
p. 57-60
Texte intégral
11. La participation aux activités du Collège sera absolument libre, elle sera offerte à tous et à toutes, sans aucune condition d’âge ou de nationalité. Aucun titre – en tant que tel – ne sera préalablement exigé, qu’il s’agisse de prendre part aux travaux (séminaires, colloques, etc.) ou de postuler, sur dossier, pour l’accession aux cursus et aux diplômes délivrés par le Collège ou à d’autres responsabilités : conférenciers, directeur de séminaire, programmes et directeur de programme. Les directeurs de programme sont les membres actifs du Collège.
22. Les Activités du Collège prendront les formes les plus diverses.
– Une partie importante du budget et des locaux disponibles sera réservée à des manifestations ponctuelles ou resserrées dans une séquence brève (ce qui n’exclut pas une certaine cohérence dans leur programmation d’ensemble, sous la responsabilité du Collège). Par exemple, un conférencier, étranger ou français, un savant, un écrivain, un philosophe, un cinéaste, etc., est invité à donner une, deux ou trois conférences, à lire ses textes ou à présenter une œuvre avant d’animer un débat autour d’un ou de plusieurs exposés. Les propositions pourront venir de l’intérieur ou de l’extérieur du Collège et chaque fois ce type de manifestation, si brève soit-elle, devra donner lieu à la préparation et à l’archivation les plus rigoureuses. Dans cette première catégorie d’activités on rangera aussi les colloques nationaux et internationaux, événements très importants dans la vie du Collège. (Bien que, pour ce type d’activités, les personnalités les plus reconnues et les plus prestigieuses puissent et doivent être invitées à ce titre, il va de soi que la règle du Collège restera, ici comme ailleurs, l’incitation à la recherche et l’ouverture de voies nouvelles. Cela n’exclut pas les manifestations spectaculaires mais les subordonne toujours à d’autres principes.)
– La forme la plus courante des activités – mobilisant probablement la partie la plus importante du budget de recherche – sera celle du séminaire. Chaque séminaire durera un semestre ou une année académique (12 à 24 heures. Il s’agit là d’une indication quantitative globale. Ce temps pourra être librement distribué selon les formules jugées les plus efficaces, compte tenu des différents types de recherche). La direction en sera confiée, sans engagement de renouvellement, à une, deux ou trois personnes. Par exemple, X propose à la Commission de la recherche un projet de séminaire. Celui-ci se présentera sous la forme d’un dossier important démontrant la compétence du candidat – ce qui n’implique néanmoins aucun titre officiel –, expliquant et justifiant les thèmes à traiter, les résultats escomptés, les formes et les rythmes de la recherche, etc. Si le projet est accepté, le séminaire peut durer un semestre ou un an. Compte tenu des résultats de l’expérience, qui donneront lieu à un rapport et à des discussions, le contrat de séminaire peut être renouvelé pour un an ou deux ans. Il faut admettre, compte tenu des rythmes habituels pour le développement d’une recherche de ce type, que la formule du renouvellement pour deux années consécutives sera assez fréquemment adoptée ; un tel séminaire pourrait ainsi durer, sous sa forme de séminaire, trois années consécutives. Une exception sera faite pour les membres honoraires du Collège – anciens membres actifs – qui pourront, après avoir quitté le Collège, proposer d’y animer un séminaire semestriel tous les deux ans.
3Nous posons donc en principe que le séminaire ainsi défini sera la forme prépondérante dans la distribution des activités. L’avantage de ce choix est évident. En accord avec la mission du Collège, il favorise des structures légères, mobiles, multipliables. Il limite les pesanteurs économiques et structurelles liées à l’installation durable de directeurs de programme, qui en tout état de cause ne devra pas excéder cinq ans. Il permet le renouvellement rapide des chercheurs et des thèmes de recherche. Il facilite les associations, les coopérations, les contrats individuels ou institutionnels. Il est conséquent avec la logique qui commande de n’exiger aucun titre préalable que la présentation et la justification d’un projet de recherche.
4Dans l’hypothèse de la plus longue durée (3 ans), on peut décider de ne pas renouveler le séminaire, et cela va de soi si le bilan n’est pas encourageant. La décision revient toujours au Collège, qui consultera à ce sujet la Commission de la recherche. Mais on peut aussi, devant le succès et les perspectives ouvertes par le séminaire, le transformer en programme de recherche pour une durée de cinq ans.
– On nommera programme de recherche des centres ou unités de recherches relativement stabilisées et diversifiées. Les programmes ne devront en aucun cas mobiliser plus de 50 % des moyens du Collège (crédits, salle, matériels, publications, etc.) À partir d’un contrat initial, ils ne devront pas durer plus de cinq ans. La responsabilité principale en sera confiée à un directeur de programme élu et nommé dans des conditions qui seront définies. Ces programmes de recherche pourront comprendre eux-mêmes plusieurs séminaires travaillant en étroite connexion (jusqu’à 3 ou 4 séminaires et groupes de travail). Au bout de cinq ans, et dès la troisième année, s’il a fait la démonstration, notamment par des publications, de son intérêt, de sa nécessité et surtout de ses perspectives d’avenir, le programme pourrait préparer son éventuelle émigration vers une autre institution qui l’accueillerait de façon permanente, sous sa forme stabilisée ou dans son processus de transformation. Des négociations seront conduites à cet effet par les responsables du Collège et des différents programmes.
5Dans la sélection et l’organisation rigoureuse des séminaires et des programmes, la Commission de la recherche et la direction du Collège s’inspireront naturellement des finalités propres de cette nouvelle institution en s’efforçant d’allier la plus grande diversité possible à la coordination et à la cohérence maximales. Il va de soi que le volume des ressources dont disposera le Collège (quelle qu’en soit l’origine) conditionnera pour une large part le succès de cette « diversification cohérente ».
6De nombreux modes de communications devront être prévus entre les différentes activités du Collège (conférences, séminaires, programmes de recherche, colloques). Celles-ci donneront lieu à des publications. Des Assises du Collège se dérouleront à l’automne de chaque année, à Paris, dans les régions ou à l’étranger. Les travaux de l’année précédente et les projets en cours y seront présentés et largement discutés selon des modalités à prévoir.
7Toutes ces coordinations posent évidemment, entre autres problèmes, celui de la localisation principale du Collège. Il faudra donc tout faire pour que sa première installation à Paris ne limite pas la participation nationale à ses activités, et que la participation internationale ne s’y concentre pas indéfiniment. Nous proposerons – à terme – une hypothèse de multiplication et de décentralisation progressive dans plusieurs villes universitaires ou dans diverses régions, hors des villes universitaires. Dans l’immédiat, toutes les mesures nécessaires seront envisagées pour limiter la concentration « parisienne » du Collège, même si elle est inévitable pendant une première phase de quatre ans. Mais il nous paraît possible et souhaitable d’envisager dès cette première phase la création de centres régionaux de recherche, qu’ils appartiennent de plein droit aux structures du Collège malgré la relative autonomie de leur fonctionnement ou qu’ils passent avec lui un contrat d’association original.
8Les activités du Collège seront réparties sur trois grandes périodes de l’année. Les décisions concernant les séminaires et les colloques se régleront sur ce rythme avec la souplesse et la diversité requises. Ces trois périodes d’environ quatre mois chacune (octobre à février, mars à juin, juillet à septembre) permettront une meilleure scansion et une meilleure diversification dans l’organisation des travaux et dans la répartition des responsabilités. Par leur brièveté et leur relative autonomie, elles pourront permettre d’ajuster plus facilement des détachements temporaires, des voyages d’études (en France pour des étrangers, hors de France pour les Français).
9Avant tout, en ouvrant le Collège à des activités originales pendant l’été, elles assureront des facilités à tous ceux qui n’auront pas pu se libérer pendant la période académique. Nous pensons ici aux étrangers et à certains enseignants français, mais en vérité à tous ceux qui pourraient se trouver limités par les mêmes contraintes. L’organisation des travaux pendant la période de l’été sera originale, et les premiers membres du Collège devront la définir de toute urgence en en exploitant toutes les possibilités (colloques, formation linguistique accélérée, rencontres internationales, invitation de chercheurs étrangers au Collège, participation à des expériences artistiques ou pédagogiques, voyages d’études, etc.).
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Le Rapport bleu
Les sources historiques et théoriques du Collège international de philosophie
François Châtelet, Jacques Derrida, Jean-Pierre Faye et al.
2019
